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BLOGART(LA COMTESSE)
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30 octobre 2017

Un ange est passé, un peu maudit

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                             45 ans séparent la rencontre de Ligeia et des frères Bill et Eugene dans une bourgade des Appalaches, en Caroline du Nord, et la découverte des ossements de cette dernière. Elle avait dix-sept ans et su tourner la tête aux deux frangins sous la coupe de leur grand-père médecin et notable local, peu enclin aux nouveautés de la fin des sixties, ni en musique ni en libertés. Ligeia est presque un archétype, celui de la jeune fille moderne et qui se lance à corps perdu dans les expériences toute fraîches. Dame, c'est bon  de vivre cette époque du presque tout est permis. Manque un peu de jugeote la Ligeia. Et là intervient mon inamovible couplet sur la similarité entre la rebellion et la convention. A savoir que des milliers de jeunes crurent se singulariser en faisant appel à la chimie des paradis artificiels et tombèrent vite, très très vite pour certains, dans la triste banalité des chambres d'hôtel d'où l'on ne se réveille guère. Fin d'aparté.

                            Ron Rash n'a besoin que de 200 pages pour aller à l'essentiel. A savoir que c'est un peu un ange exilé qui a bouleversé la vie des frères.  L'ange exilé (Look homeward Angel) est aussi le titre du roman posthume de Thomas Wolfe, auquel Par le vent pleuré (The Risen) fait référence. Thomas Wolfe est une icône de la littérature américaine que peu de gens ont finalement lue. Je vais quant à moi essayer de pallier cette carence. Ce n'est pas vraiment la rivalité ni la jalousie qui vont dégrader la fratrie au contact de la très libérée Ligeia. Plutôt une différence d'appréciation peut-être due aux quelques années qui les séparent. Au bout du compte, quarante ans plus tard, l’écart entre les deux frères ne s'est plus jamais réduit jusqu'à leur mise en cause concernant l'éventuel meurtre de la jeune fille. Bill est un chirurgien réputé, engagé socialement, bon père de famille. Eugene est un écrivain qui n'a pas écrit grand-chose, alcoolique en rupture avec sa femme et sa fille. Caïn et Abel en quelque sorte.

                           Comme bercé pas les effluves rock  de Jefferson Airplane ou Moby Grape, et moi, rien que de lire ces noms dans un roman m'emporte déjà, le beau récit de Rash, sans être inoubliable, instille une petite musique qui m'a touché, de celles qui sinuent tout au long d'une vie, la mienne, ou celle de ces deux frères tout deux brisés, chacun à sa manière. Le fait que ce soit complètement ma génération n'y est bien sûr pas étranger.

L'avis d'Eva  Tu vas t'abîmer les yeux (que je viens  de découvrir).

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26 octobre 2017

In the name of rock/Elizabeth (version crooner)

                                                        Extrait de l'album Watertown, l'un des plus beaux de Sinatra, j'ai choisi Elizabeth, un prénom qui ne se donne plus, mais quand il chante Elizabeth, les frissons me parcourent, la chanson est pourtant anodine, les paroles simplistes, je n'ai pas connu d'Elizabeth, et ne suis guère apparenté à Buckingham Palace. Et depuis quand faudrait-il une raison pour aimer? Suis-je le seul à aimer la chanson et l'album entier, écrit par Bob Gaudio, un ancien des Four Seasons (Jersey Boys), album qui fut la plus mauvaise vente de Frankie The Voice? La raison probable? Très élaboré, magnifiquement orchestré, Watertown est en fait un concept-album sur la solitude d'un homme ordinaire, dans une bourgade très ordinaire elle aussi, que sa femme a laissé avec deux enfants. Les Américains de 1969 n'étaient pas prêts à faire un triomphe à ce Sinatra là. Les choses ont changé et les croonerologues considèrent que ce pourrait être l'un des plus beaux disques de Francis Albert. J'ai déjà évoqué cet album dans mon carnet de voyage musical.

