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BLOGART(LA COMTESSE)
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25 avril 2015

Les plumes...by Asphodèle: Ballade de Vancou et Vladi

Les plumes

                                              Avec plaisir je me penche cette semaine sur la floraison avrilesque des Plumes que nous organise Aspho. Qu'elle en soit remerciée une fois de plus car c'est un bogro travail. Le bouquet se compose donc de 26 mots: allergie-velléité-brise-espérance-étincelle-écrire-déplaisir-censure-enfant-gourmandise-première-tramway-rides-éphémère-envie-amour-voyage-peluche-chocolat-tapir-envol-baiser-attente-vibrer-volutes-valser. Pour le chocolat, non merci.

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                         Portulans, mappemondes et planisphères avaient toujours excité sa gourmandise. Dès l'âge tendre il avait épinglé au mur roses des vents et noms compliqués à souhait, aquilons, zéphyrs et foehns, ne se satisfaisant pas de la brise marine. Il avait aussi nanti chaque peluche d'un drapeau différent, aimant à installer sur la terrasse essoufflée une petite armée de nounours, lapins ou lions aborant fièrement ces oriflammes vibrant au grand air comme des incantations au voyage, premières velléités d'embrasser le monde. Pour l'enfant dans la cité ces passions précoces n'auraient rien d'éphémère.

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                        La grande carte du monde se desséchait maintenant depuis si longtemps, sur ses rides il avait tant erré, Sinbad et Ulysse, mais avait tenu parole, celle de conserver la virginité géographique de ses amis d'enfance Vancou et Vladi. Ces deux là avaient toujours été ses préférés, deux étincelles qu'il me faut vous présenter. Deux points, aux deux extrémités, deux villes ouvertes et qui semblaient s'étreindre par delà l'océan. Les grands oiseaux marins étaient-ils capables d'un tel envol qu'ils pourraient porter à Vladi des nouvelles de Vancou? Sur les ailes des courlis, London et Kessel auraient-ils pu s'écrire, eux qui avaient hanté ces bouts du monde? Toute sa vie, lui qui avait essaimé au long des années toute latitude, s'était-il donné pour seule censure d'éviter ces deux jumelles éloignées. Rêves elles devaient ainsi demeurer, à tout le moins ainsi tout déplaisir, si fréquent lors de ses pérégrinations, serait banni.

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                            Car l'inassouvi c'était encore l'espérance et l'illusion des tramways sur la colline. C'était la parabole de l'escalier,  l'attente du septième ciel. C'était comme le premier baiser d'un amour voué à la déréliction comme un navire sur un Pacifique usurpant son nom. C'était l'envie, c'était la vie. De douces volutes havanaises qui ne s'estomperaient pas. Comme valser en habits d'empereur  que ne guetterait aucune allergie révolutionnaire tapie dans l'ombre assassine. Nulle carte ne viendrait jamais de la Baie des Anglais ni du Zolotoï. Mieux ainsi.

 

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28 février 2015

Les plumes...by Asphodèle: Plein fer et laisser dire

                                              Question-inattendu-merci-gâteau-méditer-souplesse-culot-surprise-hasard-décision-inspiration-trouver-hypocrite-goéland-bataille-réflexion-objectif-tourbillonner-turban-tison. Vingt mots collectés, tout à notre imagination, de notre amie Asphodèle. Les miens,de mots, seront du genre terre à terre. Le tison, peu compatible climatiquement est resté dans son foyer.

Les plumes

                                               Sous le cagnard de la Place des Lices je trouve la situation inconfortable, vautrée dans la poussière, ces braillards de goélands hurlant dans la baie. Je me sens bien seule au monde, pas loin du petit,ce qui est inattendu pour un premier jet. J'attends mes consoeurs mais là-bas ça palabre comme souvent, ces fadas incapables de toute inspiration sur le trajet hyperbolique et ferré. Ces grands dadais qui hésitent à prendre une décision vont encore nous faire finir à pas d'heure.S'ils savaient comme je m'en tamponne de... -"aie"-voilà la cousine qui vient de me passer fièrement devant le nez en tourbillonnant, m'as-tu-vue comme je roule. Cette prétentieuse a oublié qu'il ne fallait pas trop s'éloigner du pitchoune si on ne voulait pas recevoir un grand coup de pied dans les côtes. Tant pis pour elle aura le temps de méditer dans sa crasse cette nuit. Souvent pas même une douche quand on n'a pas brillé. A la réflexion à qui la faute si on n'a pas brillé? Croyez-vous qu'ils se remettraient en question? Pas leur genre, drapés dans leur méridionale fatuité. Oh, la troisième, je l'appelle la grosse un peu rouillée, cette lèche-bottes, est venue me frôler, je déteste sa familiarité, quel culot.

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                     Il en fait un plat, j'ai pourtant l'habitude, mais je garde les idées fraîches, j'voudrais pas me faire plomber par surprise, c'est trop humiliant, et puis pas discret. Les deux frangines à gros carreaux sont balèzes pour ça, elles atteignent souvent leur objectif, même qu'il se trouve toujours un de ces ahuris pour nous sortir un "Té, la cerise sur le gâteau". Pécaïre! Au moins ces demeurés nous font un peu prendre l'air, des fois même ils nous oublieraient bien un petit moment, au hasard d'une soirée bien pourvue en verres jaunes. Les meilleurs moments de notre vie qui tourne pas toujours rond, le grand chaud est parti, on souffle un peu entre copines, on se fait toutes petites, un peu hypocrites, merci le crépuscule. Allez, gardons et le moral et la souplesse de notre échine, à prendre bien des coups et peu de caresses dans ces batailles de pieds joints, juste un peu de brise marine, avant de retourner au turban (???) demain à l'aube, enfin à leur aube à eux, vers 11h15.

31 janvier 2015

Les plumes...by Asphodèle: Aventures d'un las si (lacis)

 Vingt-six mots dans le bissac asphodélien cette semaine pour éprouver notre imagination: temps-lire-ténacité-sidération-tour (nom masculin)-regrets-déchirer-malgré-silence-bancal-résilience-pourquoi-aquarelle-fardeau-parenthèse-vide-rire-envol-vie-conscience-coeur-douleur-scintiller-symphonie-scène-sinueux.

Les plumes

                                Quitter la scène est parfois tentant,mais songeant au long silence qui régnerait au bout d'une semaine et demi, j'en ai toujours soigneusement procastiné l'idée même.

                                Car l'après n'est tout de même guère sûr et si la vie n'a été qu'une parenthèse rarement enchantée, si les pourquoi furent nombreux sans solution, si le paquebot de la ténacité m'a laissé parfois sur le quai, si j'ai su charger des épaules proches d'un fardeau que j'aurais dû au moins diviser le temps d'une escale, si j'ai souvent passé mon tour au bal où l'on danse tous si mal, si de l'envol des oiseaux de mon enfance, deux petites soeurs, je n'ai jamais su combler le vide, à peine amoindrir la douleur, si des regrets scintillent de moins en moins au rideau cramoisi et déchiré de mes carnets de moleskine, aquarelles de mots meurtrissures et de vindictes pitoyables qui me mettraient presque le coeur à rire, d'un rire obscène que vous n'aimerez pas, symphonie macabre, quand la conscience est grimace et la résilience impasse, si d'une démarche bancale ainsi exposée et malgré ses sinueux S.O.S. serpentant susurrant un pardon, si donc ces lignes étaient ici ou là, lues et un peu aimées, sidération serait ainsi mon lot. Si.

