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BLOGART(LA COMTESSE)
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9 novembre 2010

Traces de canoé

    

         Joseph Boyden est cet auteur canadien découvert avec Le chemin des âmes qui nous ramenait à la Grande Guerre vue par un Indien,le grand-père de Will Bird,héros des Saisons de la solitude.Nous retrouvons le Canada,comtemporain aves ses indiens camés et ses indiennes top models.Ce raccourci un peu saisissant trahit une légère déception qui n'est pas celle du livre,fort bien écrit avec une poésie du Nord et de la forêt et de la rivière magnifique.Mais les deux chants du livre,celui de l'oncle Will,actuellement comateux,et celui de sa nièce Annie ayant cédé aux sirènes des studios et des pilules,ne s'amalgament pas de façon satisfaisante et pour tout dire le dyptique ne décolle pas vraiment.On comprend bien l'artifice,cent fois lu ou vu de la jet-set à l'américaine,si inintéressant.On se passionne plus bien sûr pour le retour aux ancêtres et à la nature de l'oncle Will,récurrent dans toute cette littérature indienne,terriblement terrien,lyrique et élégiaque.Mais les vols des oies sauvages,si belles soient-elles,ne suffisent pas à faire des Saisons de la solitude un voyage inoubliable.

     Si cette impression est somme toute mitigée c'est que ce monde pseudo-branché où s'ébat Annie ne l'empêche pas de piéger les castors de la baie James.J'avoue peiner à imaginer une telle dualité qui me semble manquer d'un minimum de vraisemblance.Le titre original Through black spruce est,comme souvent,bien plus beau que ce Saisons de la solitude,d'une grande banalité.

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20 août 2010

Promenons-nous dans les bois

         

                          Comme un amalgame de La nuit du chasseur (Davis Grubb) et de Délivrance (James Dickey), qui ne sont pas que  des films inoubliables mais bien des romans, La mort au crépuscule de William Gay nous est ainsi présenté.Ce genre de raccourcis a ses limites mais,bon,voilà un patronage plutôt flatteur.Soient trois acteurs principaux:un croque-mort amateur de mise en scènes  nécrophiles ou pour le moins macabres,une sorte de tueur à gages version rurale Sud profond pas mal dégénéré,un jeune homme poursuivi par le second pour le compte du premier.Nocturne,lunaisons faulknériennes.Le jeu,digne du Comte Zaroff, en beaucoup moins esthète, consiste à se planquer,à courir,à chasser le chasseur,à poursuivre le poursuivant.Sur cet échiquier tout en obscurité on passe un bon moment d'inquiétude et je crois que c'est déjà pas mal.

        Et le quatrième personnage encercle et nimbe cette histoire à trembler.Il s'agit de la forêt,une forêt très particulière qui porte le nom de Harrikin (déformation de Hurricane) et qui a reconquis des friches,quelque chose comme une ville fantôme à nouveau percluse de fondrières,de pièges cauteleux,de traquenards où bourreau et victime essaient de s'observer et de s'éliminer.Ce Sud est parfois assez typique de l'image qu'en donnent les écrivains,certes peu flatteuse,mâtiné de polar graisseux avec un zeste de mépris.Sur le plan littéraire il serait pourtant inconvenant de hisser William Gay au rang de Flannery O'Connor,voire de Faukner.Par contre Joe Lansdale et ses histoires de bayous.... pourquoi pas?Bref ce livre est un bon roman plutôt noir rural.Ne pas convoquer forcément pour ça les immenses.

19 juillet 2010

Des nouvelles moins bonnes que le facteur

    

                         Ce n'est pas l'ami Eireann CAIN James / La Fille dans la tempête  qui me contredira.Le recueil de nouvelles de James Cain,paru aussi sous le titre Retour de flamme est décevant à mon sens.L'âpre et noir conteur d' Assurance sur la mort et du Facteur sonne toujours deux fois nous offre une quinzaine d'histoires publiées dans divers magazines dans les années trente.On a souvent parlé de ces nouvelles type Pulp Stories.Force est de constater qu'elles ne sont pas toutes du même acabit.Certaines très courtes nous laissent de glace(Escamotage,Le cambriolage),teintées d'un humour qui ne m'a pas fait sourire.Les meilleures sont pour moi Le veinard ou En route pour la gloire,assez proches du climat du chef-d'oeuvre adapté quatre fois au cinéma.La littérature américaine de la crise a avec Edward Anderson,Horace McCoy,John Steinbeck mieux à nous proposer.Sorry James mais vous avez déjà une place au Panthéon.

