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21 mai 2014

Les verts dimanches d'Erin ou Curragh, bossons

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                                                           Et Dieu fit le dimanche... est un joli recueil du "Galway man" Walter Macken (1915-1967) dont j'ai déjà présenté ici Le Seigneur de la Montagne. Treize nouvelles plutôt rurales et insulaires, plutôt versant Ouest que Dublin. Publié en 1962 le livre est une délicieuse promenade dans ce versant océanique de l'Irlande  où rien ne manque. Bien sûr, ayant déjà beaucoup lu le pays, on retrouve des traits communs à d'autres auteurs dont le pays est si riche mais j'ai appris depuis bien longtemps qu'à trop chercher la singularité la littérature peut parfois se fourvoyer. Trêve d'exégèse, quelques nouvelles des nouvelles de Walter Macken en ce florilège dont je vous ai proposé une illustration en version originale non pas parce que je l'ai lu ainsi, ça me serait assez difficile, mais parce que je l'ai trouvé bien jolie.

                                                           On y rencontre de modestes pêcheurs réparant leur curragh, petit bateau traditionnel du côté de Dingle. On y rencontre un prêtre, élément à peu près obligatoire. Mais voilà, le Père Henderson, dit Solo, n'est pas le personnage torturé digne des Magdalen Sisters, mais un brave type courageux qui ne dédaigne pas le football gaélique et penche plutôt du côté de L'homme tranquille de Maurice Walsh mais annexé par John Ford. S'il faut défendre un simple d'esprit ou une fille perdue, deux autres figures très présentes dans les lettres irlandaises de ces années-là, il n'hésitera pas à faire le coup de poing (Solo et la pécheresse, Solo et le simple d'esprit). Ces histoires paraissent parfois presque naïves, dans leur rudesse, où de bons chiens de bergers sauvent les moutons, où les fameux "tinkers", ces nomades irlandais ne sont pas (trop) pourchassés,où même la lutte fratricide et séculaire des deux clans connait quelques relâchements individuels, quelques bonnes volontés. On n'est pas chez le O'Flaherty du Mouchard ou d'Insurrection.

                                                            Et puis Walter Macken décrit si bien les nuances de ce pays parfois âpre, tellement laborieux, mais si attachant. "De paresseuses volutes bleues montent des cheminées"."Les agneaux avaient l'air de ballons de laine blanche que les brebis poussaient à coups de pattes". Et Dieu fit le dimanche... est une délicate offre de voyage dans un pays qui n'existe plus tout à fait mais qui a cependant la chance d'avoir attiré assez tardivement les curieux pour savoir garder in extremis quelque chose en lui de Walter Macken.

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6 mai 2014

Géographie: Ventura, Californie

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                                                     America, trio puis duo maintenant antédiluvien nous entraîne, sans son Horse with no name cette fois sur le Ventura Highway, Californie du Sud. La ville de San Buenaventura est couramment appelée Ventura et compte 106 000 habitants. C'est l'une des nombreuses stations balnéaires du sud de l'état. Je ne suis pas sûr qu'il y en ait davantage à dire. Mais écouter America me semble toujours être une bonne idée. Ces Anglais d'Amérique ont longtemps passé pour des enfants sages du son West Coast. Vite dit. Rares étaient les enfants sages du début seventies dans ce coin du monde. (And the winner is ...Death)

 

 

 

22 avril 2014

Vois Belz et bute-le

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                                           Amateurs d'embruns, de sel et de houle atlantiques, embarquez pour la petite île de Belz, au large de Lorient. Le polar, on le sait, se conjugue sous toutes les latitudes, du Botswana jusqu'en Islande, c'est même devenu un genre en soi, le noir quasi ethnique. Cap à l'Ouest donc avec Emmanuel Grand pour son premier roman qui mêle habilement immigration clandestine venue de l'Est et ambiance tempête sur les îles, lorgnant avec un peu d'application vers le fantastique légendaire, le fameux Ankou, ange tutélaire de bien des malheurs bretons. Marko est ukrainien, une petite annonce lui a fait rencontrer un patron de pêche, taiseux comme pas permis qui l'embauche sur son chalutier. Curieux, pas d'une folle vraisemblance quand on sait que bien des îliens pointent au chômage et que Marko n'a mis les pieds sur un bateau qu'avec son grand-père à la pêche dans le port d'Odessa. Ce Caradec aurait-il une autre idée? Drôle de comité d'accueil pour Marko et drôles d'évènements sous le ciel souvent chargé du Morbihan. L'étranger attire les regards et dérange ce petit monde plutôt vindicatif en dehors de quelques figures imposées compréhensives, l'institutrice, le libraire lettré, le "fêlé" de service.

