Les héros sont fatigués
Peut-être est-il un peu hasardeux de classer le très beau film de Robert Rossen,Ceux de Cordura(59) parmi les westerns.C'est en l'occurence un western tardif,l'action se passsant en 1916.Mais surtout il brode une histoire à partir d'une thématique plus contemporaine que les westerns classiques.Je dirais que dans ce film on cite plusieurs fois la Guerre de 14 et qu'il n'est pas si éloigné des grands film de genre comme Kwaï,Attack,Les Douze Salopards,voire Les sentiers de la gloire ou Les Hommes contre.Mais à la différence de ces deux derniers il n'inflige pas une sorte de "propagande pacifiste" et je mets là volontairement des guillemets.Ceux de Cordura,c'est un western presque bergmanien où l'introspection qui finit par saisir tous les personnages dans ce huis clos désertique nous conduit à nous poser la question qui hante Gary Cooper(un de ses derniers rôles,impressionnant):Où est le courage,où est la lâcheté?Terrible dilemme que nous connaissons tous un jour ou l'autre au cours de notre vie.
"Une lâcheté ne fait pas d'un homme un lâche,une action de bravoure ne fait pas d'un homme un héros" dit Rita Hayworth,dans un rôle de femme riche et secret,cerné de zones d'ombre comme les autres "héros" ,Ceux de Cordura,destinés aux honneurs militaires.Ces hommes,en fait sont veules,violents,cruels et fourbes.Ils sont aussi,ou ils ont été courageux,exemplaires.Ils sont des hommes,c'est tout.Nombre de beaux moments dans ce film,les silhouettes de ces soldats comme perdus,harassés,asséchés de fatigue,la draisine qui manque de tuer Cooper,l'humanité qui finit par saisir les personnages qui iront tous vers leur destin.On ne sait plus bien si ce sera la corde ou la médaille.