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BLOGART(LA COMTESSE)

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27 juin 2008

Tendresse en banlieue de Sydney

 

    Chez Cook c'est très court mais tranchant.Un peu plus de 100 pages pour une virée  pleine de bière,de fureur et par dessus tout d'une insondable bêtise.A coups redoublés,au titre original sans équivoque Bloodhouse.Ce genre de livres je n'ai pas trop de mots pour le commenter.Kenneth Cook ça se lit d'un trait,cul sec,comme au bar et sans s'épancher.J'ai déjà dit ça de Cinq matins de trop Lire Australie,N-Z. - BLOGART(LA COMTESSE).Et quelle chute!Mais alors quelle chute!Vous venez de lire l'article le plus paresseux de la Comtesse.Autre avis mais du même tonneau l'ami Eireann comme d'habitude COOK Kenneth / A coups redoublés Je crois qu'on le découvre seulement. Cela nous promet quelques soirées agitées et quelques gueules de bois.Mais c'est à lire,Incontestablement.

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27 juin 2008

Rudes riffs dans le Montana

   Avant tout l'avis d'Eireann BURKE James Lee / le boogie des rêves perdus.De toute façon un livre avec en couverture Lucille la gutare de B.B.King et un titre pareil ne peut que séduire les amis du blues ce qui fait déjà du monde.Deux potes musiciens sont sortis de taule en Louisiane et se retrouvent dans ce Montana qui nous fait rêver.Burke a situé la plupart de ses livres dans le Sud et son héros récurrent s'appelle Dave Robicheaux.Ici nous abandonnons les bayous et le jambalaya pour le Nord-Ouest cher à Jim Harrison, Thomas McGuane ou Larry Watson.Dans cet état rural aux paysages magiques la nature sait aussi rudoyer les hommes,souvent des hommes simples qui ne sont jamais si bien qu'à l'affût du coq de bruyère un matin de neige.

   Le décor planté est ainsi mûr pour la tragédie car bien que vieux de trente ans ce roman met en scène les désastres écologiques de ces forêts trouées d'industries du bois ou du papier qui polluent allégrément. Les habitants dégainent parfois un peu vite et l'amitié peine à résister à la violence toujours à fleur de peau,avec son cortège d'alcools et d'addictions.Pourtant quelques jolies scènes presque idylliques jalonnent ce bon roman très américain empli de modestes et de besogneux.La pêche à la truite est un peu l'archétype de ces respirations avec le barbecue qui pourrait s'ensuivre.Mais au Montana comme partout les réunions d'amis finissent parfois mal.Il arrive aussi que se désaccordent le piano blues et les pickings country.

    Un peu de stop et probablement un pick-up vous entraînera du côté de Missoula,sur ces collines qui lorgnent vers les Rocheuses, reste d'Amérique sauvage aux vols d'oiseaux comme Audubon les dessinait. C'est peut-être une des dernières mises en demeure.Une chose m'ennuie:ne pas avoir le vocabulaire fleuri et précis pour décrire arbres,animaux ou phénomènes naturels comme savent le faire ces auteurs boucanés par les marais de Louisiane ou le vent du Nord.

23 juin 2008

Une chanson:White bird

      

               Le bel oiseau blanc de C'est une belle journée,qu'est-il devenu?Et que sont mes amis devenus depuis notre Californie. Savent-ils encore un peu s'envoler comme le violon de David LaFlamme,leader d'Its a beautiful day et musicien classique?Ou bien dorment-ils déjà puisqu'ici les fleurs sont fanées depuis belle lurette?Voici un tout petit hommage à ces années.Mais je radote...

http://fr.youtube.com/watch?v=1Cin0QzuEss White bird

22 juin 2008

Crocodile dandy

Le Caïman

             Très intéressé par les films de Nanni Moretti je n'avais pas vu  Le caïman à sa sortie il y a deux ans,craignant que Moretti n'aie donné dans le pamphlet un peu démago contre un super démago.Je considère que Le caïman,loin d'être sans intérêt,est pourtant infiniment moins personnel que la plupart des films du cinéaste.Et surtout ce film,à force d'osciller entre la charge anti Berlusconi et la crise du couple chez Bruno Bonomo,finit par se prendre les pieds dans le tapis.Si l'on comprend bien les difficultés du cinéaste de fiction(très bon Silvio Orlando) à relancer sa carrière on s'intéresse assez peu à son divorce qui nous vaut des scènes avec ses enfants assez convenues.Dans la mise en abyme(?) du film dans le film,ou de la difficulté à faire un film où un metteur en scène aurait bien du mal à faire un film critique sur l'homme au pouvoir,il s'avère que j'ai fini par me perdre un peu.Reste toujours avec Moretti un amour du cinéma et d'excellents morceaux choisis comme le débat dans la salle de cinéma ou la dérobade de l'acteur joué par Michele Placido avec cette inénarrable 'italian attitude" qui consiste à se retirer du projet "dans l'intérêt même du projet.

