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BLOGART(LA COMTESSE)

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20 février 2008

Coup de cafard

  Juste quelques mots.Comme j'aimerais que nombre de bloggers soient moins péremptoires,moins sûrs d'eux.Les exemples abondent.Personne ne peut s'arroger le monopole de la vérité. C'est trop facile.Mais peut-être ai-je moi-même cédé à ce travers. C'est tout.

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16 février 2008

Honte à l'italienne

Le bel antonio

     Mauro Bolognini est un cinéaste qu'il faut revoir impérativement pour sa finesse et l'élégance de son propos.Sur le thème délicat, surtout en 1961,de la virilité,qui plus est en Sicile,et avec la complicité à l'écriture de Pasolini il adapte le roman de Vitaliano Brancati,auteur sicilien lui aussi(1907-1954).A Catane le jeune Antonio(Mastroianni prototype du latin lover) épouse Barbara. Bourgeoisie,belles demeures,aisance financière et un avenir radieux.Mais la fêlure s'insinue et les parents s'inquiètent puis se heurtent.Et surtout l'honneur est en jeu.Ha l'honneur!L'honneur en ces années se situe parfois sous la ceinture et Barbara(Cardinale très jeune) ne sera qu'un pion dans le jeu du patriarcat et de la résignation des femmes,filles ou mères.

  Ce film ne prête ni aux plaisanteries grasses ni au marivaudage et Mastroianni campe avec conviction et douleur ce prétendu Don Juan dont on mesure peu à peu la solitude et la culpabilité.Film d'une grande pudeur,Le bel Antonio reprend le meilleur de Pasolini qui n'aura pas toujours cette réserve que Mauro Bolognini,doux ciseleur du cinéma italien,saura,lui,garder jusqu'à sa mort.Probable que cette discrétion lui a valu en partie le purgatoire.Dans l'infinie richesse du cinéma transalpin j'aime à attirer l'attention sur les réservistes (Zurlini,De Santis ont déjà fait l'objet de chroniques).Autres très beaux films de Bolognini:Les garçons,Metello,L'héritage,Ce merveilleux automne.Le titre de ce billet est un clin d'oeil à la vogue "à l'italienne" des films des années 55-60.En effet eûmes droit à Caprice, Scandale, Divorce, Mariage, Meurtre, tout ça à l'italienne.

16 février 2008

L'objet du western

DVD Du sang dans le désert (The tin star) Z1

     Cet objet c'est la fameuse étoile du sheriff,ici Anthony Perkins,tout jeune promu malhabile qui aura besoin du mentor Henry Fonda dans ce beau western noir et blanc 57,signé Anthony Mann et ridiculement titré en France Du sang dans le désert alors que de désert point dans ce décor.Rappelons ici que Mann n'est pas seulement l'homme qui dirigea si bien James Stewart dans l'espace de l'ouest lors d'une  pentalogie unique (Winchester 73,Les affameurs,L'appât,L'homme de la plaine,Je suis un aventurier). Chasseur de primes vieillissant Fonda attend sa prime dans la petite ville,pourvue d'un tout jeune marshall,inexpérimenté et qui trouvera dans l'aventurier une figure paternelle,thème archi-classique du western.

     Anthony Perkins,jeune lui aussi,semble mal à l'aise mais cela colle finalement bien au personnage de bleu qui doit apprendre le dur métier de représentant de la loi dans une bourgade de l'Ouest.Des scènes très réussies comme la longue introduction où le chasseur de primes ramène un cadavre à cheval,en silence et dont seule la main dépasse.Figure obligée de l'Ouest nous croisons aussi un bon docteur,âgé mais pas alcoolique,chose rare,et qui entre triomphant dans sa ville le jour de son anniversaire,triomphant mais...mort dans sa calèche,assassiné pour avoir exercé son dur labeur.Intéressante approche aussi du lynchage,cette gangrène de le la conquête, universelle hélas qui ne va pas aussi loin que dans L'étrange incident,film de Wellman de 1943,le meilleur sur le thème.Hautement moral cela va sans dire Du sang dans le désert bénéficie d'une fin un peu trop bien-pensante à mon gré.J'ai toujours un penchant pour le solitaire qui part dans le couchant avant the end,plus que pour celui qui "s'encombre" tardivement d'une femme et de son jeune fils pour reconstruire.Mais ce pessimisme n'engage que moi.

