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BLOGART(LA COMTESSE)

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18 juillet 2011

Engagez-vous,qu'ils disaient

49e_parallele_Edition_Collector_2_DVD_inclus_1_livret_de_50_pages_   

      Un film de propagande peut être une totale réussite.Octobre ou Naissance d'une nation ont fait leurs preuves.Le 49e parallèle sépare le Canada des Etats-Unis.En 1940 Michael Powell et les Hongrois exilés Alexandre Korda et Emeric Pressburger décident de mettre en chantier un film d'aventures à l'objectif sans détour: influencer l'opinion publique américaine pour convaincre le pays d'entrer en guerre.Le film bénéficie d'un budget confortable et de deux stars de l'époque,Leslie Howard d' Autant en emporte le vent et Laurence Olivier.Le Ministère de la Guerre est partie prenante.Un peu de remise en place:le Canada est en guerre, Commonwealth oblige,mais pas les Etas-Unis,Pearl Harbour n'étant qu'une base inconnue du monde. Le propos est parfaitement belliciste et limpide.

    49e parallèle,au titre premier plus clair encore,The invaders,se révèle un excellent film d'action,en grande partie tourné sur place et qui fonctionne comme une suite de quatre sketches présentant des personnages éloignés du conflit qui vont prendre conscience que ce qui se passe en Europe ne peut les laisser neutres.Laurence Olivier en trappeur québecois,Anton Walbrook en chef d'une église hutterite dont la plupart des disciples sont d'origine allemande,Leslie Howard en peintre cubiste détaché de tout,et Raymond Massey en soldat,tous vont tour à tour avoir affaire aux six,puis cinq,puis quatre,etc... membres d'un commando nazi rescapés d'un U-Boot détruit,qui traversent le Canada comme l'avant-garde de la puissance hitlérienne.

    Tourné avec des autochtones et malgré le parfait anglais du groupuscule nazi on se prend au jeu. Curieusement le personnage principal,que l'on voit le plus,est bel et bien l'officier allemand pur jus même si cela ne va pas jusqu'à une quelconque empathie qui eût été contraire à la thèse guerrière du film.Les auteurs ont cependant un peu adouci le propos,l'un des six fuyards étant un brave type.Convention du cinéma d'aventure oblige.

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15 juillet 2011

Beau roman de boue

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       Ce beau livre mérite de figurer parmi les grands classiques historiques sur la Grande Guerre,écrits par ceux qui l'ont faite, Barbusse, Genevoix, Dorgelès, Junger, Remarque, Hemingway ,Manning.Et pourtant Un long long chemin a été écrit il y a quelques années seulement par Sebastian Barry,auteur irlandais né en 1955.Willie Dunne,fils de policier,s'engage dans les volontaires pour le front de Flandre et Picardie.Jeune et naïf,amoureux transi,catholique de tradition,Willie se verra broyé comme bien des jeunes gens de tous horizons par l'effroyable logique,inaltérable entreprise de destruction massive que fut le conflit.La vie dans les tranchées en ces années de fange,Sebastian Barry s'y entend parfaitement à nous la faire partager, version irlandaise alors même qu'à Dublin d'autres jeunes gens tombent lors des Pâques Sanglantes de 1916,plongeant la verte Erin dans des décennies fratricides.Plus que meurtri par la guerre chimique qui vient de faire son apparition Willie l'est au moins autant par la canonnière sur la Liffey et les maisons dublinoises bombardées.

   Un long long chemin ne laisse pas trop de place à la truculence,ni à la musique,un peu plus à Dieu et au catholicisme avec un beau Père Buckley,aumônier à l'écoute déchiqueté lui aussi.Brutal et sanglant ce chemin ne nous épargne ni la tripaille ni la trouille de ces gamins perdus.Et puis parfois une fleur des champs,un oiseau tenace ouvrent une toute petite fenêtre,un peu d'oxygène déchire l'ypérite.C'est un très bel ouvrage sur la guerre des hommes et leur folie,ce temps pourri où les meilleurs sont capables des pires exactions.Ce temps aussi où après la guerre la renaissance est douloureuse,infiniment.Willie aura au moins appris à lire Dostoievski qu'un soldat anglais,Timmy,lui a fait découvrir.Il aura aussi appris que son père,policier légaliste,ne verra plus jamais les choses comme son fils.Toujours très au fait de la littérature de ce coin d'Ouest l'ami morbihannais Yvon nous en a parlé bien avant moi.BARRY Sebastian / Un long long chemin

13 juillet 2011

Géographie: Cedar Rapids, Iowa

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http://www.deezer.com/listen-5773118      St Clarie of Cedar Rapids  The Hangdogs        

   Joli nom que Cedar Rapids,d'après la rivière du même nom.Deuxième ville de l'Iowa Cedar Rapids,comme toutes les villes U.S.,porte un surnom;"la ville des cinq saisons".Une magnifique sculpture moderne la représente au centre de la ville.Bon garçon j'ai décidé de vous l'épargner.Après tout,moi c'est mon idée ce tour d'Amérique,mais vous n'êtes pas obligé de subir systématiquement un moche monument de là-bas.

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     Par contre certains aimeront peut-être The Hangdogs et St Clarie of Cedar Rapids,de l'indie folk-rock (?).Totalement inconnus de mon service de documentation,pourtant pléthorique.Au fait,attention au chien,vous entrez dans ce blog à vos risques et périls.

