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10 mars 2014

Sir Walter en la Pléiade

talisman

                                      En lecture commune avec Claudia, Pyrausta et Nathalie nous nous sommes penchés sur Sir Walter Scott dont je n'avais lu qu'Ivanhoe, en livre jeunesse du temps de ma jeunesse, c'est dire...Le talisman raconte un épisode de la croisade des princes, Richard Coeur de Lion et Philippe Auguste entre autres. Je m'étais porté volontaire pour cavaler sur un fringant destrier, en découdre avec traîtres et infidèles, festoyer sous la tente, et retrouver des héros caracolant pour une belle dame de leurs pensées. Et je me suis retrouvé à tourner les pages d'un Talisman dans la Pléiade,seule version disponible. Or je n'aime pas lire dans la Pléiade. La Pléiade ça ne se lit pas, ça se cale dans une bibliothèque d'une belle maison et on en mesure la longueur en faisant croire qu'on a lu tout Balzac. Physiquement je n'aime guère ce contact  qui m'oblige à m'y prendre à deux reprises, comme dans mon lointain missel, pour tourner la page tant la finesse.... Ca aurait eu l'avantage de finir deux fois plus vite le roman de chevalerie de Walter Scott qui n'a pas apaisé ma soif d'aventures et de combats. Je voyais ça virevoltant, d'estoc et de taille, palefrois et gonfanons claquant au vent d'Orient.

                                     Le talisman m'a semblé plutôt un festival de la palabre. Qu'est-ce qu'on parle, Sir Kenneth, le héros écossais,le Maître des Templiers, l'archiduc d'Autriche, le roi Richard, bien que malade, et ses conseillers, mais alors les bavards... Ca réveille un peu mes souvenirs des croisades qui seraient plutôt tendance Monicelli-Gassman dans L'armée Brancaleone.On retient essentiellement de ces joutes verbales la rivalité des différents participants et l'on esquisse une réflexion sur l'engagement occidental pour le Saint Sépulcre. Mais honnêtement les caractères d'imprimerie de la Pléiade ne me conviennent pas des masses ( à propos de masses, d'armes cette fois, on doit souvent aussi recourir au lexique pour l'héraldique ou l'armement, c'est usant).

                                    Bref, enfin pas si bref que ça, pas assez de castagne pour moi, pas  assez de tournois, un seul réglement de compte à la fin, je n'en ai pas eu pour mes écus. Après avoir maintes fois manipulé finement les deux signets verts, l'un pour le roman, l'autre pour les notes explicatives, je suis arrivé à deux conclusions, celle du Talisman, bienvenue, à peine le sang aura-t-il coulé, et la mienne propre, de conclusion, légèrement iconoclaste dans un challenge littéraire, qui est la suivante...Je crois que de Walter Scott mes meilleurs souvenirs resteront visuels, l'excellent film avec Robert Taylor, présenté ici par Claudia et Wens, (Ma Librairie: Walter Scott : Ivanhoe ) et le générique du feuilleton de mon enfance, Ivanhoe, qui date,il est vrai de quelques semaines maintenant.

 

 

 

 

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7 mars 2014

Des fleurs dans les ordures

21_Scintillation

                                          Plaisir de lecture commune avec Valentyne, La jument verte de Val nous avions cette fois choisi le roman de John Burnside. Je publie avec un peu de retard,pardon Val. Mais emballé que j'avais été par trois autres romans de cet écrivain écossais j'ai un peu moins adhéré au propos, notamment dans le premier tiers. Pourtant à l'évidence la prose de Burnside est exceptionnelle bien que souvent brutale et  inhospitalière. Dans cette Intraville, amalgame de décharge sauvage et de friche industrielle qui fait penser à une côte soviétique aux plus belles années de la pollution littorale et sous-marine, j'ai songé à ma chère Suzanne de Leonard Cohen qui nous montre où regarder "parmi les ordures et les fleurs, she shows you where to look, among the garbage and the flowers". Drolatique, Leonard est aussi le nom de l'ado, principal personnage de cette étrange et mortelle histoire.Peut-être la photo de couv. vous met-elle mal à l'aise, c'est normal et ce n'est pas de lire ce roman qui va arranger ça.

                                        Dans ce contexte déjà pas gai disparaissent plusieurs jeunes garçons. Il fait vous dire que l'Intraville est une entité bien mystérieuse et que de l'Extraville voisine on ne saura pas grand chose. Une vie nulle part était déjà un titre de John Burnside, remarquable mais tout cela sonne quand même inquiétant. Vous vous inquiétez, vous avez raison. Leonard n'est pas un parangon de vertu, ses fréquentations sont douteuses et si d'autres  moins présents tirent les ficelles, il porte sa part de culpabilité. La fascination pour la violence est dans ce roman assez insoutenable, tout cela soutenu par une belle écriture aux méandres complexes et qui, au moins, nous épargne démagogie et simplisme. Mais quelle épreuve avec ce Leonard qui m'est tout de même resté étranger, heureusement peut-être, alors que j'avais ressenti une osmose bien plus forte dans Un mensonge sur mon père et plus encore Une vie nulle part.