3 janvier 2015

Les plumes...by Asphodèle: Au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable

Les plumes

                                                                  En cet an neuf Asphodèle nous propose la cueillette suivante composée de 21 mots: horizon-nature-ciel-échelle-fatigue-grimper-cabane-rideau-créneau-éden-montagne-étagère-fièvre-transcender-panne-épuiser-oeufs-cheval-ravissement-remontant-rythme.

                                         Je n'avais vraiment pas beaucoup d'imagination cette semaine, comme un goût de ramollo. J'ai failli m'abstenir. Mais j'avais déjà renoncé la fois précédente. Mauvais coton. Alors m'est venue l'idée d'exploiter d'une autre manière cette baisse de forme, dans un texte de pure fiction,cela va sans dire. Le titre est celui d'un roman de Romain Gary qui abordait le sujet.

 

                                         Certes il en avait vu grimper au rideaux, mais cela faisait longtemps. Depuis le septième ciel s'était progressivement éloigné, le rythme étant allé décroissant sur l'échelle d'Eros et les pannes s'étant multipliées. Même le remontant bleu s'était avéré impuissant et les choses furent bientôt de nature à friser le calme plat et l'horizon zéro. Les montagnes se firent alors collines, le Sévillan sentit la fatigue faire le siège de ses centres névralgiques et comprit qu'un impératif commandeur régirait dorénavant ses fièvres vespérales, qu'il n'épuiserait plus les Elvire de son âge mûr. Les ravissements seraient maintenant de l'ordre du plaisir des yeux. L'heure était venue peut-être, d'un feuillet de poésie sur une étagère, d'une paisible promenade le long du Guadalquivir, où, descendant de cheval, près de la cabane des bergers qui grillaient des oeufs sur la rive, et se mirant dans le fleuve, Don Juan comprendrait enfin que les douceurs de l'Eden ne passaient pas forcément par les pleurs des femmes. Le temps, ce spadassin expéditif, consentirait-il à se mettre au petit trot pour lui laisser transcender son incurie et lui permettre d'autres voies, plus spirituelles, pour monter au créneau?

                                         

22 novembre 2014

Les plumes...by Asphodèle: Le faussaire et le plagiaire

                          La nuit portant conseil Asphodèle nous propose ce qui suit; 26 mots dont deux peuvent être retranchés, suivant la règle du jeu: vol-chat-transfigurer-chauve-blanc-solitude-silence-matin-se ressourcer-ivresse-ténébreux-épuisement-insomnie-étoilé-fête-rêver-sommeil-voyage-chanson-fesse-recommencement-voluptueux-sarabande-passeur-prologue-papillon. Merci Aspho.

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                                           Vol de nuit s'était crashé de la bibliothèque et les pages en étaient explosées. Où était la boîte noire afin d'essayer de le reconstituer? Ce n'était pas tout, les Contes du Chat Perché ne l'étaient plus du tout, perché, noyé dans la gamelle de mon chien Croc-Blanc. Rayon polars, guère mieux, les deux Ray (La grand sommeil, La solitude est un cercueil de verre) s'étaient fait la belle. Foutredieu,plus de trace du fameux Voyage du Dr. Destouches, l'avais-je seulement consulté sérieusement? Et que dire de la poésie? Ni La bonne chanson, ni Les fêtes galantes du buveur d'absinthe ne donnaient signe de vie. Autodafé de ma pléiade à moi. Nuit de cristal de mes auteurs.

                                           Au moins les classiques m'étaient restés fidèles, me pris-je à rêver. Hélas, déshonoré, Balzac , Une ténébreuse affaire, porté disparu. Et d'autres, moins étoilés certes, un Papillon s'était lui aussi trissé, était-ce donc le bagne sur mes étagères? O, livres, Un turbulent silence m'étreint en ce matin, auquel embôite le pas bien vite la terreur d'un recommencement de type auditif . Mes galettes? Mes galettes?

                                           Enfer et damnation!  Pas plus de Nuit sur le Mont Chauve que de Nuit transfigurée, plus le moindre prélude d'un wagnerien prologue, la Sarabande luciférienne continuait, m'entraînant, voluptueuse à force d'être odieuse, vers des abymes-abysses d'insomnies et d'épuisement. La maudissais-je, cette nuit asphodélienne venant de chez quelqu'un chez qui j'avais tant aimé me ressourcer, en son accueil si souvent pourvoyeur de tendres ivresses, et passeur de bien belles émotions.

 

                                                                               Quelques mots, bien qu'un texte n'en ait normalement nul besoin. Le titre m'est venu très vite, conscient de la manière cavalière et contestable dont j'ai traité le sujet cette semaine. Abus de name-dropping (quelle hérésie d'écrire ça), emprunts innombrables frisant la forfaiture. Je tiens à remercier mes collaborateurs sans qui je ne serais pas ici ce soir. Par ordre d'entrée en scène, Antoine de Saint-Exupéry, Marcel Aymé,Jack London, Raymond Chandler, Ray Bradbury, Louis-Ferdinand Céline, Paul Verlaine, Honoré de Balzac, Henri Charrière, André Brink, Modeste Moussorgsky, Arnold Schönberg, Georg-Friedrich Haendel. Enfin j'ai considéré la fesse comme insignifiance et je vous demande de n'en rien déduire. Et surtout, surtout, je remercie encore une fois Asphodèle qui permet à mes délires de s'exprimer dans le beau cadre de nos si chères Plumes

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16 novembre 2014

Liffey

Liffey

 

Ce fleuve là n'est pas en couleurs

Vous qui rêvez de Nil et d'Amazone

Vous qui ne jurez que par l'Ol' Man River

Vous qui bouquinez sur les quais de Seine

O'Connell Bridge moins long que large

L'enjambe en quinze pas

Remontez votre col en novembre

Longtemps la rivière a eu faim

Ses enfants l'ont maudite et loin là-bas

Ouest atlantique,ne l'oublient pas

La passerelle est bondée, le clochard assis

Patient et souriant n'a pas encore trop froid

Il n'est pas si tard, mais le ciel hibernien

Se désole et décline

Belle et sombre mine, la rivière

Se méfie d'un quelconque traître,

Si longtemps éventrée

De mouchards et de filles trop bavardes

Mais je l'aime en sa grise heure

Et je connais ces silhouettes

Si loin de l'émeraude

Elles n'écrivent pas toutes, mais comme elles savent dire

Leur douleur et leurs haines

Entre leurs doigts poisseux.

Certains midis elle s'embleuit

J'y arpente les planches

Les grues à l'est, vers Laoghaire

Y jouent avec les nuages

Sous le regard d'Albion la méfiance

Des siècles de mépris

Des phalanges frappent le bodhran

Virevolte le banjo

Désinvolte et mutin

Claquent les pieds de Moira

Quand bien même les enseignes ont changé

Là sur le pont danse-s-y

Improbable rencontre, et pourtant

Ulysse pourrait y aimer Molly

Des feuilles rousses sous leurs chaussures

Plaignent le coeur de ville

Statufiés, les héros d'hier

S'offrent à chaque regard

Poètes et musiciens

Rodent encore, à la harpe parfois

Ou bondissants flûtistes

Liffey de chaque instant

Modeste jusques en ton lit

Mais aux tendres fantômes

Aux noirs contours, aux joues creuses

Vois, j'ai tenu serment

Comme j'ai parlé de toi.

 

25 octobre 2014

Les plumes...by Asphodèle: Chant du cygne

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                                                                                     Regard-secret-main-larron-tiroir-drap-couverture-partager-tramer-connivence-confident-bêtise-proche-rival-neige-empathie-ensemble-amants-nacrer-nomade-noir. Voilà les 21 mots que notre dévouée Asphodèle  a recueillis dans sa besace. Il y a un bon moment que je n'avais pas écrit ici, alors voilà...