                                           Côté méchants, très, on a droit à une brochette de Roumains, des passeurs prédateurs mécontents que leurs proies leur aient échappé, avec un tueur sur la piste de l'exilé. On suit donc en montage alterné le gibier et le chasseur, selon un procédé habituel dans le roman policier. J'avoue avoir été plus séduit par le climat breton, ses grimoires et ses signes inquiétants sur terre et mer, que par la course-poursuite. Nous sommes en Bretagne, le prêtre, dit-on encore le recteur, joue un un rôle non négligeable dans cette lutte où les démons prennent parfois figure humaine. La malédiction, ce satané Ankou, c'est le cas de le dire, trouve beaucoup d'écho dans la population donnant à Terminus Belz un air assez passéiste à mon sens. Mais on ne s'ennuie pas sur cet îlot venteux, ni dans ce roman où le commissaire du continent ne s'attarde guère et où l'on a l'impression qu'on aime bien régler ses comptes entre autochtones. Revigorant comme une bolée de cidre lors de vacances sur une côte sauvage, salubre incursion en plein air, ce voyage vers l'Ouest fait plutôt du bien, dans une catégorie agréable et convenue.

24 mars 2014

And the winner is ...Death

WAITING

   

                                                             L'auteur, le Britannique Barney Hoskyns, historien du rock, a également publié des bio de Tom Waits et Led Zeppelin, une saga sur le San Francisco folk. Waiting for the sun est une somme sur plus de 50 années de création musicale à Los Angeles. Ce livre est passionnant mais ne peut l'être que pour des lecteurs ayant partagé au moins pour une période un intérêt profond pour la musique de la cité, car tant de noms sont cités que l'on perd le fil très vite si ces noms n'évoquent rien. Pour moi ce fut passionnant, et très instructif, sur une période que je connais assez bien musicalement, mais dont je sais la terrible impasse humaine, le monumental gâchis. Waiting for the sun est le titre d'un album des Doors mais ce groupe n'est que l'un des innombrables avatars cahotiques et mortifères qui passèrent dans la Cité des Anges, pour le pire et pour l'encore pire. Je n'ignorais donc pas la mortelle randonnée, je viens de le dire, je ne savais pas qu'elle était allée si loin dans la dérive. Fou de cette musique, j'en ai une vraie peine. Un seul mot, le gâchis somptuaire. Sans revenir sur les détails quelques sentiments que cette histoire douloureuse m'a procurés.

                                                             L.A. n'est pas New York, mais n'est pas non plus San Francisco. Dès les années trente les jazzmen avaient montré la double voie qui ne devait jamais changer, marier création musicale parfois de génie et autodestruction massive et virant au grotesque.Hollywood proche n'a rien arrangé et les années carnages n'ont pas cessé.Je connais surtout la partie 1960-1990, mais ce voyage court jusqu'a l'aube du XXIème Siècle. Bien sûr je n'ai jamais pris les Beach Boys pour des angelots blonds, surfers bien propres sur eux. Les frères Wilson, une famille d'Atrides et de malades mentaux.Et pourtant ...Pet Sounds, et les harmonies magiques  du sorcier Brian. On a parlé des paradis artificiels, des concept-albums sous influence. Vrai, mais les enfers, eux, étaient bien concrets.

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                                                             Les jolies et très minces folkeuses éthérées, Joni Mitchell, Janis Ian, odieuses et invivables comme tout le monde. Dire que les subtiles arabesques de Crosby, Stills, Nash and Young ont été conçues à l'eau de source, je n'aurais pas été jusque là. Les Mamas and Papas (California dreaming) passèrent en quelques jours de troubadours à junkies.Mes amis Byrds n'avaient pas grand chose d'une réunion d'amis autour de la légendaire douze cordes de McGuinn. Et Hugues Aufray tentait de nous faire prendre Mr. Tambourine Man pour un homme orchestre, ou un innocent musicien. Mr. Tambourine Man est l'homme qui frappe des doigts sur la porte pour la livraison. Et Laurel Canyon n'était pas qu'oasis de verdure croisant Mulholland Drive. Mais Waiting for the sun qui détaille les turpitudes et les inconsciences faramineuses de tous ces créateurs n'oublie pas que dans la métropole angelna régnait aussi la musique malgré? ou à cause? Vaste débat...

