Et vogue le navire
Et vogue le navire
J'avais un ami par delà les Alpes
Il aimait,jeune à dessiner
Déjà sur les plages adriatiques
Il crayonnait,il savourait les dames plantureuses
Et les enfants courant après un ballon
Federico
Il aurait dû être lui aussi
Enfant de la balle
Il a fait de sa vie un cirque,trublion poétique
Y avait un sombre hercule sur la place
Y avait un funambule qui riait toujours
On l'appelait "il Matto"
Une pauvrette de la campagne
Federico aima Gelsomina
Leur chemin comme tous les chemins
Les mena jusqu'à Rome
Alors mon ami Federico plus jamais ne cessa
De célébrer son Italie comme la Cité des Femmes
Et la louve allaitant les jumeaux
Déjà Mamma Roma.
Marcello c'était son ami,presque un alter ego
Marcello...vous l'avez aimé
Nous l'avons tant aimé
Séducteur latin,errant et témoignant
Fêtard dans la nuit des vasques romaines
La douceur de vivre,ces années loin pourtant
Et la monnaie dans la fontaine de Trévi
L'ami de Rimini aimait le peuple
Intronisé bouffon et puis salué roi
Il avait su donner voix à la lune
Et Ginger et Fred,vieillissants
Pathétiques et heureux
Amarcord,j'aime à revoir
Ce navire surréaliste
Et le rhinocéros surnageant
Dans son monde à lui les histrions
Les clowns blancs et les filles au trapèze
Lanterne magique
Savaient narguer les puissants
Federico si noble et populaire
Et son Casanova grandiose de dérision
Aux amours bercées d'oiseaux mécaniques
Glacé comme une putain vénitienne
Joues d'albâtre des vieilles emperlées
La lagune visqueuse,moisie
Italianissima
Successeur des Césars,le vieux gamin joueur
Prince de Cinécitta
A voyagé toute sa péninsule
Des studios de télé jusques au Colisée
Des défilés à la mode vaticane
A la mode courtisane
Rêves de pellicule
Sentant la sciure du cirque
Et scandés de trompette ou de piano bastringue
Ciao Maestro
Et tous tes saltimbanques
A toi je voue ces quelques lignes
Par delà les décors quand le faux
Nous illusionne,mon bon marchand d'étoiles
"Ti amo Gelsomina"