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BLOGART(LA COMTESSE)

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9 janvier 2014

La poésie du jeudi, François-René de Chateaubriand

Les adieux

Le temps m’appelle : il faut finir ces vers.

A ce penser défaillit mon courage.

Je vous salue, ô vallons que je perds !

Ecoutez-moi : c’est mon dernier hommage.

Loin, loin d’ici, sur la terre égaré,

Je vais traîner une importune vie ;

Mais quelque part que j’habite ignoré,

Ne craignez point qu’un ami vous oublie.

Oui, j’aimerai ce rivage enchanteur,

Ces monts déserts qui remplissaient mon coeur

Et de silence et de mélancolie ;

Surtout ces bois chers à ma rêverie,

Où je voyais, de buisson en buisson,

Voler sans bruit un couple solitaire,

Dont j’entendais, sous l’orme héréditaire,

Seul, attendri, la dernière chanson.

Simples oiseaux, retiendrez-vous la mienne ?

Parmi ces bois, ah ! qu’il vous en souvienne.

En te quittant je chante tes attraits,

Bord adoré ! De ton maître fidèle

Si les talents égalaient les regrets,

Ces derniers vers n’auraient point de modèle.

Mais aux pinceaux de la nature épris,

La gloire échappe et n’en est point le prix.

Ma muse est simple, et rougissante et nue ;

Je dois mourir ainsi que l’humble fleur

Qui passe à l’ombre, et seulement connue

De ces ruisseaux qui faisaient son bonheur.

images

 François-René de Chateaubriand, Tableaux de la nature

                                

                                          Personnellement la période des fêtes est très loin de m'euphoriser et m'a plutôt donné envie de relire quelques lignes de ce pionnier d'un certain romantisme, qui avait encore un pied dans le Siècle des Lumières.

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7 janvier 2014

Bronxite chronique

bronx

                                        Ce sera bref. Je n'ai pas aimé ce roman. Je sais que Jerome Charyn a une cohorte d'admirateurs notamment en France. Je lui reconnais une imagination fertile. Il faut dire aussi que pour mon premier, et vraisemblablement dernier Charyn, j'ai pris au hasard El Bronx, huit ou neuvième roman mettant en scène Isaac Sidel, ancien flic juif, commissaire puis ci-devant maire de New York. Depuis je crois qu'il est devenu vice-président des Etats-Unis. Certaines filiations m'ont sûrement échappé. Charyn est un prolifique  "branché". Les prolifiques, moi, je les préfère simples et pas modernes. Jerome Charyn, enfin ce livre, El Bronx, me l'a semblé tellement, moderne, avec tout ce que ça implique d'air du temps, et de facilités, et ce style BD.Certes Charyn sait nous décrire un monde coloré et assez original, un monde d'enfants perdus virevoltant autour d'un maître, un maître mot pour l'auteur, la came. Ce n'est pas le Bronx des polars et du cinéma, pourtant violent, mais un royaume où les enfants jouent un jeu, un jeu que je n'aime décidément pas.

                                       Encore une fois Charyn ne manque ni d'idées ni de visions. Des hélicos survolant le Bronx, transormé en hyper de la dépravation, une sorte d'opéra baroque sous crack , le contraire d'un conte de fées,  Seulement je trouve les idées bien banales et les visions bien clinquantes et agressives. J'aurai lu Jerome Charyn, notamment pour Lecture/Ecriture. Et voilà tout.

 

5 janvier 2014

J'ai dix ans, je sais que c'est pas vrai mais...

                               ... j'ai dix ans quand Don et Phil, The Everly Brothers, m'offrent mes toutes premières émotions musicales. Leur duo, dont Simon and Garfunkel ont toujours reconnu l'influence sur leurs harmonies, et qui reprirent sur scène  deux de leurs tubes, Bye bye love et Wake up Little Susie, est aussi à l'origine de ce qui devait prendre tant d'ampleur dans mon existence, le rock, au sens large. Bien sûr pour moi ce n'était qu'une ébauche et j'étais encore un peu court pour frémir tout à fait au binaire et aux arpèges. Il faudrait attendre quelques années et lorgner du côté de Liverpool, mais le grain était semé, ça ne devait plus tarder. The Ev. c'était un formidable juke-box d'une trentaine de succès du temps des drive-in et des lait-fraise, où les chansons duraient 2 '40". Pour le drive-in j'étais trop jeune. Phil Everly, le plus jeune est mort vendredi 03 janvier.

