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BLOGART(LA COMTESSE)
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29 juillet 2015

Vous me pardonnerez un conseil?

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                                 Voilà un roman américain plutôt de forme classique sur la middle class de l'est du pays. Un peu longue à se mettre en place l'histoire d'Helen qui divorce de Ben, son avocat de mari, ressemble d'abord à beaucoup d'autres. Une fille adoptée ado, des revenus assez confortables revus à la baisse, une rupture consommée. Comment Helen va-t-elle rebondir? Elle se découvre alors un don assez étonnant pour amener les hommes d'influence, pouvoir, affaires à faire une sorte de coming out qui ne concerne pas du tout les préférences sexuelles, ce qui nous change un  peu du tout venant, mais bien les erreurs de gestions, les ententes illicites, les combines en tous genres. Mark Twain n'écrivait-il pas déjà "Fuyez, tout est découvert". Mille excuses décortique habilement l'American way of life à travers Helen qui, si douée pour la rédemption des autres, gère difficilement sa propre existence.

                                Depuis longtemps, depuis les confessions des évangélistes par exemple, qui font qu'au pays de l'Oncle Sam, les turpitudes, pour peu qu'elle soient intelligemment mises en scène lors des aveux, deviennent la plupart du temps un tremplin, on sait que s'épancher et se flageller peut être avantageux. Roman américain typique et critique à la fois, zébré de l'ironie et de l'humour de Jonathan Dee, Mille excuses évolue aussi avec les personnages secondaires, Sara, 14 ans, chinoise et accessoirement parfaite peste experte à manipuler les divorcés, son petit ami brutal et prototype du bad boy, mais il faudrait lui aussi l'excuser, n'est-il pas noir, puis  Hamilton, star de cinéma qui fut l'ami d'enfance d'Helen, pas mauvais cheval mais un tantinet pusillanime et aux lendemains post-poudreux et amnésiques.

                                Ainsi va Helen Armstead, ingénue et exigeante à la fois, mère esseulée en proie au doute, paumée comme c'est pas possible, mais qui ne manque pas de ressort et le roman parvient à garder un ton moraliste sympathique et finaud, jamais moralisateur. Vous n'aurez pas d'excuses à ignorer Mille excuses.

                                

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24 juillet 2015

Un premier tome déjà lourd

Masse critique

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                                 Dans le Québec rural de 1900, la vie demeure rythmée par les saisons. Corinne, une jeune fille de dix-huit ans de Saint-François-du-Lac, accepte d'épouser le beau Laurent Boisvert, de Saint-Paul-des-Prés. Voici posé le point de départ de cette saga familiale version la belle province. Ne pas s'attendre à un grand choc littéraire mais, je l'espère, à une jolie balade dans ce qu'on appelle dans les librairies le rayon terroir, celui qui n'est guère invité dans les d'ailleurs rares émissons littéraires. Dans ce qui n'est que le premier tome d'une série de quatre Un bonheur si fragile/1/ L'engagement on trouve comme toujours deux familles, un sens de la propriété très aiguisé et le culte de l'ordre et par dessus tout le respect du trousseau de la mariée, tout un symbole. Bon, je cesse de polir et j'y vais rondement: je suis devenu incapable d'apprécier ces bibles du territoire, et pire, presque incapable de les lire. C'est vrai qu'elles se ressemblent toutes, la neige et les érables remplaçant ici les terrils et la bière, là les champs de lavande et les cigales, ailleurs les rochers et les pêcheurs perdus. Pourquoi pas? Mais je n'ai plus le temps pour ça.

                                 Ai-je fini par me prendre au jeu d' Un bonheur si fragile? Presque, même si le mariage de Corinne est tout sauf surprenant, même si l'opposition clergé-libre penseur est universelle en ces années, même si ce Québec pourrait être Poitou ou Bourgogne. Et puis comme dans le titre j'avais un engagement envers Masse Critique Babelio qui me fait confiance régulièrement pour émettre un sentiment sur les livres proposés. J'ai donc fini les 530 pages de cette histoire de famille. Sans déplaisir, mais surtout sans le minimum de fièvre qui vous saisit quand vous reprenez un livre interrompu, parfois il y a trois minutes à peine, parce que les gens de ce roman vous manquent. C'est ainsi, un roman qu'on ne peut s'empêcher de reprendre, comme un comprimé bienfaisant ou stimulant, comme une addiction toute personnelle, un roman qui vous brûle au moins un peu, cela est pour moi la littérature. On est très loin de tout ça dans le livre de Michel David qui, si j'ai bien compris, est une institution du côté de Trois-Rivières. "Trop" une institution peut-être.