15 février 2008

Un copain du patron

 

    Sur ce bel album,très classique au demeurant,sept chansons sont signées Joe Grushecky,quatre Bruce Springsteen et deux Grushecky/ Springsteen.On est donc en pays de connaissance et c'est rudement bon de retrouver des potes.Je sais Joe n'aura pas la palme de l'originalité mais nous non plus,quand on glose sur l'histoire du rock ou toute autre chose en essayant de sortir un peu des sillons battus.Ce disque date de 1997 et,bourré d'énergie,nous donne un aperçu de la belle voix de Joe et un son carré et jovial qui sait aussi se faire caressant dans la belle ballade 1945.Si Joe Grushecky n'est pas une star du rock je crois que l'on peut faire confiance au patron pour choisir ses amis.

http://www.youtube.com/watch?v=Oj51DuSEmK4 On rentre à la maison

http://www.youtube.com/watch?v=hBO2_j4CLBk  Lake Pontchartrain(extrait du dernier album A good life),ode au grand lac de Louisiane après Katrina.

15 février 2008

Quelques films de Nicholas Ray

      1949,mon maître Humphrey Bogart tourne le deuxième film de Nicholas Ray,Les ruelles du malheur.Le jeune délinquant joué par John Derek,en rupture de société,annonce évidemment La fureur de vivre.Mais le film presque tout en flashbacks est d'une construction que je trouve un peu pesante,ce qui à mon avis l'empêche d'être un grad film-prétoire proche d'Anatomie d'un meurtre,Douze hommes en colère,Le génie du mal.Bogart incarne l'avocat Morton avec ses faiblesses et ses doutes,lui-même issu d'un milieu modeste.Je dirais qu'il est finalement un avatar assez classique de Bogie,l'homme mûr qui s'était "accomodé" du monde dans lequel il vivait et qui retrouve le goût de la lutte.Mais n'st-ce pas le cas de Key Largo,Plus dure sera la chute,et même Casablanca?

     Les ruelles du malheur est aussi un peu l'héritier des Rue sans issue ou Les anges aux figures sales,avec Bogart aussi d'ailleurs mais en gangster d'avant-guerre.Ces films sociaux étaient certes un brin naïfs mais très efficaces,menés par d'excellents Curtiz ou Wyler.La fin des Ruelles du malheur est à cet égard très émouvante encore aujourd'hui.A noter la "finesse" du titre français destiné à faire pleurer dans les chaumières.

     Deux ans avant Nick Ray avait adapté le beau roman d'Edward Anderson Tous des voleurs sous le titre They live by night(Les amants de la nuit).Voir Redécouvrir Anderson .Une histoire de cavale bien sûr,de fuite en avant pour le jeune couple à peine sorti de l'adolescence.Mais Bowie et Keechie ne sont pas Bonnie et Clyde,ni Les tueurs de la lune de miel,plus proches de Romeo et Juliette sur les routes poussiéreuses des années trente dans l'Amérique dépressive.Echec total aus U.S.A. Les amants de la nuit sera repêché par la critique européenne.Annonçant lui aussi une certaine fureur de vivre le héros joué par Farley Granger,est,dès le début étincelant du film,promis au tragique.Contagieux de ce tragique et malgré un très beau mariage de parias,l'une des plus belles scènes de noces que j'aie vues,il contaminera si j'ose dire la toute fraîche Cathy O'Donnell,faisant d'elle une veuve bien précoce.Film noir dont les héros ont presque un visage d'enfant Les amants de la nuit c'est une histoire d'amour que gangsters et policiers sublimeront bien involontairement.

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13 février 2008

Une chanson:Odessa

 

   Ces frères là ne jouissent pas d'une énorme côte d'amour dans le monde rock.Aucune de leurs trois carrières consécutives n'en fait un élément incontestable de l'histoire du rock.Ni leurs premiers succès de groupe ado en Australie.Ni la dizaine de tubes sympas mais mineurs dans l'Angleterre mid-sixties,les pourtant très agréables New York mining disaster 1941,Holyday,I started a joke,First of May, Massachussets, To love somebody,Words,World,etc...Ni leur couronne de maîtres du disco ès fièvre du samedi soir.Pourtant n'oubliez jamais le double album Odessa,dit double rouge,concept album influencé par des garçons de Liverpool,par des garçons de la plage,voire par Procol Harum et la tendance classique Moody Blues.Ecoutez le somptueux naufrage évoqué dans Odessa,chanson éponyme de l'album des Bee Gees.Respect...

 http://youtu.be/xsOrpJfkUos  Odessa

8 février 2008

Bible cinéphilique

A la recherche de John Ford

   

      

             

   

                 Prochainement cet ouvrage extraordinaire qui est aussi un grand bouquin sur l'histoire irlando-américaine, l'exil,la guerre,la famille,etc...Enfin pas si prochainement que ça car A la recherche de John Ford du grand Joseph McBride a autant de pages que la Bible, justement.Me voilà presque au bout de ce pavé passionnant qui ne rend pas Ford plus sympathique mais plus humain peut-être,plus humain c'est à dire plus homme.Ce livre aura déjà eu pour effet de m'empêcher de lire autre chose pendant un mois,mes loisirs étant limités.Le temps est venu maintenant d'évaluer sereinement la filmo de Ford.Pas sûr que ça lui aurait plu tant cet homme s'est évertué à jouer au mauvais coucheur et à l'interviewé désagréable et dédaigneux.A travers la bio de Joseph McBride,très fouillée,il apparaît que derrière le masque hautain et bougon pouvait apparaître(parfois) le créateur,le poète.Car John Ford a su entre les crises et les brimades,réelles,infligées à ses acteurs,et non des moindres,instiller en quelques plans des îlots de lyrisme,de poésie élégiaque et familiale.