4 janvier 2014

Les plumes ...by Asphodèle: Un acte fondateur

                                 Au menu de la Saint Sylvestre, et qu'elle en soit vivement remerciée, Asphodèle a dressé une  jolie table dont les couverts sont les dix-sept mots suivants: artiste-univers-expression-mystère-délivrance-peinture-invention-monde-résistance-don-innovation-agité-créateur-unique-traverser-turbulence-tangente.

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                                  Tout ça lui semblait un peu court. Que manquait-il donc à son grand oeuvre? Mystère. Pourtant les fourmis, agitées comme des puces, avaient déjà ce don perfide de se faufiler partout, jusque dans sa barbe. Quelques crocodiles traversaient en d'incessants aller-retour et sans la moindre larme ce fleuve,était-ce le Pactole ou le Léthé, et que n'effrayaient pas les aquatiques turbulences. Là-haut les pierres restaient de pierre et ne menaçaient pas de prendre la tangente.Sans se prendre pour un artiste de droit divin il n'était pas mécontent de l'expression générale du grand tableau qui lui tenait tant à coeur. Mais, "bon Moi-même" s'excitait-il un peu, "Je sens comme une résistance, là, qui empêche ma plénitude".

                                 Etait-ce cette pomme dans le verger d'abondance, à peu près ronde comme ce monde tout nouveau et qui lui inspirait un brin d'inquiétude? Etait-ce cette hésitation à conclure? Et si son génie créateur, après quelques milliers d'années , était rapidement contesté, voire vilipendé?Le week-end imminent, il lui fallait en sortir avant les heures de pointe et il s'ingénia à mettre la touche finale, d'un coup de limon, à cette double innovation, couple qu'il espérait moteur d'un univers flambant neuf.

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                                  L'heure de la délivrance,enfin. Chantonnant, le pas vif et se sentant d'appétit, il imaginait déjà, et pourquoi pas à juste titre, de grands maîtres de la peinture donner vie sur la toile à son invention. Un moment unique. Une petite crainte cependant, et si ces satanées fourmis, l'ajectif est peut être maladroit, avaient attaqué la pomme, voire l'avaient fait choir jusqu'aux sauriens insatiables? Rassuré, il vit que le fruit demeurait ferme et bien planté sur une branche elle-même solide. Tout allait pour le mieux.

P.S. Merci à M.A. Buonarotti

                                 

 

1 janvier 2014

A tous...

                            ... pour 2014, rien que ça...

 

                                 ... et puis on s'aperçoit que l'on a déjà proposé Frankie l'an dernier,alors on creuse un peu et on trouve ça. Quoiqu'il en soit pour vous tous...

 

 

 

 

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29 décembre 2013

Remous

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                                         Aharon Appelfeld réunit ses personnages à la fin des années trente dans une pension de famille pour une cure thermale dans une ville d'eau désertée. Nous sommes bien sûr quelque part au milieu de l'Europe. Cette année ils sont très peu nombreux et se posent des questions, quelque chose n'est plus comme avant. Guère plus de deux femmes, deux hommes, et les propriétaires de l'établissement ainsi que le personnel. S'ils font ici une cure annuelle c'est une cure de jeu et de marivaudage à laquelle ils s'adonnent. Mais ça, cétait avant.  Sur les bords de la rivière Pruth, affluent du Danube, on pourrait être du côté de l'ancienne Bucovine, région natale d'Aharon Appelfeld, maintenant israélien. Appelfeld s'y connait en Nimportequoilande et déracinement puisque né à Czernovitz, ahurissant exemple de l'explosion Mitteleuropa, ville nantie de huit orthographes et qui fut en vrac et en désordre roumaine, moldave,  autrichienne,  ukrainienne,  soviétique, allemande. Eaux tumultueuses mais histoire tout aussi échevelée ,je l'ai déjà évoquée à propos de Gregor von Rezzori, autre auteur majeur et méconnu de cette mouvance danubienne  et consorts dont la plupart connurent l'exil. Pour cela ils ne manquaient pas de raisons.