 

                                                            Jouissant d’une réputation en totale opposition avec la Côte Est, encore relativement européenne, L.A.a cultivé son indépendance artistique très tôt. Tout,plus fort, plus vite, plus loin...plus mort. L’ascension des Doors est maintenant bien connue et le culte Morrison est pour le moins discutable pour un groupe dont personnellement musicalement je n'aime très fort que deux albums, The Doors et L.A.Woman.  On n’oublie pas non plus, dans la foulée de La fureur de vivre les égarés notoires qui ont participé à l’explosion musicale de la ville (Phil Spector et ses flingues en studio, Arthur Lee de Love, groupe dont deux albums en état de grâce et de lévitation, les Freaks en tous genres, les Hell’s Angels, les incontrôlables  comme Charles Manson et sa « famille " dont hélas certains de mes héros musicaux furent dangereusement proches. L.A. comporte aussi son contingent de météores,  passagers d'une saison, qui tous ont contribué à faire d'El Pueblo de Nostra Senora la Reina de Los Angeles de Porcunciula un phare musical et un naufrage moral. Tout ça sur fond selon le goût et l'époque de  cool jazz, de surf music, de folk-rock, de protest- songle, de hard rock, de punk, de rap, mais là il y a longtemps que j'ai décroché. La mort de Sharon, Altamont, les ravages de The needle and the damage done, hélas Neil...

                                                      La parole à Barney Hoskyns « Mon intention profonde avec Waiting For The Sun, c’est une étude de l’interaction typiquement californienne entre la lumière et l’obscurité, ou entre le bien et le mal ». Vous voilà prévenus. Personnellement je ne suis pas un  juge, je suis un "regretteur". Je vous ai presque tous tant aimés et pas mal d'entre vous me collent à la peau. Ci dessous quelques survivants, non des moindres, pour I love L.A., Randy Newman, Tom Petty, Jackson Browne, John Fogerty, qui tous ont eu leur période angelna. Angélique, pas sûr. La vidéo du dessus illustre le plus riche du cimetière.

 

 

 

 

                                                      

 

30 mai 2013

Des mots,une histoire: Enfance escamotée

                    Pour cette édition 103 Olivia a hérité de ceci: pirate-bateau-Bigoudène-crêpe-chignon-perle-cristal-facette-prisme-polygone-soirée-crépuscule-déclin-fin-vigile.A propos il faudra m'expliquer comment le mot "polygone" peut inspirer le mot "soirée",du moins dans la logique du rapport des mots entre eux.Ceci n'est pas bien grave.

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                  La petite bonne bigoudène,je l'aimais bien,du haut de mes six ans, et les soirées s'animaient, comme en fête lorsque, c'était elle qui nous gardait,les parents partis à l'opéra ou au restaurant.Son chignon,cet appendice supérieur,me faisait bien rire.Mon frère aussi,et notre petite soeur s'esclaffait,bavant de toutes ses jeunes dents en avalant goulument les crêpes de Marig-Morgane. Parfois, il me semble voir encore son tablier aux armoiries du Guilvinec,assorties d'un pavillon pirate que la petite montrait du doigt en criant d'une voix de cristal crissant. J'ignorais que s'annonçait le crépuscule,alors que d'évidence nous n'en étions même pas au lent déclin de l'aube de nos vies.

                  Nous n'avons jamais bien su si Laure-Claire avait avalé par mégarde une perle du collier que la jeune Bretonne lui avait imprudemment laissé en main.Je n'ai appris que vingt-cinq ans plus tard la fin volontaire d'une employée de maison,revenue en Armor,après un drame survenu lors de son placement parisien.Un bateau l'avait découverte en Baie des Trépassés,sans mystère.Mes parents depuis longtemps s'étaient séparés,mon père ruiné et ma mère en soins constants d'une assez sauvage psychiatrie d'époque,tout cela,au prisme de ma mémoire,revenait me hanter,vigile trop attentionné.Des différentes facettes de l'enfance poignardée,plus que toute autre chose,me poursuit le polygone vert et rose de ce cimetière finistérien,adjectif si précis qu'il cogne à mon coeur,encore.

