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BLOGART(LA COMTESSE)
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31 mars 2013

Voir Naples et mourir (avec Valentyne)

miracle-san-gennaro

               Valentyne et moi avons lu ce livre de Sandor Marai.Je suis un adepte du grand écrivain hongrois que personnellement j'aurais volontiers nobélisé.Nobel non,mais de haute noblesse d'écriture à mon avis.Septième abord pour moi,la plupart étant chroniqués sur ce blog.Le miracle de San Gennaro est un roman qui surprend,très éloigné de l'univers un peu classique,quand on l'a parcouru comme moi au long de six livres explorant l'histoire personnelle de Sandor Marai,de son pays et de ses combats,de ses exils et de ses espoirs.Cette parenthèse napolitaine dans la vie très cosmopolite de Marai est composée de deux parties tout à fait différentes.

                Il a lui-même vécu en Campanie et dans un premier temps nous plonge dans le Spaccanapoli et les douces collines  du Pausilippe,peu après la fin de la guerre.Un couple d'étrangers vit comme une anomalie parmi les gens du petit peuple,mais d'eux il ne sera question qu'indirectement dans cette moitié du livre.Il y a là des marchands,des chasseurs bredouilles, tout un monde, pas toujours animé des meilleures intentions envers les marins et les touristes.On a faim à Naples en 1949.Alors certains reviennent d'Amérique,pas vraiment cousus d'or.Les familles y sont nombreuses,les prêtres aussi,souvent faméliques,qui attendent le fameux miracle biannuel de San Gennaro. La religion y tient une grande place,souvent teintée de crédulité.Padre Pio vit non loin d'ici,célèbre dans l'Italie du milieu du siècle pour ses stigmates de la passion du Christ.Outre le miracle du sang liquéfié de Gennaro on y espère d'autres merveilles,la guérison d'un enfant,une pêche prodigue,de l'argent pour la grande traversée.Le ton est à la comédie napolitaine,enfin presque.J'y retrouverais presque mon cher cinéma italien,le petit,pas forcément celui des grands créateurs,mais qui a bien du charme et de la couleur.

               L'étranger est retrouvé mort au pied d'une falaise. Changement radical de ton, au revoir la légèreté et le pittoresque.Venu d'on ne sait où, cet étranger était-il le rédempteur dont la rumeur se faisait l'écho? Et quel a été le rôle de la femme qui vivait avec lui?Et que vaut ce messianisme dont paraît-il,on le créditait? La lecture de cette seconde partie du Miracle de San Gennaro s'avère autrement difficile. L'enquête diligentée par le vice-questeur l'est tout autant.Le témoignage d'un moine franciscain qui a beaucoup parlé avec l'étranger et sa compagne (ce n'est pas le terme qui convient) nous éclairera-t-il sur la vérité? Le vent,la mer et le Vésuve, omniprésents, ne nous aident guère et j'ai parfois un peu peiné à suivre ces questions presque théologiques.Le hasard a fait que Valentyne et moi avons lu ce livre alors que François d'Assise,très important dans la vie de ce mystérieux étranger,  est aussi à la une  des journaux,et pas  seulement à Naples et à Rome.

            Le miracle de San Gennaro est un livre très attachant qui m'a semblé un peu plus à distance que Les braises ou Libération, très Mitteleuropa,mais qui amplifie à mon avis l'aura littéraire de Sandor Marai, dont je rappelle la mort volontaire sur une autre côte, californienne celle-là, en 1989.

 

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28 mars 2013

Ob la di, ob la da,obsèques hi,obsèques ha!

obseq

                 Je vais dévoiler la dernière partie de ce livre.Quelle mouche m'a donc piqué?Je n'ai jamais fait ça mais la lecture du roman Obsèques est une aventure qui a pris pas mal de temps de ma précieuse vie.Les lecteurs, rares, de Lars Saabye Christensen, enfin les éventuels lecteurs ont le droit de savoir.J'ai acheté ce livre parce que cet auteur norvégien m'a séduit avec Beatles et un peu moins avec Le modèle,Liverposlo ,Tableaux d'une exposition .La couverture m'avait aussi bien plu,Magical mystery tour oblige et les chapitres nommés comme des chansons des Beatles.C'est sûr,j'allais me régaler.Mais voilà,les choses n'ont pas été aussi simples.

