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BLOGART(LA COMTESSE)
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16 septembre 2007

Les fleurs du mâle

    J'aime le cinéma de Jim Jarmusch.Sans avoir l'air d'y toucher et sans tourner énormément il a su depuis vingt ans faire entendre sa petite musique filmique très personnelle.Dead man et Ghost Dog sont deux films très aboutis,aux images fortes,où les influences de différents cinémas transpirent(western,films de samouraï).Broken flowers est lui aussi un bijou de ciné-pêle-mêle frôlant le surréalisme et le road-movie,narrant le très improbable voyage d'un Don Juan d'aspect lunaire joué par le fabuleux "Droopy" Bill Murray,cet acteur à minima qui d'un regard nous fait fondre de compassion et nous tordre de rire.Bill est tout cela à la fois,clown blanc à la tristesse chevillée devant sa télé,solitaire conquérant mais qui comme Don Juan a dû être à chaque rencontre,donc à chaque rupture(car pour moi rencontre et rupture sont synonymes,ce n'est qu'une question de temps) se retrouver encore un peu plus pâle,un peu plus triste,un peu plus absent.Il y a dans les personnages joués par Murray un je ne sais quoi d'un mime du Boulevard du Crime qui n'aurait pas déparé Les enfants du paradis.

   Le cinéma de Jarmusch joue beaucoup sur l'absence avec des héros qui ne sont pas tout à fait là.Ils sont un peu ailleurs et le spectateur s'est éloigné lui aussi pour broder sa propre logique sur les thèmes égrenés par Jim Jarmusch. Ici la sempiternelle quête du père à la recherche d'un fils,fils pas très probable lui non plus évidemment.Jim Jarmusch n'impose jamais rien.Ce n'est pas un tonitruant et si vous voulez des certitudes passez votre chemin.Ici vous n'aurez même pas des probabilités,seulement des hypothèses au long de la route comme dans Mystery train ou Down by law,plus anciens mais déjà très incertains. Quelle qualité que l'incertitude qui baigne Broken flowers.Et comme toujours Jarmusch a soigneusement choisi ses musiques.

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8 septembre 2007

Furie:titre sobre

         Et l'homme fit de l'homme une bête. Fritz Lang découvre l'Amérique.

     La foule est une hydre,entité propre,qui fait partie de l'univers de Fritz Lang dès ses films allemands. Souvenez-vous des ouvriers robotisés de Metropolis ou du tribunal de la pègre de M.Après une courte escale en France Lang tourne en 36 son premier film américain.Fury est une oeuvre d'une rigueur admirable qui ne se démodera jamais car le couple infernal crime-vengeance et le rapport mal-justice sont inhérents à l'homme qu'il soit des cavernes ou dans nos sociétés civilisées.D'ailleurs Lang en parle bien dans ce film des "civilisés".Venant de quitter l'Allemagne en pleine horreur montante Lang universalise très intelligemment une parabole sur la violence latente qui sera au coeur de plusieurs de ses films (voir billets précédents dans Cinéma des Etats-Unis).

  Spencer Tracy,qui aura toute sa vie plutôt une image de droiture est victime d'une méprise et emprisonné. Les années trente et une ambiance encore très western baignent cette intrigue.Nous ne sommes même pas dans l'erreur judiciaire mais dans la justice expéditive(Voir le beau film de W.Wellman L'étrange incident déjà chroniqué). La brutale montée de la haine des gens "bien" fait penser à d'odieux évènements contemporains du film et Fritz Lang  orchestre la partition magistralement:les "justiciers" assiègent la prison presque en chantant,sûrs de leur bon droit.L'étranger ne peut qu'être coupable et l'on s'achemine vers l'innommable de façon presque guillerette.Scènes d'hystérie,mention spéciale à quelques femmes qui viennent comme au spectacle de la guillotine.Mais le film,déjà très troublant,est loin de s'arrêter là.

     Joe Wilson n'est pas mort et toute la deuxième partie du film est consacrée à sa vengeance,menée progressivement et sans faiblesse,réfléchie,orchestrée,planifiée et pour tout dire cauchemardesque.Joe Wilson le brave type ira frôler par sa haine et son idée fixe l'horreur du comportement des accusés.Passé de l'autre côté de la ligne,mort civilement et anéanti par le basculement des valeurs de son pays cet homme sain,homo americanus de bonne foi et fidèle à l'amendement,ira aux limites de l'insoutenable et la victime finira par ressembler comme un frère à ses bourreaux.Mais veille l'amour et Lang a souhaité la rédemption. Faut-il le regretter sur le plan du cinéma?Mais bon sang,le grand pays démocratique a eu très chaud,si prompt à dégainer.En Europe dans trois ans on dégainera sérieux.

   Fury est un film implacable comme la plupart des grands films de Lang: manipulation, voyeurisme, vengeance, compromissions au programme du maître viennois.

