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BLOGART(LA COMTESSE)

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23 octobre 2006

Dino

       J'ai "remonté" cette vieille note pour remercier l'ami Thom de sa découverte du Désert que je suis ravi de lui avoir inspiré avec d'autres.Thom est un amoureux des livres comme moi,de la musique rock comme moi et lui-même m'a souvent montré le chemin.C'est comme ça que j'aime le blog et non pas comme une somme de jugements péremptoires qui sonnent comme des diktats sous la plume de gens sûrs d'avoir raison.

      Il ne s'agit pas ici de l'ami Dean Martin,ce crooner enchanteur que par ailleurs j'adore mais du fabuleux écrivain italien Dino Buzzati(1906-1972) ,immortel auteur du Désert des Tartares, cette fable absurde sur la condition humaine à travers la carrière du Lieutenant Drogo qui attendra toute sa vie l'ennemi pour se couvrir de gloire.Et l'ennemi viendra quand Drogo quittera l'armée pour agoniser dans une chambre d'auberge.D'ailleurs est-on sûr que l'ennemi est là?Jacques Brel très impressionné par le roman  en a fait une chanson,Zangra,qui résume bien le propos de l'homme qui attend...Le cinéaste italien Valério Zurlini en a fait un film estimable en 1976,produit par Jacques Perrin lui aussi fanatique du livre.



      Mais Buzzati aussi un nouvelliste génial dont les"racconti" souvent très courts baignent dans un climat fantastique,poétique,toujours inquiétant. L'une d'entre elles symbolise bien l'ambiance: elle s'appelle Les Sept étages et narre l'hospitalisation du héros dans une clinique où les cas très bénins sont traités au rez-de-chaussée et les cas désespérés au septième étage. Evidemment le héros monte les étages malgré les dénégations des médecins quant à la gravité de son état. Plutôt angoissant,non...

     Principaux titres de ses recueils:Le régiment part à l'aube. Le K. Les nuits difficiles. En ce moment précis. L'écroulement de la Baliverna.Les sept messagers.Et trois autres romans : Barnabo des Montagnes. Le secret du Bosco Vecchio . Un amour.

     Il n'y a rien à jeter dans l'univers de Dino Buzzati.On peut s'y précipiter,lire une nouvelle au hasard ou monter au fort de Bastiani guetter les hordes des Tartares.

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22 octobre 2006

De Vancouver

   

Je vous écris,Madame,de Vancouver

Vous-souvenez-vous,j'étais un homme de l'ouest 

Le miroir de ma chambre d'hôtel

Grimace un peu de cheveux gris 

Cela m'a pris du temps

Pour ne jamais vous oublier

Le Pacifique me repose

C'est que,Madame,depuis mortes saisons

Votre sourire colle aux pages de ces livres

Qui m'ont accompagné du Pont de Normandie

Le vent de l'estuaire nous avait blessés

Vous souvenez-vous

Ces embruns vous lacèrent-ils les pommettes

Comme la lame acide de nos souvenirs

Brûle et voile mon regard ainsi qu'au premier jour

Loin là-bas par delà l'océan qui sait ce que nous sommes.

21 octobre 2006

De noir

De noir vêtus

Central Park et l'obscène crépuscule du huit décembre

De noir vêtues

Michell,Eleonor Rigby et Lucy dans le ciel

De noir barré

Le double album si blanc

De brumes définie

Liverpool solitaire

De hardes grises maintenant

Les habits neufs de ma jeunesse

Le 8 décembre 2005(25 ans

20 octobre 2006

L'ombre de ton sourire

The shadow of your smile est un thème musical célèbre dont j'avais oublié qu'il était extrait du Chevalier des sables,ce joli film de Minnelli parmi ses derniers.The sandpiper flirte avec les limites du mélo,ce qui n'étonne pas de la part de Vincente Minnelli qui aime les couleurs flamboyantes comme les robes de Liz Taylor et les les complexes de culpabilité comme ceux de Richard Burton,clergyman ayant perdu sa flammme depuis longtemps sous les arrangements.

