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16 janvier 2021

Martha's Vineyard

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                     Richard Russo est l'un des auteurs américains les plus en vue. Prix Pulitzer avec Le déclin de l'empire Whiting, il contine son exploration de l'Amérique avec Retour à Martha's Vineyard, titre français un peu vague mais il était difficile de traduire Chances are... les premiers mots d'une chanson de Johnny Mathis, crooner qui fut très populaire fin fifties U.S.A. Lincoln, Teddy et Mickey se retrouvent dans la célèbre station hyper-huppée de l'Est américain, fief de la famille Kennedy. Nous sommes en 2015 et ils avaient vingt ans en 1969. Faites le compte. Ils ont l'âge de l'auteur, et l'âge du lecteur quand le lecteur c'est moi. 

                      Assez classique avec son montage alternant les trois amis Retour à Martha's Vineyard recèle évidemment comme toute histoire de longue amitié un secret de jeunesse, ou tout au moins une question, éludée depuis des décennies et poussière sous l'armoire. Il y avait un quatrième, une quatrième, Jacy, disparue ce week-end de 1971, le dernier en commun. Les trois copains, l'agent immobilier, père de six enfants, l'éditeur tourmenté et le rocker intransigeant, se retrouvent et s'interrogent. Jacy? Leur amour d'antan à tous trois, est-elle morte ou vive? Et n'est-il pas dangereux de se pencher ainsi sur ces années de folie, les années Viet, les années acid, les années sexe? Boîte de Pandore?

                     Le roman américain est coutumier de cette quête. Parfois cela peut crouler un peu sous les références historiques et les tubes de Creedence Clearwater Revival. Ce qui n'est pas pour me déplaire, moi qui fus biberonné par la West Coast et le swamp rock. Je suis un peu du sérail dès qu'il s'agit du hit-parade américain à l'aube des seventies. Mais Russo n'abuse pas de la nostalgie, presque pas assez, ce qui m'a semblé du coup manquer un peu d'émotion. Comme quoi le lecteur moi n'est jamais content.

                     Chances are... est malgré tout un bon bouquin, un peu saga, un peu culpabilité, un peu "nous nous sommes tant aimés". L'exploration du passé des trois mousquetaires s'avère plutôt fine, les antécédents familiaux et sociaux, le rêve américain, la déflagration indochinoise, et la contre-culture vite devenue néoconformiste. Et nulle part, en Amérique moins qu'ailleurs, l'idée qu'on pourrait un jour tirer les leçons des litanies d'erreurs. On a quand même fait une bonne équipe, Lincoln, Teddy, Mickey, Richard l'auteur et moi le lecteur. Forcément, on est de la classe. On disait ça quand on était conscrit mais là je vous parle d'un temps...

                      

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3 janvier 2021

Absences

Masse critique  

matine

                          Une belle livraison, Babelio encore merci (une longue collaboration, maintenant, très stimulante et qui m'a assez souvent sorti de mon confort de lecteur), et merci Les Avrils, jeune maison d'édition. Le roman d'Alexandra Matine, Les grandes occasions m'a semblé une belle réussite sur une trame couramment utilisée en littérature et au cinéma, le repas de famille. Un couple âgé, lui est un médecin retraité d'origine iranienne, elle, ancienne infirmière a élevé quatre enfants. Deux garçons, deux filles, tous partis, la dernière en Australie. Mais même les plus proches ne sont pas plus présents. Elle croit pouvoir les réunir en un repas, le premier depuis des années. 

                          Il n'y a pas dans Les grandes occasions de réglements de comptes à grands cris, ni de "Familles je vous hais". Ce n'est pas Festen, le film danois explosif. Non, mais c'est un beau roman de violence contenue, discrète et terrible. Esther, la mère, a passé sa vie ainsi, un peu confisquée par son mari Reza et surtout déléguée (si j'ose dire) à l'éducation de Carole, Alexandre, Bruno et Vanessa. Le soir venu, la santé vacillante, elle espère que les quatre seront là, avec plus ou moins de conjoints, plus ou moins de petits-enfants, et que de vieilles haches de guerre, par ailleurs indéfissables, seront enterrées. 

                          Et durant les préparatifs on apprend à connaitre cette famille qui n'en est pas une. Pire on devine qu'elle n'en a jaamis été une. Alexandra Martine use de phrases courtes mais très incisives sur les non-dits de ces années. La préférence du père, médecin des pauvres peut-être mais plutôt odieux dans la sphère familiale, seulement intéressé par son premier fils qu'il étouffe cependant, par exemple en lui interdisant le piano. Comment peut-on prohiber la musique? L'égocentrisme de la petite dernière qui rencontre une ancienne amie et décide de déjeuner avec elle en lieu et place des retrouvailles. Drôles de retrouvailles, il faudrait un autre vocabulaire, car ce terme implique des liens, liens presque inexistants.

                       Les grandes occasions est un roman sur l'indifférence, l'indifférence quotidienne, triviale, domestique et toute la cruauté qui l'accompagne. Les phrases sont sobres et laconiques. La famille y est comme un nid de rapaces, rien de moins. Sans haine, c'est presque pire. Un jour, le père est fatigué et il appelle Bruno. C'est lui qui a une annonce à faire cette fois. Il ne s'embarrasse pas de mots. Il dit juste "Va-t'en". Il ajoute des choses terribles qu'on ne doit pas dire à son enfant. Et il le vire. Et Bruno s'en va.

                     Ah oui...les souvenirs. Mais il y a  aussi dans un coin de  la cave des cartons empilés. Parfaitement rangés. Avec des noms dessus. Carole, Alexandre, Bruno, Vanessa. Les noms des enfants. Les cartons des enfants. L'enfance de ses enfants. Bien rangée, bien catégorisée dans des cartons. Je vous encourage à découvrir Les grandes occasions, vous souhaitant de ne pas trop vous y retrouver. Le livre est assez terrible. 

        

 

1 janvier 2021

In the name of rock/Virginia

 

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                          Nouvel An. Un prénom, un de plus, un peu comme si rien n'avait changé. Ce qui restera, car le temps se couvre sérieusement. Ce qui restera, quelques arpèges de guitare, quelques phrases sentencieuses sur des films qui ne sont convaincantes que pour les convaincus, des milliers de pages lues dont ne surnagent totalement que quelques maîtres livres, des chansons, des gens qui ont compté, gens de toutes sortes, connus, parfois que de moi, des rivières et des arbres, des oiseaux, des retours, des partances. Virginia (celle de Leave Virginia alone de Tom Petty mais il y en a d'autres), Virginia et toutes les autres, le Nord s'approche. 

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