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BLOGART(LA COMTESSE)
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5 avril 2010

Le cinéma italien à l'honneur

    Dans la série à l'italienne que j'ai décidé de voir ou revoir (Mariage, Meurtre ,Rapt, Scandale, Miracle,etc.. )voici l'une des  pièces maîtresses de la comédie italienne,sous la houlette de l'eccellentissimo Pietro Germi.Nous sommes en 1961,la Sicile peu progressiste traîne la patte au bout d'une botte italienne déjà pas pilote en matière de condition féminine et de divorce.On pense au Bel Antonio de Bolognini déjà évoqué ici.On y pense notamment avec l'hôtel particulier du nobliau Mastroianni présent dans les deux films.Et quelle présence!Et que dire de l'omniprésence de l'Eglise avec ses édifices baroques dans une ville ou sur 16000 habitants vivent 5000 illettrés,dixit le baron Fefe(Marcello).Ce baron Fefe pratique l'oisiveté avec beaucoup de soin mais est fatigué de sa femme Rosalia,nunuche certes et tellement moins séduisante que sa jeune cousine Angela.Mais voilà:aussi bien les églises bondées que les cénacles de notables ne voient d'un très bon oeil le divorce.Par contre ces églises et ces notables,ainsi que la magistrature,sont plutôt tolérants sur les "crimes d'honneur".Le tour est presque joué et Fefe fomente méthodiquement son Divorce à l'italienne.

   Fefe va donc pousser son épouse dans les bras d'un amant afin de pouvoir laver son honneur et d'écoper grosso modo de trois ans de prison avant de convoler avec Angela.Encore faut-il trouver l'oiseau rare.Mais Fefe se verra dépassé par les évènements et presque mis au ban de la société sicilienne si large d'esprit.Divorce à l'italienne est une perle de cet humour noir et rose si efficace dans une production transalpine encore pléthorique.Ce cinéma va changer bientôt,on le sait,avec Antonioni et plus encore avec Fellini et sa Dolce Vita dont il est d'ailleurs fortement question dans le film de Germi,le chef d'oeuvre romain ayant été attaqué mais malgré tout triomphant.

   Mais plus que tout Divorce à l'italienne c'est un régal de Mastroianni dans l'un de ses rôles de comédie les plus magistraux.Hableur,fainéant,flagorneur,roublard et pour tout dire crapuleux...qu'est-ce qu'il est sympa.L'occasion pour moi de rappeler le statut très particulier des grands acteurs italiens d'après-guerre.Ceux que le peuple appelait les Cinq Colonels ont vécu quarante ans d'histoire d'amour avec leur public.Ils avaient pénom Marcello,Vittorio,Alberto,Nino,Ugo et s'ils furent souvent monstres ils furent surtout sacrés,sacrés mais très proches de ces spectateurs romains,ceux que l'on voir fumer et brailler au cinéma,vivre quoi!

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28 février 2010

Metello vu par Mauro

                     Metello est l'un des films les plus connus de Mauro Bolognini,sorti en 1970.Film qui se veut social d'après l'écrivain Vasco Pratolini,Toscan résistant au Fascisme à qui l'on doit aussi trois autres oeuvres adaptées au cinéma:Les jeunes filles de San Frediano et Journal intime,par Valerio Zurlini,et Chronique des pauvres amants,par Carlo Lizzani.Mauro Bolognini engage pour le rôle titre le chanteur Massimo Ranieri qui s'avèrera très convaincant.Nous sommes à Florence au tournant du siècle.Metello Salani découvre la condition très difficile des ouvriers maçons.La Florence vue ici n'est guère Renaissance mais plutôt un foyer d'agitation qui ne pouvait que séduire Pratolini et Bolognini.Rappelons que cet écrivain très influencé par le Néoréalisme était déjà de l'aventure de Païsa avec Rossellini et de Rocco et ses frères avec Visconti.Il est vrai aussi que 99% des cinéastes et écrivains italiens de l'après-guerre étaient de cette mouvance avec toutefois souvent une pointe d'opportunisme dont l'on ne devisera pas davantage ici.

METELLO

                     Bolognini,styliste sérieux,soigne ses images sur les quais de l'Arno et les places florentines,ses costumes et ses décors.Reconstitution sage mais qui ne manque pas d'ampleur et atteint le coeur du public qui partage le sort des prisonniers et s'enflamme avec eux lors des rebellions.Le metteur en scène  a pris la précaution de ne pas trop charger les patrons,nombre de films ou de livres ayant tendance à cette surenchère misérabiliste assez écoeurante.N'ayant pas lu Metello je ne sais si la romance adultère est fidèle au livre ou si elle est plutôt rapportée par convention romanesque.Ceci n'empêche pas le film d'être très intéressant même s'il ne faut pas  s'attendre à ce que Bolognini fasse le cinéma de Francesco Rosi par exemple.Richesse du cinéma italien...mais là je me répète.

 

 

 

 

21 février 2010

Idéalisme et chagrin

   Peu connu La corruption est un des films italiens du début des années soixante où Jacques Perrin à peine sorti  de l'adolescence jouait le jeune homme pur (La fille à la valise,Journal intime de Valerio Zurlini).Honnêtement le film de Mauro Bolognini me paraît un peu plus artificiel que les deux oeuvres de Zurlini.Pourtant La corruption conte habilement quelques jours de la vie de Stefano,fils d'un riche éditeur très bourgeois avec ce sens péjoratif un peu facile que les films de cette époque accolaient systématiquement à toute production ayant pour sujet la jeunesse.A la fin du lycée Stefano est tenté par les ordres,du moins il le croit,mais pas très longtemps.S'il entre rapidement en conflit avec son père,le toujours sévère Alain Cuny,c'est plus à cause de son allergie à cet univers frelaté d'argent et de faux semblants que de sa vocation peu étayée et qui ne résistera guère à la belle Rosanna Schiaffino.

