Audience très correcte, public attentif et plutôt conquis par le beau et calme film du documentariste Jean-Gabriel Périot. Je trouve que Lumières d'été porte bien son titre. Lumineuse en effet, cette variation sur le devoir de mémoire prend la forme d'un conte presque ludique malgré le sujet pour le moins difficile et qui porte un nom qui zèbre l'histoire de noir, Hiroshima. Akihiro, metteur en scène nippon francophone, personnage très proche de Jean-Gabriel Périot, recueille dans un studio le témoignage d'une survivante de la tragédie, soixante-dix ans après. Il rencontre dans un parc de la ville une jeune femme, Michiko, curieuse, bavarde, mutine. Elle semble bien connaître le passé. Plus loin un enfant et son grand-père, Hiroshima serait une ville comme les autres.
C'est certes un film bien peu spectaculaire que Lumières d'été. Mais c'est une jolie balade qui trouve son rythme en deuxième partie après la relativement longue interview de la vieille dame, à cet instant on sent dans le public une certaine impatience. Mais le film se transforme tout en douceur en une sorte de walk-movie, peu prolixe en péripéties, un peu trop en dialogues à mon gré même si ces derniers ne sont jamais assénés comme on aurait pu le craindre d'une oeuvre "à thèse". J'ai aimé ce film, plus à la seconde vision, certains traits m'ayant échappé la première fois.
L'ami Martin a plutôt apprécié ce film discret Revoir Hiroshima. Les spectateurs du CinéQuai aussi et les échanges ont été assez riches. En majorité ils ont aimé la façon qu'a le film de parler de l'indicible sans images choc, sans même archives, rien que par la grâce de la rencontre de quelques personnages, de tous âges. Alors on parle bien sûr de devoir de mémoire, de plus jamais ça, bref on parle de raison. On n'évite pas toujours les à peu près, voir les erreurs. Mais somme toute proposer un tel film est déjà une petite victoire. Ca dure 1h23, timing idéal, juste quelques pas dans une ville célèbre, qui aurait tant aimé l'anonymat.
Le cinéma japonais, encore maintenant, ne cesse de multiplier les références ou au moins les allusions à ces horreurs. De retour de Berlin, notamment du Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe, le fait d'évoquer le Genbaku, Dôme de la Bombe d'Hiroshima, est évidemment encore mois anodin. Pas anodins non plus, ces bruits de bottes nucléaires non pas au Pays Du Soleil Levant, mais dans l'inquiétant voisinage du Pays du Matin Calme.
Même s'il s'agit d'une interviewe fictive (et un peu longue), le début avec la vieille dame est assez saisissant. J'ai trouvé que ça créait un effet de contraste intéressant avec la suite.
Tu parles du dôme de Genbaku… avez-vous donc pu voir le court-métrage qui précède "Lumières d'été" ? Il crée un effet hyptonique !
Comme tu me conseilles régulièrement les grands maîtres du cinéma italien, je ne saurai que trop te conseiller de faire des escapades régulières auprès des meilleurs représentants du cinéma nippon. Le rythme de leurs récits est souvent plus lent, mais cela donne souvent de très beaux films.
À bientôt, cher ami !