Road to roots,en gros entre   

metal_sign_the_mother_road_route_66_silver   et   dirt_road_blues_poster

   Abilene,Albuquerque,Asbury Park,Atlanta,Atlantic City, Austin, Bakersfield, Baltimore,Baton Rouge, Berkeley, Birmingham, Brooklyn,Cedar Rapids, Cheyenne, Chicago, Cincinnati, Cleveland, Dallas, Denver, Folsom, Galveston, Jacksonville, Kansas City,  Knoxville,Laredo,Las Vegas,Los Angeles, Memphis, Mendocino,Miami,Milwaukee, Mobile, Muscle Shoals, Muskogee, Nantucket, Nashville,New Orleans, Oakland, Omaha, Philadelphie, Phoenix, Pittsburgh, Portland, Rapid City,Reno,Saint Louis,San Antonio,San Bernardino,San Jose, Santa Fe, Statesboro, Tallahassee, Texarkana, Tucson,Tulsa, Washington, Wichita, Youngstown.

10 juillet 2011

Ma vie sans....Leopard-skin pill-box hat

 leopard_skin_pill_box_hat 

          John Mellencamp reprend cette chanson au titre mystérieux dans l'album anniversaire dont nous avons déjà parlé.Leopard-skin pill-box hat appartient à Blonde on blonde,majeur parmi les majeurs dans la discographie dylanienne.Me penchant pour la première fois sur les paroles je crois que c'est surtout une page d'humour où les prétendants de la belle s'intéressent à son curieux Chapeau en forme de boîte à pilules recouvert de peau de léopard.

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    Musicalement cette chanson est très proche de Rainy day women # 12 & 35 que cette rubrique a présentée par Tom Petty.Dylan s'est parfois autoplagié mais cette phrase sent le pléonasme.

http://www.deezer.com/listen-1014701 Leopard-skin pill-box hat   John Mellencamp

10 juillet 2011

Le Tage fatal

les_mysteres_de_lisbonne650x300   

   Feuilletons,feuilletons,quelles merveilles!J'ignorais Camilo Castelo Branco.Et Raoul Ruiz adaptant Proust ou Giono m'avait pas mal ennuyé.Mais j'ai promis à D&D et ses 25 images qui s'occupe de ma lusophonie pas  assez galopante selon lui mon avis sur Les mystères de Lisbonne,vu dans sa version télé.


Mystères de Lisbonne Bande-annonce 1

       Ruiz et son scénariste Carlos Saboga ont véritablement osé le feuilleton.En France on pense à Hugo,Dumas ,Eugène Sue.Au Portugal je crois que leur contemporain Castelo Branco est très connu et comme toujours quand j'ignore je me renseigne un peu.Auteur de plus de 250 livres Camilo Castelo Branco a vécu lui même le mélo et le feuilleton. Fils naturel d'un noble et d'une paysanne,orphelin assez jeune il a connu la prison et a fini par se suicider.C'est avec délices que je me suis plongé dans ces cinq heures pour une cinquantaine d'années avec retours dans le passé, métamorphoses, duels et retraits au couvent.Du classique,infiniment respecté par le rythme,  l'éclairage et la musique.Avec comme il se doit un personnage pivot,le Père Diniz,qui bien sûr n'a pas toujours été le Père Diniz.

      Il faut pour s'immerger dans ce rocambolesque une disponibilité matérielle et psychologique,surtout pour une oeuvre totalement inconnue car si j'ai fréquenté pas mal Hugo,Dumas et Balzac,me familiarisant ainsi avec Dantès,Vautrin ou Thénardier et leurs multiples avatars,je ne connaissais pas cette histoire.J'ai eu un peu de mal à identifier chaque personnage et leurs changements d'identité. Inconvénient classique du genre roman-feuilleton mais qui se transforme en avantage tant on brode un peu sa propre saga au long du film.

        Cela dit beaucoup de belles scènes truffent le film.Les couvents me paraissent décidément très cinégéniques et la noirceur des scènes de parloir étoffe paradoxalement les scènes de palais.Deux compères,Mange-couteau et le gitan négocient la vie d'un orphelin et se retrouveront des années plus tard en d'autres lieux et autre tenues.Des amours ancillaires,des captations d'héritages,des mariages arrangés,tous les ingrédients du serial (même si on n'appelait pas ça ainsi au XIXème Siècle),des complications qui font qu'on est à peu près sûr de passer à côté de certaines intrigues plus marginales,tout cela fait de nous un complice,un séide, un reître à la solde de la littérature,abusé et heureux de l'être par l'imagination de l'auteur et les splendeurs de l'adaptation.Car la mise en scène est de toute beauté et mériterait une  seconde vision.Et s'il nous faut nous attacher c'est bien sûr au Père Diniz,figure du prêtre éclairé détenteur de vérités,ayant déjà vécu deux ou trois vies,dont l'ambiguité ne sera jamais tout à fait levée.De la haute littérature sûrement (j'essaierai de trouver le temps de lire Castelo Branco,c'est un peu un luxe de Chronos) et du grand ciné qui,Atlantique oblige,nous envoie comme il se doit jusqu'au Brésil en ce siècle passionnant et somme toute pas si éloigné.

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7 juillet 2011

Si vous aviez tort Mr. Mankell

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  Je m'étais promis de ne plus trop fréquenter les fameux polars nordiques.Mais je tenais à voir comment Henning Mankell se débarrassait de Kurt Wallander.Mankell est le plus connu,voire le premier à nous avoir intéressé aux noirceurs de là-haut,loin du Bronx et du Quai des Orfèvres.Et je pense qu'il est le meilleur écrivain en ce genre et cette région du globe,qui dépasse d'ailleurs de loin le genre.J'avais lu ses entretiens où il affirmait ne plus avoir envie de vivre davantage avec sa créature comme Conan Doyle par exemple.On sait ce qu'il advint de ce dernier qui finit par ressusciter Holmes.