3 avril 2010

Longs jumeaux

 

                Il faut à Wally Lamb 652 pages pour venir à bout de ce psychodrame sur la gémellité.C'est un peu long même à deux.Non que ce livre soit dénué de tout intérêt,mais la lourdeur psy nous guette à chaque page tournée et l'on finit par n'y croire qu'à moitié.Bon la moitié de jumeaux ça fait encore un entier,me direz-vous.Thomas le fragile et Dominick,plus fort,différents osmotiques,ignorent qui est leur père.On découvre plus tard alors que Thomas s'est mutilé que leur mère morte était elle-même une jumelle,fille mal aimée d'un émigrant sicilien.A travers le manuscrit laissé par son grand-père Dominick va voir ressurgir le passé de sa famille.Les secrets,la violence,tout une gangue de culpabilité s'abat sur lui.C'est vraiment beaucoup et le montage parallèle entre le récit de Dominick et la confession de l'aïeul Domenico (en plus ils ont le même prénom) s'avère artifice un peu trop voyant à mon sens.On repasse aussi par la case Sicile et l'inévitable migration transatlantique.Rien de cela n'est inintéressant mais manque singulièrement de grâce.

  Et puis le roman-fleuve a ses exigences dont la première est le souffle authentique de la vita americana.On ne le sent pas assez dans La puissance des vaincus qui peine à s'élever au dessus du mélo familial freudien bourré de complexes et de non-dits.Wally Lamb semble jouir d'une réelle popularité aux Etats-Unis.Deux autres romans chez Belfond,Le chant de Dolores et tout récemment Le chagrin et la grâce dont le titre semble déjà une expiation.La puissance des vaincus reste cependant estimable,mais m'a pris un peu trop de temps.Je pense que la fin du livre est de loin la meilleure partie,plus serrée et révélant vraiment Dominick.

28 mars 2010

Discorde Island ou la possibilité d'une île

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Sur le livre de David Vann,les avis de Dasola et Dominique

http://dasola.canalblog.com/archives/2010/03/27/17326861.html

http://nuagesetvent.over-blog.com/article-david-vann-sukkwan-island-45071942.html

  Cette île du Pacifique Nord est-elle en passe de devenir une destination culte (terme ridicule) en même temps qu'un sujet de querelle littéraire et accessoirement un triomphe de librairie?Elle va rejoindre d'autres terres célèbres en Lettrelande, Au trésor ,Mystérieuse, du Dr.Moreau.Les amies citées plus haut ne semblent guère désireuses d'y débarquer.Sans être inconditionnel de cette insularité mon séjour là-bas m'a semblé somme toute intéressant.Certes ce livre fait un sacré choc à mi-parcours.Il faut d'ailleurs se montrer particulièrement attentif à n'être pas trop disert en le chroniquant.Ce bouquin est un roman de 200 pages dont la brièveté cadre bien avec le côté expéditif de cette histoire.Dans cette littérature de la rudesse on aura compris que les rapports père-fils n'auront rien d'une île enchanteresse.Mais cette brutalité assène un coup de poing plutôt salutaire à ce type de récit qu'on aurait pu croire initiatique.Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue dont pas mal de blogueurs ont déjà évoqué le fil.

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   C'est un ouvrage qui divise à l'évidence les lecteurs et braque parfois ceux qui ne l'ont pas encore lu et ne le feront peut-être pas.Un malaise saisit toutefois le lecteur,fût-il plutôt favorable comme moi.C'est que fréquenter Jim et Roy n'est pas de tout repos et l'on peut comprendre facilement les réticences.Glacial,secoué de pleurs et de peurs,zébré de matins qui ne chantent pas,il est âpre de séjourner à Sukkwan Island.A chacun d'y puiser sa substantifique moëlle,quitte à dévorer en frissonnant  des crabes crûs comme le "héros".Pour se détendre on peut essayer de trouver qui sera l'interprète de l'adaptation ciné,quasi inévitable à mon avis.

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19 février 2010

Un peu gris tout de même

                                Richard Price né en 1950 écrit assez peu.Scénariste pour Scorsese et Spike Lee,ses livres sont Clockers,Les seigneurs,Ville noire,ville blanche,Le Samaritain.,et dernièrement Souvenez-vous de moi.Peintre de New York on le présente un peu comme l'alter ego du Ellroy de L.A. ou du Pelecanos de Washington.Complexes et profonds ses bouquins vont au delà du bon polar,ce qui ne serait déjà pas si mal.Mon avis est un peu plus réservé. J'ai lu Ville noire,ville blanche,pavé de 620 pages,ce qui est beaucoup trop et affaiblit un peu à mon gré .Dans une banlieue de la Grande Pomme il y a souvent choc entre les communautés.On s'en serait douté depuis belle lurette.Richard Price pointe bien les contradictions et les cicatrices de ce monde de petits délinquants pas si petits,de miliciens peu fréquentables,de travailleurs sociaux harassés et guettés par le découragement, de flics paumés et alcooliques dont beaucoup essaient de faire à peu près bien un sale boulot.
                  Rempli d'enfants perdus,jonchés de seringues,zébré de peurs crépusculaires Ville noire,ville blanche n'apporte certes rien de vraiment nouveau sous le soleil noir de l'Amérique. Mais, sérieux, documenté,étayé d'une manière presque pédagogique il nous distille une fois encore la grande crainte de nos sociétés,version New Jersey,c'est à dire la porte à côté.