   Enième rencontre Burton-Taylor Le chevalier des sables est aussi l'histoire d'un rendez-vous manqué entre Taylor  peintre en marge sur les falaises de Big Sur,Californie,ce qui est une marge confortable pour une artiste sans succès et ce qui limite un peu la vraisemblance de la performance de comédienne,et Burton qui passe de la sécurité au tourment de manière tout à fait sobre et assez bouleversante.

   L'épouse modèle est Eva Marie Saint l'évanescente héroïne hitchcockienne pour qui je concède un faible.En peu de scènes et jamais à corps et à cris l'épouse conformiste et digne atteint finalement  une grande sensibilité. Il est parfois plus difficile de rester dans le rang.Vincente Minnelli filme ainsi les passions comme l'Océan qui n'a de Pacifique que le nom ressemblant en cela à l'âme humaine.

20 octobre 2006

L'ange douloureux

L'ange douloureux

 

L'ange douloureux qui m'accompagne

Comme en un ciel berlinois bleu de froid

En a vu avec moi au long de ces années d'errance

Son visage est souvent  pris de convulsion

Son sourire se glace

Devant ces cités indociles                     

Alors cet ange a peur et pour moi il s'alarme

De mes intolérances mais n'en dites rien

C'est un ange que n'épargnent ni colère ni ivresse

Et je crains qu'il ne me délaisse

Sa présence impresssionne et ses ailes m'enserrent

Pourtant cet ange a bien les yeux...d'un ange,pardi

Ce regard est si doux,je me sens prêt à m'y noyer

Mais la chute des anges est tellement osée

Que le fleuve sauvage nous tend ses bras furieux

Sa vallée s'est parfois avérée meurtrière

Il me vient à l'esprit...

Si le tumulte des eaux guerrières

Nous emportait très loin,là où s'endiablent

Les anges et leurs compagnons d'infortune.

                         

        Merci Mr.Marc Chagall

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20 octobre 2006

Les Américains de Bass

Dans les monts LoyautésRick Bass a dédié ses premières nouvelles à Jim Harrison et c'est bien dans la lignée du gros ours moustachu chéri des Français que s'inscrit ce recueil Dans les Monts Loyauté.Souvenirs de jeunesse avec un oncle bringueur,boxeurs ratés dans des tripots,aventures au Montana sont quelques-uns des thèmes évoqués par Rick Bass.Il est bien dans la mouvance de cette merveilleuse littérature américaine libre où l'on croise Tom McGuane,Richard Hugo,Thomas Savage,Elwood Reid et bien d'autres.Des hommes tout autant que des auteurs qui hantent plus les rivières à truites que les cocktails newyorkais.

Ce courant se caractérise par une respiration qui,bien que très actuelle,fait référence aux grands mythes fondateurs de l'Amérique à travers sa nature parfois idyllique,parfois meurtrière.Le cinéma jusqu'à présent s'est montré incapable de transcender ces oeuvres,avec entre autres deux adaptations navrantes de conformisme extraites du recueil Légendes d'automne de Jim Harrison.Je ne vois guère qu'un Terrence Malick qui aurait peut-être la fibre...

Ce phénomène littéraire très puissant est à rapprocher de la littérature "indienne" dont nous reparlerons(James Welch,Louis Owens,David Treuer,Sherman Alexie).De Rick Bass on peut aussi lire Le guet,Oil notes,Platte River

19 octobre 2006

Les titans

                                                 

Quand deux titans se rencontrent et s'affrontent ou collaborent,ce qui est la même chose,le résultat est souvent très décevant(.+ par +égale -).Le cinéma nous offre une extraordinaire exception.

Orson Welles,adolescent surdoué,a commencé d'adapter Shakespeare à l'école.Le génial homme de radio qu'il était a continué sur les ondes puis au théâtre,notamment son fabuleux et novateur Mercury Theatre.Cela nous mène évidemment aux trois films,Macbeth,Othello,Falstaff qui jalonnent l'oeuvre tellement incomplète d'Orson Welles.Shakespeare,"le plus grand homme qui ait jamais vécu"(Welles) a toujours hanté le cinéaste de Kane(personnage shakespearien d'ailleurs et thème très shakespearien aussi comme Arkadin).

