19 octobre 2022

Cinecitta par la petite lucarne

Masse

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                        La couverture du roman de Thilde Barboni nous vient de Belgique. Les enfants de Cinecitta évoque les romans-photos de la fin des années soixante, si courus en Italie. A remettre dans le contexte comme toujours. Mais il faut bien le dire, et Babelio, qui abrite depuis longtemps nombre de mes chroniques, n'y est pour rien, ce roman très fleur bleue n'offre guère plus d'intérêt. Bref pitch. Le roman raconte l'ascension d'un jeune paysan de la campagne romaine vers 1960. Il deviendra un des maîtres du western-spaghetti. Mais attention, pas un Sergio Leone. Non, un modeste réalisateur de séries B, voire de séries Z. Le livre est d'ailleurs dédié à Enzo Barboni (coïncidence de patronyme) alias E.B. Clucher metteur en scène des Trinita avec Mario Girotti et Carlo Pedersoli, c'est à dire Teernce Hill et Bud Spencer.

                         C'est l'unique bonne idée de ce roman, mettre en scène des tacherons plutôt que des maîtres du Septième Art. Le propos est modeste et les clichés vont bon train. Du producteur tonitruant à l'amie d'enfance devenue star à Hollywood rien ne surprendra dans cette bluette que l'italocinéphile que je suis aura souhaité découvrir. De toute évidence pour l'hommage à Cinecitta replonger dans ma DVDthèque eût été plus profitable.

                         A court d'argument pour cette chronique qui tient plus du court métrage que du film fleuve je remercie une fois de plus Babelio. Che vergogna de m'être ainsi fourvoyé. 😊Et pour les films, s'il vous faut vénérer, les trois Sergio sont la référence, Leone, Corbucci, Sollima. 

                     

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21 mars 2022

Gand de fer

Une-ascension

                        Le romancier belge Stefan Hertmans m'avait enchanté avec Le coeur converti. Il nous revient avec un bouquin très original dont le personnage central est une maison, une grande bâtisse au coeur de Gand, que l'auteur a vraiment achetée en 1979. A l'abandon, elle a visiblement connu des jours meilleurs derrière sa grille ornée de glycines. Il y vivra vingt ans et ne découvrira qu'assez tard qu'elle fut la propriété d'un SS flamand, très zélé collaborateur du Reich avant et pendant la guerre. Très original, Une ascension parsème le récit de quelques photos de cette fameuse maison et de la ville de Gand lors de ces années de plomb, certains dont Willem Verhulst étant particulièrement engagé puis compromis dans la sympathie avec Berlin. 

                      Stefan Hertmans nous immerge ainsi dans la vie quotidienne de cette famille, le père, plus que dévoué collaborateur de l'occupant (nazi pendant les guerres, et catholique entre elles, dixit Jacques Brel), la mère, Mientje, pas du tout du même bord, et leurs trois enfants. Et c'est toute la logique de collaboration que l'on comprend, à observer Wilhelm, entraîné dans le toujours plus de compromission. Malgré tout il restera un semblant de lien familial au travers de ces conflits culturels, linguistiques, etc.

                     Et après avoir lu Une ascension, avec sa chute bien entendu, il me vient à l'esprit quelque chose de curieux. J'habite non loin de la Belgique. Et pourtant je n'y suis que très peu allé. Comme si c'était un pays exotique, très différent du nôtre. Je crois que c'est le cas. Le magnifique roman de Stefan Hertmans et cette grande maison gantoise, sombre et peuplée de fantômes, en est le personnage central. On y entre par effraction, et l'on est fasciné. L'âme humaine n'y est pas grandie, elle est ainsi. Et comme je l'ai écrit souvent, les guerres sont des périodes difficiles, les avant-guerres ne sont pas commodes et les après-guerres déchantent méchamment. Le reste du temps ça va.

                   Une trentaine de petites photos, très judicieuses, s'avère une excellente idée qui convient particulièrement au sujet. Des photos de famille, des lieux emblêmatiques, quelques objets aussi, certains très marqués du sceau de la solide incursion nazie au pays de Belgique. 