                                        Le fleuve, justement, déborde et la boue envahit la cour de l'auberge et transforme en panique la sourde inquiétude des protagonistes. Rita et son fils ne se parlent plus, Van est toujours éconduit par Zoussi et l'on n'a plus guère le coeur à danser,ou alors sur un volcan, comme l'Europe entière. Métaphore évidente de l'agonie d'un continent (et plus si affinités) Eaux tumultueuses, publié en 1988, témoigne aussi de l'acuité d'Appelfeld quand il situe cette fable tragi-comique sur un bord instable d'une rivière de cette région si sensible aux soubresauts. L'un des curistes finira emporté par le flot indompté et il y a de fortes chances que ce soit qu'un prélude à l'horreur générale. Réflexion aussi sur la place des Juifs et sur leur parfois troublant antisémitisme. Aharon Appelfeld est l'un des maîtres de la belle littérature israelienne et voir ses personnages attendre à la gare ceux qui ne viendront plus prendre les eaux sonne comme un glas des libertés, un air de glaciation.

                                             

24 décembre 2013

Ladies and roses

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                                              Attention cet article n'est pas politiquement correct et se veut objet discriminant faisant des hommes des boucs émissaires indignes de mes modestes élucubrations. J'espère d'ailleurs leur compréhension.Mieux, j'implore leur pardon. Mais ces fleurs sont pour quelques dames de mes pensées, qui me comblent de leur amitié,de leur culture, de leur humour. J'ai nommé ainsi quelques personnes, blogueuses de leur état, entre autres.Elles doivent bien constituer 90% de ma blogosphère à moi. Je crois qu'elles se reconnaîtront et c'est avec bien du plaisir que je leur offre ce bouquet de roses en musique.

                                             Je les ai choisies soigneusement, ces musiques. Et c'est comme quand j'offre un livre, c'est toujours un livre que j'ai très envie de lire. Ce sont donc quelques variations sur les roses,du folk au rock, du country au jazz, de la guitare au piano, du crooner à la soul music, des gaies et des tristes (y a même une murder ballad mais vous avez le droit de zapper). Des choses que j'aime énormément et des roses multicolores. Elles sont à vous,Mesdames, roses, musiques et pensées amicales pour vous souhaiter à toutes...

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... ainsi qu'à tous les messieurs, tout bien pesé. J'oubliais, il y a un peu de rabiot musical tout en bas. Mais Bonnes Fêtes quand même.

 http://www.deezer.com/playlist/705837065    Des roses...

 

 

 

 

22 décembre 2013

Hommage à la littérature... (Ou passions conjuguées)

                                         ... et aux bibliothèques, ces merveilleux établissements où l'on se prend à rêver qu'on est dans les rayons, qu'on est Goncourt, qu'on est Nobel, mais surtout qu'on est lu. Sur la blogosphère aussi certains nous lisent. Pas si mal. Pas si mal non plus la Librarian de My Morning Jacket. Tant qu'il y aura des folkeux... J'sais pas pourquoi, il me semble ne jamais avoir autant aimé ces musiques. Ont-elles tourné pourtant depuis mon Teppaz, l'émotion, la beauté. Ai-je moi aussi aimé une Bibliothécaire? Ca commence à faire loin. Justement c'est peut-être ça, ce putain de temps...

 

 

 

 

 

 

21 décembre 2013

Deep South, forcément le South est toujours deep

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                          Pas terrible au début, l'intrigue en forme de réglement de compte assez banale, le sheriff adjoint lesté d'un lourd passé, tout ça sentait le déjà vu déjà lu. Mais ça, difficile d'y échapper. Pourtant la musique prend car John Turner est un flic complexe et dont les digressions m'ont beaucoup intéressé.Nous sommes à Oxford, Mississippi, les amateurs de folk ont déjà traîné dans cette ville symbole s'ils suivent un peu mes élucubrations musicales on the road. Turner, ex-flic à Memphis, Tennessee (yeah, pardon, ça m'a échappé), a fait onze ans de prison puis s'est un moment reconverti en psychothérapeute. Un excès de vitesse, 200 000 dollars dans une Ford Mustang, puis une fusillade, et le voilà qui replonge dans la poisse du Sud entre les caïds de Memphis et les exécuteurs des basses oeuvres. Encore une fois la trame policière est classique mais James Sallis, par ailleurs auteur de Drive dont fut tiré le film de Winding Refn, procède par petits flash-back pointus sur l'enfance de Turner ou ses démêlés avec la justice, évoquant aussi le Sud éternel avec ses barbecues et ses opossums. On s'attache ainsi à ce flic, porté sur l'alcool,pas mal,et sur le blues,mieux encore.