Le superbe collector Macbeth(chez Wild Side) fourmille de renseignements sur le film et les inénarrables aventures qu'il a connues comme beaucoup d'oeuvres de Welles.Attention celui-ci,grand  menteur en a rajouté aussi sur ses démêlés avec les producteurs.J'ai étudié Welles et appris à m'en méfier.Il faut savoir par exemple que Don Quichotte est un film inachevé quasi volontairement.Mais revenons à Macbeth car s'agissant de Welles il faut parfois m'arrêter.Avec un tout petit budget et pour la modeste Republic Welles tourne en trois semaines Macbeth dans des décors de westerns de série B.La première version sortie en 48 dotée de dialogues avec un très fort accent écossais est un désastre commercial.Remontée en 50 la deuxième mouture ne convainc pas davantage,même la critique.Laurence Olivier est à l'époque le seul garant de Shakespeare au cinéma.Malgré ces tripatouillages Macbeth marque une date car le film présente de réelles qualités cinématographiques d'utilisation de l'espace pourtant réduit,de la bande-son avec une musique de Jacques Ibert.Le DVD offre de nombreux suppléments où des spécialistes de Welles dissertent de Shakespeare et de l'adaptation.Tout cela est assez docte et savant,passionnant mais pas d'un humour ravageur.

Avec plus d'argent et toujours lui-même dans le röle-titre Welles tourne en 52 Othello au Maroc et en Espagne.C'est le contraire de Macbeth:tournage en décors naturels,très morcelé dans le temps, plusieurs années qui ont usé quatre Desdémone.Welles a utilisé cadrages,plongées et contre-plongées notamment sur les remparts de Mogador pour un résultat assez spectaculaire,récompensé à Cannes.Welles,alors toujours en Europe avait dû faire l'acteur toutes ces années pour financer son projet.

AF-01984.jpg

"Nous en avons vu des choses,Sir John,quand sonnaient les Carillons de Minuit" est l'une des plus belles phrases du Cinéma.Falstaff,meilleur film d'après Shakespeare de tous les temps d'après moi est une pure merveille,pourtant issue d'un collage de quatre pièces du grand Will que le grand Welles a manipulées,triturées pour en saisir la substantifique moëlle.On y retrouve tout :la truculence,la paillardise,la couardise de John Falstaff mais aussi l'ambition,l'ingratitude du jeune roi,ancien compagnon de débauche de Falstaff.Le spectacle se conjugue ici avec une réflexion sur le pouvoir,la déchéance,l'amitié trahie au sein d'une fresque picaresque avec l'extraordinaire bataille de Shrewsbury,des moments de farce et d'émotion quand se mélangent rois et bouffons.Avec Falstaff on n'en est plus aux questions inutiles sur l'adaptation,la littérature au cinéma,la fidélité.On s'en moque:Falstaff est le coup de poing du cinéma.C'est aussi,on l'aura compris,un grand coup de coeurJ'ai beaucoup de respect pour Laurence Olivier ou Kenneth Branagh:ce sont de grands cinéastes fervents amis de Shakespeare.Welles,lui,en est le frère.

19 octobre 2006

Ford et deux autres cavaliers


	Cover of Two Rode Together   

On semble avoir enfin compris que John Ford n'était pas une vieille baderne. Les deux cavaliers que je n'avais jamais revu depuis sa sortie en 61 est un film bien intéressant déjà par son humour et les silhouettes très fordiennes,sergent obèse et amateur de bière, juge honnête mais dépassé,l ieutenant dévoué à l'armée sans être idiot. Comme toujours chez Ford on ne se pose guère de questions sur le droit. On pensait ainsi à l'époque que les conquérants avaient raison avec leurs armes et leur bibles. D'accord, mais John Ford est beaucoup plus fin que ça.

