Dernières nouvelles du front cinéphile
Hokusai est maintenant assez célèbre en France. Son compatriote Hajime Hashimoto signe un biopic, un de plus, pas intéressant même si l'essentiel pour un artiste réside dans ses toiles. Japon, XVIIIème siècle. Le pouvoir impérial impose sa censure sur les artistes. le jeune Shunrô, apprenti peintre, est exclu de son école à cause de son tempérament impétueux et du style peu conventionnel de ses estampes. Personne n’imagine alors qu’il deviendra Hokusai, célèbre auteur de La Grande vague de Kanagawa. On a maintenant la chance de voir pas mal de cinéma asiatique. Il ne faut pas s'en plaindre. Et Hokusai, le film, nous aide à en savoir un peu plus.
Le cinéma d'animation est une longue tradition au Japon. Voici une sympathie comédie morale d'Ayumu Watanabe, La chance sourit à Madame Nikuko, où l'on retrouve à travers le portrait d'une maman un peu ronde une certaine constante nippone des plaisirs de la table. Ses rapports avec sa fille sont au centre du sujet mais j'ai surtout aimé le côté calme et provincial de cet aspect du Japon qui nous éloigne des pressions tokyoïtes habituelles.
Je tenais beaucoup à présenter pour clore cette saison le document sorti l'automne dernier Hallelujah, les mots de Leonard Cohen. Dans ma vie depuis plus de cinquante ans Leo a bercé mes jours et mes nuits. Et j'ai voulu proposer de le mieux connaitre. Vingt-cinq personnes environ (pas si mal, croyez-moi dans une ville moyenne, je le dis souvent). La plupart ont apprécié, semble-t-il, même si ce film est à 75% consacré àu destin d'une seule chanson. Pour ma part j'aurais aimé évoquer davantage les autres facettes de Leo. Vous n'entendrez aucune chanson en entier, ça peut sembler frustrant.
Ceci dit l'homme a une telle envergure et une telle présence que les deux heures passent bien. Mais Hallelujah est devenu un tel phénomène, une telle institution que l'overdose peut arriver. Leonard Cohen, un homme à savoir éviter parfois, tant son influence peut être grande. Je n'exprime là que mon sentiment. Et c'est ainsi que je l'ai défini avant le film. Passionnant, multiple, drôle parfois, jovial même. Je sais on ne croit pas cela possible. Mais aussi impressionnant, dangereux, voire toxique. Moi j'aime ce mal qui fait du bien qu'il nous a distillés pendant cinquante années.
Hallelujah, les mots de Leonard Cohen ne fait que frôler poèmes et disques, addictions et déprimes, la ruine réelle de l'artiste, les cinq années au sanctuaire bouddhiste de Mount Baldry, etc. C'est normal, il raconte la vie d'une chanson, d'une chanson certes hors normes, mais enfin, d'une chanson. Mais un moment cohenien dans une vie ne peut que faire du bien. J'ai dit un moment. Quant à Leo, et comme toujours quand le cinéma se penche sur les créateurs le mieux ne serait-t-il pas d'écouter ses quinze albums? Et ainsi de se faire sa propre idée. Au lieu de lire les divagations cohenophiles d'un vieil amoureux de Suzanne.
P.S. Finalement à la demande générale il y aura une chanson entière. Façon de parler...🎸