                                      Deux mystères au moins dans Scintillation. Comment ce livre peut-il avoir cette grâce d'écriture splendide et intempestive dans un environnement qu'évoque si  bien la couverture aux oiseaux morts? La scintillation-attraction-répulsion est extraordinairement bien rendue. La seconde énigme concerne la fin du livre. Pardon Val, je serais bien en peine d'éclairer ta lanterne, le basculement du livre dans le fantastique m'ayant depuis longtemps contraint à laisser au vestiaire mon rationalisme, acceptant, avec un peu de difficultés au début, ce voyage dans l'univers burnsidien, déjà quel patronyme infernal et marginal, brûler, côté. Persistant, je conseillerais plutôt Une vie nulle part, bien plus proche de moi et du coup, il me semble, de vous qui vous intéressez à cet Ecossais aussi poète. Mais méfiez-vous de la lande de là-bas, on n'y a pas toujours un Sherlock Holmes à Baskerville pour résoudre la question.

9 février 2014

Un livre, un film (énigme 86), la solution

                                            Une certaine confusion ce samedi pour cette énigme. Je retiens la suggestion de Pierrot Bâton, châtier Soene Place Bellecour à Lyon, mais cela me paraît encore trop doux. Peut-être l'obliger une semaine à ne fréquenter que les fast foods de la capitale des Gaules,non? Voici les images et quelques explications que Dasola,très vite et avant Soene, avait parfaitement décryptées.

paria

                                         Un paria des îles est le deuxième roman de Joseph Conrad après La folie Almayer, que, bien plus tard La rescousse (indice)complètera pour composer la trilogie malaise. Né en Ukraine, Polonais nommé Teodor Józef Konrad Korzeniowski, marin français puis britannique, l'écrivain  a su donner à Willems le tragique et le jusqu'auboutisme qui le rapprochent des autres grands personnages conradiens, Lord Jim et le directeur de comptoir Kurtz d' Au coeur des ténèbres.

banni

                                       Après le désormais mythique Troisième homme et la Vienne d'après-guerre en 49 Carol Reed tourne Le banni des îles avec trois acteurs terriblement britanniques, Trevor Howard (aussi dans Le troisième homme), Robert Morley et Ralph Richardson. Assez proche du climat Conrad, éloignement, déchéance, rédemption, le film est souvent relégué parmi les productions anglaises 1950-1970, hâtivement baptisées et sans aucun recul colonialistes ou post-colonialistes. La vérité est évidemment autrement plus ambigüe mais ce n'est ni le lieu ni l'heure du débat.

                                      Coppola avec Apocalyse now mais bien avant lui Hitchcock avec L'agent secret (Sabotage), et Richard Brooks avec Lord Jim ont également adapté Joseph Conrad. Citons aussi Ridley Scott avec Duellistes, et plus récemment Patrice Chéreau avec Gabrielle. A noter que tant la lecture audio du bouquin que le film de Sir Carol Reed  sont disponibles intégralement sur la toile, mais il faut être parfaitement anglophone.

6 février 2014

La poésie du jeudi, William Wordsworth

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                                    Me la jouant un peu bilingue j'ai cette semaine eu comme un goût d'Albion, certes un peu revisité par Hollywood. Rares sont les films portant en titre une phrase d'un poème. Il y en a quelques-uns cependant dont ce magnifique film d'Elia Kazan avec Natalie Wood, qui conclut ainsi La fièvre dans le sang, banal titre français de Splendour in the grass. A déguster de préférence en V.O., un oeil sur la traduction.  Merci à Asphodèle qui chaque quinzaine me donne envie de piocher quelques lignes dans L'Internationale de la Poésie, puisse-t-elle demain,être le genre humain.

Though nothing can bring back the hour

Of splendour in the grass,of glory in the flower

We will grieve not, rather find

Strength in what remains behind

 Bien que rien ne puisse ramener le temps

De l'éclat de l'herbe, de la splendeur des fleurs 

Nous ne nous lamenterons pas,

Mais puiserons des forces dans ce qui en subsiste.

William Wordsworth (1770-1850)

                                             

 

                                      

 

 

 

 

 

 

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17 mars 2013

Célèbre colocation

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                    Etude en rouge est la première aventure de Sherlock Holmes et j'avoue ne plus me souvenir si je l'avais lu déjà. L'exemplaire est d'ailleurs un vieux Livre de Poche,de ceux que j'affectionne beaucoup.Inscrit au multicolore challenge Lire sous la contrainte de  Phildes(d'un livre à l'autre) j'ai vite repensé à Baker Street et à son curieux locataire.A study in scarlet est un des quatre romans mettant en scène Holmes,le reste de ses enquêtes étant réparti entre quelques dizaines de textes plus courts.

              Watson de retour des Indes fait la connaissance de Holmes dans la première partie du livre.On avait oublié que ce dernier avait au départ une formation de chimiste.Convaincu par le test de l'hémoglobine,Watson sympathise avec Holmes et débute ainsi la collaboration d'un des plus célèbres attelages d'enquêteurs de la littérature.Nous voilà donc plongés dans Londres,Londres où rôdent encore pêle-mêle les personnages de Dickens, Jekyll et Hyde, Dorian Gray,voire le peu fictif Jack l'Eventreur.