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27 mai 2019

Passage très moyen

trouble

                                        Trouble du belge Jeroen Olyslaegers est-il le grand roman sur la Belgique sous coupe allemande des années quarante? Certains le pensent et l'ont écrit. Tel n'est pas mon avis. On saisit bien l'objectif de l'auteur: donner une moche image d'une moche période. l'occupation est un temps béni pour les différentes pourritures, rarement nobles. Ces confessions d'un salaud dans Anvers, ville de diamants donc forcément... "enjuivée"(attention, je cite), ne sont guère sympathiques. C'est vrai que ce n'est pas le sentiment attendu dans un ouvrage au ton acerbe et vaguement célinien.  Un vieillard raconte ses années sous la botte nazie à son arrière-petit-fils. Il est policier et fréquente aussi bien le milieu que quelques résistants. Parfois on mélange un peu les deux. Le roman justifie ainsi son titre.

                                        Personne ne sort vainqueur de cette confrontation de basse-fosse et j'ai vraiment trouvé peu d'intérêt à cette histoire de rancoeurs et de bassesses. Abusant de flash-back, et finalement assez confus à mon idée, Trouble est un livre monologue, le monologue d'un Will presque sénile, qui a mal vieilli mais qui de toute façon n 'avait déjà pas été un jeune homme très intéressant.

Prisonniers du paradis par Arto Paasilinna

                                        Si j'ai peu publié depuis un moment c'est que l'habitude est devenue un peu maussade, et mes derniers choix peu éclairés. Je reste néanmoins un lecteur presque compulsif et parmi les livres lus récemment  je passerai vite sur mon au revoir au grand Finlandais Arto Paasilinna, disparu il y a peu. Il m'avait enchanté il y a une quinzaine d'années. Mais Prisonniers du paradis m'a désenchanté pour un moment du rude géant finnois. Ca se passe sur une île déserte, il y a des survivants nordiques et un stock de stérilets dans les cales de l'avion. il y a des infirmières et des techniciens. Voyez vous-mêmes.

Fugues par Shiner

                                  Par hasard, et pour 79 centimes d'occase j'ai lu Fugues de Lewis Shiner, roman datant d'une vingtaine d'années. M'avait attiré l'idée de se pencher sur ces fantastiques mois rock de la toute fin des sixties à travers une histoire qui bascule dans un fantstique de pacotille. Seul intérêt véritable avec Ray Shackleford, spécialiste hi-fi dans les années 90, en crise bien évidemment, il permet de revenir sur les mythiques albums posthumes, souvent plus ou moins bidonnés, de Jim Morrison et Jimi Hendrix, et sur le Smile de Brian Wilson finalement publié 40 ans plus tard. Sachant que pour des individus de ce calibre rien ne compte que les écouter.

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15 novembre 2018

L'épopée de Vigdis

le coeur

                               Je ne connaissais pas du tout cet auteur belge. Quelle révélation! Le coeur converti est un roman superbe où Stefan Hertmans mène l'enquête sur la fuite, au Moyen Age, d'une jeune chrétienne avec un fils de rabbin. Fin du XIème siècle, parti de Rouen pour rejoindre la communauté juive de Narbonne, le couple en fuite va se trouver poursuivi par les soldats chrétiens à la solde de son père normand. Elle s'appelle Vigdis, et blonde nordique, va changer de nom, Sarah d'abord, puis Hamoutal, après avoir épousé David. Leur voyage les ménera dans le village vauclusien de Monieux, dans une bien rude arrière-Provence.

                              C'est aussi dans ce village que vit une partie de l'année Stefan Hertmans, auteur néerlandophone d'une prose lyrique et somptueuse qui amalgame la grande histoire, celle des invasions et des pogroms, celle aussi des religions. La documentation pourtant impressionnante n'est jamais écrasante et l'héroïne est bien réelle à nos yeux. Femme qui conquiert une certaine liberté mais se heurte bien vite aux intolérances de tous ordres, Hamoutal aura le destin, tout de violence et de mystère, qui sied à ce qui est aussi un roman d'aventures.

                              Ceci n'empêche pas Le coeur converti de nous éclairer sur la vie au quotidien d'une petite communauté juive au début des croisades ou sur les voies  de communications du nord et sud, puisque la fuite d'Hamoutal nous entraîne jusqu'à Fustat Misr (Le Caire). Juive par son mariage, les yeux bleus des Vikings, ballottée par le destin, mère d'enfants qui lui échappent, elle connaitra une vie tumutueuse et bien peu de répit. Prodigieusement documenté, ce roman se base aussi sur quelques rares traces écrites véritables et l'authenticité de ce roman historique (j'hésite car c'est souvent un peu péjoratif) est indiscutable. Stefan Hertmans a refait ce périple, au plus près de Vigdis malgré les siècles.