  Demeure la question Berlusconi,infiniment difficile à résoudre,tant le personnage charrie son mélange reptilien d'écoeurement et de fascination.Car rien n'est si simple en Italie et même Il Cavaliere peut nous surprendre.De cela Nanni Moretti,qui reste un modéré comme je les aime,parle très bien.Et curieusement,là je crois que vous serez d'accord avec moi,la fin de son film tourne presque à la tragédie bouffonne, rappelant volontairement les grands films politiques des Rosi,Petri et consorts.C'est particulièrement vrai lors de la sortie du tribunal où les défenseurs de Berlusconi finiraient par attirer la sympathie.Comme quoi le manichéisme n'est pas vraiment le défaut de Nanni Moretti.C'est aussi toute la force du cinéma italien même si chez Moretti je préfère la veine encore plus autobiographique, c'est à dire à peu près toute son oeuvre, pas encore très bien distribuée en DVD à propos.

21 juin 2008

La fin des haricots

  La décimation(Ed.Christian Bourgois)

    Les années 1840,au Mexique,peu après Alamo.Quelques centaines de prisonniers texans tirent au sort des haricots.Un haricot noir pour neuf blancs et un malheureux sur dix sera exécuté.Avec La décimation, Rick Bass dont j'ai déjà présenté les nouvelles (Les Américains de Bass) nous offre un roman remarquable en tous points.Sur fond historique authentique,la création d'une milice de la République du Texas,oui le Texas a èté indépendant,Bass nous narre une aventure militaire, paramilitaire plutôt,particulièrement absurde.Ces hommes traversent le Rio Grande pour en découdre avec les Mexicains. Cruautés bilatérales, c'est ça qui est bien avec la guerre...On a parlé pour  ce livre de Cormac McCarthy,enfant chéri de la critique française  depuis No country...On a parlé aussi de Stephen Crane immortel auteur de The red badge of courage dont bien des blogueurs ont déjà évoqué l'intérêt.

   Cette seconde référence me semble plus évidente tant la fragilité des personnages,leur inadéquation pour la plupart avec le milieu brutal,minéral et inhumain auquel ils sont vite confrontés,nous ramène aux tourments du tout jeune soldat de la Guerre de Sécession décrit dans La charge victorieuse, titre français du film de Huston d'après Crane.Mais La décimation n'est pas un livre sur la guerre,fut-elle méconnue.C'est une longue ballade presque au sens médiéval sur la naîveté et parfois même l'angélisme de ces croisés d'un nouveau genre.On croit tous connaître l'histoire de l'Amérique sous prétexte qu'elle est courte.C'est oublier les soubresauts qui accompagnèrent la naissance et l'enfance de la jeune république.

    Lire La décimation c'est aussi plonger dans ce désert mexicain brûlant et froid,boire à l'eau des cactus, et se colleter à la gloire naissante de ces apprentis héros qui ne connaîtront en fait que les geôles d'un château de roche et l'inextinguible soif de survivre,au prix de toutes les humiliations.Mais ceci est une autre histoire,universelle et de tout temps.Vous n'oublierez pas ces hommes,dessinés au long de l'aventure par l'un d'entre eux,Charles McLaughlin,sorte de correspondant de guerre,dont les croquis témoignent de la bêtise et de la haine sous le fallacieux prétexte d'être né sur l'une ou l'autre rive du mythique Rio Grande.Rio grande dont on parle toujours à propos de frontière...

   

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20 juin 2008

Mario

       Ceci est une réédition d'un article de 2006.Maintenant qu'il vient de mourir peut-être attirera-t-on un peu l'attention sur ce très grand écrivain.

      J'adore parler des écrivains que j'aime et souvent je les appelle par leur prénom.Certains me sont si familiers.Voici Mario.

      Mario Rigoni Stern,octogénaire italien du nord du pays est un conteur fabuleux qui a publié de nombreux livres surtout sur la Guerre et  son pays.Le sergent dans la neige,son oeuvre la plus connue retrace la retraite de Russie en 1943 vécue par quelque soldats italiens.Le travail de Rigoni Stern est une affaire d'artisan et c'est ainsi qu'il se revendique,montagnard de culture et de tradition.Il a écrit des souvenirs de la guerre,sous formes de récits s'apparentant à des nouvelles,la plupart du temps entremêlés d'épisodes d'enfance,de nature,de chasse dans ce Haut Pays d'Asiago qu'il habite encore le plus souvent.

