Que viva Serguei!
Sous ce titre farfelu qui n'est pas sans évoquer une célèbre émission critique deux hurluberlus cinémaniaques dont votre serviteur ont décidé d'unir leurs efforts pour présenter une fois de temps en temps une double analyse pas forcément contradictoire.Ne croyez pas que Christophe soit uniquement versé dans le film d'auteur façon Palme d'Or et moi dans le blockbuster anabolisé.Ne croyez pas le contraire non plus.Et puis,après tout,croyez ce que bon vous semble.De toute façon on ne se connaît pas,lui et moi.On ne se connaît pas mais on ne s'ignore pas non plus.Mais je crois que nous n'avons guère d'à priori,guère,et nous savourons Bergman et Robin des Bois,Tex Avery et Jean-Luc Godard,Mizoguchi et Rossellini,et bien d'autres encore, muets, musicaux, silencieux, bruyants, drolatiques, dramatiques, anciens,très anciens,récents,très récents (pour moi,pas sûr).Nous nous connaissons surtout une passion cinéma galopante,souvent en noir et blanc,et la moindre pellicule peut nous émouvoir ou nous fâcher tout rouge. Je sais que Christophe a à coeur de faire partager son enthousiasme et qu'il a la rigueur d'un véritable historien du cinéma,avec des compétences techniques que je n'ai pas.Je sais que quelque part en Bourgogne il hante les salles obscures (pour les vignobles j'avoue ne pas avoir d'informations),présentant et disséquant le Septième Art.Pour ma part,probablement nettement plus âgé,j'ai animé pas mal de séances cinéphiles,sans y trouver toujours mon compte.Il faut bien admettre que le spectateur plus ou moins estampillé Art et Essai,très ouvert forcément (?) n'aime pas beaucoup la contradiction.Un jour j'ai émis quelques légères réserves sur un film de Ken Loach.Crime de lèse-majesté,on ne touche pas à l'icône.Bien sûr je suis parfois buté et tout aussi mauvaise foi que les autres,mais s'il faut permettre aux autres ce que l'on s'autorise la vie devient fardeau.Bref j'arrête là mon métrage avant que vous ne le trouviez trop long et vous invite à parcourir nos bêtises,nos ratiocinations et nos engouements pour l'attraction de foire des Méliès,Lumière et quelques autres (déjà là,si on veut il y a débat) qui répond au joli nom de Cinématographe qu'on a,faute de temps raccourci en cinéma,en ciné,en ci (euh non,pas encore). Moi,j'aime bien le côté "graphe" mais c'est vrai que l'écriture est aussi une de mes passions.
Quelques lignes sur le contexte car Christophe,de sa rigueur coutumière,vous présentera ça bien mieux. Le tropisme de Hollywood n'a épargné personne pas même Eisenstein.Il serait plus juste de dire qu'Eisentein n'avait pas l'intention d'épargner Hollywood.Fin 1929 la réputation sans pareil du Cuirassé Potemkine lui vaut une invitation par la Paramount.Eisenstein débarque avec ses deux bras droits,Edouard Tissé et Grigori Alexandrov.Les deux premiers projets,adaptés de Cendrars (L'or de Sutter) et du grand romancier américain Theodore Dreiser (Une tragédie américaine) ne verront jamais le jour,frilosité des producteurs devant les idées d'Eisenstein.Ce dernier rencontre alors Upton Sinclair,l'écrivain,socialiste et riche.Il s'intéresse au projet.Aidé d'artistes mexicains dont le peintre Diego Rivera Eisenstein parcourt le pays et tourne,tourne....Les rushes envoyés à Sinclair semblent lui convenir juqu'à son revirement en 1932. Inachevé, amputé de son quatrième épisode Que viva Mexico rejoignit la cohorte des films maudits. Eisenstein ne revit jamais la totalité des pellicules tournées au Mexique.Au delà des tribulations du film Christophe et moi vous présentons nos sentiments au sujet de cet objet filmique curieux et nécessaire.
La version présentée de Que viva Mexico! serait la plus proche de l'idée d'Eisenstein.Grigori Alexandrov, seul survivant à l'époque du triumvirat,raconte ce que vous en a écrit Christophe (du sérieux) et nous présente le pays. L'aigle ramène à l'Empire et les cactus à la terre souvent aride de ce grand pays qui de tout temps fut champion des inégalités.On a vite une idée de la trame qu'Eisenstein voulait pour son film.Amalgamer toute l'histoire du Mexique,de l'Amérique précolombienne aux années contemporaines en passant par la Conquista espagnole.Une histoire à l'échelle d'un semi-continent,où le grotesque le dispute au tragique.Il est des films comme une symphonie mais Que viva Mexico! a l'ardeur d'un oratorio,de feu et de sang,de danse et de mort. Nous y reviendrons.Souvent.L'influence des peintres mexicains et la formation esthétique d'Eisenstein ont fait merveille.
