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BLOGART(LA COMTESSE)
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14 octobre 2012

Une couverture pour le Bison,cuir bien tanné

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                            Torrentiel et nourricier comme une rivière de l'Ouest, ce roman du Canadien Guy Vanderhaeghe, déjà visité ici avec Comme des loups (Le magnat, le scénariste et le vieux chasseur), La dernière traversée est un voyage vers l'Ouest assez proche de l'itinéraire d'Audubon,mais situé une vingtaine d'années plus tard, en 1871. Autant vous dire que c'est un bol d'oxygène littéraire après le pensum susdit.Deux frères anglais s'enfoncent dans l'Ouest à la recherche d'un troisième, disparu. L'un est un officier plein de morgue, l'autre un peintre qui peine à trouver sa voie. Simon,dont on est sans nouvelles,s'est fait embobiner par un prêcheur fanatique.D'autres personnages,une jeune femme dont la soeur a été tuée,un métis coureur des bois,des brutes dégénérées. Je ne prétends pas que La dernière traversée soit terriblement original.Mais c'est un très bon roman qui vous emporte sur sa  selle en territoire indien,avec un souffle et des caractères bien trempés et ce rêve de l'Ouest qui sommeille en chacun de nous.

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                    Conscient d'avoir déçu l'ami Le Bison avec Journal du Missouri je ne peux que l'inciter à chausser ses éperons pour ce roman dont l'illustration le ravira certainement.Annie "Brokeback Mountain" Proulx signe la préface,enthousiaste.Au long de 460 pages bien des sentiments parcourent cette aventure pleine de pauvres types prêts à se ruiner pour un filon inexistant et qui de la fortune ne connaîtront que le whisky de contrebande à vous tordre les boyaux et à abrutir les Indiens.Mais Guy Vanderhaeghe reste un romancier de facture classique et avec juste ce qu'il faut d'opposition fraternelle nous concocte une bonne histoire très bien imagée. Je retiendrai notamment les pages souvenirs de la Guerre de Sécession racontée par l'un des protagonistes.Digne de Stephen Crane ou Ambrose Bierce qui savaient ce dont ils parlaient.Tou cela est dans la bien belle collection Terres d'Amérique chez Albin Michel.Comme Welch, Owens, Treuer, une foule d'autres qui régalent bien des lecteurs de mes connaissances.

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6 octobre 2012

Un quotidien platounet

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           Ce Journal du Missouri peut se lire comme un document,un témoignage.En aucun cas comme un roman et encore moins comme une oeuvre littéraire.J'ai déjà évoqué Audubon et ses célébrissimes planches ornithologiques,somptueuses et rêveuses.1843, Audubon et ses collaborateurs remontent le Missouri sur un bateau de trappeur,s'enfonçant vers l'Ouest en territoire indien.Audubon rapporte des faits,des descriptions,des chiffres surtout.Et,honnêtement,l'on s'ennuie assez vite,tout en replaçant ce récit dans son contexte historique qui considérait les animaux comme de la viande et les Indiens à peine mieux.Après ses Oiseaux d'Amérique le naturaliste dessinateur veut créer un équivalent qui s'appellerait Les quadrupèdes vivipares d'Amérique et pour cela il faut, toujours plus avant,pénétrer le "Wilderness".

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              Depuis toujours passionné par l'histoire de l'Ouest j'eusse aimé écrire un billet enthousiaste et ébloui mais,et Michel Le Bris l'indique dans sa préface,les hommes ne sont que ce qu'ils sont.Et Audubon et ses hommes ne sont pas particulièrement fréquentables du moins à l'aune de notre  XXIème Siècle.Il décrit certes assez bien le fleuve,les bancs de  sable,le périple jusqu'à la Yellowstone River en un voyage laborieux et cahotique.Une obsession,dessiner comme on dégaine,vite et beaucoup et comme on ne connaît pas la photo,dessiner c'est tuer.Je devrais dire c'est massacrer.A chaque page,je n'exagère pas,l'un ou l'autre tire et tue,et tout y passe.Du bison qu'ils disent pourtant déjà en voie de diminution au chien de prairie,du canard au bighorn,sorte de mouflon,de l'écureuil au wapiti.C'est lassant et l'intérêt s'émousse assez vite.N'étant pas un auteur Audubon est très répétitif et on se doute que l'écologie n'est guère la préoccupation de ces voyageurs.Les loups sont par exemple une quinzaine de fois appelés brigands, gredins ,scélérats. Allégrément décimés pour leur peau que souvent d'ailleurs on laisse sur place quand l'animal est maigre.Bien connus ils n'ont pourtant nul besoin d'être croqués par un crayon quelconque.Des centaines de bisons abattus dont on ne prélève que les meilleurs morceaux,on n'a pas attendu Buffalo Bill.

            Bien que rattaché au beau challenge Challenge Red Power de Folfaerie et ses lectures au coin du feu il me faut bien convenir que les Red n'ont ici plus beaucoup de power.Concernant les Indiens un western classique sera encore un plaidoyer par rapport aux termes dont les affuble Audubon. Crasseux et mendigots sont les épithètes les plus courants pour les définir.Vous ne trouverez dans Journal du Missouri aucun chef charismatique,aucun guerrier de noble allure,aucun grand chasseur de surcroît.La plupart,tels des charognards,se contenteraient même des restes de gibier laissés sur place par les conquérants.Avouez que c'est un comble.Ce n'est malgré tout pas le plus grave car il faut toujours resituer.Non,le plus grave c'est que je n'ai senti ni souffle, ni lyre, ni poésie des grands espaces.Ce voyage ne fera pas partie de mes grands souvenirs d'aventures aux livres.Le contraire des ouvrages dont parle Dominique dans sa trilogie Equipée sauvage Une confidence:je n'ai lu Journal du Missouri que parce qu'aucun des récits de sa sélection n'était disponible.

