Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
7 mars 2017

Jackie and Chet

 AFFICHE_JACKIE

                               C'est Jackie qui ouvrait le bal ce lundi 27 février, le film du Chilien Pablo Larrain (Neruda il y a peu) présenté par l'ami Philippe. Consacré uniquement à quelques jours de la vie de Jacqueline Kennedy après l'attentat de Dallas (1963) le film s'ouvre sur l'entretien d'un journaliste de Life avec la Première Dame. Qu'on ne s'y trompe pas, on ne sera pas dans la chronique d'un deuil en très haut lieu, à lire dans la salle d'attente du gynécologue. J'ai volontairement cité cette spécialité tant le propos aurait pu être typique d'un magazine féminin de ces années là. Bien sûr la garde-robe est réussie et la Maison-Blanche... blanche. Mais Jackie est un film vraiment intéressant, traquant au plus près l'après drame, cathodique pour la première fois.

                                Au fil de ces quelques heures le statut de Jackie pourrait très vite changer tant la Roche Tarpéienne est près du Capitole. Cette fragilité se juge à l'aune du pouvoir médiatique américain, omniprésent comme jamais avant ces années soixante. On sait maintenant ce qu'il peut en être, non bien sûr de l'assassinat de JFK, mais des risques induits par la spectacularisation de la politique. Le débat fut de bonne tenue à mon avis, entre les anciens, dont hélas je suis, qui ont connu l'évènement et savent tous précisément comment ils l'ont appris, et les plus jeunes qui n'ont jamais eu l'occasion de pratiquer le culte Kennedy, dont on sait maintenant qu'il était pour le moins excessif. Les icônes ont en effet tombées, après les hommes de chair et de sang. Et l'on sait tous le côté moins éclairé de cette monarchie à l'américaine, cette famille royale made in USA. Moins éclairé constituant une litote.

                               Une  excellente soirée où le public évoqua tour à tour le rôle assez odieux du père, Joseph Kennedy, les troubles relations de la famille, les addictions du président, l'incontournable J. Edgar Hoover, et la mort l'année précédente de Marilyn. Nous n'avons pas tout résolu. Mais Princeecrannoir et Sentinelle ont vu Jackie avant moi et vous en parlent fort bien ici  et .

BORN_TO_BE_BLUE60317

                               Pour Chet Baker, que je présentais avec un jazzeux du coin qui à l'habitude de conter l'histoire du jazz, le public était un peu différent de nos lundis usuels. Les fans de jazz, qui ne sont pas tous cinémanes, avaient grossi les troupes. Là,il me faut faire très attention. Je sais que notre ami Le Bison veille et qu'il ne plaisante pas avec le Chet. Born to be blue, premier film du Canadien Robert Budreau évoque quelques années de la vie du célébrissime trompettiste et chanteur, au moment de l'agression qui devait le briser pour pas mal de temps. Bon, y avait d'autres choses pour le briser tant Baker est l'archétype du surdoué, ange déchu, ravagé, flambeur, génial bien sûr mais irresponsable et naïf en même temps. Et, osons le dire, pas très futé le gars. On s'en balance d'ailleurs, l'intérêt de cet homme étant de l'entendre, ce qui devrait aller de soi s'agissant d'un musicien.

                               Born to be blue souffre comme tout biopic, ou biopic partiel, dirais-je, d'approximations avec la vérité ou la chronologie. Le cinéma suppose ses artifices et un sens du condensé inévitable. Notre ami spécialiste l'a clairement expliqué sans tomber dans l'intransigeance. Bien sûr Born to be blue n'est pas un document musical mais ne se présente d'ailleurs pas comme tel. Les flashbacks en noir et blanc, plastiquement réussis, ne s'intègrent pas très naturellement et je trouve que les inévitables scènes intimes entre Chet et Jane alourdissent le rythme du film mais le cinéma ne sait plus s'alléger de ces conventions. L'opposition musicale et culturelle Côte Ouest et Côte Est est bien ressentie mais Budreau abuse plusieurs fois de couchants sur Pacifique bien anodins. L'arrogance d'un Miles Davis par exemple, sa morgue nous paraissent exagérés. Pas tellement nous a confirmé notre interlocuteur, les musiciens ne s'étant pas  si souvent croisés.

                               Au crédit du film un retour de Chet dans sa famille et une belle scène de difficiles retrouvailles avec son père, modeste paysan de l'Oklahoma, effaré de la vie de son fils, et de sa dépendance ultime particulièrement gratinée. Parlons-en un peu, de la drogue, compagne fidèle et encombrante, moi, je dirais insupportable. Hello fear! Hello death! La vraie muse? On n'ose pas tant que ça dans un débat aborder le sujet. Le public a été très actif et les questions intéressantes, certains très familiers de l'univers de Chet Baker. Tout ne m'a pas plu dans les réactions et c'est bien ainsi. J'eusse aimé qu'on nous fasse grace de l'enfance difficile de l'artiste (sans plus je crois) et de la souffrance , mais alors "rien que de la souffrance" (je cite) du toxico. Un peu court, un peu facile. Mais il reste un film de qualité, encore trop peu en musique à mon sens, une porte ouverte pour en écouter davantage. Ethan Hawke plutôt bon, il chante lui-même, plutôt bien. Ecoutez le Chet, sa musique étant infiniment plus belle et plus passionnante que l'homme. Tiens pour la peine voir ci dessous. Ou plus exactement entendre ci dessous.