           Sur 412 pages,280 environ m'ont considérablement fatigué.Kim est mort à 50 ans dans un hôtel du Nord norvégien,ce qui fait pas mal de nords et explique que j'ai perdu le mien un bon moment.Kim Karlsen est donc mort,mais il ne se souvient de rien. Non, suivez s'il vous plait.Il faut vous dire que la lecture de Beatles,remontant à trois ans,j'avais oublié que Kim était l'un des quatre membres du groupe rock héros de ce génial roman.Déjà là,je vous aide un peu,bande de veinards.Les deux premiers tiers du livre, Christensen les a voulus ainsi,très oniriques,surréalistes,comme le furent les Beatles de I'm the walrus ou Strawberry fields forever.Alice et Lewis Carroll ne sont pas loin non plus.Plus ahurissant encore,Kim aurait volé un diplôme décerné au cinéma de cettre ville du Nord très nordique,lequel diplôme récompensait la meilleure recette mondiale des entrées du film La mélodie du bonheur.Attention,j'en vois qui ne vont pas finir cet article pourtant limpide.

         Le mode est farfelu,parfaitement hermétique par instants,mais peut-être ai-je dormi un peu.Mais sûrement vous avez mieux à faire,vous ennuierais-je?J'abrège."Arrivé à la moitié du parcours le funambule s'aperçut que le fil n'allait pas plus loin".Cette citation superbe sera ce que j'ai essentiellement retenu des deux premers tiers d'Obsèques.Ne faites pas cette tête d'enterrement, j'ai bientôt terminé.Après ces heures de lectures,hachées menues à raison de trois pages ici,quatre pages là,on en vient aux funérailles,de belles funérailles sous la pluie avec très peu de gens,une ex-épouse,une fille que Kim avait un peu oubliée,un ancien copain gauchiste puis dealer,puis clochard.Et surtout Seb,Olaf et Gunnar les three restant ce ces Fab Four norvégiens,héros du livre Beatles,abondamment cité.Laborieusement retrouvés dans leurs activités de sexagénaires,bien loin de Sergeant Pepper's,bien las,l'un vaguement fonctionnaire archéologue,l'autre prof ayant depuis lontemps perdu ses cheveux,le troisième sourd,qui lutte contre l'obésité.Fringant,tout ça.

        130 pages très belles,de celles,rares,où j'ai l'impression de faire partie d'un bouquin,d'être partie prenante de ce cimetière sous la pluie,tant ces personnages paraissent vivants,tellement humains et pathétiques,auxquels je m'étais déjà pas mal identifié dans Beatles.Il y a des livres dont le tiers valent mieux que cinq tomes entiers d'autres.Obsèques m'a bien sûr inspiré pour Riff ultime, dernière livraison de Des plumes,une histoire d'Olivia. Cessons de persifler,lire Obsèques si on n'a pas lu Beatles, c'est un peu compliqué.Si on l'a lu c'est juste un peu plus simple,pas beaucoup.Mais avec un peu de fantaisie,celle de The fool on the hill,ça vaut le coup.

