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19 mai 2021

Hem Hem Hem

Masse

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                               Babelio et 21g, merci. 21g c'est le nom de cette maison d'édition, et c'est aussi le poids de l'âme d'après le Dr MacDougall, médecin américain du XIXe siècle. C'est un beau cadeau dans lequel passe effectivement beaucoup d'âme, et qui m'a enthousiasmé. Jeb Brown, que je ne connais pas, mais je connais très peu d'auteurs de BD, est à la fois le dessinateur et l'écrivain de Hemingway à Paris. Une splendeur pour qui s'intéresse au célèbre baroudeur écrivain qui en eut assez en juillet 1961. Son père, sa soeur, son frère et sa petite-fille Margaux ont également choisi la nuit. 

                             Hemingway à Paris raconte en fait différents épisodes de sa vie, les plus emblématiques, qui ont contribué à l'extraordinaire popularité du Nobel 54. Un personnage hollywoodien, bigger than life, qui a tout eu, tout vu, tout su, tout lu et tout bu. Moi qui ne suis pas un grand relecteur, aurai-je le temps de relire au moins quelques-unes de ses nouvelles? La chronologie est un peu bousculée mais nul doute, Ernie est bien là, bien en pages, bien en couleurs, bien en action. Un ouragan cet homme-là. Un ouragan comme il en souffle sur les Keys, ce chapelet d'îles extrêmes de Floride qui s'égrènent, Key West, Key Largo, de quoi rêver au marlin merveilleux comme Le vieil homme et la mer

                             On retrouve Papa (l'un de ses surnoms) à Paris à deux reprises en 21 et 24. Besogneux à la tache d'écrire, la célébrité attendra encore un peu. Le rhum, la boxe, les courses hippiques, les copains, les complices, Fitzgerald, Ezra Pöund, James Joyce. Blaise Cendrars, la Grande Guerre. Le trait de Jeb Brown cerne admirablement le géant des lettres en devenir, sur fond de Notre-Dame, de bateaux-mouche ou de Closerie des Lilas. Quelle joie de se replonger dans cette ambiance Paris années vingt, vous savez, ces années d'entre deux.

                            Vous n'échapperez pas non plus à l'Espagne en ces mêmes années vingt. Le chapitre Aficionados et muletas évoque la passion d'Hemingway pour la corrida qu'on n'est pas obligé de partager. Tout en nuances n'écrit-il pas Il faut voir la corrida comme une tragédie, elle symbolise le combat entre l'homme et la bête, rouge du sang du taureau ou rouge du sang du torero.

                            Hemingway, on le sait, était un excessif et Jeb Brown l'illustre parfaitement, nous donnant envie de revenir à Paris est une fête, Pour qui sonne le glas, Mort dans l'après-midi, Le soleil se lève aussi... Bizarrement Hollywood n'a guère su célébrer Hemingway. Alors faites vous votre propre cinéma de Papa, commencez par ce joli voyage de 94 pages, inauguré par les train des Keys et clos par la Tour Eiffel. Puis, comme je devrais le faire, relisez au moins quelques morceaux choisis du chantre de la Lost Generation. 

 

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15 mai 2021

J'ai vu Poly

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                     Poly*, film à peine sorti l'an dernier, est maintenant disponible en DVD, Blu-Ray et VOD, éditions M6 vidéo, depuis le 14 avril. Cinétrafic/DVDtrafic m'a demandé mon avis sur ce film qui évoque naturelllement l'enfance pour plusieurs générations de téléspectateurs. Cécile Aubry a ainsi créé dans les annnées soixante toute une série de romans jeunesse sur les aventures du célèbre poney, ainsi que de nombreuses saisons d'un feuilleton TV. On ne parlait pas encore de séries. 

                     Nicolas Vanier, célèbre voyageur, musher, chantre de la nature, plutôt tendance neige et glace, déjà metteur en scène, dans un registre très voisin du retour de Belle et Sébastien, n'a pas cherché à moderniser cette histoire. Seule différence notable, c'et une petite fille, Cécile, qui est la complice de Poly. Concession un tantinet dans l'air du temps. Pas grave puisque nous avons droit aux magnifiques paysages gardois, rivières qui s'agitent, abords des Cévennes toutes proches. C'est joliment filmé, sans aspérités autres que les rochers et les ruines. Vanier signe là un film pour la jeunesse (on préfère maintenant dire les jeunes, nuance). Avec les limites de l'exercice en une époque où les images ont depuis longtemps débordé les salles obscures et les écrans télé pour envahir les chambres d'enfant.