Prologue
Minéralité,maître mot avec l'éternité de Que viva Mexico! qui mêle ainsi des pierres,des dieux,des hommes en un carnaval somptueux d'images et de symboles.Les sidérantes similitudes entre les visages des Indiens et les statues multiséculaires des pyramides aztèques,ces traits se confondent en un montage inoubliable. Et ces hommes assis drapés d'une couverture,et ces silhouettes escaladant les parois de ces pyramides lourdes,dégageant une forme d'austérité malgré la présence d'idoles dont les masques se retrouveront dans les différents fiestas mexicaines. Starring la Mort, ai-je écrit plus haut.Car c'est peu dire que souligner l'omniprésente camarde au long des rites funéraires et d'une certaine langueur méphitique.
Cette langueur confine à la paresse,une paresse princière que celle des pirogues indiennes, coulant, nonchalance apparente parmi les animaux du crû,singes trépidants,crocodiles et couguars.Le hamac où se love la jolie fille dévêtue ( c'est l'une des plus belles scènes nues que j'aie vues) et ce parfum lascif du Mexique tropical incitent au rêve d'un temps immémorial.
Sandunga
Nous sommes encore avec ce premier épisode dans ce Mexique hors du temps et profond,Tehuantepec ou le rêve des jeunes filles.Le sourire de la fille nous invite à la fête prochaine.Elle s'appelle Concepcion et la voix off décrit avec une force documentaire les préparatifs à son mariage avec Abundio.C'est un Mexique de la joie,d'une joie de labeur malgré tout car la vie y est rude.Mais c'est un Mexique où la valeur solidarité signifie quelque chose.Peu à peu Concepcion s'est constitué un collier d'or.Il manque encore une pièce pour pouvoir se marier.Le travail,la cueillette dans ce pays de fruits,ananas,bananes,très présents tout au long de l'épisode,y pourvoiront.L'or ramène évidemment au si douloureux siècle des conquistadors qui baigne le pays tout entier.L'or,le meilleur et le pire.
Le village fonctionne en partie selon le matriarcat.Les mères et les marieuses supervisent et la dot et les costumes confectionnés pour ce beau jour.Le regard d'Eisenstein sur ces modestes semble tendre et rousseauiste, c'est du moins l'impression que j'en ai retirée,à voir et revoir,pas très éloignée d'un Robert Flaherty,peut-être.Passage obligé sur le marché très coloré comme il se doit (ça c'est un fameux cliché),mais comment dire les choses autrement bien que Que viva Mexico! soit un film en noir et blanc? Les femmes passent,panier sur la tête,civilisations ancestrales et universelles.Pour les bijoux du collier le compte est bon.Triple ban pour les épousailles.Robes immaculées,foulards et couronnes de fleurs.Les animaux sont de la fête,volailles dans les bras,cochons sur les épaules des hommes pour un défilé.Agapes et la danse,la grâce et la simplicité d'un monde encore figé derrière les immanquables masques.Et chaloupe le rythme de la Sandunga,le chant des rêves des jeunes filles.Sur cette place en fête sous les feux d'artifice Eisenstein enchaîane avec un hamac de tendresse,Concepcion et son mari,et l'enfant au sourire de miel.
La Fiesta
Tout à la fois fêtes de la Vierge de Guadalupe et du Sang Versé de la Conquête espagnole,ces journées de liesse sont cependant d'un registre assez différent,faisant écho plus porofondément au lourd passé colonial du Mexique,bien plus ancien, ne l'oublions pas,que celui de l'Afrique.Sur les lieux mêmes des pyramides aztèques les Espagnols ont souvent édifié leurs églises,ce qui avait l'avantage de ne guère changer l'itinéraire ainsi immuable des pélerins qui n'avaient donc qu'à modifier leurs idoles.Encore les cultes se mélangèrent-ils la plupart du temps sans trop d'analyse.Le paganisme fut ainsi brûlé au fer rouge.Eisenstein réussit un plan de toute beauté sur quelques moines et quelques crânes.Eisenstein en personne se souviendra de ces images dans Alexandre Nevski.
On n'en finirait pas d'ailleurs de citer les influences de ce film.La reconstitution de la Passion du Christ est hallucinante avec l'ascension des pélerins accroupis, jeunes hommes en blanc,véritable chemin de croix,et ce Golgotha de où montent les condamnés à la crucifixion,trois hommes en noir,tiges de cactus sur les épaules, incarnant Jésus et les larrons.Probablement Luis Bunuel a vu Que viva Mexico!.Telle un mystère sur un parvis médiéval,la première partie de La Fiesta est un monument de cinéma qui impressionne celui qui croit au ciel comme celui qui n'y croit pas.