                              Ecoutez commme il parle du grand fleuve. Le Nil est tel une fleur de lotus, disaient les anciens; la vallée au sud est sa tige, le delta au nord sa fleur galbée, et la plaine de Fayoum est comme un bouton de fleur fermé sur sa grande tige. Hérodote considérait l'Egypte comme rien de moins qu'un cadeau du Nil; mais ce lotus géant, qui avait insufflé la vie à l'Egypte, était aussi un organisme violent, mortel. Ou de Cambridge, Angleterre, en 2018. Sur la rivière des guides à bord de leurs punts-des petites barques qu'ils font avancer en enfonçant une perche dans l'eau peu profonde de la Cam-font de leur mieux pour imiter Venise. Telle est la vie des vieilles élites, un peu étrangère à ce monde et charmante, on est au centre de cercles civilisés anciens qui s'obstinent à prétendre que la moitié du monde n'est pas en feu.

                           Le coeur converti est l'un des plus beaux romans de l'année à mon avis. Et c'est un livre qui s'adresse à tous, intelligent et érudit, tonique et émouvant.

                             

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12 mai 2016

La poésie du jeudi, Georges Rodenbach

Poésie du jeudi

L'aquarium est si bleuâtre, si lunaire

L'aquarium est si bleuâtre, si lunaire ;

Fenêtre d'infini, s'ouvrant sur quel jardin ?

Miroir d'éternité dont le ciel est le tain.

Jusqu'où s'approfondit cette eau visionnaire,

Et jusqu'à quel recul va-t-elle prolongeant

Son azur ventilé par des frissons d'argent ?

C'est comme une atmosphère en fleur de serre chaude ...

De temps en temps, dans le silence, l'eau se brode

Du passage d'un lent poisson entr'aperçu

Qui vient, oblique, part, se fond, devient fluide ;

Fusain vite effacé sur l'écran qui se vide,

Ebauche d'un dessin mort-né sur un tissu.

Car le poisson s'estompe, entre dans une brume,

Pâlit de plus en plus, devient presque posthume,

Traînant comme des avirons émaciés

Ses nageoires qui sont déjà tout incolores.

Départs sans nul sillage, avec peine épiés,

Comme celui des étoiles dans les aurores.

Quel charme amer ont les choses qui vont finir !

Et n'est-ce pas, ce lent poisson, une pensée

Dont notre âme s'était un moment nuancée

Et qui fuit et qui n'est déjà qu'un souvenir ?

Georges Rodenbach (1855-1898)

Georges_Rodenbach,_portrait

                                       L'univers du Belge Georges Rodenbach ne se limite pas au roman relativement célèbre, bien qu'assez peu lu finalement, Bruges la Morte. Lisant quelques-uns de ses textes j'ai aimé cet univers qu'il faut cependant déguster modérément. C'est que cet auteur, au moins dans de nombreux poèmes, fait preuve d'une grande sensibilité mais qui frise souvent le morbide. Homme de canaux et de brouilllards nordiques, de dimanches en sombre, de carillons un peu démoralisants, j'ai trouvé que certaines chansons de Brel partageaient cette mélancolie. Ami de Mallarmé et de Claude Monet, Georges Rodenbach a beaucoup vécu à Paris. Une appendicite l'emporta à 43 ans vers le Père-Lachaise.

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07 octobre 2013

Rudoiement belge

bELLADONNA

                                           Présenté à l'époque comme un très grand écrivain souvent évoqué pour le Nobel,je n'avais jamais abordé Hugo Claus,nanti d'une oeuvre foisonnante et peu suspect de sympathies flandriennes. Drôle de bonhomme que Hugo Claus qui subit très jeune l'influence d'Antonin Artaud,du rude,qui laissera des traces chez ce touche à tout, poète, romancier, auteur de théâtre et même cinéaste. Roman tardif de Claus, Belladonna, dont je ne sais s'il est vraiment représentatif de l'univers de Claus,je pencherais pour l'affirmative, ne  m'a pas donné envie d'aller un peu plus loin.Même Le chagrin des Belges, semble-t-il son livre majeur,n'aura pas ma visite.