   Peu de scène style familles je vous hais dans La corruption et c'est presque en douceur qu'on s'achemine vers une rupture entre père et fils.On a compris que vieillir c'était souvent s'accommoder.Et que faisons-nous d'autre en fait?C'est pourquoi je trouve ce film intéressant même s'il n'est ni le premier ni el dernier à aborder ce thème éternel.Bolognini fut un réalisateur discret,assez prolifique,qui gagnerait à être plus diffusé.Dans ma vaste entreprise qui consiste à aimer et découvrir le cinéma italien il n'y a pas de petits maîtres.Et Jacques Perrin n'a jamais été aussi sensible que dans ces film italiens et chez Schoendorffer.

4 février 2010

Mauro rare

  veinedor014

                   J'ai toujours beaucoup d'affection pour le Ciné-club de France 3 qui nous fait découvrir des films peu diffusés,pas forcément inoubliables mais qui témoignent d'une génération,d'une époque.Un cycle Mauro Bolognini nous a permis de voir La veine d'or (1955),l'un de ses premiers films,quasi inédit en France.C'est vrai que Bolognini n'est un peu connu ici que par Le bel Antonio déjà chroniqué ici et quelques oeuvres tardives ayant bénéficié de coproduction française avec Deneuve ou Huppert.La veine d'or reprend un thème archi-classique,celui de l'amour exclusif et de la jalousie d'un grand adolescent pour sa mère veuve.L'action se passe dans le milieu aristocratique souvent,mais pas toujours choisi par Bolognini au long de  sa carrière.Pour l'anecdote le jeune homme est interprété par Mario Girotti qui devait tourner tant de chefs-d'oeuvre (?)sous le nom de Terence Hill.

      La musique de Carlo Rustichelli est un peu parasite,les scènes sont très attendues et nulle fantaisie ne vient alléger ce film somme toute usuel et d'inspiration vaguement bourgeoise un peu éclairée,ce qui n'est absolument pas péjoratif et constitue d'ailleurs une caractéristique de nombre de films italiens des années cinquante,après le Néoréalisme.Pourtant j'ai vu La veine d'or pour la première fois avec plaisir,témoignage d'un cinéma certes passé mais bien fait et prônant une certaine liberté féminine pas si évidente en cette Italie qui n'avait balayé le fascisme  que depuis dix ans.Richard Baseheart,acteur américain qui joua deux fois pour Fellini incarne avec conviction le Pr.Manfredi,deuxième chance de la mère de Corrado.

30 janvier 2010

Eloge de la folie

 

           Les films italiens ne sont pas légion sur nos écrans.Vincere (vaincre) de Marco Bellochio revient sur l'épouse morganatique(?) de Mussolini.Mais Vincere ne se veut pas politique à mon sens et le Duce n'est présent que dans la première partie.Ce n'est pas le énième film sur la montée des Chemises Noires.Ce qui intéresse plutôt Bellochio,très sensible dans sa filmo au thème de la folie,c'est cet opéra funèbre qu'a constitué la liaison de Mussolini jeune et d'Ida Dalser.c'est ce ballet nocturne dans Milan,une ville qui semble étouffer.C'est la théatralisation extrême de cette histoire d'amour somme toute assez brève au coeur d'une Italie qui veut jouer dans la cour des grands après la Grande Guerre et finira par se jeter dans les bras d'un histrion pathétique et qui,il faut bien le dire,fascina au moins un temps presque tout le pays.

               Alors évidemment ce parti pris n'est pas exempt d'emphase et la musique,si elle prend parfois des accents verdiens par son rapport à l'histoire,peut apparaître à certains outrageusement pléonastique.De même on peut s'irriter du procédé d'identification d'Ida, internée et séparée de  son fils,avec le Kid de Chaplin.C'est que ce pauvre Kid a déjà payé un lourd tribut au cinéma par son exemplarité (asile, prison, orphelinat).Bellochio aurait pu s'abstenir de  quelques artifices mais je crois qu'il les assume pour nous conduire où il le voulait vraiment,à ce relatif panégyrique de la mère abandonnée,la très prenante Giovanna Mezzogiorno.On en arrive à oublier trop vite Mussolini,pas particulièrement courageux ni élégant on l'aura compris.Cela peut décevoir certains mais le propos encore une fois n'était pas historique.On en voit guère la clarté du jour dans Vincere.Faut-il le prendre comme un symbole de plus sur la longue nuit transalpine?On assiste à cette sorte d'exil mental de la jeune femme qui paiera cher d'avoir aimé.

       Traversé d'archives que j'ai trouvées bien amenées,ce qui est loin d'être toujours le cas,Vincere,s'il nest pas sans défaut (la maladresse évoquée chez l"ami Nightswimming sur l'emploi du même acteur pour le père et le fils étant la plus criante) me semble assez bien témoigner de la vigueur des vétérans italiens,Bellochio n'étant plus vraiment un débutant.Je reviens une seconde sur Giovanna Mezzogiorno actrice chez laquelle on retrouve bien la fièvre de son père Vittorio.