    Pour Audubon,si peu écrivain, revenons-en aux fondamentaux,ceux de l'impérial peintre des oiseaux.J'peux vraiment pas les voir en peinture(8)

30 septembre 2012

Militer,limiter

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          Pour le challenge d'Asphodèle j'ai choisi de lire John Dos Passos si souvent cité jadis avec Hemingway, Steinbeck et Faulkner parmi les phares littéraires du siècle américain.Mais avec Aventures d'un jeune homme si l'on est bien dans les années 20-40 on est à mille lieues de la jet-set,du Paris de la Coupole que fréquenta pourtant Dos Passos,et de la demeure  de Gatsby.Il faut dire un mot sur le parcours idéologique de Dos Passos. .Pour faire court on dira qu'il est parti d'une gauche assez radicale pour finir nettement à droite.Ceci n'est pas un problème mais aide à situer un peu l'écrivain,actuellement en un sérieux purgatoire.Je n'avais lu que l'extraordinaire Manhattan Transfer, hallucinant collage de destins dans la ville,lu quand j'avais 25 ans.Mon souvenir en est ébloui mais il arrive que le souvenir soit plus fort que l'éblouissement.

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           Ce roman raconte les aventures politiques et amoureuses de Glenn Spotswood, jeune Américain,fils d'un professeur pacifiste. Pas particulièrement nuancé, tout comme Dos Passos à cette époque,on a vite compris de quel côté penche Glenn.Attiré par le Parti Communiste, il s'enthousiame pour l'action des mineurs et des chicanos. Rien de bien surprenant. Il s'engage pour la guerre d'Espagne, bardé de certitudes,de celles qui courent encore partout et que j'appelle tragiques hémiplégies.Mais les querelles de chapelles finiront par miner Glenn.Après les "pur et dur" et les progressistes à peu de frais, de nouvelles désillusions l'attendent, et le destin de Glenn prendra sa mesure. A travers la vie d'un homme, Dos Passos passe doucement sur le plan littéraire de l'inventivité de ses jeunes années à un néo-conformisme inévitable,celui qui nous étreint tous un jour ou l'autre.

        Ce n'est pas un personnage qui m'a réellement intéressé.Aventures d'un jeune homme est somme toute très convenu et des beaux quartiers de New York aux frontières mexicaines,de la soviétophilie aveugle aux maquis de Catalogne,je me suis bien ennuyé un petit peu.Un retour à Manhattan Transfer s'imposerait-il?Mais le temps?

26 septembre 2012

Trois livres parmi d'autres

diable

perdus

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                 Et c'est à peu près tout.Coup sur coup trois romans américains qui ne sortent guère des sentiers battus.Pas désagréable tout ça, mais qu'on est bien content d'avoir emprunté au service public.Le diable,tout le temps nous présente des Américains particulièrement bas de plafond. Pêle-mêle un vétéran du Pacifique évidemment traumatisé,un prédicateur et un infirme dégénérés, un pasteur obsédé,un couple assassin d'auto-stoppeurs.Du tout venant,de l'ordinaire,et surtout du déjà vu.Une drôlerie à signaler:la quatrième de couv. évoque Flannery O'Connor,CormacMcCarthy et Jim Thompson.Rien que ça! Mais Athalie de A les lire,par exemple n'est pas du tout de mon avis..Le diable tout le temps Donald Ray Pollock

                 Le livre de Brian Leung lorgne du côté, pas mal exploité aussi,de la double appartenance de la communauté chinoise immigrée en Amérique.Nettement plus intéressant que le livre cité ci-dessus,Les hommes perdus traîne quand même pas mal en chemin.Un père,Chinois,gravement malade,retrouve son fils qu'il a jadis confié à des parents de son épouse américaine.Ce fils,lui,n'a plus grand-chose de chinois,il a même changé de nom.On peine à s'intéresser aux atermoiements du père qui tient avant de mourir à emmener son fils fraîchement retrouvé en Chine.Curieusement c'est dans les rapports des deux générations que Les hommes perdus m'a paru meilleur.Tout ce qui tourne autour de la Chine manifestement, n'intéresse pas le fils,guère plus le père,et moi pas tellement. Les racines me fatiguent un peu parfois.

                  Quant au "native polar" de Craig Johnson,Enfants de poussière, il se lit bien,c'est déjà ça.L'Indien arrêté,un colosse que l'on imagine ressembler à Will Sampson,l'ami de Jack Nicholson dans Vol au-dessus d'un nid de coucou,est aussi un ancien du Vietnam et il a tellement tout contre lui qu'on se doute que...Les dust children sont les enfants d'un G.I. et d'une Vietnamienne,la plupart du temps assimilée à une prostituée.Evidemment c'est pas facile pour eux ni pour les dust grandchildren,la seconde génération. Il y a toute une série de romans avec les deux récurrents,le flic et son ami,dit La nation Cheyenne,souvent adorés des blogueurs.Moi j'en resterai là.

               

29 juillet 2012

Accusé de pâleur

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                         Je n'avais plus lu Michael Connelly depuis une dizaine d'années, déjà un peu lassé au bout de cinq enquêtes.Cet été je suis donc retourné à L.A. pour une déception assez marquée. Volte-face est un produit de confection qui n'a plus rien du thriller comme les concoctait le Michael Connelly de Créance de sang ou L'oiseau des ténèbres.Une précision:on est plus dans le prétoire que dans le polar.Ce qui veut dire pas mal de verbiage administratif et très peu,pas du tout,d'action,puisqu'il s'agit d'une possible erreur judiciaire que l'on réexamine après 24 ans,cause ADN.Mais le système pénal américain est assez récalcitrant au profane et s'est pointé rapidement un sentiment d'ennui.J'ai cependant accordé un sursis à Connelly et ai finalement assisté à toute l'affaire,qui pour moi ne restera pas dans les annales littéraires.

                 J'aimais bien Harry Bosch,un des enquêteurs récurrents de Michael Connelly.Mais dans Volte-face il ne tient guère qu'un rôle subalterne derrière le narrateur,avocat de la défense en général,passé exceptionnellement du côté de l'accusation contre le prévenu,que l'on rejuge pour le meurtre d'une enfant,voire de plusieurs.Et l'auteur de nous initier aux arcanes de la procédure,ce qui tient du pensum.C'est curieux comme j'ai trouvé tout assez laborieux dans ce roman,les palabres s'accomodant mal du thriller et l'enquête ne palpitant guère.De grâce messieurs les auteurs laissez un peu les serial killers en liberté.Ils ont bien le droit de s 'exprimer car dans le box des accusés ils sont souvent bien ternes et Volte-face aussi fait pâle figure.Ou simplement l'imagination manque à Michael Connelly,ce qui est pardonnable et peut arriver à beaucoup,notamment aux écrivains (trop)prolifiques.

