La poésie du jeudi, Anatole France

 

                                       Extrait du recueil Poèmes dorés,un sonnet de facture très classique. Triste sort de ce gallinacé. Dans ce même ouvrage plutôt bucolique, Les cerfs, Les sapins,Le chêne abandonné.

La perdrix

Hélas ! celle qui, jeune en la belle saison,

Causa dans les blés verts une ardente querelle

Et suivit le vainqueur ensanglanté pour elle,

La compagne au bon cœur qui bâtit la maison

Et nourrit les petits aux jours de la moisson,

Vois : les chiens ont forcé sa retraite infidèle.

C'est en vain qu'elle fuit dans l'air à tire-d'aile,

Le plomb fait dans sa chair passer le grand frisson.

Son sang pur de couveuse à la chaleur divine

Sur son corps déchiré mouille sa plume fine.

Elle tournoie et tombe entre les joncs épais.

Dans les joncs, à l'abri de l'épagneul qui flaire,

Triste, s'enveloppant de silence et de paix,

Ayant fini d'aimer, elle meurt sans colère.

Anatole France (1844-1924, Poèmes dorés)

Comments

[monesille]

Quelle perfection dans les mots pour amener l'émotion, c'est magiquement triste !

[claudialucia]

Anatole poère? Je ne connais pas! ET en tant que romancier, je me demande si ces romans lus quand j'étais au lycée, tiennent encore le coup?

[Valentyne]

Je ne peux que renchérir : que c'est triste ...

À l'inverse de Soène, en cocotte j'aime :-)

[Soene]

Je préfère les histoires d'animaux de La Fontaine, Edualc :wink:

En plus, je n'aime pas le gibier :roll:

Pauvres volailles, tout de même, elles finiront en cocotte à Noël...

Bonne fin de semaine et gros bisous

[celestine T]

C'est étrange, et excessivement rare mais cette fois je ne flashe pas. Aucune émotion. J'ai relu plusieurs fois. Non, décidément. Anatole, il me désole. ;-)

(mais toi je t'aime hein, ça n'a rien à voir !)

[Syl.]

Bouh ! c'est triste ! Je lirai ce poème à mon chasseur de voisin !

Les Conteuses

[Asphodèle]

Ho ! Je n'ai pas lu Anatole France depuis le lycée (au moins^^) ! Pauvre perdrix... qui a oeuvré tout l'été pour mourir tragiquement ! ;)

[Dominique]

Vrai que l'on ne pense pas à lui comme poète

[Nadael]

Triste et beau.