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22 décembre 2009

Séquences franciscaines

  En 1950 Rossellini réalise un film unique qui ne  se rattache dans son oeuvre ni au Néoréalisme historique,ni à l'existentialisme préantonionien,ni aux expériences télévisuelles tardives.Mais quelqu'un a déjà dit tant de bien de Onze fioretti de François d'Assise que je me contenterai de vous y renvoyer.On peut lui faire confiance.

http://nightswimming.hautetfort.com/tag/rossellini  L'avis d'Ed de Nightswimming

14 novembre 2009

Veuf et pigeon

pigeon                  

    De l'âge d'or de la Comédie italienne j'ai extrait aujourd'hui le célèbre Pigeon de Monicelli et le moins célèbre mais cocasse Veuf de Risi.Même millésime à peu près,1959.Le pigeon n'a rien perdu de ses ailes qui paillonnent toujours au firmamentdes comédies drôles (pas si fréquent),défintivement drôles.On connaît l'argument que l'on doit un peu à Jules Dassin et à son Rififi chez les hommes,célèbre récit d'un hold up que Monicelli souhaitait parodier.On parle aussi d'une vague nouvelle d'Italo Calvino mais je n'en ai guère trouvé trace.De toute façon Le pigeon devait très vite creuser son propre sillon er devenir lui-même film référence du casse manqué (à ce niveau de ratage c'est du grand art) et surtout du renouveau de la Comédie italienne qui,si elle existait avant Le pigeon,n'avait pas cette fougue ni cette ironie.Le film de Monicelli,au titre italien I soliti ignoti,Les inconnus habituels,autrement plus fort et dérisoire,marche en fait sur les brisées du Néoréalisme maintenant défunt puisque ses cinq maîtres ont tous suivi d'autres voies.Mais un néoréalisme version optimiste,ce qui n'est guère le cas du Voleur de bicyclette ou de Sciuscia.

    Sans refaire l'histoire du cinéma italien rappelons vite fait les origines multiples de la comédie italienne,le théâtre antique de Plaute,Goldoni,la farce napolitaine,les intermèdes comiques du cinéma muet,et une certaine littérature,par exemple Nouvelles romaines de Moravia .Beaucoup de choses passionnantes dans Le pigeon.Le parrainage du grand Toto qui en prof de casse joue presque son propre rôle de passeur de relais de la comédie à ces jeunes loups que sont Gassman et Mastroianni.Le melting pot à l'italienne qui inclut un Sicilien plus qu'ombrageux,un Nordiste(Gassman) hâbleur et un peu méprisant pour ceux du Sud,un orphelin romain qui cache pudiquement sa condition et ses trois "mamans" de l'institution.Le ratage permanent qui inonde le film dès les premières images de vol de voiture,l'humour désespéré,typiquement italien,italianissime dirai-je,de ces branquignols qui croient peut-être aux lendemains qui chantent(pas sûr).Toutes ces scènes  pour moi inoubliables,l'enterrementde Cosimo où ce grand flandrin de Gassman n'ose pas lui-même porter son bouquet,la visite de Mastroianni à sa femme en prison,scène ou Monicelli renverse habilement le cliché du mari incarcéré avec ce personnage féminin fort qui a fait bouillir la marmite devant l'infantilisme de son époux;ceci en trafiquant les cigarettes,l'ahurissant hold up,pas loin de vingt minutes avec le butin que l'on sait.

  Mais pour moi le plus beau du Pigeon c'est ce petit matin,nos héros attendant leur bus,pour une nouvelle journée qui,qui sait,sera peut-être moins galère.Je ne serai pas aussi affirmatif.Je le serai par contre sur la prodigieuse réussite de ce film et de son équipe car les scénaristes ont fait là un bien beau travail.Allez vous en étonner sachant qu'il s'agit d'Age-Scarpelli et de Suso Cecchi d'Amico.I soliti ignoti est aujourd'hui aussi drôle qu'à sa sortie.Comme Chaplin et comme,comme qui au fait?

  veuf

   Avec Le veuf de Dino Risi c'est toute la veulerie d'Alberto Sordi,prodigieux pleurnichard hypocrite de tant de comédies plutôt acerbes.Contrairement aux héros du Pigeon le personnage de Sordi,homme d'affaires milanais,mais surtout époux d'une dame fortunée,n'attire pas immédiatement notre sympathie.Mais comme souvent chez les "monstres" de Risi toute leur mauvaise foi,leur vénalité,leur misogynie,leur comédie face à la vie finissent par nous convaincre qu'avec tant de défauts un homme ne peut être complètement mauvais.Füt-il un Sordi assassin de sa femme ou qui tente de l'être.Pleutre et génial Sordi,moins exportable que Gassman ou Mastroianni,plus romain courtelino-combinard que vrai Matamore,apporte à la plupart de ses films ce délire à l'italienne,troppo troppo.

16 août 2009

Compagnons

             Abusivement présenté sur la jaquette comme un grand film néoréaliste alors que c'est plutôt un gros budget nanti d'acteurs connus et de techniciens hors-pair Les camarades de Mario Monicelli,unique survivant de l'après-guerre italienne section cinéma,reste un film diablement intéressant,soigné et terriblement italien.Le cinéma italien n'a jamais eu peur d'aller à l'usine,lui.La trame raconte l'une des premières grandes grèves au Piémont à la fin du XIX ème Siècle.Dans cette usine de tissage proche de Turin les conditions de travail sont proches de Zola.I compagni (plus joli que camarades à mon sens) présente d'un côté les ouvriers,de l'autre les patrons.Dire que le film échappe totalement au manichéisme serait mentir bien que je l'aie lu sur certains sites plus proches du brûlot daté que de la critique ciné.Revenons à nos camarades.S'il choisit son camp comme tous les cinéastes italiens Monicelli,pas manchot et si bien accompagné du tandem doré des scénaristes Age-Scarpelli,le fait avec assez de recul et plus encore cet alliage tendresse-humour qui caractérise même les petits maîtres italiens.Monicelli n'étant pas d'ailleurs un cinéaste à mésestimer.