                                                                                    Tulsa Train avait vécu. Du moins sous cette forme et Cal trouvait ça si douloureux, traînant les pieds dans l'escalier menant au  grenier de la M.J.C. où les trois autres et lui, après avoir joué les nomades de cave en grange durant six mois, avaient ensemble passé tant de soirées depuis un an et demi. Il se demandait si ces jours ne resteraient pas les plus beaux de sa vie, dix-neuf ans, quatre copains, la fin des sixties, le démon du rock leur collant aux basques, eux si proches, des larrons, des lurons au service de leur fougue jeunesse, nantis de bonne volonté et d'un bien mince bagage musical. L'orgue farfisa bien modeste, Cal l'avait acquis besogneusement, un coup de main à son père malgré sa légendaire répusion de la boucherie familiale, quelques fonds de tiroirs et un job d'été aux Cuirs de la S.A.L.P.A.

                                                                                     C'est vrai, ça s'était pas mal gâté les derniers mois, leur entente cordiale n'avait pas attendu qu'ils soient les Stones pour que leurs égos se titillent et que Reg tire un peu la couverture à lui. C'est du moins l'impression que ressentaient  les trois autres. Vrai aussi que Reg, lui, avait progressé à la basse, ayant bossé bien davantage, et que son regard sur les cymbales et les toms de Syd commençait à en dire long. Du moins quand Syd n'avait pas choisi de partager deux heures avec Christine au cinéma plutôt que de se les geler dans ce local certes gratuit mais rude et aux fenêtres disjointes qui n'effrayaient guère la neige du février de cette année là. Mais à bientôt vingt-et-un ans le chétif drap tendu en coupe-vent ne réchauffait plus guère les musiciens. Certes ça ressemblait à la mansarde d'un poète méconnu, version un peu électrifiée.Mais nul besoin d'être des pop stars pour sentir l'amitié filer comme sable entre les doigts. Nul besoin d'avoir donné plus d'un concert pour comprendre que Phil ne serait pas Morrison. Au moins il vivrait. Mais que se tramait-il vraiment au sein du quatuor?

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                                                                                   Ce soir, on n'échapperait pas au réglement de comptes. Cal sentait confusément que son adolescence s'était fait les malles quand il avait compris que son désir secret de faire quelque chose de simplement pas mal ne résisterait pas à l'explosion du groupe. La connivence si plurielle qui avait si bien réussi et réuni quatre garçons dans le vent avait laissé place au doute et si chacun se reprochait volontiers quelque bêtise aucun n'assumait réellement sa responsabilité dans l'échec du collectif. Cal, qui se pensait en toute immodestie la cheville ouvrière de l'entreprise, trébucha dans le noir, les dernières marches si mal éclairées. C'était l'ére du délabrement. Fut-il surpris, à peine, entrant dans la salle, tout le matériel de percussion volatilisé, la guitare de Phil telle celle des Who après "My generation", ne subsistaient que deux boutons nacrés près du chevalet?

                                                                                   Son orgue se contentait d'être muet, définitivement. Un coup des rivaux de Houston Speedboat, qui répétaient sur la rive gauche? Eux qui manifestaient une certaine empathie pour Reg, bassiste de son état qu'ils cherchaient à débaucher. Rien de tout cela n'était sérieux. C'était grave, infiniment, Tulsa Train venait de se crasher, misérable garage band qui rejoindrait l'imposante cohorte des rockers morts-nés. J'ai l'impression d'avoir été leur ultime confident. Ce n'était rien, ce n'était qu'un rêve brisé,il y en aurait d'autres, beaucoup d'autres.

* J'ai abandonné le mot "amants", peu adapté à mon histoire

** Je l'ai déjà dit, mes textes contiennent souvent une part autobio. Dans celui-ci la part est, disons, une très grosse part. Elle renvoie à l'un de mes billets antédiluviens, l'un de ceux qui me dévoilent le plus.

Attention groupe rock cultissime

2 août 2014

Les plumes...by Asphodèle: Par dérogation, deuxième partie

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                                                                                    Voici la réponse de Paul à Léonora dans le cadre épistolaire de cette écriture à deux avec Asphodèle. C'est un exercice très particulier que pour mon compte j'adore mais trouve très difficile. Par ailleurs ce blog prend un mois d'août sabbatique. Pas de nouvelle chronique ni critique avant début septembre. Bon août à tous et merci aux visiteurs, qu'ils soient réguliers ou occasionnels. Je vous laisse avec Paul.

 

              Les Hauts de Vermandois, le 31 juillet 1928

              Madame,ma Dame, chère Leonora

              Sachez, vous que je persiste à nommer mon amie, que votre dernière missive a presque touché son but, si du moins celui-ci était d'en appeler à ma conscience, mauvaise en l'occurrence. Et, ma belle amie, vous écrivez si bien, vous savez manifestement toucher le coeur des hommes, et le briser aussi, tout en vous en défendant. La botanique, Madame, vous est plus qu'à moi familière et comme vous avez le talent, l'arbre du Nouveau Monde effervescent ou les roses se fanant, d'embraser le lecteur. Qu'au moins cette assertion vous fasse plaisir, elle est sincère et d'autres suivront moins idylliques mais dont tout me porte à croire qu'elles ne vous laisseront ni indifférente ni même tout à fait chagrine. Me fourvoierais-je, chère auteure, à l'idée que mes brutalités supposées vous aiguillonneraient l'esprit, esprit déjà si enclin chez vous à la vivacité, la répartie et l'impertinence? De grace ne prenez pas ombrage, je n'ai pas l'intention de revendiquer la moindre part de ces éloges et dithyrambes dont le prestige le dispute à l'élégance. Mes amitiés à Monsieur Jean, arbitre des modes et des planches, qui vous estimant, ne peut évidemment faire fausse route.

              Mais j'abandonne là, Madame, la légèreté et le dandysme intellectuel, qui vous paraîtront bien anecdotiques à la connaissance de ma situation matérielle. Je maniais la litote, très chère, en évoquant des revers de fortune. C'est un homme aux abois qui vous le confie, la ruine de ma famille ouvre sous mes pieds un gouffre insondable au point que j'envisagerais une activité professionnelle, c'est vous dire... Quelle charge par ailleurs saurait me convenir car vous m'avez à juste titre passablement éreinté sur mon oisiveté? Votre lettre est cruelle mais ne manque pas de lucidité.

              Agathe de la Bretière ne m'inspire rien d'autre qu'une sympathie à peine paternelle que les sens peineront à combler, et pour cause, mais j'y viens. Vous avez bien perçu que mes entrées chez ces gens là étaient intéressées. Dame, je n'ai pas, moi, ni votre grandeur d'âme ni votre talent d'écriture et si je pratique un tant soit peu la prose il s'agit d'une prose que l'on dit ampoulée, insincère, parliez-vous de galimatias, dont les tournures parfois hardies masquent un creux vertigineux. On me l'a dit déjà.Vaniteux et superficiel, que m'auriez-vous trouvé, Madame, pour que je sois digne de votre intérêt, de vos faveurs dont vous auriez tort de croire que j'ai choisi l'oubli? Vous m'évoquez, Madame, cet Autrichien tapageur et fouineur, très à la mode, mais vous ne détestez pas la mode. Me serait-il d'aucun secours dans mon acrimonie, pire, mon désarroi. Car il me faut, Madame, en arriver à une confidence dramatique que ne cachent même plus mes parades et mes ronds de jambes.

