L'Ecrivraquier/24/Edward Hopper
Edward Hopper m'a de tout temps fasciné. il me fait penser à Leonard Cohen. Tous deux sont de ces rares artistes qui bouleversent, émeuvent mais nous font aussi un mal de chien, avec une envie, heureusement furtive, de se foutre à l'eau. A consommer avec modération. Alors voilà, à l'heure où ce blog est devenu bien peu disert, ce que cela m'a inspiré.
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In the name of rock / Susan, Suzanne, Suzannah, Susanna, Suzie, Susie
Des Susan, des Suzanne, il y en a beaucoup. Y-en-aurait-il eu trop? Possible. Petite sélection non exhaustive où vous ne trouverez pas celle de Leo par lui-même. Je l'ai déjà si souvent évoquée ici, en V.O., en VF. Elle ne m'a pas fait que du bien. Pluralisons. Elles ne m'ont pas fait que du bien, les Suzanne, et les autres. Oui, d'accord, vice-versa. Il est temps pour elle de se reposer. Rafraîchissons-nous à la Susan de Don, qui patiente sur la Côte Ouest.
Ya Ya aussi les Susie, Suzie, Suzannah, and so on... Par exemple la reprise en noir et blanc du standard Suzie-Q par un obscur quintet. Attention ça dure pas longtemps. Des rudimentaires sans avenir.
Catégorie votre père n'était même pas né les délicieux Frères Everly essayaient de la réveiller, Wake up Little Susie. Simon et Garfunkel s'en souviendront. Et The Band se passait très bien de Robert Zimmerman, Lonesome Suzie.
Oh! Susanna par le grand James Taylor vaut mieux que la version polka banjo des fins de banquet en Alabama. La Suzanne de Leo, la voilà quand même bien sûr, version grande prêtresse Nina Simone, magnifique, si différente.
En bonus (c'est beaucoup dire) une version française, les mots sont de Graeme Allwright.
Ca me fait de la peine...
...mais il a fallu qu'il s'en aille. Je lui dois beaucoup et pas seulement à travers les chansons de Leonard.
In the name of rock/ Nancy
J'ai passé pas mal de temps en début d'année à écouter Leonard Cohen afin de donner une communication sur cet artiste célèbre et souvent incompris. Il est vrai que l'univers de Leo est d'une rare complexité. On sait que Suzanne, Marianne, Joan (of Arc), Alexandra, bien des femmes ont compté dans sa vie et son oeuvre. On sait aussi qu'à évoquer Cohen on ne va pas déclencher le fou rire. Moi, cet homme m'a fasciné, troublé, inquiété. Bref, il a compté.
Voici Nancy, épisode plus triste encore. Il semblerait, car rien n'est tout à fait sûr dans l'univers cohenien, que Seems so long ago, Nancy, du deuxième album, le superbe Songs from a room, soit l'histoire vraie de Nancy, fille d'un magistrat de Montréal, qui choisit la nuit en 1965 à l'âge de 22 ans. Les raisons, multiples, ne nous appartiennent pas. Un enfant que l'on avait éloigné d'elle, des séjours psychiatriques, la ronde des amours-désamours, dont, dit-on, Leonard Cohen. On est de toute façon avec ce texte et cette musique en plein pays de Cohenlandia, un pays que j'ai souvent fréquenté, mais que j'ai su conjurer parfois car il faut se méfier de Léo. A consommer avec modération.
Nancy was alone
A forty five beside her head
An open telephone
In the name of rock/Alexandra
Je prépare actuellement une conférence sur Leonard Cohen. Ce qui n'est pas de l'ordre du burlesque, vous serez d'accord. Je ne suis d'ailleurs pas sûr qu'elle voie vraiment le jour. Est-on jamais sûr de rien? Et il semble, je dis bien il semble, car ses paroles sont clairement incompréhensibles (bel oxymore), que les lendemains coheniens furent souvent incertains. Ici il semble que les nuages de cette année soient assez teigneux. Alors Alexandra s'en va. Alexandra leaving est extrait de l'album Ten new songs (2001) sorti après sa retraite bouddhiste californienne. Le texte ci-dessous n'a rien à voir avec la chanson. J'ai cependant essayé d'être un peu dans l'esprit de Cohen. Ce que je ne conseille pas.
