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BLOGART(LA COMTESSE)

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11 octobre 2006

Louis le Cherokee

   J'ai la passion des écrivains indiens d'Amérique et de leur éternelle quête d'identité,coincés entre leur histoire et leur avenir. La situation difficile des Indiens a au moins le mérite d'avoir formidablement stimulé leur littérature.Voici Louis Owens disparu quinquagénaire en 2003.

Meme la vue la plus percante                      Dans Même la vue la plus perçante,joli titre, Cole McCurtain, métis d'indien professeur d'université comme l'auteur Louis Owens, puise dans la culture et la tradition amérindiennes pour mener une enquête sur une série de meurtres d'étudiantes.Au travers de ses propres interrogations sur son frère mort et ses ancêtres massacrés il trouvera son chemin, toujours hanté par le souvenir de son peuple.

   "J'écris pour exprimer le mal fait à la Terre. Quand le monde aura perdu le sens que les Indiens ont des relations de l'homme et de la nature, la Terre aura tout perdu3

La littérature de Louis Owens est faite de magie qui ne se contente pas d'être incantatoire, qui est aussi très engagée comme en témoignent les autres romans Le chant du loup, Le joueur des ténèbres, Le pays des ombres. Tous magnifiques et lyriques, parfois à la limite du fantastique qui baigne volontiers les écrits de presque tous les romanciers indiens auxquels la résistance aura donné des ailes.Plus tard ,mais d'autres blogs en parlent assez souvent, nous évoquerons Sherman Alexie, James Welch, N.Scott Momaday, David Treuer

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11 octobre 2006

Une chanson:Early morning rain

   Combien de feux  de camp que je n'arrivais pas  à allumer?Combien de filles peu convaincues quand je chantais Peter,Paul and Mary?Combien de retours en auto-stop difficiles fredonnant Blowin' in the wind?Combien de copains qui eux savaient au moins trois accords de guitare et qui emportaient le morceau(terme un peu cru pour désigner mes rateaux)?Combien de mois a-t-on pu croire que Richard Anthony vivait comme un hippie?Combien d'illusions?Et surtout combien de temps de cela? Ecoutez mes amis,écoutez dans le vent,écoutez la réponse est dans le vent.

    Du coup j'ai décidé de vous dédier cette jolie ballade dans la pluie du matin,le long de la Route 9,un dollar en poche et bien loin d'elle,en compagnie du trio qui fut parmi les tout premiers à croire en Robert Zimmerman.Putain comme j'aimerais y être encore sur le Runway Number Nine.

  http://www.youtube.com/watch?v=rPnLK1WnXxg    Ecoutez!

11 octobre 2006

Rêverie verte

Rêverie verte

 

Ce doux pays sûrement n'existe guère

La pluie y est de prose et le vent fait ses gammes

Improbable terre d'ocre et pourtant de vert

Mes doigts le pétrissent,argile et vent d'atlante

La couleur de la bière y invite à se prendre pour Yeats

Le tropisme de l'ouest y cueille ma main tendue

En deça de la lumière des lacs aux miroirs châtelains

Cette lande a des poings et frappe allégrément

Légendaire,habitée et je voudrais y rêver

D'Italie dans le soir gaélique

Quand percute le bodhran et que violon s'envole

Les nuits de Galway chantent et carillonnent

Vers les îles le regard a enfin quitté son Amérique

L'alcool,la tourbe et la danse scintillent

Au coeur de la nuit d'Occident

Qu'elle est loin ma Toscane et pourtant le parfum des cyprès

M'enivre jusqu'ici  mêlant Renaissance et souffle d'archipel

Confusément

10 octobre 2006

Deux films de Mizoguchi

Pour moi Kenji Mizoguchi n'était qu'un célèbre réalisateur classique mais je n'avais jamais rien vu de lui. J'ai un peu remédié à cela et suis désolé d'être si souvent très loin de l'actualité du cinéma.

    Les amants crucifiés(54) est adapté d'un récit japonais ancien et témoigne d'une rare maîtrise de l'espace et de la géométrie scénique.Cette histoire d'honneur et d'adultère est un conte cruel qui nous présente un Japon du passé certes mais qui pourrait avoir quelques résonances contemporaines. La femme du Grand Imprimeur et l'un de ses employés fuient l'injustice et le lynchage(ou presque).