14 février 2010

Le roux et le noir

           Fleuve de 755 pages Un pays à l'aube se lit sans difficulté et avec pas mal de plaisir.Premier livre pour moi de Dennis Lehane auteur des bouquins devenus films (Mystic River,Gone,baby,gone,Shutter Island) Un pays à l'aube brosse un état des lieux de l'Amérique en 1919 à travers l'historique grève des policiers de Boston.La facture de ce livre est ultra classique,sorte de montage alterné de la vie des deux personnages principaux,un flic irlandais et un ouvrier noir.Ils finiront par se rencontrer et se lier d'amitié.Tout au long du roman corruption, banditisme, anarchisme et base-ball:nous sommes bien en Amérique où les boys de retour du front européen essaient de retrouver leur place en chassnt les autres,dure loi de la guerre.Lehane nous gratifie d'un bien longuet prologue sur les finesses du base-ball justement et j'avoue que c'est un peu pénible.Mais après on se prend d'affection pour ces gens ordinaires confrontés aux changements sociaux qui se dessinent en ce début de prohibition.Nous sommes à Boston et ça nous change un peu de New York ou Chicago.Mais ce Boston là n'est pas seulement le bastion démocrate et féministe que l'on sait.C'est,comme ailleurs en ce pays et ces années,une ville de misère et de saleté où la négritude n'est guère mieux vue que dans le Sud.

  Confrontés tous deux à la violence et à l'injustice Danny l'Irlandais et Luther le Noir ne pourront non plus s'exonérer de toute brutalité.Le lecteur,lui,aura passé un bon moment.Bien fait,relativement vite lu,documenté manifestement,Un pays à l'aube ne fait pourtant pas à lui seul un très grand écrivain.Même si les scènes de grèves et de répressions ont de quoi tenter une fois de plus un cinéaste après Eastwood, Affleck,Scorsese pour les ouvrages précités.Et si Dennis Lehane était plus à l'aise dans l'univers plus franchement noir du polar pur jus.J'aimerais avoir l'opinion des blogueurs intéressés.

6 septembre 2009

Enchanté du désenchanté

         Budd Schulberg vient de mourir à 95 ans,je crois.S'il fut l'un des grands auteurs à Hollywood Schulberg n'a pas attendu le cinéma pour savoir écrire romans et nouvelles dont les cinéphiles ont retenu notamment Un homme dans la foule,Plus dure sera la chute,Sur les quais.Fils d'un ponte de Paramount,élevé dans le sérail il a écrit sur ce sujet Qu'est-ce qui fait courir Sammy? et Le désenchanté.

       

Le désenchanté fut publié en 1950.S'il est inspiré de la chute de Scott Fitzgerald Budd Schulberg nous donne là une oeuvre follement romanesque dans le bon sens,peignant dans un même maelstrom les débuts de la folie de Zelda(ici nommée Jere) et la débandade boursièrede la fin des Roaring Twenties.Dans romanesque il y a roman et quel roman,quelle histoire fabuleuse de champagne et de gueules de bois,de parties dignes de Gatsby et de déchéances tôt venues.
Manley Halliday qui fut il y a presque vingt ans un écrivain adulé se voit contraint à faire le tacheron pour les producteurs d'Hollywood(attention,pas tous incultes).Cornaqué par un jeune espoir du scénario,fauché comme c'est pas permis,  retrouvera-t-il le génie,ou simplement le talent,ou encore plus simplement la recette du retour en grâce?

           Schulberg traite admirablement d'un univers qu'il connaît bien.De Manhattan à Paris,de Berlin aux Alpes enneigées, zébré de retours au passé parfaitement inclus dans la progresssion qui va vers l'ultime,Le désenchanté est un très grand livre pas seulement sur l'usine à rêves,mais plus sûrement sur la brûlure d'un talent phénix qui n'en finit pas de ne pas renaître.