    Le personnage du sherif joué par un James Stewart relativement antipathique(dixit Eric Low fort justement) prendra conscience relativement aussi (mais tout n'est-il pas relatif?) que les Indiens ne sont finalement pas pires que les Blancs. Et je trouve que c'est déjà une belle leçon. Pas d'angélisme s'il vous plaît. Une très belle et poignante scène que celle du bal où ce marshall alcoolique et cet officier besogneux défendent la jeune fille élevée par les Indiens. Certes on n'en est pas necore à réhabiliter les Indiens eux-mêmes mais à tenter de comprendre leur vie à, travers les enfants blancs enlevés. Dans notre jargon bien-pensant actuel on appellera ça une réflexion sur l'identité. John Ford aidé de Stewart, de Widmark et de seconds rôles classiques n'est pas toujours politiquement correct, mais tellement homme de l'Ouest avec plus d'interrogations qu'il n'y paraît. Les deux cavaliers reste un peu pâle après le magnifique La prisonnière du désert mais on a vu bien pire.

18 octobre 2006

Le milieu du lac

The Trials of Van OccupantherCédant à la pression des blogueurs plus jeunes(soit 97% environ) et pour faire moi-même moins que mon âge je viens annoncer mon coup de coeur pour Midlake qui si c'est le milieu du lac doit être celui du Lac Majeur ou du Lac Supérieur vu la grâce qui émane de cet album The trials of Van Occupanther.Nanti d'une pochette particulièrement hideuse le disque recèle des trésors que je m'en vais vous détailler juste un peu.

  A l'évidence Midlake  s'intéresse à l'écologie comme en témoignent les titres Roscoe ou It covers the hillsides.C'est toute l'ambiance qui apporte une touche de fraîcheur et une véritable originalité à l'ensemble des morceaux.Ceci fait que Midlake ne ressemble à rien de très connu et que l'itinéraire des chansons n'est pas parfaitement balisé comme la plupart des albums.Surprise donc dans cette jolie production dont quelques harmonies évoquent un peu Mercury Rev pour donner une vague idée.Le plus simple est d'écouter Roscoe.Dire que ce groupe vient du Texas étonnera bien des gens car le son de Midlake est très loi du rock sudiste qu'on associe un peu systématiquement à l'état pétrolier.

http://www.youtube.com/watch?v=QGCrED-2v7o Ecoutez!

18 octobre 2006

Loin,très loin,très au sud et très à l'ouest

Tierra del FuegoMort en 2002 à 92ans Francisco Coloane fils de chasseur de baleines est maintenant devenu une célébrité et nombre de voyageurs hantent la Terre de Feu sous les mauvais vents du Sud sur le straces du patriarche de Chiloé.Semblant sorti d'un roman de Melville ce géant qu'on n'a connu en France qu'avec une barbe blanche est l'auteur de nouvelles et de quelques romans qui font de nous un Jim Hawkins de ll'Ile au Trésor qui aurait troqué les Caraïbes pour le Cap Horn.Les personnages de Coloane,au front précocément ridé par les tempêtes australes,sont des marins,des baleiniers,des bergers,des chasseurs.Couturés de solitude et amis des eaux-de-vie ces costauds sont souvent des colosses fragiles qu'une photo de femme fait fondre au son d'un vieux tango.

Le Passant du bout du monde    Le critique littéraire a une marotte sympa mais un peu envahissante qui consiste à chercher des parrains à chaque écrivain.Alors va pour Jack London par exemple.Comme l'homme de la ruée vers l'or Coloane a bourlingué,auteur voyageur et compagnon d'illusion des gauchos,des contrebandiers et des derniers Indiens Alakaluf,ces tribus disparues dont les rares survivants posent pour les touristes.J'ai aimé le périple avec le vieux Francisco et dévoré Tierra del Fuego,Cap Horn,Le sillage de la baleine.Découvert depuis une douzaine d'années on peut lire aussi Le dernier mousse,El Guanaco,Le passant du bout du monde,Le golfe des peines tous publiés chez Phébus,maison de qualité(également Points).

18 octobre 2006

Ray(pas celui que vous croyez)

Il y avait un jeune dandy,un homme bien sous tous rapports,qui passait une après-midi ensoleillée dans une rue sans issue ou à la Gare de Waterloo.Ray Davies,leader des Kinks, n'avait pas son pareil pour ciseler des merveilles de pop-songs(Dandy,A well-respected man,Sunny afternoon,Dead end street,Waterloo Sunset). 

