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BLOGART(LA COMTESSE)

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7 octobre 2006

Le capital des Marx

     Mon excellent confrère en marxisme Eric m'a donné l'idée de vous parler des délicieux romans policiers de Stuart Kaminsky qui ont pour particularité de se dérouler à Hollywood de la grande époque. Autre particularité:ils sont affublés de titres français en forme de calembours de café du commerce comme Pour qui sonne le clap ou Chico,banco,bobo qui mettent en scène,devinez,Gary Cooper ou les Marx Brothers.

Chico banco boboKaminsky utilise les vrais décors et les vrais vedettes de Hollywood et les met aux prises avec de grandes difficultés financières ou intimes. Heureusement Toby Peters veille au grain,privé improbable croisement  des cultissimes Spade et Marlowe. C'est un détective au dos fragile,obligé de s'allonger sur une planche régulièrement et toujours fauché et plaqué. Entre escroqueries aux assurances,producteurs véreux et tueurs à gages peu loquaces Toby Peters aide Errol Flynn,Bette Davis ou Judy Garland à sortir de mauvaises passes.

    Rien de bien sérieux là-dedans mais beaucoup de clins d'oeil au cinéma que l'on aime et de bons moments auxquels il ne faut pas trop demander.Pour du plus lourd voir les "hard-boiled"(Durs à cuire) Chandler,McCoy,Hammett...A noter que Kaminsky quand il ne plaisante pas est quand même scénariste de Il était une fois en Amérique.Allez vous régaler chez 10:18,au moins une dizaine de titres parus.De puis le temps que je mets en évidence leurs couvertures ils pourraient me verser une prime.

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7 octobre 2006

Joies matrimoniales

Inédit pour moi ce film d'Alfred Hitchcock est rarement cité par les innombrables fidèles du rondouillard maître du suspense.De fait c'est une comédie américaine plus proche de Hawks ou Cukor,une histoire de couple avec jalousie et parsemée d'humour, pas assez à mon gré, mais néanmoins très sympathique. Hélas je me suis infligé une version française calamiteuse qui gâche la prestance de Robert Montgomery et le trouble de Carole Lombard. Le titre français de l'époque Joies matrimoniales est tombé en désuétude. Bien sûr le film aussi,enfin en partie.

    Pourtant un film d'Hitchcock conservera toujours quelques qualités à savoir le portrait des parents particulièrement coincés du prétendant de Carole Lombard, ou la scène du restaurant ou Robert Montgomery fait semblant de parler à sa voisine de gauche, élégante alors qu'il dîne en vérité avec sa voisine de droite qui est une...une...une moins élégante. Charmant film que Mr.and Mrs.Smith. N'oublions pas qu'au coeur du frisson et de l'inquiétude Sir Alfred a toujours ménagé l'humour.

7 octobre 2006

Merci Bernard

Mais là je suis un peu familier.Merci Mr.Pivot pour 30 années de télé intelligente et discrète, à mille lieues des sornettes télévisuelles actuelles sur lesquelles je n'insisterai pas et qui touchent toutes les chaînes.Je suis d'une génération qui a rencontré  grâce à Mr.Pivot Soljenytsine et Yourcenar,Nabokov et Umberto Eco.Ce Mr.Pivot passait à 9h25,rendez-vous compte,tous les vendredis à une époque où la 2 ne se croyait pas obligée de passer une soirée polar insipide et interminable avec 3 séries avant ce carrefour littéraire sans prétention où j'ai vu défiler les écrivains les plus divers.Il y en avait pour tout le monde:Simenon,Bukowski,Le Clézio(rarissime) mais aussi des quasi-anonymes.J'y ai vu un mineur raconter son boulot,un terre-neuvas ses campagnes.Cela s'appelait Ouvrez les guillemets,Apostrophes,Bouillon de culture,etc...



     Mr.Pivot il savait mettre à l 'aise chacun sur le plateau ou devant son poste.Et quand il accueillait son pays Henri Vincenot,bourguignon comme lui on arrosait ça.Il a beaucoup écrit,Mr.Pivot,des articles surtout et toujours en hommage au français,notre langue si malmenée,notamment dans les blogs.Mais surtout ce passionné de littérature,de tous les livres(même de cuisine) aura beaucoup fait pour la francophonie.Je ne verse pas là dans le cocardier.Mes auteurs préférés sont italiens,américains,irlandais ou scandinaves mais Mr.Pivot il les aimait aussi comme il aimait les dictionnaires,la chanson de qualité,le théâtre et tout ce qui rend un peu plus intelligent.Je m'aperçois que je parle à l'imparfait.Non Mr.Pivot n'est pas mort mais une certaine idée de la T.V.,ben...oui.