La danse macabre suit la colline tragique.Et tournent ainsi la mort,les diables et les dieux.Federico Fellini a dû voir le film.Emplumés,empanachés,les masques virevoltent.Et si la reine de la fête n'était pas la Vierge de Guadalupe mais la Mère des dieux païens d'Amérique latine,autrement maléfique.La question ne laisse pas d'inquiéter.Mais en terre hispanisante tout finit par des toros.Je ne connais pas le point de vue d'Eisenstein sur l'art taurin (?) mais le grandiose et l'humble le disputent au grotesque.Certains en prôneront l'élégance,la ceinture que le matador enroule sur ses reins en un geste de diva,ou la piété filiale,la bénédiction de la mère à ses fils qui vont défier le toro.Enfin dans ces arènes,sponsorisées par des alcools français entre parenthèses, chacun se fait sa thèse.La mienne étant plutôt d'y voir des histrions sur le sable et des pâmoisons dans les tribunes.Cette sarabande des pantins,fort bien filmée,conduit sous les ovations vers la fin des réjouissances et le corso fleuri des calmes embarcations, pause bienvenue avant les derniers plans de l'épisode.Les péones, adossés aux hauts murs de l'hacienda,entonnent leur chant triste de labeur,leur blues à eux,leur fado.Un milicien dans l'encadrement de la porte,John Ford a dû voir le film.Et le portrait de Porfirio Diaz.
Maguey
Le maguey est l'arbre duquel les paysans aspirent le suc pour faire cette eau-de-vie couleur laiteuse qui accompagne la vie des Mexicains.Dans cet épisode situé au début du siècle sous la dictature de Diaz Eisenstein a évidemment choisi son camp,celui de la Révolution,à travers le drame de Sebastian dont la fiancée Maria,en vertu d'une sorte de droit de cuissage a été abusée par un invité lors de sa présentation au maître selon l'usage.La révolte de Sebastian et de quelques amis est alors filmée avec rage,après les plans pourtant paisibls de Maria et Sebastian ouvrant le chemin des champs de Maguey,sous de lourds nuages malgré tout.Sergio Leone a dû voir Que viva Mexico!.Dans cette sorte de western,éternelle histoire de vengeance et de représailles,la fille du propriétaire trouvant la mort dans la fusillade,le montage alterne les symboles brutaux, éperons, gants, fouets.Le chapeau de la fille roule comme un certain landau...
Arrêtés, les paysans sont amenés sur la colline,une autre colline pour un autre calvaire,Sam Peckinpah a dû voir cette scène.Enterrés jusqu'au cou les trois hommes vont subir leur martyre.Images inoubliables,notamment ce plan moyen d'un cavalier paresseusement couché sur le dos sur son cheval tandis que les malheureux sont poussés dans leur fosse.J'ai pas mal consulté de documents sur Que viva Mexico!.Certains évoquent Mantegna et le Quattrocento.
Sebastian finit par s'incarner ainsi en une sorte de figure christique.Il est étonnant de voir qu'Eisenstein, plutôt ennemi de l'orthodoxie religieuse,et d'autres orthodoxies d'ailleurs,Eisentein, ce Letton venu du Nord et de l'Est, a assimilé les différentes piétés indiennes et en a fait des valeurs presque universelles.Maria,tout en noir,sur les lieux maudits m'évoque immanquablement les femmes des pêcheurs siciliens.Le Visconti de La terra trema,a dû voir Que viva Mexico!.
La Soldadera
Interrompu, le tournage en restera là.De La Soldadera,quatrième épisode,ne subsistent que quelques photos sur les femmes des soldats,et leurs enfants, promesse d'avenir dont il faudra se contenter.Le réveil du Mexique, du volcanique Mexique,est en marche.En marche jusqu'où,je ne sais,il y aurait à dire du Mexique contemporain, qui fut lontemps dirigé par un Parti Révolutionnaire Institutionnel.
Epilogue
Bienvenue au festival de crânes.La voici enfin,grande vedette pour le Jour des Morts.La Camarde en personne,superstar dans ce pays qui s'en abreuve,qui sait ce qu'est la violence.Les affiches s'affichent,elle est partout.C'est le temps des crânes qui jouent la castagne,des bougies ,des fruits sur les tombes,des amours dans les buissons des cimetières.C'est le temps de la danse,déhanchements endiablés, sardanes ou tarentelles,.Les enfants s'endonnent à mort joie. Manèges, carnaval, pantins,c'est la noria des cercueils en chocolat et des cadavres exquis,c'est le cas de le dire.Sous les chapeaux les crânes,et sous les ceintures cuisses et croupes légères.Eros et Thanatos,vieux duo de music-hall.
Ce n'est pas tout à fait le culte de la mort.C'est sa victoire qui se transforme en déroute.Ce n'est plus la vénération des idoles de pierre.Dans la goguette des squelettes le Mexique méprise la mort,la ridiculise et finit par en triompher par la dérision.Curieux comme ça donne envie de bouger.Pui tombent les masques,celui du gendarme,de l'évêque,du gouverneur,du ministre.Voilà les vrais cadavres ,ceux de la société ancienne que semble enterrer Eisenstein.Et ces gamins gourmands qui se goinfrent de fémurs-nougats et de sucreries morbides,ne seraient-ce pas les fils de la Soldadera?
http://youtu.be/MkzBQZbGmus Vamos a bailar!