Bien des années après mais, c'est un de mes péchés mignons d'aller rechercher de vieux amis, Ray Davies nous enchante avec un album tout neuf nommé Other people's lives. Une douzaine de vignettes délicieusement anachroniques donc d'avant-garde parsèment ce disque. Je citerai une satire contre les tabloïds britanniques(Other people's lives),une rencontre avec les voisins(Next door neighbour),la nostalgie(Run away from time).   

Sur le plan musical les disques de Ray Davies et déjà ceux des Kinks se singularisaient par un petit côté désuet avec clavecin,fanfares,flûtes à une époque où celles de Kusturica n'avaient pas encore droit de cité. Le premier morceau s'appelle Things are gonna change.Bien sûr Other People'S Livesles choses changent,mais à la manière de Visconti et du Guépard. Télérama,qui n'écrit pas que des banalités,parle de Ray Davies comme d'une vieille maison victorienne où il y aurait encore de nombreuses pièces à visiter.C'est joliment tourné et je souscris entièrement.Et je signe...

17 octobre 2006

The ultimate Antoine Doinel

J' ai donc vu et revu la saga d'Antoine Doinel et on ne signalera jamais assez la fidélité de Truffaut à ses personnages dans cette réalisation à ma connaissance unique au monde:suivre en 5 films et vingt ans un héros de notre temps,subtil alliage de Truffaut,Léaud et...Doinel.

Truffaut est d'ailleurs en général un cinéaste de la fidélité:aux femmes(toutes les femmes),au polar(Irish,Goodis),aux enfants,aux livres,au cinéma.

On peut vraiment parler de l'oeuvre de Truffaut comme d'une oeuvre littéraire et c'est un compliment pour moi.Cohérence de l'écriture,logique imparable de l'évolution d'Antoine Doinel ,évolution dans l'instabilité certes,mais tellement sentimentale et imprégnée de l'idée de roman d'apprentissage et de journal intime.

L'interprétation de tous les rôles est parfaite,de Claire Maurier et Albert Rémy au début jusqu'à Dorothée(eh oui).Une mention pour la Tour Eiffel dans son propre rôle,très présente et pour des gens qu'on a peu vus au cinéma(Claude Véga,Daniel Boulanger).


A classer au patrimoine définitivement.

17 octobre 2006

L'arbre ultime


Enfin vint le dernier soir


A la recherche de l’arbre ultime


Serait-il là,maître des cimes


De la palmeraie ancienne


Courbant sous le sirocco noir


D’une oasis algérienne.


Serait-il modeste fruitier


Rosissant au printemps normand


D’une terre de liberté


Près des grands cimetières blancs


Allais-je encore le débusquer


Abritant,Amazonien


Les derniers Indiens


Cueillis par l’hébétude


Et le jaguar y feulerait


Dans la dense nuit meurtrie du Sud.


J’aurais aimé le rencontrer là haut


Cyprès toscan de la douce colline


Penché sur Florence et l’Arno


Jouant la comédie divine


Veillerait-il,acacia,ombrelle


Sur la savane aux vives gazelles


Priant pour la pluie


Pour la vie.


Resterait-il à jamais symbole


Cèdre bleu de ce Liban


Où la colombe à peine s’envole


Paisible érable chantant


Au coeur du Saint Laurent.


J’ai vu l’arbre ultime


Ni le saule larmoyant


De mes amours de douze ans


Ni ce boréal et fragile sapin


Ni ce rouge géant californien?


Non,c’était l’arbre du crime


C’était l’arbre bourreau


Et le chanvre assassin


Greffé sur ses rameaux


Ployait comme un rictus dernier


Sous le faix des hommes condamnés.

17 octobre 2006

Transaméricaine,transes américaines(Easy rider)

Transaméricaine, transes américaines (Easy Rider) 

 

Elles ressemblent à des entrailles

Ces autoroutes,rubans interminables

Embrasées par instants

D’un soleil acéré qui leur donne un air de Mexique.