10 août 2009

Trop d'affut

       Je n'avais pas lu Ernie depuis des décennies.C'est un jeu un peu risqué de se replonger dans un auteur que l'on a beaucoup fréquenté à 20 ans.Dans ces année Hemingway était encore un auteur très lu, Prix Nobel,qui fut riche de plusieurs vies,adapté souvent fort mal au cinéma,quatre fois marié,membre de nombreux clubs et client assidu des plus célèbres bars de la planète.On sait qu'il traverse actuellement un sérieux désert, et que son seul passeport semble être pour l'oubli.Je viens  de lire un presque inédit,pour moi en tout cas,La vérité à la lumière de l'aube,paru en France en 98,nanti d'une présentation et d'une mise en pages de Patrick Hemingway car le manuscrit le nécessitait.

         Le livre raconte la vie d'Hemingway au Kenya en 53-54,soit avant l'indépendance,en compagnie de sa quatrième femme.Ni roman comme Le soleil se lève aussi ou Les neiges du Kilimandjaro,autre jalons africains d'Hem,ni véritablement journal,c'est un récit où le grand chasseur se taille la part du lion si j'ose dire,sans laisser de côté le mari tendrement amoureux de Miss Mary sa jeune femme (jolis dialogues),ni le fonctionnaire gardien de réserve qu'il était officiellement.Les soubresauts kenyans sont évoqués mais le livre s'articule plus sur le quotidien du couple et de son équipe au coeur de ces montagnes d'Afrique en ce milieu de siècle.Bien sûr le temps m'a  paru un peu long parfois à pister le léopard ou à révasser devant le Kili mais l'humour féroce d'Hemingway,à ses propres dépens bien souvent,fait passer quelques lourdeurs cynégétiques.

           Je sais.La décolonisation,le féminisme,l'écologie,le temps  sont passés par là et il sera difficile pour certains,je le conçois,de se passionner pour ces aventures africaines où les autochtones sont chauffeurs,pisteurs ou cuisiniers.Et probablement contents de l'être."I had a farm in Africa" écrivait une célèbre baronne amoureuse de l'Afrique.Et c'est justement  ce qui fait une certaine grandeur de La vérité à la lumière de l'aube:le regard de l'auteur sur cette Afrique,son Afrique, incontestablement est celui d'un amant.On peut certes reprocher bien des choses à Papa Hem,c'est même assez facile.Mais pas ça.

23 juillet 2009

Les ruines du palace

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  Je n'ai pas trop compris où voulait en venir Timothy Findley que je lis pour la première fois.Ce livre est certes d'une construction assez originale et fait d'un personnage de fiction imaginé par Ezra Pound le héros de cette histoire.Autres personnages importants,le Duc et la Duchesse de Windsor,qu'il est recommandé de connaître un peu pour la compréhension du roman.Le Grand Elysium Hotel commence par une idée géniale:les Américains découvrent dans un palace des Alpes Autrichiennes des murs entiers couverts de mots.Ces mots sont ceux de l'écrivain Hugh Seldwyn Mauberley,zélateur du Nazisme.Accessoirement il y a aussi son cadavre.

  Ce prologue est suivi de nombreux flash-back sur l'avant-guerre et nous emmène en Espagne,en France,en Italie.La quatrième de couverture nous parle de la présence d'Ernest Hemingway ou de Garbo.Très exagéré car on les entrevoit à peine.Pas plus que Somerset Maugham.L'ennui n'était pas loin quant à moi.et les aventures réelles ou à peu près de l'ex-roi Edouard VIII aux Bahamas m'ont laissé de marbre.Si l'on pressent bien que Findley a voulu dresser l'état des lieux moraux de quelques puissants de l'avant-guerre il peine en ce qui me concerne à me passionner pour ceux qui ont dansé ainsi sur le volcan.Une réelle déception.J'ai par contre apprécié le début de lutte dans ce qui n'est pas encore la paix entre les partisans d'un certain oubli et les autres.On touchait là au fondamental.Chez Findley les mondanités brunâtres m'ont paru grises.

1 mars 2009

Encore un bon livre dans cette vie moyenne

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         Sous ce titre peu engageant ne nous trompons pas se cache une oeuvre littéraire de tout premier plan.Nick Flynn,pas un premier communiant,a écrit un livre qui s'il s'apparente au récit,au vécu,est aussi une fiction digne des meilleurs romans.Quelques références, Edward Anderson,Nelson Algren,des écrivains de la Crise,et ce n'est pas un hasard.Parlant de son père qu'il n'a pas connu Nick Flynn qui l'a rencontré en travaillant pour les SDF de Boston a écrit entre autres:

A l'approche de Noël il fait le Père Noël pour l"Armée du Salut.Planté sur un trottoir devant un chaudron noirci,il agite une clochette.Plus tard en marchant dans les rues je m'aperçois pour la première fois de la quantité de Pères Noël,j'en passe des douzaines,un à chaque coin de rue ,même chaudron,même costume élimé,mais désormais plane le soupçon que l'un d'eux soit mon père.