  Rien de comparable ici,Henning Mankell est aussi dramaturge et a beaucoup écrit "off" Wallander.Des livres que je n'ai pas lus.J'ai lu par contre la moitié des enquêtes du commissaire d'Ystad.Il me semble que L'homme inquiet,l'utime épisode est un grand bouquin.Si l'enquête en soi n'est pas bouleversante elle nous ramène fort à propos sur les années de Guerre Froide,les sous-marins en Baltique,et la neutralité ambigüe de la Suède.L'auteur n'a jamais été tendre avec son pays.Ca me gêne d'ailleurs un peu,ce côté donneur de leçons que Mankell cultive volontiers dans ses déclarations.Toujours est il que L'homme inquiet rappelle que dans Guerre Froide il y a guerre,avec victimes et bourreaux.Loin de James Bond,plus proche de John Le Carré.Quoiqu'il en soit cet aspect n'est pas ce qui m'a passionné dans ce livre.

    L'intérêt de L'homme inquiet consiste plutôt dans ce que je nommerais pudiquement les préparatifs du départ à la retraite de Wallander,et même à la mère de toutes les retraites,celle qui nous guette tous. Probablement le fait d'être né un an après Wallander,dernier baby boomer,m'a-t-il conduit à être pas mal remué par la solitude du personnage,cependant éclairée par l'apparition de Klara sa petite-fille.On retrouve sa fille Linda,flic elle aussi dont on sait les relations orageuses avec son père.Son ex-femme et Beiba,son amour de Lituanie (Les chiens de Riga,pour moi le meilleur de Wallander jusqu'à ce dernier) apparaissent également.

   Et puis le souvenir de son père,cet acariâtre artiste peintre qui n'a composé que le même tableau toute sa vie,brutalisé par l'odieuse maladie d'Alzheimer,  accompagne Kurt alors que celui-ci s'inquiète de ses propres pertes de mémoires.Alors le talent d'Henning Mankell apparaît dans sa grandeur toute simple.Des pages sur le vieillissement,sur le début de l'âge,cet impitoyable moment qui nous inquiète calmement mais déjà définitivement, sont les plus belles du livre,dignes des meilleures nouvelles du génial Buzzati,ce qui est pour moi un dithyrambe.Wallander s'est retiré en périphérie,avec son chien et ses questions, déjà hanté par la suite du programme,en ces instants où l'on n'a plus très envie de retourner bosser au commissariat (ou ailleurs) mais encore moins de tirer un trait.C'est que ce trait sera la dernière ligne droite.On en ignore la longueur mais c'est la dernière.

    D'après ses réponses aux entretiens Mankell n'a plus beaucoup d'estime pour Wallander. Mr.Mankell, volontiers tiers-mondiste,voire un tantinet démago (cela n'engage que moi),pense sûrement qu'il a mieux à écrire.Autrement important.Si vous aviez tort,Mr.Mankell.Si l'abnégation,les faiblesses et le mal-être de Kurt Wallander étaient de la très haute littérature...

2 juillet 2011

Les Commitments ont eu 20 ans

 
the commitments "try a little tenderness 

             C'est en parodiant le joli hommage d'Agnès Varda,Les demoiselles ont eu 25 ans,que je salue Les Commitments.Je salue d'abord Roddy Doyle,le facétieux et parfois sérieux auteur de la Trilogie de Barrytown, The Commitments, The snapper,The van.Je salue Alan Parker le metteur en scène toujours plus à l'aise dans le musical,Bugsy Malone,The wall et ce malgré le ratage d'Evita.J'ai toujours autant d'intérêt à suivre ceux que j'appelle des personnages de Ken Loach qui auraient viré funky au lieu de relire Marx.Alors c'est amicalement que je vous présente à nouveau ces soulmen de Barrytown.Mais avant tout il faut pour bien resituer l'ascension et la chute des Commitments citer cette phrase de Roddy Doyle:"Nous allons jouer une musique de nègres.Logique.Les Irlandais dont les nègres de l'Europe,les Dublinois les nègres de l'Irlande,et les quartiers Nord,Barrytown,les nègres de Dublin".

      1990.Soit donc la galère générale pour ces jeunes pointant au très modeste chômage irlandais.Jimmy Rabbitte décide de monter un groupe ni punk,ni new wave,non,un groupe soul,musique qui battit son plein 22 ans avant et dont les chantres étaient Otis Redding, Wilson Pickett,Aretha Franklin ,Sam and Dave and so on...Derek et Outspan surnommé ainsi cause cheveux tirant sur l'orange sont déjà un peu musiciens. Nous avons droit alors à dix minutes d'un ahurissant casting qui nous vaut des violonneux comme félins en rut,des jazzeux tellement en avance qu'on ne les suit pas,des chanteurs engagés,enfin engagés dans la rue avec des textes progressistes (?),et même quelques erreurs dont ce garçon qui a vu du monde faire la queue et a attendu son tour,persuadé qu'on distribuait de la came.

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    Vaille que vaille The Commitments commence à exister.Il y a même un intello à lunettes, Steven, étudiant en médecine, qui joue pas mal du vieux piano de sa tante.Deco qu'ils ont entendu brailler,plus qu'éméché, à un mariage,puis Dean avec le saxo de son oncle qui n'a plus de souffle,l'oncle,pas le saxo,puis Billy à la batterie qu'il avait mise au clou complètent l'ensemble.Trois copines mal fagotées et peu farouches feront d'excellentes choristes à défaut d'être d'une rare élégance.C'est presque bon.C'est même tout bon avec l'arrivée d'un trompettiste, Joey "The Lips" qui a la particularité d'avoir 45 ans,le double des autres.Mais il a joué avec des grands de la soul, partout en Amérique.La preuve,sa mère a reçu des cartes postales du monde entier lors de ses fameuses tournées.Il dit avoir accompagné le grand Joe Tex sauf que ce dernier est mort en 83.