     Une symbolique très riche, on s'en doute dans ce cinéma japonais très épuré, et des images de liberté au-delà du châtiment) contrastent avec une certaine claustrophobie voulue dans les scènes d'intérieur avec l'utilisation des cloisons, paravents et autres éléments rectilignes.A remarquer aussi la profondeur de champ et la réussite de rares scènes de rue,en fait toujours la même rue qui rend en quelque sorte la justice lors de la marche des amants suppliciés.

Visuel du produit

L'intendant Sansho(54) se situe à l'époque médiévale et il faut un peu de temps pour saisir les finesses de l'administration du Japon de cette ère avec les gouverneurs, les ministres et les intendants des domaines privés ou publics. Mais c'est aussi une oeuvre magistrale que je dirais centrée sur l'exil. Il y a l'exil du père pour raisons politiques,puis celui de la mère vers une île perdue et la prostitution qui, on en conviendra es un fameux exil de soi-même. Enfin l'Intendant Sansho que l'on voit assez peu dans le film représente la cruauté et le totalitarisme qui ont contraint le frère et la soeur à une sorte de bagne.

    Il y a même un exil de l'identité :les deux jeunes héros changent de nom et c 'est au terme d'une sorte de lavage de cerveau que la jeune fille sera conduite au suicide et que son frère fuira vers la rédemption, si douloureuse soit-elle. C'est un film qui "marche sur les eaux", l'élément liquide étant prééminent comme souvent dans l'archipel du Japon.

    L'édition DVD est de qualité pour l'image, accompagnée d'un opuscule intéressant mais très savant de Jean-Christophe Ferrari pour Films sans Frontières. Vous saviez, vous, ce que voulait dire le mot concaténation, par exemple? Quant aux suppléments, ce sont quelques lignes sur l'Histoire du Japon, les origines littéraires et les intentions du scénariste qui apparaissent sur l'écran. Je déteste ça et préfère pour cela un modeste livret plus facile à déchiffrer.

10 octobre 2006

Les désarrois de l'instituteur irlandais

Journée d'adieu Avant tout rappelez-vous qui'Eireann en connaît plus sur la littérature irlandaise que quiconque et que d'un clic vous en saurez plus sur ces auteurs nombreux et formidables.Je découvre John McGahern alors qu'il vient de  disparaître,avec Journée d'adieu(Belfond).Il n'y a guère d'exotisme irlandais chez McGahern bien que les pubs et les églises aient pas mal d'importance dans ce roman.

    La joie de vivre n'inonde pas vraiment Journée d'adieu qui commence au départ d'un instituteur de son école et se poursuit par une suite de retours dans le passé.Ce que je retiens de ce beau livre grave et serré c'est essentiellement des mots bouleversants sur la mort d'une mère et un questionnement sur la recherche du bonheur au travers des embûches et des déceptions.

    Mais Journée d'adieu est très surprenant par la relation amoureuse qui s'instaure entre une Américaine divorcée et l'enseignant en congé volontaire. L"immoralité" de cette liaison dans un pays où la religion pèse lourd certes mais pas toujours aussi négativement peut-être qu'on ne l'imagine nous emmène dans les dédales d'une géographie du coeur sans excès ni dérives.Bien au contraire cette histoire est portée par une calme ardeur,celle d'un écrivain sobre et que,je crois,le futur fera mieux connaître.

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10 octobre 2006

Une chanson:Papa was a rolling stone

Ou de l'importance du producteur qui fait que parfois un "produit" peut être génial.Berry Gordy fut ce producteur.Detroit en fut le fief et Tamla Motown la raison sociale.Les Temptations en furent peut-être le plus beau fleuron.

Greatest Hits

      Comme les Four Tops, les Supremes, Stevie Wonder, MarvinGaye les Temptations ont aligné dans les années 67-70 une collection de tubes à vous arracher du fauteuil et à vous jeter sur la piste.Et croyez-moi en ce qui me concerne c'est un exploit mais les riffs de Papa was a rolling stone sont capables de bouger un menhir.Cette musique est bien sûr ultra-calibrée mais avec une équipe comme celle qui bossait chez Motown à l'époque on peut dire qu'une musique bien produite et qui atteint son but ludique et entraînant vaut largement des tonnes de disques d'auteur ennuyeux.

http://www.youtube.com/watch?v=yeZ9zX5sdq8 Ecoutez déjà!