                                         J'étais pourtant un peu attiré par le thème de la comédie culturelle auquel je peux être sensible,ayant sur ces mêmes acteurs de la vie dite culturelle une opinion pour le moins mitigée. Snobisme et arrogance y étant souvent de mise avec une certaine démagogie parfois habilement déguisée, j'ai là dessus pas mal de recul. Claus, provocateur de longue date, anticlérical jusqu'au grotesque, et vitupérant le pouvoir flamand tout néeerlandophone qu'il écrive, est un féroce, parfois drôle mais pas assez souvent. Pas assez souvent pour m'intéresser vraiment. A trop meurtrir on me fatigue.

                                         Le monde où clabaudent les personnages de Belladonna ne souffre pas d'exceptions. Les politiciens flamands y sont corrompus ,les scénaristes ventrus et malhonnêtes, les femmes très "femelles", abjection à tous les étages avec un vieil acteur incontinent, cabots au sens propre et figuré pourvoyeurs d'étrons. "Salut à toi,Dame Bêtise,toi dont le règne est méconnu.Salut à toi,Dame Bêtise,mais dis-le moi,comment fais-tu?" chantait un autre Belge guère plus flamandophile et né quatre jours avant Claus. Hugo Claus fut en 2008 la première célébrité  belge à choisir le départ volontaire assisté. L'autre grand Belge natif d'avril 29, lui,qui chantait à la Mort "J'arrive,bien sûr j'arrive,n'ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver" était parti depuis 30 ans déjà.

Jacques Brel - L'air de la bêtise - Paroles (Lyrics)

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10 septembre 2013

Table d'hôte

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                                           La table a souvent servi de décor,de (s)cène en littérature et au théâtre.Le souper, Le dîner de cons, Le festin de Babette,etc... L'auteur néerlandais Herman Koch nous la sert style film danois Festen.Deux frères dînent avec leurs épouses respectives dans un grand restaurant d'Amsterdam.L'un des deux est le possible futur premier ministre. Mais un cadavre va s'inviter à leur table,leurs enfants,un fils chacun,ont commis ensemble un acte ignoble et la rencontre a été initiée pour éventuellement faire front commun. Mais pas tout de suite,dînons d'abord dans cet établissement prestigieux où les deux couples, bien sous tous rapports,s'installent avec ce qu'il faut d'ostentation. Apéritif et mondanités,universellement connus à tous les étages de la planète, enfin sauf chez ceux qui se demandent ni ce ni quand ils vont manger,mais seulement s'ils vont manger.

                                         Les fleurets sont d'abord mouchetés selon l'expression consacrée. On se gausse du maître d'hôtel, un soupçon de mépris peut-être. Ces gens là ne nous emballent pas,dirait-on. Et puis sonnent les portables de ces gens très occupés, de bonne compagnie.L'un des deux couples a même adopté un jeune Africain, Faso. Serge et Babette et Paul et Claire devisent cinéma, Woody Allen se prête particulièrement bien à ce type de papotage bobo, bonne conscience du cinéphile depuis quatre décennies, à peu près sûr que la moindre sous-préfecture européenne propose le film. Je suis personnellement très proche du cinéma de Woody Allen,j'aurais fort bien pu dîner avec eux.

                                          Puis les questions se précisent et c'est à petites doses que le lecteur apprend l'innommable, à savoir l'horreur commise par les cousins, et le plus qu'innomable que j'appellerai l'ignominommable, à savoir que tout le monde est plus ou moins au courant et que ça n'a pas déclenché chez les parents autre chose que quelques soucis domestiques somme toute casables dans un petit coin de mémoire,tout petit le coin. Prise de conscience tardive? Pas sûr. Herman Koch s'abstient de tout parti pris dans ce dilemme,comme tout cela est froid.Glaçant. Au long des chapitres, Apéritifs, Entrée, Le plat, etc.. on peut trouver à ce Dîner intéressant des vertus émétisantes.