http://youtu.be/0fEuuxlB3aY  The fool on the hill

24 mars 2013

Ragazzi di Roma

Les garçons

                     Mauro Bolognini et Pier Paolo Pasolini ont collaboré à plusieurs reprises.L'univers pasolinien m'est étranger mais j'avoue très mal le connaître. Bolognini m'est un peu plus proche.Cinéaste parfois précieux,voire chichiteux,il est toujours resté un peu à la marge de ce cinéma italien passionnant.Souvent grave ou cérémonieux,j'ai particulièrement aimé Metello et Le bel Antonio.Ici nous sommes en 1960,à l'époque de La dolce vita mais la Rome de Bolo et Paso (pardon pour ces apocopes) n'est pas celle des noctambules de Via Veneto. Ici,les oiseaux de nuit,Terzieff,Brialy,Interlenghi,jeunes et beaux, pasoliniens mais à l'époque on ne le savait pas,traînent dans les terrains vagues et Les garçons,titre français suggestif pour La notte brava,pourrait être un mix (?) des Vitelloni et des Tricheurs.Mais,bon sang,comme je préfère les "petits veaux" de Fellini,tellement touchants dans leur vacuité et leurs maladresses, à ces voyous un peu demeurés auxquels Pasolini avait peut-être le goût de s'acoquiner.On connait la fin de Pasolini,qu'on dirait tirée de son oeuvre.

Il viaggio

          Mauro Bolognini est architecte de formation,esthète pas si éloigné de Visconti,engagé politiquement à gauche,ce qui,je le rappelle toujours,ne coûte rien,particulièrement dans cette Italie qui se redresse,même si certains se redressent moins que d'autres. Bolognini aime les acteurs et les actrices,à la manière d'un sculpteur.Et les jeunes acteurs de l'époque,juste à l'instant où ils deviennent des stars,plutôt estampillées Nouvelle Vague,le fascinent.Brialy et Terzieff semblent chorégraphiés,icônes félines et assez gouapes pour errer dans cette Rome où l'ombre de Magnani,prostituée vieille école n'est plus,remplacée par des filles plus jeunes et ayant laissé la truculence au vestiaire.Cependant on sent un peu l'artifice de Cinécitta,présence des starlettes Elsa Martinellei,Antonella Lualdi,Rosanna Schiaffino,la Française Mylène Demongeot (B.B déjà trop chère?), qui,finalement ne feront pas beaucoup de bons films.Feu de paille romain.Je crois que Pasolini s'accomode mal de ce jeu,encore trop "studios" et décalé,les comédiens bien qu'excellents étant loin de leurs personnages.C'est la raison pour laquelle Pier Paolo Pasolini fera tout pour être le seul maître d'oeuvre d'Accatone, son premier film en tant que réalisateur,en 1961,déjà quelque peu jusqu'auboutiste, avec des acteurs non professionnels.Certains considéreront ce film comme un ultime avatar du Néoréalisme.Pas moi.

         

           

22 mars 2013

Des mots,une histoire: Riff ultime

              Cueillis par Olivia,toujours vaillante à collecter,les mots suivants: célèbre-attention-redoubler-bovin-apparaître-morceau-rigueur-opinion-force-mollet-notamment-intolérable-souhaiter.

plumedesmotsunehistoire5

             La plage était normande et des hommes,il y a sept décennies y avaient laissé leur peau,avant même de l'avoir foulée vraiment.De cette opération militaire,célèbre entre toutes,Cal Drogo n'avait que faire et sentait plus seul qu'un mutin de Pitcairn dans une intolérable attente en un Pacifique de cauchemar. Pourquoi,suite à ce message sur répondeur,sec et coupant,"Phil est mort,tu es le dernier",pourquoi donc ces sept mots dans la force de leur concision l'avaient-ils à ce point ébranlé? C'était si loin,si vieux,si longtemps, tout ça.Février mordait Juno Beach et pourtant il marchait,à la lisière,le ressac lui cinglait les mollets,et les goélands qui braillaient avaient autant de charme balnéaire que les bovins voisins du Pays d'Auge.

          Ces vacances là,ce devait être en 66,leurs premières libertés,en cyclomoteur bridé.Au golf minature de Houlgate Satisfaction était en train de changer leur vie à tous quatre.Lui,probablement le plus sensible,du moins à sa propre opinion,avait déjà compris l'important.A savoir qu'au moins pour cette génération,elle aurait beau redoubler d'expériences et d'artifices,et les filles les affoler et les meurtrir,et leur jeunesse conquérante se briser dans une chambre d'hôtel,rien,rien jamais ne serait beau comme le groupe rock d'un quatuor de gamins de dix-sept ans,qui en leur splendeur matinale,s'imaginaient apparaître jeunes dieux que l' attention,puis le délire des foules porteraient à l'apogée.

