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21 mai 2014

Les verts dimanches d'Erin ou Curragh, bossons

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                                                           Et Dieu fit le dimanche... est un joli recueil du "Galway man" Walter Macken (1915-1967) dont j'ai déjà présenté ici Le Seigneur de la Montagne. Treize nouvelles plutôt rurales et insulaires, plutôt versant Ouest que Dublin. Publié en 1962 le livre est une délicieuse promenade dans ce versant océanique de l'Irlande  où rien ne manque. Bien sûr, ayant déjà beaucoup lu le pays, on retrouve des traits communs à d'autres auteurs dont le pays est si riche mais j'ai appris depuis bien longtemps qu'à trop chercher la singularité la littérature peut parfois se fourvoyer. Trêve d'exégèse, quelques nouvelles des nouvelles de Walter Macken en ce florilège dont je vous ai proposé une illustration en version originale non pas parce que je l'ai lu ainsi, ça me serait assez difficile, mais parce que je l'ai trouvé bien jolie.

                                                           On y rencontre de modestes pêcheurs réparant leur curragh, petit bateau traditionnel du côté de Dingle. On y rencontre un prêtre, élément à peu près obligatoire. Mais voilà, le Père Henderson, dit Solo, n'est pas le personnage torturé digne des Magdalen Sisters, mais un brave type courageux qui ne dédaigne pas le football gaélique et penche plutôt du côté de L'homme tranquille de Maurice Walsh mais annexé par John Ford. S'il faut défendre un simple d'esprit ou une fille perdue, deux autres figures très présentes dans les lettres irlandaises de ces années-là, il n'hésitera pas à faire le coup de poing (Solo et la pécheresse, Solo et le simple d'esprit). Ces histoires paraissent parfois presque naïves, dans leur rudesse, où de bons chiens de bergers sauvent les moutons, où les fameux "tinkers", ces nomades irlandais ne sont pas (trop) pourchassés,où même la lutte fratricide et séculaire des deux clans connait quelques relâchements individuels, quelques bonnes volontés. On n'est pas chez le O'Flaherty du Mouchard ou d'Insurrection.

                                                            Et puis Walter Macken décrit si bien les nuances de ce pays parfois âpre, tellement laborieux, mais si attachant. "De paresseuses volutes bleues montent des cheminées"."Les agneaux avaient l'air de ballons de laine blanche que les brebis poussaient à coups de pattes". Et Dieu fit le dimanche... est une délicate offre de voyage dans un pays qui n'existe plus tout à fait mais qui a cependant la chance d'avoir attiré assez tardivement les curieux pour savoir garder in extremis quelque chose en lui de Walter Macken.

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19 octobre 2013

Une dose d'Oz

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                                           Qu'elles sont belles et simples ces huit nouvelles d'Amos Oz qui rejoint ce jour ma galerie de chouchous. D'une simplicité biblique,c'est le cas de le dire,au coeur de l'Israel des kibboutz des années cinquante, sous la gouvernance de David Ben Gourion.Ecoutez leurs titres: Un petit garçon, Papa, Entre amis, Deux femmes. Beaucoup est ainsi déjà dit, huit histoires de tous les jours, de l'ordinaire dans une vie extra-ordinaire en cet Israel encore presque naissant. Comme vous l'avez vu en lisant les titres il s'agit la plupart du temps de problèmes de famille à l'intérieur de la plus grande famille,le kibboutz,cette entité si spécifique, cette communauté aux règles strictes et qui conjugue la solidarité jusqu'à en faire une extravagance. Ainsi se posent des questions qui ne sont faciles nulle part mais moins encore au sein de cette drôle d'assemblée proche encore de l'esprit pionnier du sionisme.

                                         Comme c'est le cas dans le recueil Scènes de vie villageoise il y a en fait une  trentaine de personnages qui se connaissent tous très bien forcément et qui sillonnent les pages et entrecroisent leurs soucis à peu près au vu de tout le monde.Faut-il laisser un petit de cinq ans dormir dans la maison commune des enfants malgré sa faiblesse ou l'autoriser à rejoindre ses parents? Un jeune homme de vingt ans aura-t-il l'autorisation de partir étudier en Italie si ce n'est pas tout à fait utile à la vie du kibboutz? Et David,instituteur gardien du dogme et de la plus ferme obédience,qui s'accommode fort bien de vivre avec la fille de son vieux compagnon,dix-sept ans à peine, qu'en penser?