5 septembre 2007

Jane,ma soeur Jane

     Dans la série Familles je vous hais,non loin de Festen ou de Qui a peur de Virginia Woolf?,voire La guerre des Rose,voici Cruauté,duplicité,sororité.On sait que ce type de films tourne souvent au duel de monstres sacrés,plus encore d'ailleurs au théâtre,combat quotidien où doivent s'exacerber encore jalousies et rancoeurs,fort courantes à la scène(exemples célèbres d'Arestrup ou plus loin dans le temps de Raymond Gerome et Madeleine Robinson dans la scène de ménage totale d'Edward Albee qui au cinéma vit aussi Burton-Taylor échanger des horions)Avec Baby Jane on frôle le film d'épouvante domestique et fraternelle. Le Grand-Guignol,spécialité théâtrale du XIX° Siècle,n'est pas loin non plus,chargé de rictus et de maquillages outranciers.

    On sait peu que Qu'est-il arrivé à Baby Jane? est adapté d'un roman de Henry Farrell auteur aussi d'Une belle fille comme moi(Truffaut au cinéma).Le film dirigé par Robert Aldrich est impressionnant,cerné de méchanceté et de puérilité débilitante,traversé par un infantilisme incarné par Baby Jane-Bette Davis.C'est bien d'une sorte de poupée maléfique qu'il s'agit.Ce malaise s'empare de nous et ne nous lâche plus.Davis y est ahurissante et le malaise s'en accroît encore vu la façon dont elle s'approprie ce personnage quasi-démoniaque.Crawford victimise davantage Blanche Hudson et sa manière de tourner en rond les yeux exorbités semble indiquer qu'elle n'est pas l'innocence même.Ce serait trop simple.Pour faire court je dirai que je crois beaucoup à Davis en bourreau,moins à Crawford en victime et c'est ce que voulait ce malin de Robert Aldrich à mon avis.Les bonus du DVD qui m'ont assez peu conquis parlent de relations tumultueuses entre les deux stars,ce qui,étant donné leur réputation,n'étonne guère.

   Longtemps classé dans les films d'épouvante Baby Jane dépasse de loin le genre mais y adhère totalement malgré tout par la surenchère de kitsch,de mauvais goût,sorte de Dallas presque gore(rappelons que nous sommes en 62). Mais je viens au plus impressionnant du film à mon gré,peu commenté me semble-t-il.Le personnage joué par Victor Buono,musicien convoqué par Jane pour recréer son numéro musical d'il ya plus de cinquante ans,est à lui seul un cas clinique effrayant.Vieux garçon accaparé par sa mère, freudien comme c'est pas permis,la lippe pendante et la chemise douteuse,Erwin sera la lâcheté en personne, veule et méprisable,d'une totale in-humanité.Un rôle formidable de composition qui sera pour moi l'image forte d'un film qui n'en manque pas.

29 juin 2007

Blog-a-thon John Ford

   L'idée vient d'Inisfree et je la trouve excellente.Elle invite à parler de John Ford.Or,ce Ford là fait partie de ma culture et je viens en vrac vous dire ce que m'évoque le nom de John Ford,ce qu'il évoque chez le petit citadin(14 ans lors du dernier film  de Ford,Frontière chinoise) et ce qu'il évoque aujourd'hui à l'heure enthousiaste où l'on peut presque se constituer une cinémathèque idéale,presque.Ici rien de chronologique ni d'hagiographique,que quelques réflexions buissonnières,des souvenirs et la sensation que la vie aurait été encore plus moche sans Monsieur Ford.

   La légende court à propos de John Ford et il faut l'imprimer.On le sait depuis L'homme qui tua Liberty Valance où je crois que le premier rôle n'est ni le Duke ni Jimmy mais la presse,si importante dans le cinéma anéricain(Ford pas si éloigné de Capra).Les histoires du cinéma racontent que Ford aurait traîné sur les plateaux d'Alamo et que son vieux frère d'armes John Wayne l'aurait éconduit presque manu militari.J'aime cette idée.

    J'aime la trilogie du sergent Victor McLaglen,à tout jamais irlandais,bagarreur et alcoolique(pléonasme), cette trilogie du tempérament qui n'empêcha pas le grand d'être l'immense Mouchard en son drame de la misère et de l'Irlande  éternelle dont nous sommes si  nombreux à être citoyens d'honneur. Comme Ford a su si bien capter les chansons  dans cette sale histoire de délation. Chantons, buvons,trahissons mais payons!

   Il est si beau le crépuscule de Ford lorsqu'il brouille les cartes que les imbéciles croyaient définies avec  ce long poème que moi j'appelle L'automne des Cheyennes,cette tragédie de l'oubli où il me semble déceler une sorte d'amour du genre humain,de type fordien certes mais néanmoins bouleversant.Rien n'est si simple dans cet univers et La prisonnière du désert,qui croule pourtant sous les exégèses,reste un summum d'ambigüité.

