Coup de (Red) Bluff
Blackwood est notre roman commun de fin d'année, à Val et moi. Blackwood – Michael Farris Smith. Pas vraiment un cadeau à mon avis. Sera-t-elle d'un avis différent? Le kudzu, plante grimpante invasive, a envahi Red Bluff, coin paumé du Mississippi. C'est le Sud, celui, bien que plus tardif, de Faulkner, de Caldwell, de beaucoup d'autres. J'avais aimé Nulle part sur la terre. Moins Blackwood qui flirte un peu avec le fantastique.
1976, Colburn, la trentaine, revient au pays où il a connu un drame enfant expliqué dans le court prologue, effrayant. La bourgade a changé, désertée et sans entrain. Il est artiste plasticien, plasturgien, et récupère métaux et ferrailles. Je trouve que ce n'est déjà pas très glamour. Très vite on est plutôt dans le réglement de comptes dans l'air vicié de ce Sud profond. Savez-vous qu'en Amérique le Sud est toujours profond? Le fameux kudzu, et les rancoeurs. Plutôt un taiseux, Colburn, mais personne n'est loquace dans le comté. Quand deux enfants disparaissent mystérieusement l'ambiance s"alourdit salement. Il y a bien un sherif, un bar, mais cette alchimie pour moi n'a guère pris.
Il semble même que j'ai déjà un peu de mal à me remémorer ce roman lu il y a à peine quelques semaines. Mauvais signe. Et je me pose quelques questions subsidiaires sur le sens d'une lecture à la quelle on ne mord pas, et sur mes propres capacité à m'y investir? Et si était venu le temps de relire. Relire, je ne l'ai fait que deux fois. Pour Le désert des Tartares et Le nom de la rose. Et ça m'inquiète un peu d'en être là. Le kudzu, un kudzu moral m'envahirait-il?