     John Ford  reprend à son compte le célèbre adage du poète Walt Whitman "Je me contredis?Très bien,alors,je me contredis.Je suis vaste,je contiens des multitudes".Car rarement créateur aura autant divisé que Ford,adulé,vénéré,vilipendé,humilié selon les films et les époques,et parfoispar les mêmes.Il faut avoir l'honnêteté de dire que ce livre s'adresse aux lecteurs qui ont déjà vu pas mal de films de Ford, s'attardant longuement sur la genèse et les querelles qui ont accompagné beaucoup de tournages.Et,même ainsi,bien des précisions nous échappent.En fait on devrait lire ce livre lors d'un symposium de quinze jours conscré à une rétrospective du maître.Alors,bien vaines nous apparaîtraient les gloses sur le côté réactionnaire voire raciste de certains films,car les mêmes films peuvent la plupart du temps être lus à travers un prisme progressiste.Joseph McBride vous expliquera ça mieux que moi.Je vous recommande aussi chaleureusement un détour chez Inisfree grand fordien de la blogosphère.

    Il faut se rappeler que Ford c'est 55 ans de cinéma du muet aux Cheyennes et à Frontière chinoise,en passant par les films,très nombreux,produits ou réalisés par Ford pour l'Office of Strategic Services,pendant la guerre.Le vice-amiral John Ford tenait énormément à ses deux casquettes,Hollywood et la Navy.Ces deux jobs ne faisaient pas toujours bon ménage et Ford lui-même était tyrannique sur un plateau,sachant parfois larmoyer comme toutes les brutes.A la recherche de John Ford est une somme sur ce cinéaste avec ses rapports de famille,très douloureux,père pas terrible le patron,ses liens avec l'Irlande,pas simples non plus,ses attaches poilitiques curieuses alternant de la gauche à l'ultra- conservatisme. Contrairement à ce que l'on a pu croire longtemps,ce diable d'homme apparaît souvent assez antipathique mais surtout terriblement complexe.Faites-vous une idée!Il faut pour cela un peu de temps,1000 pages bien serrées.En ce moment je regarde Les sacrifiés(48).Mais il y en a tant d'autres.Et beaucoup d'humour.Terminons ainsi en souriant:lors du tournage des Deux cavaliers,en fin de carrière,dirigeant James Stewart et Richard Widmark,tous deux durs d'oreille et portant perruque cause calvitie,Ford déclara "Cinquante ans de putain de métier et j'en arrive à quoi?Diriger deux moumoutes sourdingues".So long.

3 février 2008

Bon,alors on se la joue ciné

   Point commun?

  Bravo pour cette réponse.Primo Levi,Ernest Hemingway,Henri de Montherlant,Drieu La Rochelle, Cesare Pavese et Hunter S.Thompson se sont tous suicidés.Les films sont La trêve,Pour qui sonne le glas,Un lever de rideau(court de François Ozon),Le feu follet,Femmes entre elles et Las Vegas Parano.Encore bravo!

2 février 2008

De retour du pays des légendes

       J'ai enfin revu,plutôt vu d'ailleurs car il ne me restait des Nibelungen guère plus que La chevauchée des Walkyries qui ne doit rien à Lang mais tout à Wagner(et peut-être un tout petit peu à Coppola). Somptueusement restauré par la F.W.Murnau Stiftung,le dyptique est admirable.Entendons-nous bien.Il faut pour apprécier cette oeuvre entrer de plein pied dans un univers pré-nietzchéen,qui emprunte aux légendes germaniques et scandinaves,plus de cinq heures de bruit et de fureur,de trahisons,de fer et de feu.Le film tourné en 1923 a été distribué en deux époques.Les deux parties sont assez différentes comme l'indique un bon document du toujours très éclairé Bernard Eisenschitz sur l'édition DVD de MK2.