     Sa jeunesse passée dans les troupes fascistes l'a conduit à se questionner et à nous donner des écrits d'une humanité rare,homme de paix devenu sage que sa longue expérience des conflits a amené à rencontrer Primo Levi(très bel hommage lors du suicide de ce dernier en 87,dans Le poète secret),Italo Calvino,Mario Soldati,Elio Vittorini,les plus nobles des intellectuels italiens,tous poètes et romanciers universels.

     Souvent cité pour le Nobel,Mario Rigoni Stern n'a pas besoin de cela pour être l'immense écrivain qui appartient à tous.D'autre titres:Histoire de Tönle,La chasse aux coqs de bruyère,La dernière partie de cartes,Le vin de la vie,Les saisons de Giacomo.Presque tous ses livres existent en français(Ed.10/18 et La Fosse aux Ours).

12 juin 2008

Frères d'armes,ou l'intelligence du cinéma italien,une fois de plus

     La Révolution a bon dos.Mise à toutes les sauces car c'est si facile de se donner bonne conscience.Le cinéma italien, lui,a su de tout temps,au prix de quelques exceptions, conjuguer la petite et la grande Histoire,le regard ambivalent, théoricien parfois, humain toujours sur ce pays.Fulvio,1816,est libéré,mais uniquement parce que le pouvoir en place espère remonter ainsi jusqu'aux conjurés,les Frères Sublimes,dans cette Italie de la Restauration. Mastroianni est impressionnant de fragilité,aristocratique par sa famille et rebelle par ses idées,dans le rôle très riche et infiniment nuancé de Fulvio.La Révolution a souvent permis aux hommes de s'autocélébrer bien en deça d'un minimum d'analyse,notamment au cinéma.Mais le cinéma italien a été capable de nous offrir le regard d'aigle d'une critique élaborée et le miel des émotions,mêlant morale et sentiment en un amalgame parfois de toute beauté.

       Fulvio,héros émouvant d'Allonsanfan,résume toute l'ambigüité de l'engagement dans la vie d'un homme. Héros certes,mais tout de faiblesse et de désarroi,il se dirigera vers la trahison peu à peu, presque à son insu,désorienté qu'il est par les années passées,la mort de sa maîtresse et l'éloignement de son fils.Et viennent alors les questions essentielles sur la fidélité à soi même et l'impossibilité d'échapper au reniement, au moins partiel.Il nous faut alors revenir aux frères Taviani,ces hommes de conviction,qui jamais n'abandonnèrent leur intégrité,malgré l'insuccès relatif de leurs oeuvres.Car les Taviani,honorés en Italie, n'ont jamais eu l'aura populaire qu'ils auraient méritée.Taxés de cérébralité Paolo et Vittorio, particulièrement peu  médiatiques de plus, resteront dans la catégorie marginale des grands dont on va finalement peu voir les films.Les années passant ils auront de plus en plus de mal à boucler leurs projets,signant alors des films moins intéressants à mon sens.Le cinéma des Taviani m'a toujours semblé proche des grands écrivains russes,eux qui ont su admirablement conjuguer fresques et doutes,innocences et culpabilités,trahison et sacrifice.N'ont-ils pas adapté Tolstoï?De ce cinéma,parfois littéraire,il est difficile de sortir tout à fait indemne tant ce pari sur l'intelligence  du public est exigeant.Car ici pas l'ombre de cette hideuse démagogie,gangrène de tant de films,

       Allonsanfan est un film révolutionnaire,chose rarissime.En ce sens que la véritable révolution peut se lire dans l'acceptation de l'inéluctabilité d'un renoncement pour un personnage tragique et dostoievskien. Formulé de façon un peu choquante:et si c'était à peu près normal de devenir une vieille baderne.S'il n'était de révolutionnaire que jeune et mort...Si Fulvio c'était vous ou moi. Plutôt moi actuellement,question d'âge qui peut s'arranger avec le temps.Si la grandeur était dans l'ultime rédemption avec le geste inutile de Fulvio qui après sa dénonciation rencontre le seul survivant des révoltés,prénommé justement Allonsanfan, fils d'un fondateur du mouvement.Si revêtir la veste rouge équivalait à endosser une tunique sacrificielle qui rejoindrait ainsi Dostoievski mais aussi le cinéma japonais.