          Un peu du climat de L'herbe de fer de William Kennedy aussi(bien méconnu ce Kennedy là,soit dit en passant).Mais laissons les similitudes.Le style de Flynn est très personnel,narration parfois classique, lettres,flashbacks,formulaires administratifs composent une très belle vitrine qui nous laisse entrer dans ce quotidien des sans abri,version américaine.Le père,Jonathan Flynn,a fait tous les métiers et un peu de prison aussi.Le fils,Nick,a fait tous les métiers,sans aller jusqu'à la prison.Jonathan,assez mythomane,a l'ambition d'écrire un roman(Jack London peut-être,ou Steinbeck).Peu importe.La magie de ce livre bouleversant,profondément américain,tient au fait que ce plus que chaotique rapport familial saura nous toucher,nous prenant à témoin d'un amour père-fils et réciproque qui ne ressemble à aucune autre quête du père en littérature.Thème pourtant omniprésent partout où des mots sont assemblés sur une feuille blanche.
    Il me semble,mais peut-être suis-je trop affirmatif,que les bancs occupés de nos cités,je les verrais un peu autrement.Grandeur de la Littérature.Qu'en penserez-vous?A propos,même Shakespeare,qui s'y connaissait en aléas de la vie,apparaît dans cette nuit américaine...


7 février 2009

Sombres impressions du pôle

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      Certes il est un peu monstrueux,Terreur,de Dan Simmons, avec ses 700 pages comme écrites robustes par un charpentier de marine.Lourd et épais comme un vulgaire best-seller(c'est pas méchant) et en relief le nom de l'auteur et celui de livre.Et surtout il est passionnant malgré quelques petites baisses de régime.Dame!Sur la distance...Triple patronage pour ce grand roman épique,moral et philosophique.
    -L'Histoire,celle de la conquête des pôles,qui a inspiré Simmons qui met en scène les vrais acteurs du drame de 1845 qui vit le Grand Nord se refermer sur l'expédition Franklin,de la Marine royale anglaise.Jules Verne pour Un hivernage dans les glaces s'st souvenu de cela lui aussi.
    -Howard Hawks et son film de 51 La chose d'un autre monde(bon remake par John Carpenter en 82) qui contait la terreur causée parun extra-terrestre congelé,puis décongelé sur une base militaro-scientifique.
     -Un certain H.M. dont le roman M.D.,un pavé lui aussi,d'ailleurs fort peu lu dans sa version totale,et où le Capitaine A. se damnait sur toutes les mers du monde,nanti d'un pilon pour clouer au pilori le grand cachalot blanc.

         De tout cela Dan Simmons tire sa substantifique moelle pour nous offrir un roman d'initiation,un avatar de la collection Terre Humaine,un thriller d'épouvante,un précis de navigation boréale,un long cours de climatologie,une histoire d'amour,un western avec traîtres et sacrifices,une grande aventure doublée d'une soilde réflexion sur le destin de ces hommes,sombre et grandiose.
Si vous entrez dans ce journal de bord immobile vous n'échapperez pas à ce souffle,d'une grande valeur littéraire,mais Simmons a fait ses preuves, je crois,dans ses immenses cycles de science-fiction.Mais de cela d'autres ont déjà fort bien devisé .Immobile dans le grand blanc,infernal et titanesque,face au léviathan,à l'immensité de glace(vocabulaire très riche en découvertes),et à la petitesse de certains hommes dont la vilenie s'épanouit mieux en Arctique,vous frissonnerez intelligemment.Couvrez-vous

31 janvier 2009

Philosophie et fusils sur la montagne

     Ce livre intéressant,court et original,m'a cependant laissé un peu sur la réserve.Ce bouquin échappe complètement à l'univers balisé du thriller pour lorgner sur une sorte de réflexion en forme de monologue sur la condition de l'assassin comme se définit lui-même William Gasper.Cet homme est ambigu,la façon dont il parle de ses armes fait froid dans le dos.Et il cite Kierkegaard et Schopenhauer et je me demande si ce n'est pas encore plus inquiétant.Et si c'était un ultime avatar du syndrome de John Rambo,en plus intellectuel bien sûr.Ce qui ne rassure pas.Mais ce livre ne ressemble à rien de ce que je connais et vaut le détour.Vous pouvez emboîter le pas de L'homme qui marchait sur la Lune mais méfiez-vous de lui.Cet homme est dangereux.