24 octobre 2017

Tenue

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                                Je n'avais jamais lu La promesse de l'aube mais la prochaine sortie ciné d'une nouvelle adaptation du récit de Romain Gary, après celle de Jules Dassin avec Melina Mercouri, m'a donné envie de réparer cette négligence. Bien m'en a pris. C'est un hommage à sa Mère Courage, ça je le savais car l'histoire est un peu connue. Mais c'est aussi une formidable leçon de vie, de ténacité, voire d'humour, en même temps qu'un bel objet littéraire, devenu un classique. Gary (avec ses avatars) fait partie de ces écrivains qui n'ont pas oublié de vivre, des hommes d'action(s) au sens propre. C'est plus fréquent chez les écrivains journalistes, Hemingway, Kessel. mais Romain Gary, il est vrai, a eu plusieurs vies, qu'il a failli perdre à plusieurs reprises en avion notamment. Il parle rudement bien de ces aéroplanes du début de la guerre, hors d'âge.

                               Début du livre, 1960, Big Sur, Californie, ça a dû plaire à Patrick Villaseurat, Romain Gary revient sur sa jeunesse et sur sa mère, sa mère qu'il ne quittera jamais malgré ses voyages et ses combats, ses blessures et ses amours. Je parle là surtout de l'idée de sa mère. Ce livre a eu un grand succès. Mais connait-on si bien Romain Gary? Pilote, combattant, diplomate, couturé de balafres comme constellé de décorations, diplomate, romancier, cinéaste (vu aucun de  ses  deux films ce qui semble mieux ainsi), gaulliste, européen avant l'heure, un homme comme on en fait peu. Fou de la France par hérirtage maternel. La promesse de l'aube donne envie de citer des  centaines  de lignes du récit, et je vais y céder un peu. Moins envie de voir le film avec Pierre Niney, fin décembre. Plus envie encore de lire d'autres oeuvres de cet auteur protéiforme et insaisissable. J'avais déjà aimé il y a fort longtemps Clair de femme, et plus encore La nuit sera calme, un peu testamentaire. Je crois avoir hélas égaré le vieil exemplaire de mon père ce lecteur des Racines du ciel avant même de l'avoir lu. Ce n'est pas ce que j'ai fait de mieux. Le grand John Huston en a tenté l'adaptation et lui non plus, ce n'est pas  ce qu'il a fait de mieux.

                              Romain Gary fut parmi les écrivains qui choisirent leur nuit de départ. Nul doute qu'il ait retrouvé avec la grande paix la veste d'aviateur dont il parle si joliment dans La promesse de l'aube.

                             "Elle fumait trois paquets de gauloises par jour. Il est vrai qu'elle ne terminait jamais une cigarette, l'écrasant à peine entamée, pour en allumer aussitôt une autre. Elle avait découpé dans une revue la photo d'un défilé militaire et la montrait aux clientes, leur faisant admirer le bel uniforme qui allait être mien dans quelques mois." 

                               Cherchant un pseudo pour la carrière littéraire de son fils adolescent "Il faudrait quelque chose comme Gabriele d'Annunzio, dit ma mère. Il a dû faire souffrir la Duse terriblement."

                               "Nous passâmes une nuit paisible en mer dans la soute à charbon, bercés par des rêves de gloire inouïe. Je fus malheureusement réveillé par le clairon juste comme j'allais effectuer mon entrée à Berlin sur un cheval blanc".

22 octobre 2017

Dans la cité des anges

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                                Lecture commune avec ma chère Val, toujours prête à collaborer (La grâce des brigands – Véronique Ovaldé). Ce fut son choix cette fois et elle a bien fait de me présenter une auteure dont j'ai souvent vu les livres de ci de là, mais jamais rien lu. Il y a une certaine grâce chez les perdants, les plagiaires et les brigands. Je vous dévoile ainsi l'ultime sentence de ce roman. Il a beaucoup de charme. Véronique Ovaldé nous emmène en Californie dans les pas de Maria Cristina, devenue écrivaine après sa rupture avec mère et soeur. D'origine finlandaise elle a quitté l'improbable bled de Lapérouse, Canada à l'âge de 17 ans. Dans la tentaculaire Los Angeles elle fait vite la connaissance de Claramunt, écrivain qui n'écrit plus guère, nobelisable, enfin dit-il. Devenue sa secrétaire en attendant mieux elle cherche à lui faire lire ses propres textes.