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28 mai 2012

Canyon un peu boulet

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         La facture est très classique,le thème rebattu,la nature hostile mais rédemptrice,le mal bien identifié et l'Ouest sauvage barré de tractopelles. Compris,on est dans le nature writing,mais un peu de série.Trois générations, Justin,professeur,Paul,son père,bougon,une culasse de carabine à la paume et à l'esprit,Graham,son fils,préado sensible.Hommes des bois pour un week-end,ça va mal se passer.Couplet sur les rapports père et fils,pas mal sans plus,un peu pesant sur la gâchette.Brian,lui,couturé du dedans et du dehors,est de retour d'Irak comme on revenait du Vietnam dans les années Platoon-Deer hunter.

     Karen,la femme de Justin,en cinquième rôle maximum,et minimum quota féminin si j'ose dire.Promoteurs très pro-promoteurs,Tom Bear Claws,Indien de son état,pro-casino sous couvert de défendre la tradition.Guest star un grizzly qui n'existe pas dans l'Oregon,paraît-il.Ben voilà c'est à peu près tout ce que j'ai à vous en dire.Un roman aussi surprenant qu'une soirée télé sur M6.La couverture évoque Délivrance de James Dickey,ce qui est pour le moins très excessif.Je joins ici l'avis de Keisha,guère plus enthousiaste.

http://en-lisant-en-voyageant.over-blog.com/article-le-canyon-99140392.html

15 mai 2012

Mort d'un caïd

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      William Riley Burnett (1899-1982),vous le connaissez sans le savoir peut-être,si vous êtes amateurs de films noirs.Voyez les photos ci-dessous.Nobody lives forever,Fin de parcours date de 1943 et c'est un très bon roman noir dont l'originalité est que le gros coup dont il s'agit n'est pas du tout un meurtre,mais un mariage d'argent que le caïd d'âge mûr (c'est à dire quarante ans pour l'époque) envisage comme une escroquerie.Il y en a de pires.Et la presque totalité du roman se passe sans un coup de feu,bien qu'il y ait comme un coup de foudre de la veuve en or pour le gangster bien habillé.

     Donc pratiquement pas de privé,ni de flic ici mais quelques comparses,seconds rôles comme le polar hard-boiled ou le cinéma noir les affectionnent.Doc,sous perfusion toxico,maître-chanteur accessoirement,Windy,bas de plafond,Johnny l'avocat forcément véreux indispensable à la défense d'un boss du business,et Toni, vénale, fatale un peu,sexy pas mal,et vulgaire à la folie.La Californie des années quarante,le Mexique comme fuite éventuelle,une vague allusion à la guerre,en Europe ou dans le Pacifique.Certains prennent des pruneaux en Floride,d'autre des obus en des îles lointaines.Ce n'est pas trop ça qui empêche Farrar,ou Lloyd (il a pas mal de pseudos) de dormir.La peur de la taule,oui d'où les tendances suicidaires du personnage.

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           Horace,Raymond et Dashiell (ils m'accompagnent depuis si longtemps que je les appelle par leur prénom) ne sont pas les seuls.Et les films adaptés de WRB sont légion.Il a d'ailleurs aussi adapté les autres,Scarface notamment.Cette littérature, on le sait maintenant,est essentielle. Quelques exemples de noirs mais il faut savoir que certains bouquins ont aussi été tournés en version western,La ville abandonnée,L'or du Hollandais.

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13 mai 2012

Ma cabane en Alaska

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        Impressionné comme beaucoup par Sukkwan Island j'ai attendu un peu pour aborder Caribou Island.Ca me rappelle une jolie chanson  qui s'appelle J'irai jamais sur ton island.Parce que les islands vues par David Vann c'est pas de la tarte.Le premier livre était assez désespéré.Le second,Désolations,pour une fois le titre français n'est pas trop mal vu,serait plutôt désespérant.C'est pire.D'abord David Vann a le chic pour nous présenter des personnages médiocres, inintéressants, souvent pas mal beaufs,vaniteux.Inintéressants? C'est pas  sûr finalement.Un homme n'a qu'une obsession,bâtir une cabane de rondins dans une île paumée en Alaska.On ne sait même pas vraiment pourquoi.Son couple est en train de sombrer,sa femme malade traîne un boulet freudien lourdissime.Et puis l'Alaska n'est pas la Floride,on finit par s'y geler les neurones.Tous deux manipulent billes de bois péniblement transportées sur un bateau besogneux.Douleurs articulaires et blessures aux mains assurées.

    Ils ont bien eu deux enfants,adultes.Enfin,adultes,ça se discute.Le fils n'est vraiment lui-même que camé ou bourré.Le type même du gars qu'on n'a pas envie d'avoir comme ami.Il y en a comme ça.Les cadences péremptoires de la pêche au saumon, industrielle,en haute saison ne tendent certes pas vers la poésie mais cet homme n'a manifestement pas grand -chose à foutre de ses parents.Sa soeur,physiothérapeute (mais ce n'est pas par confraternité que je la sauve),très mal attelée avec un dentiste menteur comme un arracheur de dents,a bien conscience du malaise grandissant puis culminant chez ses parents.Elle fera ce qu'elle pourra mais chez David Vann,jusqu'à présent car il n'y a que deux romans,toute grâce semble vouée à l'échec.

     Ainsi donc le mari et la femme,j'ai oublié leur prénom et rendu le livre, n'échangent plus que des efforts harassants pour bâtir cette odieuse cabane,entre insultes et mépris.D'évidence ce ne sera pas "Home,sweet home".Désolations est un bon livre, fort bien documenté sur la nature alaskane d'une clémence relative.Je veux bien go West mais pas à ce point-là.Pour vous remonter le moral ne comptez pas sur David Vann.Pour une lecture de qualité mais réfrigérante,si.Pour voir une ébauche de label Vann,eh,peut-être.