    La carrière de John Ford est si longue et il y tant de films que je n'ai pas vus.Tant mieux si l'avenir cinéphilique pouvait s'enorgueillir de certains films peu diffusés.Ce n'est pas le cas des Raisins de la colère et je vous renvoie à John,John,Henry and Bruce dans lequel je déclare haut et fort que parfois film et livre sont ex aequo.Mon enfance a été bercée par la U.S.Cavalry et tant pis si ça fait de moi un mesquin valet de l'impérialisme et moi qui ai peur des chevaux j'ai chevauché le long du Rio Grande vers Fort Apache et en une Charge héroïque qui m'a cloué à mon fauteuil.Je revendique cette amitié virile et cette naïveté qui parsèment Les deux cavaliers.Voir Ford et deux autres cavaliers

   La dernière fanfare et Le soleil brille pour tout le monde sont parmi mes favoris.Pour Spencer Tracy et la démocratie,pleine de défauts mais si humaine de cette Amérique en marche.Et pour cette justice loin d'être expéditive et au-delà des clichés de l'histoire du juge dans Le soleil...pas si loin de Faulkner ou de Harper Lee(Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur).Et puis il ya tous  ces films qu'on redécouvre presque par hasard:A l'attaque du Ford méconnu Enfin Ford était un type sûrement pas facile mais je crois que j'aurais aimé trinqué avec lui dans La taverne de l'Irlandais.D'autres insisteront sur My darling Clementine,Stagecoach ou L'homme tranquille et ils auront raison.Surtout n'oublions pas que Ford n'est pas  le chantre de la tyrannie qu'ont voulu décrire certains(ça a changé heureusement) mais qu'il a su pointer les limites de son(notre) Amérique dans nombre de ses films.A vous de juger...

   

26 juin 2007

L'admirable retour de la colline

Du bon vieux cinéma(enfin,surtout bon).Vincente Minnelli s'y entend à merveille pour nous émouvoir avec une histoire somme toute assez classique et qui ne déparerait pas un quelconque feuilleton télé somnologène.Un couple qui se déchire dans une Louisiane moite et brutale.Deux enfants,l'un plus légitime que l'autre.Mitchum,remarquable une fois encore en père fatigué,riche et coureur de jupons mais lucide sur lui-même.Eleanor Parker,bafouée si longtemps et qui ne vit que pour son fils,jusqu'à faire son malheur.Dans ce domaine pas très éloigné de Tennessee Williams avec moins de fantasmes et plus de couleurs Minnelli nous offre un de ces somptueux mélodrames comme il en a le secret(avec Douglas Sirk).On pense à Comme un torrent,Les quatre cavaliers de l'Apocalypse.

      Sous le titre français Celui par qui le scandale arrive Home from the hill enchante par ses portraits douloureux, trouble par sa brutalité,témoigne par l'ambiance sudiste, paternaliste et cynégétique,bouleverse par quelques mots,ces mots des gens qui ne savent pas se dire qu'ils s'aiment bien plus qu'ils ne le supposent.Un scope technicolor particulièrement raffiné achève de donner à ce film une aura dans le style famille sous l'orage sublime et inoubliable.Minnelli connaît le sens du spectacle.N'est-il pas l'auteur de nombre de comédie musicales Brigadoon,Un Américain à Paris?On lui doit aussi Les ensorcelés, formidable méditation sur les mirages du cinéma,et sa presque suite Quinze jours ailleurs, désenchantée.Dans le grand tourment de Celui par qui le scandale arrive le talent d'un metteur en scène,en couleurs,en douleurs éclate à chaque plan.

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21 juin 2007

Un inédit de Fritz Lang

      Comme de coutume la firme Wild Side a bien fait les choses pour la sortie DVD de House by the river(1950) film de Fritz Lang jamais sorti en France.Le disque de compléments nous propose un entretien William Friedkin-Fritz Lang et l'éclairage sur le film de Patrick Brion et Pierre Rissient qui argumentent fort bien de la carrière alors cahotique de Lang en Amérique.Ils insistent aussi sur le rapport freudien de la plupart des films de Lang,allemands ou américains.J'ai déjà eu l'occasion de donner mon sentiment sur cet aspect du cinéma langien dans l'article sur J'ai le droit de vivre il y a quelques mois.Quant à l'entretien avec Friedkin je le trouve peu intéressant même s'il revient très longuement sur le fameux et désormais douteux épisode de son entrevue avec Goebbels et sa fuite le soir même de Berlin.

   House by the river,bâti pour la petite maison Republic est adapté d'un roman de A.P.Herbert.Un écrivain besogneux commet un crime sans vraiment le vouloir.Thème favori de Fritz Lang la culpabilité et le basculement possible à tout moment d'une vie vers le côté obscur(Dark Vador n'est-il pas un des ultimes avatars de Mabuse?).Le meurtrier n'a de cesse de tenter de transférer cette faute sur son frère et entame une déchéance morale qui ne peut conduire qu'à sa perte.On pense à Hitchcock et à ses rideaux ou ses escaliers.On a parfois comme quelques flashes de l'expressionnisme historique disparu depuis 20 ans,surtout la belle façon de filmer l'élément liquide,décidément difficile à apprivoiser comme complice obéissant pour une tâche criminelle(autres exemples Verdoux,L'aurore,Une place au soleil).

   Chez les immenses on sait qu'il n'y a pas de films vraiment mineurs.House by the river commence seulement sa carrière et il y a gros à parier que les les légions de passionnés de Fritz Lang sauront lui faire place en leur cinémathèque.Perversion,innocence bafouée, manipulation, psychanalyse et rapports ténus entre la culpabilié et la créativité,tout y est.