      Co-prod. française oblige nous retrouvons Bernard Blier,François Périer et Annie Girardot dans un rôle qu'elle a souvent endossé dans sa jeunesse. Mastroianni est délicieux en professeur venu conter la bonne parole socialiste aux ouvriers. Intellectuel,enfin relativement,mais aussi un peu Pierrot de Comedia dell'arte jamais très loin dans ce cinéma italien qui n'a jamais fini de m'enchanter.Parfois franchement drôle:je pense à la scène où le Sicilien encore plus miséreux que les autres,n'arrive pas à ouvrir son couteau pour venger la gifle patronale.Patrons et ouvriers restent sur leurs positions.Et le professeur n'est finalement pas tellement plus proche de la base.C'est ce que l'on ressent lorsqu'il cherche ses lunettes près du corps de la victime des carabiniers.Les camarades (63) avec les antérieurs Le pigeon et La grande guerre me semble être du très bon Monicelli.

   Mario,94 ans, était l'an dernier invité de la Cinémathèque française .Je ne l'ai pas vu et c'est un grand regret.Il était cette année à Lausanne et témoignait fort bien de l'incroyable activité de 70 personnes environ,les réalisateurs et scénaristes des années d'après-guerre,qui se voyaient tous les jours dans les cantines de Rome,s'écoutaient et s'envoyaient promener vertement jusqu'à demain.Ce qui donna les associations que l'on sait.Grazie Mario.

29 juillet 2009

Le général est mort au soir

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    Cent jours à Palerme,film de Giuseppe Ferrara,arrive  plus de vingt ans après  les constats politiques et sociaux de son maître Francesco Rosi dont j'ai déjà parlé.Et deux ans après  l'exécution du général Dalla Chiesa,préfet en mission à Palerme(poste peu enviable).La présence de Lino Ventura,minéral et solide,fait encore penser à Rosi et à Cadavres exquis.Bie sûr le récit,terriblement linéaire et circonstancié,très proche de la réalité,ne nous incite guère à l'imagination et apparaît comme moins réfléchi que les films d'Elio Petri avec Gian Maria Volonte par exemple.

   Cependant Cent jours à Palerme,film postérieur aux Brigade Rosse,n'est pas sans valeur.Sa sobriété plaide pour un bon film fourni avec un peu de bonne conscience mais surtout beaucoup de modestie.L'état des lieux en 82 n'est guère reluisant en Sicile et ailleurs en Italie et Giuseppe Ferrara ne fait pas de Dalla Chiesa un bravache,seulement un fonctionnaire décidé,un type plutôt tout de froideur et de tension vers son objectif.Si l'on ne ressent pas d'empathie avec lui c'est tant mieux et les émotions sont peu mises en relief,ce qui évite un parasitage du film comme il en est tant.Même ses relations avec sa jeune femme,morte elle aussi,sont exemptes de pathos.Film tout de discrétion Cent jours à Palerme n'a pas démérité du cinéma italien.Dont par ailleurs il faudrait perdre l'habitude de trop référer aux immenses créateurs du passé.Réflexion particulièrement valable pour moi,j'en suis bien sûr.Il y a des ombres encombrantes à Cinécitta,encombrantes et magnifiques.Ma é un' altra storia.

11 avril 2009

Possible conclusion

   Bientôt...Le plus beau livre du monde... ne fera jamais un très grand film.Je sais pourtant quelques exceptions dont on ne devisera pas ici.Ceux qui me suivent un peu connaissent ma passion pour Dino Buzzati et Le désert des Tartares et aussi le reste de son oeuvre,inoubliable et à mon avis encore très sous-estimée. L'extraordinaire roman du Fort Bastiani,parabole de très haut vol sur la vacuité de vivre,la vanité des choses,l'impermanence,était inadaptable à l'évidence.Comment rendre la poussière qui coule du sablier,l'attente à peine fébrile,le regard sur la plaine déserte,la sourde inquiétude que l'on gravit comme les galons d'officier?Ce livre qui,j'aime à le dire avec force coquetterie,peut dispenser de toute autre lecture,est totalement acinématographique.C'est tant mieux.

   Jacques Perrin,fou du roman depuis toujours et le remarquable et très fin cinéaste italien Valerio Zurlini dont j'ai déjà dit tant de bien,se sont assurés la collaboration d'excellents acteurs européens,tous ayant collaboré avec les plus grands,de Bergman à Bunuel.Ce type de casting alourdit en général le climat d'un film,perdant en profondeur ce qu'il gagne en brillance. Et c'est bien le cas pour Le désert des Tartares.Il fallait s'y attendre.Mais personne ici n'a démérité,l'adaptateur André Brunelin pas plus que les autres.Peut-être sont-ils fiers,quelque part,d'avoir peu ou prou été associés à ce film,donc à ce livre à nul autre pareil.Il ya des orgueils plus déplacés.J'aurais volontiers joué une sentinelle,silhouette nocturne, dans Le désert des Tartares.Alors je vais attendre encore un peu.Je vais attendre encore un petit peu également pour fermer Le blog de la Comtesse.Mais il se fait tard.Ce tard qui rime parfaitement avec Le désert des Tartares.

21 mars 2009

Perfection pirandello-tavianienne

     Au plus beau du cinéma...L'après-guerre,Pise,Toscane.Deux gamins de 15 et 16 ans découvrent au ciné-club universitaire Païsa de Roberto Rossellini.Paolo et Vittorio,inséparables frères,fils d'avocat,ne s'en remettront jamais,pour le plus grand plaisir des cinéphiles.En 54 premier court métrage San Miniato juillet 44,San Miniato,leur ville natale près de Florence,le plus bel endroit du monde.On comprend l'influence de la Renaissance,et aussi celle de la Résistance,la Toscane ayant été très en pointe contre le fascisme, dans l'oeuvre des Taviani.Puis rencontre à Rome avec le grand Joris Ivens qui influencera l'autre versant des Taviani.