                              Maria Cristina est une héroïne originale à mon sens. Car devenue assez célèbre elle n'est jamais dupe des faux semblants particulièrement prospères en Californie. Il n'y a pas dans La grâce des brigands une réelle unité fictionnellle qui permettrait un chemin assez balisé et on ne sait pas très bien où on va. C'est pas plus mal comme ça et c'est parfois surprenant, surprenant comme le pseudo d'un chauffeur au nom imprononçable, Oz Mithzaverzbki. Alors on l'appelle...Judy Garland. C'est un roman qui parvient à nous étonner, un regard français sur les mirages de la gloire. Comme un miroir aux alouettes, sans la naïveté qu'ont parfois les héroïnes de ces histoires. Parfois un peu désarçonné, j'ai cependant suivi avec plaisir cette Maria Cristina, pas vraiment sortie de la cuisse de Jupiter, mais qui va son chemin vaillamment jusqu'à une conclusion qui ménage la surprise, ce qui n'est pas  si fréquent dans l'art du roman.

                            Je conseille vivement ce California dreamin' qui parvient à éviter pas mal de clichés sur cette Babylone contemporaine, un prisme français, louvoyant comme dans une baie pacifique, nous permet vraiment de belles envolées.

20 octobre 2017

Depuis

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                    Un peu cassée, comment dire, claudicante et impuissante, notre petite communauté. Quelques dizaines, dont beaucoup s'ignorent d'ailleurs, mais quelques passerelles nous unissent parfois, ponctuellement. Et puis, plus serrée encore, guère plus d'une douzaine quant à moi, une petite fanfare qui a perdu l'une des ses plus belles plumes, à qui notre coeur est acquis, à qui notre esprit songe bien souvent, à qui ces mots simples sont dédiés, bien petits, bien modestes, bien à elle.

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16 octobre 2017

Subterranean rhapsody in blues

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                                     Encensé par la presse française lors de la rentrée littéraire Underground Railroad est effectivement un bon livre. Pas tout à fait l'oeuvre majeure comme le disent certains. Il faut dire que Ballades pour John Henry m'avait tellement sonné il y a quelques années que j'ai trouvé ce dernier roman un peu plus appliqué. Je crois que le sujet est un peu connu maintenant, du moins pour ceux qui suivent les parutions car on en a pas mal parlé et il se vend assez bien. Ce fameux Underground Railroad est en fait le réseau mis en place vers 1850 par les abolitionnistes américains pour faire évader les esclaves noirs des plantations du Sud. Point commun avec le working class hero John Henry, on finit par ne plus démêler le vrai du faux, la légende de la réalité. Alors imprimons la légende (John Ford mais vous savez tous ça).

                                   Cora est une jeune esclave en fuite qui traversera plusieurs états depuis la Georgie et connaitra des fortunes diverses tout au long de ce fameux réseau dont Colson Whitehead nous conte les détails de fonctionnement avec  ses gares, ses chefs de train, ses tunnels, tout cela avec une belle imagination. Mais du ferroviaire l'organisation possède surtout la terminologie  et c'est d'ailleurs assez fascinant. Quoi qu'il en soit Underground Railroad a le souffle d'une locomotive performante et les ramifications d'une carte secrète. Habilement construit tant sur le plan chronologique que géographique le périple de Cora s'avérera épique et dangereux, tributaire des mauvaises rencontres fréquentes et des bonnes volontés, plus rares. La haine et le mépris pouvant prendre différents visages, la crédulité aussi.

                                  Une  expérience de ferme participative dans l'Indiana sera cruciale dans  le destin de Cora. N'en disons pas trop, le voyage au coeur américain du XIXème Siècle, se lit comme un roman, un grand roman qu'il est, et qui explore en une parabole qui frôle le fantastique, voire plus, avec ce train fantôme surgissant de nowhere, la face sombre de la construction d'un empire presque galactique où le grandiose a souvent chevauché avec l'abject. Comme partout. Je crois savoir qu'une série devrait être tirée rapidement de ce chemin de fer clandestin, sous la houlette de Barry Jenkins (oscarisé pour Moonlight).