Elles attendent l’homme,disponible

Comme dans un road-movie

Un cinéma de l’errance,ouvert

A des rencontres d’un autre type

Droit sorties de nos fantasmes

De rêveurs décalés.

Sont-ce,attardés quelques disciples de Kerouac

Qui guettent l’un de ces fabuleux camions?

Itinéraires dérisoires

Le pouvoir des fleurs a quitté la Californie 

Les nomades que j’y ai croisés

Ne sont plus ni pionniers ni musiciens

Adieu Grace Slick!

J’aime la poésie horizontale

Des petites boîtes de toutes les couleurs 

Ces motels,carrefours des grands chemins à moteur.

Ils réinventent,naïfs,à chaque halte

Ce curieux amalgame

De laideur et de sublime

D'une civilisation soda

Qui a brûlé les étapes

L’Amérique a eu si peu de temps

Pardonnons,parfois elle ne sait...

Sur les parkings d’étonnants véhicules

A la teinte vestige-vertige

Psychedelique

Lovent leurs silhouettes

Auprès de ces jeux de cubes

Oasis informes pour ces modernes caravanes.

L’Amérique éternelle est là quand même

 

Une rengaine,plus loin,sort d’une cabine

Une mâle histoire d’amour

Un chauffeur du Kentucky

Et la fille d’un relais,une quelconque Nancy

Dans un quelconque Alabama.

Moi je sais bien qu’on peut trouver encore

Qui s’égrènent au fil de l’espace T

ous les clichés des sixties

Si chers à la réminiscence,autant

Que les pièces d’un puzzle futuriste

Monde éclaté de vitesse et violence.

Où sont allés ces hommes aux cheveux de comètes

Que chantaient Ginsberg et la Côte Ouest?

Le temps a repris à la course la mémoire

Et les passants sur la route

Ne sont plus en quête d’un festival

Improbable d’amour et de paix

Slogans poussiéreux,désuets.

Puis comme des tribus belliqueuses

Dans le bruit et la fureur

Des hordes vrombissantes

Strient les cicatrices conremporaines

Echappées d’un cauchemar de faits divers

Où voisinent poètes égarés

Et illuminés aux pulsions maladives.

Crainte et attirance

Nourri de cette littérature

Et dévoyé de cinéma

Je les entends qui m’appellent

Ces hauts chemins de l’Occident.

Résonne le chant des cavaliers tranquilles.

17 octobre 2006

On appelait ça un super-groupe

Crosby Stills & NashJ'ai choisi de changer d'air et de me présenter sous une autre bannière.Très bien mais voilà:mes gôuts et mes élans eux ne changent pas et j'ai toujours la passion de la musique et notamment celle des années californiennes.1968:Les Hollies,les Byrds et Buffalo Springfield lâchent momentanément Graham Nash,David Crosby et Stephen Stills qui en studio produisent alors un album que l'on n'appelait pas encore éponyme.Dans le chalet de la chanteuse Joni Mitchell qui sera en quelque sorte leur marraine,à Laurel Canyon ce lieu mythique de la culture hippie,la réunion de ces trois talents originaux va donner l'un des plus beaux disques de l'histoire du rock.C'est un disque apaisé alors que les trois musiciens doutent après des difficultés personnelles,deuils,ruptures.

   Citons simplement la somptueuse ballade Guinnevere et le si lyrique Wooden ships ainsi que l'entame de l'album Suite:Judy blue eyes,en hommage à Judy Collins qui fut l'amie de Stephen Stills.Vous me suivez? A l'époque à l'écoute de ce disque on a pu se prendre à rêver,à rêver que Stills ne deviendrait pas fou furieux,que Crosby ne se prendrait pas pour Billy le Kid.Mais c'est si loin tout ça.D'ailleurs ils vont mieux.Reste cette oeuvre somptueuse digne de Pet sounds,Sergeant Pepper's et des autres du Panthéon de notre jeunesse d'enfants gâtés.Je vous propose une version de Suite:Judy blue eyes un peu plus tardive,en live.