10 juin 2007

Ouragan aux confins de la Floride


Key Largo (1948)

    Moins connu que les célébrissimes films de Hawks Le port de l'angoisse et Le grand sommeil Key Largo(1948) est la dernière rencontre Bogart-Bacall.Considéré comme un peu moins réussi surtout je crois à cause de l'origine théâtrale très marquée du film c'est pourtant une oeuvre que je vénère,l'ayant vue très jeune et revue régulièrement avec plaisir.Key Largo sonne pour moi comme la magie du film noir,américain au sens le plus cinématographique du terme accompagné de ses mythes les plus forts.C'est d"abord une question de phonétique:j'adore la consonnance Key Largo(prononcer "ki" bien sûr,ce que j'ignorais à ma première vision).La seule manière qu'a Bogie de prononcer ce "Key Largo" dans le car qui l'emmène vaut le déplacement.Il y a dans ces trois syllabes tout le mélange de cynisme et de grandeur d'âme de la plupart des personages bogartiens.Après guerre à l'extrême ouest de la Floride un chapelet d'îles,les Keys,subit de violents ouragans qui isolent la maigre population.Dans ce micromosme créé par le dramaturge Maxwell Anderson les principaux personnages vont se retrouver dans un hôtel, huis clos étouffant pour ces éclopés de la vie comme les aime John Huston,metteur en scène.

   C'est d'ailleurs un film de complices,Huston-Bogart, Huston-Richard Brooks(scénario),Robinson-Bogart.Et que dire de l'alchimie Bogart-Bacall qui n'aie déjà été écrit?Bogart,nommé aux Oscars est impressionnant de colère retenue,même si son personnage n'apporte pas de dimension nouvelle comme le feront à mon avis African Queen ou Ouragan sur le Caine.Peu importe tant sa présence nous émeut à chaque plan y compris les plus "lourds" psychologiquement lorsqu'il feint la lâcheté.Mais le personnage bogartien est toujours border line entre dédain,lâcheté,égoïsme et une humanité de boy-scout.Qu'est-ce qu'on l'aime.

   En face le génial Edward G.Robinson interprète Rico,une ordure très inspirée de son rôle de Little Cesar dans le film de Mervin LeRoy.Limite psychopathe surtout dans les scènes d'humiliation(Claire Trevor alcoolique mendiant un verre par exemple) l'ennemi public est en fait terrorisé par la tempête sur les Keys.Dans ce film,variation en huis clos sur le thriller,un peu embarrassé par le manque d'espace et le confinement,on retrouve aussi la thématique de Huston, ancien de la Guerre fatigué,deuxième chance avec Nora (Bacall ici non pas femme fatale mais veuve sérieuse et qui retrouve l'espoir).Pour l'anecdote le bateau de la délivrance porte le nom Santana,nom du yacht de Bogart lui-même bon marin.

 

 

26 mai 2007

Un vieux film bien démodé,bien noir et blanc,bien romanesque,bref un très bon film

     Signé Douglas Sirk le somptueux prince du mélo(Ecrit sur du vent,Mirage de la vie,etc..),ce qui est une garantie minima de qualité ce film,oublié même des dictionnaires ciné,n'a pas vraiment de titre français.Vous pouvez lire sur l'affiche A woman,a man,a temptation.Vous avez donc compris.D'un hyperclassique trio amoureux Sirk l'esthète trousse une très sensible variation sur l'habitude et l'homme vielllissant,engoncé de ses certitudes et de ses charges qu'une rencontre avec un amour de vingt ans va faire chanceler.Nous sommes en 1956.

   Brabara Stanwyck est une de mes actrices de référence dans le cinéma hollywoodien.Elle tient ici le rôle de l' "executive woman" solitaire qui renoue le temps d'un week-end avec Fred MacMurray,sobre et juste en père et mari qui se questionne.Les clichés abondent bien sûr mais on est prié de ne pas trop cracher sur les clichés,surtout nous autres blogueurs qui en usons tous plus ou moins.Sirk n'est pas un moraliste même si le film peut sembler aujourd'hui douçâtre voire terne.Il est en fait bien dans la ligne de son auteur, flamboyant quoique assez éloigné des fulgurances de Mirage... ou Ecrit...La famille américaine,c'est à dire la famille tout court n'est pas épargnée,en mode mineur, discret.Moi je crois que ça ressemble à la vie et qu'un film comme American Beauty n'en est pas fodamentalement éloigné.

20 mai 2007

Suite difficile

 

   Citation de John Cassavetes dans ce  film:"La vie est une suite difficile de départs,de divorces,de ruptures, etc...". Assurément pourtant il émane de ce film un indéfinissable mais fragile sentiment d'union...

Love streams,avant-dernier opus du grand John porte bien son nom qu'il faudrait si on le traduisait intituler flux d'amour mais il est vrai que ça sonnerait ridicule.Pourtant il s'agit bien de flux,de marées hautes et basses dans la vie des personnages cassavétiens.On le sait ces gens là sont toujours à la dérive,plus ou moins border line,empêtrés dans des problèmes existentiels insolubles et qu'ils diluent soigneusement dans la musique(le blues doit avoir été inventé pour eux et Too late blues a pour titre français La ballade des sans espoir),l'alcool,la nuit et le psychodrame.