           Certes il n'en avait pas été ainsi.Même le binaire a ses rigueurs qu'ils avaient été bien incapables d'assumer.Non,ils avaient été tragiquement ordinaires,comme tous les autres.Les querelles et les alcools,les jalousies... et leurs vies s'étaient faites miasmes et petitesses.Restaient cependant,jusqu'à ce jour,quelques morceaux de souvenirs,notamment d'épiques vols de 45 tours qui les laissaient hilares autant qu'essoufflés.Et aujourd'hui Phil avait choisi la nuit, rejoignant Syd et Reg.Les yeux vers l'Angleterre, qui avait tant brillé pour eux,l'ancien organiste,seul survivant de Tulsa Train pleurait.Que demeurait-il qu'il puisse souhaiter?

N.B. Je donne rarement une explication à mes textes.Exceptionnellement je dois dire que le grand écrivain norvégien Lars Saabye Christensen est pour beaucoup dans la genèse de ces quelques lignes.De son dernier livre Obsèques je n'ai pourtant aimé que le dernier tiers.J'y reviendrai.

20 mars 2013

Je l'appelle Emma

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            Renoir (1934) et Chabrol (1991) encadrent Minnelli (1949) pour elle,pour Emma,pour cette héroïne littéraire si française et si universelle, Emma dont le prénom m'est si cher,Emma Rouault épouse Bovary,fille d'un paysan normand,sorte de midinette du XIXème Siècle,jusqu'à en mourir.Les trois films,très différents,sont estimables bien que ne rendant pas totalement justice à Emma,ni à Gustave d'ailleurs..Mais quel metteur en scène pourrait croquer la vie de province avec l'acuité de Flaubert?Quel réalisateur aurait le temps de la sévérité de l'auteur à propos de l'inénarrable comice agricole?Un tel roman,et quel roman que Madame Bovary,ne peur qu'exiger des sacrifices.Renoir,Minnelli,Chabrol ont en commun d'être restés modestes.Dans cette affaire même Flaubert s'incline devant Emma.

              Vincente Minnelli,flamboyant parmi les ardents,est on le sait un prince du mélodrame,somme toute genre parfois proche de la comédie musicale à laquelle il consacra aussi plusieurs films.Madame Bovary reste moins intéressant que les somptueux Comme un torrent et Celui par qui le scandale arrive.Mais tout de même,quel beau film! Evidemment le personnage,important,de ce cuistre de pharmacien Homais est banalisé alors qu'il est férocement croqué par Flaubert. Rodolphe Boulanger,prestance de Louis Jourdan,est aussi un peu délaissé.Charles Bovary,ce mari médecin de campagne,a manifestement la sympathie de Vincente Minnelli, honnête homme dépassé.Mais il y a Jennifer Jones,rêveuse et splendide, "fleur poussée sur le fumier" selon Flaubert lui-même (James Mason,peu crédible pour une fois)dans le prologue du film,le procès pour obscénité.De Madame Bovary,j'ai pas mal de souvenirs scolaires, mais,moi,mes souvenirs scolaires de français sont de bons souvenirs.Ils s'amalgament parfois fort bien avec Hollywood quand le maître de céans a les gants de velours d'un Minnelli.

           Le grand Miklos Rozsa,loin de sa Hongrie natale,composa pour le film l'une de ses meilleures musiques.Et,ultime hommage de la part de votre serviteur, piétrissime danseur s'il en fut,Madame Bovary est sur le podium des trois films qui m'ont  donné envie de valser,et ça,croyez-moi,c'est un exploit.Il est vrai que les partenaires pour ces scènes de bal sublimes s'appelaient outre Jennifer Jones, Danielle Darrieux pour Madame de... et Claudia Cardinale pour Le Guépard.

http://youtu.be/51M4sbxfKWc   Madame Bovary,Le bal au château

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17 mars 2013

Célèbre colocation

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                    Etude en rouge est la première aventure de Sherlock Holmes et j'avoue ne plus me souvenir si je l'avais lu déjà. L'exemplaire est d'ailleurs un vieux Livre de Poche,de ceux que j'affectionne beaucoup.Inscrit au multicolore challenge Lire sous la contrainte de  Phildes(d'un livre à l'autre) j'ai vite repensé à Baker Street et à son curieux locataire.A study in scarlet est un des quatre romans mettant en scène Holmes,le reste de ses enquêtes étant réparti entre quelques dizaines de textes plus courts.