 

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                 Vous souvenez-vous, chère Léonora d'Ape Regina qui me désarçonna à Clairefontaine en octobre dernier? A la clinique du Haut Valois d'éminents spécialistes m'assurèrent que la fracture iliaque se consoliderait en huit semaines sans séquelles motrices ou orthopédiques. Certes mais la neurologie est d'un tout autre avis et vous percevrez vite, Léonora, que les fougues aimantes sont pour moi reléguées au passé, et que si j'ai semblé vous ignorer, voire vous manifester morgue ou mépris, c'est que si j'ose encore espérer vos bras nos accolades ne sauraient dorénavant être autre chose que fraternelles. Voilà, Madame, vous savez tout ou presque. Cette déficience ne justifie pas la désinvolture dont j'ai fait preuve à votre égard mais j'ai voulu, si j'ose dire la jouer canaille et persifler à seule fin de celer mon tourment.

                 Ce faisant, banqueroute familiale et déroute intime, j'ai estimé de mon devoir de me dévaloriser à vos yeux. Je l'ai fait volontairement, maladroitement. Les biens des La Bretière me sont vitaux et le pire serait à craindre si ces projets venaient à faillir. La donzelle n'a aucune idée de ce qui l'attend avec un tel mari. Peu fier de moi, mon amie, je n'aurais alors d'autre havre que votre maison de Saint Germain, d'autre moyens que ceux que vous voudrez bien mettre à ma disposition, conscient ô combien de la déception qui sera vôtre ,songeant que celui qui  fut votre amant est désormais un banni en attendant d'être un reclus. M'aiderez-vous, Madame, sachant maintenant mes défauts abhorrés? Et me sera-t-il permis, au soir pointant de ma vie, d'envisager une calme retraite auprès de vous... si mon union de circonstance s'avérait impossible.

                Celui pour qui notre rencontre fut un zénith et nos amours un firmament, cet homme qui vous révéla à vous-même, cet immodeste jadis comblé de vos bonnes grâces, cet homme qui perd pied, vous présente ses hommages éblouis. Songez-y...

 

                                                                              Votre amant,votre ami, votre frère

                                                                                            Paul

            

19 juillet 2014

Les plumes...by Asphodèle: On ne nous dit pas tout

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                                                                                   Asphodèle, pétillante maîtresse de cérémonie de ce 14 juillet, a fait défiler les mots suivants, au nombre de dix-sept, et en rangs serrés: essentiel-réserve-regard-musique-félicité-observer-minute-nuit-agneau-son-muet-méditation-apaiser-angoissant-justesse-jacaranda-jouer.

                                                                                   Elle en avait assez d'être exploitée, ses congénères opinaient du bec, leur blancheur leur était devenue angoissante et elles n'en percevaient plus que la séculaire mièvrerie. Elles voulaient la colère pour enfin changer le regard des hommes, épuisées de n'être ad vitam eternam que ce symbole d'angélisme que seuls partageaient un peu les agneaux, mais ceux-ci ne bêlaient guère plus loin qu'un gigot pascal. Elles avaient l'intention de boycotter dorénavant  toute manifestation, marre de l'mmaculé prétendu apaisant de leur plumage, assez d'emboîter le pas à la minute de silence, vous savez, celle qui n'a jamais changé quoi que ce soit, et que beaucoup ont tant de mal à observer le temps de compter soixante.

                                                                                    Refusant décidément d'être les pigeons de la farce, ça c'est un coup d'aile au monopole des dindons, et sûres de la justesse  de leur cause, elle et ses collègues, après une longue méditation, et d'âpres négociations, avaient obtenu l'appui essentiel, et qui en surprendrait plus d'un, de la si prestigieuse Confrérie des Aigles, qui de leur côté n'en pouvaient plus d'être royaux voire impériaux, Habsbourg ou Napoléoniens, de fondre sur leur proies apeurées à la vitesse du son, enfin d'être les vedettes incontestées du royaume des cieux dont même la chute ou le crépuscule étaient orchestrées en une musique wagnérienne que joueraient des acteurs viscontiens. Ces maîtres de haut vol auraient donné beaucoup pour batifoler dans les jacarandas malgaches comme de braillards perroquets, pas tenus,eux, d'afficher réserve hautaine et dédain des petits et des sans grade.

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                                                                                    Alors, alors peut-être, bientôt verrait-on un étonnant lâcher d'oiseaux à l'aquilin et souverain profil entourer les ballons des enfants pour la paix quelque part et la félicité universelle. Ou bien verrait-on une escadrille de colombes en piqué terroriser une colonie de marmottes telles des rapaces relookés, nuit de cristal des innocents rongeurs. Sur ce possible bouleversement, torpeur estivale oblige,  les journaux télévisés restaient muets...

5 juillet 2014

Les plumes ...by Asphodèle: Par dérogation

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                                          Par dérogation  suite à la très polémique Lettre à Paul de Quentinois de Leonora Saint André de Monchamps en date du 21 juin 1928, c'est en tant qu'ami très proche de ce gentilhomme que j'en viens aujourd'hui à publier sa réponse avec la permission exceptionnelle d'Asphodèle. Cette mission et cette missive s'affranchissent de  ce fait de toute contingence de vocabulaire et de toute obligation bimensuelle. A ceux qui s'en offusqueraient je dirai que l'honneur de Paul de Quentinois ne transige pas.

 

Les Hauts de Vermandois, le 03 juillet 1928

Ma belle amie

      La moiteur picarde n'est pas telle qu'elle m'en ait fait perdre le souvenir d'une passion dont le double sens ne doit pas vous échapper. Se peut-il, mon amie l'irrégulière, que vous sentiez à ce point l'aiguillon d'une douleur dont j'incline à penser qu'elle vous est surtout imputable? Et les jours et les nuits en votre compagnie, croyez-vous que leur ardeur m'ait si brutalement déserté et le coeur et l'esprit? Les personnes de votre sexe, tout dans ma vie déjà longue, et que votre ironie m'a cruellement rappelée, me conduit à l'affirmer, n'ont pas le monopole du chagrin comme elles ont fâcheusement tendance à le dire, voire à le claironner. Si ma dernière lettre vous est apparue comme un glaive sachez qu'elle fut l'aboutissement de ces heures de prostration qui furent miennes après que tant de fiel fut répandu par vos proches, je n'ose dire vos amis, vous accordant le bénéfice d'avoir vous aussi été abusée. Cependant, Madame, je ne suis pas de ceux qui vont à Canossa et vous pensais moins envieuse.

       On m'aurait vu à la Coupole? Mademoiselle Chanel, les ballets russes et Montparnasse m'auraient-ils dépravé? Outre que je vous trouve bien injuste avec ces créateurs qui ont au moins le mérite d'imaginer... Depuis combien de temps, mon amie, ne l'avez-vous plus vraiment fait, imaginer, rêver, élever vos sentiments au-delà de ces zones imprécises où il m'avait semblé qu'amants trop installés nous risquions de devenir, que nos nuits clandestines et les prés fleuris abritant, bien mal, nos étreintes, n'étaient pas à mon sens , tout à fait exempts de toute pusillanimité. Songez-y, vous que j'appelais ma belle âme. Songez-y avant d'instruire ainsi mon procès en dédain et en cruauté.

       Vous prétendez, Madame, blessée que vous êtes mais que la douleur rend insensée, vous prétendez ne pas user du stratagème fourvoyé de la jalousie, cette pustule qui fait que vous vous ressemblez toutes, soubrette, châtelaine, car toutes vous savez la manier. Mais votre courrier n'est que cela, ruse, astuce, et jusqu'au plus hideux de tous les moyens que depuis Eve, les femmes revendiquent, nec plus ultra, fin du fin, de la bassesse des amours qui s'hivernisent. Il me faudrait cesser de voir les la Bretière, et leur fille, ces gens si aimables et riches, qui m'estiment tant.Ignoreriez-vous, mon amie, mes revers de fortune outre-Atlantique?