                                             Témoignage passionnant et limpide de cette vie en autarcie, où règne le travail mais où crépitent de minuscules velléités d'autonomie,chez les femmes surtout,  le recueil Entre amis fait en 160 pages le tour de cette micro-société laborieuse et tout à sa foi. Ici et maintenant le vie est rude mais l'union fait la force avec cependant quelques maillons faibles. Après tout là comme ailleurs et de tout temps les hommes ne sont que des hommes.Et encore,pas souvent. Dire que sur la surface de deux régions françaises vivent Oz, Grossman, Appelfeld , Yehoshua. Rêveur je suis... A la fin octobre Amos Oz déjà lauréat de très importantes distinctions en Allemagne, en Espagne, recevra à Prague le Prix Littéraire Franz Kafka. Ci-dessous un court extrait et cinq minutes formidables avec Amos Oz.

                                «Au début de la fondation du kibboutz, nous formions une  grande famille. Bien sûr, tout n’était pas rose, mais nous étions  soudés. Le soir, on entonnait des mélodies entraînantes et des chansons  nostalgiques jusque tard dans la nuit. On dormait dans des tentes et  l’on entendait ceux qui parlaient pendant leur sommeil.»

http://videos.arte.tv/fr/videos/litterature-rencontre-avec-amos-oz--7331252.html

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29 septembre 2013

Bzzz bref mais troublant

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                                   Ce satané Bison de Le Ranch sans Nom  a fini par me convaincre de nipponiser un peu plus. Alors,soucieux de ne pas abuser ni du sake ni du sumo j'ai lu les 75 pages des Abeilles de Yoko Ogawa et ce fut un nectar.J'en ai fait mon miel. Voilà la beauté du texte court dans toute son épure,sans effets ni scories. "Les tulipes du massif oscillaient.Les ailes des abeilles étaient mouillées." Une ligne et demie,vers la fin du livre,et je la trouve superbe en sa simplicité. Puisque de Japon il est question on pense au crayon d'Utamaro, quelques traits dans un coin d'une grande feuille,et qui en disent tant. L'héroïne de ce beau et discret récit rencontre un directeur de résidence d'étudiants,sans étudiants pour y résider. L'homme, très gravement handicapé, prend une place dans sa vie,sa vie un peu en stand-by, son mari en lointaine Suède pour son métier. De petits mystères sur la disparition du dernier pensionnaire,l'habileté manuelle ou plutôt pédestre du personnage, une curieuse tache au plafond,et surtout le bruit des abeilles dans le jardin sous la brise, un étonnant mélange qui distille bientôt une inquiétude,comme si sous le calme le pire était à venir. Pas sûr du tout. Hum hum,possible cependant.

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                              Drôle d'endroit que la blogosphère avec ces étranges rencontres. C'est au Bison que je dois cette perle du Soleil Levant. Oui,ce même Bison dans sa grande prairie, amateur de bière,de Southern-rock, très chatouilleux sur Chet Baker, très noirpolarophile,tout ça mais pas seulement. Sous sa pelisse on trouve aussi une belle plume qui court  sur la littérature japonaise. Il faut, comme le peintre du Quai des Brumes, voir les choses qui sont derrière les choses.

9 juillet 2013

Et le wombat cessa...

La vengeance du wombat

                       Kenneth Cook,Ce vieux briscard des antipodes est décidément infréquentable.Je le sais depuis Cinq matins de trop et A coups redoublés. Mais qu'est-ce qu'on se marre avec lui. D'accord,pour le foie,c'est pas trop recommandé et la modération n'est pas le fort des gars du crû,le déodorant non plus,ni la galanterie.Une quinzaine de nouvelles australes qui nous dépaysent et nous laissent le cheveu raide.Moi,j'aime bien,de temps en temps.Mais comme on en sort épuisé on a tendance à glander et à laisser la parole à quelqu'un de tout à fait autorisé qui pense comme soi-même et qui l'a fort bien écrit.J'ai nommé Le Bison. Allez à toi cher Buffalo! http://leranchsansnom.free.fr/?p=5287

8 juin 2013

Récits de corail

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                Superbes,ces nouvelles sont superbes et comme j'aime Joseph Roth dont j'avais découvert il y a très longtemps La Marche de Radetzky et La Crypte des Capucins,avant de lire cinq ou six autres romans un peu plus récemment.Neuf textes courant de 1915 à 1936 constituent ce splendide recueil qui se termine par Le marchand de corail.Au moins six de ces nouvelles m'ont régalé.Par exemple l'une des plus courtes,Sa Majesté apostolique imériale et royale,petite chronique sur l'une des dernières sorties du vieil empereur d'Autriche-Hongrie,symbole d'une autre époque,où nous frappe cette attraction-répulsion de Roth pour ces "temps d'avant".Rien de nostalgique chez Joseph Roth,plutôt d'ailleurs contre l'autoritarisme,mais Le buste de l'empereur est l'occasion d'une analyse remarquable sur la décomposition d'une société qui fait place à une autre,pas forcément enchanteresse.Grand lucide, Roth évoque les notions de patrie et de nationalité chez un comte jadis autrichien devenu polonais,à en perdre son latin et son identité.C'est profond,et ça en dit beaucoup sur la Grande Guerre et le grand tournant.