    Naissance difficile,vie agitée et mort assez brutale:voilà le lot de bien des groupes rock,ou soul,si l'on veut.The Commitments ne fera pas exception.Mais durant quelques mois ces hurluberlus,ces gens de Dublin,qui doivent peu à James Joyce et beaucoup à Van Morrison,auront rêvé.Les querelles internes auront eu raison de leurs ambitions musicales,et la vie c'est hélas souvent moins bien que des répétitions entre copains qui s'engueulent.Si j'aime toujours autant ce film c'est aussi parce que j'ai un tout tout petit peu vécu ça.Et puis parce que l'histoire des Commitments est complètement intemporelle et pas seulement parce leur musique en 90 datait en fait de 70,ce qui fait qu'en 2010 la soul me prend toujours aux tripes.Et puis l'Irlande me tient tant à coeur ou plutôt à trèfle.


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Sur Roddy Doyle: Roddy de Barrytown

29 juin 2011

Géographie: Bakersfield, Californie

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http://youtu.be/w4sEQ2hzNwk  Bakersfield   Jerrod Niemann

    Parfois ce voyage nous propose des images assez laides.C'est voulu.Si j'aime le cinéma,la musique et la littérature américains et encore pas toujours,je n'en aime pas très souvent l'urbanisme.Bakersfield est une ville californienne de 260 000 habitants.Je n'ai que deux choses à en dire.L'une est amusante:il y a une grande quantité de Basques d'origine dans cette vallée du Sud californien.J'ai même cru que c'était l'étymologie du nom Bakersfield.

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   La deuxième chose,c'est que Bakersfield me permet d'évoquer Jerrod Niemann.Folksinger parmi des milliers d'autres,de ceux qui savent toujours m'emmener en une lande bénie où six cordes suffisent à mon bonheur.

26 juin 2011

Grand du Nord

 Maudit_soit_le_fleuve_du_temps_Per_Petterson_Gallimard_medium_portrait 

     Le titre ne me plait pas forcément,sorte de référence pompeuse mais banale.Je m'empresse de dire que c'est bien tout ce qui ne me sied guère dans ce livre,tout proche du chef-d'oeuvre.Pas facile de voler des chevaux m'avait déjà emballé.Une plume en Nord.Arvid,la petite quarantaine,le narrateur de Maudit soit le fleuve du temps,au bord du divorce,un vrai loser,rejoint sa mère malade,dans une petite île au Danemark où elle a vécu avant Oslo.Une île nordique fait évidemment penser à Bergman,figure imposante du voisinage septentrional.Et il faut bien admettre que ce face-à-face tardif,voire ultime entre la mère et son fils,peut sembler proche de l'univers de l'homme de Faro."Familles je vous hais" disait l'autre.Mais pas de haine ici,de multiples incompréhensions, des souvenirs qui réveillent une adolescence pas terrible,un engagement politique qui conduit à l'impasse, ce qui ne me surprendra jamais,un frère cadet mort très jeune.Dira-t-on jamais assez comme l'enfant disparu se fait un peu l'assassin d'une fratrie?

    A l'heure ou sa mère se découvre en partance,où son père pourtant présent à l'état-civil et même là-haut dans la maison familiale d'Oslo ne lui est d'aucun secours,ils se ressemblent si peu,à l'heure où ses deux filles doucement s'éloignent,Arvid se penche sur son passé,pas d'apitoiement,Per Petterson ne donne pas dans le mélo.Des questions en l'air,des regrets,la méconnaissance mutuelle. Qu'est-ce qu'une famille?Et quel en est le ciment?A partir de quand s'effrite-t-il?Bouleversant dans sa pudeur,un livre inoubliable que Maudit soit le fleuve du temps. 

          Je voudrais oser un barbarisme.Très attiré par le Nord,je crois que la scandanivicité existe,qu'elle importe beaucoup et qu'elle est souvent douloureuse.Voilà trois pays qui n'ont pas la même langue,mais, qui très proches lexicalement, se comprennent.Même si la langue anglaise a tendance à coiffer tout ça par commodité et par habitude éducationnelle déjà ancienne.Ces trois pays sont petits,souvent rivaux,un peu arrogants du voisin et leur relatif éloignement les a conduits souvent à lorgner vers Londres ou Hollywood. Mais je crois très fort à leur identité mutiple et à la source commune littéraire,musicale ou plastique, passionnante et ouverte,austère et débridée,de Münch à Ibsen,d'Andersen à Mankell,de Dreyer à Christensen. Il y a toujours un ferry entre Copenhague et Malmö,entre Göteborg et Aarhus.Il y a toujours un lien très fort entre ces hommes du Nord qui s'étend parfois jusqu'à Reikjavik.Il y a surtout d'immenses écrivains dont je parle assez souvent,et d'autres,cinéastes ou rockers.Le froid et l'insularité parfois extrême de ces régions doivent piquer délicieusement l'inspiration.

   Avec un montage balançant entre passé et présent,le présent se déroulant lors de la chute du Mur,la passé dans les années soixante-dix et quelques allusions à la petite enfance d'Arvid,Maudit soit le fleuve du temps ressemble à notre vie,comme dans les livres de Lars Saabye Christensen ou Lars Gustafsson, juste un peu plus septentrionales mais pas moins désespérées.Heureusement,pas toujours.

   "Notre amitié était morte,et je me suis aussitôt surpris à le regretter,à regretter le passé disparu et l'avenir impossible.Mais nos étés avaient sombré.Pas uniquement parce qu'au bout de vingt-cinq ans je les avais oubliés:surtout parce que,désormais,ça n'avait plus de sens de s'en souvenir".

   Ces trois lignes m'ont particulièrement touché à l'heure des sites qui vous permettent de "retrouver" les copains d'il y a 35 ans.Comme si c'était possible.A pleurer.

