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14 février 2016

Je vous écris ce soir de Vienne

VIENNE

                         Vienne m'a toujours fasciné. Quand Valentyne La jument verte de Val m'a proposé de lire Arthur Schnitzler ensemble j'ai été ravi. Elle m'a dit qu'elle aimait particulièrement le titre Vienne au crépuscule. J'étais encore plus ravi. Je l'ai lu dans le volume Romans et Nouvelles I de la Pochothèque, gros volume de 1200 pages où ce roman succède à une cinquantaine de nouvelles. Et une fois de plus l'écriture de Schnitzler a su m'installer dans ce climat de la capitale autrichienne à la fin du XIXème, dont on sait bien le déclin programmé. Pas mal de personnages se croisent dans Vienne au crépuscule au point que l'on peut avoir au début quelque mal à les situer. D'autant plus que tous sont des aristocrates artistes ou scientifiques, un milieu privilégié, peu suspect de modernité même si certains ont compris que Vienne et toute l'Europe commençaient de voir le jour baisser.

                        Le baron Georg von Wergenthin est un jeune compositeur, plutôt prometteur et l'on sait l'importance de la musique dans cette ville. Un peu dilettante il laisse sa vie couler depuis la mort de son père. Fréquentant les salons mondains emplis de filles à marier bien qu'il ne dédaigne pas les tavernes enfumées. Beaucoup d'amis dont certains juifs, écrivains, critiques, d'autres entrant en politique. L'empereur est déjà âgé, l'Autriche-Hongrie aussi. Et l'antisémitisme n'a attendu ni Sarajevo ni Auschwitz. Plusieurs lectures peuvent se faire sur Vienne au crépuscule et je les partage toutes. Amoureux de l'Europe Centrale si littéraire j'ai vraiment aimé l'ambiance que Schnitzler, médecin fils de médecin, lui aussi juif et se piquant d'écrire en opposition à son père, décrit au coeur de la ville et par les forêts viennoises voisines. C'est un peu une éducation sentimentale qui nous est racontée où les femmes sont encore bien souvent objets. Objets de désir et de plaisir, de dérision et d'insouciance. Quelques figures trahissent pourtant une fin de siècle et l'aube d'une époque plus favorable, Thèrèse notamment qui anticipe de grandes féministes.

                       Les Juifs sont depuis longtemps plus ou moins marginalisés. L'analyse est d'une grande finesse, les choses ne sont pas flagrantes mais pour peu que l'on s'intéresse à l'Histoire on saisit parfaitement toutes ces petites notes sur ce qui n'est pas vraiment une persécution mais un voile de mépris, un plafond de verre selon l'expression consacrée. Par ailleurs quand les héros sont des nantis, de façon très variable d'ailleurs, ils voyagent et nous aussi. Et comme j'aurais aimé ces tours de Suisse ou d'Italie, quand les malles arrivent au port, que des coursiers s'en chargent et qu'il ne manque rien. La Sicile, Naples, les lacs du Nord italien sont autant d'étapes raffinées qu'il me plait toujours de fréquenter littérairement. J'ai donc aimé ce Vienne au crépuscule qui me confirme, mais besoin n'était pas, l'importance de ces écrivains d'Europe Centrale dont Arthur Schnitzler est un des plus sensibles.

 