  1984.Après avoir été un peu médiatisé,Palme d'Or à Cannes pour Padre Padrone,lesTaviani mettent cap au Sud,vers la Sicile,leur deuxième terre d'élection.Ils veulent adapter l'univers du grand Pirandello à travers quelques-unes de ses Nouvelles pour un an,écrites en fait tout au long de sa vie.Attention,amateurs de cartes postales s'abstenir.La Sicile de Pirandello,transcendée par les frères,est une terre primordiale et solaire,apparition de forces ancestrales,théâtre d'une lutte pour la survie,manifestation violente de passions primaires,castes,classes,le tout avec déchaînement de forces telluriques et surnaturelles.Le très rude pays porte d'ailleurs le nom dialectal de Cavusu,le Chaos.Pirandello:"Je suis un fils du Chaos,non pas allégoriquement,  mais réellement,car je suis né dans une de nos campagnes située dans un bois touffu,que les habitants de Girgenti(Agrigente) appellent Cavusu."

  Le prologue qui sera le fil rouge entre les quatre récits(cinq pour la version télé) est adapté du Corbeau de Mizzaro.L'oiseau,attrappé et tourmenté pas les bergers,est équipé d'une clochette et devient comme l'albatros baudelairien une source d'enchantement.Eternelle dualité de l'homme,du pire et dun meilleur.Symbole de la hauteur lais aussi du Chaos qu'il domine le corbeau,soutenu par la magistrale partition de Nicola Piovani,nous emmène vers L'autre fils.

   Dans cette nouvelle les Taviani ont voulu la Sicile comme une sorte d'héritière corrompue de la Grèce antique,parcourue d'une ethnie sicilienne travesée par la tragédie.Mariagrazia é crit à ses deux fils en Amérique ou fait écrire plutôt.Aucune lettre en retour depuis 14 ans.Et non loin de la vieille femme,superbe de douleur,l'autre fils,le troisième,doux et gentil mais hélas,issu d'un viol de la soldatesques libére par Garibaldi(effets collatéraux d'une révolution,ça arrive),et pour son malheur portrait craché de son père.La violence tient en quelques plans,écrasée de chaleur dans la ville en barbarie, inoubliable.

  Mal de lune est ue sombre histoire de lycanthropie,thème plutôt gothique,mais que les Taviani ancrent dans une Sicile mythologique et assez misogyne.La jeune épouse que la pleine lune semble libérer sexuellement,est incapable de venir en aide à son mari,brave garçon victime d'une malédiction d'enfance lors des moissons sous la lune.Il faut voir Sidora s'activer à son ménage en jouant des cuisses.Comme ce cinéma de la suggestion sait se faire haletant.

        Requiem met en scène des villageois qui veulent obtenir un cimetière car ils n'ont que le droit de trimer sur un arpent de terre mais pas celui d'y reposer en paix.Traité de façon presque burlesque avec un patriarche qui ressuscite puis attend placidement assis devant sa fosse bien gagnée,Requiem oppose le baron et sa famille,urbains,pas forcément antipathiques,mais d'un autre âge et les paysans hirsutes, dyonisiaques et finalement vainqueurs.Les frères Taviani ont un engagement classique en Italie,celui d'intellectuels influencés par le Néoréalisme et la Guerre.On aura compris leurs sympathies mais rien en Italie n'est si manichéen...

    Enfin j'ai unepassion particulière pour l'épilogue Entretien avec la mère,cinématographiquement à couper le souffle.Omero Antonutti,acteur rare et fétiche des frères,Padre,Good morning Babilonia,La nuit de San Lorenzo.y incarne Luigi Pirandello lui-même,vieilissant, de retour sur les terrs du Chaos après des décennies,et qui retrouve la maison natale et le fantôme de sa mère.C'est de toute beauté,une réflexion sur la création littéraire,la mémoire et la maladie.Les Taviani ont retenu de Pirandello,tout au long du film et plus encore dans l'épilogue,la mélancolie et la sénescence,des maux précoces et structurels,inhérents peut-être à ce XXème Siècle en crise,avec des personnages proches d'une symbolique du tombeau,que les très grands Européens, Svevo, Joyce,Mann ont abordée à leur manière.Kaos,contes siciliens est un miroir,notre miroir,fait de solitude irréductible, d'éloignement dans le temps et l'espace,d'agonie d'une société médiévale. Kaos est une entrevue avec les ombres,mais les plus belles.

    Je ne fais jamais d'article aussi long.Souffrez l'exception car j'en considère le titre comme tout à fait justifié.

28 février 2009

Ma non troppo

         Bien sûr Stazione Termini est très loin des meilleurs films de De Sica,antérieurs.Bien sûr on n'est pas très loin dans ce film tout entier circonscrit dans la gare de Rome du roman de gare justement.Et du roman-photo,encore très florissant en 1954 notamment en Italie.Bien sûr cette storia d'amore,en fait une love story entre une Américaine et un Italo-américain,est originale comme une bluette.Bien sûr le film n'avait d'autre but que le marché américain avec deux stars comme Jennifer Jones et Montgomery Clift et fut d'ailleurs proposé aux Oscars(?)Bien sûr De Sica l'a plus ou moins renié.Bien sûr il a même été réduit à 63 minutes que d'aucuns trouveront encore trop longues.Bien sûr que ce n'est pas avec Stazione Termini que je vais redorer le blason de Vittorio de Sica et donner envie de le découvrir.Et bien sûr que je n'arrive pas à détester ce film,rencontre et rupture.Parce que je suis fou du cinéma italien.Et parce qu'il m'est arrivé de rencontrer.Et parce qu'il m'est arrivé de rompre.