P.S.Grâce à Mr.Pivot j'ai découvert Rachmaninov et ses concertos pour piano.C'est sûr,je dois beaucoup à Mr.Pivot.Alors merci Bernard.

6 octobre 2006

Le couple sur le pont

Vois là-haut sur le vieux pont arts-déco 

Qui enjambe mollement le vieux canal

On est loin de Venise et le ciel est ferreux

Les mouettes gueulent comme en enfer

Il n’y a que deux silhouettes

Un couple sur le pont

Dont je n’entends les paroles

Trop de bruit,de voitures

Est-ce un jeune couple,un couple de jeunes?

Un couple mûr,et mûr pourquoi?

D’ailleurs ou bien d’ici,il est surtout d’amour.

Il semble s’énerver,elle regarde l’eau

Je crois qu’elle ne nage pas

Voilà qu’il s’éloigne,lourdement

On le dirait cérémonieux

Cet homme-là n’est pas facile

Mais ses pas ne le conduisent guère loin

Il revient bras ouverts

On dirait un sémaphore au large

D’une île d’Irlande.

Elle se retourne,dos au courant

Elle a,je crois,hurlé “oui”

Je ne distingue plus qu’un

Enserrés dans ungrand manteau

Elle a des cheveux jais

Fredonnent-ils?Ou est-ce leur prière

Pour un monde qui leur soit meilleur?

Triste canal tu l’ignores

Avec ton vieux complice et ses arches vétustes

Comme tu sais mettre en scène

Les seuls amants.

   

6 octobre 2006

Meurtres dans un paysage anglais

Les joyeux démonsJ'aime bien les Grands détectives de 10/18.Ce sont des ouvrages sans prétentions mais bien écrits et documentés.A condition de ne pas lorgner sur Le nom de la rose,ConanDoyle,Leroux et Leblanc ou les  passionnantes histoires de détectives américains carburant au whisky comme leurs auteurs si foisonnants.La série des grands détectives nous balade dans le temps et l'espace et dans un milieu bien précis. Personnellement je me limite à trois ou quatre livres car il me semble éviter ainsi trop de redites.A doses raisonnables ce sont des lectures très agréables dont vous connaissez déjà certains héros.J'ai déjà présenté Toby Peters détective à Holywood(Stuart Kaminsky)

    Edward Marston nous propose les enquêtes de Nicholas Bracewell,régisseur d'une troupe de théâtre dans l'Angleterre d'Elisabeth Ière. D'auberges emplies d'opulentes serveuses en manoirs de nobliaux parfois pervers,de rivalités entre comédiens en bordels londoniens Bracewell déjoue les énigmes tout en assurant les représentations des Hommes de Westfield,compagnie itinérante qui lui assure subsistance.Une dizaine de titres sont parus dont La folle courtisane,Les joyeux démons,La route de Jerusalem.Truculence assurée et peut-être y rencontrerez-vous Shakespeare ou Chaucer.Attention certains morts ne se relèvent pas à l'issue du dernier acte.

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6 octobre 2006

Voyage en Italie

Nouvelles complètesC'est l'amoureux du cinéma italien qui vient ici témoigner de la déception partielle à voir Le voyage,dernier film de Vittorio de Sica(74).Cette déception ne vient pas tant du film,mais de la version anglaise pour cause de coproduction qui oblige les personnages, aristocrates ou bourgeois siciliens à parler la langue de Shakespeare alors que tout le film se passe en Italie.J'avais déjà déploré cela surtout chez Visconti et sa version des Damnés en anglais sauf la Nuit des longs couteaux où les Allemands parlent...allemand.