   On n'oublie pas la virée des Husbands et on a appris qu'Ainsi va l'amour.Love streams nous plonge dans la relation entre un frère et une soeur,tous deux dézingués de la vie.Elle,Gena Rowlands,est divorcée et perd la garde de sa fille avant de donner des signes de dégénérescence cérébrale tragi-comique. Lui, Cassavetes en personne qui remplace John Voigt,découvre son fils de dix ans qu'il ne connaît pas.Comme vous le voyez nous ne sommes pas chez les as de la vie de famille.Cependant les retrouvailles de Robert et de Sarah sont bouleversantes car dans le cinéma de Cassavetes le facteur humain est présent comme nulle part ailleurs et c'est ce qui donne à ses films,pas très nombreux,cette aura magnifique entre espoir et pulsions destructrices,entre rire et larmes tous deux hypertrophiés comme il se doit dans ce monde où l'on s'aime quand même sans savoir se le dire.La fraternité entre l'écrivain alcoolique raté et sa soeur complexée est un beau morceau de cinéma.Le montage parallèle de la première moitié du film où l'on ignore le lien qui les unit mène ainsi aux scènes non pas d'affrontement mais de rencontre tout simplement.Ne sommes-nous pas tous des écrivains ratés qui n'ont pas su parler à leur soeur,à leur maîtresse,à leurs enfants?

19 mai 2007

Des images comme on aimerait en voir moins souvent

   

  Comme on aimerait que ces deux films,distants de trente ans n'aient pas eu lieu d'être.Ces deux films sont pourtant très intéressants et surtout pas racoleurs.Ont-ils un point commun?Deux metteurs en scène très originaux et qui n'ont jamais donné dans la facilité:Jerry Schatzberg et Gus Van Sant.Et c'est peu dire que dire que ces deux films,inédits pour moi,m'ont mis mal à l'aise,appuyant sur deux drames très différents,pas si différents en fait.On aimerait chasser de notre mémoire cinéphilique deux films plutôt bons,une fois n'est pas coutume.mais voilà,il y a la vie,et dans la vie il y a Panique à Needle Park(1971) et Elephant(2003)

   Panique à Needle Park est le second film de Jerry Schatzberg,photographe qui débuta très tard au cinéma. Tragédie de l'enfermement dans sa forme la plus contemporaine,la drogue,pure et dure et son cortège d'enfants déchus,ce film se veut dénué de tout romantisme mais n'y arrive pas tout à fait,le couple Pacino et Kitty Winn fonctionnant par instants comme une histoire d'amour simple et belle dans sa descente aux enfers.Ce qui trouble encore beaucoup dans Panique à Needle Park est la précision documentaire des gestes quotidiens du junkie qui personnellement m'est difficilement supportable.Plus que jamais et hélas d'actualité cette oeuvre hyper-dérangeante proche de la non-fiction demeure un témoignage qui n'a pas toujours été bien compris.La presse lui a en effet reproché le chaud et le froid,à savoir pour certains une complaisance morbide et pour d'autres une condamnation par trop aveugle.Pour moi ce film brûlant que je viens seulement de découvrir n'est pas si éloigné d'un film récent et honoré,Elephant,constat glacial.

  Elephant,Palme d'Or,obéit à une mécanique rigoureuse traitant de la violence en Amérique sans la moindre fioriture,et loin de toute psychologie de bazar ou non.Plusieurs blogueurs ont évoqué récemment Elephant et Sachaguitry notamment en a parlé mieux que je ne le saurai.On peut lui faire une petite visite.Pour conclure il se trouve que c'est le hasard qui m'a fait voir ces films dans la même semaine,semaine qu'on peut donc qualifier d'éprouvante.

27 avril 2007

Bien avant Eve,la Comtesse et le limier

      Belle découverte que  ce rare film de Joseph Mankiewicz Quelque part dans la nuit(1946),son deuxième long métrage.Bien qu'empruntant les codes du film noir,son décor,sa nuit,ses docks,ses boîtes de nuit,Quelque part dans la nuit est déjà très "touche Mankiewicz" par l'importance du dialogue.On sait que Mankiewicz est un grand scénariste et un cinéaste "bavard",bavard mais brillant.

   John Hodiak,convaincant acteur de séries B. incarne un blessé du Pacifique frappé d'amnésie et au visage refait,en quête de son passé,peut-être d'ailleurs un passé d'assassin. L'amnésique fait partie des figures du film policier, permettant facilement des variations sur l'identité et la mémoire et Mankiewicz ne s'en prive pas.Mais encore une fois les mots font mouche,caustiques,ambigus et assez souvent sous forme de proverbes et de dictons.S'il est un cinéste du parlant c'est bien Joseph Mankiewicz et la suite de  sa carrière devait s'avérer étourdissante de brio avec Eve,La Comtesse aux pieds nus,L'affaire Cicéron,On murmure dans la ville,Jules César,Le limier,L'aventure de Mrs.Muir,tous films d'une intelligence insolente experte en manipulation.

7 avril 2007

L'immense acteur qu'aurait pu être...