    Nous sommes au cinéma et toutes ces considérations ne nous font pas oublier le traitement très beau de la couleur pour ce film en rouge et blanc.La chorégraphie et la musique d'Ennio Morricone nous conduisent aux confins de l'opéra,cet art si italien de la mort violente et du rideau qui se relève afin que les morts saluent.Un peu comme dans la farandole de la fin(vidéo).Et puisque définitivement on est sous influence n'oublions pas Vanina Vanini de Rossellini et Stendahl et Senso de Visconti,Boito(et Verdi).Mais Allonsanfan,ce jeune homme en colère est un grand garçon qui se débrouille très bien tout seul.Pour finir sur une note d'humour dans cette chronique qui en manque:pas facile d'assassiner l'autre quand on est dans la meme barque.Ni dans Allonsanfan,ni dans Monsieur Verdoux,ni dans L'aurore,ni dans Une place au soleil.

http://www.youtube.com/watch?v=7rlvyVrjFVA   Allonsanfan,la fin

11 juin 2008

Prague vue par Fritz Lang et Bertolt Brecht

   

            Prochainement l'un des meilleurs films américains de Fritz Lang ou quand même la propagande peut avoir du talent.1942:depuis quelques années Fritz Lang se consacre à la lutte antinazie depuis Hollywood. Ce tryptique comprend Chasse à l'homme,Les bourreaux meurent aussi et Espions sur la Tamise.Pour ce dernier film voir Les miettes du Ministère ou Londres,nid d'espions - BLOGART(LA ....Les éditions Carlotta proposent un très bon double DVD comprenant les deux versions de Hangmen also die.Bernard Eisenschitz, spécialiste du cinéma allemand nous donne quelques clés,essentiellement sur la collaboration entre les deux exilés,très différents,Lang et Brecht.C'est d'aileurs à peu près la seule intrusion directe du grand dramaturge allemand dans le cinéma..L'ami Oggy qui a déjà dégainé,n'aime pas le film et je le trouve bien sévère.

   Il est vrai que Lang a voulu en quelque sorte "polariser" le sujet(au sens film noir,pas au sens obsession) et je pense que cela peut effectivement choquer un peu.Il ne prétend pas faire oeuvre historique car Les bourreaux meurent aussi a été conçu dès le début comme un thriller,par Lang plus que par Brecht cela va de soi.D'une construction relativement éclatée avec plusieurs lignes directrices le film a décontenancé ses rares spectateurs à sa sortie aux Etas-Unis. Présenté en France en 47 avec nombre de films retardés il n'obtint guère plus de succès malgré un timing diminué de 25 minutes(reste encore 1h55).On connaît le sujet ,l'assassinat de Heydrich, "protecteur" de la Tchécoslovaquie. On ne voit pas l'évènement mais l'idée de Fritz Lang est bien ailleurs.Il a déclaré avoir voulu par le biais du canevas policier faire un film informatif sur l'idée même de résistance,méconnue forcément des Américains.Alors Oggy y a vu quelques grosses ficelles probablement et il n'a pas tort.Néanmoins je considère Hangmen... comme un film important,pas  si éloigné de Mabuse... et de M...,non seulement par la mise en scène qui retrouve quelques touches expressionnistes,ombre et lumière,menaces,scènes de rue et importance du "monumental" (façades, brasserie, immeuble), mais aussi par l'épineuse question des méthodes qui conduisent la Résistance et la Cause(bonne) à utiliser des moyens guère plus reluisants que ceux de l'oppresseur.Thème éminemment langien,voir les films précités mais aussi Fury,premier film américain,déjà chroniqué ici.

    La dispersion du film nuit certainement à la clarté,passant du rôle du collabo à la fuite du héros traqué et au sort des otages.Mais tout de même,quelques images frappantes demeurent,certaines ellipses foudroyantes, le chapeau de l'inspecteur gestapiste par exemple, roulant sur lui-même pendant que meurt le tortionnaire.Pour conclure je pense que ce film,peu diffusé je crois,est partie prenante de la cohérence langienne,dont je prétends à chaque article le concernant, qu'elle est totale depuis Les Araignées jusqu'au tout dernier,en 60,Le diabolique Dr.Mabuse.Enfin je ne peux que conseiller l'excellent film de Douglas Sirk Hitler's madman,de 1943,qui raconte la même histoire,plus centrée cependant sur l'évènement en soi, l'attentat contre Heydrich.Oggy s'il l'a vu,me donnera certainement son avis.