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Commentaires
M
Tu donnes vraiment envie de découvrir cet auteur, et Vienne au XIXeme siècle... Je viens d'ailleurs de lire le tabac de Tresnik qui raconte aussi le crépuscule de Vienne mais au XXeme siècle... Je note...
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S
Rien de plus romantique en effet que Vienne pour les amoureux de belles valses, de musique classique et de belles robes, Edualc :wink:<br /> <br /> Et conter fleurette à la jument verte à Vienne, au crépuscule, ce serait divin :lol:<br /> <br /> Pour le reste, je reste prudente :roll: <br /> <br /> Rien que le nom de l'auteur est un peu rébarbatif pour moi :oops:<br /> <br /> Quel beau lecteur, tu fais, cher Edualc<br /> <br /> Gros bisous
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S
Ulysse, j'ai arrêté au bout de 15 pages. C'est à la limite du lisible. :) Par contre, Portrait de l'artiste en jeune homme et Les gens de Dublin, c'est très beau.
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E
A Strum bis...Oui lu Le tour du cadran et beaucoup d'autres, pas mal d'humour chez Perutz, et parfois un brin de fantastique. Pour La marche de Radetzky absolument et totalement d'accord avec toi. Le très beau film Colonel Redl du Hongrois Istvan Szabo est également un bijou dans ce climat. Je n'ai pas lu L'héritage d'Esther. Jamais lu Broch et comme toi jamais attaqué L'homme sans qualités qui m'a toujours fait peur. On s'éloigne de la Mitteleuropa mais l'autre "grand" livre qui m'a longtemps fait peur est Ulysse. Très irlandophile un jour je m'y suis mis en l'empruntant à la Bib. (prudent). J'ai abandonné page 45 :D.
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S
Bonjour eeguab,<br /> <br /> <br /> <br /> Je n'ai jamais lu Leo Perutz, mais cela fait quelque temps que Le Tour du cadran me fait de l'oeil. L'as-tu lu ? J'ai lu trois Sandor Marai (Les Braises, L'Héritage d'Esther et Métamorphoses d'un mariage) que j'aime bien. L'Héritage d'Esther est un petit bijou. La Marche de Radetzki de Roth est pour moi un des chefs-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle. Des écrivains Mitteleuropa que tu cites, je rapprocherais Kafka (le plus grand à mon avis), Thomas Mann même s'il est allemand (mon préféré du lot, La Montagne Magique restera toujours toujours un de mes livres préférés) et Hermann Broch (grand souvenir que Les Somnambules, livre difficile mais assez exceptionnel). Et puis il y a Musil : cela fait 20 ans que je me promets chaque année de lire son Homme sans qualités. Il faudra bien que je m'y mette un jour !
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D
Bonjour eeguab merci pour ce billet sur un écrivain que j'apprécie depuis longtemps et dont on n'entend moins parler. Je l'ai surtout découvert au théâtre il y a 30 ans dans la sublime mise en scène du regretté Luc Bondy pour Terre étrangère au théâtre des Amandiers de Nanterre. Et c'est aussi l'auteur de La Ronde et Mademoiselle Else. Personnellement je préfère Schnitzler à Zweig. Bonne journée.
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S
PS : j'ai essayé de laisser un commentaire dans le topic du film de Jia Zhang-Ke mais sans succès. Il semble y avoir un bug.
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S
Bonsoir eeguab, comment compares-tu Vienne au crépuscule avec les livres de Zweig, Roth et Sandor Maraï ? Duquel cela se rapproche-t-il ? Je ne connais que la Nouvelle rêvée de Schnitzler et Vienne au crépuscule étant un gros livre, j'hésite à me lancer dedans. <br /> <br /> Merci d'avance !
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L
à découvrir donc , j'aime bien cette période et cette ville d'avant le nazisme
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V
Bonjour Edualc<br /> <br /> Partir pour Vienne fut un régal : des personnages intéressants , une ambiance parfois surannée et l'aspect plus "politique" m'ont enchantée :-) <br /> <br /> <br /> <br /> Prochain départ ? Pour la verte Irlande :-) à toi de proposer titres et auteurs :-) <br /> <br /> Bisesss
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A
Il va vraiment falloir que je découvre cet auteur, ce que tu en as déjà dit et la, encore aujourd'hui me met l'eau à la bouche ! Une délicieuse viennoiserie !😆. Bises et à ttds 😉
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A
Je ne l'ai pas lu celui-là, je le note, tout ce que j'ai lu de lui m'a plu.
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E
A Lewerentz...Merci.Il s'agit de Gloire tardive, je l'ai chroniqué le 11 janvier dernier sous le titre "Le vieil homme est amer".
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L
Je suis aussi une admiratrice de Schnitzler, "Vienne au crépuscule" et aussi le très beau "mademoiselle Elsie". J'ai vu qu'un de ses premiers textes avait été redécouvert récemment et vient de paraître.
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D
et j'entends la chanson de William Sheller chantée aussi par Barbara, et je trouve pour un 14 février, que des retrouvailles à Vienne, ce devait être beau même en hiver.
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