Si l'on passe outre ces aléas Le voyage vaut le coup même si pendant des années les critiques on crû bon de dénigrer,voire de massacrer les derniers films de De Sica. On est certes loin de l'état de grâce du Voleur de bicyclette,de Sciuscia ou d'Umberto D.Pourtant cette adaptation du grand écrivain Luigi Pirandello n'est pas à négliger.Hantée par l'idée de la mort cette histoire qui oppose l'amour fou aux traditions,même au sein d'une famille évoluée,s'aventure aux rives du mélo,ce qui n'a rien de honteux.Le couple Burton-Loren,un peu improbable au début,prend de la substance au fil du temps et ce voyage en Italie mérite un détour,bien que moins fort évidemment qu'une oeuvre maîtresse presque homonyme ,Voyage en Italie de Rossellini.Ne jamais avoir peur de ses propres émotions est un des commandements du cinéphile.Et l'on aura compris qu'on est là au pays de mes amours de ciné.

Ceux qui s'intéressent à Pirandello verront avec un infini plaisir Kaos,contes siciliens(84) des frères Taviani,auteurs aussi d'un Kaos II,toujours d'après Pirandello,à peu près inédit.Il est vrai que les Taviani sont passés de mode...

6 octobre 2006

Pan dans le Mills

¨                       Un nouvel écrivain pour moi et c'est un régal que de le présenter,un certain Magnus Mills,anglais de son état et vaguement surréaliste d'inspiration.La maison 10/18 dont on ne dira jamais assez l'excellente collection Domaine étranger a publié trois de ses livres.Le dernier,Trois pour voir le roi,est  une ahurissante fable contant les fantasmes de quelques misanthropes et de leurs maisons de fer-blanc.Irracontable,simplement à situer(grosso modo)entre Buzzati et Lewis Carroll.C'est un livre assez bref,un livre de plaine,de plat pays très surprenant.A découvrir vite fait.

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                  Le premier roman de Magnus Mills s'appelle Retenir les bêtes.Un peu moins original mais fort savoureux il nous emmène dans le sillage deTam et Richie,deux Ecossais bougons et paresseux,contraints de clôturer des hectares de pâtures alors qu'ils ne rêvent que de soirées au pub.Un point commun entre les deux bouquins,une espèce de fascination de l'enfermement,mais rassurez-vous,beaucoup d'humour.

Je n'ai pas lu Sur le départ mais j'ai confiance.Mills a un ton  et  son univers est très personnel,alerte et plus bouleversant qu'il n'y paraît.

6 octobre 2006

Eleveurs et Mormons

   La mythologie du western a ses références bien précises et ses personnages aussi. En voici deux qui font partie du paysage westernien par excellence.

  Ciel rouge  Les éleveurs,essentiellement les gros éleveurs sont souvent des exploiteurs avec un patriarche et des enfants moins courageux en général.Le vieil éleveur est souvent veuf,allez savoir pourquoi, et au soir de sa vie se pose des questions existentielles. Dans le méconnu Ciel rouge(48) de Robert Wise avec Mitchum très jeune et peu bavard le puissant propriétaire n'est pas si antipathique dans le conflit qui l'oppose aux profiteurs. C'est une réalisation des studios RKO que Serge Bromberg ce cinéphile qui ne se prend pas la tête nous présente très simplement.

    Les Mormons traversent fréquemment le paysage western avec leur air peu avenant et leurs jolies filles de noir vêtues. En général ces joiles filles tombent amoureuses de modestes cowboys qui doivent alors s'arrêter de boire. Le Mormon de cinéma est très raide et ne plaisante pas comme en témoigne Le convoi des braves(50) de John Ford, l'un de ses films préférés d'après Bromberg.Ce film sans vedettes met en évidence trois des acteurs favoris de Ford,les grands seconds rôles Ben Johnson,Harry Carey Jr. et Ward Bond bien connus des fordiens. C'est un beau film noir et blanc qui reprend le thème éternel de la Terre Promise avec ses chariots,ses ornières et ses bals violonneux.et pas mal d'humour comme toujours chez John Ford. Et ces plans sur la caravane sont vraiment de toute beauté.

6 octobre 2006

A la frontière du fantastique,Leo

Pour Leo Perutz justice sera rendue bientôt je l'espère. Il rejoindra Schnitzler,Musil,Zweig,Roth au paradis des auteurs dits "viennois".Ignorer Perutz est à mon avis une faute de gôut et une privation de liberté littéraire. Faisons un peu connaissance si vous voulez. Leo Perutz est en fait un Juif né à Prague comme Kafka quelques semaines plus tard.Fonctionnaire dans les assurances il quitte Prague pour Vienne, alors centre culturel de l'Europe et qui vit ses dernières années de prestige.Tous partiront et pour cause: Zweig, Freud,Musil,Kokoschka.