     Parmi les destins brisés du cinéma bien peu de gens connaissent Laird Cregar dont l'impressionnante présence plane sur deux films passionnants du tout aussi méconnu John Brahm,réalisateur allemand faisant partie de la très fournie diaspora d'artistes germaniques ayant émigré aux Etats-Unis pour les raisons que l'on sait.Ces deux films sont assez proches l'un de l'autre,sortis la même année 1944 avec tous deux,en face de Laird Cregar,le flegmatique et lui-même inquiétant George Sanders.Il s'agit de Jack l'Eventreur que j'avais injustement oublié dans un précédent billet finement intitulé Fiche le camp, Jack, excellente version du mythe moralisateur d'un Jack the Ripper pourfendeur de prostituées ou d'actrices (synonyme?), et du meilleur encore Hangover Square.Avant d'aller plus loin je vous laisse en tête à tête avec les yeux de Cregar dans Hangover Square.Peu d'acteurs,Peter Lorre peut-être ou Mitchum dans M. et dans La nuit du chasseur sont aussi marquants dans la catégorie assassins.

     Jack l'Eventreur arrive à nous surprendre non par le décor bien balisé depuis longtemps du Londres victorien et embrumé mais par quelques idées peu exploitées dans cette histoire archiconnue:les bobbies sont à cheval,ce qui donne de jolies teintes expressionnistes qui trahissent bien l'origine de John Brahm,né  Hans Brahm à Hambourg dans les années 1890.L'ami Jack a des activités au fourneau comme un certain Landru et c'est dans les coulisses du théâtre,source de toutes les perversions,qu'il scellera son destin de monstre émouvant que la carrure de Laird Cregar rapproche d'un autre grand sentimental,King Kong.Là encore le mythe de La Belle et la Bête s'avère très cinégénique.Ce The lodger est une réussite mais Hangover Square me paraît plus original.

   Laird Cregar y joue le rôle d'un compositeur frappé d'amnésies et de pulsions meurtrières.J'avoue n'avoir pas revu récemment ce film mais conserve un souvenir d'une vision noir et blanc d'une sorte de colosse fragile amené au pire à son corps défendant.Hangover Square culmine dans un hallucinant bûcher final.Ma mémoire y mélange,peut-être un peu infidèle,des sensations de pogroms et de chasse aux sorcières.John Brahm tourna peu d'autres films intéressants sauf Le médaillon avec justement un autre halluciné,Mitchum. Quant à Laird Cregar sa morphologie à la Falstaff qui lui valut d'interpréter à 25 ans des personnages de 45 lui valut aussi deux attaques cardiaques qui l'emportèrent à 28 ou 30 ans selon les biographes.

25 mars 2007

Réinsertion difficile(vieux débat)

    Deuxième film américain de Fritz Lang,J'ai le droit de vivre(You only live once,1937) n'est pas si éloigné de Fury,magistrale démonstration de le violence ordinaire des citoyens,proche d'un totalitarisme que Lang avait fui peu de temps avant.Henry Fonda,souvent honnête homme et idéaliste du cinéma américain y campe un type ordinaire sorti de taule après avoir payé sa dette selon la formule.La société ne l'entend pas de cette oreille et hôteliers apeurés,employeur réactionnaire,et anciens codétenus lui rendent vite la vie impossible.

   J'ai le droit de vivre

    Il y a les figures classiques du film démocrate:prêtre courageux,avocat dévoué et désintéressé,et même un épouse parfaite.Il semble que Fritz Lang se soit très vite adapté,preuve de la grande capacité de cet homme à transcender les systèmes.Le succès sera au rendez-vous de ses deux premiers films américains puis cela se gâtera comme l'explique le grand languien Chabrol dans ce DVD.Pourtant et je l'ai déjà souligné dans une note sur les westerns de Fritz Lang il y a continuité dans toute l'oeuvre du géant viennois.Depuis Les Araignées et Les espions jusqu'à l'ultime Mabuse(1960) il est question du pouvoir politique ou judiciaire,du mensonge d'état et de victimes broyées,victimes souvent loin d'être très innocentes.Fonda comme Tracy dans Fury passerait assez vite la frontière du meurtre de même que s'érige dans la ville la pègre pour traque et juger M.le Maudit.Nous avons tous deux visages. Simplement certains parviennent presque à n'en montrer qu'un.

9 mars 2007

Familles je vous hais

   Mensonges,névroses,alcools,violences sont au coeur du théâtre de Tennessee Williams.On ne choisit pas sa famille et Thomas Lanier Williams a connu une vie familiale pour le moins heurtée.Père détesté et soeur aimée mais malade et lobotomisée.Chez Williams psy à tous les étages et plus encore dans ses pièces.Pièces que l'on est peut-être en droit de trouver fatiguantes et outrées.Pourtant un peu de détestation ne peut nuire.

   Richard Brooks a mis en scène deux fois T.W.:Doux oiseau de jeunesse et La chatte sur un toit brûlant tous deux avec Paul Newman jeune et très "underplaying".J'ai vu le deuxième qui est un film de braise,poisseux comme ce vieux Sud(Old Dixie) entre canicule et orage sur plantation.Les noirs n'y sont encore que des silhouettes et le cercle de famille nous y étouffe entre une belle-soeur prolifique et vénale,une mère éplorée devant son tyran de mari,ce "Père chéri" unanimement haï et une Liz Taylor pas très loin de Qui a peur de Virginia Woolf? Oscar du meilleur second rôle pour le whisky,très à l'aise dans son rôle de starter.

   Burl Ives,enveloppe d'Orson Welles et verbe à la Barrymore,est un parfait patriarche dans cette histoire d'une nuit dans le Sud,visqueuse et lubrique.Quelque chose en nous de Tennessee fait qu'on s'y sent finalement assez bien,comme en famille.

