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BLOGART(LA COMTESSE)
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31 juillet 2007

Les feux de la rampe version Cinecitta

         Antonioni quand il signe La dame sans camélias en 1953 n'est pas encore le cinéaste "à la mode" qu'il deviendra quelques années plus avec L'avventura,La nuit ou L'éclipse. Pourtant sous les derniers feux du Néoréalisme percent les questions existentielles sur l'identité qui seront un peu sa marque.Celui qui devait devenir le chantre de l'incommunicabilté a su très bien dans La dame sans camélias nous faire sentir le mal-être de Clara Manni,jeune starlette peu douée pour l'art dramatique et plus ou moins manipulée par les hommes qui traversent sa vie.

        Régulièrement oublié quand on dresse la liste des films se déroulant dans le milieu du cinéma (Truffaut, Godard, Mankiewicz,Minnelli,Wilder) La dame sans camélias mérite un détour.Déjà comme beaucoup d'antihéros antonioniens Clara est de la race des vaincues et le film est l'histoire d'ue défaite,d'une renonciation.Fatiguée malgré ses 22 ans la jeune actrice finit par céder et sacrifier ses ambitions artistiques sur l'autel des paillettes,cette drogue dure qui fera d'elle une étrangère à sa propre vie,come on le voit dans le très beau plan sur son regard lors de la scène finale.

  Peut-être un peu trop volubile ce qui tend à caricaturer les professionnels du cinéma présents dans le film et ce qui peut s'avérer trop couleur locale pour prétendre à une certaine universalité La dame sans camélias est une oeuvre passionnante qui laisse à penser à l'évolution possible de l'art de Michelangelo Antonioni.Lucia Bose endosse avec beaucoup de vérité l'habit de cette comédienne en devenir.Lucia Bose a peu tourné.Il y a comme ça dans le cinéma des visages seulement entrevus mais inoubliables.Lucia Bose est de ceux-là (Chronique d'un amour,Mort d'un cycliste).

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31 juillet 2007

Cette aventure,vieille maintenant de 47 ans

Cosa fai,con l'Avventura?Qu'est-ce qui reste,de l'Avventura?

              Poursuivant un cycle "six décennies,six films" j'ai abordé cette semaine L'Avventura d'Antonioni(1960).Je n'en avais conservé qu'un souvenir lointain,portant surtout sur le cinéma de l'incommunicabilité,la froideur du cinéaste et cette façon de conter "l'ennui" qui avait en 60 ennuyé une partie du public de Cannes (souvent particulièrement stupide) et pas mal de spectateurs.Moi je trouve que L'Avventura reste un magnifique poème sur le mal-être, nanti d'une construction rigoureuse en trois époques: l'île,la recherche d'Anna en voiture,l'hôtel.

    La (vague) quête dans l'île nous ramène un peu sur des terres pirandelliennes,voire non loin de Dino Buzzati.Et dans ce "portrait de groupe insulaire" ces personnages, velléitaires et fantômatiques,finissent pas nous happer dans leur vacuité.Antonioni avait dit au peintre Rothko:"Mes films ne  parlent de rien,mais avec précision". On ne saurait mieux définir.De sublimes plans d'une église blanche et bergmanienne,une ahurissante scène où Monica Vitti est contemplée lascivement par les machos siciliens un peu demeurés(1960),le record du monde des scènes de dédain atteint par le plan de la call-girl ramassant ses billets avec les pieds.Voilà quelques pépites de film charnière sur le couple,sur la vie,sur le désespoir.On n'oubliera pas la main de Monica Vitti sur l'épaule de Gabriele Ferzetti,scène finale d'une rare émotion.Il me semble que mes élèves,toujours aussi studieux et que je remercie,ont ainsi ressenti qu'un film reste une avventura personnelle,un corps à corps entre le spectateur et le cinéaste.Antonioni,anthologie...

20 juillet 2007

Difficiles lendemains de guerre

    De Giuseppe de Santis on ne se rappelle guère que le short moulant de Silvana Mangano dans la plaine du Pô de Riz amer.Pourtant ses films sont à voir pour qui veut en savoir plus sur le Néoréalisme qui,on le sait,est mon talon d'Achille,ma botte de Nevers,mon Capitole à moi.Dans cette Italie défigurée de l'après-guerre,et coupable de mauvais choix,De Santis collabore en 47 pour Chasse tragique son premier long métrage avec Cesare Zavattini, Michelangelo Antonioni et Carlo Lizzani.Le cinéma italien a toujours été friand d''équipes entières de scénaristes.