                    Le chef de gare Fallmerayer,modeste fonctionnaire,bouleverse sa vie pour une comtesse russe victime d'un déraillement. Souvent chez Joseph Roth un déclic, accident ,maladie, deuil, transforme le destin de personnages besogneux et falots. Le marchand de corail, le discret commerçant juif ukrainien Nilssen Piczenik, court à sa perte, victime de sa passion pour l'or rouge des fonds.Les petits héros des nouvelles de Roth,disséminés dans les landes en déréliction de l'ex-monarchie viennoise,ou errant au Prater maintenant banalisé,sont à leur manière,presque tous,des victimes de 14-18.Pour eux rien ne sera plus comme avant,même les noms ont changé.J'aime profondément la sensibilité de Joseph Roth,qui a toute sa place près de Zweig ou Schnitzler,autres grands d'Autriche.

                   Joseph Roth (1896-1939) mourut d'alcool et de misère à Paris après avoir fui le régime qui brûla ses livres.Juif autrichien né en Galicie,dans cette sorte de macédoine que constituait l'empire de François-Joseph,il fut journaliste et s'interrogea beaucoup sur la fin des puissances centrales,qui imprègne son oeuvre dont nombre d'articles pour les journaux viennois, témoignages. Il repose dans un cimetière de banlieue parisienne après une sorte de lent suicide que son ami de toujours Stefan Zweig ne put empêcher avant de choisir à peu près la même désespérance..

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3 juin 2013

Fitz au Ritz

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               Avec l'éternel retour du sémillant Jay Gatsby j'ai eu l'occasion de lire quelques nouvelles de Fitzgerald.Il y en a presque trop dans ce recueil de 27 textes dont le plus célèbre donne son nom à l'ouvrage.Elles ne m'ont pas toutes séduit outre-mesure. J'avais pourtant envie de m'enflammer sur les jeunesses perdues de Scott,de Zelda et de moi par la même occasion.J'ai presque peiné à m'intéresser à certaines de ces chroniques d'une jeunesse étudiante puis adulte,à tous ces personnages qui d'ailleurs se croisent dans un univers un peu frelaté d'aisance et de conformisme.Mais rien n'est si simple avec Scottie et quelques textes sortent du lot malgré tout.

             A travers cette inégalité qualitative j'ai cependant découvert cinq ou six pépites où l'émotion affleure en quelques dizaines de pages.Le plus souvent tout semble terriblement autobiographique dans ces lignes,Fitzgerald a surtout écrit sur Scott et Zelda. Dans ce moments j'ai retrouvé la grandeur et la douleur de The great Gatsby et Tendre est la nuit,les deux incontournables qu'on aurait tort de contourner.

             Retour à Babylone s'avère bouleversant et explore le très "people" Paris des écrivains américains de l'entre-deux guerres. Charlie Wales a vécu quelques années folles entre Ritz et Montparnasse avec sa femme Helen et sa petite fille.Krach et crises aidant la vie est devenue plus difficile.Revivra-t-il avec sa petite Honoria,pour l'heure sous la tutelle de la soeur de son épouse décédée?Cette nouvelle touchera tous les pères,sans grandiloquence et pathos.On s'en doute, l'alcool coule allégrément au long du recueil, dans Un voyage à l'étranger par exemple où un jeune couple très glamour,ça rappelle quelqu'un,est confronté lors de  ses escales européennes à un autre couple,en fait eux-mêmes,un peu plus vieux.Effrayant.