L'avis de Dominique de Nuages et vent    Hermann Koch Le Dîner

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20 août 2013

Sortilèges de la maison Haasse

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                 Avec l'amie Valentyne chevauchant La jument verte de Val nous nous sommes abreuvés à cette Source cachée de la grande Hella S. Haasse,un livre qu'elle publia aux Pays-Bas en 1950.Petit bouquin de 140 pages, La source cachée s'avère bien cachée,un peu trop à mon gré.Il faut pas mal s'accrocher aux broussailles,s'investir dans les sentiers,se perdre dans des fragrances qui semblent parfois trop exotiques.Mais ça n'est pas sans beauté.L'héroïne de La source cachée est la maison Breskel, au coeur des bois et devant laquelle Jurjen, convalescent, tombe,en extase, presque en pamoison, alors que l'heure est à la liquidation de cette propriété familiale.Se replongeant dans les arcanes de la belle bâtisse secrète et ignorée, il va chercher à percer le mystère d'Eline, mère de sa femme Rina et disparue depuis l'enfance de cette dernière.

               La première partie est un long poème, une ovation à cette maison, écrite de manière sensuelle et tellurique, sacrée et onirique. Manifestement du beau travail d'écrivain mais j'en ai trouvé l'homme absent en quelque sorte. Ou tout au moins un peu éloigné. Et si Hella Haasse, très haute figure de la femme en littérature, avait composé ces lignes superbes en faisant de la maison Breskel une femme, susceptible d'impressionner, certes un homme, Jurjen, en fragilité et mal dans sa vie, mais,plus encore les femmes en général. Je n'ai jamais écrit cela d'aucun autre roman mais je vois La source cachée, romanesque à souhait mais aussi déterminé,comme une oeuvre maîtresse dans les deux sens du terme,où le rôle de la femme est absolument majeur y compris du côté lectorat.

             Le seconde partie,pour moi,se perd un peu dans les méandres des papiers de famille, des documents divers que retrouve Jurjen et parmi lesquels  j'ai été aussi à l'aise que dans la salle des archives d'un notaire. Sauf pour les dessins sauvés du bûcher et qui conduiront cet homme à une étrange communion-communication avec cette femme inconnue. J'ai cru comprendre que Jurjen cherchait par là même à se réinventer,par ces souvenirs qui ne sont pas les siens, voire à repenser sa vie de couple avec Rina. Cela m'a semblé manquer un peu de simplicité.

              Pourtant il y a bien eu pour moi un sort jeté par la maison Breskel,très différent.Ne l'ayant pas trouvé je l'ai commandé par la toile.On m'a envoyé par erreur un livre pour enfants.J'ai contesté et ai commandé ailleurs,d'occasion,ça m'arrive et je n'avais pas à m'en plaindre à ce jour.Mais les petits bouquins vieillissent mal et La source cachée m'est arrivé tout dépareillé. Troisième coup du sort ,plus grave, je m'y suis trouvé certes au bord de la fontaine d'Aréthuse ,mais parfois sur les rives du fleuve ennui ,fleuve côtier puisqu'assez court mais somme toute décevant.Quel sera l'avis de Valentyne?Un autre mystère mais celui-là devrait s'éclaircir vite.

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16 juillet 2013

Heurts du thé

     

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                       Les couvertures sont parfois trompeuses.Ne dirait-on pas que Les seigneurs du thé est un magnifique roman d'une collection fleur bleue? A propos et en aparté lire "fleur bleue" c'est encore lire.La grande romancière néerlandaise Hella Haasse,plusieurs fois favorite du Nobel et souvent évoquée comme une Yourcenar batave,m'avait convaincu de la classer dans mes écrivains de référence avec un seul livre lu,mais quel livre, En la forêt de Longue Attente.Ce livre phare date de 1949 mais ne fut traduit en français qu'en 91.C'est bien plus tard dans sa longue vie que Madame Haasse a publié, en 1992, Les seigneurs du thé,beau roman dans le cadre colonial des Indes Néerlandaises,actuelle Indonésie,quatrième plus grand pays au monde.Hella Haasse a toute légitimité pour cette histoire.Née en 1916 à Batavia (Djakarta) elle vécut là-bas une bonne partie de sa jeunesse et Le lac noir,sa première nouvelle abordait déjà un thème important dans son oeuvre,les rapports entre autochtones et colons.Important mais pas unique sujet de la littérature chez Hella Haasse.Cette grande dame des lettres,terme classique dans les notes sur H.H.,fut aussi très francophile et vécut en France une dizaine d'années à la fin du siècle dernier.