11 juin 2008

Des eaux d'Orient

         Renoir après sa période américaine passe par la case Inde avant son retour en France.Ai-je eu tort de mettre The river dans le Cinéma d'ailleurs?Cas très à part dans la filmo de Jean Renoir cette adaptation du beau roman,très anglais,de Rumer Godden,Le fleuve n'a  guère été compris à sa sortie.Il est vrai que la parenthèse indienne de Renoir a de quoi surprendre.Il est vrai que l'homme avait changé.Les méthodes de tournage américaines,avec leur pragmatisme,et d'excellents résultats parfois(L'homme du Sud),et la maturité ont conduit Renoir à s'interroger différemment à l'existentielle condition humaine.Loin de l'engagement facile de La vie est à nous,du pacifisme de La grande illusion,de l'ironie cruelle de La règle du jeu.Du joli livre de Rumer Godden,presque de la littérature de jeunesse(elle est aussi l'auteur du Narcisse noir dont Michael Powell tira un beau film),ce qui n'est pas péjoratif du tout tant qu'il n'y a pas trop de manipulation,Jean Renoir tire un récit qu'on dira souvent panthéiste.Je suis assez d'accord.Il y a dans les couleurs,ah les couleurs,une force cosmique et un tel tellurisme dans les racines de ces grands arbres et dans les eaux du fleuve,charriant tous les usages,Inde éternelle,où l'on ignore même Gandhi,qu'un grand créateur suprême semble avoir signé la photo,de toute beauté.Une sorte de néoacadémisme, comme dans un livre d'images ou mieux,un livre d'heures médiévales enluminées.

         Y voir comme certains,l'influence de Rossellini,qui tournera India en 58,me paraît hasardeux.Je monte facilement sur mes grands chevaux quand on évoque le Néoréalisme et pense que la sagesse de ce film s'éloigne pas mal d'une certaine colère dans l'Italie de l'après-guerre.Non je crois que Le fleuve est presque unique.A chacun de se faire son idée.Jean Renoir n'est pas mon cinéaste préféré et ses engagements ont parfois été pesantisssimes mais je ne tiens pas ses derniers films pour négligeables.Loin de là.Libre à tous de trouver Le fleuve sulpicien dans son indianité de pacotille.Moi j'y ai vu un beau film,l'histoire douloureuse d'un apprentissage de la peine pour trois jeunes filles entre Europe et Asie,entre adolescence et féminité, dans le cadre,souvent très végétal et luxuriant d'un tableau de maître,enfin de fils de maître.

   Deux choses encore.L'avis d'un certain Scorsese qui semble s'y connaître en cinéma.Et la thématique de la rivière que de nombreux exégètes ont relevée à juste titre,La fille de l'eau, Boudu,Une partie de campagne,Le déjeûner sur l'herbe et en Amérique,L'étang tragique et L'homme du Sud,ce dernier déjà évoqué sur ce blog.

Le Fleuve, un des plus beaux films qui soit !
Mon père m’a emmené le voir quand j’avais 8-9 ans.
C’est un film qui s’est imprégné en moi et ne m’a jamais quitté depuis
.

Martin Scorsese

10 juin 2008

Une chanson:Chase the blues away

    Coup double:une chanson de Tim Buckley et la voix de Brendan Perry (moitié mâle de Dead can dance).

      

           Chase the blues away est une très jolie chanson que Tim Buckley avait insérée dans l'album Blue afternoon (sauf erreur).Rien à rajouter sinon que le lyrisme de Brendan Perry la réacclimate magnifiquement en un néo-folk somptueux.L'Américain au timbre inégalable n'est pas trahi par le mystique Australo-Irlandais,c'est un Français qui vous le dit.Il y a peut-être plus funky mais j'aime ça.

  http://www.youtube.com/watch?v=FsOYj88A380

8 juin 2008

Des dagues d'argent... ou folk en état de grâce

   Cette note sera très courte et se contentera de remercier Thierry de Jazzbluesandco ,blog musical du plus haut intérêt  dans son éclectisme.Grâce à lui je viens de découvrir un disque merveilleux: Fortune and folly de Birch Book.En dire plus serait indélicat mais je ne peux que vous engager à visiter cette caverne d'Ali Baba de notre musique.Une petite réserve,l'ami Thierry ne fournit pas les subsides nécessaires à ces emplettes.Mais sur  Birch Book : Fortune & folly (2006) déjà de larges extraits passionnants.Je me contenterai de quelques paroles,ma foi fort belles et du classique Scarborough Fair,popularisé par Simon et Garfunkel,qui ne figure pas sur l'album Fortune and folly.Enfin comment ne pas évoquer Donovan,notamment son tardif album Sutras?

   "Des dagues d'argent,des coeurs enchaînés,des amants perdus,îles sous la pluie

    Le zéphyr à travers les saules dissipe mes peines sous le vent"

  (Extrait de Zephyr through willows)

http://www.youtube.com/watch?v=vU93mo5lCLs  Scarborough Fair

7 juin 2008

Good bye,Ciao

    Un salut aux nonagénaires Mel Ferrer,immortel Prince André du Guerre et paix de King Vidor et Dino Risi,"père spirituel" de tant de monstres de la comédie italienne dont Le Fanfaron par exemple.