Le Judas de Léonard

               On définira Perutz comme un croisement entre Agatha Christie et Kafka. Certes réducteur mais assez juste. Toute son oeuvre sera imprégnée d'inquiétude et de culpabilité souvent englobées dans des histoires d'aventures ou d'enquêtes.Le Judas de Leonard nous entraîne dans la Renaissance Italienne quand le Maître cherche un modèle pour La Cène.

Le Tour du cadran Le tour du cadran qui intéressa Murnau et inspira Hitchcock narre 24 heures de la vie d'un prisonnier échappé aux mains menottées et qui comprend tragiquement le sens des expressions tendre les bras ou les mains dans les poches. Fort drôle et souvent pathétique ce roman se dévore à condition de pouvoir tourner les pages.

  Cavalier suedois (le) Le cavalier suédois est peut-être le plus connu et constitue un merveilleux conte sombre et fantasmagorique. Rêve et destin se conjuguent dans les aventures d'un brigand repenti signataire d'un pacte avec un fantôme.D'une écriture somptueuse qui emprunte au roman gothique et au fabliau Le cavalier suédois est le meilleur accès au pays de Leo Perutz.

  Le Cosaque et le Rossignol Le Cosaque et le Rossignol,conçu au départ comme un scénario proche de Lubitsch, n'a jamais été tourné. C'est une variation brillante sur les amours d'un général et d'une cantatrice troublés par un fakir. Mais tous les livres de Perutz sont à conseiller:il y a encore les nouvelles de Seigneur,ayez pitié de moi! et d'autres romans, Le Maître du Jugement dernier, Le miracle du manguier,etc... Aux éditions 10/18 et Phébus.

5 octobre 2006

L'Irlandais qui aimait tant la France

     Autant le dire,je suis un grand fervent de The Divine Comedy dont l'univers me semble d'une richesse inouïe. Je n'ignore pas que l'on peut soupçonner Neil Hannon d'affèterie, de préciosité, voire d'une sorte de snobisme des mots,un peu germanopratin,un peu Nouvelle Vague. Je prétends néanmoins que les albums de TDC sont bel et bien partie prenante de l'Histoire du Rock,version symphonique vêtue de velours.Victory for the comic muse est mon quatrième disque de TDC. Les titres des précédents Casanova, Fin de siècle, Promenade indiquent à merveille la francophilie,le côté littéraire et le goût de Neil Hannnon pour une certaine décadence fleurie.The Divine Comedy ou comment transcender le désuet en grandiose même si la grandiloquence a souvent guetté et piégé Neil et TDC.

   Parmi les chansons des anciens disques citons When the lights go out all over Europe ou TDC cite Jean-Luc Godard et Jules et Jim plutôt qu'Hollywood. The Summerhouse, une superbe variation sur les souvenirs d'enfance proche du Messager de Joseph Losey. The booklovers un long récitatif ou Neil Hannon se contente de citer les noms de ses auteurs

Promenade

préférés de Walter Scott à Roddy Doyle en passant par Camus, Cervantes et Thomas Mann. La culture de Neil Hannon est à la fois musicale, littéraire (on s'en douterait vu le nom du groupe et l'allusion à Dante) et cinématographique. Il est un peu un Dorian Gray contemporain et semble à l'aise dans les décors chers à Oscar Wilde. Ces trois morceaux sont sur l'album Promenade.

   Sur Fin de siècle, un peu plus électrique notons le libertin Generation sex, le swinguant National Express, le démoralisant mais si beau Commuter love(Amour en gare de banlieue londonienne,pas vraiment Capri!) et Sunrise sur la ville natale de Neil Hannon, Derry(Londonderry) cette cité d'Irlande du Nord qui fut longtemps en flammes,du temps de la haine en mon île préférée.