L'aventure de Que viva Mexico! est celle d'un homme qui avec quelques amis a su prendre le pouls d'un universtrès éloigné du sien pour l'offrir au monde entier.Si les dieux du cinéma n'ont pas toujours été favorables les oeuvres inachevées sont souvent les plus belles.
Le site de Claude
Critique de Christophe
En 1929, Serguei Mikhailovitch Eisenstein, qui venait d’achever La ligne generale,quitta l’Union sovietique avec Grigori Alexandrov (son scenariste et assistant) etEdouard Tisse (son chef operateur) pour accomplir un voyage d’etudes -enparticulier sur le cinema sonore- en Europe. Debut septembre, ils gagnerent laSuisse, ou ils participerent a un congres de cineastes independants a La Sarraz.Expulses de ce pays, le trio passa ensuite par l’Allemagne (ou Eisenstein fit laconnaissance de Joseph von Sternberg), la Belgique, l’Angleterre. Fin novembre,les trois hommes arriverent en France ou, pour survivre (ils avaient quitte leurpays avec vingt-cinq dollars en poche), ils accepterent un projet d’un emigre russe, Leonard Rosenthal, qui leur proposa de produire une oeuvre dans laquelle Mara Giriy, sa maitresse, tiendrait le role principal. Mais invite par la Paramounta Hollywood, Eisenstein abandonna en cours de route le tournage de ce poememusical impressionniste, dont il confia l’achevement a Alexandrov. Le resultatn’est pas digne de la reputation de l’auteur d’Octobre. De ce travail alimentaire,il dit lui-meme au critique francais Leon Moussinac :
Vous savez bien qu’il n’y a pas beaucoup (pour ne pas dire plus) de moi la-dedans, excepte les principes et possibilite d’application du son qui y sont popularises.
[…]
En tous cas, on a eu de ce film ce que l’on a voulu on a pu tenir financierement a Paris, jusqu’au voyage transatlantique
. Il dut neanmoins assumer la paternite de cette oeuvre,Rosenthal ayant menace de ne pas payer le travail effectue si son nom ne figurait pas au generique.Eisenstein et Tisse quitterent Cherbourg a bord de l’Europa le 8 mai 1930.Quatre jours plus tard, ils etaient a New-York. Apres avoir donne une serie deconferences dans de grandes universites (Boston, Harvard, Columbia, Princeton),ils atteignirent Hollywood le 16 juin, ou ils rencontrerent Chaplin, von Stroheim,Fairbanks, Disney, Griffith, Lubitsch, Flaherty, Dietrich… La Paramount proposaalors a Eisenstein d’adapterLa Tragedie americaine de Theodore Dreiser. Desdesaccords profonds sur le discours du film se firent cependant bientot jourentre le cineaste et le studio americain, qui finit par resilier son contrat le 23 octobre. Le projet echut finalement a Josef von Sternberg (a noter qu’uneseconde version, signee George Stevens, sortira en 1951 sous le titreUne place au soleil, avec Montgomery Clift, Elizabeth Taylor et Shelley Winters). Le 18 novembre, le Departement d’Etat refusa de prolonger le permis de sejour du trio(Alexandrov avait finalement rejoint ses deux compatriotes). Les trois hommesn’avaient plus d’autre choix que de retourner dans leur pays. Une solution se presenta toutefois a eux grace a l’ecrivain Upton Sinclair, qui leur offrit de produire un film au Mexique.
Le tournage de Que viva Mexico ! commenca le 13 (selon Steven Bernas) ou le 14 decembre (Barthelemy Amengual) par des prises de vue de la fete de la Vierge de Guadalupe et d’une course de taureaux, ce qui valut a Eisenstein d’etre arrete par la police (il filmait sans autorisation). Rapidement libere, il rencontra plusieurs artistes mexicains, tels David Alfaro Siqueiros, Roberto Montenegro,Diego Rivera et Jose Clemente Orozco -ce dernier ayant fortement influence l’esthetique de l’episode Maguey (autre nom de l’agave americain)- ainsi que le peintre francais Jean Charlot.Le 14 janvier 1931, l’avion transportant la petit equipe de tournage survolaOaxaca de Juarez au moment precis ou un tremblement de terre detruisait la ville :Le 14 janvier 1931, survint le seisme le plus devastateur de la metropole :de nombreuses habitations s’effondrerent et des edifices publics, tel le Palais du Gouvernement, subirent de graves dommages. Les repliques du seisme semerent la terreur parmi les survivants, et l’on vit les gens dormir dans les rues et les parcs pour ne pas etre surpris par les mouvements sismiques
(
Memorial des
agravios
, Jorge Pech Casanova, 2006). Les images du cataclysme, immortalisee
par Tisse, furent projetees a Mexico huit jours plus tard.Pendant plus d’une annee, Eisenstein parcourut le pays en avion, accumulant un important materiau documentaire. Mais les retards accumules et l’importance des sommes engagees decida in fine Sinclair a interrompre le tournage en janvier1932.Vous savez, ecrivait le 27 janvier le realisateur a Zalka Viertel (scenariste de plusieurs films de Greta Garbo, tel La reine Christine, Anna Karenine ou Marie Walewska), qu’au lieu des quatre mois prevus et d’un budget de 25 000 dollars,qui n’auraient produit qu’un pitoyable documentaire touristique, nous avons travaille treize mois et avons depense 53 000 dollars, mais nous sommes en possession d’un grand film et nous avons developpe l’idee originale. Pour realiser ce developpement, nous avons fait face a d’incroyables difficultes que nous ont causees le comportement et la mauvaise gestion du beau-frere d’Upton Sinclair,