Publicité
Commentaires
P
De la trompette à la renommée, il n'y a donc qu'une note que tu rédiges avec beaucoup de talent. Je serais curieux de voir ce Hawke en oiseau des boîtes de nuit.
Répondre
E
A Dasola... Tout comme toi je n'ai pas la passion Kennedy, de moins en moins même si je suis aussi passé par Arlington Cemetery.. Mais ni pour Chet ni pour Jackie on ne peut vraiment parler de biopic. Pour Jackie c'est seulement quelques jours de sa vie. Pour Chet, un peu plus.
Répondre
D
Bonjour eeguab, concernant Jackie, j'apprécie le réalisateur mais je n'ai pas été tentée de voir le film sans raison particulière si ce n'est que les "biopics" me semblent souvent très ratés. Et puis, je n'ai pas une grande passion pour la famille Kennedy même si je suis passée par Arlington et me suiis arrêtée devant les tombes de John, Jackie et de deux de leurs enfants morts à la naissance; Bonne après-midi.
Répondre
S
Complaisance envers le côté obscur de Chet ? OK, le commentaire de Bison m'a aidée dans la compréhension de celui de Eeguab.
Répondre
S
Le commentaire de Bison s'est intercalé, je répondais à eeguab, pas à Bison (là j'ai bien tout compris). ;-)
Répondre
S
C'est intéressant ce que tu nous dis là mais je ne suis pas certaine d"avoir tout compris. De retour à la maison, je peux enfin écouter le morceau et il est superbe. Je ne connais pas du tout Chet Baker (enfin que de nom, ce qui revient à dire la même chose) et j'ai visiblement grand tort. Très surprise par sa voix, que j'imaginais différente.
Répondre
L
J'aurais sécher le biopic sur à Dallas, quoique... il est quand même du chilien Pablo...<br /> <br /> <br /> <br /> Mais j'aurais pris mon billet pour Chet - que j'ai loupé par chez moi. Les yeux fermés, les oreilles bien ouvertes. On ne plaisante pas avec Chet, tu l'as bien compris. Je n'ai pas cette complaisance avec l'homme. C'était un camé, un pur. Une vie difficile, mais comme tous les camés, je crois. Point final de son histoire avec la drogue. Par contre, sa trompette et sa voix, putain, elles me mettent les tripes en vrac. <br /> <br /> <br /> <br /> N'ayant pas l'oreille musicale d'un musicien, j'ai compris que c'était un surdoué, lu dans une biographie, ou il préfère passer son temps à la plage avec les filles de la West Coast que de répéter dans le club où il devait jouer le soir.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais je n'ai pas de mal à comprendre l'incompréhension de son père face à la vie de son fils. Vu de l'extérieur, ce succès, cette drogue et cette musique devaient lui paraître totalement étrangère à son mode de vie.<br /> <br /> <br /> <br /> Chet est mort, chet est drogué, chet joue de la musique et j'écoute ses disques religieusement. Et je ne manquerai pas de regarder, à un moment ou un autre, ce Born to be blue et découvrir Ethan dans le rôle de cette trompette d'or.
Répondre
E
A Sentinelle et Celestine...merci de votre intérêt. Ce qui me gêne un peu quand le public intervient sur des gens comme Chet Baker ou les éternels Morrison, Hendrix, Joplin et consorts, c'est que je crois y déceler une certaine complaisance. Je n'aime pas beaucoup la complaisance. Savez-vous que c'est très difficile à faire passer dans une discussion? Très difficile. Leur talent ou leur génie n'est pas en cause, leur importance dans ma vie non plus.
Répondre
B
Quelle idée de mettre Jackie et Chet dans un même article ! Quel dommage, surtout pour Chet !
Répondre
C
Un article dense comme tu en as le secret. Jackie ans Chet deux destins hors des sentiers battus, qui ont en commun cette fragilité que donne la gloire, le bleu à l'âme ou la note bleue. L'ivresse du pouvoir et la dépendance à la drogue...Une certaine solitude aussi. Un arrachement.<br /> <br /> J'ai un faible pour l'homme à la trompette d'or, et les éclats cuivrés des boîtes de jazz me conviennent tellement mieux que les ors et le clinquant de la maison Blanche. <br /> <br /> Un peu jalouse que Jackie t'ait pris ton temps, mais elle est si belle.<br /> <br /> Miss and kiss you. From your barefoot contessa.<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
Répondre
S
Merci pour le lien concernant Jackie :) Ah j'aurais bien aimé être une petite souris et entendre ce qui s'est dit durant le débat. Je suis née en 1970 et je n'ai donc pas pratiqué personnellement "le culte Kennedy". Mais je me souviens petite d'avoir fouiné un jour dans un grand carton caché dans la penderie de ma mère et d'y avoir trouvé plusieurs magazines d'époque avec la famille Kennedy à toutes les pages. Plus une grande pièce de monnaie américaine à l'effigie de John F. Kennedy. Tout cela m'avait fort intriguée à l'époque (d'autant plus que ma mère n'est vraiment pas du genre groupie). Enfin voilà comment ils ont débarqué dans ma vie pour la première fois. Inutile de te dire que j'en ai beaucoup entendu parler par la suite ;-)
Répondre
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 370 565
Publicité