10 octobre 2006

Sur les traces de la Mitteleuropa

Sur mes traces : MémoiresGregor von Rezzori(1914-1998) venait d'un pays qui n'existe plus. Ce pourrait être en Roumanie, vaguement, maintenant.Il a longtemps été apatride comme bien des hommes de cette époque et de ces pays coincés entre Europe Centrale et Balkans.Il fut autrichien puis fit de l'Italie sa terre choisie.Son oeuvre littéraire,peu connue en France,est en allemand. C'est une sorte d'errance relativemant dorée qui a rythmé la vie de l'auteur à travers les bouleversements du Vieux Continent.

Comme un Stefan Zweig ou un Robert Musil, Gregor von Rezzori a transfiguré par son talent d'écrivain une vie sous le signe de l'exil et de la perte d'identité.Sur mes traces est publié aux Editions du Rocher.De la diplomatie au cinéma Rezzori a été une sorte de dilettante politiquement incorrect et libre.Parmi ses autreslivres notons L'hermine souillée et La mort de mon frère Abel.  

10 octobre 2006

Le plein de Fuller

   

    Peu au courant des films du grand Samuel j'ai donc un peu amélioré mon niveau et vous livre en vrac qulques impressions simples sur quelque-unes de ses oeuvres. Rappelons que le mot "Action" ne voulait pas seulement dire "Moteur" dans l'existence fort mouvementée de Fuller, journaliste, scénariste, combattant. Vénéré par Godard,Wenders et d'autres, Fuller dit dans Pierrot le Fou:" Un film est un champ de bataille, amour, haine, violence, action, mort". Tout est dit. J'ajoute que le Dr. Orlof a analysé brillamment (pléonasme) plusieurs de ses films.

   Le démon des eaux troubles(53) a le mérite d'éclairer les années cinquante d'un thème sur le nucléaire peu en vogue à l'époque. Je n'ai guère été convaincu par le film et son histoire d'amour assez plate entre le héros et la scientifique.

    Police spéciale(65) est un brûlot très marqué, sec et bref, qui dynamite une petite ville américaine sans facilité ni démagogie avec un très fort personnage féminin.

    Baïonnette au canon(51) m'a étonné en me présentant la guerre de Corée non dans la jungle comme je m'y attendais mais dans les cimes enneigées. Film de guerre sans héros, passionnant car les rapports entre les hommes y sont d'une vraisemblance très forte, sans idéaliser  la guerre, qu'il faut bien faire quand on y est. Même l'humour y sonne juste(très belle scène de pieds froids!).

    Les bas-fonds new-yorkais(61) est une histoire de vengeance assez classique sur la forme,très efficace et qui pose un problème moral récurrent chez Samuel Fuller:la vengence,jusqu'où?

    La maison de bambou(55),que j'avais vu il y a des lustres est un film très intéressant par l'imbrication américano-japonaise dans l'Empire du Soleil Levant après-guerre .Robert Stack poursuit Robert Ryan et finit par lui ressembler. A noter une très belle scène finale dans une grande roue. Ce nest pas celle du Troisième homme mais quand même...

9 octobre 2006

When I was young

Bien sûr presque personne ne se souvient des Zombies.S'il n'en reste qu'un je serai celui-là.Les Zombies ont un court moment joué dans la cour des grands mais le Moloch du rock dévore ses enfants et les rejette aussi vite.

     Retour sur la carrière des Zombies dont les leaders Rod Agent et Colin Blunstone devaient ensuite et en solo obtenir la reconnaissance de quelques initiés mais jamais du grand public.Les Zombies avaient au départ une culture musicale bien plus forte que les Beatles  et une solidarité rare dans les groupes pop.La musique de Zombies s'écoute encore de nos jours car sa frâîcheur et ses harmonies sont bien au delà des courants.Quelques titres: She's not there, Tell her no, I want you back again, Leave me be.