L'avis  de Claudia  http://claudialucia-malibrairie.blogspot.fr/2011/10/david-vann-desolations.html

27 mars 2012

Ici Houston

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             James Crumley est l'une des "têtes brûlées" de la littérature américaine.Il sont assez nombreux.Vous savez,ces types-là racontent beaucoup d'histoires et soignent en général leur propre légende à base souvent de vérités.Lui-même citait ses propres poèmes d'ivrogne dans ses premières armes.Ce recueil,outre un entretien, regroupe des nouvelles qui,je pense,étaient déjà parues ça et là dans d'autres livres.Les nouvelles mériteraient à mon sens d'être un peu plus sanctuarisées et répertoriées.Nous avons là une dizaine de textes d'intérêt inégal.

   Parmi les meilleures Hourra pour Thomas Raab qui fait un parallèle saisissant entre le sport,football américain et l'entraînement militaire.Un inconvénient de taille:le langage de ce sport qui nous laisse sur la touche bien que Crumley ait pris la précaution de consacrer trois pages spéciales aux règles du jeu.Le dur-à-cuire (The Heavy) est le portrait d'un cascadeur,acteur de troisième plan que James Crumley interviewe.C'est très savoureux et Roy Jenson pourrait bien ressembler à Crumley lui-même.Cairn est un joli hommage d'un homme à son grand-père, un dur lui aussi.Ces nouvelles sont souvent remplies de fusils,d'alcools et de bosses.Une littérature à l'estomac,moins intéressante cependant que je ne le croyais car je n'avais jamais lu cet auteur.Mais Promenade dans Houston,sur un ton un peu différent,est un génial portrait de la grande métropole texane,avec les alligators somnolents mais sournois du Parc Zoologique,les immenses fresques des chicanos et l'air conditionné qui atteint ici des records du monde.J'ai rarement senti une ville inconnue comme sous la plume de James Crumley.

12 mars 2012

Lettre tordue,lettre tordue

 le retour de silas jones   

         Sous ce curieux titre,le titre original (Crooked letter,crooked letter),se cache en fait un truc mnémotechnique pour apprendre aux enfants à écrire Mississippi.M, I, Lettre tordue,lettre tordue, I, Lettre tordue,lettre tordue, I, Bossu,bossu, I.Tom Franklin dont La Culasse de l'Enfer cette description de la vie d'un comté américain entre milices et justice, m'impressionna fort il y a quelques années,nous a concocté une histoire classique d'amitié inattendue dans ce Sud américain qu'on croit connaître tant on a lu sur ce pays.Silas Jones,constable noir rural est revenu de Chicago et a retrouvé Larry Ott,son seul ami d'enfance,blanc et solitaire accusé d'un meurtre ancien,et,pendant qu'on y est, d'un nouveau.En plus il est fan des bouquins de Stephen King.

     C'est l'occasion de renouer avec un passé très lourd qui apporte son lot de personnages obtus et ras de la casquette,de machos et de brutes,en un paysage littéraire bien campé qu'on a lu souvent.La séance drive-in se termine mal,les bourgades ne vivent un peu que devant le base-ball à la télé et il n'y a même plus de Vietnam. C'est dire si suinte l'ennui.J'ai trouvé Le retour de Silas Jones moins fort que La Culasse.Il y a ici un récit bien balisé,la ballade de la probable erreur judiciaire.Mais je n'ai pas ressenti la claque que m'avait assénée La Culasse.Le portrait de ces deux hommes est efficace avec une inversion des stéréotypes,à savoir que le plus marginal des deux n'est pas celui qu'on trouve en général dans les romans Southern.On se prend au jeu et on a lu un livre intéressant,en aucun cas absolument essentiel contrairement au dernier livre chroniqué ici même il y a peu,estampillé Texas et non Mississippi.Plus passe le temps plus je demande à la littérature.Ce même Retour de Silas Jones m'aurait trouvé probablement plus enthousiaste trois en arrière.

 

 

26 février 2012

De boue,de sang... et le bruit des sabots

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           Des critiques assez dithyrambiques circulaient partout.Justifiées.C'est un grand roman que Bruce Machart nous propose.Comme ça se passe dans le Sud et qu'il y a terre et famille on a parfois convoqué Faulkner.On convoque assez souvent le chantre de Yoknapatawpha. Je suis beaucoup moins sûr qu'on l'ait lu tant que ça.Là n'est pas la question.Mais qu'est-ce qu'on aime tous un peu jouer à ces Sept Familles littéraires.La terre c'est celle du Texas,du Texas des bêtes à cornes,pas du pétrole,ou pas encore.Et la famille ,voire le clan, voire la communauté, c'est celle de ces émigrants tchèques  dont la ville s'appelle d'ailleurs Praha.Vaclav Skala en veut à son quatrième fils,Karel,qui a "tué" sa mère en naissant.Il y a des départs plus en fanfare.Matériellement tout du moins,en cette fin du XIXème l'avenir est prometteur à qui veut bosser dur comme ce rude paysan qui traite  ses chevaux mieux que ses fils.Mais c'est ainsi et le coton et la bière vont faire la fortune de ce Karel mal-aimé alors que ses trois aînés ont épousé les filles d'un riche voisin hispano-mexicain.

         Bruit et fureur,tiens donc,brutalité et règlements de compte,vols de tonneaux,incendies,le sel de cette vie,la lutte pour posséder,ce que j'appelle la violence des bornes,pour un arpent de terrain.Du terre à terre dans cette sorte de saga d'où tout miel est exclu dans le bruit des bottes et le sifflement des fouets.Et puis, présent comme rarement, le pays,ce pays en devenir avec ses poussières et ses ravines,ses champs de coton immenses et ses mots étranges pour l'ignare en botanique que je suis,ces mots qui vous font ouvrir un vieux dico,les pacaniers,les mesquites,les gommiers, que la technologie actuelle nous permet de voir d'un clic.En ce sens on vit une époque parfois formidable.Bruce Machart ne craint pas de s'arrêter deux pages sur les tribulations d'un grand duc dans la nuit texane,ni sur la curiosité d'un vieux curé que sa maladresse a emprisonné sur les barbelés.Ni sur la castration d'un cheval fringant dont l'avenir s'obscurcit d'une charrue.

