Massif, central, essentiel, it's all Wright
Très belle invitation à prendre son temps, Le chemin des estives est une magnifique randonnée à travers le Massif Central, souvent un peu oublié. Assez particulière cette longue marche. Charles Wright, alors trentenaire aspirant jésuite, entame une virée buissonnière de 700 km dans le "milieu" de la France à travers sept départements entre Charente et Ardèche. En binôme avec Benoit, lui est un prêtre confirmé. Un peu sur les traces de Charles de Foucauld, un peu inspiré par les semelles de vent de Rimbaud, beaucoup pour s'interroger. Certains vont chercher le bonheur en Sibérie ou en Alaska, moi je lorgne ducôté d'Aubusson, de Saint-Flour et du plateau de Millevaches...Je suis un aventurier de la France cantonale, un explorateur de sous-préfectures.
Ne croyez pas mettre vos pas dans un austère chemin de croix, moralisateur et ennuyeux, Mr. Wright est drôle et impertinent parfois et sait aller à la rencontre des gens de là-haut, de là-bas, de là-centre. Pittoresque voisinage d'étrangers ayant choisi l'Auvergne en recul de leur propre existence, de braves villageois dont la méfiance ne résiste pas au sourire de nos curieux touristes, de commerçants plus ou moins généreux, de prêtres autochtones congolais ou rwandais ombrageux qui n'aiment pas trop partager la lumière dominicale de leur église de canton avec Benoit. Il y a des athées bien sympathiques et des croyants obtus. Il y a le contraire. Il y aurait donc une vie entre Loire, Garonne et Rhône.
Il y a aussi de bons petits vins de la Sioule et nos voyageurs n'y voient rien à redire, vraiment rien. Et moi je ne vois rien à redire à ce pélerinage à hauteur d'homme sinon qu'il a donné naissance à un joli bouquin, un bouquin chemineau, un bouquin de haies et de landes, un bouquin d'ampoules au pied et de lits fourragers. Un bouquin qui tord le cou au prétendu regard bovin, Charles Wright s'y entendant tout à fait à sympathiser avec limousines, aubrac et salers.