7 juin 2008

Sandor Marai,chef-d'oeuvre,quasi pléonasme

         .C'est peu de dire que Sandor Marai est un grand écrivain européen. On ne le découvre que depuis quelques années(voir billets précédents sur Lire Europe de l'Est).Son suicide en Amérique en 1989,à l'âge de 89 ans,était celui d'un homme toujours en rupture,antifasciste dans sa Hongrie alliée au Reich,puis mis au ban par le gouvernement communiste de Budapest.Sandor Marai,exilé aux Etats-Unis depuis 1952,n'aura pas connu la fin du Rideau de Fer. Libération,écrit en 1945,ne sera publié qu'en 2000 comme c'était la volonté de Marai.

   Roman,récit,réciflexion dirais-je osant le barbarisme, Libération c'est 220 pages tendues et  brûlantes sur le siège de Budapest et l'instant pathétique et lourd de désespoir,ce moment où la tragédie succède à la tragédie,où Elisabeth,dans la cave où se terrent encore une centaine de réfugiés, va commencer à comp rendre... Comprendre mais ignorer encore ce qu'il faut redouter le plus,les derniers sévices des nazis et de leurs séides, ou les "libérateurs" russes. Dans le microcosme reconstitué sous cet immeuble solidarité et courtoisie cèdent vite la place à la méfiance,universelle araignée, puis à la trahison.Traitée un peu comme un reportage ce vécu n'en finit pas de nous poursuivre et confirme ce que je pense de toute guerre,il faut les finir, mais ça fait très mal de les finir. Je considère Libération comme de la très grande littérature,de celles qui vous transportent, hors de toute pacotille,vers les sommets relativement fréquents dans cette Mitteleuropa dont j'ai déjà tant parlé où l'on a déjà croisé Schnitzler,Roth,Perutz,Zweig et consorts.

     "Il y a un instant,la guerre vivait encore dans l'âme d'Elisabeth, pas seulement sur les champs de bataille, dans les airs ou sous les mers.la guerre était aussi une sensation, une sorte de pensée fantomatique qui envahissait son corps et son âme, à l'état de veille ou de sommeil."

6 juin 2008

Etang tragique

    Brève  critique pour ce livre pas désagréable qui nous transporte dans le Texas des années trente,sur les traces d'un tueur des bayous,et dont la jaquette évoque La nuit du chasseur.Outre que je n'ai jamais lu La nuit du chasseur même si j'ai vu le film une douzaine de fois je trouve cette assertion très exagérée.Les marécages est un polar bien ficelé,muni de tous les signaux du polar rural américain, négritude, racisme, abrutissement de la plupart des personnages, culte proche du vaudou.Relations entre blancs qui s'avèrent être noirs,descendants d'esclaves forcément innocents mais forcément soupçonnés.K.K.K comme on l'imagine et une famille où les enfants s'aventurent aux frontières du fantastique.Ce roman se lit facilement mais souffre cependant d'un très gros défaut:je n'y ai trouvé aucun suspens véritable,ce qui est quand même un comble. Pas la mondre surprise,pas trace d'étonnement.On peut le lire,on peut aussi lire autre chose sans trop de crainte d'être passé à côté d'une perle rare.

3 juin 2008

Bo,Bo!

   Adieu a Bo Diddley dont les riffs ont lancé les Rolling Stones et enchanté mes quinze ans.L'homme à la guitare rectangulaire et au chapeau noir,s'il a souvent repris les mêmes schémas,ne manquait pas d'énergie.Je vous propose son histoire,évoquée par les Eric Burdon et les Animals et,par lui-même,présenté par une autre légende,son plus grand succès intitulé tout simplement Bo Diddley.De Ron Wood à Lou Reed,de Tom Petty à Johnny Cash tout le monde a un jour joué avec Bo.

http://www.youtube.com/watch?v=xhuEV17YZes Story of Bo Diddley

http://www.youtube.com/watch?v=_IWTqNboP8c  Bo Diddley

30 mai 2008

L'homme court mais ne marche pas.

    Bien avant la canonisation de Ken Loach,l'homme que l'on ne peut même discuter tant le politiquement correct interdit le moindre recul sur ses films,existait en Angleterre le cinéma des Angry Young Men.Ceci pour rappeler que le cinéma anglais a une histoire et qu'au début des sixties quelques films ont marqué ce renouveau.A la base de ce mouvement l'écrivain Alan Sillitoe et quelques autres,relayés par les cinéastes Tony Richardson,Karel Reisz,Lindsay Anderson. Comme la plupart des courants peu de films s'inscrivent véritablement dans ce cinéma du constat social âpre et sans concession de l'Angleterre qui n'avait pas encore enclenché la révolution pop avec les Beatles et le Swinging London.Les rares films des Jeunes Hommes en Colère s'inscrivent donc dans cette sorte de no identity's land entre l'Angleterre de Graham Greene et David Lean,par exemple et la déferlante Liverpool.

