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19 mai 2023

Les lendemains du Sud

Des-hommes-en-devenir

                   Voilà un formidable recueil de nouvelles. Bruce Machart (Le sillage de l'oubli) est texan. Oui, je sais, pour les Texans. Mais les dix nouvelles de Des hommes en devenir sont parmi les plus fortes que j'aie parcourues depuis assez longtemps. Ce bouquin fait la part belle aux hommes. Enfin je veux dire par là que ce sont des hommes que l'on y rencontre, des hommes ordinaires qui conduisent leur pick-up ou transportent des grumes dans une Amérique laborieuse pas toujours très amène. 

                   Des hommes que le lecteur cueille au moment où leur existence, déjà un peu rude, un peu, disons moyenne, traverse une zone de turbulence, souvent liée à un drame. Les titres de ces nouvelles sont à ce sujet très évocateurs de passages, comme des épreuves, des tests pour ces hommes à la quarantaine peu sûre pour la plupart. Quelques-uns de ces titres: C'est là que vous commencez ou Parce qu'il ne peut pas ne pas se souvenir ou La seule chose agréable que j'ai entendue. Des expressions qui surprennent, donnant bien l'interrogation de ces hommes face au drame qui bouleverse leur vie. Et c'est diablement humain de partager ces doutes et ces affres avec des personnages bien plus éloignés des archétypes qu'on ne le pense en général. A croire qu'un Texan serait un être humain.

                Une séparation, la mort d'une épouse, un dramatique accident du travail dans une scierie et une vie bascule. L'homme est-il capable de rebondir, de cette fameuse résilience si en cour dans notre vocabulaire choisi? Cette dizaine d'hommes en perdition, mais malgré tout en devenir (Men in the making), ce sont aussi des hommes en construction, il n'y a pas d'âge pour grandir. Un chien écrasé, un chauffeur de taxi amené à transporter le corps d'un nouveau-né, un homme mûr qui prend conscience de son père âgé, les coups durs , les blessures de l'existence, les familles brisées. C'est magnifique de pudeur et d'humanité. 

                 Un théâtre lyonnais a adapté ces nouvelles il y a quelques années. Je crois que c'était une bonne idée. Le Sud est décidément pourvoyeur de talents, fussent-ils texans. J'ai un peu songé aussi à Russell Banks, voir au Steinbeck de Des souris et des hommes, mais cela n'est qu'un sentiment peut-être.  Les femmes ne sont pas des comparses dans Des hommes en devenir, il me faut le préciser., c'est l'époque qui veut ça.

                Un homme peut savoir quelque chose de bien des façons - il peut le savoir d'expérience, dans ses tripes, d'après le bruit du vent, d'après l'odeur des pins et de la voix qu'il entend parfois dans sa tête quand il prie - et de toutes ces différentes façons, je savais que le Rouquin se trompait, qu'il faudrait bien plus qu'une nuit de travail dehors, dans le froid, pour qu'il connaisse un peu d'apaisement. Et pourtant, je voulais y croire. Je voulais que cela  fût vrai, pour que tout fût terminé. Pour nous deux (extrait de Le dernier à être resté en Arkansas).

 

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Commentaires
C
« A croire qu'un Texan serait un être humain. »<br /> <br /> Rien que pour cette phrase, ça valait le coup de venir te lire ce matin.<br /> <br /> On en apprend tous les jours.<br /> <br /> Trèfle de plaisanterie, j'aime quand tu es bluffé par une écriture.<br /> <br /> Tu es une grande référence !<br /> <br /> Kisses from your angel B.<br /> <br /> •.¸¸.•*`*•.¸¸☆
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E
Merci Florent. J'aime de plus en plus les nouvelles en général. Mais quand on veut en parler c'est un peu plus difficle qu'un roman, je trouve, elles sont souvent un peu inégales et il faut en choisir deux ou trois. C'est peut-être pour ça que je suis de plus en plus réticent devant la longueur de certains pavés. Et plus encore devant le métrage parfois insensé de beaucoup de films. <br /> <br /> A propos de cinéma je parlerai prochainement d'un fort beau film tout récent. Ca se passe en Ecosse...🎥 A bientôt.
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P
En lisant ta chronique j'ai pensé à Steinbeck (et les grumes m'évoquent aussi Elmore Leonard et son Mr Majestyk). Et puis, hop ! le nom surgit dans le déroulé du texte. Ces pistes sudistes mènent décidément aux valeurs sûres. Et la plume de Machart ne semble pas des moindres.<br /> <br /> Merci pour ce beau billet cher Claude.
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E
Merci à tous trois. <br /> <br /> Ami Bison, évidemment, ces nouvelles sont faites pour toi. Le Texas avec toi, un honky tonk, un air de Texas Blues, un bon vieux whisky que je laisse à ton choix, je te fais confiance. Tope là, je signe. 🎸<br /> <br /> Le sillage de l'oubli, une chronique enthousiaste doit être quelque part sur le blog.
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L
Hou la la... Si tu es encore au Texas, faut que je t'y rejoignes. On dirait un livre fait pour moi, même si j'ai bien dépassé la quarantaine.<br /> <br /> <br /> <br /> Je me permets de compléter ta phrase : A croire qu'un Texan serait un être humain avec une bouteille de whisky dans la main gauche, un flingue dans la main droite ;-) <br /> <br /> <br /> <br /> Je savais que j'avais depuis un bon bout de temps Le sillage de l'oubli dans ma PAL, mais je viens de voir, un oubli, que j'avais également ce recueil dans la poussière de ma vie. Vite que je le dépoussière, il me reste encore un bon vieux Tennessee Rye...
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I
J'avais beaucoup aimé Le sillage de l'oubli, Machart a une plume percutante. Je note ces nouvelles aussi.
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L
je note ce recueil car il m'arrive parfois de lire des nouvelles à haute voix
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