Fitzgerald

             La lie du bonheur est une énième variation sur le malentendu amoureux qui conduit l'homme et la femme à sacrifier leur félicité au souvenir .Souvent le monde dépeint par Fitz nous semble privilégié.L'est-il vraiment,je n'en suis pas certain.Sans nul doute par contre,et même si cet ensemble se révèle disparate et frise parfois le ridicule,ce monde s'avère d'une immense fragilité où l'on a vite fait,très vite fait,de perdre la santé,voire la raison,voire la vie.Parmi les dernières nouvelles,très brèves,j'ai aimé surtout La mère d'un écrivain,quatre pages où une vieille dame meurt en confondant son fils,auteur,avec un duo de poétesses bon marché. Splendide humiliation.Et aussi Trois heures entre deux avions,brèves retrouvailles  de Nancy et Donald,plus de vingt ans après une amourette d'enfants,en fait une méprise.Et qui se termine par cette désespérance "Donald avait pas mal perdu au cours de ces quelques heures entre deux avions,mais étant donné que la seconde moitié de la vie est un long processus d'abandon de certaines choses,cet aspect-là de son expérience n'avait pas probablement pas d'importance."

        Désespérant,je vous l'avais dit,surtout que la deuxième moitié de la vie,pour Fitzgerald,commença à 21 ans.Paradoxalement le dernier texte,La fêlure,qui traite de l'impuissance créatrice qui saisit Fitzgerald assez rapidement m'a laissé de glace,malgré cette belle métaphore,"J'avais le sentiment d'être debout au crépuscule sur un champ de tir abandonné,un fusil vide à la main".C'est pourtant une phrase qui s'applique à toute panne.

          

16 février 2013

Chères viennoiseries

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           Pénible,avec les nouvelles,leur publication est souvent en vrac.Certaines ont vu le jour en France dans différents recueils. C'est encore le cas avec ces sept textes de Stefan Zweig,certains datant de ses vingt ans,d'autres bien plus tardifs.Wondrak,la première nouvelle,est posthume.On sait la finesse et l'élégance de Zweig et j'ai adoré baigner une fois de plus dans cette Europe d'avant, condamnée.La scarlatine est ainsi parfaitement symbolique d'une jeunesse meurtrie,l'étudiant en médecine timide et moqué, amoureux d'une belle écervelée,et qui se révèle à lui-même dans l'art de guérir..et de mourir.Cette mort viennoise n'est jamais loin chez des écrivains comme Zweig.Ne finira-t-il pas par l'apprivoiser en 1942 dans un lointain Brésil?

         Printemps au Prater ramène bien sûr aux calèches,à Liebelei et à Schnitzler, on pense à Max Ophuls qui adapta si bien et Schnitzler et Zweig.Chez les Viennois le désespoir finit toujours par montrer son visage,parfois plutôt avenant. "Et peu à peu,tout à fait insensiblement,le sourire se meurt sur ses lèvres rêveuses..." clot magnifiquement avec amertume et cafard assuré la jolie nouvelle Rêves oubliés.De cette simple sentence tout est dit,à la viennoise.La dette nous emmène,sous la forme d'une lettre de Margaret à Ellen,au coeur du souvenir d'un acteur de théâtre qui les avait tant émues,jeunes filles,et que Margaret,en cure à la montagne,vient de retrouver par hasard,au comptoir d'une auberge,pas loin de la décrépitude.Toutes ces variations sur l'inexorable danse des heures,ce sont un peu les miennes,les vôtres peut-être.Sur Stefan Zweig,on n'a pas attendu les blogs pour savoir sa grandeur et la belle pièce de Ronald Harwood,Collaboration,ne dit pas le contraire.

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31 janvier 2013

Un K intéressant

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                 Retrouver Dino,l'homme qui a changé ma vie,est toujours un plaisir,une douleur aussi car qu'est-ce qu'il m'a fait mal,celui-là.Parce que je n'en sors jamais indemne,bien que je pense avoir lu maintenant une bonne partie de ses nouvelles. Mais la lecture commune avec Valentyne et Asphodèle m'a ainsi replongé dans les inquiétudes buzzatiennes.Dans cet univers sont venus nous rejoindre..., Laure , Jean Charles, Morgouille, Chronique littéraire,Natiora , Noctembule

             Des nouvelles,des courts récits,des articles,Buzzati en a publié des centaines,lui qui ne quitta jamais le Corriere della Sera.C'est donc le recueil Le K qui fait l'objet de cette réaction à plusieurs,rédaction aussi,concernant la cinquantaine d'écrits du livre.J'aime toutes les histoires de ce grand conteur,je l'imagine assez bien les lire lui-même.Elle sont d'ailleurs souvent adaptées au théâtre,leur format bref autorisant un spectacle parfois adapté aux enfants,ce qui à mon avis n'est pas un non-sens tant l'univers de beaucoup de  ses nouvelles se joue des générations.Je ne m'attarderai ici que sur quelques-unes de ces nouvelles, parmi celles qui m'ont le plus convaincu.Je n'étais guère difficile à convaincre, et, buzzatien incurable, je ne constitue pas un juré très impartial.De plus j'avoue que je finis par confondre un peu certains textes parmi les nombreux recueils de courts de Dino.J'ai d'ailleurs l'intention de faire une petite recherche dans ma dinothèque pour en extraire quelques réflexions,un petit hit-parade de mes préférences.Je vous fais remarquer que je n'ai à aucun moment évoqué Le désert... qui me colle à la peau.Tiens,je l'ai évoqué.