                    Côté nuances les personnages, c'est pas trop ça. Le patron du cirque est un grand malfaisant qui maltraite Poly (Timsit s'est sûrement amusé, mais on n'y croit guère). Cluzet reprend un rôle très proche de L'école buissonnière, homme vieillissant bourru mais au fond, si tendre. Julie Gayet est une maman courage, infirmière dévouée et divorcée, pas si fréquent dans ces années là. 

                    Je ne suis pas sûr que les enfants actuels, même très jeunes, soient réceptifs à ces gentilles histoires sur fond de Twist à Saint Tropez. Pourquoi pas? A condition que les instances de la Gendarmerie Nationale n'exigent pas le retrait du film tant les deux pandores enquêtant sur la disparition de Poly sont au comble du ridicule, dignes du Gendarme de Saint Tropez (deux fois cité, Tropez) mais sans l'abattage de De Funès. 

                     A noter que Poly est proposé avec quelques bonus, classiques, scènes coupées, l'histoire de Poly, TV, livres. Pour les exégètes. A noter aussi qu'il devrait être à nouveau en salles lors de la réouverture. 

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10 mai 2021

In the name of rock/Joey

                         Dans ce cas précis Joey est un prénom féminin. Peu à rajouter, sinon que Nick Drake (1948-1974), ne fit que trois disques avant de sombrer dans les travers habituels et de mourir, n'atteignant même pas le club des 27. Il n'avait que 26 ans, et contrairement aux autres membres du club, n'avait eu que très peu de succès de son court vivant. 

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                         Rejeton tardif du British folk, sorte de Van Gogh troubadour, son influence n'a fait que grandir. Peu de prénoms féminins auront été aussi bien chantés que cette Joey. Je définirai Nick Drake comme un chanteur du XIX° siècle, égaré au XX°, sur les traces d'un Shelley, d'un Byron, la guitare en plus. Bon c'est pas tout ça, je vais m'y mettre. Ce sera moins bien. 🎸

9 mai 2021

Battant

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                             On redécouvre, enfin c'est mon cas, William Melvin Kelley (1937-2017). Le géant oublié des lettres américaines, écrit 10-18, grande maison du livre s'il en est, qui m'a fait connaitre bien des talents. Après Jazz à l'âme, chroniqué il y a peu, voici Un autre tambour, le premier roman de Kelley (1962). Les deux titres font référence à la musique, mais aussi à l'action, le tambour ayant une consonnance guerrière. Et ces deux beaux romans battent en effet au rythme des pulsations, comme un quartet de jazz, allant à l'essentiel. J'ai pensé au cinéma de John Cassavetes. 

                             Dans une ville du Sud, ce sud de Faulkner, de Caldwell, de Flannery O'Connor, sur lequel on a déjà tant lu, en juin 1957, Tucker, jeune fermier noir, empoisonne sa propre terre, abat son bétail et brûle sa maison. A sa suite toute la population noire quitte la ville. Les blancs de la véranda, réunis comme tous les jours, n'en croient pas meurs yeux. Faut-il se réjouir de cet exode? A travers quelques personnages, notamment la famille Willson, les aristocrates descendants dun général de la Confédération, Kelley nous plonge dans quelques dizaines d'années de cetet histoire du Sud, si douloureux, victime de tant d'incompréhension.

                              On y rencontre pourtant pas mal de bonnes volontés. Une amitié entre un noir et un blanc y est esquissée, battue en brèche par le climat en ces années cinquante. Kelley écrit comme dans une mouvance Richard Wright ou James Baldwin, écrivains "politiques" réfugiés en France un certain temps.Lui-même  a quitté l'Amérique assez longtemps, vécu à Paris et Rome, s'est établi un moment en Jamaïque. Cependant Un autre tambour n'est pas un livre pamphlet et s'apparente plutôt à une fable où Tucker Caliban, descendant d'esclave, devient celui par qui le scandale arrive. Le roman évite le manichéisme, souvent une plaie dans ce genre d'ouvrage. Tucker agit, silencieux, avec un air de Bartleby, le scribe d'Herman Melville, qui préférerait ne pas le faire, son travail. C'est assez impressionnant, Tucker décidant, un jour, de cesser le travail de la terre. Go North Young Man. 