Alexandra n'est pas partie un soir de pluie
Elle n'a pas disparu, sacrificielle
Aucun message sybillin, aucune déraison
L'oreiller, solitaire depuis milles saisons
N'a rien caché de sa hideur
Alexandra, je la verrai demain au bar des habitudes
Nous nous tairons ensemble
Et ne nous blesserons pas
Puis sa silhouette s'effacera au coin du vieux café
Louve stérile
Je retrouverai le miroir sans artifice
Hôtel, asile, refuge
Où-vais-je, où vis-je?
Alexandra, reste au moins dans la ville,
Telle est ma prière à sa poitrine interdite
Alexandra n'est pas partie
La neige reste sans traces
Alexandra part tous les jours, au moins un peu
Alexandra, je ne la sais qu'en partance
De mon navire, ce vraquier craquant de partout
Se doute-t-elle comme elle sait crucifier
L'homme aux abois?
La poésie du jeudi, Edualc Eeguab, vraiment pas tout seul
Quitter la table
L'avalanche nous l'a brisé
Il était notre homme
Plus noir, plus noir, disait-il hier encore
Pas une façon de dire au revoir
A elles toutes,les Dames de Minuit,
De l'Hiver, de la Solitude
Nous demeurons nombreux
Mais chacun, seul, un oiseau sur le fil
A qui le tour, par l'eau, par le feu?
Nous l'avons tant chanté
La chanson de l'étranger
La chanson du maître
Boogie Street, les soeurs de la Miséricorde
Il fut l'homme de l'an dernier
Il y a si longtemps de ça, Nancy
Chelsea Hotel tremble sous les ombres
Eternal Ladies, Janis, Nico, Patti
J'y étais un peu
J'y reviens, d'abord, reprendre Manhattan
Tout le monde le sait
L'amour nous appelle par notre nom
Commençons de rire et de pleurer
L'adieu à Marianne
Et à l'inoubliable dont un soleil miel
Ruisselait sur Notre Dame du Port
Parmi les ordures et les fleurs
Nous avons vu le futur
Il est meurtre.
Vous aurez compris que bien peu de choses dans ce texte sont vraiment de moi.
Chantons une autre chanson
Chantons une autre chanson, mes amis. Celle-ci est devenue trop vieille et amère...
Suzanne
So long Marianne
Seems so long ago, Nancy
In the name of rock/Marianne
Aujourd'hui un prénom très souvent invoqué. Leonard n'a pas chanté que Suzanne. Sur son premier album sobrement nommé The songs of Leonard Cohen figurait aussi So long Marianne, une chanson dédiée à Marianne, Norvégienne rencontrée en Grèce, où Cohen vécut souvent et longtemps. Son fils Adam a lui aussi repris ce titre. "Debout sur la corniche, ta belle toile d'araignée attache ma cheville à une pierre. A bientôt Marianne. Il est grand temps qu'on apprenne à en rire et à en pleurer".
Géographie: Manhattan, New York
http://youtu.be/Gej5bUksPKA First we take Manhattan Leonard Cohen
New York est la seule ville à jouir dans ce voyage d'un statut particulier.Parce que cette ville est unique et que nous l'abordons par quartiers. Parce que pour moi elle n'est pas en Amérique tout à fait et qu'elle en est pourtant un symbole multiple. Alors plutôt que de logorrhéifier(?) sur cette île qui enflamme sous la grande torche,et après Brooklyn,regardons et écoutons Manhattan dont ont si bien parlé des tas de gens, Manhattan que nous connaissons tous depuis 40 ans qu'on va voir les films de Woody Allen qui devrait, à mon avis, y revenir filmiquement.Et puis Manhattan, nous allons tout simplement l'enlever,menés par notre troubadour canadien certes un peu fatigué,certes si loin maintenant de notre chère Suzanne Une chanson:Suzanne restée là-bas près de la rivière,mais qui envisage cependant d'aller jusqu'à Berlin.Appréciez la chorégraphie bondissante de Leonard et aussi le joueur d'oud qui lui ressemble beaucoup. Personnellement par contre la surcharge choriste me pèse un peu.