        Il est toujours tenant de voir dans ces sortes de fables allusions et références à l'histoire de l'Italie.Je n'ai pas trop cette optique,les symboles pouvant parfois nous perdre.Pauvre petit garçon est en fait une histoire connue,parfois racontée sous la forme d'une courte blague,d'un goût douteux.Le prénom du héros peut donner une indication.Je n'aime pas particulièrement ce texte,assez éloigné de l'univers de Buzzati.J'aime beaucoup Général inconnu qui s'attarde sur le cas,rare,d'un officier supérieur dont on retrouve le squelette sur un chantier,et qui attire les moqueries,lui qui n'est pourtant pas mort sous les tentures du Ministère de la Guerre,et qui n'est pas honoré comme unn modeste première classe,lui qui avait manifestement un ventre rond constellé de médailles.

        Les personnages de Buzzati sont souvent fatigués,à bout de course, désabusés, des Lieutenant Drogo vieillissants.Ils m'en fascinent d'autant plus.Ainsi Stefano Merizzi,industriel,nul au golf et qui pour une fois brille sur les greens. Inquiétant,non? (Le dix-huitième trou).De toute façon c'est toujours très inquiétant avec cet écrivain,et moi je m'inquiète avec lui depuis 35 ans et ça ne s'arrange pas.Le pire n'est pas sûr,mais, il est certain que ça y ressemblera.

       "Ainsi les années étaient passées inutilement.Et aujourd'hui il était trop tard". Putain,comme tu y vas fort Dino, et voilà qu'on reprend du Désert...Car c'est bien ça,les toutes dernières lignes de Et si? Construite à l'aide d'anaphores,cette nouvelle est la plus impressionnante."C'était lui le Dictateur. C'était lui le grand Musicien. C'était lui le grand Chirurgien. C'était lui le grand savant. C'était lui le Généralissime... C'était lui le blogueur besogneux " (là c'est un rajout du blogueur besogneux en personne,mais ça colle quand même).Une jeune femme a traversé le Jardin de l'Amirauté,un rien,un foulard,un effluve,un mouvement de tête.Mais c'est fini.Dino quand consentiras-tu à me foutre la paix?

Il viaggio

      

 

19 décembre 2012

Lecture commune: Le K

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                Valentyne, Asphodèle et moi même vous proposons une lecture commune de ce lrecueil de nouvelles.L'idée première de Valentyne de se pencher sur Le K ne pouvait que me séduire,grand passionné de Dino depuis des lustres.Et puis,si grand soit Le désert des Tartares, et grand,certes,il l'est,il ne doit pas occulter les nombreux textes courts du génial nouvelliste italien.La date de publication a été arrêtée au 31 janvier 2013, ce qui nous laisse un bon mois et demi.

              Chemin faisant, Laure, Jean-Charles et Morgouille nous ont rejoints. Pourquoi pas vous?Pour moi,Buzzati ouvrant le bal de mon panthéon littéraire depuis si longtemps,la question ne se posait pas. Et si Dino vous convainc, vous enchante ou vous inquiète, cette troisième option étant la plus probable,pouquoi s'arrêter au squale qui donne son nom à ce livre?

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SCALA

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17 décembre 2012

Des gens ordinaires

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            Dix nouvelles forment ce recueil de Tobias Wolff dont je n'ai lu que l'excellent bouquin sur le Vietnam Dans l'armée de Pharaon et dont je n'ai vu que l'adaptation de son livre Un mauvais sujet qui donna le film Blessures secrètes (Di Caprio,De Niro). Curieusement ce n'est pas la même nouvelle qui donne au livre son titre original.Voilà un livre qui est tout de sécheresse et de tranchant,des instants volés dans des vies américaines.Ils n'ont rien de transcendant,les personnages de Wolff et on n'a pas forcément envie d'en faire des amis.Et quelque chose en eux de pessimiste nous fait parfois nous sentir un peu mieux.Après tout on a un peu plus d'allure qu'eux,nous semble-t-il.