4 mars 2007

Sans commentaire

C'est un film que j'ai vu à sa sortie.C'est considéré comme un très bon film.C'est le film qui m'a le plus marqué.C'est un film que j'ai juré ne jamais revoir.J'ai tenu parole depuis 36 ans.C'est un film qui est pourtant parmi mes quelques 300 DVD.Si les plus jeunes ne le connaissent pas sachez que c'est un film sur le paradis perdu.Quant aux plus anciens peut-être aimeront-ils en retrouver quelques arpèges.

http://www.youtube.com/watch?v=GdzThgveHwQ

18 février 2007

Chronique d'un habitant de Manhattan

J'ai terminé mon cycle sur six décennies de cinéma par Manhattan.Après L'aurore,La règle du jeu,Rashomon,L'Avventura et Andreï Roublev le ton était donc à la légèreté et à l'humour.Et mes élèves avaient bien mérité un feu d'artifice eu égard à leur patience et à leur fidélité.J'ai vu tous les films de Woody Allen sauf les deux derniers et je considère Manhattan comme une charnière entre les comédies hommages du début:Woody guerillero dans Bananas,Woody gangster dans Prends l'oseille et tire-toi ,Woody spermatozoïde dans Tout ce que vous avez... et les oeuvres de sa maturité dont certaines sont amères voire graves.Peu de temps avant Manhattan le très bon Annie Hall et le très introspectif et bergmanien Intérieurs avaient amorcé un sérieux tournant.

   Manhattan est la quintessence de l'univers alllénien,ne serait-ce que par le titre.On n'est même pas à New York mais à Manhattan coeur vieil européen de la mégalopole américaine.Américaine si peu parfois avec ses allusions à Fellini,au cinéma japonais,à Shakespeare,à Tchekhov et Freud,à Mozart et Flaubert.Bien sûr il ya le jazz,Armstrong et Gershwin que je vous offre en fin d'article.Isaac Davis,Juif new yorkais,affublé de deux ex-femmes,d'une maîtresse mineure,d'un ami écrivain ou éditeur ou les deux,vogue de restau branché intello en galerie où l'art moderne dégage une"remarquable altérité".Central Park sert de paysage paroxystique à Woody Allen,lui qui n'aime guère s'éloigner de la Grosse Pomme.

Manhattan est le film le plus délicieux d'Allen avec son romantisme qui chez tout autre serait de pacotille, ses dialogues qui ailleurs seraient parfaitement snobs et niaiseux,ses musiques qui pourraient apparaître comme passéistes.Mais voilà:W.A. est un vrai créateur d'images et de situations cinématographiques avec un univers bien à lui que l'on aime tant en France.Bien sûr W.A. est maintenant devenu une institution surtout de ce côté de l'Atlantique et l'on commence à faire la fine bouche.Mais une intégrale de Woody Allen avec pas loin de 45 films contiendrait bien 45 oeuvres au moins intéressantes.J'aime notamment ses douces incursions fantastiques dans La Rose Pourpre du Caire,Zelig,ou Alice.Et il y a tant de bonnes choses dans Crimes et délits,Maris et femmes,September,etc...

Ecoutez le magnifique prologue de Manhattan au son de Rhapsody in Blue

http://www.youtube.com/watch?v=VyY4EUR4by8

17 février 2007

Boulevard du crépuscule

Ni dieux ni démons

    Boulevard du crépuscule pour ce joli film qui brode une variation sur les derniers jours de James Whale,metteur en scène fin et esthète lui aussi brisé par Hollywood.James Whale,réalisateur des deux plus beaux films sur la Créature:Frankenstein et La fiancée de Frankestein,délaissé par le cinéma n'est plus qu'un vieil homosexuel malade et nostalgique de sa grandeur.Sa rencontre avec un jardinier réveille des ardeurs toutes platoniques et des souvenirs de jeunesse,de guerre et de films.

   James Whale finira dans sa piscine pleine d'eau dans Ni dieux ni démons alors qu'il est mort dans sa piscine vide en réalité.Légende,réalité.Peu importe puisqu'on est là dans le double imaginaire du Septième Art avec les fantasmes de Whale (saisissant et grandiose Ian McKellen) d'une part et d'autre part la fiction de Bill Condon,réalisateur de ce film passé inaperçu en 99.Ni dieux ni démons n'a rien d'une biopic appliquée et sentencieuse.C'est seulement quelques jours dans la vie de James Whale au long desquels on approche le spectacle de la création au travail à travers les émotions du personnage ni vraies,ni fausses,mais qui peut-être ont pu exister.

  Autant je suis méfiant devant les lourdes biographies qui peinent à restituer un portrait d'artiste dans sa longueur et sa subtilité,autant je me laisse emmener dans un voyage intérieur plein de finesse et de poésie comme celui-ci.L'amour des artistes n'est pas si loin d'un Ed Wood de Tim Burton.Compliment.

James Whale et Ian McKellen.