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             Je pense qu'Etude en rouge porte bien son titre,au sens musical,à savoir essai,ébauche.Les protagonistes n'ont pas encore la complicité des futures investigations.Conan Doyle cherche encore un peu sa formule magique.Mais surtout la construction romanesque d'Etude en rouge nous éloigne de la chère Angleterre pendant toute la deuxième partie,long flash-back sur l'arrivée des Mormons dans l'Ouest américain,pour nous présenter les acteurs du drame victorien qui aura lieu trente ans plus tard.C'est un peu pesant et c'est l'une des raisons qui me font préférer les nouvelles de Conan Doyle à ses romans,exception faite du mythique Chien des Baskerville,peut-être parce que la lande écossaise est délicieusement crimino-graphique.Peu importe,un fanal sur la Tamise, une sordide maison de faubourg,la pluie perlant sur les docks,un air de violon s'échappe du 221 b,Baker Street.Ca y est,vous êtes arrivés.

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10 janvier 2013

La pas marrante histoire du psy d'Inde face au psy de Sion

Dr-mukti

                          Non,je ne ferai pas partie du cercle d'initiés qui se pâment devant les bouquins de Will Self,pas devant Dr Mukti en tout cas,et comme je n'ai guère l'intention de persévérer,Will lui-même et moi,moi-même en resterons probablement là.Ce toubib,natif de l'Uttar Pradesh comme son nom l'indique, psychiatre de son état,parfois piteux,l'état d'ailleurs,a un rival,le Dr Zack Busner,psychiatre de son état,plutôt arrogant,et juif,ce qui n'arrange rien (là,trait d'humour,pas de levée de boucliers svp).Ne pouvant se sentir réciproquement c'est à travers quelques patients en commun que leur querelle nous est contée.Ca se veut branché et Will Self dispose,je crois,d'un capital sympathie dû essentiellement à ses positions plus que larges concernant la drogue.Etant très libéral c'est forcément quelqu'un d'intéressant.Ben si.Non?

         Une fois que je vous ai dit ça je ne vois nulle raison d'épiloguer,ni d'abuser de votre temps.Libre (et encore heureux) au lecteur d'apprécier la drôlerie de Will Self et ses saillies sur la psychiatrie et ses drôles de zigotos.Ce disant je pensais plus aux soignants qu'aux malades,bien que ces derniers soient également pas mal arrangés..Il m'est arrivé de sourire,rarement.De bailler aux corbeaux ,souvent, parce que les corneilles en ont marre qu'on baille toujours après les mêmes.De penser,surtout,que ce Self ne m'a pas rendu service.Oui, ce dernier trait ne relève pas le niveau,déjà d'un faible étiage en cet étage psy.Parfaite adéquation donc,entre ce billet,peu susceptible de figurer dans une anthologie de la critique littéraire,et ce roman,peu digne de figurer,etc...

29 novembre 2012

Si par un matin d'automne un livre voyageur...

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              ... arrive chez vous par erreur...lisez-le.Shakespeare Antibiographie,est venu un jour.Je ne l'attendais pas.Claudia me l'avait envoyé à la place d'un autre ouvrage.Comme la distraction est parfois bonne conseillère,et ayant déjà lu chez elle un article très favorable,je n'ai pas renvoyé l'intrus mais l'ai accueilli à bras ouverts.Le roi Lire a été le plus fort.Ce livre est formidable, épatant, j'emploie à dessein des adjectifs ancestraux.Bill Bryson a brossé un passionnant tableau de la vie en Angleterre sous Elisabeth Ière.Londres revit sous nos yeux fin XVIème, où l'on meurt jeune de la peste si on a échappé àux incendies et aux bagarres de rues.Pas rébarbatif pour deux shillings, vous marcherez au bord de la Tamise,et serez emballé par la folie du théâtre qui saisit la Merry England,paillarde comme Falstaff,et pleine d'appétit.Si vous lisez ce bouquin vous goûterez la bière des tavernes de Shoreditch et vous assisterez aux répétitions de ces si nombreuses troupes théâtrales et y rencontrerez l'âme et l'esprit du grand Will dont par ailleurs on ne sait rien.Ce n'en est que la part plus belle encore à l'imaginaire.

           Shakespeare Antibiographie est un document,pas pontifiant mais vivace, et qui donne envie de  se replonger dans l'oeuvre du célèbre barde de Stratford qu'on connaîtra ainsi un peu mieux,si ce n'est en personne,tout au moins par l'époque et la cité sur la Tamise si bien décrites par cet auteur,cet auteur si bien évoqué par Claudia chez qui je vous renvoie toutes affaires cessantes.Enfin n'oubliez pas les films d'Orson Welles,géant qui s'est frotté à Shakespeare plusieurs fois,avec un tel bonheur.J'ai souvent pensé à lui lors de cette lecture, Welles étant pour moi celui qui a le mieux assimilé la grandeur shakespearienne.

http://claudialucia-malibrairie.blogspot.fr/2012/11/bill-bryson-shakespeare-antibiographie.html