25 novembre 2008

Un livre en somme

   Oui mais quel livre!Et quelle somme que ce livre!Sybilline l'a dit,les critiques sont enthousiastes et je me méfiais un peu.De plus je confesse m'être ennuyé à la lecture de Trois fermiers s'en vont au bal dont seul le titre m'avait plu.Avec Le temps où nous chantions Richard Powers nous livre une somme littéraire,un souffle prodigieux et rare animant ce livre,incomparable.Je pense que beaucoup le liront et n'ai pas l'intention d'en dire bien plus.

    Simplement il fait 760 pages et ne s'est ouvert à moi que parcimonieusement car certains passages sur la physique quantique ou même la musique sont relativement ardus.Je l'ai dégusté à petites doses comme un vieil alcool qui n'autorise son arôme que peu à peu,exigeant du lecteur une certaine disponibilité.A mon avis le très grand livre sur l'Amérique de ce début de siècle. Histoire, science, musique,famille,violence,mort sont les ingrédients de ce fabuleux bouquin qui balaie six décennies américaines en une polyphonie étourdissante qui fait qu'on quitte à regret cette famille si américaine dans toute sa complexité.On pourrait écrire des pages sur Le temps où nous chantions.Mais vous n'avez pas le temps,il vous faut vous précipiter sur ce roman inoubliable.

12 août 2008

Histoires de soldats et de civils,souvent morts

     Ambrose Bierce(1842-1913) a vécu les affres de la Guerre de Sécession.Hanté par ces images il en fera un chef-d'oeuvre avec les nouvelles terribles de Tales of soldiers and civilians,titré en français Morts violentes.Au long de cette quinzaine de short stories ce qui frappe c'est le rapport du héros de chaque texte,ce rapport si étroit à la mort,concrète,hideuse et quotidienne sur les champs de bataille.Avec évidemment le degré d'horreur supplémentaire,cette horreur fratricide de la guerre civile.Lire ce livre c'est s'exposer à certaines difficultés techniques tant les pages sentent la poudre à canon et suintent la peur à chaque instant.L'expérience en serait presque hallucinante.

    Chickamauga,un enfant "joue" sabre au clair à commander une colonne de blessés graves qui rampent sur le sol.Dans Une rude bagarre un officier larde un cadavre de son épée,terrorisé par le regard du mort.   La rivière du hibou (portée à l'écran par Robert Enrico) par sa délectation morbide nous emmène sur les terres d'Edgar Poe.Dans ce livre vraiment à marquer d'une pierre noire les Deux Cavaliers de l'Apocalypse que sont la Peur et la Mort accompagnent des histoires de frères ennemis,de reconnaissance post-mortem,tout ceci avec une précision presque photographique.Le journalisme n'a jamais quitté tout à fait Ambrose Bierce.Si vous devez ne lire que deux livres sur le conflit Nord-Sud si meurtrier pas d'hésitation Stephen Crane (The red badge of courage) et Mort violentes.Ambrose Bierce,parti rejoindre Pancho Villa en 1913,a disparu dans le désert mexicain.Avait-il enfin apprivoisé la Camarde?

19 juillet 2008

Méditation et désenchantement

    J'ai opté pour ce titre à la Bergman parce que j'ai trouvé dans ce livre d'un auteur peu lu en France et inconnu pour moi des résonances qui font penser au maître suédois.A commencer par ces quelques lignes sur l'âge:

      "Le sentiment d'être remisés derrière le garage,au milieu des herbes folles,avec les quatre pneus à plat et la moitiè des pièces qui manquent.Et puis aussi le courrier qu'on reçoit.Telle semaine c'est Kenneth qui entre à l'hospice dans le Queens, pratiquement aussi mort que si on venait de l'enterrer.La semaine suivante c'est Roy qui casse sa pipe à Savannah.Deux jours plus tard on apprend qu'à Princeton Dick est atteint de la maladie de Parkinson.Et maintenant c'est Tom qui vient d'entrer dans le quartier des condamnés à mort.Et jusqu'à ces carnets que je suis en train de te lire,qui nous rappellent à quel point nous sommes vieux et diminués.A nos âges chaque nouvelle est une mauvaise  nouvelle.Je n'aime pas faire la queue devant la guillotine.Je n'aime pas être convié à l'exécution de mes amis".