      Sur un point vous dites juste. Votre raison, en effet, vacille plus qu'elle ne s'égare lorsqu'elle passe de nos épidermes mutins, un souvenir qui restera, Madame, brûlant quoi qu'il en soit, à cet ultime rival que vous osez évoquer presque langoureusement, là-bas au fond du verger, abyssale attraction selon vous, médiocre convulsion féminine en diable selon moi. Je ne m'y attarderai pas plus, voulant croire à votre maladresse plus qu'à votre manipulation.

 

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     A propos, et puisqu'on vous édifie, vous-dira-t-on mon élégance dans les travées des Internationaux de France de tennis, pour soutenir nos mousquetaires? J'aime à le croire, bien que Mademoiselle Chanel n'y ait à ma connaissance pas fait d'apparition cette saison. Je ne sais, ma mie, si les prochains mois nous verront ensemble, à défaut d'être réunis. Sachez que si ma vanité veut l'écarter, mon coeur, malgré tout, s'échauffe encore à cette idée.

Votre ami pour la vie, Paul de Quentinois.

   

   

20 juin 2014

Les plumes...by Asphodèle: Un texte à vau-l'eau

                                                    Chez Asphodèle pour cette quinzaine, vingt-quatre éléments: tendresse-peau-solidarité-incompréhension-mosaïque-regard-amour-handicap-souffrir-tolérance-dispute-similitude-solitude-séparation-complémentaire-richesse-éloignement-étranger-égal-déranger-combattre-hagard-herbage-horrifiant.

                                                   Je n'ai pas aimé cet ensemble de mots pour un tel exercice. Non que ces mots ne soient  dignes d'intérêt mais pour un texte assez court j'ai eu l'impresssion qu'ils n'offraient pas beaucoup de liberté à l'imagination, et qu'il serait difficile d'échapper à quelque chose qui pourrait tenir du prêche bien sous tout rapport. Peut-être me suis-je trompé.Mais j'ai eu toutes les peines du monde à concocter ce laius que je considère sans doute comme une de mes plus médiocres participations, que j'ai d'ailleurs hésité à publier. En me débarrassant au passage de "complémentaire" qui me pesait comme un supplément calorique.

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                                                     Le regard bovin, comme perdu dans un herbage thiérachien, le jeune veau méditait sur l'incompréhension dont il se sentait victime de la part du troupeau.Certes il savait que la différence  souvent dérangeait,  chez les humains comme dans la gent animale, et que l'amour n'était pas toujours dans le pré. Pourtant nulle véritable dispute n'éclatait dans la communauté de cuir vêtue et son handicap, le terme était fort, ne l'avait jamais conduit à souffrir pis que pendre de la part des génisses et autres taurillons. Simplement, comme la séparation d'avec sa mère était imminente, et comme malgré tout sa peau, tout velin soit-elle, lui attirait plutôt un éloignement de ses condisciples es pâtures peu soucieux de solidarité avec  ce jeune et pourtant brillant quadrupède, il avait pris le parti de ne pas les suivre en estive. Après tout ça lui était égal et un peu de solitude ne lui faisait pas peur.

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                                                     Comme étranger à ces bovins moutons de Panurge il refuserait les bétaillères inconfortables et combattrait seul pour vivre sa vie de ruminant sans remâcher de stériles rancoeurs. Ils pouvaient bien, ces collègues de verdure hanter les mosaïques haut-alpines, au risque de se retrouver un soir hagards face à l'ours-destin et à une horrifiante agonie. Lui, tout à sa richesse intérieure, ne se voulait décidément aucune similitude avec ces grégaires que sa toison si particulière avait rendus envieux et dédaigneux. La tolérance, très peu pour eux. Quant au lait de la tendresse, il saurait bien  découvrir ce nectar dans ses vertes vallées. Ceux qui reviendraient seraient stupéfaits probablement de voir le veau d'or toujours debout.

 

 

 

7 juin 2014

Les plumes...by Asphodèle: Sus à la fesse

   La récolte d'Asphodèle cette semaine se compose de vingt-deux mots. Elle est la suivante: fesse-richesse-attendre-dent-refuser-doute-vieillesse-circonspection-vertu-crépuscule-lune-philosophie-âge-vanité-sérénité-psalmiste-paix-image-réflexion-graver-gracile-grenadine.

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                                            Gloire! Hosanna! La richesse de notre langue est telle que l'on peut avantageusement remplacer un mot par un autre et que des images  évoquent souvent parfaitement par leur sens figuré le vocable incriminé, le crépuscule des dieux, ça vous a tout de même une autre gueule que leur vieillesse par exemple. Mais vertudieu! comme cette fesse, que j'imagine en goutte d'huile, nous alourdit la démarche hebdomadaire, ôtant toute vanité à notre prose bien qu'à la réflexion ce soit la règle du jeu, et je me sens ainsi claudiquant et incapable de graver un assemblage dont je ne perçois plus du coup que l'hétéroclite, la circonspection et son adjoint, ou est-ce son supérieur, le doute, m'ayant sans attendre assailli tout de go dès la première lecture, mettant à mal mon parti pris de sérénité pourtant telle que celle d'un psalmiste latinisant ses versets de paix, tout dans sa philosophie refusant  les intentions callipyges, l'âge dit de raison probablement l'éloignant des rotondités même celles graciles  d'un croissant de lune, la dent dure peut-être, mais le coeur grenadine.

 

 

10 mai 2014

Les plumes...by Asphodèle: Plaidoyer pour un malvenu

 Il faut donc nous transformer en bâtisseurs, nous métamorphoser en écrivains du samedi matin, pour assembler les vingt mots que nous propose Asphodèle cette semaine. Voilà le tableau: changement, incrédule (ou incrédulité), papillon, régénérer, chenille, évolution, climat, déguiser, magie, transformation, grossesse, adolescence, éclosion, cafard,  amour, majestueux, éphémère, éperdu, envol, travesti.

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          Ce n'est pas encore aujourd'hui que l'on rendra justice à ce mal-aimé, ce paria, ce laissé pour compte. Le changement ce n'est pas pour cette semaine. J'aurais tant aimé que sa réputation s'améliore, et qu'un souffle, même éphémère, ait nimbé d'air frais sa dure condition de détritiphage, dont l'éclosion comme l'adolescence, dans un climat humide et putride, sont dignes des plus beaux romans misérabilistes du siècle avant-dernier. Humilié, bafoué, c'est le Rémi de Sans Famille, la Cosette hugolienne, mais hélas nulle évolution favorable qui régénérerait le pauvre maudit. Les dieux ne lui ont pas accordé comme au papillon démagogue cette fabuleuse capacité, cette magie qu'on entonne au logis (limite exclusion des Plumes, j'en ai conscience) d'opérer,  sans pour cela recourir au travesti, une transformation un tantinet lénifiante qui conduira la chenille au doux duvet méconnu à devenir ce présomptueux  lépidoptère dont le battement d'ailes nous gonfle depuis qu'on l'a trouvé capable, dans sa prétention éperdue à faire l'intéressant, de faire prendre au grand air de Carmen d'une diva de l'opéra de Sidney son envol jusqu'à la Tour de Pise.

         Qui saura faire aimer son pas majestueux au milieu d'escarbilles en décomposition? Qui pour écrire une ode à la grossesse et à l'enfantement de la femelle, pas si éloignée de celle du kangourou compatriote de la diva? Qui pour ne pas être incrédule quant à la beauté déguisée de cet être ignoré, méprisé, vilipendé, rejeté de partout? Qui pour accorder un tout petit peu d'amour à mon ami des feuilles mortes et des composts? Qui? Qui? Qui? Il me vient un cafard monstre.