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                         L'univers de James Sallis, c'est aussi les seconds rôles, taillés pour le cinéma, et qui gravitent autour de Turner. Ainsi de Val, l'amie qui fait dans le social, Nathan, le braconnier silencieux,le shérif brave type qui en a vu d'autres, J.T. la propre fille de Turner, revenue de loin. Et une communauté de jeunes écolos qui s'avérera pas si bornée,on peut rêver. Sallis semble avoir fait tous les métiers durant sa vie,y compris le mien. Alors à cet ex-confrère j'ai envie de revenir assez vite, l'adjoint Turner étant un récurrent apparu aussi dans Cypress Grove,avant, et Salt River, après. Lew Griffin, détective noir, est, lui, le héros d'une série antérieure dont les six titres portent un nom d'insecte (The long-legged fly , Moth,etc..., tous en français chez Gallimard). Mais James Sallis est aussi biographe de Jim Thompson, David Goodis, Chester Himes, traducteur de Queneau, Cendrars, Neruda et musicien musicologue auteur de bouquins sur la guitare jazz notamment. Si c'est pas de l'éclectisme... Sûr qu'il nous rejoindra Up on Cripple Creek, avec une autre légende, The Band.

19 décembre 2013

La poésie du jeudi, Emile Nelligan

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Me sentant l'âme allegretto

Et furetant pour vous séduire

Quatre cordes,un piquant tempo

Que j'offre à votre doux plaisir

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                                     C'est en ces termes que j'ai choisi le poète québecois Emile Nelligan, sorte d'archange fulgurant né la veille de Noël 1879, et  qui fut interné à 20 ans pour le reste de ses jours. On pense évidemment à d'autre météores. Merci Asphodèle pour avoir réveillé l'amateur de poésie qui somnolait en moi.

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 Le violon brisé

Aux soupirs de l'archet béni,

Il s'est brisé, plein de tristesse,

Le soir que vous jouiez, comtesse,

Un thème de Paganini.

 

Comme tout choit avec prestesse !

J'avais un amour infini,

Ce soir que vous jouiez, comtesse,

Un thème de Paganini.

 

L'instrument dort sous l'étroitesse

De son étui de bois verni,

Depuis le soir où, blonde hôtesse,

Vous jouâtes Paganini.

 

Mon coeur repose avec tristesse

Au trou de notre amour fini.

Il s'est brisé le soir, comtesse,

Que vous jouiez Paganini.

 

Emile Nelligan (1879-1941)

 

 

 

16 décembre 2013

Lettre ouverte au Bison

                      Mon cher Bison

                      Suite à ta question sur l'origine de mon intérêt pour le cinéma italien sache qu'il  a de multiples causes mais la principale est une histoire de riz. Rollin' down the rizière mais pas le Mississippi,non, le Pô, d'où l'expression manquer de Pô pour qui n'a pas vu vers l'âge de dix ans Silvana Mangano dans ce film dont je sais maintenant qu'il n'est pas tout à fait le chef d'oeuvre de mon enfance émoustillée mais le souvenir d'un trouble d'une nature qui m'était mystérieuse et qui n'était pas que pure cinéphilie éthérée d'un esthète du Septième Art.

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                       Je joins deux images, mais j'en perds un peu le souffle. Dame j'ai,quelques années de plus et le riz n'est plus ce qu'il était, le Pô non plus et Mangano damne maintenant la-haut au paradis des enfants émus et des cinéphiles nostalgiques.

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                         Voilà, tu sais tout, cher ruminant libre des vastes plaines. Nul doute que tu sois tout à fait apte à comprendre ces émotions. Reçois pour finir ma fraternelle accolade, moi qui souvent fais escale en un certain ranch innommé où l'accueil est riche et bien pourvu spirituellement et spiritueusement.