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20 janvier 2013

Train de vie,tranches de vie

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                    Ce court roman de Denis Johnson devrait plaire au moins géographiquement au Bison,aficionado des grands espaces de l'Ouest.Je serais pour ma part un peu plus réservé.Bob est poseur de rails,bûcheron,dans le Nord-Ouest américain du côté du Washington. Au retour d'un de ses emplois saisonniers, il apprend que son village a été l'objet d'un violent incendie, que sa maison a été détruite par les flammes,et que sa femme et sa fille sont portées disparues.. Sans nouvelles, il va tenter de redonner un sens à sa vie, et de reprendre possession de ce lieu dans lequel les ombres du passé sont omniprésentes.L'histoire de sa vie court sur 70 ans environ et le livre n'excède pas 130 pages.Ce fut assez pour moi,ce personnage ne m'ayant pas tellement intéressé.

                 A noter qu'on n'est pas avec Rêves de train dans les années vraiment pionnières de la conquête de l'Ouest,mais un peu plus tard et que le seul indien que l'on rencontre élève des chiens.Robert Grainier,notre personnage est plutôt un solitaire qui cherche à reconstruire sa vie mais qui m'a rarement touché.Je ne sais trop comment le définir,un peu comme étranger à sa propre vie,logé dans une histoire légèrement nimbée de surnaturel,ce qui est par contre assez réussi.Au final ce livre sera passé dans ma "lecturitude" comme un rapide assez vite expédié. Probablement aurais-je préféré un omnibus qui me laisse le loisir de musarder et de coller de plus près aux personnages.N'oubliez pas de composter votre réponse avant l'arrêt du train.

17 novembre 2012

Géographie: Lodi, Californie

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          Si la ville est très peu connue ici la chanson est célèbre.Proche de la capitale Sacramento, Lodi, Californie ,est une cité viticole très active.L'origine du nom est sujette à discussion,ce qui,j'en suis sûr,vous passionne.Est-ce une victoire de Napoléon en Italie ou le nom d'un cheval de course?John Fogerty,patron de Creedence,né à Berkeley,pas très loin,avoue qu'il ne connaissait pas Lodi avant d'en faire une des chansons les plus célèbres de l'album Green river,sorti en 1969,histoire d'un musicien besogneux et fauché coincé dans cette ville.Plutôt péjorative, la chanson,à peine moins connue que le grand tube du disque,Bad moon rising (dont elle fut la face B en single),a pourtant fait beaucoup pour la gloire de Lodi.Pas une raison pour rester "Stuck in Lodi again ".Mais je sais que CCR est resté très populaire sur les blogs.

http://youtu.be/CmFDMf3Tz2Y

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16 octobre 2012

Alors la mer se calma

              Jean Epstein fut un cinéaste très novateur d'une approche qui annonçait le Néoréalisme.Le tempestaire, court métrage de 23 minutes est son dernier film,en 1947.Les plus connues de ses oeuvres sont plus anciennes et muettes,La chute de la maison Usher et Finis terrae datent toutes deux de 1928. Voir Onirique qui mal y pense.Une référence:l'un des salles de la Cinémathèque de Bercy a été nommée salle Jean Epstein.Il m'a semblé que ce film avait sa place dans le challenge plein d'entrain et plein d'embruns de Claudia.

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                  Près de vingt ans après Finis terrae Epstein, qui n'a guère été reconnu, revient à la Bretagne qui le passionne.Sur la côte bretonne, dans une chaumière, une jeune fille,au rouet avec sa grand-mère, est dans l'angoisse en entendant le vent. Son fiancé n'est-il pas au large, pour la pêche à la sardine? N'y tenant plus elle obtient de la vieille dame un conseil.Le tempestaire est une sorte de sorcier qui domine les éléments.Pourquoi pas? C'est une Bretagne rude de noir et de blanc,les grand-mères sont en deuil et les jeunes filles bien crédules.Belle-Ile en Mer n'est pas encore une annexe du RER avec son NGV. L'homme, Le père Floch, refuse car il ne veut pas d'histoire. Il finit toutefois par sortir une boule de cristal et calme la tempête. La bourrasque décline, le fiancé rentre au port.

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          Peu de personnages dans Le tempestaire.Et,on s'en doute,du côté des taiseux.Pas loquace,le fiancé,pas démonstratif.Le tempestaire en personne est plus proche du mur de pierres bretonnes que du sauveur.Et les gardiens de phare, quoique plus modernes dans leur tour de guet,n'ont guère de solution.Bien sûr tout finira bien,enfin pour cette fois.Mon antique cinéphilie maladive lorgne,et ça va de soi,vers le Visconti de La terra trema et le Flaherty de L'homme d'Aran.Flaherty Visconti,même combat.