    Siegfried conte le voyage,le mariage et la chute du héros et ce premier opus offre nombre de séquences d'anthologie.La forge où l'épée de Siegrfried prend naissance.Le combat contre le dragon qui rendra Siegfried  presque invincible.La route de Worms où le cavalier apparaît nimbé de brume en une forêt de légende.Le trésor des Nibelungen dans la grotte d'Alberich avec de splendides effets spéciaux et l'expressionnisme dans toute sa splendeur,version épopée médiévale.Brunhilde,reine d'Islande,amazone à l'allure martiale et Kriemhild,l'épouse de Siegfried sont les deux héroïnes de l'histoire,l'une manipulatrice qui échouera,l'autre,douce et assez soumise mais qui fourbira sa vengeance.

     Si la première partie bénéficait d'un héros de légende La vengeance de Kriemhild est davantage une histoire de la violence qui engendre la violence.Kriemhild,convaincue par Rüdiger,épouse Attila le roi des Huns.Uniquement pour fourbir sa vengeance vis-à-vis de l'assassin de Siegfried.C'est un cercle de luttes fratricides où ne manque rien,même l'infanticide,avec son lot de flammes et de trahisons.Lang a réussi un véritable opéra,un cycle légendaire que les acteurs du muet et l'expressionnisme de la mise en scène hissent au niveau des mystères.Si l'histoire,comme celle des Atrides,est un peu compliquée La vengeance de Kriemhild célèbre,après la magnificence du héros le déferlement des forces destructrices.Pour conclure on ne peut passer sous silence la tentative de récupération des Nibelungen et de son auteur par le Troisième Reich.Mais outre qu'on peut faire dire aux légendes à peu près n'importe quoi n'oublions pas le départ précipité de Fritz Lang pour la France et l'Amérique et son refus catégorique de devenir vous savez quoi.

30 janvier 2008

Calypso

   Harry Belafonte est maintenant octogénaire et je voudrais qu'on ne l'oublie pas.Sans parler de ses engagements personnels et de ses films Le monde,la chair et le diable,Le coup de l'escalier(pour les meilleurs) il faut se souvenir de la vague calypso qu'il incarna si bien avec des titres enchanteurs et exotiques,à l'époque où les Antilles étaient encore une destination éloignée.De mère jamaïcaine et de père martiniquais l'immense Harry(2m) incarna à merveille une certaine langueur caraïbe sur des rythmes afro-cubains qui firent fureur il y a cinquante ans.Parmi ces titres évocateurs Island in the sun,Jamaïca farewell,,Day-O,Angelina.Sa voix de crooner des îles et ce swing chaloupé si particulier sont toujours une belle invite au voyage.Quelques notes si vous le voulez bien dont une musique célébrée par la pub,qui ne choisit pas toujours aussi bien.

http://www.youtube.com/watch?v=uX5mNnJUcRY

http://www.dailymotion.com/video/x1b0av_harry-belafonte-island-in-the-sun-l_events

http://www.youtube.com/watch?v=9IN7qpM1dEY

26 janvier 2008

Uchronie nippone en cases

       Assez peu bédéphile j'ai eu la surprise de trouver devant la cheminée cet album japonais d'un auteur semble-t-il assez connu mais que j'ignorais.Après un moment d'hésitation je me suis lancé dans l'aventure de Quartier lointain.La préface est signée du cinéaste belge Jaco Van Dormael et je dirais que ça va de soi.Pour deux raisons.D'abord Quartier lointain est presque déjà une oeuvre de cinéma par son rythme,ses cadrages hyperprécis,ses hors-champ,son temps suspendu.Je sais que c'est déjà en cours d'adaptation d'ailleurs.Ensuite le très rare Van Dormael(à ma connaissance deux films seulement,Toto le héros et Le huitième jour) possède un univers filmique curieux et très personnel,assez proche du thème traité par Jiro Taniguchi,la deuxième chance et l'imaginaire qui permettrait de revivre sa jeunesse et,toute la question est là,de la corriger éventuellement.Le héros,cadre quadra et demi,se trompe de train,stressé et hypernippon, pour se retrouver dans sa ville l'année de ses quatorze ans.L'uchronie est un procédé littéraire et cinématographique classique qui a ses célébrités Smoking/No smoking,Un jour sans fin,nombre de films de science-fiction.Revivre sa vie est un vieux fantasme.Moi j'appelle ça simplement "refaire un tour".Ca arrive d'ailleurs,qu'on "refasse un tour",c'est le propre des rencontres.

       C'est donc l'occasion de se faire une idée de quarante années de vie japonaise au quotidien, écoles, lycée,université,vie de famille. Souvenirs de guerre aussi,absolument inévitables dans toute oeuvre japonaise et pour cause. Univers oppressant en lui-même à nos yeux d'Occident,ce pays nous échappe et Quartier lointain nous en donne à gôuter un petit morceau,délicieux et teinté d'amertume. Les plus cinéphiles ne pourront pas ne pas penser à Ozu,même si les années ne correspondent pas tout à fait.Il y a dans Quartier lointain un parfum d'intemporalité bien subtil.Le noir et blanc convient à merveille à ce ballet de cases à bulles dont je suis peu familier mais qui m'a profondément touché.La version cinéma est-elle indispensable?Peut-être quelques-uns d'entre vous,plus au fait de BD,me le diront-ils?