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                  Ne l'ayant pas vu depuis 40 ans environ je me suis mis en quête de La Ciociara de Vittorio de Sica d'après le roman de Moravia.C'est tout de même une déception.Que de conventions dans cette adaptation toute entière au service de Sophia Loren!Récompensées par un Oscar d'ailleurs.Mais comme j'ai eu du mal à y croire à cette paysanne pulpeuse et lumineuse là où il aurait fallu sentir âpreté et fatigue.De plus,coprod. française oblige le film a été vu surtout en version française avec un résultat abracadabrant.On a donné à Sophia un accent italien qui fait qu'on a presque du mal à la comprendre.Quel gâchis.De ce film,on peut cependant sauver le rôle sobre d'un Belmondo encore juvénile et qui s'acquitte bien de sa tâche en instituteur pacifiste et binoclard,non encore contaminé par les tics de carrière qui deviendraient les siens quinze ans plus tard,dans ses rôles les plus insipides

17 février 2009

L'Inoxydable

ildivo_sorrentino

   Si Gomorra m'avait plutôt rasé Il Divo m'a,à quelques détails près,enthousiasmé.Eternelle renaissance de mon cher cinéma italien.Vous ne connaissez pas Giulio Andreotti?Moi,vu les années,j'ai toujours un peu vu la longue silhouette de l'un des plus inamovibles hommes politiques italiens.Paolo Sorrentino,metteur en scène de la nouvelle génération,nous propose un puzzle fascinant où le personnage d'Andreotti apparaît fantômatique,filmé marchant vraiment comme Nosferatu et rasant les murs dans une Italie vide d'Italiens,puisque Sorrentino a opté pour le parti pris,curieux mais très intéressant,de ne guère quitter les ministères ou les églises.Mais à l'intérieur des ors de la république se jouent des destins,se trament peut-être(le doute est permis) des morts violentes,se fomentent des trahisons dans cette Italie où la Comedia dell'Arte épouse l'Opéra tragique.

    Faut-il avoir une petite connaissance de l'histoire de l'Italie pour apprécier Il Divo?Honnêtement je trouve que ça peut aider mais au delà de la spécifité transalpine la réflexion sur le pouvoir,sa solitude,réelle,et l'ambiguité du jeu politique,est passionnante.De ce films ne sort pas la vérité sur l'assassinat d'Aldo Moro,sur la loge P2,sur l'implication de Giulio Andreotti.Cette vérité là existe-elle seulement?De ce film,par contre,on peut sortir,ravi et heureux comme un spectateur "né cinématographiquement" sous Rossellini dont Sorrentino serait le petit-fils spirituel,mais un petit-fils qui aurait eu comme parrain Fellini dont l'ombre plane un peu,beaucoup,sur la mise en scène.

3 janvier 2009

Scorpion mortel,ennui de même

Sous le signe du scorpion

   Quelques mots suffiront car,une fois n'est pas coutume,voici un film des Taviani qui ne m'a guère captivé.Datant de 1969 il s'agit d'une fable très pesante sur la société à travers la lutte de deux tribus sur une île volcanique.Passent,enfin j'ai cru comprendre,les ombres de Caïn et Abel,d'Ulysse,voire de Romulus et Rémus.Parabole sur le pouvoir,lecture marxisante très déshumanisée,c'est ce que j'appelle un pensum.Passe aussi mais je ne le sais que parce que j'ai lu un bouquin sur le cinéma des Taviani,le conflit entre Utopie et Conservation dont le vainqueur serait l'Histoire.Ce qui ne passe guère par contre c'est le temps,90 minutes qui m'ont paru plombées par le pire défaut du cinéma d'auteur,à savoir se croire obligé d'asséner le spectateur d'une très lourde dose de prétention philosophique.Moi qui suis un zélateur des frères je regrette cette aventure dans les îles,réalisée juste avant Saint Michel avait un coq dont je vous ai dit grand bien il y a peu.

25 décembre 2008

New York-Palerme,aller simple

   Francesco Rosi adapte en 90 une petite partie du Goncourt d'Edmonde Charles-Roux Oublier Palerme que je n'ai pas lu.Le film,co-produit,ce qui est souvent synonyme d'alourdissement,n'est pas un très grand opus de Rosi mais n'est pas du tout indifférent. Encore un film sur la Mafia,diront certains.Cela me paraÎt normal que tant de films traitent de ce thème,de Scarface à Gomorra,la lutte entre le bien et le mal ne datant pas d'hier. Un politicien italo-américain brigue la mairie de New York (James Belushi très crédible).Avec l'idée d'éradiquer,vaste programme,la Pieuvre.Une jeune journaliste italienne l'incite à un voyage en Sicile sur la trace de ses aïeux.Si la partie campagne électorale est très classique le retour à Palerme ,très bien orchestré,nous fait passer subrepticement d'une Sicile plutôt touristique,très couleur locale à une île au versant bien sombre,archaïque et ancestrale,avec tout ce qu'il fait d'un obscurantisme misérable contre lequel l'Institution semble être le rempart.Question éternelle.

   Un moment déstabilisé sur le crucial sujet d'une certaine légalisation de la drogue Carmine Bonavia assumera-t-il? Dans ce beau coffret dont j'ai déjà évoqué les deux autres film Le Christ s'est arrêté à Eboli et Trois frères Francesco Rosi répond au critique Michel Ciment et c'est clair, concis, passionnant.Vous avez peut-être remarqué l'omniprésence du cinéma italien en cet endroit.On ne se refait pas.Au fait il y a dans Oublier Palerme un personnage inoubliable,le Prince,le grand Gassman,qui a la permission de vivre à condition, qu'il ne sorte pas du palace où il est assigné par l'Organisation,suite à un très vieux litige.Filiation avec Visconti,un peu,car Rosi utilise aussi la valse de Verdi et l'immense salle de bal du Guépard.