16 septembre 2012

Transes européennes

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               Greene je l'ai beaucoup lu.On l'a beaucoup lu,ceux de ma génération plus vraiment quinquagénaire.Cet homme a beaucoup compté ne serait-ce que par le cinéma,Vienne,Le troisième homme,Welles,Cotten,Carol Reed,la cithare d'Anton et la grande roue du Prater.Pour ce film Greene n'a d'ailleurs écrit qu'une nouvelle.Mais Graham Greene comme Somerset Maugham son contemporain fait partie de ces auteurs en plein purgatoire.J'ai voulu lire Orient-Express que je ne connaissais pas et qui,s'il a été adapté au cinéma, le fut pour un obscur film anglais inconnu en 1934,peu après sa publication.J'ai voulu le lire pour le site Lecture/Ecriture et parce que ce livre appartenait à mon père,en Livre de Poche,cette  si belle idée qui m'a jeté sur les routes de la littérature.

              Bien des romans de Graham Greene sont plus intéressants.Citons Le ministère de la peur, La puissance et la gloire, Notre agent à La Havane, Le fond du problème.Mais cet ouvrage n'est pas à dédaigner.Ecrit vers 1930 Orient-Express s'appela d'abord en Angleterre Stamboul train.Greene lui-même classait ce roman dans les distractions par opposition à ses "grands" romans davantage tournés vers la foi ou la philosophie, déjà cités.Néanmoins apparaissent dans ce livre les thèmes très "lourds" de l'engagement politique,de l'antisémitisme,de la culpabilité,particulièrement greenienne.

             Ostende, Cologne, Vienne, Subotica et Istambul,cinq étapes sur la route de l'Orient-Express.Pas à proprement parler un huis-clos mais le cadre majeur qui réunit quelques personnages à la vie un peu compliquée qui vont se croiser,se découvrir,s'aimer,se haïr en un condensé de cette Europe entre deux guerres, véritable soufrière qui en à peine vingt ans allait replonger dans l'horreur. Après des années d'exil Richard Czinner,médecin,leader socialiste en exil à Londres retourne à Belgrade.Joseph Grünlich,voleur et meurtrier,fuit Vienne.Carleton Myatt,négociant juif anglais se pose  des questions sur son identité et son pouvoir de séduction. Coral Musker,danseuse de music-hall,et Mabel Warren,journaliste lesbienne,sont les éléments féminins de ce quintette qui va jouer une partition serrée,tendue,souvent d'une grande  sécheresse.Pas d'envolées lyriques sur le socialisme bonheur.Pas de grandes phrases sur le féminisme.Et pourtant tout est là dans cette Europe en miniature et en pullmans mal chauffés.

            Les sympathies de Graham Greene ne sont pas si évidentes car l'auteur est malin bien que jeune encore quand il publie Orient-Express.Peintre des ambiguités du coeur comme politiques c'est un écrivain de grande classe qu'il conviendrait de  dépoussièrer un peu de ce qui s'appelle la rançon du succès.10/18 s'y emploie,par exemple avec notamment les oeuvres suivantes dont la dernière,Travels with my aunt,emprunte 40 ans après ce même Orient-Express.

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3 octobre 2011

Nowhere man

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                  Première incursion chez John Burnside,auteur écossais,très positive.Nous sommes en 1970 environ dans l'Angleterre industrielle en voie de désindustrialisation.Francis,son frère Derek,son amie Alina et son frère Jan,fils d'émigrants lettons,ont une vingtaine d'années.On est déjà loin de la Swinging London et ça ne rigole pas tous les jours dans ce pays d'acier et de crassiers. Drogue et violence à tous les étages,comme partout puisque l'expérience des uns aura à jamais dans notre monde refusé de servir aux autres.Sinon ça se saurait et Kurt Cobain aurait vécu plus longtemps que Jim Morrison.Mais faut pas rêver.Peu de place pour le rêve donc à Corby,une fois la bière tirée et les couteaux évités.Passer d'Ecosse en Angleterre pour Francis n'aura donc pas été simple dans ce "Royaume-Uni".Mais pour certains les dés ont été jetés précocément avec leur souffle de vie.Francis part alors d'abord sur les chemins anglais,buissonniers mais où l'herbe n'est pas plus verte.Parfois outrageusement banal Francis se défonce comme tout un chacun mais lui ne croit même pas ainsi se singulariser.Belle lucidité.

       Une vie nulle part n'est pas qu'un livre sur le mal-être ou sur la partance.Les liens familiaux sont remarquablement évoqués dans les deux premiers tiers du livre,avec la parole donnée à son frère Derek qui joue de la basse et écoute Rory Gallagher pour chasser le quotidien enfumé,ou à leur père Tommy veuf sombre et que l'ange de la violence caresse parfois aussi.L'amitié et le souvenir ont accompagné Francis comme de bienfaisants nuages mais la route est bien âpre pour cet indépendant un moment égaré en un château sectaire parcouru de fantômes sonnés.