                                  

15 décembre 2013

Un livre, un film (énigme 79), la solution

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                                         Par Lagerkvist (1891-1974)  publia Barabbas en 1950 et fut Prix Nobel en 1951. Cet auteur reste l'un des nombreux méconnus du Nobel.Le metteur en scène américain Richard Fleischer en fit en 62 un film plutôt réussi et non pas un peplum ordinaire. Le personnage de Barabbas, plutôt fruste, y acquiert au long du film une certaine capacité à s'interroger sur les évènements dont il fut l'un des maillons. Anthony Quinn y apporte son épaisseur, et une sorte de brutalité un peu naïve et parfois assez émouvante, pas si éloignée de Zampano de La Strada. J'ai lu ce livre dans l'édition Livre de Poche de mon père, ci-dessous,avec cette belle couverture. Je le possède encore et je pense à lui qui a su me donner le goût de lire, lui qui était apprenti à douze ans.

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                                          La couronne des vainqueurs, qui ne sera pas d'épines, ira donc à Dasola, Aifelle, Asphodèle,Pierrot Bâton. La semaine prochaine le calvaire hebdomadaire se poursuivra chez nos amis Claudialucia et Wens.Quant à moi je vous proposerai une énigme le samedi 11 janvier.Bonne Fêtes à tous.

14 décembre 2013

Les plumes... by Asphodèle: A l'origine

                                           Asphodèle, notre chère hôtesse es poésie a recueilli cette semaine le panier suivant: miroir-nature-nocturne-lumière-vénéneux-délicatesse-piano-contemplation-temps-bouquet-éphémère-ensorceleur-intérieur-sulfureux-déesse-rouge-couleurs-ruissellement-ravir-rosée.

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                                          L'histoire était abracadabrante, une sorte de feuilleton exotico-fantastique,sur une ancestrale télé noir et blanc épaisse de soixante centimètres. Une déesse cachée dans la montagne au coeur d'une île nantie d'un volcan dont les sulfureux méandres,qu'on imaginait d'un rouge de sortilège malais, exigeaient régulièrement leur obole de vies humaines. Un truc toc digne des plus médiocres pulp fictions,couleurs criardes sur un papier bon marché.En ce temps-là les enfants avaient, je crois, la contemplation plus facile et ne rechignaient pas à rester sur des images un peu chiches plus de quinze secondes. Dans la maison grand-maternelle à l'intérieur d'odeurs mêlées de confiture et de sueur, c'était comme une initiation à l'aventure,  un miroir de mes goûts en devenir, la première invite à l'imaginaire, celle qui devait devenir ce ruIssellement pelliculaire qui ne fit que grandir. Une version King Kong au rabais,sans la poésie de l'ensorceleur chef d'oeuvre de la R.K.O.

                                         Le livre, amputé de ci de là de quelques pages, je l'avais récupéré au grenier parmi les noix à sécher. La nature gourmande des loirs s'était avérée bibliophile avant moi.Cependant les rongeurs n'étaient pas venus à bout du Connétable de Chester dont la couverture presque intacte, des hommes d'armes rudes d'apparence, s'inclinant devant une gente dame au hennin cramoisi et à la délicatesse altière, m'a ce jour-là mis le pied à l'étrier du vice impuni de la lecture. La tranche d'un livre,ce jour d'enfance,dessina la lumière qui me viendrait de ces noms chantants et quelquefois vénéneux, gentils amphitryons ou cerbères menaçants, passeurs d'émotions, précepteurs, révélateurs, tout sauf éphémères.

                                       Le Nocturne de Schubert, trio pour piano, violon et violoncelle en mi bémol,opus 148, D 897,par contre,je ne sais plus ni où il m'a meurtri pour la première fois, ni quand il m'a ravi définitivement, matutinale rosée ou crucifiant crépuscule au noir bouquet.

http://youtu.be/p9sd1N4Ssd4  Nocturne en mi bémol    Collard,Dumay,Lodéon

 

 

14 décembre 2013

Un livre, un film (énigme 79)

   

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                                     Cette semaine la lumière viendra du Nord en ce qui concerne l'écrivain. Assez peu connu bien qu'honoré lui aussi d'un prix majeur de littérature, cet auteur nous emmène vers le Sud avec son personnage,lequel donne son titre au livre et au film. Par contre le personnage fait partie d'une histoire connue, très connue, et dont on parle encore, peut-être même La plus grande histoire jamais contée. Le livre, qui est le seul un peu connu en France de l'auteur, a paru en plein milieu du siècle dernier.