Note de la rédaction (un peu beaucoup copiée) Utiles, inoffensifs, ils ne mangent pas le bois sain, ne mangent que des détritus, ne mordent pas, ne piquent pas, nocturnes, silencieux : mignons cloportes.

P.S. L'auteur, dans sa tentative de réhabilitation, a vivement souhaité que vous preniez trois minutes de votre temps pour regarder et écouter deux éléments à la décharge du pauvre crustacé, victime d'une erreur judicaire.

 

 

29 mars 2014

Les plumes...by Asphodèle: Contessa Blues

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                                             Asphodèle a glané pour cette semaine les mots suivants au nombre de 21: voiture-rue-immeuble-abeille-théâtre-anonymat-animation-pavé-visite-parc-asphalte(ou bitume)-bus-fuite-flâner-embouteillage-urbain-gare-hôpital-cohue-chuter-constant(ou constance). Merci Miss Aspho. Cette liste m'a sauté aux yeux, j'ai très vite su quel univers elle m'évoquait. Ca m'a conduit à prendre pas mal de libertés mais Les Plumes d'Asphodèle est justement un espace de liberté.

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                                              J'ai voulu écrire un blues, le côté citadin  de la suite de mots m'y incitait vraiment J'ai déjà écrit un ou deux blues en français mais là j'ai un peu corsé les choses, dans la langue vernaculaire de cette musique. J'ai essayé de respecter la métrique du blues et ses intonations, de même que les rimes. Bien  sûr cela  est très éloigné de la poésie telle qu'on la lit souvent. J'ai donc ajouté une traduction. Evidemment les mots du blues, surtout en français, c'est pas Nerval, encore que Gérard s'y connaissait en blues (cf. Hanging Blues on Rue de la Poterne, salut mon Gérard). Pour sonner blues il fallait procéder à quelques adaptations. Ainsi voiture est devenu bagnole, gare est devenu quai, hôpital s'est argotisé en hosto, constant est devenu tout l'temps, abeille est devenu bourdon, visite est à voir, chuter est devenu à genoux, fuite a foutu' l'camp, anonymat a sombré dans l'inconnu, théâtre n'est plus que scène. Confidence, aucun texte pour Les Plumes ne m'aura bouffé autant de temps (voyez j'parle encore façon blues). Ne vous plaignez pas, vous avez échappé au pire car j'avais l'intention de jouer et chanter Contessa Blues. Il y a cependant des limites car le blues, si je peux beaucoup l'aimer, un peu le jouer, manifestement je ne peux le chanter. J'ai essayé mais vous êtes mes amis, je n'ai pas le droit de vous faire ça.

 

                   Since you've been gone

                    Feel so bad on concrete

                    Yeah, since you've been gone

                    Even green parks delete

 

                    Hey baby,sleeping in dirty old car

                    Lost in traffic jam

                    Aimlessly urban, shivering heart

                    Without you, city's Gotham

 

                    Please get back where you belong

                    Just help me, baby, that's my last station

                    Trouble, pain, hospital won't be long

                    Constant sorrow, fatal oppression

 

                    Remember lazy strolling days

                    Remember bustle in the streets

                    Both of us having fun on bus sways

                    Buzzin' alright like honey bees

 

                    Now things go wrong and cobblestone gets rough

                    Don't you visit me once more

                    Fallin' down on my knees so tough

                    You were on the run,what a bore

 

                    Please get back where you belong

                    Just help me, baby, that's my last station

                    Trouble, pain, hospital won't be long

                    Constant sorrow, fatal oppression

 

                    Feel lonely and blue here in the mob

                    Anonymous tenements squashing my back

                    Life's empty theatre in my inside job

                    Home of my soul became a shack.

 

                    Depuis que tu m'as largué

                    J'me sens mal; scotché au bitume

                    Depuis que tu m'as largué

                    Même les parcs si verts m'ont laissé tomber

 

                    Hey Baby, j'dors dans une bagnole pourrie

                    En plein embouteillage

                    Urbain sans but, coeur tremblant

                    Sans toi, la ville c'est Gotham City

 

                    J't'en prie, Baby, reviens

                    J'suis fini, au bout du quai

                    Que des pépins, j'ai mal, bientôt l'hosto

                    J'me fais d'la bile tout l'temps, lourd, lourd

 

                    Tu t'souviens des bons moments à flâner

                    Tu t'souviens d'l'animation dans les rues

                    On s'embrassait au fond du bus

                    Chauds comme des bourdons excités

 

                    Maintenant tout va mal et le pavé m'écorche

                    Si tu revenais m'voir, Baby

                    J'suis à genoux, c'est si dur

                    T'as foutu l'camp, comme c'est moche

 

                     J't'en prie, Baby, reviens

                    J'suis fini, au bout du quai

                    Que des pépins, j'ai mal, bientôt l'hosto

                    J'me fais d'la bile tout l'temps, lourd, lourd

 

                     Si seul, si paumé , même dans la cohue

                     Ces immeubles, ces inconnus, ça m'tombe dessus

                     La scène est vide, ma tête explose

                     Mon coeur survit dans une baraque.

P.S. Rajouter "yeah" tous les cinq ou six mots. Merci d'avance.

 

                    

 

                   

 

 

 

                  

 

                   

                     

                   

                    

 

            

15 mars 2014

Les plumes... by Asphodèle: Eléments

                                          Me voilà de retour sur Les plumes d'Asphodèle (merci encore et bon anniversaire à ce blog frère) à jongler avec les 21 mots suivants:temps-vie-chanson-rien-diva-furibond-montagne-souffle-pollution-tempête-ballade-léger-envoyer-courant-bulle-prendre-gonfler-voleter-brèche-blesser-balançoire.

                                          Ce texte est bien sûr comme toujours une fiction. Evidemment. Mais comme je pense que l'on n'écrit guère que sur soi de forts relents personnels peuvent s'y nicher. Ecrire suppose son contingent de m'as-tu-luisme."Madame  Bovary c'est moi".

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                                           Temps de Vie, c'est chez moi le nom d'une association qui gère l'hospitalisation à domicile. Rien qui puisse faire rêver, je le concède. Mais est-ce l'imminence d'une fin de carrière qui m'incite cette semaine à prendre cet air un peu grave? Ou plus simplement sont-ce les mots, ou leur agencement  qui m'ont inspiré ce qui pourrait ressembler à l'incipit d'un roman, ce roman qui m'échappe depuis si longtemps, insaisissable diva qu'amant transi j'espère encore avoir à l'usure. Des années de soins, des femmes de cinquante ans que je tutoie les ayant connues à quatorze, des centaines d'enfants parents à leur tour inquiets pour le souffle court de leurs petits, mais aussi toutes ces vieilles dames, trotte-menu et pas loin de la partance, pied léger,si léger et coeur lourd, toutes ces vies, toute ma vie...

                                          Quand s'annoncent de grands virages, que les collines s'apprêtent à devenir montagnes, que mollissent doucement les tempêtes adorables, que les flèches isolent Eros et que là-bas Thanatos guette au bout de la ligne droite, ni furibond ni impatient, Thanatos est sûr de lui, quand on se penche sur l'étymologie comme sur son passé, quand d'un vocable, retraite, on peut s'amuser à décortiquer différentes expressions, toutes elles blessent, tirer un trait, se retirer, la neige et la Bérézina, on se dit que même si tout finit par une chanson, on aurait aimé colmater la bréche et ralentir un peu l'infernal courant, celui, à la pichenette facile, gonflé d'importance, qui nous envoie paître, voire ad patres. J'ai conscience de faire un peu mon sentencieux, d'apporter hélas un soupçon de pollution à cette semaine asphodélienne à tendance probablement bulle d'oxygène, encore m'avancé-je un peu.