    Je découvre ce jour Victory for the comic muse avec deux ou trois plages un peu faibles, ce que j'aime bien, détestant les choses trop parfaites. Et puis entre autres la plus belle chanson que j'aie entendue depuis des lustres:A lady of a certain age, l'histoire d'une  Anglaise richissime qui ne veut pas vieillir. Mais qui d'entre nous veut vieillir? Je vous livre quelques mots sur cette lady en parfum Chanel et robes Givenchy dont le francophilissime Neil Hannon dit:

       You chased the sun around the Cote d'Azur,until the lights of youth became obscured.

     Cette lady vieillissante m'a touché au coeur par son universalité. Le temps est assassin pour chacun de nous. Libre à moi de pleurer un peu avec la vieille Anglaise sur les somptueux arrangements de The Divine Comedy. Accessoirement tant que la France sera aimée par des gens comme ce dandy fièvreux et romantique de Neil  Hannon il ne faudra pas désespérer du rayonnement de notre

5 octobre 2006

Park qui sonne le glas

Ce roman a été salué par la critique et élu meilleur livre de l'année par Lire!Disons-le,je n'aime guère les palmarès mais ce bouquin est immense,une date,un objet difficile à identifier mais à lire d'urgence.N'ayant pas lu les précédents opus de l'un des trublions des lettres américaines je ne sais si son oeuvre entière est de ce niveau.Mais à l'évidence Lunar Park c'est une sorte de tourbillon,de maelström en plein coeur d'une civilisation américaine déboussolée.C'est aussi une plongée dans la création littéraire hallucinante où l'on voit l'auteur devenir le héros du bouquin,doublé de l'écrivain qu'il croit être.Cela paraît comme ça assez compliqué,c'est juste vertigineux sans être élitiste,bouleversant et terriblement dérangeant.C'est aussi une "vie de famille" à l'américaine,enfin un type de vie, effrayante, cauchemardesque entre pouvoir de la technologie pour le pire,et quotidien de défonce et de violence,un monde que Bret Easton Ellis connaît bien,lui,le wonder boy mais aussi l'un des bad boys de la littérature américaine,un peu assagi  peut-être mais  dont le talent est à son apogée.


Lunar Park c'est une claque,salutaire mais brutale,qui nous rappelle que ce grand pays vacillant reste une formidable terre de pionniers pour la littérature,d'une richesse fabuleuse.

4 octobre 2006

Les grands corbeaux

Les grands corbeaux

 

Les grands corbeaux de la montagne noire

Tragiques,étendent leurs ailes d’envergure

Par delà les rives des fleuves enchantés

Où glissent de gentils pêcheurs

Aux enfants minces et mutins.

Les noirs messagers ont pris leur envol

Il ya longtemps de ça

Quittant ces nids profonds et troubles

Au coeur de la forêt d’effroi.

Je les vois planer sur ces villages roses

Aux toits frémissants au doux vent de saison.

Ils hantent les colombiers

Persécutent les calmes oiseaux des clochers.

C’est de là-haut qu’ils nous épient

Les grands corbeaux fondent sur les fruits pleins

D’un dernier messidor.

Ils ont la couleur des diables d’avant

Dont parlaient aux veillées

Chemineaux et passants

Quand sur la route et dans la lande

On rencontrait chemin faisant

L’amitié,le pain,la candeur.

C’était il y a bien des hivers

Au temps où dans le ciel et les cimes

Ne régnaient pas en maîtres

Les grands corbeaux dont l’oeil perce

Les hommes qui bientôt

Leur ressembleront.

 

4 octobre 2006

Renoir en Amérique

Jaquette du DVDAu programme deux films réalisés par Jean Renoir en Amérique.L'homme du Sud(46) souffre d'une comparaison fréquente avec Les raisins de la colère,oeuvre évidemment plus forte et plus enracinée que cette évocation somme toute assez sage de la dure condition des ouvriers agricoles du sud cotonnier.Le rythme des saisons est bien perçu et on peut peut-être avec beaucoup de volonté trouver quelques ressemblances avec mon cher Néoréalisme.J'ai dit peut-être. Ce Renoir là est estimable mais n'a pas grand-chose à voir avec la corrosion de La règle du jeu ou la subversion du Crime de Mr.Lange. Pour la famille néoréaliste revoir Toni(34).Une originalité:le seul film à ma connaissance où un poisson-chat joue un rôle important.Il a même un prénom que j'ai oublié.