24 juin 2011

Donner sa chance à un jeune auteur

  " Un jour sur ses longs pieds allait je ne sais où
   Le Héron au long bec emmanché d’un long cou".

   D'où probablement l'expression faire le pied de grue.

HERON 

     Réalisé avec la collaboration d'un jeune fabuleux fabuliste qui entre autres fantaisies fait partie de ceux qui m'ont donné le goût de lire et d'écrire.Et comme ce billet me semble un peu court contrairement à notre sympathique échassier je vous propose demettre un orteil dans l'eau avec The Nits,groupe hollandais sexagénaire,véritable polder du rock batave,toujours très à l'affût,comme le héron.

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http://www.deezer.com/listen-2750993  Toe in the water    The Nits

21 juin 2011

Femmes au bord du Danube et de la crise de nerfs

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       Le Hongrois Zsigmond Moricz (1879-1942) n'est pas très connu en France.Patience:on a bien fini par lire un peu Perutz ou Joseph Roth.Retour donc à ma chère Mitteleuropa des Lettres.On pourrait appeler ce roman L'immeuble Ulloï,référence à un célèbre livre égyptien.J'ai crû L'épouse rebelle très léger, comme cette couverture affriolante.Je l'ai fini,le croyant toujours léger,mais léger comme le cinéma de Max Ophuls et les romans d'Arthur Schnitzler.C'est à dire fin,percutant et comme dansant sur un volcan.En 34 l'Europe entière dansait sur un volcan quand fut publié L'épouse rebelle.Moricz fut avec Bela Bartok l'un des rares intellectuels hongrois à s'opposer aux lois antijuives de Horthy.Et la Hongrie des années trente n'avait plus rien de l'Empire.Petit pays et petites gens tout aussi fauchés valsent très besogneusement dans ce lieu unique,leur immeuble délabré,comme Budapest.Se toisent et se croisent un jeune journaliste têtu,sa  femme inquiète du manque,une colonelle séparée de son mari en retraite peu généreux,une famille d'industriels,une famille de fonctionnaires tout aussi désargentés.

     Et comme dans La ronde de Schnizler ou Madame de...  le merveilleux film d'Ophuls tant de fois célébré ici, le point commun,l'immeuble dans ce cas réunit les protagonistes par apartés ou par plans plus généraux autour de quatre places gratuites pour le théâtre,héroïnes peu banales de ces deux jours à Budapest.Deux jours avec ruine,chance,promesses de meilleur,craintes du chômage, fâcheries, sourires et larmes.Il y a des jeunes filles,des prétendants,une courtisane,des officiers,des mères inquiètes et des pères offusqués.Le ton est à la comédie, viennoise et vespérale,bien que Vienne n'aime guère Budapest et vice-versa et bien que l'Autriche-Hongrie ait été reléguée dans les nations mineures.La quatrième de couv. évoque Lubitsch. C'est vrai,ce cinéaste aurait été à l'aise dans ces va-et-vient,ces atermoiements certes bénins mais parfaitement clairs quant à l'avenir,sombre.

   Et s'il y a lumière et espoir malgré tout sur Buda et le monde,c'est des personnages féminins qu'elle se diffuse.Bien plus rageurs et rebelles que ces messieurs,toutes classes confondues.Le titre du roman,qui semble lorgner sur une simple histoire de couple,est à prendre un peu comme une litote,ou au moins comme le symbole d'un féminisme encore discret mais qui n'en pense pas moins.

  

18 juin 2011

Un "collector"


)LOM   

   Voici un album de B.D. qui m'a séduit.Duchazeau nous emmène sur les routes du Sud,du Sud américain, cette source si riche de ses racines musicales afro, gospel,blues jazz,cajun,zydeco,swamp,work song,country,etc... L'histoire est absolument authentique.1933,dans un univers à la Steinbeck,à la Caldwell pour les lettres,à la Walker Evans pour la photo,John Lomax et son jeune fils de 18 ans, Alan,sillonnent les états méridionaux pour recueillir les témoignages musicaux des gens du cru et les enregistrer sur cylindres de cire.Il avait déjà 20 ans auparavant rassemblé des chansons de cowboys plutôt vers l'Ouest. Lomax, collecteur de folk songs,tout de noir et blanc vêtu est un beau voyage au coeur du pays,avec un père et un fils tout à leur mission,la mémoire musicale de l'Amérique,Tin Pan Alley.Sans les Lomax et quelques autres ni Elvis,ni Bob,ni Jim,ni Bruce,ni personne....

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    Dans cette évocation du périple du père et du fils,dans un trou du Texas,la première page les voit bivouaquer et fumer autour du feu de camp,le pavillon de l'appareil recrache la voix d'Alan,pour la Washington Congress Library.Veuf,John Lomax croit beaucoup au patrimoine musical américain.Son regret est de n'avoir pas eu le temps d'enregistrer la voix de  sa propre femme.C'est toute l'histoire de Lomax, collecteur de folk songs,et cette BD avait évidemment tout pour me plaire,passionné de l'histoire des Etats-Unis à travers ses disques,ses livres et ses films.

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    Duchazeau,de ses traits assez neutres au niveau des visages,nous fait bien comprendre que dans ce Sud profond l'accueil n'est pas toujours à bras ouverts devant ces curieux qui veulent mettre en boîtes des bluesmen inconnus et illettrés,des joueurs de boogie peu sociables,des vieilles chanteuses de gospel méfiantes.Incrédules devant ces rouleaux de cire ils finissent par se livrer peu à peu,le bourbon n'y étant pas étranger.Le plus étonnant est que certains avaient même fait des disques sans le savoir et plus encore sans aucun droit d'auteur.Le plus célèbre,Leadbelly,était au Louisiana State Penitentiary et pas pour un vol de bicyclette.C'est que les bluesmen et les folkeux des années trente n'étaient pas des parangons de vertu.