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      Le sillage de l'oubli dont le titre original parle plutôt de pardon,de rémission, The wake of forgiveness,est un grand roman de l'Amérique où les héros cognent et encaissent,tuméfient et cicatrisent,bâtissent et brûlent, vivent "en quelque sorte".Une littérature belle et très élaborée,très structurée,de belles circonvolutions comme celles des arbres de là-bas.Prenez une page au hasard de ce livre,je vous défie de ne pas chanceler tant l'écrivain a su brasser corps et âme cette humanité pour en faire un grand oeuvre sur les hommes en peine et en colère, tout de haine et de vulnérabilité.Machart rejoint la galerie immense de ces grands Américains qui de Steinbeck à Cormac McCarthy, d'Erskine Caldwell à Tom Franklin, n'en finissent pas de réenchanter le lecteur. Louons encore et toujours les grands hommes de là-bas! Quittes à frissonner lors du contact des doigts sur la crosse d'une arme.D'autres ont aimé...

Keisha http://0z.fr/VVFwq

Mimi Pinson Le sillage de l'oubli

 

1 février 2012

Là-bas au Minnesota

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              Pour ce joli challenge Red Power initié par Folfaerie j'ai emprunté dans cette belle collection bien connue Terres d'Amérique le deuxième roman de David Treuer dont j'avais apprécié Little il y a une dizaine d'années. Nous sommes dans le Minnesota,l'un des berceaux indiens de l'Amérique du Nord. Années quatre-vingt, Minneapolis,la métropole régionale.Le Mississippi,ce ruban de Nord-Sud du pays coule des jours pas gais et Simon,jeune Indien,sort de prison après dix ans pour le meurtre de son propre frère.Pas très gai pour lui non plus,pas plus que pour sa mère qui élève le neveu de Simon,enfant de Lester,son frère mort.Le Southside de la ville n'est vraiment pas fringant,misère et violence,la vie de tous les jours.

               Avant son emprisonnement Simon était l'un de ces Indiens volants chevauchant non plus les mustangs  des Rocheuses mais les poutres métalliques des gratte-ciel.Dix ans après il végète à la chaufferie d'un hôtel et son braconnage se termine fort mal.Il y a dans sa longue errance en forêt de superbes descriptions de cette nature à la fois abri et tombeau.Touffu,comme les bois du Minnesota.Le titre original est The Hiawatha, bien plus fort,bien plus ancré dans l'indianité. Pénibles les décisions des éditeurs français... qui ont cependant le mérite de nous ouvrir bien des portes de cette littérature des "native".Elle va plutôt bien,cette mouvance de l'écrit,même si elle a du mal à quitter les syndromes historiques des traumatismes du Vietnam,de l'alcool,de la violence et des exclusions.

               Le Hiawatha en l'occurence est le nom du train urbain de l'agglomération Saint Paul-Minneapolis.Là encore David Treuer frappe juste avec la destruction de ce symbole de gloire qui s'effondre sous les marteaux des démolisseurs et les dégâts des squatters.Nous sommes avec Treuer dans le récit de ville,qui bâtit,qui détruit,qui change,aux frontières mouvantes et aux accès tendus.Ce qui reste de famille ne  sera pas d'un grand secours à Simon.Impérieuse cité nordique Minneapolis ne fait guère de cadeaux. 

            Evidemment on n'a pas encore beaucoup de romans où l'Indien est chirurgien ou doyen de faculté. Evidemment ces écrivains indiens semblent avoir du mal, au sens figuré, à sortir de leur réserve.Evidemment leur revendication en tant que tel peut parfois les desservir.Evidemment le repli frôle parfois.Evidemment je crois qu'on tient là un bon livre.Evidemment ce n'est que mon avis. 

               

12 janvier 2012

J'aime mieux Dan ou Flann

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          Oui,catégorie O'Brien j'ai préféré Dan ou Flann.Résumons.Au bord du Lac des Bois, en lisière des forêts sauvages du nord du Minnesota, John et Kathy Wade tentent de recoller les pièces de leur vie et de leurs sentiments, mis à mal après l'échec cuisant de John aux élections sénatoriales.Un jour, Kathy disparaît. Leur canot n'est plus là - s'est-elle noyée ou bien perdue ? A moins qu'elle ne se soit enfuie, pour renaître à une nouvelle existence ? Les recherches s'amplifient, les hypothèses les plus troublantes aussi. Pour découvrir la vérité, il faudra enquêter sur le passé de Wade.Ce passé,comme tout passé littéraire sinon il n'y a pas de littérature,cache une faille,un gouffre,le Vietnam et plus précisément la tristement célèbre tragédie de My Lai.John Wade était de la compagnie Charlie.Lui,passionné de prestidigitation, s'est-il ainsi employé à effacer toute trace de sa présence et de sa participation à ce massacre?

          Le roman Au Lac des Bois est construit selon le principe des hypothèse et des faits avérés.Certains chapitres reprennent des éléments techniques ainsi que des témoignages de voisins,d'anciens du Vietnam.On y lit aussi quelques citations concernant la magie et  même de rares notes d'écrivains,Edith Wharton ou Cervantes.Je n'ai pas été conquis,trouvant le mélange parfois laborieux, et m'apprêtai à rédiger un article somme toute défavorable.J'ai finalement un peu amendé ma sévérité pour les raisons suivantes.

          Parfois quelques lignes,voire deux ou trois pages suffisent à faire d'un livre somme toute décevant un bon souvenir littéraire.A la fin un chapitre nommé La nature de l'Angle décrit l'extrémité Nord-Ouest du Minnesota.C'est là,peut-être, que Kathy Wade s'est perdue.On ne saura pas mais en quelques paragraphes Tim O'Brien nous dépeint cettre extrémité jadis colonisée par d'autres hommes du Nord,Finlandais et Suédois.Cet angle est la partie la plus septentrionale des 48 états centraux des U.S.A. et c'est prodigieusement ciselé, quelques animaux,chouette,cerf,faucon,une église en rondin abandonnée depuis des lustres,une autoroute fantôme.C'est une extrême Amérique et j'aime toutes les extrêmes Amériques.

       Enfin,presque subrepticement,Tim O'Brien glisse un mot sur deux auteurs presque fantômes,les deux grands "disparus" du continent,déjà cités sur ce blog,Ambrose Bierce et B.Traven.Un petit bout de chemin avec ces immenses,et Tim O'Brien fait mieux que sauver son roman,somme tout très acceptable.