                                     Le surveillant songeait à ce dieu inconnu qui devenait de plus en plus incompréhensible au fur et à mesure qu'il en entendait parler. Pensez donc, si c'était vraiment le seul dieu ? Si c'était lui qu'on devait adorer et aucun autre ? Pensez donc, s'il n'y avait qu'un seul dieu puissant, régnant sur le ciel et sur la terre, prêchant sa doctrine partout, même ici dans le royaume des ombres ? Une doctrine qui était si étrange et si peu claire. "Aimez-vous les uns les autres ... Aimez-vous les uns les autres ..." Non, qui pourrait concevoir cela ?

                                     Côté cinéma le film est sorti une dizaine d'années après. Une version signée d'un compatriote de l'écrivain avait déjà été réalisée en 1953, jamais sortie en dehors de son pays. Pour le film, relativement réputé, le metteur en scène américain enrôla pour le rôle titre un acteur célèbre qui endossa souvent les défroques de personnages à forte présence, puisqu'il fut barbare célèbre, peintre célèbre, sonneur célèbre, révolutionnaire célèbre, empereur célèbre et même souverain pontife.Il me faudrait donc le titre du livre, et du film, l'auteur, le metteur en scène et  l'acteur principal.

11 décembre 2013

Le juge et l'assassin

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                                   L'oeuvre est si vaste qu'il est difficile d'être catégorique mais Lettre à mon juge pourrait être l'un des romans les plus profonds, les plus graves de Simenon. L'un des plus désespérants aussi. De sa geôle le médecin assassin de sa maîtresse écrit longuement à son juge. Très longuement et très "plombement". La province française des années cinquante (ici vendéenne mais peu importe), Dieu sait si nous l'avons lue chez Simenon, tapie et racornie derrière le gâteau du dimanche et le bridge du mardi soir des notables. A nous faire peur, et pour longtemps. La descente aux enfers du Docteur Alavoine, père alcoolique suicidé, mère tout à son dévouement, marié,  deux enfants, veuf, remarié, cabinet de campagne, puis un peu plus huppé, labeur incessant, bonheur néant, ne pouvait qu'être inéluctable depuis qu'en gare de de Nantes, en un de ces lieux carrefours des détresses qu'affectionnait tant Simenon, il avait rencontré Martine.

                                  Publié en 1947 Lettre à mon juge est un roman glaçant et empoisonnant, qui distille son venin et sa hargne, sa misanthropie à l'intérieur même d'une carrière médicale honnête. La tempête sous le crâne de Charles Alavoine, balayée de faux semblants et de tristes certitudes, l'emporte au plus loin du drame, près de Martine, pourtant comme une soeur de malheur et qu'un amour réciproque ne sauvera pas de la folie brutale et  meurtrière. Plus de soixante ans après sa parution Lettre à mon juge demeure un objet romanesque contondant, certes à sa place dans le carcan simenonien, mais qui relègue les pourtant très "humaines" enquêtes de Maigret au rang de faits divers ordinaires, comme si quoi que ce soit de la vie d'un homme pouvait l'être, ordinaire. On comprend bien que le film d'Henri Verneuil Le fruit défendu où Fernandel tenait le rôle, ne pouvait qu'être très affadi, voire défiguré, pour que le célèbre comique accepte d'endosser un peu la défroque de Charles Alavoine. On comprend mieux encore l'écrivain totalement majeur qu'est Georges Simenon.

8 décembre 2013

Quatre étoiles

Elvis Presley - Heartbreak Hotel

CHRIS ISAAK - Blue Hotel

Eagles, The - Hotel California (acoustic with Eric Clapton)

Leonard Cohen Chelsea Hotel #2 Live

Frank Sinatra - There's A Small Hotel (Miss Kittin)

GRAND HOTEL  PROCOL HARUM

                                                               En ce dimanche que j'ai souhaité musical au moins six hôtels au monde  ne ressassent pas l'insipide fond sonore habituel. La clientèle,vous le voyez,y est prestigieuse. On se retrouve dans le hall?  Je consulterai ainsi successivement à l'Hôtel des Coeurs Brisés, enregistré pendant les 18 mois où Elvis fut bon ,mais très très bon .Puis à l' Hôtel Bleu avec Chris et au célébrissime Hotel California où cachetonnent Eric et les Aigles. Ensuite le Chelsea Hotel, pas rigolard rigolard (I remember you well) mais où il y a du beau monde, Leonard et le Bison. Frankie fait le boeuf dans un Petit Hôtel pas loin et nous terminerons dans une suite du  somptueux Grand Hotel (Our fortunes speed and dissipate, serenades and sarabandes) des génialissimes musicos de Procol Harum, le plus grand malentendu de l'histoire du rock,qui n'en manque pas, de malentendus. Tout le monde en est resté à A whiter... Alors que P.H. a enregistré une quinzaine d'albums fabuleux. Bon si je me lance là-dessus je vais être désagréable.