   Mais le bâton de maréchal des Zombies est sans doute le somputeux album Odessey and Oracle (1968) que les historiens du rock n'hésitent pas à classer au niveau de Sergeant Pepper's, du Pet sounds des Beach Boys, du L.A Woman des Doors, bref du nec plus ultra de la planète rock. L'illustration évoque la grandeur de la fin des sixties et la gloire des 30cm dont on pouvait épingler la pochette aux murs de nos adolescences vacillantes

9 octobre 2006

Italo

Le Corbeau vient le dernierJoli titre comme souvent chez Italo Calvino l'un des auteurs italiens les plus originaux(1923-1985). Ce recueil, Le corbeau vient le dernier rassemble les premiers récits de celui qui fut entre autres traducteur de Raymond Queneau dont l'univers est proche du sien.L'oeuvre de Calvino est bourrée d'humour et d'ironie avec un petit air de fantastique bon enfant. Ceci ne l'empêcha pas d'être un intellectuel très en vue dans les annnées 50-60. Membre comme bien des écrivains et cinéastes du Parti Communiste Italien qu'il quitta après Budapest Calvino a écrit des nouvelles inspirées par la Résistance puis sa fabuleuse(au sens propre de l'ordre de la fable) trilogie souvent nommée Trilogie des Ancêtres mais que je préfère baptiser Trilogie des Aristocrates égarés.

Le Baron perchéLe Baron Côme décide en plein XVIII° Siècle de ne plus quitter les frondaisons des chênes verts. C'est de là en pleine époque des Lumières qu'il connaîtra marquises et politiciens dans un conte qui aurait plu sans doute au sieur Voltaire. Humour,dépaysement recul, rien n'est pareil vu des arbres. Il nous faudrait essayer de vivre ainsi.

Le chevalier inexistantQuand Charlemagne inspecte ses troupes il est plutôt étonné car le chevalier Agilulfe n'est pas ...dans son armure. Son écuyer Gourdoulou lui obéit pourtant régulièrement. Parabole sur l'identité et l'individualisme Le Chevalier inexistant mêle amertume narquoise et burlesque. Détonant hybride de chanson de geste,parodie de roman courtois et quête du Graal pas si éloignée de...Monty Python

    Le Vicomte pourfendu est à mon sens une version conte cruel de Dr Jekyll et Mr.Hyde. Coupé en deux par un boulet barbaresque le noble Médard voit ses deux moitiés vivre en toute autonomie leur propre existence. L'un pour le pire, l'autre pour le meilleur. Et lequel des deux est le plus drôle?

   Enfin Calvino est aussi l'auteur des aventures de Marcovaldo ce modeste manoeuvre romain à peu près aussi adapté à la grande ville que Charlot. Mais Marcovaldo lui est père de famille.A  lire aussi Le sentier des nids d'araignée,La route de San Giovanni...

9 octobre 2006

Kazan

Bien sûr cette photo n'a pas plu à tous.Je n'ai pas l'intention de revenir sur l'attitude d'Elia Kazan il y a 50 ans.J'aimerais simplement attirer l'attention sur un formidable livre de cinéma:Elia Kazan,une Amérique du Chaos,de Florence Colombani(éditions Philippe Rey).C'est un bouquin bref,concis,plein de punch,en aucun cas une biographie de Kazan,histoire typiquement américaine de cet émigrant grec né en Turquie.L'auteur nous fait pénétrer dans l'oeuvre intime de Kazan,pétrie de contradictions.L'homme Kazan ne se laisse pas enfermer,ni circonscrire.Il se sentira toujours outsider et doutera toute sa vie,partagé entre besoin d'approbation collective,culpabilité et arrogance.Un homme,un cinéma heurté,contradictoire à la rencontre d'autres hommes,difficiles eux aussi,Tennessee Williams,John Steinbeck,Marlon Brando.Florence Colombani en parle si bien que vous n'aurez qu'une envie,voir ou revoir au moins une dizaine de ses films qui traitent du chaos que sait être l'Amérique et de la passion des héros de Kazan.

9 octobre 2006

Sur la liste noire

item imageLe sel de  la terre est un film unique que je n'avais jamais vu.Réalisé quasi clandestinement en 54 par des victimes du McCarthysme il ne fut distribué aux Etats-Unis qu'en 1965. Bertrand Tavernier dit que ce film est incritiquable par son existence même. Tourner le film fut un exploit physique et moral entre les mauvais coups des milices,les coups tordus du FBI,les intimidations des syndicats. Herbert Biberman,Michael Wilson et Paul Jarrico terminèrent le film qui fut immédiatement boycotté et fort peu diffusé depuis. Je ne m'étendrai pas sur la sinistre chasse aux sorcières bien que cette période mérite d'être étudiée avec le recul nécessaire qui me semble encore manquer tant les démagogies diverses se portent bien.