              Watson de retour des Indes fait la connaissance de Holmes dans la première partie du livre.On avait oublié que ce dernier avait au départ une formation de chimiste.Convaincu par le test de l'hémoglobine,Watson sympathise avec Holmes et débute ainsi la collaboration d'un des plus célèbres attelages d'enquêteurs de la littérature.Nous voilà donc plongés dans Londres,Londres où rôdent encore pêle-mêle les personnages de Dickens, Jekyll et Hyde, Dorian Gray,voire le peu fictif Jack l'Eventreur.

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             Je pense qu'Etude en rouge porte bien son titre,au sens musical,à savoir essai,ébauche.Les protagonistes n'ont pas encore la complicité des futures investigations.Conan Doyle cherche encore un peu sa formule magique.Mais surtout la construction romanesque d'Etude en rouge nous éloigne de la chère Angleterre pendant toute la deuxième partie,long flash-back sur l'arrivée des Mormons dans l'Ouest américain,pour nous présenter les acteurs du drame victorien qui aura lieu trente ans plus tard.C'est un peu pesant et c'est l'une des raisons qui me font préférer les nouvelles de Conan Doyle à ses romans,exception faite du mythique Chien des Baskerville,peut-être parce que la lande écossaise est délicieusement crimino-graphique.Peu importe,un fanal sur la Tamise, une sordide maison de faubourg,la pluie perlant sur les docks,un air de violon s'échappe du 221 b,Baker Street.Ca y est,vous êtes arrivés.

15 mars 2013

Ella,elle l'a

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                     ...cet indéfinissable charme.L'une des ladies du jazz reprend ici un standard composé dans les années 30 par Fats Waller.Tout le monde,absolument tout le monde du jazz a enregistré une version de Honeysuckle rose.Voici donc Ella à Montreux, accompagnée du fabuleux orchestre de Count Basie.Nul doute qu'avec Ella Fitzgerald et le Count ce chèvrefeuille prospère vraiment du côté ensoleillé de la rue.C'était mon petit tour au jardin virtuel,sous la tonnelle,à boire le vin frais.On peut rêver.Et swinguer.Par contre je n'ai jamais compris comment "chèvrefeuille" se traduisait dans la langue de Shakespeare par "suc de miel".

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Honeysuckle rose  Ella Fitzgerald

  

 

 

12 mars 2013

Hitch's cameos

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            Un tout petit clin d'oeil.Je pense que la plupart d'entre vous connait déjà ce petit montage.C'est un grand classique des quizz cinéma.Mais comme on se pose toujours  la question voilà de quoi satisfaire la curiosité de chacun.La plus étonnante de ces apparitions est sûrement celle de Lifeboat,huis clos sur un canot de sauvetage.

http://youtu.be/OW6Rdiqlg2E  Oscar du meilleur 83ème rôle

9 mars 2013

Sculpteur de maux

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                               Quatre récits composent cette ballade aux trois quarts italienne (d'où le clin d'oeil au Viaggio de  http://chezmarketmarcel.blogspot.fr/ ) de Laurent Gaudé,un des auteurs français que j'apprécie. Cette phrase,je l'ai écrite après avoir lu trois de ces textes.Maintenant que j'ai lu le quatrième je n'hésite pas à ranger Gaudé au firmament des écrivains français actuels.La mort accompagne les héros des ces histoires,elle leur tient la main,au long des fleuves de ténèbres et de boue,omniprésente annonciatrice des charniers hors du temps.Le style de Gaudé est toujours si riche,en hommes et en dieux et en diables.Cet auteur là est lui-même de glaise et de sang,et comme ça se sent dans ses livres, particulièrement dans ce somptueux carré,que je n'ose qualifier de nouvelles,terme parfois un peu précieux et alambiqué,bien à tort d'ailleurs.