Hunter Kimbrough
. Dans le meme courrier, il reprochait a celui-ci de s’immiscer dans son travail et de le faire passer aupres de Sinclair pour un menteur. Il ne lui
manquait, affirmait-il, que 7 ou 8 000 dollars pour achever son film. Il se disait cependant pres a tout accepter pour le mener a terme. Il concluait en suppliant sa correspondante d’interceder en sa faveur :Aidez-nous, Zalka ! Non pas nous,notre oeuvre, sauvez-la de la mutilation Salka Viertel ne reussit pas a convaincre Sinclair et Mary Craig, sa femme. Pas plus que David O Selznick, qui proposa pourtant de couvrir toutes les depenses deja engagees par le couple et de financer la fin du tournage. Selon Grigori Alexandrov, le choix de Sinclair fut motive par ses ambitions politiques :Alors que nous etions sur le point de terminer les prises de vue
, affirme-t-il dans
Le cinema sovietique par ceux qui l'ont fait, […] Upton Sinclair […] voulant se faire elire gouverneur de Californie, a cru que notre film pourrait nuire a sa reputation lors des elections. Il nous a donc coupe les vivres. Nous n’avons pas pu trouver d’autres subsides financiers. L’ecrivain, pour sa part, donna une explication sensiblement differente dans son autobiographie, expliquant qu’il rompit avec Eisenstein sous la pression de son epouse et de la riche famille de celle-ci.Les trois hommes quitterent le Mexique le 17 fevrier 1932. Ils emporterent avec eux l’ensemble des rushes, pour les monter a Moscou. Selon Alexandrov,la pellicule a ete expediee dans nos bagages et elle arrivee jusqu’au Havre, ou elle a ete saisie et renvoyee aux Etats-Unis a la demande de Sinclair. Eisenstein s’est querelle avec l’ecrivain, qui nous proposait de retourner a Hollywood pour y monter le film. Eisenstein a refuse et n’est retourne en Amerique que pour liquider nos affaires. Barthelemy Amengual indique dans Que viva Eisens que les negatifs furent interceptes a Hambourg. Quoi qu’il en fut, Eisenstein ne pouvait guere protester, son contrat stipulant tres clairement que son travail au Mexique etait la propriete de Mary Craig Sinclair:Eisenstein de plus s’engage a ce que tous les films faits ou diriges par lui au Mexique, toutes les copies negatives ou positives, et tout l’argument et les idees incarnes dans ledit film mexicain, soient la propriete de madame Sinclair, et qu’elle puisse les mettre sur le marche de quelque facon et a quelque prix qu’elle le desire.Qu’advint-il du materiau tourne ? Le scenariste Vsevolod Vichnevski pretendit,dans un opuscule apologetique consacre au cineaste sovietique, que le negatif fut reduit en poudre. En realite, il fut conserve a la cinematheque du Museum of Modern Art de New-York. Mais une partie des rushes furent developpes et montes. Au cours des annees, differentes versions virent ainsi le jour. La premiere, signee Sol Lesser (un producteur de series B, connu notamment pour avoir finance une quinzaine de films de la serie
Tarzan), sortit en 1933 sous le titre Thunder over Mexico. La meme annee, il livra Eisenstein in Mexico, puis Death day, qui reprenait des elements documentaires. En 1939, Marie Seton, une journaliste britannique, biographe du realisateur, et Paul Burnford, presenterentTime in the sun. Steven Bernas reconnais l’applicationdes auteurs de cette tentative a suivre le scenario original. Il ne la regarde pas moins comme une trahison des intentions d’Eisenstein, rappelant que ce script etait un leurre destine a la censure. Ce que confirme un texte du realisateur :
[Cette premiere ebauche]
est naturellement encore superficielle, pas encore affute, pas encore cisele, ni dans ses details, ni dans ses intentions, ni dans ses tendances. Il est meme volontairement edulcore, lisse de toutes les manieres puisque le texte etait destine au groupe coiffe par Upton Sinclair, qui financait l’entreprise et craignait par-dessus tout que le film ne laisse filtrer quoi que ce soit de trop radical. Par ailleurs, tout aussi sourcilleuse a l’egard du scenario, il y avait la censure gouvernementale du Mexique de l’epoque.…] Il nous fallait adoucir le ton du scenario en nous reservant la possibilite pendant le tournage de
developper, de mettre en relief ce qui n’etait dit que par allusion ou au detour
d’une phrase
. En 1958, Jay Leyda (assistant realisateur d’Eisenstein sur Le pre de Bejine , en 1937) monta Eisenstein’s mexican project, un assemblage de rushes dans l’ordre chronologique du tournage.
