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27 janvier 2018

Le vitrail de Galway

feuilles

                                Desmond Hogan est un auteur irlandais que je ne connaissais pas du tout. Il semble qu'il ait tendance à fuir les soleils médiatiques. Le titre Les feuilles d'ombre évoque Walt Whitman et ce n'est bien sûr pas un hasard. Il y est même cité nommément. Irlande, fin des années 40, deux amis, Sean le narrateur et Liam, privilégiés, rapidement pris dans la tourmente des amours incertaines et les douleurs intestines irlandaises. Et les femmes de leur vie, enfin d'une partie de leur vie, Christine et Sarah. De leur ouest de l'île à Dublin, une Dublin encore très "bonnes soeurs" toute en rigidité, de leur jeunesse qu'on dirait bobo à leurs maturités souvent frustrées, de la Californie prometteuse à un monstère en Suisse, leur amitié ne faillira (presque) jamais.

                              Un fantôme fait partie de la distribution, celui de la mère de Liam, exilée russe à Galway, qui un jour entra dans la rivère et n'en sortit pas. On ne peut pas ne pas penser à Virginia Woolf. Son souvenir pèsera lourd. Ecrit dans une langue se poète, Les feuilles d'ombre se déguste justement comme ça, en reprenant à plaisir un paragraphe de temps en temps. "Oui, allez un jour dans les Wicklow, parcourez ces sentiers, ces lieux féériques, sortis des contes de Grimm et d'Andersen, et pensez à nous, à Christine sans solennité, vierge grassouillette pédalant à la traîne, à Sarah, svelte papillon gardant le rythme, à Jamesy toujours dans  sa roue, sans effort excessif, à Liam en plien envol, magnifique face au temps, et doté d'une allure qui tournait la tête des fermières et souvent troublait les vaches ruminantes". Jolie balade vélocipédique, non?

                             A ceux qui auraient peur d'un folklore irlandais un peu envahissant, chose qui arrive, je préciserai que ce n'est pas  du tout le cas. Desmond Hogan ne verse pas dans l'imagerie. Pourtant comme le pays y est présent, d'un bout à l'autre, de fond  en comble. De l'attrayante et répuisive Londres aux sirénes atlantiques, du mysticisme de barde aux avirons sur la Liffey, l'Irlande est l'héroïne de ce grand roman méconnu. A plusieurs reprises on y évoque le vitrail et c'est bien ça, Les feuilles d'ombre s'apparente à la dentelle de Chartres. Desmond Hogan n'est pas un jeune auteur. Né en 1950 il a publié ce Leaves on grey en 1980. Paru en France en 2016.

                            "La promenade était tailladée de mots d'amour, d'intiales sur les arbres, les bancs. Un garçon, assis sur un banc rouge, lisait Keats en buvant du Coca. Une fille, debout sous un arbre, les cheveux noués par un ruban, rassemblait des mots en fixant le lointain". Hogan a écrit ça. Pourtant il ne connaissait pas Celestine.

                            

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Commentaires
V
Un petit mot pour te dire que je t'ai suivi dans cette Irlande-là, poétique, politique, mystique. Je viens de finir le livre et ça a été un grand plaisir de lecture.<br /> <br /> A bientôt.
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L
je sens que je vais adorer si dispo à ma médiathèque
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L
j'ai du mal avec les textes poétiques si je ne comprends pas bien le sens
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A
Si c'est écrit avec poésie dans cette Erin mythique et souvent mystique, avec l'ombre de notre Céleste qui passe, je note ! ;) A ttds old sport♥
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V
Encore une fois, ton texte enthousiaste m'a convaincu. L'amitié, la poésie ... la nostalgie. Comme les superbes extraits quz tu as choisi, au parfait imparfait. Et le titre du livre est aussi très beau.<br /> <br /> J'ai regardé sur le site, ma bmi le possède, je vais l'emprunter.<br /> <br /> A bientôt.
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D
ton billet emporte la conviction, c'est noté d'autant que c'est un auteur qui comme tu le dis est passé sous les radars et parfois ça c'est bon signe
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B
Le langage le plus universel est dans la poésie, nul besoin de comprendre la langue du terroir, elle pénètre les cœurs sensibles qui ne comprennent en fait que le langage des fleurs, des feuilles, les chants d'oiseaux, les murmures du vent et les étoiles quand elles fleurissent le ciel...
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C
Délicieusement romantique...j'ai peut être été là-bas dans une autre vie...<br /> <br /> Keats, ou Yeats, lire de la poésie sur un banc, à quelqu'un qui y est sensible, c'est un plaisir subtil.<br /> <br /> Kisses dear romantic friend and attb<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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