                   The spectator bird,très beau titre original,se présente en effet comme une réflexion amère sur le temps et la peine de vivre,de vivre cette vie finalement brève,réflexion qui me touche profondément et je crois que là encore les années ne sont pas étrangères à cela.De même que nos lectures prennent un sens différent au fil des décennies Joe se surprend à rouvrir un journal intime tenu 25 ans plus tôt lors d'un voyage au Danemark. Et,retrouvant ces lignes jetées sur ces cahiers puis oubliées, l'amertume,la tristesse, le découragement se mettent à le tenailler d'abord presque gentiment puis plus durement. Septuagénaire il a vécu avec Ruth une vie plutôt pas mal,dans un milieu intellectuel newyorkais,nanti d'amis brillants et de dîners en ville.Mais la fêlure est là comme pour nous tous,non seulement la mort de leur fils unique mais aussi les élancements d'un coeur vieillissant à l'évocation de ces souvenirs parfois d'une certaine complaisance.

      Comment ne pas être bouleversé par ce roman,très secret et sensible,qui,je crois,est en parfaite cohérence avec ses autres livres?Au moment où les jeux sont faits,quel peut être le presque ultime sursaut de l'homme,quand à travers le miroir on ne lui renvoie que l'image de cette liberté captive qui laisse chacun seul?Et comme je ne peux m'empêcher de truffer mes mots de références, mais on peut en avoir bien d'autres,je citerai une fois encore les incontournables Gens de Dublin ou Mort à Venise.La compagnie de Joyce et de Mann ne me semble pas trop déshonorante.Phébus a publié plusieurs livres de cet écrivain mort en 93.Je vous convie par ailleurs à visiter Sybilline qui a lu Wallace Stegner ce qui n'est pas si fréquent. (Stegner Wallace ).

27 juin 2008

Rudes riffs dans le Montana

   Avant tout l'avis d'Eireann BURKE James Lee / le boogie des rêves perdus.De toute façon un livre avec en couverture Lucille la gutare de B.B.King et un titre pareil ne peut que séduire les amis du blues ce qui fait déjà du monde.Deux potes musiciens sont sortis de taule en Louisiane et se retrouvent dans ce Montana qui nous fait rêver.Burke a situé la plupart de ses livres dans le Sud et son héros récurrent s'appelle Dave Robicheaux.Ici nous abandonnons les bayous et le jambalaya pour le Nord-Ouest cher à Jim Harrison, Thomas McGuane ou Larry Watson.Dans cet état rural aux paysages magiques la nature sait aussi rudoyer les hommes,souvent des hommes simples qui ne sont jamais si bien qu'à l'affût du coq de bruyère un matin de neige.

   Le décor planté est ainsi mûr pour la tragédie car bien que vieux de trente ans ce roman met en scène les désastres écologiques de ces forêts trouées d'industries du bois ou du papier qui polluent allégrément. Les habitants dégainent parfois un peu vite et l'amitié peine à résister à la violence toujours à fleur de peau,avec son cortège d'alcools et d'addictions.Pourtant quelques jolies scènes presque idylliques jalonnent ce bon roman très américain empli de modestes et de besogneux.La pêche à la truite est un peu l'archétype de ces respirations avec le barbecue qui pourrait s'ensuivre.Mais au Montana comme partout les réunions d'amis finissent parfois mal.Il arrive aussi que se désaccordent le piano blues et les pickings country.

    Un peu de stop et probablement un pick-up vous entraînera du côté de Missoula,sur ces collines qui lorgnent vers les Rocheuses, reste d'Amérique sauvage aux vols d'oiseaux comme Audubon les dessinait. C'est peut-être une des dernières mises en demeure.Une chose m'ennuie:ne pas avoir le vocabulaire fleuri et précis pour décrire arbres,animaux ou phénomènes naturels comme savent le faire ces auteurs boucanés par les marais de Louisiane ou le vent du Nord.

21 juin 2008

La fin des haricots

  La décimation(Ed.Christian Bourgois)

    Les années 1840,au Mexique,peu après Alamo.Quelques centaines de prisonniers texans tirent au sort des haricots.Un haricot noir pour neuf blancs et un malheureux sur dix sera exécuté.Avec La décimation, Rick Bass dont j'ai déjà présenté les nouvelles (Les Américains de Bass) nous offre un roman remarquable en tous points.Sur fond historique authentique,la création d'une milice de la République du Texas,oui le Texas a èté indépendant,Bass nous narre une aventure militaire, paramilitaire plutôt,particulièrement absurde.Ces hommes traversent le Rio Grande pour en découdre avec les Mexicains. Cruautés bilatérales, c'est ça qui est bien avec la guerre...On a parlé pour  ce livre de Cormac McCarthy,enfant chéri de la critique française  depuis No country...On a parlé aussi de Stephen Crane immortel auteur de The red badge of courage dont bien des blogueurs ont déjà évoqué l'intérêt.