                     Les oliviers du Négus,c'est l'Italie sinistrée après l'Ethiopie,une Sicile mortifiée qui semble ignorer le Prince Salinas,ce guépard éclairé,bien que nous soyons maintenant dans l'Entre Deux Guerres.Le catafalque de la cathédrale de Palerme,le roi des Deux Siciles,Frédéric II,Zio Négus le vétéran d'Abyssinie et le narrateur nous plongent aux arcanes de cette terre,toute de pierre et de lumière, baignée de tant d'obscur.L'écriture,je n'y reviens pas,elle est magnifique.

                     Le bâtard du bout du monde nous ramène plus au Nord,quand Rome commençait à se gangréner et dont ce centurion honnête et rude préfigure l'agonie.Lucius,retour d'une lointaine et froide Calédonie,l'Ecosse,le mur d'Hadrien, presque à lui seul, endosse les malheurs de l'empire romain.Au contact des Barbares,l'homme s'est endurci sur les chemins boueux de Germanie et de Gaule.Lucius a tué,beaucoup, et ce fils de personne,né dans la poussière des quartiers populaires parmi les chiens faméliques et les esclaves,de retour sur l'Aventin,clame son amour pour sa ville,Rome,lascive et putassière.Ses larmes scelleront le sac de Rome. Quarante pages,un Tibre de passion,de terre et de douleur.

Il viaggio

                  Je finirai à terre nous transporte dans la France de 1914,qui s'y connaissait en boue et en douleur,dans l'Artois voisin de ma Picardie. La violence ne le cède en rien à Rome et Laurent Gaudé revisite en quelque sorte le mythe du Golem, né, je pense, en Mitteleuropa.Gaston Brache,soldat,comprend que la terre de France,meurtrie et mutilée,a créé un sur-être de glaise et de feuilles, destiné à punir les hommes,ces matricides.

            J'ai écrit ici-même à propos de la Mafia qu'aucun roman ne lui rendait,si j'ose dire,justice.Car le sujet est fort.C'est fait. Vingt-quatre pages de Tombeau pour Palerme,et c'est le plus beau texte que j'aie lu sur l'hydre assassine.Nous accompagnons pendant quelque temps un juge anti-mafia qui tient en personne le sinistre compte à rebours le séparant de sa propre exécution.On comprend que c'est Paolo Borselino qui narre la chronique de sa mort annoncée.Carlo Alberto Dalla Chiesa,Giovanni Falcone y sont nommément cités.D'autres aussi...Dédié par l'auteur "Aux seuls véritables hommes et femmes d'honneur de Sicile", ce récit est splendide de retenue et d'une ampleur inouie.

7 mars 2013

Harry dans tous ses états

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                        Grand succès actuel ce livre n'est pas un très grand livre.Mais il a une qualité non négligeable, il se lit avec un vrai plaisir simple,celui de se confronter à une embrouille policière efficace.Habilement construit,ce pavé de 650 pages nous emmène en Nouvelle-Angleterre et veut mêler adroitement et à sabots pas toujours d'une exemplaire finesse,le vertige de l'écriture,le roman dans le roman,la sociologie d'une petite ville du New Hampshire,les rebondissements abracadabrants. Marcus Goldman,écrivain est amené à enquêter sur son mentor Harry Quebert,écrivain lui aussi mais sec depuis 33 ans,depuis la disparition de Nola, quinze ans.Nola dont on vient de retrouver le corps dans le jardin d'Harry.Joël Dicker joue sur différents tableaux avec plusieurs coupables possibles,base de tout polar,mais aussi avec une variation sur l'acte d'écrire,pas mal fichue d'ailleurs.Ce qui fait qu'à la fin on ne sait plus très bien qui a écrit quoi.Mais c'est bien troussé,d'un abord très aisé malgré les drames.Il me semble toutefois que l'Académie Française a été un peu généreuse en couronnant La vérité sur l'affaire Harry Quebert.Pour le Goncourt des Lycéens on comprend mieux.N'ont-ils pas l'âge de la victime?C'est donc à double titre que ce roman rejoint le sympathique challenge de Laure(Ma danse du monde)