  Sillitoe,né en 28 d'une famille ouvrière,a écrit Samedi soir,dimanche matin et La solitude du coureur de fond,un roman et une nouvelle dont les titres à eux seuls me paraissent très explicites.Soit la noirceur d'une routine sans âme et le sentiment d'isolement extrême dans la parabole du sportif dont la société cherche à récupérer l'effort et la personnalité,avec les meilleurs sentiments du monde souvent. Karel Reisz réalise Samedi soir,dimanche matin en 60 et Tony Richardson La solitude du coureur de fond en 62.Loin de n'être que le cinéma grisaille parfois moqué ce mouvement fait au contraire preuve de vitalité au delà des apparences car ses antihéros ne manquent pas forcément d'envergure.C'est le cas de Colin,interprété par le grand et si méconnu Tom Courtenay.Dans sa maison de correction l'on croit un moment à une sorte de rédemption par le gôut du sport,air connu mais pas toujours efficace.Le visage relativement anodin de Courtenay,joues minces et laconisme,est de ceux, qu'on n'oublie pas et je ne  crains pas de le comparer, dans le genre inadapté,à Peter Lorre ou Jean-Pierre Léaud.Comme dans bien des films début 60 la musique est excellente et ne souligne pas lourdement comme ce sera le cas si souvent plus tard,l'action du film.

    Je suis un peu moins enthousiaste sur le montage qui alterne passé et présent,vie de famille et pension.Pourtant la peinture de l'Angleterre industrielle,tangente,est très réussie.Et comme j'aime cet art de la discrétion,de la suggestion où une chambre d'hôtel suffit à nous faire comprendre le charnel d'une rencontre qui ne manque pas d'émotion.Ce film,passionnant,n'a pas besoin du très encombrant parrainage de mai 68,dans toute sa somptueuse démagogie(Ciné Classics).Il se défend très bien tout seul.C'est toute la philosophie de Colin qui court à perdre haleine parce qu'il aime ça,mais ne marche pas dans le système.

29 mai 2008

Les survivants de la Côte Pacifique

    Ce gros bouquin se lit très bien.On imagine l'auteur très attiré par Missoula,Jim Harrison et des gars de cet acabit.Alors voilà.Les Indiens Makahs vivent au nord des Etats-Unis près de la frontière canadienne. Obèses,alcoolos,plus ou moins camés, braconniers, voire obsédés sexuels,mais marrants,enfin certains.Une poignée de ces irréductibles décide de reprendre la chasse à la baleine,abandonnée depuis des lustres.Ceci ne va pas être simple car par exemple ils ne savent même plus nager.Frédéric Roux signe un livre fort plaisant sans nous asséner véritablement le couplet sur le droit de la nation indienne à vivre selon sa culture.Ils en sont d'ailleurs bien incapables,ravalés au mieux au statut d'assistés, insérés surtout au bar ou en taule,plus analphabètes que méchants.Enfin pas tous.

   Sur fond de musique rock et de bière nos branquignols se préparent donc à affronter Moby Dick. Entraînement minable dans la forêt, tronçonneuses massacrant l'environnement en découpant des Elvis Presley sur les arbres,vols de pacotille.Et surtout désaccord parfait entre les vieux du conseil tribal et la relève,particulièrement abrutie.Greffez là dessus des écologistes obtus,au bandana hypermédiatique,une vague historiette d'amour entre une blanche et un indien,une mère hippie encore toute enwoodstockée. Vous obtiendrez ce que je considère comme une farce truculente avec à la rigueur,si vous cherchez bien,un peu de réflexion sur la déculturation et sur le vieil adage "Un peuple qui ne s'adapte pas est un peuple condamné,un peuple qui s'adapte est aussi un peuple condamné." Profond comme la Côte Pacifique,non?

   Les dialogues souvent rudes sont drôles et la peinture de ces ultimes rejetons de la grande nation nous fait bien rire et c'est je crois la qualité première de cette chasse à la baleine qui tient plus du grand barnum télévisuel que du mythe melvillien.