   Il me semble que le film est un peu cahotique et manque singulièrement d'ambigüité ce qui l'empêchera de figurer dans le panthéon du NR. où trône en majesté Rome ville ouverte pour la nuit des temps.Italie immédiate après-guerre,réglements de compte dans la campagne émilienne. De Santis utilise quelques artifices classiques pour opposer deux anciens prisonniers amis qui s'affrontent dans une sombre histoire de vol des subventions d'une coopérative où s'échinent quelques centaines de miséreux dignes du Voleur de bicyclette.

  De Santis n'a pas son drapeau dans sa poche et son coeur ne bat manifestement que d'un côté.C'est cette faiblesse aussi qui fait que Chasse tragique,pour estimable que soit le film,vaut surtout pour sa photo de la si difficile réinsertion italienne,un noir et blanc qui magnifie trains et camions et fait de la plèbe romagnole un personnage à part entière, encore imprégnée de l'influence soviétique d'Eisenstein.A l'évidence De Santis n'avait pas tout à fait l'étoffe de ses grand compatriotes qui tous surent s'affranchir d'une idéologie parfois pesante.

23 juin 2007

Les travaux et les jours

      Digne des meilleurs films  du grand Rossellini par le regard sur les humbles et leur noblesse come dans Rome ville ouverte ou PaÏsa.

      Digne des toiles des Frères Le Nain par exemple,ces scènes de la vie paysanne d'une totale luminosité à travers les heures et les siècles.

      Digne de la ferveur des fugues de Jean-Sébastien Bach qui accompagne délicatement ce film hors du temps et surtout des modes et des snobismes.

      Digne d'un engagement que n'auraient pas renié les Taviani du temps de leur grandeur,aux antipodes d'une démagogie exécrée.

      Revoici L'arbre aux sabots,justement récompensé par Cannes,pour une fois clairvoyant.Toujours inoubliable et qui pourrait inciter les télés à se pencher un peu sur la carrière d'Ermanno Olmi.On peut rêver.Je l'ai revu avec bonheur,j'ai remarché trois heures durant aux côtés des travailleurs de cette terre du Piémont il ya un siècle.La chronique de la vie à la ferme mêle les drames familiaux et les naissances fréquentes,dans cette Italie très chrétienne où ne pointe aucune caricature,ce qui est la force du film.Ermanno Olmi a voulu raconter une année ordinaire, joies et peines,récoltes prometteuses bien que modestes et attachement aux animaux familiers,si importants dans cette petite société toute tournée vers le labeur.La simplicité est l'essentiel de cette fresque au ras des saisons,baignée d'une lumière presque toscane et de neiges bien peu méditerranéennes.C'est que cette humanité là n'a rien de napolitain ni même de romain.Un cinéaste en France,il ya bien longtemps ,Georges Rouquier,avait eu cette approche avec Farrebique en 46.Il est aujourd'hui bien oublié.

   Des acteurs non professionnels,une grande linéarité qui épouse rivières et sillons,le sens du récit qui est celui d'Ermanno Olmi font de L'arbre aux  sabots une oeuvre exceptionnelle.Olmi est d'ailleurs l'auteur d'un beau témoignage littéraire qui raconte la vie quotidienne d'un jeune Italien aux années sombres du fascisme dans une banlieue de Milan.Publié chez 10/18,cela s'appelle Enfant de faubourg.