     Une vingtaine d'années va ainsi passer depuis la Californie et Silicon Valley à laquelle on ne s'attendait certes pas jusqu'au retour final.Des rencontres,des frustrations sur cet itinéraire d'un enfant troublé,zébrées de riffs de guitare qui pour moi sonnent comme une madeleine littéraire tant la musique de ces années électriques balance en moi depuis plus de quarante ans.Manifestement je me sens assez frère de Francis et de Derek et j'ai partagé,ému,leurs espoirs et leurs désillusions,et plus simplement leur fraternité jusqu'à un secret terminal révélé que je n'ai pas encore découvert.Car,et c'est assez rare,je suis si bien avec Francis que je ne précipite pas mes adieux à son univers.Je ne peux qu'engager à faire la route avec ces gars-là,authentiques et douloureux.Quant à John Burnside il aura de mes nouvelles.Ou plus exactement j'aurai de  ses romans.Lui pardonnant même la pourtant gravissime erreur d'attribuer le fabuleux Wooden ships à Jefferson Airplane au lieu de Crosby,Stills and Nash.Hey John!Je suis chatouilleux là-dessus. 

8 septembre 2011

A vélo dans le Yorkshire

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    Didier Decoin est certes un écrivain classique.Mais c'est vraiment un habile conteur et on comprend son attrait pour l'Angleterre,lui qui vit au bout du bout du Cotentin,doigt pointé vers Albion.Je lui trouve un charme d'auteur britannique dans cette histoire américano-anglaise et non pas anglo-américaine.Un photographe anglais sauve du massacre de Wounded Knee une petite fille Sioux.Revenu dans son Yorkshire il finit par l'épouser vingt ans après.Mais le plus étonnant dans cette histoire est le rôle de la bicyclette qu'Emily apprend à chevaucher et dont elle devient vite une addicte dans la verte campagne.

         Mais ce n'est pas tout.Didier Decoin nous entraîne dans un roman délicieux d'anglophilie qui plaira par exemple aux passionnés de Peter Pan et de Conan Doyle qui tient un rôle non négligeable dans notre histoire.Filez à l'anglaise dans cette histoire de fées.Arthur Conan Doyle,on le sait,était très versé dans le spiritisme malgré son fils littéraire devenu l'archétype du rationnalisme.Ajoutez à cela un policier soupçonneux sur l'origine d'Emily,pas si mauvais malgré tout.Saupoudrez de quelques vieilles dames anglaises comme la plupart des vieilles dames,très pressées d'être immortalisées sur pellicule par le photographe,avec cependant quelques retouches non encore numériques.Il y a une histoire d'amour sans histoire,pas mal d'humour,des gens bien élevés.Et si le héros,Jayson Flannery est affligé de lépidophobie( panique cause papillons) et de *****trucphobie (la terreur de la bicyclette,mais j'ai oublié le nom et j'ai déjà rendu le livre à la Bib.), il faudrait être hardly anglophobe pour ne pas prendre plaisir à cette belle balade dans un jardin anglais.

18 juillet 2011

Engagez-vous,qu'ils disaient

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      Un film de propagande peut être une totale réussite.Octobre ou Naissance d'une nation ont fait leurs preuves.Le 49e parallèle sépare le Canada des Etats-Unis.En 1940 Michael Powell et les Hongrois exilés Alexandre Korda et Emeric Pressburger décident de mettre en chantier un film d'aventures à l'objectif sans détour: influencer l'opinion publique américaine pour convaincre le pays d'entrer en guerre.Le film bénéficie d'un budget confortable et de deux stars de l'époque,Leslie Howard d' Autant en emporte le vent et Laurence Olivier.Le Ministère de la Guerre est partie prenante.Un peu de remise en place:le Canada est en guerre, Commonwealth oblige,mais pas les Etas-Unis,Pearl Harbour n'étant qu'une base inconnue du monde. Le propos est parfaitement belliciste et limpide.

    49e parallèle,au titre premier plus clair encore,The invaders,se révèle un excellent film d'action,en grande partie tourné sur place et qui fonctionne comme une suite de quatre sketches présentant des personnages éloignés du conflit qui vont prendre conscience que ce qui se passe en Europe ne peut les laisser neutres.Laurence Olivier en trappeur québecois,Anton Walbrook en chef d'une église hutterite dont la plupart des disciples sont d'origine allemande,Leslie Howard en peintre cubiste détaché de tout,et Raymond Massey en soldat,tous vont tour à tour avoir affaire aux six,puis cinq,puis quatre,etc... membres d'un commando nazi rescapés d'un U-Boot détruit,qui traversent le Canada comme l'avant-garde de la puissance hitlérienne.

    Tourné avec des autochtones et malgré le parfait anglais du groupuscule nazi on se prend au jeu. Curieusement le personnage principal,que l'on voit le plus,est bel et bien l'officier allemand pur jus même si cela ne va pas jusqu'à une quelconque empathie qui eût été contraire à la thèse guerrière du film.Les auteurs ont cependant un peu adouci le propos,l'un des six fuyards étant un brave type.Convention du cinéma d'aventure oblige.

