Les bleus de Maggie
Assez de bleu dans le ciel de l'Irlandaise du Nord Maggie O'Farrell se déroule en fait sur trois décennies où l'on peut suivre Daniel, et sa conjointe, Claudette. Leur route s'est croisée, un jour, sur les chemins d'Irlande alors que tous deux fuyaient une vie qui les rendait malheureux. Daniel est linguiste de formation et sa vie n'a jamais été très simple avec les femmes. Il y a eu Nicola, son premier amour alors qu'il était encore aux études, mais le destin en décidera autrement. Alors que Daniel est de retour aux États-Unis pour le décès de sa mère, celui-ci plonge dans une dépression et fera la connaissance d'une femme avec qui il se mariera et aura deux enfants, Niall et Phoebe. Divorce douloureux, celle-ci l'empêchera de voir ses enfants. Alors Daniel part en Irlande pour aller chercher les cendres de son grand-père. Mais il n'avait pas prévu de rencontrer Claudette sur une route...Deux enfants viendront, Marithe et Calvin.
Il y a pas mal de personnages dans This must be the place (titre original, Assez de bleu dans le ciel étant en fait le titre de l'un des chapitres, celui concernant Claudette à New York en 1993). Et chaque chapitre resitue l'année et le personnage dont on parle. Ce n'est pas inutile car honnêtement ça parait un peu complexe au départ. C'est qu'il y a du monde. Londres, New York, Los Angeles, Paris, le Suffolk, le Donegal (ce comté est en quelque sorte le nord de l'Irlande du Sud), la Chine, l'Inde. Du monde...et du pays. Et puis assez vite on se familiarise avec tous ces gens qui tentent de vivre, tout simplement, ce qui n'est pas...simple, justement.
La recomposition des familles, les rapports de père à fils, les rudes rappels du passé, tout ce qui nous concerne à peu près tous à notre époque sont magistralement décryptés par Maggie O'Farrell. Le couple Daniel et Claudette, star de cinéma ayant choisi une disparition qui fait un peu penser à Garbo, est passionnant mais ne phagocyte pas l'histoire. Ari, fils de Claudette et de son metteur en scène, mais aussi Lucas, son frère, et Niall, entre autres, ne sont pas délaissés. Le roman dit choral souffre parfois à mon sens de certaines faciltés ou débordements sentimentaux. Ce n'est pas absolument le cas pour Assez de bleu dans le ciel qui s'enrichit d'une belle complexité tout au long du livre. On ne dira jamais assez la richesse littéraire irlandaise. Enfin, moi, si. Cependant Assez de bleu dans le ciel s'affranchit d'une certaine "irlanditude" à laquelle il arrive quelquefois d'être un peu envahissante. C'est un irlandophile qui vous le dit.