13 mai 2007

Un cheik en blanc

  Et vogue le navire  (hommage au maestro)

   En 1952 Fellini signe son premier film seul après Les feux du music-hall,coréalisé avec Alberto Lattuada.Le cheik blanc est une sympathique initiation à l'oeuvre totale.En effet on trouve déjà dans Le cheik blanc l'univers du grand montreur d'images.On sait que Fellini s'est vite affranchi du Néoréalisme,lui dont l'imagination se serait très tôt sentie bridée au côté de Rossellini.Fellini pose ici son regard un peu gouailleur,d'une gouaille romaine,mais surtout plein de tendresse sur les petits.En l'occurence son héroïne, Wanda, aimée d'Ivan sans fantaisie,se réfugie dans le monde bien oublié aujourd'hui du roman-photo.Je crois que l'on ne mesure plus très bien l'importance du courrier du coeur et du roman-photo qui ont eu plus que leur heure de gloire dans les années cinquante et particulièrement en Italie.Le cheik blanc est le personnage flamboyant aux yeux de Wanda qui séduit les midinettes de façon hebdomadaire. Wanda va réaliser son rêve et découvrir le vrai Fernando(le pathétique et génial,bellâtre et couard Alberto Sordi).Le rêve tourne alors au cauchemar et l'affaire se conclut très dignement sur la Place Saint-Pierre.N'oublions pas que nous sommes à Rome en 52 et que La dolce vita n'a pas encore immortalisé la Fontaine de Trevi.

    Si personnellement j'ai un faible pour Les Vitelloni en ce qui concerne le premiers tiers de la carrière de Fellini j'ai apprécié de voir pour la première fois Lo sceicco bianco d'autant plus que le maestro,encore tout jeune,y est déjà accompagné de Giulietta Masina qui joue une prostituée nommée Cabiria,cela doit vous dire quelque chose et de la musique d'un certain Nino Rota,débutant plutôt doué lui aussi.

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6 avril 2007

Ciao Luigi

  E morto il vecchio signore.Le vieux monsieur est mort.Il y a peu j'avais cité La grande pagaille.Il y eut aussi le délicieux Pain,amour et fantaisie,le corrosif Argent de la vieille,et bien d'autres.Si on ne devait retenir qu'une facette du talent de Luigi Comencini et si on pense que l'enfance au cinéma n'a pas toujours été bien traitée,rappelez-vous que cet homme a signé pas moins de cinq chefs-d'oeuvre sur ce monde inconnu des jeunes années:Pinocchio, L'incompris, Eugenio, Un enfant de Calabre et Cuore.Au revoir Monsieur.Rarement réalisateurs auront fait preuve d'autant de tendresse dans leur trait.

24 mars 2007

Pleutres,pitoyables,pathétiques,géniaux

Dino Risi est le maître de la comédie italienne florissante.Il n'est pas le seul et Monicelli, Comencini,encore de ce monde également lui ont donné ses titres de gloire.La marche sur Rome(1962) reprend le thème de la "débrouillardise" en temps de guerre ou de révolution.Je vois dans ce registre une trilogie formidable.La grande guerre de Monicelli(59) nous emmène dans le sillage d'un duo d'enfer Gassman-Sordi,ces extraordinaires histrions capables de vendre des cotillons le jour des obsèques.Fainéants de première,Pieds Nickelés à la transalpine,les deux hurluberlus se verront magnifiés et comble d'ironie pour ces profiteurs,mourront héros de la Résistance.On sait que l'irruption du tragique dans le burlesque est l'essentiel de ces comédies féroces et que le destin d'Oreste et Giovanni se conjuguera par le petit bout de la lorgnette dans la grande histoire italienne.

La Grande guerre    La grande pagaille de Comencini(60) avec un Sordi ébouriffant nous installe dans le climat de déréliction qui suit la destitution du sympathique Mussolini.Officiers, sous-officiers,soldats,civils cherchent à rentrer à la maison(titre original Tutti a casa),éventuellement à retourner leur veste et surtout à sauver leur peau.Ce film remarquable suscite le rire mais aussi l'émotion et pas mal de réflexion sur la condition humaine et la limite très étroite entre la lâcheté et le courage qui sont parfois frères d'armes.

    Enfin La marche sur Rome narre l'avancée des "glorieux" fascistes en 1922 vers la capitale.Deux grands flandrins, anciens de 14-18,Gassman et Tognazzi,prennent le train en marche et se couvrent de gloire entre vols de poules, courageuses administrations d'huile de ricin aux opposants,planques minables jusqu'au jour miraculeux où ils sont pris pour des dignitaires.Peu importe la cause de ces dignitaires,l'important est de s'en sortir.