    Un peu plus ancien,L'étang tragique a été tourné avec des acteurs connus,Dana Andrews,les deux Walter,Brennan et Huston,Carradine, Anne Baxter et se passe aussi dans le sud,en l'occurence les marais de Georgie. Il s'agit d'une histoire de rédemption et de conflit homme-nature dans le cadre d'une chasse à l'homme dans les marécages très cinégéniques.Pour Renoir une occasion de faire son métier autrement. Au bout du compte deux films à connaître pour mieux appréhender la parenthèse américaine relativement longue de Jean Renoir,ce metteur en scène très français mort à Beverly Hills.

4 octobre 2006

Brève rencontre à Paris

Jolie idée que d'avoir repris 9 ans après le couple qui s'était rencontré à Vienne,autre capitale romantique car nous y voilà,nageant en plein romantisme.Et j'aime ça.Je découvre aujourd'hui même Before sunset mais je n'ai pas encore vu Before sunrise du même Richard Linklater avec les mêmes Ethan Hawke et Juile Delpy.Cette courte histoire de retrouvailles à Paris(Notre-Dame,bateaux-mouches,arrière-cours,cafés et librairie) m' a séduit ou y ai-je vu un peu de Truffaut?(La fameuse fidélité truffaldienne aux personnages,le livre écrit par Jesse,les"Je te raccompagne".L'inspiration est bien sûr très littéraire et nous sommes en bonne compagnie,un peu hors du temps et en toute invraisemblance.Cependant il y a un peu du conte de fées dans ce beau film à contre-courant qui voit les gentils amoureux se retrouver et peut-être que c'est ça la vie,attendre l'occasion de revoir celle ou celui qui aurait pu...Improbable mais le Cinéma est aussi là pour donner corps à l'improbable.Ethan Hawke et  Julie Delpy très impliqués ont participé au scénario et leur complicité est manifeste.C'est un peu bavard mais cela rejoint la longue tradition de l'écrivain américain à Paris qui nous a donné Hemingway,Fitzgerald,Miller, James Jones,pas les plus mauvais.J'ai bien envie de voir Before sunrise mais aimerais bien l'avis des cinéphiles.

4 octobre 2006

Le noir lui va si bien

High SierraOui le noir lui va vraiment bien au cinoche et je crois que je me serais encore plus ennuyé sans ces durs à cuire du roman américain, Hammett, Chandler, Cain et tant d'autres. Aujourd'hui gros plan sur William Riley Burnett.Pas le plus connu mais du tempérament,le gaillard.Comme beaucoup d'autres W.R.Burnett a fini par traîner ses guêtres à Hollywood qui a  adapté nombre de ses romans.Lui-même fut scénariste et on discerne parfois mal dans son oeuvre les vrais romans des scénarios parfois simples ébauches. Faulkner, Chandler, Fante, Fitzgerald ont connu la même mésaventure.

    En 1930 Mervyn LeRoy signe Le petit Cesar où Edward G.Robinson campe un saisissant gangster que l'on suit de son ascension à sa chute.C'est l'un des premiers films noirs du parlant et il marquera une  date et ouvrira la voie pour un certain Scarface de Howard Hawks dont l'un des scénaristes est  justement William Riley Burnett.

   Roy Earle lui est un truand en fin de course et souhaite se ranger des voitures.Ceci est extrêmement difficile au cinéma.Bogart incarne à la perfection cet homme traqué dont la fuite dans les montagnes ne peut qu'être fatale. C'est la dernière fois que Bogart n'est pas en tête d'affiche(derrière Ida Lupino). Raoul Walsh s'y connaît en films d'action et Huston est ici scénariste.On le voit,rien que du beau monde pour High Sierra dont le titre français est peu usité pour cause d'homonymie(La grande évasion).

    En 1950 le même John Huston réalise Quand la ville dort(The asphalt jungle) quintessence du sous-genre du film noir "casse qui ,tourne mal" où excelleront aussi Dassin et Kubrick.Construit très rigoureusement Quand la ville dort met en scène pour the ultimate knock over Sterling Hayden,Louis Calhern,Sam Jaffe et d'autres,des gueules de l'emploi comme c'est nécessaire dans le polar à l'américaine.Je vous laisse imaginer la chute sans oublier de citer une certaine Marylin dans tois furtives apparitions. Déjà une femme enfant à vous attirer des ennuis.

