L'Ecrivraquier/24/Tentation
Petit caprice récurrent qui se termine là où en général ça commence.
Se taire
Se terrer
Plus bas que terre
Six pieds sous terre
Au terme
Un tertre
Un parterre
Oh s'taire
Austère
Austèriculture
Se refermer
Telle une huître
Austère idée
Idée Ite missa est.
Terre minuscule
Petit tas
Cinquante-et-une syllabes
Cinquante-et-une syllabes
Gisent au sol éventré
Refroidies déjà.
Passent ainsi d'autres
Sans le moindre des regards
Sur ces catafalques.
Juste quelques mois
Et d' ignobles automnaux
Nous ignoreront.
In the name of rock/Deborah
C'était un temps déraisonnable,
Préhistorique en diable
Glam rock était in et j'étais un peu out
Dix-neuf printemps et sans quartier, un mai latin
Une école, près du Luxembourg, fermée de grand matin
Fallait-il que je m'en foute.
Rien d'important
Je m'en moque tout autant
C'était un temps immémorial
T.Rex devint leur nom, éclatant
Et Marc Bolan brilla, impérial
Cela dura, dura...neuf ans
Lovin'you my Deborah
Wah!
L'Ecrivraquier/18/A lyre, Le luth des glaces
Le luth des glaces
A Gérard et son luth constellé
A Alfred au baiser de la muse
Je veux apporter mon écot
Mon écho encordé
Je l'ai délié
Je l'ai dédié
A mes soeurs adjectives
A quelques frères aussi
De ceux qui dansent les mots
Qu'ils valsent avec ma lyre
Au printemps les poètes
Sur le carreau effacent
De nivose les traces
Qu'ils chantent avec moi
Jazzy, bluesy, breezy
Microguerre
Qelques alexandrins à la manière de Leconte de Lisle. Peut-être certains d'entre vous se souviennent-ils vaguement du Parnasse, ce mouvement littéraire du XIXème. L'un de ses Poèmes Barbares s'appelle Les éléphants. Pour un petit cercle qui s'amuse, pas toujours, à l'écriture j'ai rétréci le propos. Ca donne Les Minuscules. Probablement difficile de faire plus désuet.
Les Minuscules
La modeste prairie est imaginative
L'herbe y est océane et là, sous les brindilles
Les larves sont féroces et la moindre chenille
Combattrait vaillammment en la steppe arbustive
De leurs venin munis de hideux scolopendres
Romaines centuries, belliqueux manipules
Et d'estoc et de taille, escortés de cent iules
Font du sol table rase et du vivant, des cendres
Luisant d'un noir de jais les carabes immondes
Tueurs impénitents immolent vermisseaux
Lucanes oublieux, buprestes du bouleau
Univers souterrain à l'implacable ronde
Seule la gent ailée finira la tuerie
Rémiges et becquées du noir auront raison
Les heures ténébreuses, et la peur à foison
Du ciel ainsi armé subiront la furie.
La poésie du jeudi, Edualc Eeguab
Belle semaine puisque je retrouve la Poésie, Asphodèle et tous les rimailleurs qui bien souvent m'enchantent. Comme vous le savez , muses m'ont boudé. Alors j'ai essayé, comme un enfant sans nurse. J'ai bien un peu triché, mais suis resté dans le rythme du haïku 5-7-5. Merci Isabelle, d'un merci qui restera toujours en deça de ce que je voudrais dire. J'ai appelé ça...
Dérober
Ca brasse du vide
Ca veut pas vraiment fuser
Trouver quelque chose?
Quelque chose à dire
Tenant vaguement debout
Si possible drôle
Romanesque, presque
A la rigueur, du burlesque
Qui prête à sourire
Bannir l'incurie
Qui m'occulte les neurones,
Inapte au défi,
Comme à la bonace,
Pire encore, à la ramasse
Plume racornie
Lac inanimé
Inconsolé, morne oiseau
Vallon sans dormeur
Albatros pataud
Pathos d'un loup moribond
Feuilles au tournis
Tous l'ont déjà dit
Soyez maudits vils poètes
Que suis-je sans vous?
Pillard ça et là
N'ai-je fait que dérober
Vous, Prométhéens?
L'Ecrivraquier/14/Derelict
Désir, fuiras-tu?
Muses, où donc musardez-vous?
Qui vous emprisonne?
L'Ecrivraquier/13/Accalmie
Savoir m'arrêter
Un peu, un peu plus encore
Le saurai-je un peu?
Mais rien n'est moins sûr
Quelques saisons sabbatiques?
Cavale estivale?
M'étonnerait bien
Je ne tiens pas mes promesses
Vrai, je vous le jure.
P.S. De toute façon un billet Lecture Commune est prévu vers le 15 août et elle concerne un de mes auteurs favoris.
L'Ecrivraquier/12/Stances, absence
Elle est silencieuse
Comme oriflamme en partance
La bannière hésite
Je veux le retour
De ses goûts, de ses couleurs
Mon Nord manque d'Ouest
Ainsi j'ai osé
Revienne la liliacée
Si chère à mes yeux
L'Ecrivraquier/11/Barricades
Rond-point de l'oubli
Certains n'iront pas plus loin
Ici, là, partout
Gavroche un héros
C'est bien la faute à Hugo
Dansez, barricades!
La nuit finissante
Seuls les chiens très affamés
Ont semblé survivre
Il y a comme un romanesque des barricades. C'est si exaltant, les barricades et c'est assez simple somme toute. Seuls les bons dressent des barricades selon les uns. Selon d'autres la canaille entière éventre les rues. C'est pas compliqué. Moi, je n'aime que celles, brisées, de Procol Harum (album éponyme) et celles du ciel de Jackson Browne ( album éponyme, une chanson superbe qui raconte la belle aventure d'un groupe rock). Peu de choses au monde me remuent comme ce dernier thème.