25 janvier 2008

Un si joli village

      Sobre,fauché,épuré,sec et gris Le village des damnés reste un bijou de science-fiction.Six ou septième vision.Et toujours cette sourde inquiétude me prend.Cette campagne anglaise calme et un peu ennuyeuse. La léthargie qui fauche quelques heures de la vie de paisibles citoyens.Et neuf mois plus tard ces enfants...L'ami Fantasio vous dira ce qu'il faut penser du roman que je n'ai jamais lu.Il existe une tradition du film de science-fiction à l'anglaise,moins connue que celle du film dit d'horreur de la Hammer,chère à Terence Fisher et à Dracula.Le cinéma anglais est en verve en cette année 1960.Le voyeur de Powell,obsessionnel et obsédant.Les Jeunes gens en colère,Karel Reisz,Tony Richardson signent respectivement Samedi,soir,dimanche matin et Le cabotin.Losey bien qu'américain est toujours en Angleterre(Les criminels).Comme toute S.F. des années concernées la Guerre Froide plane sur Le villlage des damnés.Qui sont ces enfants aux yeux d'or et au calme inquiétant de surdoué.

     Wolf Rilla,d'origine allemande,réalise un modèle du genre,un film qui n'infantilise pas le spectateur,où un regard,ou quelques pas dans la rue suffisent à nous figer.Le style n'est pas très loin du documentaire et c'est avec peu de moyens mais une force de suggestion rare qu'on se prend à craindre pour l'avenir.Très beau personnage du professeur martyre sous les traits de l'aristocratique et distant George Sanders,ce qui donne encore plus de force au récit.Très fort symbole aussi de la paternité tardive du professeur, mais à quel prix?Quant à réconcilier Fantasio et Oggy sur le remake de Carpenter il vous faudra attendre la semaine prochaine.Encore un mot:je donnerai une conférence sur Children of the damned d'Iron Maiden,prochainement au Collège de France,étant comme chacun sait l'un des meilleurs spécialistes français du hard rock gothique.

19 janvier 2008

Une chanson:Sloop John B.

"You're So Good to Me" cover

                        Comme si la rubrique Une chanson,qui n'a d'autre objectif qu'une balade sur 50 ans de poprockfolkandco pouvait se passer de la présence des Beach Boys.Comme si l'image de la Californie  ensoleillée de ces surfeurs sains ne cachait pas leurs diverses addictions et fins plus ou moins tragiques. Comme si Brian Wilson n'était pas le génial créateur tourmenté de tant de musiques si élaborées.Comme si les innombrables compilations leur rendaient justice.Comme si j'avais quatorze ans.Comme si le ressac du Pacifique berçait encore mes oreilles.Come si ça ne me donnait pas envie de pleurer.Pourquoi ce titre?Parce que j'aime l'histoire du John B. et que les retours au port sont souvent poignants d'intenses inquiétudes.

  Embarquement sur Sloop John B. http://www.youtube.com/watch?v=exJXxuIQxRA

18 janvier 2008

La Havane vu par Huston

Les Insurgés - Pedro Armendariz, Jennifer Jones et John Garfield

         Les insurgés de John Huston(1949) est massacré par Tavernier et Coursodon dans leur bible Trente ans (puis cinquante ans de cinéma américain).J'ai rencontré deux fois le grand Bertrand et on sait qu'il aime bien avoir raison.C'est vrai que Les insurgés(We were strangers) n'est pas un film passionnant,certaines séquences sont assez plates et la thématique hustonienne de l'échec,célèbre,n'est pas bien illustrée par le simili happy end.Je n'avais jamais vu ce film peu diffusé.Si vous n'avez qu'une dizaine de Huston à voir, manifestement oubliez-le. Mais je sauverai de cette oeuvre moyenne quelques éléments.

         Le plaisir de retrouver Jennifer Jones,passionaria presque malgré elle de la lutte contre la dictature cubaine, celle des années trente car il y en a eu d'autres.Le visage si intéressant du grand John Garfield, moins pourtant que dans ses deux meilleurs films Sang et or et L'enfer de la corruption.La lutte de ces conjurés est certes assez académique et la photo de La Havane peine à rendre l'oppression totalitaire.Ce pendant j'aime assez voir les oeuvres mineures des grands car une oeuvre cinématographique se nourrit aussi de ces imperfections.Et le grand acteur mexicain Pedro Armendariz en chef de la police secrète ne laisse pas d'inquiéter.

P.S.Un grand merci à la sollicitude de mes amis Duclock et Oggy qui s'inquiétaient déjà pour moi.Sympa!

