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25 novembre 2022

Pauvre Don

Donba

                         Voilà un roman qui éclaire l'actualité, bien que se déroulant en 2018 dans cette région que bien peu connaissaient. Benoît Vitkine nous plonge dans ce pays où tout nous semble gris, où la guerre est présente depuis huit ans. Maintenant chacun de nous sait un peu tout ça. Un enfant retrouvé poignardé, ce n'est qu'une horreur de plus dans cet enfer. Un officier refuse de s'en désintéresser et va mener l'enquête. Cette enquête ressemble à bien des enquêtes. Tous les thrillers, tous les polars du monde se donnent la main pour compliquer les choses, c'est l'une des lois du genre. Mais on sait bien qu'une autre règle est de nous immerger dans un pays, une ville, une époque, un milieu, etc.

                        Et ce milieu dans le cas de Donbass est clairement identifié, surtout à la lueur des neuf derniers mois. C'est même le titre du livre. Le bassin industriel du Don. Qui n'a jamais été glamour. mais qui touche le fond. Rappelons qu'une guerre même pas larvée fait rage dans cette région depuis 2014. Alors la recherche d'un assassin dans ces conditions relèverait presque de l'anecdote. Mias Benoît Vitkine, qui est aussi journaliste, prix Albert-Londres pour ses reportages tant chez les séparatistes pro-russes que les loyalistes ukrainiens, sait nous faire vivre le quotidien de ces vieillards, ces femmes seules, ces laissés pour compte, totalement ignorés des médias. 

                        La corruption règne et tout est objet de trafics, de tous les côtés car rien n'est simple quand on manque de tout. Les veuves, les mères, les grand-mères, les femmes en général survivent du mieux possible. Dignes, les mères, rare note d'espoir.  Rajoutons les interminables séquelles de la guerre d'Afghanistan et les ravages "usuels" de la drogue, je ne parle même pas de la vodka ignominieuse, et l'on obtient ce dramatique cocktail de déliquescence fatale. C'est tout cela que j'aurai retenu de Donbass, thriller réaliste poignant et désespérant. A lire, hélas.

                       

                       

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13 novembre 2022

Faux et usage de faux

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           Val (La jument verte de Val) et moi c'est une vieille histoire, une collaboration trimestrielle qui cette fois nous a conduit en Suisse, la Suisse plutôt privilégiée de Zurich. Adrian Weynfeldt est un expert en peinture, le dernier d'une vieille famille helvétique, célibataire et plutôt casanier, qu'une jolie aventurière, Lorena, va entraîner dans une malhonnêteté avec la complicité d'un vieil ami, tout cela à propos d'un tableau de Félix Valloton. Cette variation sur le domaine faussaire, dans le calme et l'opulence des rives du lac, sur fond de boutiques de luxe et de restaurants gastronomiques, distille un charme désuet, feutré, cossu, qui m'a beaucoups séduit. un monde dont j'ignore tout.

          Sorte de polar sans cadavre, de thriller trois étoiles, sans violence et (presque) sans arme, Le dernier des Weynfeldt a le parfum de ces romans d'entre deux guerres, avec femme fatale et robes prestigieuses, artistes fauchés pique-assiette et bienséance à tous les étages. Juste un peu de technologie, la vente aux enchères de l'exemplaire (le vrai, le faux, l'original, la copie, le pareil, le même, je ne sais plus) bénéficiant des progrès de l'hyperconnection. Une once de chantage devant un distributeur d'espèces, généreux, mais bien élevé. 

          Le dernier des Weynfeldt n'est pas un suspense haletant ni une plongée à l'hémoglobine dans les bas-fonds helvétiques. Ni James Ellroy ni les enquêteurs scandinaves alcoolo-dépressifs. A peine une enquête mais un monde soi-disant policé où les coups tordus se parent de l'habit d'or des amateurs d'art éclairés. Adrian, à l'orée de la retraite, se laissera-t-il ainsi corrompre, qui se targuait d'être exemplaire ès galeries et vernissages? Martin Suter (Le diable de Milan, Eléphant) est un auteur hautement recommandable. Un vrai bon livre. A savoir, un téléfilm germano-suisse a été réalisé mais je ne sais s'il a été diffusé en France. 

     

 

 

5 novembre 2022

Soleil levantin

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                        J'ai été séduit par ce beau bouquin de l'auteur franco-libanais Sabyl Ghoussoub. Pas vraiment un roman Beyrouth-sur-Seine, c'est le regard de l'écrivain-journaliste d'une trentaine d'années sur la diaspora libanaise des année 80 et la vie à Paris de ses parents telle qu'ils ont pu ou voulu la lui raconter. Kaïssar et sa femme Hanane sont arrivés en France en 1975, pour quelque temps. Mais voilà. Très vite le Liban jadis prospère et envié sombre dans une ahurissante guerre civile, interminable et quasi incompréhensible tant les factions sont multiples et peu accessibles au commun des Européens. 

                       Des chapitres très courts et pleins de punch, un aller-retour permanent passé-présent qui requiert un peu d'attention, comme des vignettes du quotidien parisien des parents, émouvant, assez souvent désopilant, et duquel émane un portrait de famille détonant. C'est un livre que l'on lit très rapidement tant les aléas de la vie de famille sont cocasses et pittoresques. Le père, cultivé, un peu susceptible et imprévisible, fréquente volontiers les hippodromes et les petis bistrots parisiens. Sa carrière universitaire tourne court, il a l'insulte facile et n'est pas toujours très compréhensif. 

                       La mère, un tantinet possessive, une mater familias accro aux délicieuses habitudes connectées si chères à la nouvelle vie de l'humanité, nous offre de beaux moments, notamment en cuisine, quand il y en a pour quinze y en a pour vingt, ou quand elle fait ses courses avec une copine. Bien sûr le temps passe et le Liban, non seulement ne se relève pas mais naufrage totalement. L'essentiel se passe à Paris mais on pense au pays là-bas, qui a vu tant de corruption, de cruautés, d'assassinats.  

                      Faillite totale que quelques grandes familles n'ont pu sauver, bien au contraire...Ce pays a été traversé de tant de soubresauts qu'aucun roman à mon sens, et malgré l'intérêt majeur de Beyrouth-sur-Seine, n'est capable de nous faire comprendre la complexité de cette terre des cèdres. Ne dit-on pas que Dieu lui-même peinera à reconnaître les siens. 

 

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