20 mars 2011

Faux départ,parcours moyen,fin un peu mieux

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          Qu'est-ce qui fait une déception de lecture?Par exemple le hasard à la Bibliothèque Municipale,un titre un peu énigmatique,un auteur anglais inconnu.Mais ça n'a pas fonctionné terrible cette fois.Je vous expédie ça vite fait,injuste probablement car la fin du livre m'a quand même intéressé.David Carter, la cinquantaine, est frustré par la vie. Sa femme Eleanor s'enfonce dans une déprime interminable. Son poste de conservateur de musée lui échappe.Sa fille Kate s'est éloignée. Mais surtout il a appris que toute son existence a été construite autour d'un mensonge : il est un enfant adopté.Alors David n'a de cesse de se mettre en quête de son passé, à travers vieilles photos, lettres et vestiges ténus. Nous replongeons ainsi dans le Londres du Blitz, la ville de Coventry d'après guerre, et la campagne irlandaise.Cela avait tout pour me passionner,l'histoire récente d'un pays qui m'a toujours passionné,les racines disjointes et l'interrogation de David Carter.

   Pourtant à peine trois semaines après l'avoir lu je ne me "rappelle" plus Il n'y a pas de faux départ de Jon McGregor.Je suis sûr que cela vous est déjà arrivé.Pourquoi en parler?Parce que j'ai envie de dire que la littérature parfois ne suffit pas,pas plus mauvaise qu'une autre d'ailleurs.Mais tout cela sauf l'extrême fin du livre m'a laissé de glace.Un peu d'amertume aussi,le temps nous étant compté et le nombre de livres d'une vie fatalement dérisoire. 

21 octobre 2010

Le privé d'Unter den Linden

           Ce livre m'a été prêté et m'a vraiment beaucoup plu.Cette trilogie berlinoise regroupe trois aventures de Bernie Gunther,privé allemand juste avant et juste après la Guerre:L'été de cristal,La pâle figure et Un requiem allemand. Ces livres ont été écrits au moment de la chute du Mur.Bernhard Gunther est un privé qui a quitté la police officielle et ses nombreux services dans cette Allemagne 36 qui prépare la Nuit de Cristal et autres horreurs.Peu favorable au nouvel ordre mais prudent comme Philip Marlowe Gunther se garde bien de prendre partie ouvertement.Les trois livres sont compliqués à souhait comme toute investigation d'un enquêteur à son compte et je n'ai pas souvent terminé ce genre de polars en étant sûr d'avoir absolument tout compris sur les victimes et les assassins.Mais comme toujours peu importe.L'important c'est surtout l'ambiance ramassis d'opportunistes vénaux,de grosses légumes corrompus et de besogneux du trafic.C'est ce chacun pour soi avant le déluge annoncé,cet instant où l'on se doute que le crépuscule suivra très vite une aube radieuse.Notre ami Gunther n'échappera pas à certaines compromissions,plutôt moins que la moyenne,ce qui nous suffit pour l'adopter.Les codes du noir sont bien présents mais si Spade,Marlowe et consorts ont fort à faire avec trafiquants notoires, gangsters de haut vol avec comparses obtus Gunther,lui,se collète avec des voyous tout aussi gangsters et trafiquants mais célèbres en ces années de superproduction du film d'horreur.Ces premiers rôles se verront d'ailleurs.récompensés,mais pas tous,au festival de Nuremberg où leur carrière avait  commencé une douzaine d'années plus tôt.

    Les femmes ici sont entraîneuses (version soft),les faux papiers réversibles comme les consciences,et des Américains peu regardants croisent des Russes brutaux et des certificats de dénazification ont parfois battu des records de vitesse.Nous sommes maintenant en 1947.J'aime cet adage,je me le suis d'ailleurs attribué bien que je l'aie probablement pompé quelque part:"Les guerres sont terribles,les avant-guerre pas commodes et les après-guerre sinistres. Heureusement il y a le reste."Mais du reste Gunther n'en a guère,très occupé après 36 et 38 à Berlin,dans la Vienne de 47, plus très impériale,mais archivénale,interlope et n'ayant rien à envier à la capitale en cendres du Troisième Reich,celui qui devait durer 1000 ans et dura...toujours trop longtemps.Le vieux cinéphile lisant Un requiem allemand ne pourra ignorer Le troisième homme,sauf que pour la classe d'Orson Welles ou l'élégance de Joseph Cotten,on repassera.Fort pertinemment Philip Kerr termine son roman au Café Mozart,reconstitué pour le film de Carol Reed.

