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17 novembre 2006

Adaptation impossible

Florence Colombani déjà auteur d'un très bon essai sur Elia Kazan(voir ce blog,cinéma américain) vient de publier un ouvrage érudit mais clair et passionnant sur l'un de mes cinéastes préférés.Proustienne convaincue comme Visconti elle s'est penchée sur les oeuvres du metteur en scène et de l'écrivain.On sait que Luchino a toute sa vie couru après l'adaptation de Proust,sans succès pour différentes raisons que Florence Colombani explique d'ailleurs.Mais surtout dans Proust-Visconti,histoire d'une affinté élective(Philippe Rey) elle démontre l'étroitesse des liens entre les deux oeuvres et comme quoi l'influence de Marcel est tangible dans tous les films de Luchino y compris les premiers,encore pourtant très néoréalistes et éloignés apparemment du style proustien.

   En plusieurs chapitres très joliment intitulés Le narrateur,Les multiples visages du baron de Charlus,Elégantes proustiennes Florence Colombani nous initie à ces calmes mystères quoiqu'inquiétants où les images du Duc semblent comme dans une "correspondance suspendue et fleurie" avec les mots et le style de Proust.Bourgeoisie,décadence,saphisme et désir drôlant le morbide,décors somptueux comme vacillant et plongeant vers la fin d'un monde,du monde non pas selon Proust ou Visconti,mais du monde qu'ils ont contribué à recréer.On comprend très vite l'association entre Balbec et Venise,entre les viellissants Professeur(Violence et passion),Prince(Guépard),ou Compositeur(Mort à Venise,pourtant d'après Thomas Mann?Mais Mann lui-même n'est-il pas étonnamment proustien?) et les Swann,Charlus,etc...

  Thème commun aux deux que cette déstructuration des dynasties come celle des Damnés ou de la famille de Rocco et ses frères pourtant très socialement éloignée par rapport aux Guermantes.Enfin la Sérinissime  visitée par le narrateur d'Albertine disparue est bien soeur de la Venise de Senso ou de Mort à Venise,vieille catin mal maquillée et que l'on désire malgré tout sans être exagérément fier de soi.Mais quiconque a contemplé la Beauté à la mort est déjà voué.Le narrateur chez Proust contemple l'Ange d'or du Campanile de Saint Marc comme Aschenbach contemple Tadzio,"rutilant d'un soleil qui le rendait impossible à fixer".

  Ce ne sont là que quelques traces de ce magnifique jeu de piste que nous propose Florence Colombani.Il y en a bien d'autres.A lire pour qui veut ne pas rester en dehors de cette rencontre irréelle entre deux génies.Visconti n'a donc jamais réussi à adapter La recherche...Détrompez vous.Il n'a fait que cela et plutôt bien.

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Commentaires
D
Voilà j'ai trouvé et ton billet donne une envie furieuse à la fois pour Proust et pour Visconti et bonne nouvelle il est à la bibli de lyon ainsi que l'essai sur Kazan
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A
Trouvant votre blog riche et intéressant, j'établis un lien avec le mien, que je vous invite à visiter par la même occasion : "La plume et l'image". J'y parle du cinéma d'hier et d'aujourd'hui, d'actualité avec l'humeur du jour, de littérature avec les questions que l'on se pose et les textes qui nous interrogent et d'évasion avec l'esprit des lieux et les chemins traversiers. A bientôt. ARMELLE
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A
Il est certain que "Mort à Venise" est un film très proustien. Je dirais même que c'est une évidence. Quelque chose qui s'anéantit dans la profondeur des eaux pour resurgir différemment. J'ai d'ailleurs choisi le thème de l'eau pour l'ouvrage récent que j'ai consacré à Proust : "Proust et le miroir des eaux ", où le dernier chapitre parle des eaux crépusculaires de Venise, tant il est vrai que la mémoire involontaire et le reflet jouent un rôle identique. Dans Venise, ville d'illusion, où tout est reflet et mirage, Visconti, à la suite de Proust, sent bien que chacun de nous est une suite de dédales et d'impasses où notre psychisme se meut en des espaces inexplorés. En suivant le lacis des eaux, le cinéaste et l'écrivain empruntent un parcours similaire, poursuivant, l'un et l'autre, un songe fait de re-souvenirs et de nostalgie.L'eau est d'autant plus un élément intime de la mort, qu'elle emporte, entraîne au loin et dissout plus complètement que le feu. Si l'eau fait naître le rêve, elle l'ensevelit également. L'eau fermée s'accomplit en elle seule, comme "La Recherche" et "Mort à Venise" qui, tels des anneaux, vont se clore sur eux-mêmes, devenant leurs propres miroirs et ceux de leurs lecteurs et spectateurs. A l'eau est dévolu le reflet d'un monde qu'elle a en charge de re-créer à partir d'elle-même et qu'elle tient ainsi, à jamais, illusoire et captif. Armelle BARGUILLET
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N
Ton article donne vraiment envie de lire le livre. C'est clair que l'association des deux paraît écidente quand on y pense.
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H
Je ne suis pas une proustienne accomplie. Enfin, je le fus moins autrefois, peut-être davantage aujourd'hui, car j'avais déjà "épousé" un autre génie littéraire... Mais Visconti, oui, toujours. <br /> Cette association me paraît du meilleur des augures.
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C
Mais hélas, Rocco, je me le suis fait il n'y a pas très longtemps et.... j'y ai vu toujours le même Iceberg. Verrai bien avec Ossessione....<br /> <br /> +++
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L
Je ne connaissais pas ce livre mais tu me donnes énormément envie de le lire pendant mes prochaines vacances cabourgeaise!
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E
Chris il te sera beaucoup pardonné vue tes articles tjs intéressants et ton amour des Taviani.Il est vrai qu'il est souvent reproché à Visconti ce côté glacial.Essaie peut-être avec les plus anciens(Ossessione,Rocco,si tu ne les a pas déjà vus).A +
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C
Pour l'heure, je reste toujours insensible à l'oeuvre de Visconti, la considérant par trop glaciale. Dsl, vraiment, car j'adooore partager le cinéma italien avec toi....snif....lol<br /> <br /> +++
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