                               Michel David (1944-2010) était aussi linguiste et professeur, auteur de manuels scolaires et d'ouvrages de pédagogie, et de cinq sagas de quatre livres chacune, environ 10 600 pages , qui sentent un peu quand même la naphtaline. J'ai donc lu un de ces vingt volumes et j'ai bien l'intention...de lire autre chose. C'est que...file le temps.

                              

18 juillet 2015

Géographie, Bisbee, Arizona

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                                                        Calexico, tout un programme pour une rubrique musicale voyageuse, Calexico, ne pas confondre avec Mexicali, mais on se doute qu'on n'est pas loin de la frontière sud. Marrant comme les Etats-Unis n'ont pas de frontière est ou ouest. J'adore Joey Burns et John Convertino  qui marient si bien les deux côtés du Rio Grande et plus si affinités.       

                       Bisbee est une ville de western. Elle est d'ailleurs en vedette dans le très bon 3H10 pour Yuma, déjà cité dans notre Music Tour of States. Après un boum économique en 1880 suite à la découverte de gisements de cuivre elle devint comme beaucoup de cités minières une ville fantôme, décor de théâtre inanimé. Depuis Bisbee s'est un peu relevée, petite ville de 6000 habitants, centre historique d'un tourisme qu'on pourrait qualifier de minéralogique. La chanson Bisbee Blue évoque les turquoises qui ont fait la réputation de cet endroit. Son nom vient de DeWitt Bisbee, magistrat et mécène de la dite mine. Elle est le siège du comté de Cochise. Ca laisse un peu rêveur, non?

                          

 

 

13 juillet 2015

Le cinéma, mon vélo et moi/9/ CDD à Pekin

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                                  Un très beau film chinois, très désenchanté sur le miracle économique du Céleste Empire. Le difficile apprentissage de la ville par un jeune paysan, exode rural, violence sociale, dans ce film qui a déjà près de quinze ans, âpre et ténu. A Pekin comme ailleurs tout ne marche pas comme sur des roulettes. Et un vélo peut faire l'objet de bien des tensions.

Le cinéma,mon vélo et moi

11 juillet 2015

Longue lumière malouine

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                                De très bonnes critiques pour ce pavé américain dont les deux personnages principaux Marie-Laure et Werner ne se rencontrent que peu avant la page 500. La jeune aveugle et l'orphelin surdoué des communications sont observés tout le long (long) de Toute la lumière que nous ne pouvons voir comme en champ contre-champ à parts égales, en chapitres très courts, un peu feuilletonesques, qui nous mènent du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris à la campagne de Russie, des bombes sur Saint Malo aux ruines fumantes de Berlin. Bien construit, ce qui permet de lire sans peine cette belle histoire, le roman d'Anthony Doer se veut assez sentimental en ce sens pas du tout péjoratif que Werner et Marie-Laure demeurent dans l'adversité des modèles très positifs sans aucune mièvrerie, ce qui était le risque.

                               Magnifiques, y compris, pour les profanes les digressions sur les mollusques fossiles, les ammonites et les anatifes, sujet peu porteur a priori. Même les éléments techniques sur les transmissions, transfigurés par Werner, s'avèrent d'une belle essence romanesque. Là encore c'était loin d'être évident, surtout pour moi qui maîtrise si mal anode et cathode. Et puis le patronage du grand Jules Verne et de 20 000 lieues sous les mers vogue sur toute la distance du livre, si abondamment cité et que Marie-Laure lit en braille depuis son enfance. Grand livre de l'imaginaire avec la quête de l'Océan de Flammes, un diamant légendaire, avec le rôle de la lumière pour cette enfant de l'ombre guidée dans la ville par les maquettes citadines de son père maintenant disparu, avec Saint Malo ville reconstruite de toute part comme un studio prêt à l'emploi, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est un roman superbe, qui ressemble aux romans pour adolescence d'antan sans céder à aucune de leurs facilités.