       Quelques vieux marins scrutent l'horizon.D'autres tirent ou ravaudent leurs filets.Et la mer,toujours recommencée.Les rochers de Belle-Ile et les gerbes d'écume font un casting étincelant.Et encore une fois...un film de silence.Pas de verbiage,pas de leçon,la vie là-bas,à l'Ouest.

 

                                        

14 octobre 2012

Une couverture pour le Bison,cuir bien tanné

9782226169945

                            Torrentiel et nourricier comme une rivière de l'Ouest, ce roman du Canadien Guy Vanderhaeghe, déjà visité ici avec Comme des loups (Le magnat, le scénariste et le vieux chasseur), La dernière traversée est un voyage vers l'Ouest assez proche de l'itinéraire d'Audubon,mais situé une vingtaine d'années plus tard, en 1871. Autant vous dire que c'est un bol d'oxygène littéraire après le pensum susdit.Deux frères anglais s'enfoncent dans l'Ouest à la recherche d'un troisième, disparu. L'un est un officier plein de morgue, l'autre un peintre qui peine à trouver sa voie. Simon,dont on est sans nouvelles,s'est fait embobiner par un prêcheur fanatique.D'autres personnages,une jeune femme dont la soeur a été tuée,un métis coureur des bois,des brutes dégénérées. Je ne prétends pas que La dernière traversée soit terriblement original.Mais c'est un très bon roman qui vous emporte sur sa  selle en territoire indien,avec un souffle et des caractères bien trempés et ce rêve de l'Ouest qui sommeille en chacun de nous.

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                    Conscient d'avoir déçu l'ami Le Bison avec Journal du Missouri je ne peux que l'inciter à chausser ses éperons pour ce roman dont l'illustration le ravira certainement.Annie "Brokeback Mountain" Proulx signe la préface,enthousiaste.Au long de 460 pages bien des sentiments parcourent cette aventure pleine de pauvres types prêts à se ruiner pour un filon inexistant et qui de la fortune ne connaîtront que le whisky de contrebande à vous tordre les boyaux et à abrutir les Indiens.Mais Guy Vanderhaeghe reste un romancier de facture classique et avec juste ce qu'il faut d'opposition fraternelle nous concocte une bonne histoire très bien imagée. Je retiendrai notamment les pages souvenirs de la Guerre de Sécession racontée par l'un des protagonistes.Digne de Stephen Crane ou Ambrose Bierce qui savaient ce dont ils parlaient.Tou cela est dans la bien belle collection Terres d'Amérique chez Albin Michel.Comme Welch, Owens, Treuer, une foule d'autres qui régalent bien des lecteurs de mes connaissances.

16 juin 2012

Le rougeoiement du soir dans l'Ouest

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            J'ai gardé comme titre le sous-titre du livre en question.Je fais rarement ça mais il est si beau qu'il pourrait être élégiaque, bucolique, poétique.Fausse Route, tiens, un autre livre pessimiste de Cormac McCarthy.Mais attention,c'est du brutal.J'ai mis assez longtemps relativement pour lire Méridien de sang car c'est épuisant.Une horde hétéroclite de types sans foi ni loi,d'une cruauté impensable et totalement fantasmagorique hante le Sud et le Mexique dans les années 1850.Peu importe l'époque,de toute façon on est complètement hors norme,la trace la plus marquante de ce bouquin très riche étant quand même le massacre.Mais alors le massacre élevé au rang d'un art majeur.En quatrième de couv. on cite La horde sauvage,le film de  de Sam Peckinpah et on n'a pas tort.La violence ,le baroque,l 'horreur éclatent à chaque chapitre comme les cerveaux et les viscères et ce vieux Sam,pas un enfant de choeur toutefois,est ainsi relégué au jardin d'enfants.

      Quelques individus dominants surnagent dans cette sinistre compagnie: Glanton,chef "militaire",le Juge,nommé Holden comme l'acteur principal de La horde sauvage,caution "morale",un colosse qui se pique de philosophie et de dons pour le dessin,mais c'est à l'abattage en série d'Indiens,Mexicains et tous êtres vivants, qu'il excelle vraiment,le Gamin,seul à posséder une éventuelle ébauche de début d'once d'humanité.Cormac McCarthy est un torrentiel aux longues phrases et aux rares virgules.Cruauté à chaque page,scalps et mutilations,colliers d'oreilles diverses,Méridien de  sang ou Le rougeoiement du soir dans l'Ouest est un opéra baroque, un peu à la sud-américaine,zébré d'éclairs de sang où la boue succède à la poussière,où les femmes sont putains,vieilles ou mortes ou les trois,où l'armurerie est poésie et où l'on danse beaucoup,une danse obscène de violence,où l'homme dégradé a manifestement perdu la confiance de l'immense romancier McCarthy. Immense et fatigant.Ce sillage de la mort dans le Sud et l'Ouest est somptueux, grotesque et fascinant,du Jérôme Bosch du Nouveau Monde.Mais,Dieu,ou Diable,que c'est éprouvant,tous ces crânes fracassés!