28 janvier 2007

La route à deux

VOYAGE_1

            C'est une merveille d'ironie et de tendresse.C'est un voyage en France des années 60 où l'accordéon joue le soir à l'auberge et où la Côte d'Azur est encore le comble de l'exotisme.C'est aussi un voyage dans le temps pour jeunes amoureux,jeunes mariés,un tout petit peu moins jeunes parents.C'est une route du Nord au Sud à la rencontre d'un couple vacillant.Mais n'est-ce pas la norme pour un couple de vaciller,et de tomber?C'est un voyage où le couple se relève avec des bleus et des coups de soleil.C'est le voyage des ambitieux, des arrogants que nous sommes ou avons été.C'est une balade en bagnole qui fait du mal,avec des couples au restaurant qui n'ont plus rien à se dire.

      C'est un bien triste voyage où l'on comprend qu'il est hélas courant de n'avoir plus rien à se dire.C'est un voyage auquel on voudrait échapper.C'est un voyage duquel on ne ressort pas indemne.C'est un film très réussi de Stanley Donen:Albert Finney y est d'une vérité totale et Audrey Hepburn d'une fragilité destructrice complète.Maurice Binder le graphiste et Henry Mancini le compositeur sont du voyage,gage précieux.C'est un voyage que j'ai revu et dont je ressors avec encore un peu plus de désespérance.Mission donc accomplie pour ce bout de route.

24 janvier 2007

A l'attaque du Ford méconnu

Coffret John FordPourquoi ces trois films?Et pourquoi les éditions ont-elles décidé de ressusciter ces trois films fort méconnus?Mystère.Mystère et petite déception car ce coffret m'a laissé sur ma faim.Par ordre d'intérêt décroissant voici donc...

   Steamboat round the bend(35) est un film délicieux et truculent dans un monde à la Mark Twain et qui raconte une course de bateaux à roues sur le Mississipi avec Will Rogers alors grande vedette en capitaine et une rivalité virile comme Ford les aime tant,homérique et confiante en l'Amérique.Comédie comme Ford en a signé quelques-unes Steamboat round the bend restitue cette ambiance Showboat et Ol' Man River dans un registre qui se veut de bonne humeur,un peu dans la lignée des très ultérieurs L'homme tranquille ou La taverne de l'Irlandais.

   What price glory(52) offre de bons moments mais ne réussit pas toujours à convaincre par son mélange de burlesque,bagarres épiques et alcoolisées comme d'habitude,duos presque chorégraphiques entre les rivaux James Cagney et Dan Dailey,tous deux issus du music-hall,et d'angoisses de la guerre dans cette oeuvre dont l'action se passe en France pendant la Grande Guerre.Par contre quelques belles scènes assez émouvantes quand Ford prône la simplicité et la proximité de la mort au travail.

   Quatre hommes et une prière(38) présente l'enquête de quatre frères pour réhabiliter leur père,officier de l'armée des Indes.Je trouve ce film raté et artificiel.Seuls les cinéphiles s'amuseront à reconnaître David Niven et George Sanders très jeunes.Pour les Indes mieux vaut revoir Les quatre plumes blanches ou Les trois lanciers du Bengale en les situant bien sûr dans le contexte d'époque...

20 janvier 2007

A propos de Rosebud

Orson Welles au travail

   CHARLES FOSTER KANE

Beaucoup à dire sur ce beau livre.Cadeau à moi-même.Na!Très lourd à trimballer et surtout donne une furieuse envie de revoir toutes affaires cessantes les films,muni du livre et de temps libre.Et ça je ne l'ai pas vraiment.Trêve de plaisanterie les illustrations sont somptueuses comme il se doit dans ce genre d'ouvrages.Par contre je trouve souvent ces volumes assez difficiles à lire,n'étant pas un cinéphile avec un bagage technique très conséquent.Et les nombreux détails sur les tournages me restent parfois un peu étrangers.Encore une fois Welles à l'ouvrage devrait se lire lors d'une semaine cinémaniaque avec quelques blogueurs patentés cinéma et projection de l'intégrale.

   On mesure bien à la lecture la personnalité de Welles,parfaitement incernable et protéiforme.Ce diable d'homme avait des idées sur tout.Certaines idées lui tenaient vraiment à coeur.D'autres ne passaient pas la nuit et se trouvaient contredites dès le lendemain.Savez-vous que Welles,toujours à court d'argent,avait doublé lui-même plusieurs comédiens et non des moindres?J'ai déjà parlé de ses adaptations de Shakespeare(Cinéma#Littérature).Rappelons qu'Othello a usé quatre Desdémone,que ce passionné de magie a beaucoup utilisé les maquettes,qu'il ne dédaignait pas de "bricoler" la musique.Qu'il enlevait des répliques de l'un pour les donner à l'autre,que son expérience de la radio lui conférait un talent de narrateur fabuleux.Qu'au générique de Mr.Arkadin figuraient 18 nationalités.Il y a tant de choses à dire sur Orson Welles et sur ses projets non aboutis.Si riches,tous ses films font partie de ceux qu'on peut revoir cent fois.Car n'oublions pas qu'on a maintenant la chance de pouvoir revoir les films,assez facilement.Et qu'on n'a guère le temps de relire les livres,ce qui confère à ces derniers l'avantage d'être rarement réévalué par chacun de nous,l'avantage ou l'inconvénient.

   Welles au travail de Jean-Pierre Berthomé et François Thomas,aux Cahiers du Cinéma.

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