5 janvier 2008

Le Mépris,qu'en dire?

         Devant faire pour une série de six conférences illustrées d'extraits une communication sur le film de Godard me voilà,comme les artistes sous le chapiteau, perplexe.Le mépris est un tel objet indépendant qui n'obéit qu'à sa propre logique et qui a déjà été tellement analysé.Je vous livre si vous le voulez bien l'essentiel des quelques réflexions que je compte proposer aux étudiants de l'AUJV(Amis de l'Université Jules Verne) qui me font l'amitié d'être fidèles.Sorti en 63 Le mépris est une commande.Il faut cesser de considérer le terme commande comme péjoratif dans le monde  du cinéma.Nombre de grandes réussites ont été au départ des oeuvres de commande.Beaucoup d'argent,relativement,pour Le mépris, capitaux italiens et français,Ponti et Beauregard,et le regard, pesant,des Américains qui voulaient une sorte de "Et Godard recréa Bardot".

   "Le cinéma,disait André Bazin,substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs.Le mépris est l'histoire de ce monde".Cette jolie phrase,un peu absconse comme on les aime,psalmodiée par JLG lui-même lors du générique qui semble avec le temps devenu pour l'oreille comme l'essentiel de Godard,nous fait passer d'un plan du grand opérateur Raoul Coutard filmant un travelling directement au lit de Bardot pour une scène érotique dont,toujours perplexe,je ne sais si elle est superbe ou dérisoire.Et Le mépris oscillera toujours,pas très loin de la vacuité dont Godard ne sera pas exempt au long de sa filmo,pas très loin non plus de la splendeur de cet art de la fugue qu'est le cinéma,surabondamment cité dans Le mépris,livre d'Alberto Moravia et presque trop dans le film.Affiches de nanars italiens, Rossellini,Chaplin et Griffith,Dean Martin dans Comme un torrent.Le comble est évidemment la présence parmi les statues de Capri de celle du Commandeur en personne,Fritz Lang,venu en Italie pour tourner L'Odyssée où s'opposent les points de vue du producteur américain pour lequel JLG n' a pas craint la caricature avec un excellent Jack Palance,et du scénariste français incarné par Piccoli,par ailleurs en mal de couple avec Camille sa femme,Bardot,dont l'histoire dut qu'elle fut toujours mal à l'aise au tournage et dont la même histoire retiendra Le mépris comme son meilleur film.

      Je reste fasciné par Le mépris et Georges Delerue n'y est pas pour rien.Vous pouvez,vous,écouter cette sorte d'adagio,sans avoir envie de vous foutre à l'eau,mais l'eau de Capri tant qu'à faire?Fasciné et irrité parce qu'à force de revoir Le mépris j'en entrevois aussi quelques ficelles dont les discussions vétilleuses sur Ulysse et Pénélope,et plus encore les scènes de querelle du couple,dignes du cinéma français le plus banal qui soit et que Godard croit remettre au goût du jour par cette pseudo-liberté de langage dans la bouche de Camile Bardot.Mais la magie du film est ailleurs.

                      S'il demeure une magie dans Le mépris c'est dans l'utilisation du luxe et de la volupté du lieu de tournage du film dans le film.Sublimes plans à l'intérieur de la Villa Malaparte avec un usage des couleurs,des meubles,de la grande fenêtre sur la mer,leçon de géométrie onirique.Le mépris,qu'éprouve peut-être Camille pour son mari,Paul,Le mépris,sentiment très cinématographique, tant au sens technique,représenté dans les films,qu'au sens social,courant dans le milieu des gens de cinéma avec son lot de réciprocité,Le mépris,avec son lot d'affèteries et de phrases creuses,Le mépris,film quadrilingue et universel,inabouti et parfois vain,est un élément clé de l'histoire du cinéma,qu'on aurait tort de considérer avec la futilité qu'il cherche à nous faire avaler.N'y voir qu'une bagarre de plus entre culture méditerranéenne classique et show-business serait une erreur,historique,elle aussi.

PS.En réponse à D&D,je ne sais pas car je ne l'ai pas revu dans cette édition mais je pense que Les cahiers font un travail sérieux,presque trop.

