Est-ce bien,Clair?
Alors que Renoir,Carné,Duvivier font toujours la une des blogs cinéphiles René Clair semble traverser son purgatoire.Regardons de plus près deux de ses classiques du début des années trente.
Datant du tout début des années trente ces deux films appartiennent à la veine presque musicale et gentiment anar de René Clair.Mais l'anarchie chez Clair est tout en poésie,en ritournelles et en rues que semble baigne un bleu de ciel.Tout s'arrrange dans ce petit monde sympa où même les hommes politiques finissent par devenir des sous-préfets aux champs.Seulement y a le temps,le vilain temps qui passe et...si Monsieur Clair et ses créatures étaient devenus surannés, délicieusement mais surannés quand même...Ma réponse sera normande car la façon dont sont introduites les chansons dans Sous les toits de Paris est apparue à mes yeux comme antique et totalement kitsch, appartenant au cinéma sonore plus que parlant.Le cinéma sonorisé,besogneusement la plupart du temps,me semble rétrospectivement avoir conjugué les mimiques excessives du muet et le style revue de music-hall franchouillard un brin passéiste.J'ai pourtant conscience de l'inanité de ces critiques tellemnt tardives qu'elles paraissent relever de références antédiluviennes.Mais,je le confesse,j'ai eu du mal à m'intéresser aux querelles du chanteur des rues(Albert Préjean,à lui seul un monument de gouaille) et de son ami.Les décors sont jolis,exhumant ce Paris d'avant et ce "bon petit peuple".René Clair est déjà bien loin des expériences surréalistes de Paris qui dort ou Entr'acte.
A nous la liberté,par contre,que Chaplin cita comme référence et c'est bien le moins qu'il pouvait faire tant la dénonciation du machinisme du film de René Clair préfigure Les temps modernes, demeure un film délicieux tenant à la fois des Pieds Nickelés et du Front Populaire,comme le dit justement l'ami Fantasio, même si ce Front Populaire ne devait voir le jour que cinq ans plus tard.Mais ce printemps vu par René Clair n'a pas le pessimisme de Duvivier ni le militantisme un peu lourd de Renoir.Il est vrai qu'en 1931 les différentes menaces n'étaient pas encore si prononcées.A nous la liberté c'est l'ode à l'amitié,à la fratenité sans véritables slogans et c'est tellement mieux,et pour moi finalement plus fort.Henri Marchand et Raymond Cordy ne sont jamais devenues des vedettes mais comme on a envie de les accompagner au long de la route buissonnière,après avoir échappé à la prison et à une autre prison,la fortune.Et puis aussi bien Sous les toits de Paris que A nous la liberté ne nous offrent-ils pas de merveilleuses affiches?