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                                Je n'avais jamais lu La promesse de l'aube mais la prochaine sortie ciné d'une nouvelle adaptation du récit de Romain Gary, après celle de Jules Dassin avec Melina Mercouri, m'a donné envie de réparer cette négligence. Bien m'en a pris. C'est un hommage à sa Mère Courage, ça je le savais car l'histoire est un peu connue. Mais c'est aussi une formidable leçon de vie, de ténacité, voire d'humour, en même temps qu'un bel objet littéraire, devenu un classique. Gary (avec ses avatars) fait partie de ces écrivains qui n'ont pas oublié de vivre, des hommes d'action(s) au sens propre. C'est plus fréquent chez les écrivains journalistes, Hemingway, Kessel. mais Romain Gary, il est vrai, a eu plusieurs vies, qu'il a failli perdre à plusieurs reprises en avion notamment. Il parle rudement bien de ces aéroplanes du début de la guerre, hors d'âge.

                               Début du livre, 1960, Big Sur, Californie, ça a dû plaire à Patrick Villaseurat, Romain Gary revient sur sa jeunesse et sur sa mère, sa mère qu'il ne quittera jamais malgré ses voyages et ses combats, ses blessures et ses amours. Je parle là surtout de l'idée de sa mère. Ce livre a eu un grand succès. Mais connait-on si bien Romain Gary? Pilote, combattant, diplomate, couturé de balafres comme constellé de décorations, diplomate, romancier, cinéaste (vu aucun de  ses  deux films ce qui semble mieux ainsi), gaulliste, européen avant l'heure, un homme comme on en fait peu. Fou de la France par hérirtage maternel. La promesse de l'aube donne envie de citer des  centaines  de lignes du récit, et je vais y céder un peu. Moins envie de voir le film avec Pierre Niney, fin décembre. Plus envie encore de lire d'autres oeuvres de cet auteur protéiforme et insaisissable. J'avais déjà aimé il y a fort longtemps Clair de femme, et plus encore La nuit sera calme, un peu testamentaire. Je crois avoir hélas égaré le vieil exemplaire de mon père ce lecteur des Racines du ciel avant même de l'avoir lu. Ce n'est pas ce que j'ai fait de mieux. Le grand John Huston en a tenté l'adaptation et lui non plus, ce n'est pas  ce qu'il a fait de mieux.

                              Romain Gary fut parmi les écrivains qui choisirent leur nuit de départ. Nul doute qu'il ait retrouvé avec la grande paix la veste d'aviateur dont il parle si joliment dans La promesse de l'aube.

                             "Elle fumait trois paquets de gauloises par jour. Il est vrai qu'elle ne terminait jamais une cigarette, l'écrasant à peine entamée, pour en allumer aussitôt une autre. Elle avait découpé dans une revue la photo d'un défilé militaire et la montrait aux clientes, leur faisant admirer le bel uniforme qui allait être mien dans quelques mois." 

                               Cherchant un pseudo pour la carrière littéraire de son fils adolescent "Il faudrait quelque chose comme Gabriele d'Annunzio, dit ma mère. Il a dû faire souffrir la Duse terriblement."

                               "Nous passâmes une nuit paisible en mer dans la soute à charbon, bercés par des rêves de gloire inouïe. Je fus malheureusement réveillé par le clairon juste comme j'allais effectuer mon entrée à Berlin sur un cheval blanc".