Grigori Alexandrov
Grigori Alexandrov, de son cote, ne perdit jamais l’espoir que les negatifs du film fussent restitues a son pays. Apres des annees de demarches infructueuses, en raison des tensions politiques de la Guerre froide, ses efforts furent tout de meme recompenses a la fin des annees 1970. Les archives Gosfilm d’URSS en reprirent finalement possession, ce qui permit au scenariste et assistant
d’Eisenstein de proposer sa propre vision, composee a partir des montages de
Lesser et Seton, d’images inedites, du scenario, des ecrits et des dessins de
l’auteur d’Ivan le terrible. Bernas est assez severe sur le travail d’Alexandrov,dont il dit : [Il]a bacle son montage et a signe du nom d’Eisenstein au lieu d’admettre qu’il est le meme faussaire que les autres
. Plus loin, il observe :
Saisir
cette part de pouvoir de l’auteur mort signale de quelle autorite les monteurs
veulent s’emparer. Quel qu’en soit les defauts, c’est cette version que je commenterai ici, car elle est actuellement la plus accessible. C’est surtout la seule que je connaisse…
Avec ce projet, l’objectif d’Eisenstein etait de montrer l’asservissement des peuples primitifs par les colonisateurs de l’eglise catholique
. Un propos qu’il prevoyait de structurer en quatre recits encadres par un prologue et un epilogue,illustrant
grosso modo la chronologie de l’histoire mexicaine.Le prologue met en scene un Mexique eternel,
ou le passe triomphe encore du present, annonce le script. Par une succession d’images d’une puissance visuelle rare, le realisateur s’attache a montrer la ressemblance entre les habitants du Yucatan contemporain et les figures sculptees de leurs ancetres Mayas. Il recourt pour cela au montage alterne, qui lui permet de mettre en perspective
les profils hieratiques des vivants (photo) et les idoles de pierre (photo). Parfois,
il les rassemble dans un meme plan (photo). Comme pour montrer que, malgre l’effondrement des civilisations, l’oppression espagnole, la dictature de Porfirio Diaz, le peuple du Mexique est immortel, puisqu’il survit a toutes les epreuves.Meme a la plus ultime d’entre elles : la mort. Car si
Que viva Mexico ! s’ouvre sur une ceremonie funeraire (l’enterrement d’un jeune homme emmene par les siens a travers une etendue desertique plantee d’agaves), il se clot sur la fete du Jour des morts, ou les Mexicains, apres avoir honore leurs defunts, adressent un pied de nez a la camarde. Une maniere de mieux signifier leur vitalite.Dans le premier episode,Zandunga, Eisenstein celebre justement cette vigueur,a travers un recit impregne de sensualite. Il le situe pour cela dans le milieu primordial de l’isthme de Tehuantepec, qui signifie colline du jaguar en Nahuatl
(la langue des dieux). L’eau en est l’element dominant (photo). Par son caractere
ethnologique, il se rapproche des films de Robert Flaherty. On songe egalement
au Tabou (1931) de Murnau, auquel collabora l’auteur de Nanouk l'Esquimau. On retrouve la meme nonchalance lascive (photo), la meme effervescence des corps(photo) dans un environnement naturel, aquatique (photo) et vegetal (photo), dont se parent les nudites fremissantes (photo). La dimension animale n’est pasabsente. Elle s’incarne notamment dans l’image d’un jaguar observant les deux
amants (photo). Cet animal occupe une place fondamentale dans le pantheon des civilisations mesoamericaines. On l’associe en particulier a la fertilite, theme central de Zandunga.
Le montage d’Alexandrov fait commencer cet episode par la romance entre
Abundio et Conception. Un choix en contradiction avec le scenario, qui le fait
debuter juste apres l’enterrement du prologue :
Le soleil levant envoie son
irresistible appel a la vie. Ses rayons qui penetrent tout s’infiltrent au plus
profond de la foret tropicale ; et les habitants s’eveillent avec le soleil et au son
de la brise marine matinale. Des vols de perroquets crient
(photo),
battent des
ailes bruyamment dans les branches des palmiers reveillant les singes
(photo)
qui se bouchent les oreilles de colere et descendent en courant vers le fleuve. En chemin, ils font tressaillir les venerables pelicans en retrait du rivage
[…].
De jeunes Indiennes se baignent dans le fleuve
(photo)
. Etendues sur le lit sableux et peu profond du fleuve, elles chantent une chanson.
[…]
De petites barques
dessechees par le soleil glissent lentement sur la surface brillante du fleuve photo). Cette liberte -ce n’est pas la seule, comme on le verra- legitime le jugement severe de Steven Bernas sur le travail d’Alexandrov.