   Mais que vaut le film Le sel de la terre? Les films dits militants ne m'intéressent pas souvent parce que schématiques et d'un courage très relatif avec une nette tendance à brosser dans le sens du poil sur laquelle je ne gloserai pas davantage.L'aventure du Sel de la terre c'est autre chose.Et le film qui raconte une grande grève de mineurs mexicains au Nouveu-Mexique présente une lecture plus déroutante que je ne l'aurais cru car je m'attendais bien sûr à la traditionnelle leçon de morale.Or le film décrit bien sûr la lutte de ces mineurs exploités mais il nous donne à voir un deuxième bras de fer bien plus engagé à mon avis,la volonté des femmes de mineurs d'avoir leur mot à dire.Et c'est dans ces images de femmes défilant en lieu et place de leurs maris que le film décolle vraiment en un noir et blanc qui évoque les merveilles néoréalistes dont je vous rebats les oreilles régulièrement. Le sel de la terre n'est pas un film féministe où quelques harpies s'en prennent aux hommes,c'est un film où les épouses se battent pour que leurs maris les traitent mieux que les exploiteurs ne le font des mineurs.Cette double lecture est de loin le plus intéressant de ce film pas comme les autres.Herbert Biberman fut l'un des Dix de Hollywood condamné à la prison.

8 octobre 2006

Vie d'un fusil et mort du Western

Winchester 73Winchester '73 est un western classique(1950) qui présente une idée originale:le personnage principal est l'arme elle-même, symbole de l'Ouest et qui le demeure encore beaucoup trop à mon gré.Anthony Mann confie à James Stewart son acteur fétiche la tâche de retrouver cette arme révolutionnaire qui passera de main en main (trafiquant, chef indien, assassin).

     Cette belle idée permet de balayer d'un regard quelques personnages types de l'univers du western,de ceux qui balisèrent régulièrement trente années de films sur l'Ouest.Et puis  cette silhouette longiligne de l'honnête homme James Stewart hantera souvent le cinéma d'Anthony Mann,en quête de vengeance,d'une arme,que sais-je,symbole du bien parfois aux prises avec le doute.Une bien belle figure que Stewart chez Mann et bien plus riche qu'il n'y paraît.Le questionnement de Stewart sur sa carabine volée se révèlera même carrément freudien avec au bout du compte un frère digne de "Familles je vous hais".Pour les encyclopédistes du cinéma,à voir Rock Hudson et Tony Curtis débutants.

La horde sauvage

   Ainsi le Western serait déjà mort plusieurs fois.Ses meurtriers,une bande d'outlaws:la télé,la science-fiction qui a remplacé ses héros,les spectateurs peu motivés et quelques tueurs à gages de talent comme Sergio Léone ou Sam Peckinpah.La horde sauvage(1969) est évidemment loin du cinéma d'Anthony Mann.On a l'impression que non pas 20ans mais un siècle les sépare.Peckinpah,nourri de mythologies du cinéma d'action et d'espace, dirige une bande de quinquas bourrés de colts et de mauvaises habitudes pour qui les valeurs de l'Ouest de légende ne valent plus un mauvais whisky.Ces gens là n'ont plus rien à perdre pas même une vague conscience politique du côté de la Révolution Mexicaine qui a de temps en temps recyclé quelques héros douteux et viellissants.

   Les chasseurs de prime de l'autre bord sont aussi abrutis et bas de plafond.Tout ce beau monde va soigneusement s'étriper rouge vif dans une sorte d'oratorio pour gunfighters avec quasi mise au tombeau de mon enfance westernienne.Film charnière,film charnier,film important et soleil couchant sur cadavres.Vous avez dit eastwoodien?

8 octobre 2006

Un homme dans la ville

Giorgio Bassani est un écrivain du nord de l'Italie.Il semble qu'on commence à le redécouvrir.

Le cinéma nous l'avait déjà mis en lumière avec trois films dont le superbe Jardin des Finzi-Contini. Les éditions Gallimard proposent un ouvrage de référence rassemblant(et non compilant) tous les écrits de Bassani consacrés à sa ville de Ferrare. Bassani a lui-même réécrit ces six livres que l'on peut lire séparément. Cependant je crois qu'il faut lire le tout pour se faire une idée de la géniale appropriation du lieu géographique Ferrare par l'auteur. Essayons de procéder par ordre...