18 décembre 2008

Fascisme et gauchisme en grotesque

Domani,domani et Le porteur de serviette,les deux seuls films de Daniele Luchetti sont bien loin,vingt ans à peu près.J'avais autant aimé le premier,conte voltairien,que le second,fable politique.Mon frère est fils unique,sorti l'an dernier,me semble un film un peu moins personnel mais fort intéressant cependant.Si la première partie,très volubile,traite de l'opposition entre les deux frères querelleurs l'un comme l'autre,et ce avec pas mal de verve pour un film qui ressort assez classiquement de la comédie à l'italienne des années soixante,la seconde partie tourne à l'amer et au grave.Accio,le plus jeune est membre du parti néo-fasciste et Manrico l'aîné très engagé à l'extrême-gauche.Peut-on considérer que Luchetti les renvoie dos à dos?A peu près et c'est très bien ainsi à mon avis.Mais derrière la truculence de ces deux jeunes hommes perce la difficulté d'une Italie en proie à ces mouvements qui finiront par les Brigades Rouges,sans pour cela ôter la gangue d'affairisme d'une bonne partie de la classe dirigeante.

Amoureux de la même femme,rivaux en politique,les frères s'aiment pourtant profondément.Je les ai aimés aussi bien que ce cinéma reste un peu palôt par rapport aux grandes oeuvres du passé.Pourtant Daniele Luchetti est loin d'avoir démérité sur cette adaptation d'un livre nommé,je crois,Il Fasciocommunista,dont j'ai oublié l'auteur.Il faut un certain courage pour présenter un jeune néo-fasciste plutôt positif par ailleurs.il n'y a là-dedans rien de démagogique,c'est assez rare pour le souligner.Et puis ces bagarres entre ces extrêmistes plus benets que vraiment concernés sont souvent péchés de jeunesse.A noter une scène hilarante et qui en dit long:la version de L'hymne à la joie de Ludwig aux paroles modifiées ainsi "Trotsky,Lénine,Staline,Karl Marx",tout ça sur la Neuvième.Je connais des images actuelles tout aussi ridicules mais moins drôles.

30 novembre 2008

Si c'est ça la paix,je crois que je préfère la guerre


ALLEMAGNE ANNÉE ZÉRO / ROSSELLINI - SUICIDE D'EDMUND

    Rigueur.C'est le maître mot à propos de Allemagne année zéro qui clot la trilogie fin de guerre de Roberto Rossellini.Après la douleur de Rome et la remontée de la botte italienne en ses cinq épisodes de Païsa Rossellini ausculte l'ancien allié en sa capitale historique.74 minutes composent Allemagne année zéro et cela suffit à ce diable d'homme pour nous faire toucher du doigt la si grande détresse de la paix et la sinstrose des après-guerres et des réglements de compte.Un jeune Allemand de treize ans tente de survivre dans ls éboulements et la déréliction de l'ancienne ville phare du Reich qui en perdra même son titre de capitale avant d'être tranchée en quatre.Maintenant ce sont les familles elles-mêmes qui sont dévatées et décimées.Entre un père mourant,un frère qui n'a pas su changer de camp assez vite,chose fortement déconseillée en ces temps de basculement,une soeur qui hésite sur les extrêmités classiques qui guettent une jeune femme en ces moments,le jeune Edmund vit de rapines et d'expédients,en attendant pire.

  Le Néoréalisme,en s'exportant si peu de temps après la Guerre dans les décombres encore fumants de Berlin,tourne l'une de ses plus belles pages.Ce constat,sans la moindre facilité ou fioriture, absolument vierge de tout tic d'acteur,de tout ego de metteur en scène,de toute couleur locale en l'occurence,est à voir impérativement tous les cinq ans environ.J'ai vu le film pour la première fois à quinze ans et je viens de le revoir avec la même émotion,une émotion qui n'a rien d'un sentiment un peu racolé ou flatté,une émotion que je qualifierai d'"intellectuelle" tant ce film comme les deux autres de la trilogie mais avec cette différence qu'il parle des vaincus,distille longtemps et pour toujours l'intelligence du cinéma.Ce n'est pas si fréquent.Les cinq dernières minutes sont parmi les plus impressionnantes du cinéma(vidéo).Allemagne année zéro c'est aussi Beyrouth,Gaza,Kaboul,etc...

 

 

24 novembre 2008

Des gens ordinaires

  Domenica_d_agosto   

        Gente di Roma avait été filmé par Ettore Scola il y a quelques années.En 1950 Luciano Emmer,cinéaste élevé au Néoréalisme invente en quelque sort le film choral,presque ethnologique,décrivant non pas la vie des Papous de Nouvelle-Guinée,mais celle des Romains un dimanche d'été,en route pour Ostie,la plage  de Rome.Cette Ostia n'est pas celle de Pasolini mais se donne pour quelques heures à toute une faune de gens modestes qui se précipitent à la première heure en vélo,scooter,train de banlieue ou voiture.Laborieuse la voiture...Je n'ai pas peur de dire que Dimanche d'août est un enchantement qui réussit la gageure d'échapper à toute démagogie,ce que même le grand Renoir n'a pas toujours su.

   Car tous ces gens sont vrais,mioches,adolescents émoustillés, matrones affectueusement collantes,pères ou mères seuls avec leur fille.Ne manque même pas une équipe de bras cassés genre Le pigeon qui profitent de l'exode dominical pour fomenter un audacieux casse dans un abattoir.Pas de héros ou plutôt que des héros quotidiens ou hebdomadaires en l'occurence.Bien sûr chacun ment,gentiment,juste ce qu'il faut pour avoir l'air un peu plus riche,un peu plus malin,pour séduire,quoi.Mais il y a tant de fraternité,tant de justesse dans ces petits pointillés de la vie de la grande cité en cette après-guerre où le miracle italien commence à peine.Rejeton tardif,presque ultime du grand mouvement cinématographique italien,Dimanche d'août est une perle rare.Luciano Emmer a signé par la suite surtout des documents et La fille dans la vitrine,belle fiction sur l'immigration italienne en Belgique.Né en 18 il n'est pas mort à ma connaissance.On continuera donc de l'ignorer.