3 janvier 2008

Quand un grand chasseur défend les éléphants

               Des Racines du ciel à Chasseur blanc,coeur noir ou...comme les hommes sont complexes. Le grand, l'immense Huston,grand jusque dans ses ratages(et il y en a quelques-uns), aventurier, buveur, passionné de chasse est bien l'un des auteurs du film tiré du Goncourt de Romain Gary.Il n'est que l'un des auteurs car avec un producteur comme Darryl Zanuck difficile de cerner qui a fait quoi surtout avec un scénariste nommé Romain Gary.Peu importe le film est intéressant même s'il n'a rien à voir avec les grands Huston(Faucon,Volcan,Dublin,Homme qui voulut...).Ne pouvant atteindre à l'amplitude du roman,infiniment plus touffu,le film constitue l'un des premiers films à tendance écolo,à la mode des années cinquante, sans vrai recul sur l'état colonial de l'Afrique qui tirait alors ses dernières cartouches,métaphore un peu osée peut-être.Les racines du ciel pèche surtout par sa naïveté et je me plais à imaginer les conditions du tournage avec de grands sobres comme Huston, Flynn, Welles et Howard,peut-être installés en pays conquis mais là je suis probablemenrt mauvaise langue.Et il ne s'agit pas ici d'avoir un regard moral sur la production.Ce regard moral, justement, sera l'objet du livre de Peter Viertel et de son adaptation,quarante ans après le tournage par Clint Eastwood,Chasseur blanc,coeur noir,passionnante étude en forme de carnet de bord et de portrait de Huston sous couvert d'une fiction très documentée et très incisive.

Trevor Howard, Errol Flynn dans Les Racines du ciel

          Quid du film Les racines du ciel?Revenons à nos éléphants, héros déjà décimés en 53,date où Gary situe le roman.Il y avait beaucoup de personnages dans le livre et il fallut bien sûr tailler dans le vif.La présence d'Orson Welles au générique relève de l'escroquerie car on ne le voit presque pas.Pourtant c'est de lui que le spectateur se souvient le mieux,éternelle injustice des albatros aux ailes trop grandes.Errol Flynn joue un beau personnage alcoolique et blasé qui se redécouvre un idéal tardif et ça lui va plutôt bien.Trevor Howard est moins crédible qu'en amoureux mûr de Brève rencontre ou officier du Troisième homme.Mais la petite troupe des défenseurs de pachydermes tient assez bien la route,tous plus ou moins en fin de course et tentant une ultime renaissance.Car voilà,le monde a vieilli,et les éléphants ne sont pas la priorité absolue ni des colons,ni des gouverneurs,ni des leaders de la toute frémissante émancipation des pays africains,vous savez,ceux qui iront si vite à se transformer en potentats locaux massacreurs.Les racines du ciel fait un peu sage adaptation,moins hustonienne qu'on le voudrait,plus intéressante que les critiques l'ont dit,à mon avis.Présence de Grèco sympathique,la muse de Saint Germain étant très proche de Darryl Zanuck,mais ... cela ne nous regarde pas.

31 décembre 2007

Discret départ du discret balladin

   

          Ou putain de fin d'année!Maintenant qu'il est parti,à 56 ans,le 16 décembre comme tout le monde l'ignore,on pourrait peut-être écouter enfin Dan Fogelberg.Moi-même je le connaissais assez peu et n'ai pas envie de revenir sur sa biographie.Je voudrais que vous sachiez que ce songwriter s'était très vite échappé du star-system qui le guettait notamment lors de sa collaboration avec les Eagles.On le sait peu ici mais il a eu nombre de chansons à succès autour des années 80.Je crois savoir qu'il a lontemps vécu à l'écart dans les montagnes du Colorado.Si vous aimez la discrétion qui n'occulte ni le talent ni l'émotion,écoutez n'importe quoi de l'ami Dan.Il n'y a rien de mauvais chez lui.A son souvenir:

Leader of the band.  http://www.youtube.com/watch?v=VafGvoiUhtQ

29 décembre 2007

Palabres à la romaine

     Pas le meilleur Scola,loin de là,mais quelques dialogues à méditer et quelques émotions bien réelles parsèment La terrazza que je viens de revoir 27 ans après sa sortie.L'extrême longueur du film, 2h40, est,il est vrai assez rhédibitoire et favorise bien des baisses de régime.Cependant la richesse et la finesse des interprètes et plus encore les échanges verbaux où le fiel le dispute à l'amitié donnent à La terrasse un regain d'intérêt.A égale distance du film choral où les protagonistes font un bilan de leur vie(La bilanomanie ayant été un des dadas du cinéma,Les copains d'abord,Le déclin de l'empire américain et son rejeton Les invasions barbares,les films de Sautet.Je n'ai rien contre ayant moi-même tendance à la bilanomanie, maladie de l'âge que l'on dit mûr.),et le film à sketches(spécialité très transalpine) La terrasse,romaine et huppée comme il se doit car l'on n'est plus au temps du Voleur de bicyclette,en tout cas pas chez ces gens-là,nous présente Sergio,Mario,Luigi,Enrico et Amedeo,tous quinquas et tous plus ou moins intellectuels, scénariste, député de gauche évidemment,journaliste,etc... aux prises avec leur conscience(un petit peu élastique, c'est bien les consciences un peu élastiques,j'en ai une) et le décalage entre maturité et jeunesse.Le thème du film est l'arrangement,qui nous guette tous et que Scola avait déjà fort bien illustré avec Nous nous sommes tant aimés,plus picaresque,plus cinématograhique et moins bavard.