King ColeCes trois réussites du grand écran ne doivent pas faire oublier l'écrivain qui avait son talent bien à lui.King Cole notamment est une oeuvre majeure qui raconte la campagne électorale d'un candidat républicain ou démocrate et nous éclaire sur la démocratie-démagogie  qui est loin d'être un monopole des années trente et des Etats-Unis.Relations ambigües avec la presse,l'industrie,le commerce.Rien de nouveau sur le soleil mais raconté par Burnett c'est du solide.Avec ce qu'il faut de cigares,de pépées,de pots-de-vin...La vie quoi!

4 octobre 2006

La leçon d'histoire de Rossellini


J'ai revu pour la  première fois  depuis trente ans l'extraordinaire film de Roberto Rossellini,la Prise de pouvoir par Louis XIV(1966).On se prend à rêver en pensant que ce film est en fait une commande de la télé française de l'époque,l'O.R.T.F.On croit même défaillir en apprenant que ce film avait été diffusé à 20h30.Sans commentaire.


C'est en fait une magistrale leçon d'histoire et de cinéma.A mille lieues des  reconstitutions historiques empesées le maître du Néo-Réalisme propose une approche certes austère mais très vraie de la prise de conscience du jeune roi à la mort de Mazarin.Pas d'action véritable,encore moins de scènes d'action bondissantes,mais une réflexion très pointue sur l'intelligence et l'esprit de décision de Louis XIV au moment où l'insouciance libertine va faire place à l'engagement vers un pouvoir personnel et une administration moderne de la France.


Nul besoin d'être exégète du Grand Siècle pour apprécier la vitalité du film de Rossellini.Il faut simplement se souvenir que Rossellini était passionné d'histoire et qu'il croyait à la noblesse de la télévision.D'ailleurs la plupart de ses derniers films ont été produits par elle(le Messie,Socrate...)Peu de metteurs en scène se sont remis en question à un tel point.A noter que MK2 donne dans ce DVD une analyse de Jean Douchet et un entretien avec Jean-Dominique de la Rochefoucauld,conseilller historique du film,tous deux très intéressants.

4 octobre 2006

Le piano de Truffaut

Il me semble que Tirez sur le pianiste est dans la carrière de Truffaut le seul film que l'on puisse rattacher à la Nouvelle Vague (peut-être aussi Les 400 coups). Tirez sur le pianisteEn effet et bien que Truffaut n'ait fait que de bons films son oeuvre est d'une facture assez classique éloignée de la Nouvelle Vague.

Ainsi Tirez sur le pianiste m'est apparu comme une curiosité qui ne m'a pas complètement convaincu.  Cependant le film est très intéressant,comme sautillant et un peu déconstruit, faisant voisiner Boby Lapointe chantant Avanie et framboise de toute son inquiétude exacerbée et la musique du grand Georges Delerue.Les interprètes sont très bons:Aznavour, fragile mais déterminé, Albert Remy, grand comédien peu cité à mon avis, et la toute jeune Marie Dubois.      

    Je ne connais pas le roman de Goodis et ne sais donc pas s'il avait ce côté burlesque(silhouettes des poursuivants) tout en flirtant avec la mort. Avec Tirez sur le pianiste Truffaut termine ses gammes sur le film noir et donnera toute sa plénitude avec La mariée était en noir.

4 octobre 2006

Majeur,Dundee


La version DVD De Major Dundee de Sam Peckinpah(1965) est une réussite que n'aurait pas désavouée l'auteur.Je n'avais jamais pu visionner qu'une version tronquée.Major Dundee est une charge qui n'a rien d'héroïque,de fantastique(célèbres titres de Ford et de Walsh).Le film serait à la limite plus proche de la Charge victorieuse,de John Huston,vision amère de la Guerre de Sécession(51).


Après la Guerre Civile le Major Dundee(Charlton Heston) se lance à ,la poursuite d'Apaches assassins à la tête d'un conglomérat de soldats nordistes,de rénégats indiens,d'adversaires sudistes et même de noirs.Le capitaine sudiste(Richard Harris),son ennemi juré,fait allégeance jusqu' à la fin de la vengeance...


