A l'écart

 

                           Un petit pas de coté, du côté nord de de l'Ecosse, ce pays aux îles innombrables et aux oiseaux opiniâtres. Mais un livre, si bon soit-il, n'est pas forcément qu'un livre. Un livre c'est parfois l'autre, qui vous a offert ou même prêté cet ouvrage . Il (ou elle) vous l'a prêté parce que, probablement, c'était une façon d'être ensemble, encore un peu, encore une heure. La personne l'ayant lu a cru, à bon escient, et connaissant a minima quelques goûts communs, prolonger ce curieux sentiment de partage à travers une oeuvre aimée, souhaitant le même accueil chez l'autre. J'ai donc reçu L'écart d'Amy Liptrot avec beaucoup de plaisir et quelqu'un que j'apprécie aura apprécié que je l'apprécie. Merci.

                           C'est en fait un récit quasi autobiographique que nous livre la jeune auteure écossaise. Née en 1986 dans les Iles Orcades, au nord de l'Ecosse, Amy nous conte comment après des années à Londres, une dépendance alcoolique majeure, et beaucoup d'errances nocturnes, elle décide de retourner dans ses îles natales. Ou comment faire le lien entre la fêtarde junkie des nuits londoniennes et la solitaire aux grands vents de la Mer du Nord. Et si la jeune femme ne condamne pas ses folies d'antan (elle envisage parfois d'y recourir à nouveau, très clairement) elle trouve dans ces confins septentrionaux un équilibre moral et physique. 

                           C'est notamment l'observation des oiseaux marins, les bains de mer et l'astronomie qui vont restaurer la confiance en son propre destin. Sur ces îlots de falaises et de rochers, vierges d'arbres et où vivent plus de moutons que d'humains, à traquer le si discret râle des genêts, à admirer la constance des sternes arctiques lors de leurs migrations records, à compter les si bruyants pétrels et fulmars, elle va refaire surface et retrouver la paix de l'âme. Nul ne sait, surtout pas elle, ce que seront les années du retour au continent. Mais, mieux armée après ses conversations avec les phoques, ses nuits au téléscope à guetter les aurores boréales, ses plongées dans ces fonds préservés et aussi riches que les Maldives, nul doute qu'Amy, une autre Amy, la troisième peut-être? verra un nouveau jour se lever.

                           Je dois ce beau voyage insulaire à quelqu'un qui a des goûts littéraires très proches des miens, qui me ressemble aussi par bien des aspects. Je lui dois donc beaucoup.

Comments

[anthO]

Un bien joli billet qui me met en appétit, d'autant que j'ai vécu en Écosse, mais c'était dans une autre vie !

[nathalie]

Beaucoup aimé ce texte. La fin de l'alcool y est très bien racontée, comme un combat quotidien. La narratrice avance sur le fil, toujours en danger, se maintenant toujours en équilibre... et beaucoup d'oxygène grâce aux Orcades.

[Dominique]

un livre que je n'ai pas chroniqué mais que j'ai beaucoup apprécié, j'aime l'écosse et la nature alors nécessairement cela m'a plu mais au delà de ça mon métier de soignante m'a porté à rencontrer bien des gens luttant contre une addiction, c'est un long et douloureux combat aussi j'ai apprécié les pages très justes et sincères sur le sujet qui peuvent donner un peu de courage à des personnes en difficulté un livre qui vaut la lecture

[aifelle1]

J'ai beaucoup aimé l'écriture de ce récit, ainsi que tout ce qui a trait aux îles Orcades, mais dans mon souvenir, j'en avais assez des problèmes d'addiction de l'auteure, il me semble qu'il y avait pas mal de répétitions à ce niveau-là.

[le Bison]

J'ai croisé la route de ce roman dans une boite à livres, il y a quelques jours. J'ai lu le 4ème de couverture, et me suis interrogé si c'était pour moi. Après réflexion, j'hésitais encore, j'y suis retourné et je l'ai pris. Maintenant, après ta lecture, j'ai envie de faire rapidement ce beau voyage insulaire, je dois bien avoir un malt écossais aux parfums iodés quelque part...