La transition avec la seconde partie de ce recit s’opere par deux fondus enchaines d’une grande beaute : une parure de fleurs devient un collier (photo),qui lui-meme epouse -au propre comme au figure- la forme d’un hamac aubalancement duquel s’abandonne mollement un homme (photo). La premiere image symbolise l’amour instinctif, primitif, la seconde l’amour social (le mariage). Le
bijou, constitue piece apres piece par la jeune fille grace a son labeur, lui permettra en effet de trouver un epoux. Le realisateur exalte ici une societe matriarcale ou ce sont les femmes qui travaillent, choisissent leur compagnon,qu’elles accueillent chez elles. A l’inverse, les hommes apparaissent comme des creatures indolentes (photo), le plus souvent releguees au second plan (photo).Sous l’oeil d’Eisenstein, le Mexique est une societe feminine…
Fiesta
est le second episode de la version d’Alexandrov (le troisieme dans le scenario). Il est celui de la confrontation des cultures maya et espagnole. Cette
rencontre est illustree par la fete de Notre-Dame de Guadalupe, celebration
commemorant l’apparition de la Vierge a un indigene du nom de Juan Diego, en
1531. Eisenstein met d’abord en scene une procession se deroulant sur les pentes
d’une antique pyramide. Ce troublant melange de paganisme et de religion nous
montre des penitents gravissant a genoux le Golgotha paien (photo), autrefois
lieu de sacrifices (in)humains. D’autres portent sur leurs epaules une tige de
cactus (photo). Aux convulsions d’un peuple longtemps martyrise par l’Inquisition
(photo), le cineaste oppose ici les visages replets et obscenes des dignitaires de
l’eglise (photo), qu’il compare cyniquement -la encore par un montage alterne- aux
masques sepulcraux portes par des danseurs de la bacchanale (photo) organisee
en marge de la ceremonie religieuse, comme pour annoncer la mort prochaine de
ces oppresseurs. Dans cette sequence, l’influence d’El Greco se fait sentir dans
quelques plans d’une beaute saisissante, qu’il est impossible de traduire par des
mots. On songe, en particulier, au
Saint-Francois recevant les stigmates du
peintre cretois (photo).La confrontation entre les deux civilisations se poursuit avec une corrida, filmee a la maniere d’un ballet, parfois en camera subjective (photo). Dans cet episode ou la violence est erotisee -voir les oeillades adressees par l’une des spectatrices
au matador (photo)-, l’air est l’element primordial, que ce soit au sommet de la
pyramide, concue comme l’ultime etape avant le ciel, ou sur le sable de l’arene,
vibrante de lumiere.
A la cruaute du spectacle se deroulant dans l’amphitheatre repondent, dans
Maguey
, les atrocites commises par les grands proprietaires d’origine espagnole
contre les
peons indiens. Mais si le taureau a finalement toutes ses chances dans
son combat contre l’homme, le peuple n’en a aucune face aux puissants. L’action
se situe cette fois dans les champs d’agaves de Los Llanos de Apam, la principale
region de production du pulque, une boisson issue de la fermentation de la seve
du maguey. Eisenstein aborde dans cet episode le western, avec l’histoire de
Sebastian, un paysan se revoltant pour venger sa fiancee, Maria, victime d’un viol.
Arrete, il se verra inflige, avec deux de ses compagnons, un terrible chatiment :
enterres jusqu’aux epaules (la terre est donc l’element constitutif de ce recit),
ils mourront pietines par les chevaux des hommes de l’
hacendado. Cette scene n’a
rien a envier aux films de Sergio Leone. L’auteur d’
Il etait une fois dans l’Ouest
a-t-il eu connaissance de l’une des versions montees dans les 1930 ? Je ne suis
pas en mesure de repondre, mais la violence brute, frontale, proposee ici (photo),
le traitement visuel, avec de gros plans sur les visages (photo), les regards
(photo), indiquent une parente si evidente entre
Que viva Mexico ! et l’oeuvre de
Leone que le hasard ne semble pas y avoir sa place. A noter que cette sequence
fait l’objet dans le scenario d’une description tres edulcoree, sans doute par
crainte de la censure :
OEil pour oeil… [les peons] paieront leur audace de leur vie.
C’est parmi les magueys ou Sebastian a travaille et aime qu’il trouve sa fin
tragique
.
Pour la partie ethnologique de
Maguey, Eisenstein emprunta a diverses sources
picturales. Une lithographie du peintre Jose Clemente Orozco semble ainsi l’avoir
particulierement inspire. Intitulee
Magueyes, nopal y figuras, elle montre des
ouvriers agricoles cheminant, ployes sous le faix, a travers un champ d’agaves. Le
cineaste ne repugne pas non plus a s’approprier l‘iconographie religieuse. De
meme que
Fiesta faisait allusion a des representations de la Passion du Christ
(photo), l’image de Maria et Sebastian se rendant a l’hacienda renvoie en effet
au voyage de Marie et Joseph a Bethleem pour le recensement ordonne par
Cesar Auguste (photo).