            La nouvelle titre,Chasseurs dans la neige,n'a rien de glorieux et il s'agit de trois chasseurs plutôt bas de plafond qui se querellent sur fond de médiocrité. Plusieurs nouvelles étudiants et professeurs sans que l'on sache quels sont les plus malheureux, englués qu'ils sont dans leurs conventions.Brooke par exemple est un enseignant qui se laisse entraîner dans une infidélité d'un soir,se laissant ainsi deviner par un collègue antipathique qui ne dira rien d'ailleurs.Mais quand même,cette aventure le met à la merci de  ce type qu'il n'aime pas.C'est pour le moins désagréable.Tout paraît assez petit dans ce recueil et ces petitesses font parfois notre vie à nous aussi.Pour cette raison un léger malaise m'a envahi à la lecture de ces textes,des vies commes lues par le petit bout de la lorgnette. L'institution universitaire,notamment dans Dans le jardin des martyrs nord-américains,nous est présentée comme particulèrement sclérosée.Tobias Wolff doit bien connaître ce monde,c'est vrai qu'il est lui-même professeur à Syracuse.

               Braconnage,le texte le plus beau à mon avis,explore le difficile retour à la nature d'un père en instance de divorce.Souvent chez Wolff on a l'impression que les choses restent en suspens,on n'est jamais sûr que cela soit fini.Un peu comme le voyage dans un car hors d'âge de la dernière nouvelle Le menteur.Un peu comme cette chronique...

21 novembre 2012

Deux bouquins d'outre-Rhin

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              L'un très bien,l'autre un peu moins bien.H.W.Kettenbach,inconnu.Pas une raison pour l'ignorer.Emprunté avec la simple idée de lire Allemagne comme ça m'arrive régulièrement.La vengeance de David raconte le séjour chez un professeur allemand d'un ami venu de Géorgie.Tous deux se sont connus avant la fin de l'U.R.S.S lors d'un voyage d'études de l'enseignant.Il y a bien eu un vague flirt entre lui et Matassi l'épouse caucasienne.Mais rien d'important,quelques questions à la rigueur sur l'espionnage supposé omniprésent à Tbilissi.

                  Mais sept ans ont passé et la visite de David fait plutôt plaisir à Christian.La tendance à l'incruste du Géorgien prend pourtant de l'importance.Ne se met-il pas, sous prétexte d'éditer la littérature de son pays, à écumer la région en compagnie de la femme de Christian,avocate réputée?Quant au fils de la famille il ne se prive pas de xénophobie.Ajoutez à cela des difficultés d'ordre pédagogique au lycée pour Christian,et l'apparition d'un membre d'une commission pas très nette et un peu barbouze. Vous obtiendrez un roman auquel je trouve un petit air de cinéma d'Europe Centrale indépendant,têtu, drôlatique et qui dit pas mal de choses sur les lendemains de fins d'empires.Infiniment moins intéressant cependant que des auteurs comme Arno Geiger ou le nouveau venu Von Schirach,pour n'évoquer que des écrivains de la nouvelle génération.

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        Sous forme de nouvelles Ferdinand von Schirach revient sur onze affaires criminelles qu'il a eu à traiter,avocat de la défense à Berlin.Ce recueil est passionnant,ces brèves histoires vraies devenant par le style même de l'auteur, sèches et précises,comme écrites au scalpel.Le titre,en toute sa sobriété, Crimes,est à prendre au sens large,pas forcément meurtrier.Von Schirach n'a pas travaillé ses textes comme un polariste,ni cherché à recréer un climat quelconque urbain,banlieusard ou professionnel.Pas d'esbrouffe, pas d'enquêteurs à la vie privée agitée,alcooliques ou névrosés,comme on en lit tant.Non,juriste exemplaire, Ferdinand von Schirach parvient à faire de ses rapports circonstanciés,à la prose glaciale de réalité,des contes cruels dont on finit par ne plus savoir la part de l'imaginaire et celle de l'authentique.

             Lisière de folie,comme ce gardien de musée qui disjoncte toute sa vie parce qu'une statue essaie d'ôter une épine de son pied.Fétichisme limite zoophilie inexplicable,et qui le restera.Invraisemblable barbarie du meurtre d'une femme pas son mari,à qui on finit par néanmoins donner presque raison.Là,un zeste de cannibalisme régressif.Le voyage est ainsi constitué de petites étapes,toutes passionnantes,avec leur lot de surprises.Crimes est effrayant dans cette banalisation de l'horreur,celle qui surgit dans la rue voisine,le métro ou l'université.Un très bon livre,signé de quelqu'un dont l'expérience technique évidente court au long d'un volume qui reste cependant un bel objet littéraire. Parfois ça fait du bien de s'éloigner des récurrents encombrants.

