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6 octobre 2012

Un quotidien platounet

audu

           Ce Journal du Missouri peut se lire comme un document,un témoignage.En aucun cas comme un roman et encore moins comme une oeuvre littéraire.J'ai déjà évoqué Audubon et ses célébrissimes planches ornithologiques,somptueuses et rêveuses.1843, Audubon et ses collaborateurs remontent le Missouri sur un bateau de trappeur,s'enfonçant vers l'Ouest en territoire indien.Audubon rapporte des faits,des descriptions,des chiffres surtout.Et,honnêtement,l'on s'ennuie assez vite,tout en replaçant ce récit dans son contexte historique qui considérait les animaux comme de la viande et les Indiens à peine mieux.Après ses Oiseaux d'Amérique le naturaliste dessinateur veut créer un équivalent qui s'appellerait Les quadrupèdes vivipares d'Amérique et pour cela il faut, toujours plus avant,pénétrer le "Wilderness".

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              Depuis toujours passionné par l'histoire de l'Ouest j'eusse aimé écrire un billet enthousiaste et ébloui mais,et Michel Le Bris l'indique dans sa préface,les hommes ne sont que ce qu'ils sont.Et Audubon et ses hommes ne sont pas particulièrement fréquentables du moins à l'aune de notre  XXIème Siècle.Il décrit certes assez bien le fleuve,les bancs de  sable,le périple jusqu'à la Yellowstone River en un voyage laborieux et cahotique.Une obsession,dessiner comme on dégaine,vite et beaucoup et comme on ne connaît pas la photo,dessiner c'est tuer.Je devrais dire c'est massacrer.A chaque page,je n'exagère pas,l'un ou l'autre tire et tue,et tout y passe.Du bison qu'ils disent pourtant déjà en voie de diminution au chien de prairie,du canard au bighorn,sorte de mouflon,de l'écureuil au wapiti.C'est lassant et l'intérêt s'émousse assez vite.N'étant pas un auteur Audubon est très répétitif et on se doute que l'écologie n'est guère la préoccupation de ces voyageurs.Les loups sont par exemple une quinzaine de fois appelés brigands, gredins ,scélérats. Allégrément décimés pour leur peau que souvent d'ailleurs on laisse sur place quand l'animal est maigre.Bien connus ils n'ont pourtant nul besoin d'être croqués par un crayon quelconque.Des centaines de bisons abattus dont on ne prélève que les meilleurs morceaux,on n'a pas attendu Buffalo Bill.

            Bien que rattaché au beau challenge Challenge Red Power de Folfaerie et ses lectures au coin du feu il me faut bien convenir que les Red n'ont ici plus beaucoup de power.Concernant les Indiens un western classique sera encore un plaidoyer par rapport aux termes dont les affuble Audubon. Crasseux et mendigots sont les épithètes les plus courants pour les définir.Vous ne trouverez dans Journal du Missouri aucun chef charismatique,aucun guerrier de noble allure,aucun grand chasseur de surcroît.La plupart,tels des charognards,se contenteraient même des restes de gibier laissés sur place par les conquérants.Avouez que c'est un comble.Ce n'est malgré tout pas le plus grave car il faut toujours resituer.Non,le plus grave c'est que je n'ai senti ni souffle, ni lyre, ni poésie des grands espaces.Ce voyage ne fera pas partie de mes grands souvenirs d'aventures aux livres.Le contraire des ouvrages dont parle Dominique dans sa trilogie Equipée sauvage Une confidence:je n'ai lu Journal du Missouri que parce qu'aucun des récits de sa sélection n'était disponible.

    Pour Audubon,si peu écrivain, revenons-en aux fondamentaux,ceux de l'impérial peintre des oiseaux.J'peux vraiment pas les voir en peinture(8)

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26 octobre 2011

Ca devrait plaire à l'ami D&D

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   J'ai foncé là dedans tête baissée comme le monument lisboète de Belem que les gens de là-bas appellent,je crois,Poussez pas derrière.D&D tu confirmes ou tu infirmes,d'accord?On m'a prêté ce livre sachant mon goût pour les histoires et les légendes de ces voyageurs,ceux qui ont fait bouger les lignes.Erik Orsenna lui-même navigateur est fou de cartes géographiques.Moi aussi.D'ailleurs mon voyage dans les villes américaines au son du  bluesfolkrock n'est-il pas une carte en soi?Et puis un écrivain qui tire son pseudo du mythique Rivage des Syrtes de Gracq ça a de la gueule,non?Surtout Erik avec un k comme un Viking,de grands dékouvreurs aussi ceux-là.