      Tour à tour les héros nous intriguent et nous content leur mal d'être.Je n'insisterai pas sur le côté artificiel et un peu irritant du défilé que guettent les clichés.Tout cela est dangereusement statique et l'ennui point chez certains spectateurs.Pourtant La terrasse vaut qu'on y prenne un verre entre amis car Scola et ses complices les éternels Age et Scarpelli de la comédie italienne ont de bonnes idées,la mort de Reggiani dans la neige synthétique d'un tournage télé par exemple,mort de dénutrition à ne pas vouloir grossir.Certes le film parle trop,comme ces soirées entre amis qui refont le monde et qui,finissent par s'engueuler avant de s'embrasser car ces gens-là s'aiment,critiques envers les autres,très tolérants quant à leurs propres accommodements.

   Deux citations pour terminer.De Scola lui-même présentant les héros de Nous nous sommes tant aimés:"Nous voulions changer le monde et c'est le monde qui nous a changés".Et de je ne sais pas qui mais que j'assume à fond:"S'il fallait accepter des autres ce que l'on accepte de soi-même la vie serait tout bonnement invivable".Rien de novateur sur cette riche Terrasse de Rome,mais des hommes,tout simplement,vous et moi peut-être.Et si La terrasse s'appelait Le miroir...

http://www.youtube.com/watch?v=l--3SCgJsUg  La terrazza

28 décembre 2007

Pâles étoiles de la Grande Ourse

Vaghe stelle dell'Orsa

      Très viscontophile je n'avais jamais vu Sandra(65) et ne m'en portais pas plus mal.Je n'ai guère prisé ce film et trouve que le parti-pris vénéneux qu'instille Visconti ne m'entraîne pas loin dans cette quête d'un passé trouble de Sandra et Gianni,frères et soeur qui ne m'ont inspiré ni osmose,ni même la moindre sympathie.Il y a bien la grande maison de Volterra et un peu deToscane nocturne,pays que j'aime pourtant profondément.Mais il y a surtout le jeu fraternel faussé et aucun personnage à aimer.De Sandra me resteront deux choses qui heureusement se passent très bien de cinéma.Les variations pour piano de César Franck qui couvrent parfois le texte et c'est presque mieux ainsi.Et le magnifique titre original dû au grand poète du romantisme italien,Léopardi.Ni César Franck ni Giacomo Léopardi n'ont besoin de Visconti.Visconti qui reste bien sûr dans mon panthéon pour bien d'autres films.

28 décembre 2007

Le blues de la vallée du Pô

      Cherchant un angle pour présenter le très beau Il grido de Michelangelo Antonioni(1957) j'ai eu l'idée d'une sorte de blues accompagnant un road-movie au long de la vallée du Pô,symbole d'une Italie du Nord industrielle,grise et pluvieuse...Années cinquante c'est l'adieu au Néoréalisme dont Antonioni était un compagnon de route plus qu'un véritable adhérent.Mais il y a dans ce très beau Cri de très belles réminiscences du grand mouvement de liberté et les décors réels de cette vallée du Pô qu'Antonioni avait déjà filmées dans Gente del Pô donnent une très forte authenticité à cette oeuvre.Le cri,bien que linéaire et décrivant le monde ouvrier,assez étranger au bourgeois de Ferrare qu'était M.A.,préfigure aussi les grandes oeuvres des années soixante.J'ai déjà évoqué L'Avventura et L'éclipse,ces films perpétuelllement à revoir comme les plus grandes oeuvres du cinéma,celles qu'on n'explore pas comme ça,un peu vite.

     Si l'on n'est pas encore dans les méandres existentiels de l'incommunicabilité le drame d'Aldo que sa compagne quitte après sept ans illustre bien le mal de vivre.Non mariée avec lui,ce qui est déjà dans l'Italie de 57 un choix courageux des auteurs,elle prend les devants et ça c'est carrément révolutionnaire.Mais le film est surtout le voyage de cet homme,d'abord avec sa fille de sept ans,qu'il aime malgré ses maladresses,puis seul,au gré de quelques femmes de rencontre,ployant souvent sous le faix de leur propre solitude.Le cri n'est pas un cri de désespoir total,du moins au début et l'on se prend à croire un peu aux lendemains.Mais l'homme(Wayne Cochran,très bon acteur américain tout à fait à sa place) est fatigué,trop fatigué.Le blues d'Aldo,qui traîne sa peine au long du fleuve,finira mal.Jean Gili,remarquable historien du cinéma italien,parle clairement et simplement de ces films qu'il aime,autant que moi et ce n'est pas si fréquent.

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