    Ferrare est une ville d'Emilie maintenant éclipsée par Bologne. Ville d'art très attirante Bassani y vécut presque toute sa vie au sein d'une famille juive et bourgeoise. La communauté juive de Ferrare était particulièrement intégrée y compris parmi les dignitaires fascistes. J'aime à faire comprendre que les choses sont souvent plus complexes et moins manichéennes qu'on voudrait le faire croire.

   Pourtant les lois raciales promulguées en Italie contraignirent Bassani à publier ses premiers poèmes sous un faux nom. Militant antifasciste c'est dans les années cinquante et soixante qu'il publia ses Histoires de Ferrare, regroupées ici dans Le Roman de Ferrare enrichi de nombreux documents sur l'auteur et sa ville.Cet ouvrage est un modèle d'érudition et de recherche pour qui veut s'imprégner d'une peuvre littéraire. Je n'avais jamais lu Bassani et ne connaissais que les films Les lunettes d'or et Le jardin des Finzi-Contini.

Le Roman de Ferrare : Dans les murs ; Les Lunettes d'or ; Le Jardin des Finzi-Contini ; Derrière la porte ; Le Héron ; L'Odeur du foin    Après une courte et tranchante préface de Pasolini Dans les murs propose cinq nouvelles ayant trait à la société de Ferrare juste avant ou après guerre.Nous assistons à une version transalpine de l'antisémitisme et de l'engagement politique, et surtout à l'ooportunisme qui sied si bien au genre humain. A Ferrare comme ailleurs les retours de guerre sont difficiles.

           Les lunettes d'or est un court roman plus connu depuis le film de Giuliano Montaldo ou Philippe Noiret campe ce professeur homosexuel en proie à l'incompréhension. Une belle oeuvre, pleine de retenue et qui n'angélise pas la victime, chose rare dans ce domaine.

    Le jardin des Finzi- Contini est une oeuvre d'une délicatesse et d'une grâce rarissimes. L'histoire d'amitié entre le narrateur et Micol, fille d'une famille juive riche toujours dans cette bonne ville de Ferrare se déroule dans un style assez précieux fait de longues phrases et de subordonnées d'une beauté à couper le souffle. Bassani sait ce dont il parle ayant fréquenté les cénacles bourgeois et éclairés des années trente. Il y a unité de lieu dans ce fameux jardin et le court de tennis verra se dérouler des sentiments d'une force et d'une ardeur accompagnées de promenades dans la nature idyllique de cette sorte d'éden pour amours enfantines et adolescentes. Mais que c'est difficile d'avoir 20 ans ou 50 d'ailleurs quand s'abat la peste  qui conduira la famille Finzi-Contini à la solution finale!

       Giorgio Bassani a désavoué le film de Vittorio de Sica et j'ignore vraiment pourquoi. C'est un peu dommage car la sensibilité de  de Sica est réelle même si elle est plus familière du petit peuple romain cher au Néoréalisme(Sciuscia,Le voleur de bicyclette) que des familles aisées du nord de l'Italie. A propos je trouve bien injuste  le purgatoire qui semble avoir saisi les films de de Sica, par ailleurs bien peu distribués en DVD.

       Le Roman de Ferrare contient encore Derrière la porte, Le héron et L'odeur des foins que je n'ai pas lus. Mais la prose de Bassani est si dense et procure  une brûlure exquise et tendrement douloureuse que je compte bien finir cette intégrale. Enfin je n'ai jamais lu une oeuvre aussi lovée au sein d'une ville, la ville de Bassani. Cela me donne diablement envie de voir Ferrare comme ces lecteurs amoureux qui visitent le cimetière de la ville pour rêver sur le tombeau de la famille Finzi-Contini qui est pourtant sortie de l'imagination de l'auteur. Bien bel hommage à la littérature, cette fleur vénéneuse et mortelle que j'aime tant.

8 octobre 2006

Capra c'est pas fini

En pleine crise de capraphagie c'est un plaisir de revenir sur la carrière de l'homme à la confiance inébranlable et à la foi sans bornes envers la démocratie. Un très bon coffret réunit quatre grands classiques d'un optimisme à toute épreuve.