19 septembre 2012

A Cork et à cris

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                 Sean O'Faolain est un auteur irlandais qui vécut tout le siècle dernier ou presque (1900-1991).Je ne le connaissais pas,je lis pourtant pas mal l'Irlande mais elle est si riche en littérature.Passions entravées est un recueil,une compilation de 14 nouvelles qui courent sur 40 années.Le titre générique fourre-tout donné à cet ensemble ne me plaît pas beaucoup mais on aurait tort de s'y arrêter. C'est une belle brochette de personnages qu'il nous propose,la plupart en mal de vivre et en troubles souvent réfrénés,Erin savait serrer l'étau.

                Les histoires sont assez variées et je ne vous en préciserai que quelques-unes qui m'ont plus particulièrement intéressé. Une cigogne valsait avec un rouge-gorge explore un couple très improbable, une vieille fille irlandaise et d'un faux aristo italien menteur et pudibond.Le petit Quinquin nous présente une version d'un classique du genre famille, le fils à sa maman, possessive ça va de soi.Le plus beau texte, Un monde brisé est un dialogue à trois dans un train d'une irlandaise lenteur entre le narrateur,un prêtre trop sûr de lui et un fermier peu loquace,sur la situation du pays.Vraiment très fort.Un génie est né est aussi une bien belle prose qui explore notamment le goût du chant,si profond en Irlande,et la complicité impossible entre un homme et une femme,deux belles voix,mais de condition différente.Insurmontable handicap en ce milieu de siècle.James Joyce,celui de Gens de Dublin,n'est pas si loin.

                Sean O'Faolain fut très engagé dans l'IRA,puis enseignant.Il a tenu une place de choix dans l'éclosion de bien des talents littéraires irlandais,en particulier à travers la revue The Bell. Eireann,maître es Erin,nous donne ci-dessous son point de vue.

O'FAOLAIN Sean / Passions entravées

27 mars 2012

Ici Houston

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             James Crumley est l'une des "têtes brûlées" de la littérature américaine.Il sont assez nombreux.Vous savez,ces types-là racontent beaucoup d'histoires et soignent en général leur propre légende à base souvent de vérités.Lui-même citait ses propres poèmes d'ivrogne dans ses premières armes.Ce recueil,outre un entretien, regroupe des nouvelles qui,je pense,étaient déjà parues ça et là dans d'autres livres.Les nouvelles mériteraient à mon sens d'être un peu plus sanctuarisées et répertoriées.Nous avons là une dizaine de textes d'intérêt inégal.

   Parmi les meilleures Hourra pour Thomas Raab qui fait un parallèle saisissant entre le sport,football américain et l'entraînement militaire.Un inconvénient de taille:le langage de ce sport qui nous laisse sur la touche bien que Crumley ait pris la précaution de consacrer trois pages spéciales aux règles du jeu.Le dur-à-cuire (The Heavy) est le portrait d'un cascadeur,acteur de troisième plan que James Crumley interviewe.C'est très savoureux et Roy Jenson pourrait bien ressembler à Crumley lui-même.Cairn est un joli hommage d'un homme à son grand-père, un dur lui aussi.Ces nouvelles sont souvent remplies de fusils,d'alcools et de bosses.Une littérature à l'estomac,moins intéressante cependant que je ne le croyais car je n'avais jamais lu cet auteur.Mais Promenade dans Houston,sur un ton un peu différent,est un génial portrait de la grande métropole texane,avec les alligators somnolents mais sournois du Parc Zoologique,les immenses fresques des chicanos et l'air conditionné qui atteint ici des records du monde.J'ai rarement senti une ville inconnue comme sous la plume de James Crumley.