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    J'ai particulièrement aimé les scènes de groupes:travailleurs aux champs ou poseurs de rails, offices religieux plutôt swing,pianos-bastringues et rues des grandes villes du Sud.Un univers frémissant est là,de pauvres bougres usés et sonnés,miséreux et naïfs,victimes et meurtriers.Ces gens-là ont fait Tin Pan Alley et de Memphis à Baton Rouge,de Clarksdale à Chattanooga,le coeur de l'Amérique n'a cessé de battre au Sud puis dans tout le pays et le monde entier.C'est sûrement pour ça que je me suis toujours senti curieux de ces riffs et de ces mots.Sûrement pour ça aussi que j'ai jadis écrit ce qui suit.

 

Blues

 

Une nuit d’été chaude et collante

Dans un bar cafardeux entouré de perdus

Le dernier ami aura pris le dernier train

Et les femmes depuis longtemps

Rendu mon coeur désert

Ce soir-là je crois que j’écrirai mon livre.

Un vieux pianiste las aux yeux gonflés

D’une ballade presque oubliée

Déchirera mon âme

Les rayons du passé brûlants comme la mort

Me feront comme des cicatrices

C’est là que,la tête heurtant les murs

Je deviendrai poète.

Et d’avoir tant roulé par les banlieues

Suintant l’infâme et l’ordinaire

Où les furtives rencontres sans un regard

N’échangent que du feu,silhouettes fantômes

Sans le souffle de vie                                                                              

Je serai fatigué et j’écrirai mon blues.

Les mots viendront simplement

Ca parlera de filles dans l’autocar

Qui nous quittent tous un jour

De chiens sous la pluie pleurant une caresse

De petits matins aigres,de mauvais cafés

Attisant les vieilles peines.

D’alcools solitaires et d’ivresses moroses

De compagnons d’un soir,fugitifs,réticents        

Aux vaines confidences

Du mal d’aimer enfin,de la belle jeunesse

Des petites bassesses enfouies

De désaccords majeurs,d’une musique qui brise

Un coeur déjà fêlé                                                                                                                                    


Leadbelly - lord lord lord (1929)

 

 

15 juin 2011

Géographie: Muscle Shoals, Alabama

MUSCLE

            Muscle Shoals n'est guère qu'une bourgade en Alabama,dans une vague agglomération de 70 000 habitants qui ne serait pas entrée dans l'histoire ni la géo que j'aime si...Si la musique ne s'en était pas mêlée.Fin des années 60 plusieurs studios d'enregistrement virent le jour sous la houlette de Rick Hall qui souhaitait que ce bled plutôt redneck concurrence Memphis,Tennessee,pas très éloigné.Ainsi naquit FAME (Florence Alabama Music Enterprises).Et cela marcha si bien que le Muscle Shoals Sound devint membre éminent de la musique populaire américaine au même titre que New York,Chicago,Memphis,New Orleans,Nashville.Muscle Shoals n'évoque plus grand chose à présent.Mais les immenses de la soul,Wilson Pickett,King Curtis,Aretha Franklin ne firent qu'y précéder les légendes Joe Cocker,Paul Simon,J.J.Cale,Bob Seger,Steve Winwood et l'ami Eddy Mitchell.Tony Joe White le génial swamp-rocker nous entraîne à Muscle Shoals, Alabama. Bienheureuse Amérique musicale que l'on retrouve dans cette chanson qui parle aussi de Stockholm,Amsterdam,Paris.

http://www.deezer.com/listen-2520390   On the return to Muscle Shoals  Joe White

WHITE

 

12 juin 2011

Obèses ambassades

winter   

     J'aime beaucoup découvrir des auteurs étrangers inconnus.Le Néerlandais Leon de Winter est né en 54, romancier, scénariste, cinéaste.La faim de Hoffman date de 1996 et se situe en 89 lors de la chute de la maison Est et se déroule à Prague,aux Pays-Bas et en Amérique.C'est un curieux roman qui tient de l'espionnage,du drame familial,de la satire de la diplomatie.Deux obèses occupent,c'est le cas de le dire,l'essentiel de l'espace dans La faim de Hoffman.Freddy Mancini,touriste californien à Prague errant la nuit en quête de hamburgers,assiste par hasard à l'enlèvement d'un compatriote.Et Felix Hoffman, ambassadeur des Pays-Bas en ce qui est encore pour quelques mois la Tchécoslovaquie,en fin de carrière et rongé par les kilos, finit les buffets des réceptions et dévore Spinoza.Personnellement dévorer Spinoza m'apparaît un signe de déséquilibre au même titre que se goinfrer de fast-food.Hoffman a des excuses:ses deux filles sont mortes,son mariage n'est plus qu'un ectoplasme.Seule son ultime attirance pour une journaliste tchèque lui redonne un peu goût à la vie.

    Freddy et Felix ne se rencontreront jamais.Mais en 1989,alors que très bientôt un mur tombera et un rideau se déchirera,à l'heure des grandes bascules,tout ne s'avèrera-t-il pas possible?Y compris que la jeune journaliste,dissidente ou non,allez savoir,cède à l'adipeux diplomate.Y compris que,de retour à San Diego,Freddy soit quitté par sa femme,quatre fois moins lourde.Et que ce même Freddy se retrouve face à des agents comme dans tout film d'espionnage,des agents qui ne lui veuillent pas que du bien.Les aventures de Freddy et Felix,tragi-comiques avec force détails sur leurs dérèglements intestinaux ou familiaux,les conduisent à faire l'objet de manipulations qui les dépassent,qui nous dépassent aussi d'ailleurs,au début des années quatre-vingt dix.Vous savez,cette déjà vieille décennie où des dignitaires post-staliniens réussirent à se métamorphoser en chantres de l'ouverture.Enfin l'important est de sauver sa peau,même fort distendue par la gloutonnerie.Tout cela nanti de digressions sur le Traité de la réforme de l'entendement de ce rigolo de Spinoza.Tous les goûts sont dans la nature.Pour les hamburgers je veux bien faire un effort.Mais lire Spinoza,ah non.Voici un petit extrait,très acide.Pas de Spinoza,non,de de Winter.