                                        Ainsi vivent les hommes et quand ils se piquent d'écrire ils ne font pas toujours dans la ballade bucolique. Ainsi vieillissent les hommes,et  souffreteux, volètent pourtant les oiseaux fatigués.Temps de Vie, j'ai travaillé avec eux,des gens de bien. Le temps de la vie, balançoire de nos squares d'enfants, j'ai oscillé, quittant, quitté, quitte.

                                       

14 février 2014

Les plumes...by Asphodèle: Eloge de l'ennui

                                            Projet-dimanche-emmerdement-penser-intimité-hésiter-oppressé-pluie-savoir-morosité-panne-créatif-silence-bâiller-fatigue-mourir-soupir-ralenti-routine-figé-vide-whisky-xyste-zigzaguer. Asphodèle a glané ainsi 24 mots et il nous faut faire avec. Très différent de ce que j'écris régulièrement je me suis "amusé" à la phrase unique, n'allant pas jusqu'à la suppression de la ponctuation. Je suis un modéré mais suis allé par contre jusqu'à la suppression d'oppressé.

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                                            Mobilisez-vous, chacun de vous doit  savoir et faire savoir  que l'ennui, ce vieil ennui qui fut si cher à l'enfance, cet indispensable condiment qui nous laissait des heures entières, des après-midi paresseuses où penser se révélait une prodigieuse activité subversive et contredisait vaillamment le vide presque insondable d'une visite à Tatie Scholastique, penser à autre chose qu'à sa figure fripée à l'haleine méphitique et à ses gâteaux secs, si secs, penser, vous-disais-je, pouvait s'avérer déjà voyager, zigzaguer lointainement, s'imaginer voler des cerises sous la pluie dans le jardin du père Gautier, ou gober un bienfaisant silence forestier en tenant la main d'une jolie cousine, croustillante intimité bien loin du caquet tisanier de la soeur de grand-mère, ce magistral ennui si prometteur et à qui l'on doit tant, cet ennui créatif par rebond, bel oxymore, tel un ralenti d'août qui s'emballerait en un été magique et sans fatigue, comme une surprise-party appétissante nantie des  toutes premières larmes d'un whisky adolescent qui ferait sa fête à la morosité acnéique, en un mot cet ennui, de plus en plus menacé, cet ennui, espèce en voie de disparition, devrait impérativement être protégé sous peine de voir la suractivité buzzique et ses horreurs, ça sonne de partout, ça clignote, ça zappe à tout va, finir par faire de nous des sortes d'ectoplasmes figés dans leur frénésie, incompétents à bâiller, comme un honnête homme se doit de le faire avec élégance transcendant ainsi routine et somnolence malmenées en un projet qui se serait défait des soupirs de convention pour s'envoler sans hésiter et faire d'un dimanche, si longtemps synonyme d'une quintessence d'emmerdement  pour les baby boomers en panne de copains semainiers, un implaçable xyste vers le nirvana, ce bel ennui,si salvateur, amis, ne le laissons pas mourir. 

P.S. Je n'ai pas l'habitude d'expliquer mes textes. J'ai une requête à vous faire, sérieuse, celle de ne pas hésiter à me dire si ce délire vous a prodigieusement ennuyé à mourir. Auquel cas deux possibilités, une totale réussite pour avoir évoqué ce que le monsieur du dessous nous chante avec la décontraction qu'on lui connait, ou un galimatiasfatrasmagma ayant dépassé la ligne rouge.

 

 

 

18 janvier 2014

Les plumes...by Asphodèle: Ce passage-là était bien*

                                           Pas moins de 23 mots cette semaine dans l'escarcelle d'Asphodèle dont il faut saluer l'énergie pour mettre en oeuvre toutes ces animations autour de l'écriture: visage-camouflage-armée-plume-vénitien-jaune-déguiser-bal-argile-mensonge-embaumer-comédie-celer-mystère-pailleté-crème-farandole-grimace-hypocrisie-dissimuler-unir-usure-unique.

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                                            Sur la Place de l'Hôtel de Ville où je l'ai croisé samedi  on ne s'est fait aucune grimace réciproque. Notre vieille rivalité doit être aujourd'hui prescrite et nulle comédie n'est plus à jouer entre nous. Il m'a confirmé qu'elle vivait toujours à Lyon avec ce type que j'ai vu une fois au concert de Jazz au Jardin en juillet dernier. Mon sourire était jaune en lui serrant la main alors qu'elle était partie acheter trois bières.Trois. Paraît que monsieur est musicien. Quel genre j'en sais fichtre rien. Ce que je sais c'est que ça m'étonnerait qu'il lui écrive les poèmes dont ma plume alors fertile l'inondait et qu'elle clamait à haute voix dans les rues de notre ville, du temps où ce n'était un mystère pour personne, du temps où je peaufinais ma pièce, qu'elle jouerait, c'est sûr, du temps où j'étais Branagh avec Thompson, Bergman avec Ulmann. Je n'avais pas pour habitude de celer mes modesties. Elle non plus, tous le savaient et le théâtre avait beau être amateur, la fièvre était rien moins qu'hollywoodienne et le virus vénitien. "C'était un temps déraisonnable*", aurait dit Louis, et, pas longtemps, j'ai près d'elle tutoyé le ciel, roi du monde et figure de proue. Mais le bal ne pouvait durer et aux corsages pailletés succèderaient vite les habits élimés du quotidien.

                                           Je n'avais guère envie de creuser le sujet. Pourtant il m'a entraîné au Bar de l'Imprimerie et devant un crème pour lui, je crois qu'il avait arrêté le reste, et un cognac pour moi, je sais pas pourquoi brusquement m'est venue l'envie de m'échauffer un peu, marre de dissimuler peut-être, ou à l'opposé l'idée de m'aider, fugace, à la retrouver huit ans plus tôt. C'était farandole assurée quand elle et moi étions dans la même salle, farandole de regards complices parmi les visages amis et banals, et coups d'oeil tout en méfiance aussi, vous-ai je parlé de sa jalousie, de ce sentiment qui fait que les femmes, en une occasion au moins, se ressemblent toutes, à ne pas déguiser leur haine sous un camouflage de compréhension bidon. Quelques mois, pas davantage, au moins ignorerions-nous l'usure, mais de cela voulait-il me parler? Et que me dire? Maintenant grand-pères, lui comme moi, deux silhouettes déjà voûtées et comme unies à la flammèche de son rire à elle, éclatant et communicatif, il nous semblait résonner, tout prêt à libérer la dérisoire armée de nos amours, d'argile cisaillée.

                                            Il ne m'a rien dit cet après-midi de janvier et moi non plus. Fervent adepte d'une hypocrisie salvatrice, je décidai de le laisser vieillir avec de moi une belle idée, une idée de loyauté. Je lui devais bien ça, à lui qui avait fermé les yeux sur nos mensonges de deux ou trois saisons. les plus belles de la vie de sa femme, que mi poète mi soudard j'avais annoblies. Voir dans mes yeux une lueur du bonheur enfoui et de la gaité d'antan lui suffisait pour embaumer le souvenir de notre bien commun dont curieusement je peine à me rappeler le prénom. Je la nommais, moi, je la nommais...Je crois que c'était unique. N'en parlons plus.

* Merci à Louis Aragon. Merci à Alain Souchon.