   On cherchera vainement l'équivalent ailleurs de ces films où les héros sont des cossards sympathiques, pas tout à fait affreux,pas tout à fait méchants.L'Italie a toujours su se moquer de sa propre histoire particulièrement à travers son cinéma.Grazie Signore Monicelli,Comencini,Risi.

9 mars 2007

Le douloureux cinéma de Zurlini

La fille à la valiseZurlini n'a fait que peu de films.Je voudrais attirer l'attention sur ce metteur en scène rare et inspiré qui a signé en 60 le formidable La fille à la valise avec Claudia Cardinale et Jacques Perrin tous deux très jeunes. Une jeune provinciale est victime d'un beau parleur. C'est une situation fréquente au cinéma mais Aïda n'est pas de la race des victimes. Pas très éloigné de la Nouvelle Vague française cette réalisation est affranchie des séquelles du Néoralisme mort depuis quelques années. C'est le jeune frère du Don Juan qui va prendre en main le destin d'Aïda qui l'aidera à prendre conscience de la difficulté de devenir adulte et responsable. Ancré dans le social le film ne sera pas un succès commercial. Valerio Zurlini n'en aura jamais pourtant après sa mort on redécouvre la force de son cinéma.

    Journal intime (62) traite de la difficile fraternité entre Mastroianni l'aîné et Perrin le cadet. C'est un film absolument bouleversant de pudeur et d'ue étrange douleur qui nous humanise mais c'est là tout le cinéma de Zurlini, si personnel et si intime comme le titre.  A ne pas confondre avec l'homonyme film de Moretti remarquable lui aussi. On doit à Zurlini l'un des meilleurs rôles de Delon dans Le professeur dont le titre original se traduirait par La première nuit de tranquillité. Détrompez-vous, le cinéma de V.Z. est le contaire,inquiet, secret et obsédant comme sa courageuse adaptation si rarement diffusée du roman qui hante mes jours et mes nuits:Le désert des Tartares...

30 octobre 2006

Le vieux monsieur qui ressemblait à mon père

Ceux qui me suivent un peu savent l'amour que je porte au Néoréalisme italien et à ses maîtres.Le film Umberto D.(51) est dédié par Vittorio de Sica à son père Umberto de Sica.Il n'y a pas tant de films dans l'histoire dont le héros soit un paisible retraité.En cela le Néoréalisme n'a jamais été égalé et je crois que l'état de grâce de ces films en symbiose avec un peuple,une époque,un pays restera une exception qui donne au cinéma ses titres de noblesse.Je parle là de la noblesse du coeur pour ces oeuvres consacrées aux humbles.Interprété,habité plutôt par Carlo Battisti qui était professeur,Umberto D. touche au plus profond de chacun de nous.Umberto c'est mon père et c'est le vôtre.C'est moi demain ou après-demain.De Sica ne désigne pas les coupables car le Néoréalisme ne s'est jamais érigé en procureur.Ce mouvement unique a simplement rendu le cinéma à la rue et à ses habitants,modestes retraités, chômeurs, femmes enceintes,sans logements, pêcheurs,petits voleurs, prêtres modestes,simplets de village.Ne vous privez pas de cette vingtaine de films inoubliables auxquels la Nouvelle Vague,le Free Cinema anglais,les cinémas du Tiers Monde émergent doivent tant.

Carlotta films qui présente ce DVD l'accompagne d'un formidable document canadien de 65 nommé Cinéma et vérité où interviennent,tous dans un français parfait,et d'une très haute culture, De Sica, Rossellini, Zavattini,Antonioni,Amidei,Castellani.On n'assiste pas à un cours de cinéma,non.On écoute ces intellectuels sentimentaux engagés modérés.Le contraire de nombre de têtes à claque à la vue basse qui donnent des leçons à qui,mieux mieux.

15 octobre 2006

La trilogie allemande du Duc de Modrone

Luchino ViscontiVoici quelques éléments de la conférence que j'ai donnée aux Amis de l'Université Jules Verne sur une partie de l'oeuvre de Luchino Visconti. Visconti est un paradoxe et incarne toutes les contradictions du siècle à lui seul.Aristocrate et communiste au train de vie somptueux, homosexuel ayant donné à Magnani,Cardinale,Thulin leurs meilleurs rôles,homme du nord de l'Italie mais chantre du Mezzogiorno au temps du Néoréalisme triomphant.Une personnalité riche,complexe,auquel on a reproché tout et son contraire. 