        A l'Ouest on baptisait un emmerdeur né dans un pays de l'Est "dissident".Un analphabète de première sachant tout juste son ABC,et ayant le bonheur d'être interné dans un camp du goulag, voyait ses oeuvres d"écrivain avant-gardiste et dissident" éditées à Munich ou Paris.

9 juin 2011

Si un pied doit me troubler...

    ...que ce soit celui de Kiki de Montparnasse,inégalé,dans le beau film surréaliste de Man Ray d'après Robert Desnos,L'étoile de mer.L'une des rares incursions au cinéma de cet étrange courant qui vécut ce que vivent les roses.1929,la même année qu' Un chien andalou.Hasard:ce même Man Ray apparaît dans la sympa comédie parisienne de Woody Allen.
L'Étoile de mer

3 juin 2011

Irish ahuri hilarant

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    L'ahuri c'est moi à la lecture de ce bouquin unique et paradoxal.L'Irish c'est le dénommé Flann O'Brien dont seul le nom manque singulièrement d'originalité. L'hilarant c'est le qualificatif qui me semble adapté au Troisième policier.Prière d'abandonner dès maintenant toute velléité de rationnalisme pour essayer de comprendre ce que je vais essayer d'écrire à propos de ce stupéfiant roman dont l'auteur a manifestement essayé (et réussi,lui) à embarquer son lecteur dans un voyage véli-vélo (c'est dans le texte),sans queue ni tête mais pas sans génie et qui ferait passer Kafka pour un maître de la logique imparable et Lewis Carroll pour un amateur.Attention c'est parti pour un résumé qui ne nous avance guère:Un homme mort,qui ne sait pas qu'il est mort,se trouve dans un pays étrange où des policiers obèses volent des bicyclettes pour empêcher les gens de devenir leur propre bicyclette.?!?!?! Ca tient debout,non? Au moins ça tient à vélo.

    Le héros du récit oscille tout au long de son aventure entre la panique, l'inquétude, la crédulité, l'envie. Absolument irracontable Le troisième policier ne ressemble à rien mais,surtout,rien de connu de moi ne ressemble au Troisième policier.A l'extrême rigueur c'est éventuellement à certains univers de bandes dessinées qu'on pourrait penser,mais de cela je ne suis guère spécialiste.Revenons à nos moutons d'Irlande.Dans ce doux pays de policiers et de bicyclettes un mort n'est pas forcément décédé mais une corde de pendu n'est pas forcément définitive.Si vous entrez dans ce livre serez-vous comme moi,à n'y comprendre goutte (de whiskey),à moins d'en connaître un rayon (de bicyclette) sur les bizarreries de la gravité pas toujours au centre et les mutations génétiques de l'homme-vélo ou du vélhomme,non,pas du vélum.On y croise entre autres sept unijambistes qui unissent leurs pilons deux par deux pour qu'il soient quatorze. Quelques extraits ne feront qu'ajouter à votre perplexité,j'en suis tout rouge,de confusion,mais d'un rouge vert d'Irlande.

    "N'y-a-t-il pas de danger d'avaler un piège à rats?"-"Si l'on porte un dentier il faut qu'il soit solidement agrafé et collé contre les gencives avec de la cire rouge." 

    "Où allons-nous?Sommes-nous sur le chemin d'un aller ou sur le chemin du retour d'un autre aller?"

     Par ailleurs notez l'effrayante violence de ce passage sur la délinquance, proprement cauchemardesque:

"La criminalité a terriblement augmenté dans cette localité.L'année dernière nous avons eu soixante-neuf cas de circulation sans feux et quatre vols.Cette année nous avons quatre-vingt-deux cas de circulation sans feux,  treize cas de circulation sur voie réservée aux piétons et quatre vols.Un dérailleur à trois vitesses a été bousillé pour rien,il y aura sûrement une plainte déposée au tribunal et la paroisse paiera les pots cassés.Avant que l'année s'achève vous pouvez être sûr qu'on volera une pompe,ce qui est un acte criminel aussi abject que pervers,une tache sur l'honneur de la région".

P.S. A propos de pompe à vélo Raymond Devos avait-il lu Flann O'Brien?Lui qui dans un sketch mémorable se promenait avec sa pompe à vélo pour éviter qu'on ne la lui vole:"Et j'ai bien fait parce que mon vélo on me l'a volé". 

 

31 mai 2011

Géographie: San Jose, Californie

san_20jose

http://www.youtube.com/watch?v=pLuEpGhzVaI  San Jose  Joe Purdy

        Joe Purdy, qu'a dû me faire connaître http://jazzbluesandco.over-blog.com/ grand pourvoyeur folk devant l'éternel, est inconnu ici.Sa carrière est pourtant déjà longue avec une moyenne d'un album par an. Guitariste, mandoliniste ,harmoniciste, Joe Purdy nous emporte vers San Jose,extrait de Take my blanket and go.

PURDY

   San Jose avant d'être une des grandes métropoles californiennes et le centre de la fameuse Silicon Valley fut une très modeste communauté agricole espagnole,du nom de Pueblo de San José de Guadalupe.Troisième agglomération de Californie,au sud de la baie et à la lisière de la faille de San Andreas,San Jose,dont les jours sont peut-être comptés,est moins célèbre que L.A. ou Frisco mais passe pour la plus dynamique des grandes villes américaines.Affirmation glanée sur la toile et qui n'est pas gravée dans le bronze.Gravées dans la cire par contre,beaucoup de bonnes chansons de Joe Purdy.