   Les deux messieurs:Deeds-Gary Cooper l'extravagant qui s'en va en ville et Smith-James Stewart au Sénat de Washington sont de bien sympathiques archétypes de l'Amérique bienveillante. De toute la force de leur bonne et naïve volonté ils changeront (un peu) les choses l'un dans le monde des affaires suite à un héritage et l'autre celui de la politique en devenant sénateur bien que modeste chef scout pétri de valeurs pionnières et humanistes. On leur mettra bien des bâtons dans les roues en tentant de les ridiculiser par voie de presse l'un parce qu'il imite les cris d'oiseaux et l'autre parce qu'il joue du tuba dans l'orphéon de son village. Le rôle de la presse est capital chez Capra car toute liberté commence là et influencera Richard Brooks par exemple même si le ton Capra est de comédie.

   Outre Mr.Smith au Sénat et L'extravagant Mr.Deeds le coffret présente le bien joli Horizons perdus où un diplomate britannique trouve la sérénité sur les hauts plateaux tibétains. Une belle métaphore sur la paix dans ce lieu saint qu'est la lamaserie de Shangri-La. Enfin le road-movie NewYork-Miami entraîne Gable et Claudette Colbert dans un amour hors des conventions. Ces quatre films datent de l'immédiate avant-guerre et nous mènent au Capra engagé et producteur de la série de courts métrages Pourquoi nous combattons dans la lutte contre la barbarie.

   Capra c'est l'honnête homme et cela transpire dans tous ses films:L'homme de la rue,Vous ne l'emporterez pas avec vous et La vie est belle que je vais voir de ce pas et qui passe pour son chef-d'oeuvre.Il y aurait donc deux chefs-d'oeuvre du même titre. La thématique de Capra n'aura pas varié. L'individualisme américain hérité du meilleur des pionniers se retrouve au service de tous et pour le bien de tous. Ce message peut paraître désuet. Fidèle de ce vieux Frank je ne le crois pas.

8 octobre 2006

Retour d'un vieux copain

The US edition of The Animals' self-titled debut album. Je l'avais quitté il y a à peine 35 ans,quand son fabuleux groupe,né à Newcastle,avait explosé.House of the Rising Sun,Don't let me be misunderstood,Boom boom ce n'est pas rien quand même.Eric Burdon est de retour et je l'aime toujours.The Animals,encore un de ces groupes qui ont changé la musique en ces fameuses année soixante-cinq.Je les ai vus deux fois à l'Olympia.J'avais 15 ans et les éructations de Burdon me résonnent encore aux oreilles.Peu amateur de menthe à l'eau  Eric Burdon,humble prolétaire de Newcastle,savait mettre le feu et chanter ce rock-blues entre Ray Charles et Joe Cocker,tout en hargne et de sa petite taille Burdon faisait alors partie des plus grands.La deuxième fois le vent avait déjà tourné un peu et Burdon et les Animals n'étaient plus que la première partie d'un curieux type qui rongeait sa guitare,du  nom de Jimi Hendrix.

Il y a bien longemps que Jimi joue Voodoo chile parmi les anges.Eric est alors parti à San Francisco pour y graver d'excellents titres:Year of the guru,Monterey,San Franciscan nights.Puis ce fut quasiment le silence.Enfin j'apprends qu'il est en France et ses deux derniers albums sont magnifiques:un live enregistré à Athènes et en studio,Soul of a man.Voilà qui plairait à Wenders,Scorsese et à tous ceux que l'énergie brute et inchangée du maître des Animals a pu séduire.Welcome Eric!Great to see you again!La vie commence à 60 ans.

8 octobre 2006

Un film bien

Je viens de voir un film fort sur la résistance à l'oppression.

Je viens de voir un film sans budget,fait de bouts de ficelle et presque sans acteurs connus.

Je viens de voir un film choc comme l'on n'en avait jamais vu,impressionnant de violence.

Je viens de voir un film inoubliable,un film qui colle comme de la glaise à son pays,a son histoire,à son peuple.

Je viens de voir un film où les femmes sont des femmes,faibles et fortes,de rires et de larmes,et dont les enfants sont fiers.

Je viens de voir un film digne qui montre des enfants tels qu'ils  sont dans des circonstances dramatiques,et qui ne les utilise jamais pour une factice et facile émotion.

