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26 août 2020

L'émancipation

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                    Washington Black est une belle aventure romanesque, souvent surprenante, contrairement à l'idée que je m'en faisais. J'avais peur d'un texte un peu bien-pensant, la toute première partie se déroulant dans une plantation à la Barbade, où le très jeune Washington Black est esclave sous la férule d'un maître odieux à souhait. Mais on quitte très vite les Antilles pour un périple de quelques années qui nous mènera tour à tour en Virginie, en Arctique, en Angleterre, au Maroc. C'est que, Washington, gamin intelligent et obsearvateur, a été choisi par Titch, le frère du maître, savant progressiste et abolitionniste, qui vient de mettre au point un ballon dirigeable. On verra plus tard que Titch a aussi sa part un peu sombre.

                   Le ballon et l'aspect scientifique évoquent bien sûr Jules Verne. Pourquoi pas? C'est d'ailleurs un compliment. Mais Washington Black va au delà. Esi Edugyan réussit pour chaque personnage à dépasser les archétypes. Les souvenirs de Wash concernent sa mère se rapprochent par exemple de Toni Morrison. Et l'auteure excelle aussi à rendre la complexité des rapports entre Titch et son frère, dont l'éducation similaire a pourtant fait deux êtres très dissemblables, entre Titch et son père aussi.

                   Le monde scientifique, encore hésitant, est également un personnage à part entière. Au hasard des rencontres et des voyages Washington l'analphabète, d'abord avec son mentor, puis au jour le jour, deviendra un spécialiste de la faune sous-marine. Tout ceci dans un monde où la haine et le racisme règnent un peu partout. Washington Black n'est pas l'histoire de toute une vie et ne couvre qu'une douzaine d'années de l'existence de l'ancien esclave. D'où peut-être à mon sens une impression d'avoir brûlé les étapes. Mais cette façon de découvrir le monde au XIX° siècle, ce monde de merveilles et d'horreurs, est très beau voyage, initiation, à la science et à la liberté, deux mots inconnus dans l'enfance de Washington, sur cette île des Antilles, infernale.

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17 août 2020

In the name of rock / Martha

Closing-Time

                  J'ai beau explorer depuis des siècles l'histoire du rock, du blues, du folk, mais vous savez ça, elle est si riche que je découvre toujours quelque chose. Mon hommage aux prénoms se poursuit avec Martha, prénom pour lequel j'avais prévu le concours des Fab Four et leur si chère Martha, my dear. Et la voilà, elle est si délicieuse. 

              Mais, plus inattendu, surfant sur soixante années de musique, je suis tombé sur une chanson déchirante de ce grand escogriffe de Tom Waits. Un grand sentimental qui m'a surpris.Je la croyais assez récente. Or, elle est extraite de son premier album Closing time, 1973. Martha, c'est une chanson qu'on apprécie plutôt sur le tard, quand le soir s'infiltre doucement, le soir de la vie (2020 en connait un rayon là-dessus). Tim Buckley et Lee Hazlewood en ont donné une très belle version aussi.

            Martha raconte un coup de fil, celui d'un vieil amant qui tente de reprendre contact avec une femme, quarante ans après. Tom Waits a écrit cette chanson à 24 ans. J'ai le même âge que Tom Waits et je viens donc de la découvrir. C'est drôle, il y a quelques  Martha à qui je téléphonerais volontiers. Bien sûr elles ne s'appellent pas vraiment Martha. Devrais-je dire qu'elles ne s'appelaient pas vraiment Martha? Mélo, tout ça? Oui, comme la vie. Mélo, drame, mélodrame.

11 août 2020

Ile sous le vent

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                Sous l'aile du corbeau est un livre étrange. Il n'est pas d'un accès si facile. Je le qualifierai d'an-héroïque. le décor en est une île de l'Ouest canadien, près de Vancouver. Nature writing + Indianité, vous avez une idée du cocktail. Mais on est aussi un peu dans le survival. Cinq personnages se retrouvent dans la profondeur des forêts, fuyards, chasseurs, justiciers, ils sont tout cela à la fois. Nous ne quitterons jamais cette île fictive de Colombie Britannique. Fictives, la nation amérindienne Cumshewa et la tribu des Corbeaux le sont aussi, mais partiellement, l’auteur s’étant inspiré pour les décrire des traditions et des mythes des tribus amérindiennes de la Côte-Ouest et de plusieurs nations amérindiennes de l’Amérique du Nord. Une tragédie ancienne de dix-sept ans relie les participants à ces scènes de chasse dans l'Ouest.

               Ce vieux drame, on le devine mais on peine à joindre les pièces du puzzle. Hallucinante est la quasi-totalité de l'action qui se déroule au coeur de la forêt hostile. Montagneuse, froide, toujours pluvieuse, l'île n'offre aucun répit. Et l'ours n'est pas le plus à craindre. Ni Doc, médecin alcoolique, ni Henry, vaguement historien, ne provoquent notre empathie. Encore mois la fratrie des Duff, dégénérés et violents, dont Morgan qui revient dans l'île longtemps après. Sous l'aile du corbeau ne joue donc pas sur l'émotion et diffère ainsi de la plupart des récits que je rattacherai à l'Indian nature writing.

             La lecture de ce roman n'est donc pas addictive à mon sens et l'histoire ne reprend que très partiellement les archétypes du récit amérindien. Même si le message écologique est présent. Il est d'ailleurs surtout présent pas les descriptions dantesques de la pluie sur les arbres, des cours d'eau, des ravins, de l'imbroglio végétal de cette fuite mutuelle et brutale évidemment teintée largement de mysticisme. Le roman n'est pas récent, 1977. Je préfère son titre original, High water chants. Foisonnant, enivrant, fatigant. 

 

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