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     Le récit-roman d'Orsenna m'a absolument emballé.Je l'ai dégusté comme une épice du Nouveau Monde, comme une brise salée de Caraïbe.A travers les souvenirs de Bartolomé Colomb,frère de qui vous savez,j'ai vécu les délices d'un chemin pointillé sur un portulan,enivré de l'alchimie entre le savoir et l'action.C'est qu'Erik Orsenna est très joueur tant sur les mots que sur les flots.Il a l'étymologie vagabonde et ce n'est pas pour me déplaire.Ainsi "Ante illia", île du devant,a par exemple donné Antilles.Bartolomé conte à un frère dominicain sa version du départ de Christophe,de ses démélés avec les experts qui aboutissent à l'abandon du Portugal et à son départ pour l'Espagne.Amoureux des îles en général et plus encore de leur représentation cartographique nous tombons sous le charme des ces évocations,qu'elles soient espagnoles ou irlandaises.

    Outre qu'elle finirait presque par me réconcilier avec les mathématiques tant la danse des nombres est enlevée (des histoires d'angles,de degrés,de triangles,très colorées),cette poésie du port et de l'attente n'oublie pas les femmes,veuves en puissance à attendre sur un quai,ou prostituées du voyage car le plus vieux métier du monde est aussi en partance pour cette route des Indes d'hypothèse.J'ignorais que ces trois fameuses caravelles faisaient d'ailleurs référence à cette activité.Le vrai nom de la Santa Maria était Marie-Galante.La Pinta signifie la Fardée.Et la Nina la Fille.Fourmillant d'anecdotes drôles et délurées L'Entreprise des Indes est une merveille de dépaysement passant du chapitre curiosité au chapitre fièvre puis au chapitre cruauté.Car l'histoire des voyages c'est bien ça,on s'interroge,on s'enflamme,et souvent on brûle.Et Orsenna n'ignore pas la frénésie du métal jaune et la symphonie des massacres qui suivirent cette immense aventure.Pas plus qu'il n'ignore que le grand départ de Palos coïncida avec l'ultimatum fait aux Juifs de quitter le royaume d'Espagne.

   Dominique qui aime pourtant sauts et gambades ne partage pas tout à fait mon enthousiasme:  http://asautsetagambades.hautetfort.com/search/orsenna

13 août 2011

Ce cher Saturnin

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   Saturnin Farandoul revient de loin.Quelques bloggers dont l'excellent  Flaneries ciné m'ont conduit à le repêcher in extremis et à me régaler de la simplicité et de l'imagination de ce cinéma de l'aube.Adapté des aventures écrites par Albert Robida, écrivain que j'ignorais et qui est pourtant né dans la ville de mes années de lycée,Compiègne,ce long métrage a été restauré de façon très convaincante. Saturnin Farandoul rescapé d'un naufrage a vécu sur l'Ile aux Singes qui l'ont éduqué mais il lui faut d'autres espaces.

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  On retrouve donc les inénarrables exploits de Saturnin en lutte contre un savant mi Tournesol,mi Mabuse,puis en quête de l'éléphant blanc sacré du roi de Siam,en héros de western à la poursuite d'un gangster nommé...Phileas Fogg.Tout comme si Robida avait un compte à régler avec Jules Verne.A l'heure ou le cinéma tourne à mon avis au barnum d'attractions foraines assommantes,prouvant que Méliès avait finalement vu juste, autant retrouver le spectaculaire d'antan,bon enfant et digne de la lanterne magique. Arte propose régulièrement une redécouverte de muets oubliés.Bonne idée.Les aventures extraordinaires de Saturnin Farandoul date de 1913,signé Marcel Fabre et Luigi Maggi.Il est "quasiment" en couleurs.

 

9 avril 2011

Long cours

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                   Les dames de nage  sont ces encoches sur une embarcation et c'est avec poigne qu'on les saisit dans ce très beau roman de Bernard Giraudeau.Les critiques avaient été excellentes et je les partage en bonne part.Ces pages sont d'un vrai auteur qui nous convie à son univers duquel on sort en ayant mieux compris cet homme aux semelles légères,en partance comme l'y destinait sûrement le port de La Rochelle tout Ouest dehors.Quelques dames de sa vie  traversent le livre comme des sillages marins sur les océans d'un globe terrestre,un de ces globes dont je rêvais enfant.Nulle exclusive géographique chez Giraudeau,de son premier amour d'adolescence en Charente au si douloureux travesti des bas-fonds chiliens en passant par Jo la soignante des bords de Niger.Rimbaud bien sûr mais aussi Loti et Artaud ont droit de citation d'Atacama aux Philippines.Giraudeau a fait là un très beau texte nuage et zéphyr,Gulf-Stream et désert. Cède-t-il un peu à une fascination du sordide?Peut-être ne doit-on pas le dire.Mais le voyage, quoiqu'il en soit,tout d'énergie et d'affections,reste emballant.

          Qu'il me soit permis d'écrire que malgré ses fulgurances planétaires à la Corto Maltese,malgré ses amis tragiques, Giraudeau m'a plus bouleversé encore parlant de Marguerite,voisine d'immeuble qui s'appelle en fait Irina,fragile vieille dame émigrée russe.A qui il n'a fait que sourire en rangeant sa moto sous sa fenêtre en indiquant de ses doigts la durée de son prochain voyage.Et quand il tient  la main de  sa vieille maman presque aveugle,sur un banc rochelais.

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