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         Pourquoi ce roman a-t-il rencontré une telle audience?Et pourquoi les détracteurs sont-ils montés au créneau?A mon avis ce livre remplit son rôle presque à l'excès,la roublardise de l'auteur,ou son savoir-faire,c'est selon,permettant à tous les lecteurs de traverser ce récit au galop.Pourtant il ne manque pas d'une certaine complexité,avec de nombreux retours et une constante oscillation entre Quebert et Goldman,le suspect et l'enquêteur,tous deux aptes à bâtir des histoires puisqu'écrivains. "Un bon livre, Marcus, est un livre que l'on regrette d'avoir terminé".On peut voir les choses comme ça.De toute façon il n'y a pas de mal à se faire du bien et les lecteurs plutôt satisfaits,j'en suis,oublieront vite cet ouvrage agréable et sans séquelles.

      Polémique puisque polémique il y a eu.Certains critiques,non des moindres,Nouvel Obs. par exemple,et d'autres,ont cru voir dans La vérité...  l'ombre de Philip Roth.C'est faire beaucoup de place médiatique à Joël Dicker,bon faiseur.Comme souvent je pense qu'il n'y a ni excès d'honneur ni indignité dans ce livre.Pourquoi Roth,le maître absolu de l'écriture nord-américaine,version Est?Parce que,dixit Obs.,l'affaire se passe dans une petite ville universitaire de la côte atlantique.Parce que Quebert est un intello,prof de fac,soupçonné,comme tout le monde ou presque,d'obsessions sexuelles.Parce que comme Philip Roth,il fait partie de la longue lignée de l'écriture juive de Nouvelle-Angleterre.Parce que la transmission des générations y tient une grande place,le relais Harry-Marcus. Tout ceci est à mon avis sans intérêt.Plus sévère,mais plus juste,l'accusation d'easy reading,péjorative mais qui m'a semblé évidente, un peu comme l'easy listening,courant musical un peu simpliste,mais pas forcément bouillie musicale dans l'ascenseur.En conclusion,lisez "quand même" La vérité...On a tous ses faiblesses.Et surtout,qui de nous est toujours un aigle?

Deux autres avis parmi les très nombreux sur les blogs:

http://touteseule.over-blog.com/article-dicker-joel-la-verite-sur-l-affaire-harry-quebert-115940850.html

http://meslectures.wordpress.com/2013/01/06/la-verite-sur-laffaire-harry-quebert-joel-dicker/

4 mars 2013

Rome n'est plus dans Rome

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                  Toujours très attiré par l'Italie je me suis régalé avec Prison avec piscine,premier roman traduit en France de Luigi Carletti.J'ai titré Rome n'est plus dans Rome pour deux raisons.Un,pour frimer et faire croire que j'ai lu la pièce de théâtre de Gabriel Marcel intitulée ainsi.Deux,plus sérieusement,parce que ce roman se déroule en fait en vase clos,dans une luxueuse résidence bunkerisée où un petit monde de privilégiés vit à l'aise,et rythmé à la belle saison par la piscine,principale distraction,très sécurisée comme il se doit.Bien qu'il y ait dans ce roman un hommage manifeste à la comédie italienne de ce cher cinéma on ne verra pas du tout les Gente di Roma,pour citer le beau document d'Ettore Scola.Aucune trattoria,pas de scooter,ni de soutane,mais une délicieuse intrigue,vaguement policière qui redistribue les cartes classiques,mafia,intellos,services secrets,gens de maison.Tout cela version 2012,Internet et tutti quanti.