24 mai 2008

J'peux vraiment pas les voir en peinture(4)

  Breughel L'Ancien,j'peux vraiment pas le voir en peinture sans que sa Flandre,ses paysans et ses malandrins ne me donnent froid dans le dos.Ici ses Chasseurs dans la neige rapportent-ils au village de quoi nourrir chacun?Sont-ils bredouilles?Et volent de noirs corbeaux aux branches pleines d'hiver.XVI° Siècle flamand,âge d'or,labeur et peine,parfois aussi banquets et libations.La vie...Ce tableau,visible à Vienne, ferait partie d'une série de douze évoquant les mois de l'année.Sous réserve encore il n'en subsisterait que cinq.

21 mai 2008

Sudiste déception récemment atténuée

book cover of 
Wise Blood 
by
Flannery O'Connor

         Note laissée au brouillon et reprise aujourd'hui après avoir vu le film.On sait le Sud des U.S.A grand pourvoyeur de talents littéraires,Faulkner,Carson McCullers,Harper Lee,Erskine Caldwell, Tennessee Williams.Souvent citée Flannery O'Connor ne m'a pas vraiment emballé avec La sagesse dans le sang,aussi nommé Le Malin,dont Huston fit un film que je n'avais jamais vu.Non,le roman de Flannery O'Connor ne m'a pas emballé car je crois que le "compte à régler" qu'elle avait avec les prédicateurs n'est pas tout à fait soldé par ce livre que je considère un peu comme incomplet et surtout laissant trop peu d'espace aux protagonistes.La preuve en est qu'il m'a fallu voir l'adaptation du vieux lion Huston pour m'immerger davantage dans cette histoire qui se déroule en Georgie,mais surtout en Absurdie.

        Justement cette adaptation assez fidèle m'a plutôt réconcilié car les acteurs de Huston sont parfaits.Tous plus ou moins demeurés,escrocs minables arnaquant à l'espoir comme il en pleut là-bas,traversés par des lubies vaguement mortifiantes,une belle galerie de trognes Deep South dans sa fange.Brad Dourif,au visage triangle et au regard de furet compose un jeune prêcheur presque inquiétant.Il a la bonne idée de fonder sa propre église,celle du Christ sans Christ,où les aveugles ne voient pas,où les paralytiques ne se mettent pas à marcher et où les morts restent morts.Joli programme qui au moins ne devrait décevoir personne.Il y a d'autres prêcheurs,Harry Dean Stanton,faux aveugle,vrai gangster,Ned Beatty,grand acteur méconnu qui apporte sa rondeur à Hoover,autre allumé notoire et vénal,sans oublier John Huston en personne dans le rôle du grand -père d'Hazel,prêcheur évangélique mais peu angélique.Dans cette Amérique foutraque que j'ai plus comprise en film qu'en livre valsent ainsi tous ces déboussolés, absolument pas démodés dans l'Amérique d'aujourd'hui.Parfois loin de notre rationalisme mais faut-il le regretter?

18 mai 2008

La main enchantée

   Mon cher Gérard adapté au cinéma,ce n'est pas fréquent.Voici à mon avis le seul film tiré de Gérard de Nerval,le plus grand poète français selon moi.En 42 MauriceTourneur,père de Jacques dont on vient de parler,met en scène La main du diable,très proche du mythe de Faust.Sur un scénario de Jean-Paul Le Chanois,modernisé et traduit dans un XX° Siècle savoyard l'aventure du peintre au contrat malheureux nous est contée avec une très belle untilisation des ombres et des silhouettes.Pierre Fresnay,fiévreux et démuni après ce pacte pour le moins hasardeux,compose un artiste hagard et qui ne sait plus à quel saint se vouer.C'est que l'adversaire en face est de taille.Le diable prend d'ailleurs les traits d'un petit homme en noir tenant plus de l'huissier que de l'ange déchu.

    Ayant tout gagné puis tout perdu l'artiste dont la dette double chaque jour(ne vous faites pas prendre à ce jeu) finit par échouer dans une auberge de montagne où se trouve une solution possible.Morceau choisi de La main du diable,la rencontre avec les anciens possesseurs de la main enchantée,qui donne l'occasion à Tourneur d'une cascade d'effets historiques très pittoresques,du mousquetaire au restaurateur.C'est que cette main donne... du talent.Dans le fantastique français ce film n'est pas à négliger,bardé de plus des habituels seconds rôles si indispensables à ce cinéma classique.Les Larquey,Roquevert,Gabriello,Balpêtré...

   Savez-vous qu'au cinéma les mains au pluriel ou au singulier ont eu beaucoup d'ouvrage?Au collet,basse sur la ville,qui tuent, chaude, froide,rouges,à couper,sur le berceau ou dans l'ombre,droite du diable et gauche du seigneur(c'est amusant ça),d'argile,etc...Je passe la main.

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