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23 janvier 2022

Chronique d'une tempête annoncée

9782226443144-j 

                        Troisième incursion chez le romancier irlandais, ce huis clos marin est assez impressionnant mais pas pour les raisons que l'on pourrait croire.  Un rivage sud-américain, pas Copacabana, loin de là, côté Pacifique, Colombie, Equateur, Pérou...De toute façon la côte, on la quitte très vite avec Bolivar, modeste pêcheur, qui décide de braver la tempête annoncée. Il a embarqué par défaut le jeune Hector, sans expérience. Ne vous attendez pas à un roman de survie avec action et morceaux de bravoure. Si très vite se lève le grain ce sera pour nous immiscer davantage dans l'esprit de l'homme mur et de l'adolescent, embarqués dans la même galère sans espoir.

                       Tout se passe à bord mais tout se passe surtout dans la tête de l'un et l'autre, avec leurs carences affectives et leurs regrets. Paul Lynch n'écrit qu'en phrases courtes. On dirait qu'il martèle ses mots, fracassant crânes et coeurs. C'est pointu, presque technique, et au bout du compte s'est profilée pour moi une ombre d'ennui pour un livre assez court. La condition de l'homme face à l'autre, face à la nature dans toute sa brutalité, face à Dieu, voilà le viatique de ce roman. Ce décor unique de pleine mer est oppressant et la déraison finira par prendre le pouvoir. Rêves, cauchemars, espoir, désespoir sont le lot tant de Bolivar, longtemps dans l'action, que d'Hector, plus malléable et qui verse dans le fatalisme. Incompréhension réciproque totale. 

                       Mais avaient-ils une vie avant la tragédie, ces deux hommes perdus? Un souvenir féminin tout au plus, rien de très rassurant. Le reste du roman, on le passe dans les méandres psychologiques des personnages. Et pour tout dire, quoique très bien exprimés, ces doutes m'ont laissé de glace. Quant aux souffrances ichtyo et ornithologiques, inhérentes aux récits de haute mer, à déconseiller aux âmes sensibles.  

                      Bolivar regarde les dents jaunies d'Hector, ses yeux enfoncés dans les orbites caves. Il est en train de perdre la tête, pense-t-il. Il est en train de vieillir. Sa figure, là, c'est celle d'un vieillard. Ca, c'est sûr.

                      Vieil amoureux d'Erin comme vous le savez, j'étais plus à l'aise avec Un ciel rouge, le matin ou La neige noire. Mais je reconnais à Paul Lynch un élan pour sortir d'un relatif confort d'écriture. L'éditeur Albin Michel évoque les mânes de Camus ou Hemingway. Il y a de ça.

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Commentaires
L
pas trop envie alors que le sujet devrait me plaire ....
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L
Hou... je me le note de suite. Prendre la mer en pleine tempête, c'est pour moi. En plus je ne connais Paul, seulement David mais l'homonymie s'arrête là.
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P
Bonsoir cher Claude,<br /> <br /> Je me suis régalé à la lecture de cette chronique sur un roman d'égaré maritime. Je ne suis pas sûr d'avoir en ce moment le loisir de m'aventurer sur l'eau avec ces pêcheurs, mais je note le titre dans un coin de mon esprit.<br /> <br /> Passe une belle semaine.
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