5 décembre 2013

La poésie du jeudi, Guy de Maupassant

 chromo-oiseau-couronnc3a9-ana-rosa1     C'est au hasard parfois que je distille ces quelques lignes pour le joli jeudi d'Asphodèle qui m'accueillera, j'en suis sûr, bien que retardataire. J'ai aimé ce texte que j'ignorais il y a douze heures. Maupassant n'est pas que l'immense conteur drôlatique et réaliste que l'on sait.

Sauve-toi de lui….

 

Sauve-toi de lui s’il aboie;

Ami, prends garde au chien qui mord

Ami prends garde à l’eau qui noie

Sois prudent, reste sur le bord.

Prends garde au vin d’où sort l’ivresse

On souffre trop le lendemain.

Prends surtout garde à la caresse

Des filles qu’on trouve en chemin.

Pourtant ici tout ce que j’aime

Et que je fais avec ardeur

Le croirais-tu? C’est cela même

Dont je veux garder ta candeur.

 

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 2 juillet 1885 La Fournaise, Chatou

Guy de Maupassant, Poésies diverses

1 décembre 2013

Le bel alexandrin

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                                         Beaucoup de critiques positives sur ce beau livre, encore un, de Jean d'Ormesson. Et puis, de temps en temps, le sectarisme reprend le dessus, pensez donc, un ancien du Figaro, on va pas en dire du  bien, d'ailleurs on va probablement même pas le lire. On a le droit de ne pas aimer ses livres, voire de les détester, mais qu'on en reste au littéraire,de grâce. Très peu d'écrivains,surtout français, m'auront donné autant de plaisir de lecture que Jean d'O. Ca n'est pas rien. J'en parle assez souvent et je reconnais volontiers à chaque fois que le cher Jean peut irriter, si prompt à cabotiner cathodique, mais il a tant d'esprit, quand si nombreux cabotinent des humoristes inexistants, une engeance, ou des comédiens interchangeables, sans parler des sportifs ignares.

                                      L'auteur étant très âgé maintenant, j'ai lu qu' Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit prendrait des allures de testament. Je ne sais rien de tout cela, mais je sais que je l'aime encore, ce bouquin qui n'échappe pas toujours aux redites mais parvient à se faire bouleversant. Le temps, ce salaud aux ailes de séraphin et aux yeux à fondre, est l'autre personnage principal, partenaire de Jean, Jean qui nous parle souvent de Jean, mieux vaut parler de ce qu'on connait. Le temps, cette belle ordure au sourire d'arsenic, est aussi l'adversaire de Monsieur Jean. A propos, le nôtre aussi, d'adversaire, et qui part favori.

                                     Chateaubriand est du voyage, il fait parti du lot d'O. Et ce cher Aragon, tant aimé, bien que si loin sur l'échiquier politique.Il est comme ça mon Papy Jean. Il a de belles pages sur la physique ou les mathématiques, qu'il finirait par me faire regretter de les avoir toisées toute ma vie. A moins que ce soit elles qui m'aient battu froid. Le grand-père Sosthène refait une apparition, délicieuse commme il se doit, viscontino-guépardienne ( c'est pas un peu pédant,ça, dites-moi?). Quoiqu'il en soit nous finirons tous badernes, si Dieu ou d'autres nous prêtent vie. Ou ganaches, m'en fous si l'on me laissait un peu, rien qu'un peu, du talent d'écrivain de d'Ormesson. Cet homme-là, qui énerve, oui, même moi, pourrait bien manquer. Et beaucoup.