12 novembre 2008

L'artiste en exil,perplexe puis serein

   Je conservais un magnifique souvenir du Christ s'est arrêté à Eboli,film de Francesco Rosi d'après le récit autobiographique de Carlo Levi,film sorti en 80.J'avais un peu idéalisé ce film qui reste néanmoins un beau film,à défaut d'être un très grand film.Passé un petit sentiment de déception Le Christ s'est arrêté à Eboli se voit presque comme un document ethnologique.C'est ainsi que Rosi en parle dans son entretien en français avec Michel Ciment,passionnant et d'une totale clairvoyance malgré le grand âge du metteur en scène.

   Carlo Levi,année 1935,est assigné à résidence en Lucanie,ce Mezzogiorno sinistre où règnent ignorance, corruption et malaria.Dans ce bout du monde au milieu de nulle part cet homme du Nord,cultivé et ouvert,va trouver une vérité qu'il ne soupçonnait pas.Francesco Rosi a ausculté l'histoire de son pays depuis cinquante ans.Il est un de ceux qui m'ont donné le gôut de ce cinéma,hérité du Néoréalisme cette merveille.L'authenticité du film n'est pas discutable,tourné en grande partie avec les paysans de 1980,pas très différents de ceux de 1935.Le jeu intériorisé du grand Gian Maria Volonte nous remue et l'âme et le coeur.Bien reçu et Rosi évite habilement tout manichéisme,sauf peut-être sur la fin et j'y reviendrai,Carlo Levi,peintre et médecin,se lie d'amitié avec les bergers et les villageois.Même le podestat représentant de Mussolini ne semble pas si méchant.Certes il y a la censure de son courrier et les limites du cimetière à ne pas franchir.Mais il y a surtout une humanité que le grand bourgeois nordiste éclairé ne s'attendait pas découvrir dasn cette grisaille pierreuse  dont on dit que même le Christ l'a évitée.

      

      Parmi ces gens simples et rudes l'homme va toucher du doigt la pauvreté et la tristesse,celle des enfants,celle des vieux dont les fils ont tenté l'Amérique.Car dans ce bled presque infâme les yeux se brûlent à rêver de l'autre côté de la mer,dont pourtant pas mal d'hommes sont revenus,pas tous bien riches.A moins que ces mêmes yeux ne dévorent l'illusion africaine que la propagande fasciste prétend mettre à leur portée,là-bas,à Addis-Abbeba.Levi va vivre là plusieurs années.Et le danger guette alors l'homme,et guette aussi le film,de tomber dans une sorte d'exotisme de l'austérité.La fin du film n'évite pas tout à fait ce piège qui voit le bon Dr.Levi devenir mi Robin des Bois,mi Dr.Schweitzer.J'en ai été un peu gêné lors de cette seconde vision,28 ans après la première et ceci explique sûrement cela.Pas assez gêné pourtant pour ne pas recommander Le Christ s'est arrêté à Eboli,film marquant et modeste,sans thèse mais pas sans émotion.

9 novembre 2008

Paolo et Vittorio vont en bateau

   Film d'avant leur célébrité,d'ailleurs plutôt furtive eu égard à une certaine versatilité me semble-t-il de la critique,prompte à brûler ce qu'elle a adoré,Saint Michel avait un coq (71) annonce ce qui sera pour moi le meilleur des frères toscans,Allonsanfan.Proches d'un marxisme qui serait intelligent et là les frangins sont plutôt seuls,ils nous racontent leur Italie,rêvée mais réelle.Une Italie du XIXè Siècle,avec ses mouvements insurrectionnels précoces et que l'on idéalise facilement en France peut-être.J'ai déjà écrit sur Allonsanfan et San Michele aveva un gallo en est en quelque sorte le prologue.Le héros en est Giulio Manieri,leader de la révolte.Mais cette révolte est un peu en avance et arrêté mais surtout incompris Manieri croupit dans sa gêole. 

   Toute la deuxième part de ce film se passe en prison,à l'isolement et cela nous vaut des scènes très fortes.Il décide en effet de lutter contre cet internement et la folie qui le guette de vivre "normalement".Il tient des réunions politiques avec ses anciens amis,tenant leur rôle à chacun et les plaçant dans la cellule.Avec plaisanteries et querelles de compagnons de lutte.Il "déguste " son horrible soupe en la nommant de termes culinaires fins,champignons à l'émincé,petits légumes de saison,etc...J'ai trouvé cette séquence fascinante et Giulio Brogi,acteur peu connu mais habitué des Taviani,y est remarquable.

   Ce film,carrément scindé en trois,se clôt par un long voyage en bateau car Giullio change de prison et part pour Venise.Sa barque y croise celle d'un groupe de prisonniers avec lesquels il échange des propos sans les convaincre de la justesse de ses thèses car Giulio n'a guère changé.Très belle scène avec le père d'une prisonnière qui suit sa fille en barque le plus longtemps possible,quand elle-même le supplie de partir.Déchirant dans la sécheresse du traitement,les Taviani n'étant pas des sangloteurs.Cette longue croisière scelle surtout l'incompréhension totale et en fait l'enfermement moral dans lequel va finir par sombrer Giulio.A cette fable désespérée,très belle,je préfère cependant la douloureuse remise en question de Mastroianni dans Allonsanfan.

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