Ce Roman des Temps Révolutionnaires(c'est le sous-titre du livre) est un bouquin délicieux,iconoclaste et dynamite allégrément les clichés sur la Révolution Française.Le héros,très modeste aristo mayennais,Lazare de Kervignac,va se trouver mêlé aux complots royalistes et nous faire pénétrer les arcanes des différents comités où pérorent les singes hurleurs et les bouffons,les marionnettes,les agents doubles, triples,quadruples,les maquereaux, les défroqués,et toute une faune de personnages bêtes,méchants,vicieux comme les révolutions en accueillent souvent.En effet une révolution a le mérite de mettre une société sens dessus dessous,ce qui a l'avantage de permettre aux imbéciles de se croire des aigles,aux minables de se sentir pousser des ailes,aux opportunistes de faire leur boulot d'opportunistes.
Les Bouffons est rempli d'un humour qui s'immisce jusque dans les scènes cruelles qui sont légion on s'en doute en cet univers de carmagnoles et de raccourcissement express.J'ai toujours été étonné par la vitesse d'exécution(c'est le cas de le dire) de cette époque bénie où l'on pouvait dénoncer son voisin pour lui piquer sa maison ou sa femme,quitte à se retrouver soi-même dans les bras de Sanson pour une ultime et courte escalade.Songez que Robespierre ne survécut que quelques semaines à Danton qu'il avait envoyé ad patres.
Vous aurez compris qu'Hubert Monteilhet est un très alerte conteur et qu'on apprend dans la bonne humeur une belle tranche d'Histoire de France. Ripaille, tripaille, pagaille, canaille dans les rues de Paris débaptisées pour la plupart dans un ridiculissime engouement pour cette trilogie rarement aussi peu respectée Liberté-Egalité-Fraternité.Utopies proches de la démence,vices s'érigeant en vertus,sanglante lanterne sur la place...Un régal...