Ils étaient cinq(principaux),tous géniaux:Rossellini le professeur,De Sica le bon docteur,Fellini le roi bouffon, Antonioni le cérébral un peu éloigné et Visconti l'aristocrate un peu distant mais si sincère.

    Visconti,amateur de culture française et germanique,arrive aux années soixante et signe avec Rocco et ses frères une oeuvre magistrale,l'adieu au Néoréalisme.Puis viendra le Guépard(63) qui sera comme un au revoir à l'Italie.Le Prince Salinas c'est un peu Visconti lui-même évidemment.Souvenez-vous"Nous étions les lions,les guépards.Après nous viendront les hyènes et les vautours.Mais tous nous continuerons à nous prendre pour le sel de la terre.".Terrible aveu du Prince pourtant éclairé,mais perplexe devant les changements de l'Italie.  Les damnés   

N'ayant jamais pu mener à bien ses projets sur Proust(La Recherche du temps perdu étant à Visconti ce que Don Quichotte fut à Welles) il réalisera en quelques années ce qu'il est convenu d'appeler faute de mieux la Trilogie allemande. Les Damnés sonne comme une sorte de tragédie shakespearienne mise en scène comme un opéra wagnérien. Inspiré vaguement des Buddenbrook de Thomas Mann, déjà, de Macbeth,de la saga de la famille Krupp et d'une grande production d'épouvante dont le tournage en Allemagne dura presque 15 ans sous la direction d'un peintre raté,Les Damnés brasse,parfois un peu confusément,un peu "trop" les thèmes éternels du pouvoir et de l'ambition.Les Atrides de la Ruhr seront happés comme un simple rouage de la démesure assassine. Cortège funèbre comme dans les deux autres films,avec des éléments personnels ,moins que dans les films suivants.Mais Visconti au moins aura essayé de comprendre comment le pays de Goethe et de Beethoven a pu vivre ainsi.     Mort à Venise - Édition Collector 2 DVD

Mann,écrivain favori de Visconti dont le La mort à Venise était réputé inadaptable,tout en suggestions d'ordre esthétique difficiles à imaginer(au sens propre).Visconti raccourcit son livre déjà bref. Aschenbach,compositeur célèbre mais qui doute et vieillit se repose à Venise.Il l'ignore encore mais il a deux rendez-vous avec la Perfection et avec la Mort.La splendeur androgyne de Tadzio,et sa complice l'épidémie de choléra auront raison de lui.Eternelle contradiction d'Eros et de Thanatos et dévoilement de Visconti lui-même,viellissant et bientôt malade.Aschenbach,arrivé sur la chaise-longue du bateau mourra sur la chaise-longue de la plage.Rien ne semble changer mais tout change.Bogarde dans une scène fabuleuse se mettra à rire au lieu de pleurer.Ce n'en est que plus poignant.Et puis tant de symboles:choléra/Grande Guerre,Aschenbach/La vieille Europe... 

Ludwig(Le Crépuscule des dieux) dans sa soif de beauté,d'absolu lui aussi se perdra car "Les dieux tombent en ruines et s'écroulent avec leurs rêves devant un destin plus fort qu'eux".Helmut Berger,qui fut  comme le vrai Tadzio de Visconti ,incarne l'Amant du clair de lune dont le romantisme et la quête de pureté ne trouveront leur plénitude que dans la mort,celle qui réussit à éloigner cette médiocrité honnie.Ni le pouvoir des Essenbeck,ni le statut d'artiste vénéré d'Aschenbach,ni le sceptre et la couronne de Louis II de Bavière n'empêcheront la nuit de tomber.   

Visconti,c'est tout cela et aussi les pêcheurs affamés de Sicile,les exilés ruraux de Milan,les amants diaboliques d'Ossessione,les gigolos de Senso.Mais le temps de la trilogie un aristocrate plutôt progressiste,une sorte de guépard,a embrassé le destin de l'homme et sa propre perte,et ceci dans le contexte de ce vieux continent qu'il aime tant,mort plusieurs fois à Venise,à Sarajevo,à Berlin et ailleurs.

8 octobre 2006

Un film bien

Je viens de voir un film fort sur la résistance à l'oppression.