                              Le livre doit son titre à une très belle citation de Thoreau. Si un homme ne marche pas au pas de ses camarades, c'est qu'il entend le son d'un autre tambour. Une phrase qui sonne comme une ébauche de liberté, une majesté.

 

5 mai 2021

Fraîcheur d'Islande

Lumière   

                Jon Kalman Stefansson m'avait enthousiasmé avec sa trilogie magique pour laquelle j'ai appris par coeur la phrase Entre cile et terre La tristesse des anges fond sur Le coeur de l'homme. Lumière d'été, puis vient la nuit est antérieur à ces merveilles, pubié en Islande en 2005. Dans un petit village des fjords occidentaux de l'île où la lumière n'est ni fréquente, ni durable, d'où l'admirable titre, huit chapitres ciselés comme un rocher de lave nordique nous installent dans une ambiance à la fois familière et fantasque. Oeuvre chorale s'il en est, une histoire de choeur qui nous immerge dans la vie de tous ces personnages en un village au coeur de ce pays pas comme les autres, seul au monde au grand large atlantique, Lumière d'été, puis vient la nuit nous fait vivre au plus près d'eux, un quotidien d'amitiés et de rivalités, de générosité et de mesquinerie, en un cercle quasi fermé, comme toute vie insulaire. 

                Petit conseil quand on aborde les rivages de la souvent très haute littérature islandaise, notamment pour ce type de portrait de groupe, avec nombre de protagonistes. Les prénoms islandais sont souventparfpois faciles, Elisabeth, Kristin, mais encore plus souvent on a un peu de mal à identifier prénoms masculins et féminins. Notez-les au début. Revenons à nos moutons islandais. Au long de ces huit textes, on ne peut parler de nouvelles, il y a interaction entre certains personnages. Et il émane de ce livre magique une fantaisie drolatique, une poésie surréaliste, des images comme des nuages suspendus dans l'incertain. Je vais donner quelques extraits, je le fais rarement mais c'est si beau. D'autant plus que Stefansson sait faire preuve d'humour.

               Le temps passe et nous traverse, voilà pourquoi nous vieillissons. Dans cent ans nous reposerons au creux de la terre, il ne restera plus que des ossements et peut-être une vis en titane que le dentiste aura mise dans une dent de notre mâchoire supérieure pour que le plombage reste en place. 

                Parlant de l'humanité, Nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis. Nous sommes à la fois le juge, le peloton d'exécution et le prisonnier attaché au poteau. Pourtant nous vivons comme s'il n'y avait rien de plus naturel. En toute absurdité. Nous nous contentons simplement de réfléchir de temps en temps aux évènements irrationnels, aux informations extravagantes, à l'absurdité des circonstances, à la déraison de la vie. Kafka aurait-il pris un vol pour Reikjavik? 

                Et puis je citerai deux titres de chapitres, qui à eux seuls valent qu'on lise ce très bon bouquin. Je suis de ceux qui se pâmeraient pour moins que ça. Les larmes ont la forme d'une barque à rames et On pense à tellement de choses dans une forêt, surtout lorsqu'un fleuve majestueux la traverse. Faire avec JKS le voyage c'est s'imprégner d'une ambiance originale qui permet de ce sortir de de cet été et de ces nuits avec l'impression d'avoir traversé un poème généreux flirtant avec un fantstique léger, un conte où les nombreux personnages ne s'en laissent pas conter et vivent au mieux amours, amitiés, rêves et déceptions. Aidés de musique et d'alcool, personne n'est parfait. 

               Petit vade mecum suite au petit conseil susdit: Kjartan, Kiddi, Aki, Brandur, Gaui, masculins, Sigriour, Asdis, Solrun, Eyglo, Puriour, Gerour, féminins. Mais peut-être suis-je à la limite de la discrimination avec ces références outrageusement genrées. Lisez Jon Kalman Stefansson, magique comme une aurore boréale.

             

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