Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
19 avril 2022

L'Ecrivraquier/27/Là quand...

L'Ecrivraquier

 Là quand...

               La question est banale et la réponse difficile. Je ne sais trop comment m’y prendre ni trop dire à quelle époque j’aurais voulu vivre. Simplement j’aurais aimé être là. Accordez-moi deux essais. D’ailleurs j’y étais.

Hern

               J’étais arrivé comme les autres très tôt dans l’après-midi et déjà les sbires aux ordres nous avaient copieusement bombardés d’injures et de divers projectiles. Je revois la trogne d’Honoré se ramassant un chou pourri avant même l’entrée dans le théâtre, tumultueuse. Cette première promettait. Elle promettait surtout d’être la dernière. Hector était des nôtres et terminait sa propre détonation, fantastique. Et comme j’étais heureux dans cette agitation, ce brouhaha qui tournait à l’émeute. C’est Théophile qui faisait office, mi Spartacus mi Bonaparte. Et ses longs cheveux défaits ruisselant sur son gilet rouge. C’étaient nos barricades. Et comme j’étais fier, moi, moi le journaleux, le pisse-copie, d’être ainsi mêlé à ces jeunes hommes en colère qui, j’en étais sûr, feraient l’histoire. Je ne devais jamais les oublier et surtout pas Gérard, mon pays de Valois, qui raisonnait encore. La jeunesse triompha. Puis la jeunesse prit de l’âge et Mademoiselle Mars oublia Dona Sol qui avait si bien bafouillé son lion superbe et généreux. Mais j’y étais.

               J’aurais voulu être de boue, tout de boue, parmi ces centaines de milliers hirsutes et sales, au milieu de la célèbre pâture. De fait beaucoup ne voulaient pas nous voir en pâture. Là, au cœur de l’élite, loin de toute sobriété et naïf comme c’est pas permis. Je ne jouerai pas le catalogue, je l’ai déjà fait bien souvent. La chaleur est auguste. De fait on ne s’embarrasse guère côté textile. Je n’ai pas beaucoup de recul en ces années qui résonnent tant sans raisonner. Je ne serai guère prolixe et j’userai, immodeste, de poésie, oh le grand mot. Mais j’y étais.

 Souviens-toi

De peu, de très peu                             

De deux guitares immémoriales     

La proue et la poupe

Havens

 

D’un navire amiral

Celui de mes vingt ans

Les cordes initiales

Au premier jour

Richie qui psalmodie

Freedom si longuement

Faire patienter

Si la guitare est sèche

L’envol est princier.

A l’aube crépuscule

Était le quatrième jour

Jour d’une âme électrique

Et Jimi moribond

Guernica de l’hymne étoilé

Et puis et puis

Début du long rideau.

 

 

 

 

 

Publicité
Commentaires
E
Merci de tout coeur Patrick. Crois-moi, plutôt rares au long de ma vie furent les personnes intéressées par mes écrits, quels qu'ils aient été. Pour Woodstock je dis souvent en plaisantant qu'ayant, il y a une dizaine d'années serré la main de Leo Lyons, bassiste de Ten Years After lors d'un concert dans la région, j'ai un peu l'impression d'y avoir été. Car eux, Ten Years After, y étaient. 🎸 On se trouve la légitimité qu'on peut. 😊<br /> <br /> Maintenant c'est Fifty Years Later. So long l'ami. 🎶
Répondre
V
Bravo ! Bravo ! Bravo !<br /> <br /> J'y suis tellement moi aussi en te lisant. <br /> <br /> Même si j'ai plus écouté Richie et Jimi que lu Victor, j'aime énormément les deux parties de ton texte, superbe idée et superbement écrit. Très dur d'écrire sur quelque chose qu'on n'a pas vécu. Tout ton texte est poétique de la première à la dernière ligne, avec des images dont je me souviendrai. <br /> <br /> J'espère que cette série va continuer un peu et bien sûr avec elle ou sans celle de l'Ecrivraquier.<br /> <br /> A bientôt.
Répondre
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
33 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 498
Publicité