Le sexe, force vitale plus ou moins explicite traversant tout le film, n’est pas
absent de cette section. Il apparait notamment dans les scenes documentaires evoquant la production du pulque, ou l’on voit les peons aspirant la seve de la plante, qu’ils rejettent ensuite dans une calebasse :
Debout au coeur de la plante,
ecrit Barthelemy Amengual,
le coupe-coupe erige a hauteur de sexe, le peon
semblait forniquer avec elle, se mettant, aussitot apres l’avoir percee, a la teter
.
Magueyes, nopal y figuras
, Jose Clemente Orozco (1929, lithographie)
En raison du conflit avec Sinclair, le dernier episode,
Soldadera, ne fut pas
tourne. Il devait avoir pour toile de fond
les incessants mouvements d’armees, de
batailles et de trains militaires qui succederent a la revolution de 1910, jusqu’a
l’instauration de la paix et du nouvel ordre dans le Mexique moderne
. Les
soldaderas
etaient les femmes des soldats de l’armee revolutionnaire. Pour
Eisenstein, cette evocation de la naissance du Mexique libre devait donner au
film son unite et garantir son impact dramatique :
Sans cette sequence, le film
perd tout son sens
[…]. Il n’est plus qu’une presentation d’episodes sans cohesion.
Pour la mettre en scene, il avait obtenu du gouvernement mexicain qu’il mit a sa
disposition 500 soldats, 10 000 fusils et 50 canons. On peut avoir une idee de ce
que projetait le realisateur grace a la lettre qu’il adressa a Zalka Viertel, deja
citee :
Nous aurions alors un film […] avec des scenes de foule qu’aucun studio ne
pourrait pretendre produire actuellement. Imaginez 500 femmes dans un desert
sans fin de cactus, qui trainent, dans des nuages de poussiere, leurs affaires :
leur lit, leurs enfants, leurs blesses, leurs morts, tandis que les suivent les
soldats paysans vetus de blanc et coiffes de chapeaux de paille. Nous montrons
leur entree dans Mexico, la cathedrale espagnole, les palais !
Le feu -celui de la poudre, et, par metaphore, celui de l’embrasement revolutionnaire- aurait sans doute ete l’element fondamental de
Soldadera…
Que viva Mexico! s’acheve sur le Jour des morts. Une fete qui, au Mexique,presente deux faces, telle une medaille : l’une reservee aux commemorations, a la memoire des defunts, aux prieres ; l’autre festive, ou la vie triomphe. Cette victoire sur la mort, les Mexicains la manifestent en se livrant a une exultante danse macabre, ou l’on se nourrit de cranes en sucre (photo), de cercueils en chocolat… Ce depassement carnavalesque de la mort est l’une des raisons du voyage d’Eisenstein au Mexique.
Je l’avoue en toute objectivite et bien sincerement, reconnait-il dans la postface du scenario,
c’est lui, le Jour des morts, ou plutot ce j’en savais, qui m’a inspire bien avant que j’ai l’occasion d’aller au Mexique. Sans doute voyait-il dans cette attitude de defi a la loi la plus implacable de la nature comme un symbole de la lutte sociale. D’ailleurs, si le peuple du Mexique se moque de la mort, il s’amuse aussi a habiller des squelettes de costumes de ministre (photo) ou de generaux (photo), les representants des classes moribondes…
L’epilogue s’interesse particulierement aux fameuses calaveras, ces decorations representant des cranes humains, utilisees le Jour des morts. Souvent en sucre,elles peuvent prendre aussi la forme de lithographies ou d’eaux-fortes, dont les plus celebres, signees Manuel Manilla et Jose Guadalupe Posada, ont a l’evidence inspire le realisateur russe (photo)…e ne me risquerai pas a fantasmer ce qu’aurait pu etre Que viva Mexico ! , siUpton Sinclair avait accorde a Eisenstein les 7 a 8 000 dollars necessaires a l’achevement de son projet. Reste cependant des images d’un lyrisme et d’une beaute rarement egales. Ce qui suffit a placer cesquelette de film parmi leschefs-d’oeuvre du Septieme art. Je terminerai cette chronique assurement trop longue… en ne concluant pas. Car je compte revenir prochainement sur cette oeuvre, via un theme connexe, les dessins mexicains du cineaste. Il convient de rappeler qu’il eut, tout au long de sa vie, une activite graphique intense, et notamment lors de son sejour au Mexique, periode ou se developpa une inspiration erotique parfois dechainee…
Il me reste a remercier Claude pour avoir initie l’idee de ce travail a deux voix (ou a deux mains), qui se renouvellera, je l’espere, au moins une fois par
trimestre.
Que viva Mexico !
est disponible en DVD chez Films sans frontiere, dans une
integrale d’assez belle qualite, meme si le format n’est pas respecte…
Le site de Christophe
Ma note –5/5
A lire :
Que viva Eisenstein ! Barthelemy Amengual (L’age d’homme, 1990)
Les ecrits mexicains de S.M. Eisenstein
, Steven Bernas (L’Harmattan, 2003)
Le cinema sovietique par ceux qui l'ont fait
, Luda Schnitzer, Jean Schnitzer,
Marcel Martin
(Editeurs francais reunis, 1966)