   Deux mots encore.McCarthy voue un culte à Melville et c'est vrai qu'il y a du Moby Dick dans la quête effrénée et sans limite des assassins de Blood meridian.Et il semble que Ridley Scott ait renoncé à l'adaptation du bouquin,envisagée il y a quelques années et absolument impossible de toute façon, malgré le sens du visionnaire du cinéaste de Blade Runner et Alien.

28 mai 2012

Canyon un peu boulet

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         La facture est très classique,le thème rebattu,la nature hostile mais rédemptrice,le mal bien identifié et l'Ouest sauvage barré de tractopelles. Compris,on est dans le nature writing,mais un peu de série.Trois générations, Justin,professeur,Paul,son père,bougon,une culasse de carabine à la paume et à l'esprit,Graham,son fils,préado sensible.Hommes des bois pour un week-end,ça va mal se passer.Couplet sur les rapports père et fils,pas mal sans plus,un peu pesant sur la gâchette.Brian,lui,couturé du dedans et du dehors,est de retour d'Irak comme on revenait du Vietnam dans les années Platoon-Deer hunter.

     Karen,la femme de Justin,en cinquième rôle maximum,et minimum quota féminin si j'ose dire.Promoteurs très pro-promoteurs,Tom Bear Claws,Indien de son état,pro-casino sous couvert de défendre la tradition.Guest star un grizzly qui n'existe pas dans l'Oregon,paraît-il.Ben voilà c'est à peu près tout ce que j'ai à vous en dire.Un roman aussi surprenant qu'une soirée télé sur M6.La couverture évoque Délivrance de James Dickey,ce qui est pour le moins très excessif.Je joins ici l'avis de Keisha,guère plus enthousiaste.

http://en-lisant-en-voyageant.over-blog.com/article-le-canyon-99140392.html

13 mai 2012

Ma cabane en Alaska

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        Impressionné comme beaucoup par Sukkwan Island j'ai attendu un peu pour aborder Caribou Island.Ca me rappelle une jolie chanson  qui s'appelle J'irai jamais sur ton island.Parce que les islands vues par David Vann c'est pas de la tarte.Le premier livre était assez désespéré.Le second,Désolations,pour une fois le titre français n'est pas trop mal vu,serait plutôt désespérant.C'est pire.D'abord David Vann a le chic pour nous présenter des personnages médiocres, inintéressants, souvent pas mal beaufs,vaniteux.Inintéressants? C'est pas  sûr finalement.Un homme n'a qu'une obsession,bâtir une cabane de rondins dans une île paumée en Alaska.On ne sait même pas vraiment pourquoi.Son couple est en train de sombrer,sa femme malade traîne un boulet freudien lourdissime.Et puis l'Alaska n'est pas la Floride,on finit par s'y geler les neurones.Tous deux manipulent billes de bois péniblement transportées sur un bateau besogneux.Douleurs articulaires et blessures aux mains assurées.

    Ils ont bien eu deux enfants,adultes.Enfin,adultes,ça se discute.Le fils n'est vraiment lui-même que camé ou bourré.Le type même du gars qu'on n'a pas envie d'avoir comme ami.Il y en a comme ça.Les cadences péremptoires de la pêche au saumon, industrielle,en haute saison ne tendent certes pas vers la poésie mais cet homme n'a manifestement pas grand -chose à foutre de ses parents.Sa soeur,physiothérapeute (mais ce n'est pas par confraternité que je la sauve),très mal attelée avec un dentiste menteur comme un arracheur de dents,a bien conscience du malaise grandissant puis culminant chez ses parents.Elle fera ce qu'elle pourra mais chez David Vann,jusqu'à présent car il n'y a que deux romans,toute grâce semble vouée à l'échec.

