Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
30 juillet 2022

Point de grace

Grace

                 Quatrième voyage avec Paul Lynch, auteur irlandais qu'on commence à bien connaître en France. Il existe à Dublin un groupe de statues décharnées, la Famine des Patates, triste et célèbre tragédie insulaire des années 1850. Le mildiou, et aussi l'Angleterre un peu, ont jeté sur les routes et sur l'océan un tiers des Irlandais. Des centaines de milliers de morts, plus encore de migrants pour l'Amérique et l'Australie. Les Highlands écossais payèrent aussi très lourd lors de ce cataclysme.

Famine

                     Grace, octobre 1845, quitte le Donegal, envoyée par sa mère pour trouver du travail et une chance de survivre. Son jeune frère l'accompagne, à sa manière. Le roman porte son nom, et elle porte le roman, camouflée en vêtements d'homme, en une quête apocalyptique sur les chemins et les forêts d'Irlande. Une Irlande bien peu hospitalière, aux mauvaises rencontres quotidiennes, sans foi ni loi, où l'on vole le moindre objet, où l'on égorge pour une miche de pain, où même les rats sont très recherchés. Le roman va tambour battant, sans répit, la haine, la faim et la misère chevauchant sans trêve près de ces hordes de migrants de l'intérieur. C'est le temps où les hommes s'ensauvagent. La prose de Paul Lynch est parfois hallucinante, cauchemardesque.

                   La dernière partie du roman est un peu différente et à dire vrai borde le fantastique avec la réapparition du religieux, pas forcément réconfortant. Ce septième chapitre s'appelle Lumière et, curieusement, est séparé des six précédents par quatre pages totalement noires. Il y a dans Grace de la malédiction, comme une punition divine. C'est très impressionnant. Comme j'aime ce pays, mais je sais aussi sa dureté passée.

                   Elle passe quelques nuits dans une église délabrée. Surplombant le porche, cinq effroyables faces sculptées dans la pierre. Ses rêves sont habités de visages affamés. Une rumeur de vent s'exhale par leurs bouches. Quand elle se réveille, la lune éclaire la pierre comme une bougie. Il lui arrive de rester allongée sans dormir, évoquant tout ce qu'elle a vu, ces routes tellement remplies de malheur qu'on os à peine les regarder. Où va ce pays? se demande-t-elle.

                   Grace est un roman féroce, très peu traversé d'amitiés, ou de solidarités. Un roman où le diable des Irlandais ne se contente pas de les faire joyeusement danser au son des violonneux à la lueur d'un feu de camp. 

Publicité
Commentaires
C
Splendide évocation qui parle à mon coeur.<br /> <br /> J'avais vu les statues à Dublin. Terribles.<br /> <br /> Très belle chanson de Buckley, au passage, même si ça n'a rien à voir avec le livre...<br /> <br /> Kiss you, my friend<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Répondre
V
Le belle et dure Irlande dont tu sais en quelques mots dans tes billets sur ses livres nous donner envie. J'irai, même si ce n'est peut-être pas demain, même si ce ne sera probablement que par la lecture. Je note ce Grace, il est à ma Bmi. Et je note de réécouter mes disques de Van. J'avoue que ça fait trop longtemps que je ne l'ai pas fait.<br /> <br /> A bientôt Claude.
Répondre
E
Hello Florent. Merci. C'est vrai que cette Grace n'évolue pas dans les sphères célestes de Jeff Buckley. Loin s'en faut. Bon août chez toi l'ami et à bientôt.
Répondre
P
Bonjour Claude,<br /> <br /> En lisant le titre j'avais dans la tête la très chanson de Jeff Buckley, mais après lecture ce sont davantage les ombres d'une Irlande miséreuse qui me sautent au visage, jusqu'à une lumière qui m'emmène "into the mystic" comme dirait un folkeux du cru. En tout cas, comme toujours, tu nous fais voyager grâce à ton article.<br /> <br /> Passe un bon dimanche
Répondre
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 370 296
Publicité