brodetto

                      Filippo,universitaire en fauteuil roulant,et son factotum Isidro,Péruvien stylé,voient arriver dans la Villa Magnolia,un nouveau résident,le dos couturé de trois cicatrices horribles.Qui est cet homme?Et comment en si peu de temps prend-il une telle importance dans le quotidien bien huilé des habitants? Ange exterminateur? Théorème pasolinien? Deus ex machina? Toujours est-il que l'avocat sicilien,le maître-nageur, les vieilles dames très dignes,chacun tombe sous le charme de l'Ingeniore.Enjôleur,son passé apparait vite trouble,trouble mais délicieusement dangereux pour pimenter l'existence morne et chlorée de cet espace aseptisé comme le bassin.Non,on ne trouvera pas de cadavre dans la piscine.Mais rassurez-vous,cadavres il y aura.Et plaisir aussi,de lire 250 pages très rapidement, entre la farce romaine et le dossier secret défense.Et puis côté cuisine,vous vous régalerez de brodetto de l'Adriatique car l'homme,s'il a ses mystères,est ouvertement cordon bleu.Buon appetito!E grazie Nathalie per Il Viaggio!

Il viaggio

2 mars 2013

Les plumes...by Asphodèle: L'appel du New Hampshire

            Chez Asphodèle,maîtresse de céans que je remercie encore pour son sens de l'organisation,nous planchons cette semaine sur les mots suivants: liberté-fusée-nature-étoile-respiration-steppe-vital-étendue-océan-voiture-majestueux-claustrophobie-galaxie-infini-atmosphère-cosmos-euphorie-évidemment-éclipser.

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                Je pars.C'est décidé,c'est probablement folie,mais un jour l'homme doit se conformer à ses voeux de jeunesse.Perdue,la jeunesse.Le temps nous est chichement imparti et la Nouvelle-Angleterre me manque.Trop de romans encombrent mes cellules,je dois impérativement,sous peine d'auto-dégoût,en finir avec celui de mon existence,et là bas,cet Atlantique là,qui n'est plus le nôtre, amplifiera ma respiration,ce sentiment d'un Ouest qui s'enoriente en un autre continent et regarde vers la vieille Europe,mater dolorosa, cette marche à l'étoile longtemps remise aux calendes grecques,il faut enfin m'y confronter.Ne vous leurrez pas sur ma lucidité,elle est totale,mais ici le minimum vital ne m'est plus acquis.La Côte Est d'un pays de l'Ouest me semble tout indiquée pour m'éclipser et là-bas il y a Nantucket,les souvenirs des baleiniers et l'omniprésente Moby Dick,un rêve de départ.Des oiseaux apeurés, néanmoins effrayants,m'y attendent,lisière de l'océan,à tire d'aile ils sillonnent les étendues saumâtres,la liberté d'un Jonathan Livingstone les berçant et m'enivrant.

            L'euphorie m'est étrangère et m'a toujours ignoré.Aucun alcool,aucun regard de femme n'a jamais été de nature à briser mon scepticisme.Aucune naissance non plus.Evidemment j'ai navigué comme tout un chacun,méandres et chausse-trappes furent notre lot à tous.Nulle originalité dans ma démarche hésitante et ce n'est pas majestueux que j'avance,loin de là,tout au sentiment d'impéritie d'un voyageur égaré dans une steppe asiate.Pourtant c'est adoubé que je cingle sur des flots presque infinis,l'écuyer a cessé depuis lontemps d'être un jouvenceau,et je me sens prêt à chevaucher le cosmos,mêlant dans une princière galaxie imaginaire et quotidien.Aux rêves fous de l'âge tendre,aux violences adolescentes,succèdent les atmosphères de mélancolie de l'automne qui sera donc entre Montagnes Blanches et Cape Cod,à déclamer Thoreau,à chanter les rubans de voitures du New Jersey Turnpike de Paul Simon.A considérer sternes et albatros,fusées maritimes au vol meurtrier de toute claustrophobie.Si j'osais.

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