 

 

4 janvier 2014

Les plumes ...by Asphodèle: Un acte fondateur

                                 Au menu de la Saint Sylvestre, et qu'elle en soit vivement remerciée, Asphodèle a dressé une  jolie table dont les couverts sont les dix-sept mots suivants: artiste-univers-expression-mystère-délivrance-peinture-invention-monde-résistance-don-innovation-agité-créateur-unique-traverser-turbulence-tangente.

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                                  Tout ça lui semblait un peu court. Que manquait-il donc à son grand oeuvre? Mystère. Pourtant les fourmis, agitées comme des puces, avaient déjà ce don perfide de se faufiler partout, jusque dans sa barbe. Quelques crocodiles traversaient en d'incessants aller-retour et sans la moindre larme ce fleuve,était-ce le Pactole ou le Léthé, et que n'effrayaient pas les aquatiques turbulences. Là-haut les pierres restaient de pierre et ne menaçaient pas de prendre la tangente.Sans se prendre pour un artiste de droit divin il n'était pas mécontent de l'expression générale du grand tableau qui lui tenait tant à coeur. Mais, "bon Moi-même" s'excitait-il un peu, "Je sens comme une résistance, là, qui empêche ma plénitude".

                                 Etait-ce cette pomme dans le verger d'abondance, à peu près ronde comme ce monde tout nouveau et qui lui inspirait un brin d'inquiétude? Etait-ce cette hésitation à conclure? Et si son génie créateur, après quelques milliers d'années , était rapidement contesté, voire vilipendé?Le week-end imminent, il lui fallait en sortir avant les heures de pointe et il s'ingénia à mettre la touche finale, d'un coup de limon, à cette double innovation, couple qu'il espérait moteur d'un univers flambant neuf.

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                                  L'heure de la délivrance,enfin. Chantonnant, le pas vif et se sentant d'appétit, il imaginait déjà, et pourquoi pas à juste titre, de grands maîtres de la peinture donner vie sur la toile à son invention. Un moment unique. Une petite crainte cependant, et si ces satanées fourmis, l'ajectif est peut être maladroit, avaient attaqué la pomme, voire l'avaient fait choir jusqu'aux sauriens insatiables? Rassuré, il vit que le fruit demeurait ferme et bien planté sur une branche elle-même solide. Tout allait pour le mieux.

P.S. Merci à M.A. Buonarotti

                                 

 

14 décembre 2013

Les plumes... by Asphodèle: A l'origine

                                           Asphodèle, notre chère hôtesse es poésie a recueilli cette semaine le panier suivant: miroir-nature-nocturne-lumière-vénéneux-délicatesse-piano-contemplation-temps-bouquet-éphémère-ensorceleur-intérieur-sulfureux-déesse-rouge-couleurs-ruissellement-ravir-rosée.

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                                          L'histoire était abracadabrante, une sorte de feuilleton exotico-fantastique,sur une ancestrale télé noir et blanc épaisse de soixante centimètres. Une déesse cachée dans la montagne au coeur d'une île nantie d'un volcan dont les sulfureux méandres,qu'on imaginait d'un rouge de sortilège malais, exigeaient régulièrement leur obole de vies humaines. Un truc toc digne des plus médiocres pulp fictions,couleurs criardes sur un papier bon marché.En ce temps-là les enfants avaient, je crois, la contemplation plus facile et ne rechignaient pas à rester sur des images un peu chiches plus de quinze secondes. Dans la maison grand-maternelle à l'intérieur d'odeurs mêlées de confiture et de sueur, c'était comme une initiation à l'aventure,  un miroir de mes goûts en devenir, la première invite à l'imaginaire, celle qui devait devenir ce ruIssellement pelliculaire qui ne fit que grandir. Une version King Kong au rabais,sans la poésie de l'ensorceleur chef d'oeuvre de la R.K.O.

                                         Le livre, amputé de ci de là de quelques pages, je l'avais récupéré au grenier parmi les noix à sécher. La nature gourmande des loirs s'était avérée bibliophile avant moi.Cependant les rongeurs n'étaient pas venus à bout du Connétable de Chester dont la couverture presque intacte, des hommes d'armes rudes d'apparence, s'inclinant devant une gente dame au hennin cramoisi et à la délicatesse altière, m'a ce jour-là mis le pied à l'étrier du vice impuni de la lecture. La tranche d'un livre,ce jour d'enfance,dessina la lumière qui me viendrait de ces noms chantants et quelquefois vénéneux, gentils amphitryons ou cerbères menaçants, passeurs d'émotions, précepteurs, révélateurs, tout sauf éphémères.

                                       Le Nocturne de Schubert, trio pour piano, violon et violoncelle en mi bémol,opus 148, D 897,par contre,je ne sais plus ni où il m'a meurtri pour la première fois, ni quand il m'a ravi définitivement, matutinale rosée ou crucifiant crépuscule au noir bouquet.

http://youtu.be/p9sd1N4Ssd4  Nocturne en mi bémol    Collard,Dumay,Lodéon

 

 

2 novembre 2013

Les plumes... by Asphodèle: Obsidienne que pourra

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                               Une provision de mots en cette fin d'octobre,elle nous vient d'Asphodèle,merci pour ces 22 vocables: angoisse-silence-assourdissant-rue-paix- musique-exister-ténèbres-se ressourcer-naviguer- espace-bienfaisant-errance-vide- partager-austral-assis-ambivalence-manque-obsidienne-onde-orage.

                              J'aime bien les chansons sur la solitude et je les aimerais encore plus si même sur de la musique les auteurs pouvaient éviter de faire rimer cette solitude avec habitude.C'est vrai que sous toutes les longitudes l'attitude de ces mêmes auteurs est de donner toute latitude à une sorte de vide confinant à l'hébétude.Moi si j'osais,si j'osais...

                               Si j'osais écrire une chanson où il serait question de solitude j'évoquerais la mienne mais aussi la vôtre.A les partager seraient-elles moins lourdes et nos angoisses bénignes? J'imaginerais l'homme assis, un banc, un bar, car l'homme assis est plus seul que l'homme debout qui, lui, a pris la décision d'exister enfin un peu, verticalité oblige,qui permet malgré l'impasse tragique de réinvestir un soupçon d'espace et de naviguer jusqu'à un coin de rue,dont je me souviens. Parce qu'on se souvient tous d'une rue,d'un quartier, d'une ville, d'une jeunesse, et d'un manque cruel de pépites sur la route. Or, sans ces petits cailloux au bord du chemin, dont l'éclat pourtant souvent modeste éloigne pour un temps les ténèbres, sans quelques onces d'ondes légères et prometteuses, point d'alternative salutaire à notre irrémédiable déréliction.

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                              Si j'osais j'intitulerais cette chanson  "La solitude est un cercueil de verre" * mais quelqu'un d'autre l'a déjà dit. Le titre était si beau, j'aimais bien aussi "La solitude du coureur de fond" ** mais quelqu'un d'autre l'a déjà dit. Seul le silence est grand et la paix qui en découle. Mais quel abyssal ennui. Alors se taire et fuir pour les splendeurs australes où se ressourcent,nantis de candeur, des hommes aux traits trop bienveillants? Là où le ciel crache des obsidiennes en d' assourdissants orages se sent-on moins engoncé, en habits neufs d'empereur ou en guenilles, dans l'ambivalence annoncée d'une si longue nuit d'errance,celle qui se joue des hémisphères?

* Ray Bradbury, ** Alan Sillitoe

Toute image qui risquerait  de léser quelqu'un sera immédiatement retirée de  cet article.

Allez Valentyne                   

wombat1
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