De très belles scènes,nocturnes notamment,des passages de rivière,une excellente utilisation des décors naturels mexicains confèrent au film une qualité rare.Une galerie de personnages,indispensable à toute action de groupe,nous présente entre autres un éclaireur manchot(James Coburn),de jeunes officiers pleins d'illusions,un pasteur qui fait le coup de poing.


Mais nous sommes bien dans l'Ouest désenchanté et Major Dundee annonce par sa violence et ses couleurs le brûlot que Sam Peckinpah sortira en 69,la Horde sauvage,sorte d'Apocalypse now du western qui enterrera définitivement le romantisme relatif et le lyrisme un brin naïf de tant de films sur l'Ouest,souvent très bons par ailleurs et qui auront fait du genre western "le cinéma par excellence".J'ai toujours pensé que s'il ne devait rester qu'une image de cinéma ce serait celle d'un cavalier faisant boire son cheval avant quoi?l'action(Action/moteur,les mots du metteur en scène).

3 octobre 2006

La découverte de la découverte

D'ores et déjà grand merci à Cuné et Chimère, marraines pour moi de ce vertigineux roman;ce livre est une merveille d'intelligence qui brasse l'univers entier dans une sorte de puzzle alliant la quête spirituelle aux sources de la chrétienté à une histoire d'amitié qui permet d'évoquer la Shoah, l'euthanasie, l'engagement politique et les erreurs de jeunesse, la paternité, la science et mille autres sujets. Ces 1100 pages sont un défi qui peut donner le tournis mais dont on sort un peu plus intelligent.

La Découverte du cielEcrit par le Hollandais Harry Mulisch avec une richesse verbale qui n'a d'égal à mon avis que chez Umberto Eco, La découverte du ciel s'impose comme l'un des romans de la fin de siècle. Entrez dans l'univers baroque et universel de ce maître et ne croyez pas que de cet exercice de style érudit et total l'émotion soit absente. Car ce sont bien des hommes, des vrais qui sont les héros de ce roman foisonnant. Des hommes du XX° Siècle avec leurs doutes et leurs désenchantements, leurs interrogations métaphysiques et leurs aventures charnelles et sentimentales.

Objet  littéraire total, ne vous laissez pas rebuter par la longueur de cette oeuvre exceptionnelle. On est libre de ne pas partager toutes les options de ce livre. On est libre de peiner quelquefois(peu) tant l'auteur est un magicien de  la langue et de l'intelligence. On ne peut nier qu'il s'agit là d'un phare du roman paneuropéen contemporain.

2 octobre 2006

La rude nature de l'homme

Les Moissons du ciel Le très peu prolixe Terence Malick n'encombre pas les écrans.Mais quelle sensibilité se cache chez cet homme dont  le moindre plan éclate d'une telle beauté formelle sans pour cela tomber dans la froideur académique?On emploie beaucoup le mot panthéisme qui me semble assez juste même si Giono n'est pas un écrivain qui me touche beaucoup.Pourtant les personnages des Moissons du ciel ont une fougue et une aura dignes de l'ermite de Manosque.Mais ce dernier n' a pas le monopole du lyrisme rural.Ce film pourrait être italien,de la grande époque des Fratelli Taviani,ces cinéastes glorifiés il y a 30 ans et peu en vogue aujourd'hui. Il y a dans cette vision de l'Ouest américain campagnard quelque chose de Kaotique au sens pirandellien du mot qui nous ramène à la brutalité d'un maëlstrom sicilien âpre et tragique avec son incendiaire beauté à couper le souffle.Peu au fait du cinéma africain il me semble aussi que peut-être Souleymane Cissé filme ainsi la jeunesse dans Yeelen ou Le vent.

    Les fulgurances de Terrence Malick,que ce soient les plans sur les animaux notamment les oiseaux qui semblent sortir des gravures d'Audubon ultra-américaines,le feu ou le fléau des criquets ne sont pas là pour ponctuer un discours mais comme d'indissolubles liens dans cette rude,très rude histoire des hommes. De tout jeunes acteurs Richard Gere, Sam Shepard et Brooke Adams ne seront plus jamais aussi bien employés. Malick réussit le prodige d'une oeuvre très américaine qui tend vers une peinture universelle de la violence du monde qui  a pourtant de bien belles couleurs.Autre bonne idée:l'arrivée des clowns du cirque comme des pionniers de l'aviation.

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