     Ainsi donc le mari et la femme,j'ai oublié leur prénom et rendu le livre, n'échangent plus que des efforts harassants pour bâtir cette odieuse cabane,entre insultes et mépris.D'évidence ce ne sera pas "Home,sweet home".Désolations est un bon livre, fort bien documenté sur la nature alaskane d'une clémence relative.Je veux bien go West mais pas à ce point-là.Pour vous remonter le moral ne comptez pas sur David Vann.Pour une lecture de qualité mais réfrigérante,si.Pour voir une ébauche de label Vann,eh,peut-être.

L'avis  de Claudia  http://claudialucia-malibrairie.blogspot.fr/2011/10/david-vann-desolations.html

7 octobre 2011

Géographie: Long Beach, Californie

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             De Long Beach,460 000 habitants au sud de L.A. on connait surtout le Queen Mary,légende flottante maintenant palace au quai,quai des nantis cela va sans dire.Le trafic portuaire y est énorme et, inter-dépendant avec L.A., c'est l'un des plus importants au monde.Long Beach fut au commencement l'un des berceaux du cinéma avant d'être supplantée par Hollywood.Illustration musicale par Eddie West,une jolie ballade pas follement originale mais agréable.

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http://www.deezer.com/listen-9733008  Maybe Long Beach   Eddie West

28 septembre 2011

Géographie: Tacoma,Washington

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http://www.deezer.com/listen-9364403  Tacoma   Jay Ray

    Tacoma c'est l'Ouest extrême,maintenant éclipsé par Seattle,dans l'état du Washington.Son nom viendrait de l'amérindien et signifierait Mère des Eaux.La ville fut aussi surnommée City of Destiny surtout parce qu'elle constituait le terminus de la Northwest Railroad, "When the railway meets the sails".La ville compte 200 000 habitants et c'est la troisième de l'état derrière Seattle et Spokane.Si vous désirez entendre parler ou chanter au sujet de Tacoma n'importe quel festival de chants de marins (les shanties) fera l'affaire:l'un des plus célèbres est Le port de Tacoma.

   Détails sur le produit

     En plus de cette chanson voici d'un inconnu intéressant bien parti pour le rester,inconnu,Tacoma,belle ballade du dénommé Jay Ray.En attendant hissez le grand foc et cap au large.

http://youtu.be/rtpGIcct02A  Le port de Tacoma   A Virer

23 août 2011

Géographie: Fresno, Californie

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http://www.deezer.com/listen-1774443  Fresno girl  Cyrus Clarke Band

                  Fresno,sixième ville de l'état géant de Californie,450 000 habitants,tire son nom des frênes qui peuplaient l'endroit lors de la conquête espagnole.Peu éloignée des séquoias millénaires de Yosemite Park la ville est à mi-parcours entre L.A. et San Francisco et de ce fait on a un peu de mal à individualiser toutes ces grandes villes dans cette Californie hyperurbanisée.Fresno est un important centre industriel, commercial et administratif de la vallée irriguée de San Joaquin, une des plus riches régions agricoles du pays. Les activités sont la production de coton, de laitages et d'une grande variété de fruits et de légumes ainsi que l'élevage.Bien des vins de Californie sont originaires du comté de Fresno.

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     Quant au Cyrus Clarke Band rien de particulier si ce n'est que cette musique ne cessera jamais de me plaire.Et que leurs albums mêlent classiques de Dylan, Haggard, Parsons, Guthrie et originaux du groupe.

22 mai 2011

La peau de l'ours

ciel

                  Rick Bass est vraiment un magicien.Ce recueil de trois longues nouvelles est une merveille.Si Les mythes des ours relève du légendaire,sorte de transfert littéraire où le trappeur et l'ours ne font plus qu'un,si Là où se trouvait la mer raconte un destin pétrolier au Texas au début de l'exploitation dans une ambiance pas si éloignée d'un Faulkner sur bfod d'aviation rudimentaire,si ces deux textes sont excellents,ils laissent la part belle à la nouvelle éponyme,étirée de 150 pages,Le ciel,les étoiles,le monde sauvage,étourdissant voyage, admirablement traduit par Brice Mathieussent qui aura décidément fait beaucoup pour la littérature "sauvage" américaine.Une femme d'âge mûr retourne vivre dans le ranch texan de son grand-père.Sa mère,enterrée à même la falaise,morte très jeune l'accompagne au long de cette profonde évocation de ses vertes années en ce pays uù homme et nature se fondent parfaitement en un rousseauisme "americana" où certains discerneront naïveté,où je ne vois que poésie et lyrisme.