27 novembre 2013

Peur sur la ville

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                                         Revoir 42 ans après l'hallucinant film italien d'Elio Petri Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon est une émotion forte. L'ayant vu à 20 ans,je le reçois sûrement avec un peu plus de recul. Mais l'objet reste totalement fascinant, l'un des rares films à faire vraiment peur, non pas à renforts d'hémoglobine ou d'effets spéciaux, mais en forant la conscience d'un personnage inoubliable, le commissaire, Gian Maria Volonte, qui d'autre, l'homme qui voulait le contrôle absolu sur tout, incapable du moindre empire sur lui-même. Mabuse, lui, au moins, n'a jamais prétendu être du bon côté.

                                        Au moment du tournage l'Italie vit sous le choc de  l'attentat meurtrier de la Piazza Fontana à Milan. Elle ne sait pas que l'attend celui de la gare de Bologne, pire encore.En 69 c'était l'autumno caldo, anarchistes et extrême-droite s'impatientaient dans un pays englué entre un miracle économique qui s'étiole et un Sud qui reste fragilissime. Elio Petri et son scénariste Ugo Pirro ont failli voir leur film censuré. Pourtant Enquête... sera présenté à Cannes, et récompensé. Ce sera même un succès public, relatif mais assez universel. Volonte et l'entêtante mélopée d'Ennio Morricone, avec guimbarde, n'y sont pas pour rien.

                                       Le film se réfère à du vrai, bien sûr, certains scandales d'écoutes et l'on pense un peu au mccarthysme, voire à la Stasi, à d'autres organismes sympathiques. En fait Elio Petri ne fait pas le procès de la police, mais bien celui d'un homme, et à travers lui d'un système en général, allégorie de l'aliénation du pouvoir, de n'importe quel pouvoir, politique, économique. Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon est aussi un curieux mélange de rigueur documentaire, portrait de policiers, presque tous du Sud, ce qui était particulièrement vrai à l'époque, et de fantaisie de mise en scène avec ce décor irréaliste de l'appartement du fonctionnaire, très high-tech, et couleurs seventies bien clinquantes (voir affiche). L'homme n'est pas vraiment schizo mais se révéle en fait très infantilisable, ce qui le conduit à tuer sa maîtresse lors de rapports sado-maso. Sûr de l'impunité il accumule sciemment et soigneusement les indices qui mèneront à lui.

                                     Presque honnête dans son délire il ne laissera pas un autre punir à sa place. Cet homme, qui n'obéit qu'à sa propre cohérence bigbrotherienne, veut que l'on sache qu'il est coupable et que la société demeure incapable de le punir. La quintessence de la manipulation en quelque sorte. Gian Maria Volonte y est inoubliable, histrion,arrogant, grotesque, tellement impliqué dans les films "politiques " de l'époque qu'on a quasiment fini par lui en attribuer la pléthorique paternité. Volonte n'a pourtant réalisé aucun film. Très étonnante figure du cinéma italien, fils d'un important dignitaire fasciste, ayant débuté dans de très avant-gardesques spectacles genre Living Theater, probablement l'acteur le plus" psychanalytique" du cinéma avait-il ainsi d'intimes comptes à régler.

                                    Malgré sa relative ambiguité Enquête... fut assez bien reçu et somme toute assez peu attaqué, calcul prudent. Seule l'extrême-gauche se déchaîna,il est vrai que le film la traitait assez férocement et comme elle manque d'humour elle n'apprécia que modérément. Il reste un film exceptionnel, plongée dans un subconscient effrayant, serti dans une mise en scène où il y a au moins quatre moments sublimes, la manipulation du plombier par exemple. La fin est impressionnante et nous laisse à notre interrogation, avec une signature de Franz Kafka, autre héros du film. Hollywood, bien inspiré cette fois, renonça au remake un temps envisagé. Ouf!

http://youtu.be/7HA5zIq7raY       Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon

 

                                        

24 novembre 2013

Un livre, un film (énigme 77), la solution

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                                 Ont triomphé de ce piège cahotique  Dasola, Pierrot Bâton, Celestine, Asphodèle. Les réponses...

9782070722846FS

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                                   L'acteur Omero Antonutti incarne Luigi Pirandello dans l'épilogue de Kaos (Entretien avec la mère). Si le premier film est considéré comme un chef d'oeuvre,en 98,quand sort Kaos II (tu ridi ) l'aura des Taviani a beaucoup pâli. Paolo et Vittorio, pour moi, restent parmi les maîtres de ma folie du cinéma italien. Avec probablement une préférence pour Allonsanfan.  La prossima volta, sabato 30 novembre, tutti a la casa di Claudia é Wens. 

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