http://www.youtube.com/watch?v=MVEUbIgJa9Q

17 octobre 2006

Remarque sur Remarque

Le grand écrivain pacifiste allemand puis américain Erich Maria Remarque aura été bien servi par le cinéma ce qui est loin d'être le cas de tous les auteurs.Dès 1930 Lewis Milestone adapte son roman le plus célèbre A l'Ouest rien de nouveau que l'on considère comme le pendant allemand des Croix de bois,livre de Roland Dorgelès et film de Raymond Bernard.Film certes hollywoodien mais très lyrique et conforme à l'esprit de Remarque.Récompensé aux Oscars cette production reste une date dans l'histoire du film de guerre.

   Engagé très jeune dans le premier grand conflit Remarque sera toute sa vie obsédé par les massacres et dans le magnifique Trois camarades de Frank Borzage(38) la guerre est encore très présente même s'il nous conte l'amitié de trois soldats qui dure bien après l'explosion. Mais quitte-t-on vraiment jamais l'uniforme quand on a vécu l'enfer de ces hommes?Une jeune fille marquée elle aussi mais par la maladie vivra quelques mois de toute beauté parmi ces trois coeurs cassés.L'amour fou est une constante chez Borzage également auteur d'une belle adaptation du grand roman d'Hemingway L'adieu aux armes.

    En 58 Douglas Sirk signe le sublime Le temps d'aimer et le temps de mourir adapté du roman du même nom et qui se déroule sur le front russe de la Seconde Guerre Mondiale.Jean-Luc Godard en a dit "Je n'ai jamais cru autant à l'Allemagne en temps de guerre qu'en voyant ce film américain tourné en temps de paix".Sirk,croyez-moi,s'y connaît en émotions.

   Je n'ai jamais lu ces romans d'Erich Maria Remarque mais à l'évidence le regard de cet homme sur le siècle est aussi celui du grand écrivain italien Mario Rigoni Stern,déjà chroniqué,du français Barbusse ou de l'anglais Frederic Manning(Nous étions des hommes). A rapprocher également du tout nouveau Le chemin des âmes dont je viens de vous parler bien que ce dernier livre ne soit pas le témoignage d'un soldat mais une pure fiction d'un écrivain de 30 ans.

17 octobre 2006

Prévert le Cinoche

Prévert le Cinoche

L'homme au mégot serré,humide

Poésie de Méliès,vérisme des Lumière

Il sait de quoi qu'il cause

Et tournent le Gabin,le Brasseur

Les autos tamponneuses.

Sur la plage meurt un peintre

Celui-même qui voyait

"Les choses derrière les choses et le nageur noyé".

Un archevêque pouah

Anglais de surcroît,quelle insulaire horreur

Et son cousin à table

Et son couteau à table

"Des amis qui ont la rougeole"

Comme c'est curieux...

Curieux n'est pas le mot

Qu'avez-vous dit?Bizarre?

Drôlatique dramatique.

Au château les trouvères ont trouvé

Table garnie,disette germanique

Et Jules,le diable très vert de Prévert

Tend l'oreille aux statues

"Mais c'est leur coeur qui ne cesse de battre"

Sortilèges de l'amour

"Démons et merveilles,vents et marées".

Théâtre des Funambules

L'amour fou pour la Garance

Des quatre hommes de sa vie

Pas tranquille comme Baptiste

Et pas maître,Frédéric Lemaître

"Un Paris tout petit pour un si grand amour"

Un Jacquot,papa parigot

Des seuls enfants d'Arletty,

Les Enfants du Paradis.

Amour libre,humour fou

Ou bien est-ce l'inverse?

Anar du pavé,il n'est pas loin,Villon

Depuis toi nous on aime

Clochards et colporteurs

Seconds rôles et vrais destins

Et les fausses soutanes murmurant

Une ultime oraison

"Je regrette les femmmes".

17 octobre 2006

Un rêveur américain

   

Nuit enchantée

                         Dans la formidable inventivité de la littérature américaine dont je parle souvent la musique de Steven Millhauser apporte une touche fluide et poétique. Nuit enchantée est une suite de petits tableaux à la lisière du surnaturel, une nuit d'été en ville où les jouets et les petites filles restent éveillés tandis qu'un gang de gamines boit de l'orangeade dans les maisons qu'elles visitent.