12 octobre 2010

Ils étaient trois soldats de plomb

                    

             Fastueux et infini monde du rock, voilà que resurgissent à ma mémoire trois refrains sixties et,croyez-moi, pas dus à des vassaux de quatrième zone.Laissez-moi vous présenter trois très vieux amis,presque des copains de service militaire.Ray Davies et les Kinks,les Small Faces et notre barde écossais,Donovan.Manifestement ces gars-là ont comme moi joué avec les petits soldats.Vous  savez ceux à qui manquaient une jambe ou la moitié de son fusil.

http://www.youtube.com/watch?v=bBkb4sKeC2A The Kinks Tin soldier man

       Les si fameuses vignettes pop-rock des Kinks sont très nombreuses,toutes délicieuses de nostalgie british et d'intelligence albionesque.Non il n'y  a pas que Sunny afternoon ou Lola.Voici le fringant Tin soldier man extrait de l'album de 1967 Something else,génialissime opus s'il en est.Le petit soldat de plomb des Kinks est le cousin du Dandy ou du Well-respected man,bien propret,nanti d'une petite lady en plomb qui cire ses chaussures pour la relève de la garde.Un basson joue dans Tin soldier man.Pas fréquent dans le Swinging London,mais pas étonnant de la part de Ray Davies,ouvert très tôt aux violons et aux marching bands,auteur complet de toute la disco des Kinks,étudié dans les collèges pour ses témoignages de ces années dorées.Moins influencés blues que Jagger-Richards,moins surréalistes que les Beatles tardifs,les Kinks restent à redécouvrir et à réévaluer,sans cesse.

http://www.youtube.com/watch?v=H7v5ZqcReLM  The Small Faces Tin soldier

     Apparus un tout petit peu plus tard les Small Faces perdraient leur adjectif à l'arrivée de Rod Stewart remplaçant Steve Marriott quie sera de l'aventure Humble Pie.J'insiste sur la mouvance extrême de ces années si créatrices outre Manche.Les Small Faces ont connu un immense succès avec leurs singles régulièrement dans les charts.Tin Soldier,décembre 67,est une version symbolique du petit soldat,amoureux de qui l'ignore et qui ne réclame en retour qu'on s'occupe un peu de lui,et "just 'll do what you want me to do".Peu après ce sera l'album Ogdens' nut gone flake,album charnière et chant du cygne,qui est aux Small Faces ce que sont Sergeant...,Pet sounds,Odessey and oracle aux Beatles,aux Beach Boys ou aux Zombies.

Donovan - Fairytale

http://www.deezer.com/listen-5820185   Donovan Little tin soldier

    Carrément digne des frères Grimm le Little tin soldier de Donovan est justement issu de l'album Fairy tale.Et l'on est bien dans le conte de fées,chéri par Donovan ,qui fut Le joueur de flûte de l'invisible film du même nom,signé Jacques Demy.Ce petit soldat n'a qu'une jambe et aime la petite ballerine sur l'étagère en face dans le magasin de vieilleries,en Forêt Noire.Drame,la danseuse est vendue et le soldat finit dans le caniveau,exclu,errant jusqu'à l'océan.Et puis un jours ils se retrouvent pour finir unis dans le même feu de cheminée.Jolie ballade du grand Donovan pour clore mes dix-huit ans qui n'en finissent pas de mourir.Steve Marriott le leader des Small Faces est effectivement mort dans un incendie en1991.

14 août 2010

Le coup de Crace

   
  
 

 

 

                Jim Crace,encore méconnu en France,est né en 46 en Angleterre.Deux fois finaliste du prestigieux Booker Prize,il est l'auteur de L'étreinte du poisson, Quarantaine, Six ,Le garde-manger du diable. Et de De visu,curieux titre français de The pesthouse,dont je vous dis un mot ci-dessous.

            De visu est un roman de fin du monde dans un climat assez proche de Malevil.Nanti d'une jolie verve poétique ce voyage vers l'Est constitue ainsi l'avatar ultime et inversé de la ruée vers l'Ouest.Dans cette Amérique d'après la catastrophe(celle que vous voulez,Crace vous laisse le choix) Margaret et Franklin veulent retourner aux navires susceptibles,sur "le puissant fleuve à une seule rive",de quitter le continent pour l'autre terre promise.
              Parabole sur le Nouveau Monde,prématurément vieilli,livré aux pillards et aux maladies,De visu est une histoire d'amour qui devra passer par la case Moyen Age pour envisager à nouveau la sérénité.Et si le cauchemar futuriste servait au moins à cela:donner aux hommes l'occasion de faire mieux.

 
   
 
 

 

 
 
 
   
 
 
31 mars 2010

On prend toujours un train pour quelque part

                Rachamaninov et son Concerto 2 pour piano déjà ça me chavire depuis longtemps.J'avais vu Brève rencontre il y a des décennies.Ce film de David Lean mais dont l'histoire doit tout à Noel Coward est sorti en 46.Mais j'avais oublié que Rachmaninov accompagne sans modération cet impossible amour,ce Sur la route de Madison version british noir et blanc ferroviaire banlieusarde d'immédiate après-guerre.Il est tout à fait admissible de trouver que Brief encounter a mal vieilli,formule qui fait florès dans nombre de chroniques et contre laquelle j'avoue m'insurger un peu.Bien sûr qu'Octobre et Naissance d'une nation ont vieilli.Molière aussi avec ses médicastres et Hugo avec ses Misérables.Et Monet et les angelots de Michel-Ange.Et Blue suede shoes et All you need is love.Et les trahisons shakespeariennes et les héros d'Homère.Non,passe le temps et les oeuvres demeurent avec leur adhésion à leur époque,inévitables et enrichissantes.Et en restant ciné telle comédie de Dubosc ou de de Clavier n'ont elles-pas une péremption plus proche?