13 décembre 2011

Psy,chaos et psittacose

  

                     Pharmakon en grec signifie Le remède et le poison.C'est le titre français de ce bon roman datant de 2008 d'un auteur que je ne connaissais pas.Nous sommes dans un milieu universitaire que ne renierait pas Philip Roth dont l'ombre traîne quelque peu sur cette histoire.Le jeune et ambitieux Will Friedrich, pharmacologue à Yale, se verrait bien être celui par qui la révolution viendra.Cette révolution est celle des molécules en ces années cinquante,qui pourraient bien à grands renforts de chimie enterrer mélancolie et angoisse.Avec le Dr.Winton ils tentent de mettre au point le bonheur sur ordonnance.N'est-ce pas là la fable de l'apprenti sorcier?Bonjour les effets secondaires.

     A commencer par cette constatation qu'il n'est pas toujours très judicieux de trop désinhiber,notamment le jeune étudiant nommé Casper Padrak,déjà qu'un patronyme comme ça....Puis viennent les troubles de la propre famille du savant,surtout depuis qu'une inexpliquée invasion de perroquets colorés s'est abattue sur le jardin des Friedrich.A des degrés divers les cinq enfants auront à pâtir sérieusement des dérives laborantines de la hydesque découverte du Dr.Jekyll-Friedrich.Il faut dire qu'il a un pedigree,Will Friedrich,son frère Homer ayant été lui-même traité par la psychiatrie pour le moins musclée qui tenait lieu en ces temps pas si lointains d'universelle panacée.On suivra donc, sur quatre décennies, les aventures tragi-comiques de Friedrich et des siens, épouse, enfants, collègues et patients.Avec le conformisme de ceux qui se croient originaux les personnages traverseront crise d'humanitarisme,ambivalence sexuelle (ça doit être dans le cahier des charges de l'édition) comme tout un chacun,et dépendance à différents psychotropes,entendons par là supercame pour certains.

   Plus de quarante années de la vie américaine sont ainsi passées au crible de l'analyse du romancier.J'ai évoqué Roth,les critiques que j'ai regardées après lecture parlent plus finement de John Irving.Dans ce monde de l'université,de l'efficacité,de la rentabilité,on finit pas s'effrayer un peu de cet aspect hyperpragmatique de l'Amérique.Juste avant que d'en comprendre la portée, à l'évidence universelle.Je conseille d'accompagner Will,sa femme Nora,ses enfants Fiona,Lucy,Willy et Zach,et leurs amis et connaissances,notamment Lazlo venu de loin à l'Est et qui a parfaitement saisi la règle du jeu.Il vaut mieux se joindre à eux tant ces gens bardés de diplômes s'infantilisent parfois,addicts à leurs addictions...Ensuite libre à vous d'y voir un remède ou un poison.

8 novembre 2011

Proud Mary keep on turning

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          Ce bouquin est une curiosité.Je ne connaissais pas le moindre du monde John Barth.Y-a-t-il quelqu'un ici qui ait lu Barth?Pas Roland Barthes que je n'ai pas lu non plus d'ailleurs.Qu'est-ce qu'il y en a des trucs que j'ai pas lus!Cet auteur est si j'ai bien compris,parfois comparé à Pynchon,lui-même quelque peu hermétique, paraît-il.De toute façon je ne l'ai pas lu,Pynchon.C'est donc n'ayant pas lu grand-chose que je vais vous donner, si, si, donner,mon sentiment sur L'Opéra Flottant,pris presque par hasard à la Bibliothèque alors que je cherchais Rick Bass (lui,je l'ai lu par contre,mais pas encore assez).Je divague parfois en considérations alphabétiques.

       L'Opéra Flottant,c'est un bateau à roue,comme sur le Mississippi,mais dans le Maryland.Mais il m'enchante moins que le Proud Mary de Creedence Clearwater Revival,le plus fringant bateau du rock.Décidément on a du mal à en venir au fait avec ce livre.A Cambridge,Maryland,Todd Andrews est avocat et le Capitaine Adam commande le showboat,pour l'heure amarré sur Long Wharf.Todd Andrews se suiciderait bien,à tout hasard.C'est vrai que son père s'est pendu,que son meilleur ami est le mari de sa maîtresse. Tiens,quelque chose de normal.Il y a aussi un vieux riche qui a conservé ses restes organiques réguliers en bocaux et qdont l'héritage est sujet à caution.D'où quelques lignes,trop de lignes,dignes d'une maîtrise de droit international, peu digestes.

     John Barth,féru de navigation,aurait fini par me donner le mal de mer avec cette métafiction dont les exégètes que j'ai vaguement croisés sur l'océan de la toile évoquent le cousinage de Nabokov ou de Borges.Mais heureusement on se marre pas mal à bord de ce voyage décousu.Et Barth est sauvé in extremis de ma vindicte car ça vaut finalement le déplacement malgré la canicule et le mauvais goût carabiné de la revue nègre à bord de L'Opéra Flottant.Et je terminerai sur une ultime citation de Françoise Sammarcelli,auteur de John Barth,les bonheurs d'un acrobate(Belin:coll.Voix Américaines):"La parodie,l'esthétique du faire-semblant et du masque jouent contre les totalisations".Quand je vous ai dit qu'on riait!

 

14 octobre 2011

Blanchi sous le harnais

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                  Humour garanti avec les gros problèmes financiers de Marcus Ripps dans Un patron modèle, désopilante pochade dont la légèreté n''est cependant pas la qualité première.Cette réserve faite,on rit beaucoup au long de 400 pages abracadabrantes dont je tirerai quelques pépites en fin d'article.Marcus n'a pas envie de lâcher la Californie pour la Chine où son patron veut l'envoyer.Ca tombe bien,son frère pourtant détesté meurt, lui léguant sa prospère blanchisserie.Ou plutôt sa Prosper blanchisserie car l'activité y est certes florissante mais peu légale.Marcus va donc être amené à de curieuses rencontres,par exemple Kostya,un homme de main russe de deux mètres,intimidateur de son métier mais qui rêve d'ouvrir un restau barbecue.Ou Tommy,Samoan à la carrure de rugbyman pris d'amitié pour le judaisme par amour pour une jeune femme juive.Ce qui sauvera Marcus à plusieurs reprises.Ce Marcus qui n'est d'ailleurs "même pas " juif mais qui tient cependant à organiser une bar mitsvah d'anthologie pour son fils Nathan.