29 avril 2011

Les vrais croyants

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   Premier livre de Joseph O'Connor ce recueil se compose de treize nouvelles sur l'Irlande d'il y a vingt ans,juste avant son boum économique et sa chute brutale.L'Amérique n'est guère présente contrairement aux livres ultérieurs d'O'Connor comme ses grands romans,surtout ce chef-d'oeuvre qu'est Inishowen. D'ailleurs ces personnages des Bons chrétiens,titre français de True Believers,ne partent guère.Parfois ils croient qu'ils partent,comme Ray,40 ans,qui dans Faux départ,comprend que "L'amour c'est parfois simplement rentrer chez soi et pas beaucoup plus".Et puis,les grands espaces,ils vont plutôt les chercher dans la bière et le whiskey,au bord de la noyade à chaque crépuscule.A chaque aube ils se lèvent, difficilement,pour une journée où le travail sera rare et la famille pénible.De la dure condition d'être irlandais pour qui n'est pas un trader du tigre celtique.La partition de l'île est le thème du premier texte,Les collines aux aguets,qui nous rappelle que Londonderry a longtemps ressemblé à Beyrouth.

    Consacré aux modeste,ce recueil sait nous toucher dans le regsitre familial avec L'évier,lieu privilégié de la solitude du mâle,pas très glamour mais si quotidien.L'humour souvent désespéré n'est pas absent non plus (La liberté de la presse où Jim Guthrie vient de perdre sa femme dans un accident de train et s'en trouve profondément choqué surtout parce qu'elle tenait sur elle le Daily Sentinel,journal qu'il détestait et ne lui avait jamais vu entre les mains).Un bon livre de nouvelles se doit de nous décevoir une ou deux fois.J'ai très peu goûté La fête chez les bédouins où pour le coup O'Connor quitte Irlande et Angleterre pour un voyage en Tunisie où bière et rires gras,hélas universels,nous présentent des abrutis notoires comme on en rencontre hélas souvent.

   Les deux derniers textes,parfois bouleversants,tracent le sobre portrait d'un prêtre troublé et courageux (L'amour du prochain) et celui d'une famille dont la mère est partie laissant quatre enfants et dont le père,lui aussi,force la dignité.Cette dernière nouvelle a donné son titre au recueil.Un certain Yvon aime aussi ce livre...

O'CONNOR Joseph / Les Bons chrétiens

19 juillet 2010

Des nouvelles moins bonnes que le facteur

    

                         Ce n'est pas l'ami Eireann CAIN James / La Fille dans la tempête  qui me contredira.Le recueil de nouvelles de James Cain,paru aussi sous le titre Retour de flamme est décevant à mon sens.L'âpre et noir conteur d' Assurance sur la mort et du Facteur sonne toujours deux fois nous offre une quinzaine d'histoires publiées dans divers magazines dans les années trente.On a souvent parlé de ces nouvelles type Pulp Stories.Force est de constater qu'elles ne sont pas toutes du même acabit.Certaines très courtes nous laissent de glace(Escamotage,Le cambriolage),teintées d'un humour qui ne m'a pas fait sourire.Les meilleures sont pour moi Le veinard ou En route pour la gloire,assez proches du climat du chef-d'oeuvre adapté quatre fois au cinéma.La littérature américaine de la crise a avec Edward Anderson,Horace McCoy,John Steinbeck mieux à nous proposer.Sorry James mais vous avez déjà une place au Panthéon.

26 avril 2010

Calme Israel

           Amos Oz nous plonge dans la vie ordinaire d'une bourgade israélienne et c'est superbe de simplicité, d'humanité, d'attente, d'inquiétude.Le grand écrivain israélien est particulièrement convaincant dans ce format court qui lie cependant les personnages des nouvelles.Creuser,Attendre, Chanter,voilà quelques titres brefs et somme toute explicites.Les habitants vivent comme tout le monde,rien de typique de la part d'Amos Oz.Au contraire un sentiment d'universalité court au long de ces nouvelles où l'on rencontre maire,médecin,agent immobilier ,bibliothécaire, étudiant arabe,jeunes et vieux.Toute cette société est ordinaire,fragile et se pose des questions sur la fidélité,l'avenir,la santé.Ma préférée serait peut-être celle où la plupart des protagonistes se retrouvent pour chanter,sûrement pour avoir moins peur.

         On ne dira jamais assez la richesse du monde littéraire israélien.Dans cette promenade à Tel-Ilan,ce village qu'on pourrait croire immobile,l'urbanisation gagne comme dans tout le pays.Est-ce une gangrène touristique,une spéculation?Est-ce aussi l'évolution inéluctable?Oz ne verse pas dans la nostalgie.Il se contente de nous accompagner aux chaudes soirées de Tel-Ilan,avec un zeste  de mélancolie,beaucoup de  doutes,et l'envie d'en lire plus.Je n'en regrette que davantage la huitième et dernière  nouvelle,qui m'a mis mal à l'aise.Il est possible que je l'aie pas comprise,elle s'appelle Ailleurs,dans un autre temps.

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