                      Les années 1870, absents en Afrique les Pays-Bas disposent par contre en Asie de la pléthore d'îles qui devait devenir l'Insulinde puis l'Indonésie.Rudolf Kerkoeven rejoint ses parents déjà établis dans l'île de Java après ses études en métropole. D'immenses domaines,des collines entières sont consacrées au thé puis au quinquina. C'est cinquante ans de cette histoire que nous raconte Hella Haasse dans un récit fort documenté qui n'élude pas les difficultés d'adaptation,particulièrement celles des femmes pas toujours très bien considérées par leurs hommes d'affaires de maris .Les grossesses répétées par exemple et l'ennui de la vie en brousse conduiront la femme de Rudolf à la dépression la plus grave. Les relations avec les enfants baignent dans le rigorisme batave mais aussi dans le volontarisme et une certaine abnégation.Les riches descriptions de la nature de Java ne sont pas non plus le moindre attrait des Seigneurs du thé,mêlées de considérations économiques qui nous font un peu mieux comprendre l'aventure coloniale hollandaise,certes exotique mais aussi laborieuse.

                    L'Histoire ne repasse pas les plats.Il y a eu conquête et colonisation aux Indes Néerlandaises comme ailleurs.Madame Hella Haasse en parle mieux que personne,femme issue d'un milieu cultivé mais qui peut figurer à sa manière dans une anthologie parmi celles qui auront contribué à changer les choses et les idées.On semble la redécouvrir enfin,les Nobel l'avaient ratée.Nul besoin de colifichet honorifique,l'écrivaine H.H. est (h)immense et j'aurai le plaisir d'y revenir prochainement en compagnie de Valentyne La jument verte de Val  pour La source cachée.Notre lecture commune sera commentée fin août.Si cela vous tente...

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20 juin 2013

Jours de Galles

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                     Rien de racoleur dans ce roman d'un auteur néerlandais jamais lu.J'aime tenter ma chance ainsi avec des inconnus et avec Gerbrand Bakker,la cinquantaine,Le détour vaut le détour.Une universitaire hollandaise,qu'on imagine 45 ans à peu près,loue une maison paumée dans un coin perdu du Pays de Galles.Elle aussi est un peu égarée.Festival de la lose,pour emprunter une langue un peu pas de mon âge mais expressive.Elle est en rupture avec son mari,avec la communauté aussi,après une liaison scandaleuse aec un étudiant.Elle prend pas mal de comprimés.Malade?Et dans ce bout du monde elle reprend sa thèse sur la poétesse Emily Dickinson, souvent évoquée danqs les blogs littéraires, moins souvent lue, dont Bakker nous gratifie de ci de là de quelques citations. Quelques jours de la vie galloise nous sont ainsi contés,avec les tâches banales,réparer une clôture ou mettre une bûche dans le poêle.Tout cela est écrit très simplement,très concrètement,ce qui,parfois,entre herbe et pluies d'automne,entre boulangerie là-bas au bourg et quelques visites,est d'un bel effet poétique.

                   Qui sont-ils,ces visiteurs arrivant du sentier,alertant les oies du voisinage?Rhys Jones,un nom plus gallois tu meurs, éleveur de moutons dans le voisinage s'intéresse à elle.Mais surtout son fils Bradwen,20 ans,garçon un peu lunaire,affligé d'un léger strabisme,qui l'aide à bricoler au jardin,guère communicatif mais attentionné.Il répertorie les chemins piétonniers pour un guide touristique,près du Mont Snowdon assez proche,point culminant de Galles,1085 mètres,la "montagne" la plus gravie du Royaume-Uni.Complicité,tendresse,voire plus (?),s'installent doucettement entre les deux,pas mal déboussolés,lors de ce Détour,saine coupure ou vaine transition.C'est que le mari est à sa recherche, avec la bénédiction des parents de la fugitive,accompagné d'un policier clairvoyant.

                Mais dans Le détour,rien de tout cela n'est vraiment important.seules comptent dans cette escapade galloise,cependant grave,le cri des oies dans l'enclos mal fermé,les traces d'un blaireau agressif,le chien tout mouillé de Rhys Jones,et le regard de Bradwen sur elle,sa propre fatigue.Depuis combien de temps ne l'a-t-on pas regardée ainsi?Et pour combien de temps encore?J'ai illustré cette chronique d'une des plus belles chansons de Simon et Garfunkel,qui cite Emily Dickinson.Elle est très ancienne,Paul et Art étaient très jeunes,moi aussi.

simon_garfunkel-the_dangling_conversation_s  http://youtu.be/k3Ij_UapnwE 

 

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