  J'peux vraiment pas les voir en peinture(8)

  Les fameuses planches d'Audubon illustreraient parfaitement cette médiation active parfois nocturne dans ces lacs et ces rivières.Il suffit de se laisser dériver au fil de l'élégie parmi les engoulevents et les tatous,les lynx et,plus que tout,les aigles symboles.La narratrice raconte un épisode magnifique,parmi tant d'autres.Découvrant un aigle probablement empoisonné la jeune adolescente le recouvre d'une chemise avant de revenir le lendemain pour le hisser ,loin et haut,dans les branches d'un vieux chêne,masqué par des cèdres,et de lui redonner ainsi ses deux mètres d'envergure et sa vue plongeante sur la rivière.Il y a pas mal d'écrivains dits du Montana.En France on aime les lire,parfois avant de jeter nos papiers gras.Plutôt que  de persifler ainsi mieux vaut les escorter en leurs tribulations parmi pierre,faune et flore,et humanité aussi bien que celle-ci,contrairement aux trois premières,ait bien du mal à connaître sa propre histoire.Le grand cycle poursuit sa route mais hélas il semble que les roues du siècle écrasent ou pour le moins écartent des créatures millénaires.Retour au respect prochain?,Possible?Douteux?

   N'ayez crainte.Rick Bass n'est pas du genre à pensums écologiques.Si vous décidez de vivre un peu avec son héroïne,parmi les cris d'oiseaux de son grand-père attirant les colibris,les craintes nocturnes du vieux Chubb,les appels de sa mère toute proche,les courageuses actions de son père pour freiner l'hécatombe de la diversité,vous passerez un joli moment en littérature,de la plus belle eau.Ce mot de la fin coule de source après une telle lecture.

 

11 février 2011

Géographie: Portland, Oregon

downtownportland

         Portland,très à l'Ouest,est la plus grande ville de l'Oregon,550 000 habitants.Surnommée City of roses car particulièrement riche en jardins et roseraies Portland semble être une des villes américaines les plus en phase avec l'écologie.Proche du Pacifique,sur la Columbia River Portland lorgne vers la célébrité des deux autres métropoles du Nord-Ouest Pacifique,Seattle dans l'état voisin du Washington et la mythique Vancouver,déjà canadienne.Voici une jolie ballade du folkeux inconnu de mes services mais néanmoins talentueux Lucky Overton.Enregistrée à Portland en une seule prise sèche.De l'artisanal total.

theportlandsessions_art

http://www.deezer.com/listen-9042909 28 miles to Portland  Lucky Overton

28 mars 2010

Discorde Island ou la possibilité d'une île

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Sur le livre de David Vann,les avis de Dasola et Dominique

http://dasola.canalblog.com/archives/2010/03/27/17326861.html

http://nuagesetvent.over-blog.com/article-david-vann-sukkwan-island-45071942.html

  Cette île du Pacifique Nord est-elle en passe de devenir une destination culte (terme ridicule) en même temps qu'un sujet de querelle littéraire et accessoirement un triomphe de librairie?Elle va rejoindre d'autres terres célèbres en Lettrelande, Au trésor ,Mystérieuse, du Dr.Moreau.Les amies citées plus haut ne semblent guère désireuses d'y débarquer.Sans être inconditionnel de cette insularité mon séjour là-bas m'a semblé somme toute intéressant.Certes ce livre fait un sacré choc à mi-parcours.Il faut d'ailleurs se montrer particulièrement attentif à n'être pas trop disert en le chroniquant.Ce bouquin est un roman de 200 pages dont la brièveté cadre bien avec le côté expéditif de cette histoire.Dans cette littérature de la rudesse on aura compris que les rapports père-fils n'auront rien d'une île enchanteresse.Mais cette brutalité assène un coup de poing plutôt salutaire à ce type de récit qu'on aurait pu croire initiatique.Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue dont pas mal de blogueurs ont déjà évoqué le fil.

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   C'est un ouvrage qui divise à l'évidence les lecteurs et braque parfois ceux qui ne l'ont pas encore lu et ne le feront peut-être pas.Un malaise saisit toutefois le lecteur,fût-il plutôt favorable comme moi.C'est que fréquenter Jim et Roy n'est pas de tout repos et l'on peut comprendre facilement les réticences.Glacial,secoué de pleurs et de peurs,zébré de matins qui ne chantent pas,il est âpre de séjourner à Sukkwan Island.A chacun d'y puiser sa substantifique moëlle,quitte à dévorer en frissonnant  des crabes crûs comme le "héros".Pour se détendre on peut essayer de trouver qui sera l'interprète de l'adaptation ciné,quasi inévitable à mon avis.

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