Ce qu'en  a pensé Claudialucia  ici

                                   

                          

                                  

 

 

 

11 octobre 2017

Envie de bâcler

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                              Pas envie de faire du zèle mais de l'expéditif. J'aime souvent les chansons de Barbara. Elles n'ont nul besoin de l'affligeant et prétentieux pensum nommé Barbara de Mathieu Amalric qui nous brode une variation sur la création, mise en abyme comme on dit si souvent, etc... Attention, ce n'est que mon avis.

                              Le Redoutable, de Michel Hazanavicius, au moins, est un peu cocasse. Pas de quoi cependant cocasser trois pattes à un canard. Bien sûr le film n'aborde que l'année 68 ou à peu près mais si JLG vous intéresse mieux vaut revoir ou tenter de revoir ses fulgurances réelles et ses inepties non moins réelles. Ceci est au moins partiellement de mauvaise foi car j'ai vu trop peu de films de Godard, ils sont nombreux, pour émettre un avis un tout petit peu, pas beaucoup, éclairé.

                             Ce billet ne restera pas dans les annales. Les deux films expressément cités, enfin cités express, non plus. Mais ce n'est... que mon avis. Pour paraphraser la grande dame en noir, si la photo est petite...la chronique aussi. Mais nous avons tous le droit à la petitesse. Je sais, certains en abusent.

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5 octobre 2017

Rien vu à Hiroshima

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                             Audience très correcte, public attentif et plutôt conquis par le beau et calme film du documentariste Jean-Gabriel Périot. Je trouve que Lumières d'été porte bien son titre. Lumineuse en effet, cette variation sur le devoir de mémoire prend la forme d'un conte presque ludique malgré le sujet pour le moins difficile et qui porte un nom qui zèbre l'histoire de noir, Hiroshima. Akihiro,  metteur en scène nippon francophone, personnage très proche de Jean-Gabriel Périot, recueille dans un studio le témoignage d'une survivante de la tragédie, soixante-dix ans après. Il rencontre dans un parc de la ville une jeune femme, Michiko, curieuse, bavarde, mutine. Elle semble bien connaître le passé. Plus loin un enfant et son grand-père, Hiroshima serait une ville comme les autres.

                            C'est certes un film bien peu spectaculaire que Lumières d'été. Mais c'est une jolie balade qui trouve son rythme en deuxième partie après la relativement longue interview de la vieille dame, à cet instant on sent dans le public une certaine impatience. Mais le film se transforme tout en douceur en une sorte de walk-movie, peu prolixe en péripéties, un peu trop en dialogues à mon gré même si ces derniers ne sont jamais assénés comme on aurait pu le craindre d'une oeuvre "à thèse". J'ai aimé ce film, plus à la seconde vision, certains traits m'ayant échappé la première fois.

                           L'ami Martin a plutôt apprécié ce film discret Revoir Hiroshima. Les spectateurs du CinéQuai aussi et les échanges ont été assez riches. En majorité ils ont aimé la façon qu'a le film de parler de l'indicible sans images choc, sans même archives, rien que par la grâce de la rencontre de quelques personnages, de tous âges. Alors on parle bien sûr de devoir de mémoire, de plus jamais ça, bref on parle de raison. On n'évite pas toujours les à peu près, voir les erreurs. Mais somme toute proposer un tel film est déjà une petite victoire. Ca dure 1h23, timing idéal, juste quelques pas dans une ville célèbre, qui aurait tant aimé l'anonymat.

                          Le cinéma japonais, encore maintenant, ne cesse de multiplier les références ou au moins les allusions à ces horreurs. De retour de Berlin, notamment du Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe, le fait d'évoquer le Genbaku, Dôme de la Bombe d'Hiroshima, est évidemment encore mois anodin. Pas anodins non plus, ces bruits de bottes nucléaires non pas au Pays Du Soleil Levant, mais dans l'inquiétant voisinage du Pays du Matin Calme.

3 octobre 2017

Tom Petty

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                                      Je déteste quand partent ces gens-là. Farewell Tom. J'ai choisi la chanson des Byrds, Lover of the bayou, qu'il enregistra avec l'un de ses groupes, Mudcrutch.

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