      L'écriture de Milhauser pétille doucement, distillant une sourde inquiétude, injustifiée cependant. Bien sûr il s'en faut de peu qu'on ne dérive dans La nuit du chasseur mais ces morceaux de contes à veiller debout, dans la torpeur estivale d'une Amérique un peu rêvée, lorgnent plus vers un surréalisme sans ogre ni vraie violence. J'oubliais le personnage principal:c'est la Lune,plutôt bienveillante dans son étrangeté.Je crois me souvenir qu'elle tenait aussi un rôle important dans La nuit du chasseur, mais plutôt versant obscur.

16 octobre 2006

La douleur de Robert

           Robert McLiam Wilson nous propose à son tour sa version de l'Irlande contemporaine avec entre autres trois romans impeccables et rugueux.

           Ripley Bogle conte la "promenade" en Angleterre d'un raté,jeune flemmard qui n'a que peu de goût pour le travail,héros décadent qui en dit long sur la déshérence de toute une génération.Même les traditionnelles valeurs irlandaises sont battues en brèche par ce loser pathétique.Ce roman qui ne craint pas le mauvais goût s'avère finalement tonique et d'une écriture très cinématographique.

 

 

      Eureka Street,c'est l'amitié entre Jake et Chuckie,l'un catholique,l'autre protestant ou vice-versa,deux as de la débrouille dans Belfast encore secouée par l'interminable et idiotissime guerre des clans.Oscillant entre très drôle et très noir,souvent intimement mêlés en un tableau pittoresque et grinçant,Eureka Street commence ainsi "Toutes les histoires sont des histoires d'amour".Robert McLiam Wilson en vit une belle avec la littérature.

 

     Je préfère malgré tout La douleur de Manfred où planent un peu le théâtre de l'absurde et de vieux fantômes irlandais en exil dans Londres.Manfred,Irlandais vieillissant et condamné,revoit sa femme une fois par semaine sur un banc,sans avoir le droit de la regarder.Il faut dire qu'il l'a jadis battue et que sa vie s'est délitée entre un fils indifférent et sa propre culpabilité.Plus sombre que les deux autres romans,La douleur de Manfred porte l'accent grave d'une comédie humaine qui flirte avec le désespoir.

 

16 octobre 2006

Roddy de Barrytown

Un petit tour dans mon pays fétiche tant sur le plan cinéma que littérature.Voici Roddy Doyle,auteur de la trilogie de Barrytown qu'Alan Parker(The Commitments) puis Stephen Frears(The Snapper,The Van) ont popularisée au grand écran.

Paddy Clarke ha ha ha se passe également au milieu des années 60 dans la banlieue un peu minable de Dublin.Nous sommes bien évidemment avant le boum économique irlandais et Patrick Clarke est un garnement comme tant d'autres,entre bagarres et chapardage,football sur le chantier et parfois,pas souvent,beignes à la maison.On retrouve dans Paddy Clarke ha ha ha la truculente verdeur des trois films précités et,dans la catégorie très chargée des souvenirs d'enfance l'apprentissage de Paddy,alter ego de Roddy Doyle,ets une bonne pioche.


La femme qui se cognait dans les portes,c'est la triste vie de Paula Spencer,dix-sept ans de galère conjugale ponctuée de râclées,dents brisées,grossesses non désirées,le quotidien de pas mal d'Irlandaises et d'autres.Voyez,j'adore l'Irlande mais n'oublie pas qu'elle a vécu assez longtemps une forme d'obscurantisme hélas toujours très partagée dans le monde.Pour ce livre on dirait que Paula Spencer c'est Roddy Doyle tant l'acuité et la sincérité de son écriture sont éclatantes d'authenticité.



Les cinq bouquins cités sont chez 10/18 ainsi que L'enfant de Dublin de Peter Sheridan qui est de la même verve.Quand je vous dis que les Irlandais sont tous écrivains.

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