Je viens de voir un film sans budget,fait de bouts de ficelle et presque sans acteurs connus.

Je viens de voir un film choc comme l'on n'en avait jamais vu,impressionnant de violence.

Je viens de voir un film inoubliable,un film qui colle comme de la glaise à son pays,a son histoire,à son peuple.

Je viens de voir un film où les femmes sont des femmes,faibles et fortes,de rires et de larmes,et dont les enfants sont fiers.

Je viens de voir un film digne qui montre des enfants tels qu'ils  sont dans des circonstances dramatiques,et qui ne les utilise jamais pour une factice et facile émotion.

Je viens de voir un film,honneur du cinéma,un film révolutionnaire dans la seule acception de ce mot,à savoir humain tout simplement. 

Je viens de voir...Je viens de revoir...         

(Roberto Rossellini:1945)

Excelsa Film

6 octobre 2006

Voyage en Italie

Nouvelles complètesC'est l'amoureux du cinéma italien qui vient ici témoigner de la déception partielle à voir Le voyage,dernier film de Vittorio de Sica(74).Cette déception ne vient pas tant du film,mais de la version anglaise pour cause de coproduction qui oblige les personnages, aristocrates ou bourgeois siciliens à parler la langue de Shakespeare alors que tout le film se passe en Italie.J'avais déjà déploré cela surtout chez Visconti et sa version des Damnés en anglais sauf la Nuit des longs couteaux où les Allemands parlent...allemand.

Si l'on passe outre ces aléas Le voyage vaut le coup même si pendant des années les critiques on crû bon de dénigrer,voire de massacrer les derniers films de De Sica. On est certes loin de l'état de grâce du Voleur de bicyclette,de Sciuscia ou d'Umberto D.Pourtant cette adaptation du grand écrivain Luigi Pirandello n'est pas à négliger.Hantée par l'idée de la mort cette histoire qui oppose l'amour fou aux traditions,même au sein d'une famille évoluée,s'aventure aux rives du mélo,ce qui n'a rien de honteux.Le couple Burton-Loren,un peu improbable au début,prend de la substance au fil du temps et ce voyage en Italie mérite un détour,bien que moins fort évidemment qu'une oeuvre maîtresse presque homonyme ,Voyage en Italie de Rossellini.Ne jamais avoir peur de ses propres émotions est un des commandements du cinéphile.Et l'on aura compris qu'on est là au pays de mes amours de ciné.

Ceux qui s'intéressent à Pirandello verront avec un infini plaisir Kaos,contes siciliens(84) des frères Taviani,auteurs aussi d'un Kaos II,toujours d'après Pirandello,à peu près inédit.Il est vrai que les Taviani sont passés de mode...

4 octobre 2006

La leçon d'histoire de Rossellini


J'ai revu pour la  première fois  depuis trente ans l'extraordinaire film de Roberto Rossellini,la Prise de pouvoir par Louis XIV(1966).On se prend à rêver en pensant que ce film est en fait une commande de la télé française de l'époque,l'O.R.T.F.On croit même défaillir en apprenant que ce film avait été diffusé à 20h30.Sans commentaire.


C'est en fait une magistrale leçon d'histoire et de cinéma.A mille lieues des  reconstitutions historiques empesées le maître du Néo-Réalisme propose une approche certes austère mais très vraie de la prise de conscience du jeune roi à la mort de Mazarin.Pas d'action véritable,encore moins de scènes d'action bondissantes,mais une réflexion très pointue sur l'intelligence et l'esprit de décision de Louis XIV au moment où l'insouciance libertine va faire place à l'engagement vers un pouvoir personnel et une administration moderne de la France.


Nul besoin d'être exégète du Grand Siècle pour apprécier la vitalité du film de Rossellini.Il faut simplement se souvenir que Rossellini était passionné d'histoire et qu'il croyait à la noblesse de la télévision.D'ailleurs la plupart de ses derniers films ont été produits par elle(le Messie,Socrate...)Peu de metteurs en scène se sont remis en question à un tel point.A noter que MK2 donne dans ce DVD une analyse de Jean Douchet et un entretien avec Jean-Dominique de la Rochefoucauld,conseilller historique du film,tous deux très intéressants.

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