                Accessoirement ce bon Marcus finance aussi les fumettes de sa belle-mère et ses cours de strip-tease.Quant à son épouse elle est associée avec une amie chercheuse d'ovules qui sous le doux pseudo de Verlaine deviendra dominatrice S.M. avec beaucoup d'allure.Bien que s'égarant parfois un peu trop à mon gôut dans les fantasmes de la clientèle Un patron modèle est souvent hilarant.C'est que Marcus est un mac très social qui fait lire Anna Karénine à ses protégées et leur assure une bonne couverture mutuelle.Finalement elles l'ont lu,Anna Karénine,ça se passe en Russie.Woody Allen n'est pas si loin.Mais ici c'est plus golf et cocktails que Times Square et Tchékhov 42ème Rue.

   Critique très californienne d'un mode de vie très californien,Shining City (c'est le titre original et le nom de cette blanchisserie à sexe plutôt qu'à sec) fait mouche et se lit très vite.Quelques perles?

    "Je vais ouvrir un restau Jésus aime le barbecue sur Crenshaw Boulevard,à mi-chemin entre Koreatown et South Central,avec une putain de croix immense,faite avec deux travers de porc géants,sur le toit."

    "Kostya assisterait à la rencontre de loin,aussi discret que peut l'être un Russe de presque deux mètres avec des dreadlocks".

    "Jetant un coup d'oeil dans le salon,Marcus découvrit Tommy le Samoan affalé dans le canapé à deux places,avec Bertrand Russell(c'est le nom du chien) sur les genoux.Il caressait le cou du chien en pinçant la peau entre ses doigts pareils à des francforts.Bertrand Russell semblait aimer ça."

    Seth Greenland vit en Californie,cela va de soi,et est aussi l'auteur de Mister Bones,et scénariste surtout pour la télé.Un patron modèle serait en préparation au cinéma.

        

 

  

27 mai 2011

Nanotechnologie et mégaennui

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                                   Madame Cornwell vend des millions de livres.Elle continuera.Ce ne sera pas grâce à moi.J'ai marné laborieusement pour venir à bout de ces 440 pages dignes d'un rapport de l'institut médico-légal,qui m'a donné autant d'émotions qu'un constat d'huissier,et dont les qualités littéraires m'ont rappelé mes lointains cours d'anatomie.Extrait:"On va faire le topogramme,puis procéder à l'acquisition des données avant de passer à la reconstruction tridimensionnelle,avec un chevauchement d'au moins cinquante pour cent". Autre extrait:"Multi-tâches,bruit de fond index 18.Rotation à 0,5,configuration du détecteur à 0,625.Coupe très mince à résolution ultra-haute.Collimation à 10 mm".

22 mai 2011

La peau de l'ours

ciel

                  Rick Bass est vraiment un magicien.Ce recueil de trois longues nouvelles est une merveille.Si Les mythes des ours relève du légendaire,sorte de transfert littéraire où le trappeur et l'ours ne font plus qu'un,si Là où se trouvait la mer raconte un destin pétrolier au Texas au début de l'exploitation dans une ambiance pas si éloignée d'un Faulkner sur bfod d'aviation rudimentaire,si ces deux textes sont excellents,ils laissent la part belle à la nouvelle éponyme,étirée de 150 pages,Le ciel,les étoiles,le monde sauvage,étourdissant voyage, admirablement traduit par Brice Mathieussent qui aura décidément fait beaucoup pour la littérature "sauvage" américaine.Une femme d'âge mûr retourne vivre dans le ranch texan de son grand-père.Sa mère,enterrée à même la falaise,morte très jeune l'accompagne au long de cette profonde évocation de ses vertes années en ce pays uù homme et nature se fondent parfaitement en un rousseauisme "americana" où certains discerneront naïveté,où je ne vois que poésie et lyrisme.

  J'peux vraiment pas les voir en peinture(8)

  Les fameuses planches d'Audubon illustreraient parfaitement cette médiation active parfois nocturne dans ces lacs et ces rivières.Il suffit de se laisser dériver au fil de l'élégie parmi les engoulevents et les tatous,les lynx et,plus que tout,les aigles symboles.La narratrice raconte un épisode magnifique,parmi tant d'autres.Découvrant un aigle probablement empoisonné la jeune adolescente le recouvre d'une chemise avant de revenir le lendemain pour le hisser ,loin et haut,dans les branches d'un vieux chêne,masqué par des cèdres,et de lui redonner ainsi ses deux mètres d'envergure et sa vue plongeante sur la rivière.Il y a pas mal d'écrivains dits du Montana.En France on aime les lire,parfois avant de jeter nos papiers gras.Plutôt que  de persifler ainsi mieux vaut les escorter en leurs tribulations parmi pierre,faune et flore,et humanité aussi bien que celle-ci,contrairement aux trois premières,ait bien du mal à connaître sa propre histoire.Le grand cycle poursuit sa route mais hélas il semble que les roues du siècle écrasent ou pour le moins écartent des créatures millénaires.Retour au respect prochain?,Possible?Douteux?

   N'ayez crainte.Rick Bass n'est pas du genre à pensums écologiques.Si vous décidez de vivre un peu avec son héroïne,parmi les cris d'oiseaux de son grand-père attirant les colibris,les craintes nocturnes du vieux Chubb,les appels de sa mère toute proche,les courageuses actions de son père pour freiner l'hécatombe de la diversité,vous passerez un joli moment en littérature,de la plus belle eau.Ce mot de la fin coule de source après une telle lecture.