29 mai 2011

C'était mieux avant,c'était même mieux avant avant...

minuit_a_paris_woody_allen    

    Minuit à Paris a pas mal de charme,c'est sûr.Je vois peu de films nouveaux et les chronique plus rarement encore,me contentant de quelques commentaires de ci,de là,chez des cinéphiles plus assidus à l'actualité. Voici une petite exception pour un film très sympa,déjà amplement analysé.Mais je fais partie des alléniens depuis 40 ans et croirais déchoir si j'en ratais un seul.On passe souvent de l'autre côté du miroir chez Woody Allen.Souvenez-vous des pourtant très différents Alice,La rose pourpre du Caire, Zelig qui,tous,laissaient le cartésianisme au vestiaire. Dans Minuit à Paris le fantastique est fantaisie.Et Allen nous refait le coup assez classique de l'Américain à Paris,figure du cinéma illustrée à de nombreuses reprises assez délicieusement même si cartepostalement.Par exemple et avec quel brio...

americai  Gene Kelly et Vincente Minnelli

irma Jack Lemmon et Billy Wilder

    Un Américain à Paris,Irma la douce et d'autres films plus récents,je pense à l'excellent Before sunset  (Brève rencontre à Paris ) ont bien balisé le séjour parisien des citoyens U.S.Woody Allen lui-même dans Tout le monde dit I love you, s'y était déjà frotté avec succès.Owen Wilson,écrivain un peu en panne,aux douze coups de minuit,se retrouve dans les années vingt où la bohême s'appelle Hem ou Fitz (très familier avec eux je les appelle par ces diminutifs).On y croise le colérique Pablo Ruiz,peintre cubique fauché mais ça changera considérablement de ce point de vue.Et Gertrude Stein,papesse des intellectuels américains, impressionnante grande actrice Kathy Bates.C'est le mythe de Cendrillon car à l'heure juste une magnifique limousine d'époque emmène notre héros boire et danser,s'encanailler dans ce Paris est une fête,titre du récit d'Hemingway auquel Dasola entre autres fait référence.Je crois que ce livre vient de reparaître en une nouvelle traduction.Un passage entre autres,peu chaste,en est célèbre:à la Closerie des Lilas ou quelque chose comme ça,Ernest et Scott comparent leurs, leurs, leurs...,disons anatomies respectives.Mais revenons à Woody Allen qui a trouvé en Adrien Brody un jeune Dali vraisemblable et qui donne au tout aussi jeunot Luis Bunuel l'idée de L'ange exterminateur que Don Luis réalisera quarante ans plus tard.

    Tout cela n'est guère sérieux,mais diablement séduisant.D'autant plus que Woody nous gratifie d'une jolie pirouette finale ou presque qui nous replonge encore un peu plus avant,des hurluberlus nommés Lautrec,Degas,Gauguin regrettent le temps d'avant,la Renaissance.On aura compris que le film de W.A. est un joli bijou d'une pacotille agréable sur le thème éternel de la nostalgie.J'ai aimé ce film.Cependant un détail me perturbe un peu.Manhattan,Annie Hall,September,dis Woody,c'était pas un peu mieux avant quand on traînait sur Central Park,un sac papier à la main,en devisant de Bergman avec nos lunettes d'écail. Ou alors c'est moi-même qui étais mieux avant.Non,c'est pas ça.C'est,comment dire,c'est surtout que j'étais,oh,je cherche mes mots.Ah,ça y est,plus jeune,c'est ça,j'étais plus jeune.

Sur cette époque Lire Etats-Unis certes mais vivre Paris

27 mai 2011

Nanotechnologie et mégaennui

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                                   Madame Cornwell vend des millions de livres.Elle continuera.Ce ne sera pas grâce à moi.J'ai marné laborieusement pour venir à bout de ces 440 pages dignes d'un rapport de l'institut médico-légal,qui m'a donné autant d'émotions qu'un constat d'huissier,et dont les qualités littéraires m'ont rappelé mes lointains cours d'anatomie.Extrait:"On va faire le topogramme,puis procéder à l'acquisition des données avant de passer à la reconstruction tridimensionnelle,avec un chevauchement d'au moins cinquante pour cent". Autre extrait:"Multi-tâches,bruit de fond index 18.Rotation à 0,5,configuration du détecteur à 0,625.Coupe très mince à résolution ultra-haute.Collimation à 10 mm".

25 mai 2011

Géographie: Philadelphie, Pennsylvanie

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http://www.youtube.com/watch?v=OrLdKYRBOEE  Sailing to Philadelphia

   Parmi les grandes cités Philly n'avait pas encore eu l'honneur de notre visite.Je ne referai pas la longue,riche et très particulière histoire de la ville de l'amour fraternel (ils n'ont pas vu Cold case).La cloche de la liberté qui retentit juste après la déclaration d'indépendance,la réputation de ville des Lumières et de tolérance religieuse,un célèbre film avec Hanks et Washington et deux chansons de Young et Springsteen,une comédie de Cukor avec Hepburn,Grant et Stewart:voyez,à Philadelphie on ne convoque que des grands.

   A propos de grands Mark Knopfler a invité James Taylor pour ce superbe et si harmonieux (trop,je sais,pour certains) Sailing to Philadelphia,pont entre Northumberland et Pennsylvanie.Pas des perdreaux de l'année,me direz-vous,mais vous avez compris qu'ici on ne fait guère dans le hype ou le tendance.Mais on aime tant cette musique.Cette belle chanson rejoint l'Histoire évidemment,narrant l'aventure de la Mason-Dixon Line,démarcation longtemps en vigueur entre le Nord abolitionniste et le Sud sécessionniste.

 

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