                               Nanti du prestigieux Prix Pulitzer et déjà acheté par Hollywood, nous aurons l'occasion de voir en chair et en os tous les personnages de cette fresque de guerre et d'espoir. Mais aucune jeune actrice ne saura nous toucher comme la Marie-Laure de Toute la lumière que nous ne pouvons voir. Ce prénom m'est cher.

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6 juillet 2015

Ronde irlandaise

Le coeur qui tourne

                                           Premier roman d'un nouveau venu, mais la collection Albin Michel est rarement décevante, Le coeur qui tourne, c'est une Irlande moderne, celle de la récession qui a suivi le boum dit du tigre celtique. Peut-on parler de choral, pas tout à fait car les vingt-et-un témoins qui interviennent le font sans qu'il y ait une véritable communauté de personnages dont beaucoup ne se connaissent guère. Mais la figure un peu idéale, voire christique, mais le mot est fort, de Bobby Mahon est le centre névralgique de ces mouvements, et alternativement chacun y va de son histoire. Ce sont des histoires terriblement ordinaires et ça fait presque peur, car universelles. La famille n'en sort pas grandie, on s'en doute. Et la chère Irlande non plus, à peine sortie d'une opacité un peu médiévale et balancée dans l'ère du profit à courte vue, grand pourvoyeur de laissés pour compte, même si ces sentences sont à pondérer.

                                          Ce Bobby Mahon, ancien contremaître de l’entreprise locale qui a mis la clé sous la porte, une personne somme toute plutôt estimée, devient peu à peu la cible des rancœurs de tout le monde. C’est une sorte de « pur », l’empathie faite homme, lui aussi a ses problèmes personnels, dont ses rapports avec son père, mais c’est l’espoir de beaucoup pour les aider à survivre. Mais l’irréparable intervient et il est le bouc émissaire parfait, même si personne ne croit en sa responsabilité. A propos cette notion de bouc émissaire finit par mettre mal à l'aise, en général. En effet parfois le bouc émissaire est... coupable, mais ce n'est pas bien de le dire. Mais le débat n'est pas pour aujourd'hui.

                                        Parmi la vingtaine de points de vue il est difficile d'en privilégier queques-uns. Sa femme, son père, des amis ou qui se prétendaient tels. Tous sonnent étonnament vrai dans cette vallée irlandaise d'où tout folklore, souvent abusif dans la littérature de l'île, est presque absent. Même les pubs ne sont plus ce qu'ils étaient. Beaucoup de personnages ne disposent pas du QI d'Einstein, c'est le moins qu'on puisse dire, mais pas méchants, pas forcément. J'aime beaucoup (façon de parler) les "talibanes à la théière", intégristes du tricot et tellement racontarophiles. Triona, l'épouse de Bobby, termine cette ronde des témoignages, avec finalement et envers et contre tous une note d'espoir car le coeur est tout ce qui continue de tourner. Comme Le coeur qui tourne, métallique, sur le portail de la maison de Frank Mahon, le père, crissant au vent.

2 juillet 2015

La poésie du jeudi, Paul Verlaine

                                En cet été, pas toujours, il s'en faut, synonyme de détente, et comme actuellement je vis avec Shakespeare, particulièrement Hamlet, voici A Horatio, ou quand la jeunesse en fête commence à s'inquiéter devant l'avenir de sombre vêtu. Avec toute mon amitié pour Aspho qui m'a remis en selle dans le sillage de la poésie.Texte illustré par Hamlet et Horatio au cimetière de Delacroix.

Poésie du jeudi

A Horatio

Ami, le temps n'est plus des guitares, des plumes,

Des créanciers, des duels hilares à propos

De rien, des cabarets, des pipes aux chapeaux

Et de cette gaîté banale où nous nous plûmes.

 

Voici venir, ami très tendre qui t'allumes

Au moindre dé pipé, mon doux briseur de pots,

Horatio, terreur et gloire des tripots,

Cher diseur de jurons à remplir cent volumes,

025

 

Voici venir parmi les brumes d'Elseneur

Quelque chose de moins plaisant, sur mon honneur,

Qu'Ophélia, l'enfant aimable qui s'étonne,

 

C'est le spectre, le spectre impérieux ! Sa main

Montre un but et son oeil éclaire et son pied tonne,

Hélas ! et nul moyen de remettre à demain !

Paul Verlaine

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