 

20 avril 2011

Avant Philip Roth

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          Né à Berlin en 1883 Ludwig Lewisohn a sept ans quand il débarque en Amérique.Il est l'un des premiers écrivains "juifs américains",une mouvance qui mène à Isaac Bashevis Singer,Saul Bellow,Philip Roth par exemple.Le terme mouvance est impropre.On peut cependant trouver un socle commun à ces écrivains,un certain souffle très critique,voire destructeur des valeurs historiques américaines.Lewisohn épingle le conformisme mais j'ai souvent écrit,et je pense que ceci est essentiel,que l'anticonformisme se tranforme très vite en recette néoconformiste.Le roman Crime passionnel n'échappe pas à ce travers.Ce n'est pas à mon avis le défaut majeur de ce livre.Publié en 1930 il s'agit,du moins on le croit au début,de l'amitié entre trois étudiants dont l'un est juif.Stephen le narrateur et David deviendront avocats et Oliver,riche héritier,éditeur.Mais Crime passionnel ne s'intéresse guère à leur vie quotidienne ou leurs éventuelles frasques car il m'ont tous semblés bien désincarnés.

   Difficile dans ces conditions de se passionner pour la teneur essentielle du roman,c'est à dire l'analyse, bavarde et souvent par trop abstraite,des rapports entre puritanisme issu du Mayfower et sexualité qui,dit-on,fascina Freud à la lecture du premier roman de Ludwig Lewisohn, Le destin de Mr. Crump.Les suffragettes sont passées par là et l'antisémitisme se renifle à la manière américaine,mâtinée de souvenirs du Kaiser.Alors il y a bien un meurtre dans Crime passionnel, qui ne m'a pas vraiment réveillé bien qu'occupant le dernier tiers du roman,presque uniquement l'entretien entre Paul,le coupable et ses avocats Stephen et David.Considérations sur le féminisme,l'infidélité,la famille.Pardon, j'ai trouvé ça oiseux, verbeux. Vive la Bibliothèque Guy de Maupassant de ma bonne ville qui donne à lire gratuitement à tous.Personne ne m'avait jamais parlé de Ludwig Lewisohn.Je n'en vivais pas plus mal.

10 février 2011

L'encombrant compagnon

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                       Il y avait pour moi un mystère John Barleycorn,très ancien.Très attiré par l'Amérique,son histoire,sa géographie,sa musique,sa littérature,son cinéma,et souvent interrogé par ses dérives,j'avais souvent rencontré le patronyme John Barleycorn que je traduisais par Jean Orgeblé et dont je croyais qu'il constituait une sorte d'Américain moyen,très moyen,de la Conquête de l'Ouest et de la Ruée vers l'Or surtout.Les mythiques groupes Traffic et Jethro Tull,entre autres,l'ont chanté,Fairport Convention,Procol Harum l'ayant aussi évoqué sans que je percute davantage bien que les ayant beaucoup écoutés.De plus j'ai lu Jack London,sans en être un spécialiste mais L'amour de la vie et Martin Eden notamment m'avaient beaucoup plu.Et la route de Jack London en soi est une aventure,pas seulement littéraire.Mais la lente distillation a opéré et j'ai enfin compris que ce Monsieur John Barleycorn est en fait l'alcool.Ainsi donc sans le savoir nombreux sont les amis de J.B.,ses amis ou ses disciples,ses esclaves ou ses séides,jamais ses maîtres.Nul mieux que Jack London n'est autorisé à en parler,les deux personnages ayant été intimes ,avec quelques brouilles,de cinq  à quarante ans,  la mort  de Jack London.Longtemps plus connu sous le titre Le cabaret de la dernière chance le récit-roman John Barleycorn a été publié en 1912,alors que le pauvre Jack,jadis misérable,pilleur d'huîtres,pilier de saloon,bagarreur, est devenu riche et couvert d'honneurs,restant plus que jamais miltiant socialiste précoce et tout ça sans jamais s'éloigner beaucoup de John Barleycorn,cet ami qui vous veut...Jack et John resrteront d'ailleurs associés jusqu'à la mort,controversée de Jack.John,aux dernières bouteilles,se porte bien.

    Ce livre,je le considère comme une oeuvre maîtresse sur l'homme et sa destinée,sa fragilité et ses ressources.Car London s'est battu toute sa vie,contre la trajectoire qui lui semblait imposée,contre le haut fric,contre vents et marées au sens propre et figuré, contre la maladie,contre et avec John.Dès ses primes expériences de la bière à cinq ans et du vin à sept London  a senti le danger.Mais voilà,le sourire de John Barleycorn n'est pas toujours édenté et fétide.Il sait se faire charmeur et se parer des plumes de la légèreté et de la belle amitié qu'il fracassera d'autant mieux plus tard.Marin,Jack a besoin de John.D'ailleurs,à eux deux ils font parfois un sacré boulot,l'alcool en ces années 1900 trônant partout en cette Californie des chercheurs d'or et des journaliers de ce pays neuf.Pas une éprouvante journée de travail sans que le maigre salaire ne soit délesté au premier cabaret du port d'Oakland d'où partirent les voyages de London.Ce John Barleycorn est tel que sans lui point de salut pour ces forçats du rail ou de la mer.Avec lui encore moins de salut."Ni avec toi ni sans toi" confie Jack London.Correspondant en Corée,voyageur à Londres ou Paris, quelque part sur son bateau le Snark aux Nouvelles-Hébrides ou au Japon,l'écrivain multiple,essayiste et penseur qu'est devenu Jack London traitera toujours d'égal à égal avec J.B.

   Ce livre est fabuleux et je suis heureux de l'avoir rencontré.Les derniers chapitres montrent London arrivé au sommet de ses influences,l'homme sans qui Kerouac,Hemingway ou Jim Harrison ne seraient pas ce qu'ils sont.London, lui,lucide, sceptique,fier malgré tout,doute encore et condamne John Barleycorn.On le sent capable d'initier,avec le féminisme naissant dont il sera un rare partisan précoce,d'intier une croisade contre son autre moi,ce J.B. qui nous rapproche en quelque sorte de cet autre roman fondateur d'un autre grand voyageur qui lui-même céda parfois aux paradis artificiels,L'étrange cas du Docteur Jekyll.Alors bien sûr pendant des décennies Jack London et Robert Louis Stevenson ont fleuri sur les étagères des chambres d'enfants.On a mis bien du temps avant de trouver leur vraie place,en littérature,la plus haute.

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   L'illustration musicale est double: Stevie Winwood et Traffic,ou Ian Anderson et Jethro Tull jouent et chantent John Barleycorn must die. http://www.youtube.com/watch?v=WgtVswJJJeQ

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  http://www.youtube.com/watch?v=lvmlWYBGamA

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