   Cette seconde référence me semble plus évidente tant la fragilité des personnages,leur inadéquation pour la plupart avec le milieu brutal,minéral et inhumain auquel ils sont vite confrontés,nous ramène aux tourments du tout jeune soldat de la Guerre de Sécession décrit dans La charge victorieuse, titre français du film de Huston d'après Crane.Mais La décimation n'est pas un livre sur la guerre,fut-elle méconnue.C'est une longue ballade presque au sens médiéval sur la naîveté et parfois même l'angélisme de ces croisés d'un nouveau genre.On croit tous connaître l'histoire de l'Amérique sous prétexte qu'elle est courte.C'est oublier les soubresauts qui accompagnèrent la naissance et l'enfance de la jeune république.

    Lire La décimation c'est aussi plonger dans ce désert mexicain brûlant et froid,boire à l'eau des cactus, et se colleter à la gloire naissante de ces apprentis héros qui ne connaîtront en fait que les geôles d'un château de roche et l'inextinguible soif de survivre,au prix de toutes les humiliations.Mais ceci est une autre histoire,universelle et de tout temps.Vous n'oublierez pas ces hommes,dessinés au long de l'aventure par l'un d'entre eux,Charles McLaughlin,sorte de correspondant de guerre,dont les croquis témoignent de la bêtise et de la haine sous le fallacieux prétexte d'être né sur l'une ou l'autre rive du mythique Rio Grande.Rio grande dont on parle toujours à propos de frontière...

   

6 juin 2008

Etang tragique

    Brève  critique pour ce livre pas désagréable qui nous transporte dans le Texas des années trente,sur les traces d'un tueur des bayous,et dont la jaquette évoque La nuit du chasseur.Outre que je n'ai jamais lu La nuit du chasseur même si j'ai vu le film une douzaine de fois je trouve cette assertion très exagérée.Les marécages est un polar bien ficelé,muni de tous les signaux du polar rural américain, négritude, racisme, abrutissement de la plupart des personnages, culte proche du vaudou.Relations entre blancs qui s'avèrent être noirs,descendants d'esclaves forcément innocents mais forcément soupçonnés.K.K.K comme on l'imagine et une famille où les enfants s'aventurent aux frontières du fantastique.Ce roman se lit facilement mais souffre cependant d'un très gros défaut:je n'y ai trouvé aucun suspens véritable,ce qui est quand même un comble. Pas la mondre surprise,pas trace d'étonnement.On peut le lire,on peut aussi lire autre chose sans trop de crainte d'être passé à côté d'une perle rare.

21 mai 2008

Sudiste déception récemment atténuée

book cover of 
Wise Blood 
by
Flannery O'Connor

         Note laissée au brouillon et reprise aujourd'hui après avoir vu le film.On sait le Sud des U.S.A grand pourvoyeur de talents littéraires,Faulkner,Carson McCullers,Harper Lee,Erskine Caldwell, Tennessee Williams.Souvent citée Flannery O'Connor ne m'a pas vraiment emballé avec La sagesse dans le sang,aussi nommé Le Malin,dont Huston fit un film que je n'avais jamais vu.Non,le roman de Flannery O'Connor ne m'a pas emballé car je crois que le "compte à régler" qu'elle avait avec les prédicateurs n'est pas tout à fait soldé par ce livre que je considère un peu comme incomplet et surtout laissant trop peu d'espace aux protagonistes.La preuve en est qu'il m'a fallu voir l'adaptation du vieux lion Huston pour m'immerger davantage dans cette histoire qui se déroule en Georgie,mais surtout en Absurdie.

        Justement cette adaptation assez fidèle m'a plutôt réconcilié car les acteurs de Huston sont parfaits.Tous plus ou moins demeurés,escrocs minables arnaquant à l'espoir comme il en pleut là-bas,traversés par des lubies vaguement mortifiantes,une belle galerie de trognes Deep South dans sa fange.Brad Dourif,au visage triangle et au regard de furet compose un jeune prêcheur presque inquiétant.Il a la bonne idée de fonder sa propre église,celle du Christ sans Christ,où les aveugles ne voient pas,où les paralytiques ne se mettent pas à marcher et où les morts restent morts.Joli programme qui au moins ne devrait décevoir personne.Il y a d'autres prêcheurs,Harry Dean Stanton,faux aveugle,vrai gangster,Ned Beatty,grand acteur méconnu qui apporte sa rondeur à Hoover,autre allumé notoire et vénal,sans oublier John Huston en personne dans le rôle du grand -père d'Hazel,prêcheur évangélique mais peu angélique.Dans cette Amérique foutraque que j'ai plus comprise en film qu'en livre valsent ainsi tous ces déboussolés, absolument pas démodés dans l'Amérique d'aujourd'hui.Parfois loin de notre rationalisme mais faut-il le regretter?

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