Les plumes...by Asphodèle: Plaidoyer pour un malvenu

 Il faut donc nous transformer en bâtisseurs, nous métamorphoser en écrivains du samedi matin, pour assembler les vingt mots que nous propose Asphodèle cette semaine. Voilà le tableau: changement, incrédule (ou incrédulité), papillon, régénérer, chenille, évolution, climat, déguiser, magie, transformation, grossesse, adolescence, éclosion, cafard,  amour, majestueux, éphémère, éperdu, envol, travesti.

          Ce n'est pas encore aujourd'hui que l'on rendra justice à ce mal-aimé, ce paria, ce laissé pour compte. Le changement ce n'est pas pour cette semaine. J'aurais tant aimé que sa réputation s'améliore, et qu'un souffle, même éphémère, ait nimbé d'air frais sa dure condition de détritiphage, dont l'éclosion comme l'adolescence, dans un climat humide et putride, sont dignes des plus beaux romans misérabilistes du siècle avant-dernier. Humilié, bafoué, c'est le Rémi de Sans Famille, la Cosette hugolienne, mais hélas nulle évolution favorable qui régénérerait le pauvre maudit. Les dieux ne lui ont pas accordé comme au papillon démagogue cette fabuleuse capacité, cette magie qu'on entonne au logis (limite exclusion des Plumes, j'en ai conscience) d'opérer,  sans pour cela recourir au travesti, une transformation un tantinet lénifiante qui conduira la chenille au doux duvet méconnu à devenir ce présomptueux  lépidoptère dont le battement d'ailes nous gonfle depuis qu'on l'a trouvé capable, dans sa prétention éperdue à faire l'intéressant, de faire prendre au grand air de Carmen d'une diva de l'opéra de Sidney son envol jusqu'à la Tour de Pise.

         Qui saura faire aimer son pas majestueux au milieu d'escarbilles en décomposition? Qui pour écrire une ode à la grossesse et à l'enfantement de la femelle, pas si éloignée de celle du kangourou compatriote de la diva? Qui pour ne pas être incrédule quant à la beauté déguisée de cet être ignoré, méprisé, vilipendé, rejeté de partout? Qui pour accorder un tout petit peu d'amour à mon ami des feuilles mortes et des composts? Qui? Qui? Qui? Il me vient un cafard monstre.

Note de la rédaction (un peu beaucoup copiée) Utiles, inoffensifs, ils ne mangent pas le bois sain, ne mangent que des détritus, ne mordent pas, ne piquent pas, nocturnes, silencieux : mignons cloportes.

P.S. L'auteur, dans sa tentative de réhabilitation, a vivement souhaité que vous preniez trois minutes de votre temps pour regarder et écouter deux éléments à la décharge du pauvre crustacé, victime d'une erreur judicaire.

Comments

[dimdamdom59]

Le cloporte d'accord, mais pas le cafard non non ça je ne le pourrai pas !!!

J'aime lorsque tu te métamorphoses en écrivain du samedi matin... et des autres matins aussi ;)

Merci pour ce formidable partage.

Bises amicales.

Domi.

http://dimdamdom59.apln-blog.fr/2014/05/10/collecte-n27-plumes-dasphodele/

[missnefer]

tu cherche ales rendre presque sympathique mais je peux pas brr rien que d y penser j'en frissonne

[valentyne]

Quel éloge vibrant ;-)

ils en deviendraient (presque) sympathiques ces bestioles ;-)

extra l'extrait avec Lino ;-)

bisessss

[ceriat]

Le cloporte serait-il plus utile que l'on ne le pense ? ;-) Très beau texte. :D

[claudialucia]

Oui, il faut le faire... la réhabilitation du cloporte! Tu pourrais dire avec notre grand écrivain national : "J'aime l'ortie et le cloporte parce qu'on les hait."

[Dame mauve]

J'aime beaucoup ce texte, très subtil.

Bon dimanche

[Marie]

J'adore. Enfant je jouais avec les cloportes ( faut pas chercher je n'ai jamais dis que j'étais saine d'esprit :D )

Bon week end.

[Asphodèle]

Mais quelle Ode magnifique à cette petite bête mal-aimée ! Tu n'es pas hors sujet, voyons !!! Et tu me mets ce monologue de Ventura absolument fantastique, la musique qui va avec mais c'est parfait, juste parfait ! Moi aussi, comme JC, m'en vais cloporter dans mon dictionnaire certains vocables z'inconnus de mon vocabulaire !!! T'es trop fort ! :D Bises et à ttds... (pour le cinéma)...

[Jean-Charles]

Mais tu l'as mis le cloporte !

Quel texte étonnant. je m'entraîne à en manger avant mon voyage en Thaïlande

Sinon je vais quérir mon dictionnaire pour découvrir quelques vocables

[celestine T]

Il n'y a que toi pour en parler aussi bien.

Ah! Le monologue jouissif de Ventura, sous la plume comminatoire d' Audiard, où l'on retrouve le thème du "passage à la moulinette" de la célèbre réplique:

"Moi quand on m'en fait trop j'correctionne plus. J'dynamite, j'disperse, j'ventile..." des tontons flingueurs, dans le non moins délicieux:

"Des que je suis dehors, m'sieur tonton, j'lui réduis la tranche, j'le miniaturise, j'le dissous..."

Jouissif, je te dis.

[Pierrot Bâton]

Aaaaahhhh !! Le Rouquemoute !!! Quel bouquin !

[Martine27]

Des petites bêtes effectivement éminemment utiles et très résistantes, mais bon je préfère quand même qu'elles évitent mes placards