Je viens de voir un film,honneur du cinéma,un film révolutionnaire dans la seule acception de ce mot,à savoir humain tout simplement. 

Je viens de voir...Je viens de revoir...         

(Roberto Rossellini:1945)

Excelsa Film

8 octobre 2006

Rock-book

 Owen Noone & Marauder de Douglas Cowie                         Le tout premier roman de Douglas Cowie porte le curieux titre de Owen Noone & Marauder(éditions Christian Bourgois,souvent intéressantes).Il conte les trois années d'existence d'un groupe de rock,activité souvent soumise au siège éjectable ayant tendance à s'autodétruire assez vite.Pourtant dans ce périple rock américain peu de clichés,pas de défonce,pas de mésentente entre les membres(deux musiciens seulement),peu de filles en pamoison.Juste un peu de bière comme vous et moi si j'ose dire.Mais une belle description simple de la carrière fulgurante et dévoreuse d'un groupe de rock contemporain,aussi vite saisi par le succès que par le doute.Je vous laisse le découvrir vous citant une seule phrase,géniale et dont j'aimerais avoir eu l'idée.


Il vendait des poupées gigognes à l'effigie d'Owen Noone(leader du groupe).Dans Owen Noone se trouvait Kurt Cobain dans lequel se trouvait John Lennon dans lequel se trouvait Elvis Presley dans lequel se trouvait Buddy Holly.


On pourrait emboîter ainsi bien des poupées si chères à notre coeur de rocker.

8 octobre 2006

La première venue


Eve(1950) de Joseph Mankiewicz est un exemple d'intelligence de l'écran sous la houlette d'un maître absolu du scénario et du dialogue.D'une cruauté inouïe All about Eve est le tableau du monde du théâtre,terrain miné pour les naïvetés et les sentiments.Il y a dans Eve plusieurs scènes fabuleuses qui conjuguent l'ambition et la jalousie,au coeur d'un système où les bourreaux d'un jour sont les victimes du lendemain.Mépris,morgue,arrogance donnent une image assez révulsive de Broadway et par extension d'Hollywood,et par extension de l'Amérique et par extension de nous-mêmes.N'avons-nous jamais rêvé d'être calife à la place du calife?



Bette Davis,hautaine puis s'humanisant,Ann Baxter à l'inverse,l'extraordinaire George Sanders perfide et une distribution parfaite avec une dizaine de rôles importants et des personnages tous en place au cordeau achèvent de donner à Eve le statut de film culte bien au-delà de l'univers du spectacle.Statut qui valut au film six statues aux Oscars.Statut qui,surtout,empêche tout vieillissement de ce film,contrairement aux actrices.





8 octobre 2006

Docteur et dictateur

     Je n'avais pas revu le premier film de Richard Brooks depuis 40 ans.Il me paraît toujours très fort bien que les éléments politiques datent des années cinquante.Mais la dictature est un art qui n'est pas encore démodé et on peut tenter de tirer les leçons de cette fable qui a peut-être un peu inspiré Francesco Rosi ou Costa-Gavras. Cas de conscience(1950) met en scène le neuro-chirurgien américain Cary Grant obligé d'opérer le tyran d'un pays d'Amérique Latine,José Ferrer.Pressé par l'opposition de faire mourir son patient en kidnappant sa femme,que va faire le Docteur Ferguson?

   Bien des conventions d'époque bien sûr dans ce film américain du libéral Richard Brooks.Je rappelle que libéral n'est pas une insulte.Mais c'est aussi une sorte de thriller intelligent et relativement ambigu comme en témoigne la fin.José Ferrer dont c'est à mon avis l'un des meilleurs rôles est hallucinant de glaciale vérité et de logique tyrannique et m'a fait penser un court moment à Aguirre-Kinski,sacrée référence.

    On verra aussi dans ce film une discrète mais efficace critique de l'interventionnisme américain sous les traits les plus séduisants qui soient,ceux de Cary Grant.Moi qui suis paramédical mais pas chirurgien il me semble que mes mains trembleraient  si je devais opérer du côté de La Havane,Pyong-Yang,Tripoli ou Téhéran.Et plus encore à Achqabat, Turkménistan,dont vous connaissez peut-être le si sympathique Niazov, président à vie,dont la statue tourne avec le soleil et qui à entre autres interdit l'opéra.Entre autres...

   

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