   Evidemment la voix off de Celia Johnson,que l'on voit finalement plus que Trevor Howard,est un poncif parfois irritant lors de ce long flash-back en forme d'aveu au mari.Des restes d'expressionnisme parcourent Brève rencontre en cette gare suburbaine propice aux ombres.C'est plutôt beau à mon gré.Le devoir et la morale sont certes d'un autre âge,de 1946 pour être précis.Le film n'en est pas moins réussi,émouvant,sans pathos malgré tout,sauf musical,pour quiconque a le souvenir d'une quelconque gare et de son terminus où ne s'arrêtent pas que les trains.Rien ne dure vraiment,ni désespoir ni passion.Voir?Pourtant quand Alec et Laura partagent l'addition et son pourboire en une parité toute relative ou quand Alec  qui n'a rien d'un play-boy et Laura,pas un sex symbol,courent se retrouver pour voir un mauvais film ou s'embrasser sur un pont de la proche campagne,le cinéma anglais plaide pour le droit au rêve des gens ordinaires.

27 novembre 2009

Les carillons de minuit

                  Sous ce titre j'aborde un film dont j'ai déjà un peu devisé mais j'ai eu le plaisir de le présenter en ma bonne ville picarde pour l'Université du Temps Libre et c'est avec beaucoup de joie que j'ai pu le faire découvrir.L a richesse de Falstaff est telle que chaque vision en renforce la beauté.Si Macbeth en 48 trahissait encore une assez forte théâtralité,si Othello en 52 pouvait apparaître remativement décousu(mais là je chipote) Orson Welles réussit en 65 avec Falstaff,Chimes at midnight,la meilleure adaptation  de l'univers de Shakespeare,définitive et qui éclate à tout moment dans ce qui était au départ un bricolage hallucinant à partir de quatre pièces du grand Will.Falstaff,seul rôle comique de l'acteur Orson Welles transcende les genres pour aboutir à cette tragédie bouffonne où le héros,pleutre pitoyable et menteur mais surtout homme tout de bonté  échappe à Hamlet et Othello ces géniaux archétypes d'une totale noirceur.Falstaff c'est Rabelais,c''est la vie et la poésie qui veulent sauver encore l'Old Merry England,celle des Joyeuses commères de Windsor,celle de ripaille et de liberté, de truculence et de nostalgie.

  Pourtant Falstaff n'est qu'un personnage  secondaire dans Henry IV,Henry V,Richard II,les pièces de Shakespeare amalgamées par Orson Welles.Le gros homme,bouffon à la panse énorme et au verbe haut devient plus que l'alter ego de Welles.C'est maintenant un caractère magnifique et poétique à sa manière,loin des princes shakespeariens et plus enore des Quinlan ou Arkadin,autres démesurés wellesiens.Sous le corps obèse et aggravé par les cadrages,bouffi et plein d'alcool perce un esprit fin et ouvert,un philosophe dont la liberté nous émeut.

   Welles recrée en Andalousie l'Angleterre élisabéthaine pour cet adieu à l'enfance qui verra le joyeux Jack Falstaff mourir de chagrin lorsque le prince Hal devenu Henry V se détournera de son ami,son mentor ès freudaines de jeunesse.Le prologue hivernal où l'on entend le juge Shallow,crécelle,et Falstaff,bourdon est déjà un modèle d'utilisation du son au cinéma.Si la première partie de Falstaff est encore très farce et libertaire dans cette campagne anglaise riante et arrosée toutes les scènes où le pouvoir en place apparaît(John Gielgud,grande figure shakespearienne dans le rôle de Henry IV) nous ramènent à la dureté de la pierre des palais et à l'écrasante difficulté de régner.Scènes verticales,de murs et de lances,par opposition aux espaces pastoraux et végétaux où s'ébrouent Falstaff et ses amis.Mais je n'en finirais pas de décrire les enchantements des Carillons de minuit.

   Je ne dirai que quelques mots de plus sur la plus belle bataille du cinéma malgré la rude concurrence d'Alexandre Nevski.Cette bataille de Shrewsbury contre les rebelles est importante dans l'histoire de l'Angleterre.17 minutes de bruit et de fureur,presque sans paroles,un tiers de la totalité des plans du film et la silhouette ronde de Falstaff,trouillard et combattant de la dernière heure,courant de ci de là comme un personnage d'animation.Extraordinaire.On pense à Eisenstein déjà cité,à Griffith,à Ford.La bataille,épuisée,se ralentit.Les cavaliers sont devenus piétaille,la piétaille s'st couchée.Règne la boue.Le pouvoir légal a gagné.Le roi est mort.Vive le roi.Le jeune roi Henry V va renier le gros homme qui l'aimait,tout à sa tâche de maître du pays.Simplement, Falstaff le bouffon meurt d'aimer.

Images   http://www.youtube.com/watch?v=eii4_wbuPJY

13 octobre 2009

Vingt ans après

           Henry Porter,né en 53,britannique comme il se doit,est l'un des maîtres actuels du roman d'espionnage.Vingt ans après les coups de masse et les embrassades il nous replonge dans les arcanes de la fin de la RDA,quand Chemnitz portait encore le doux nom de Karl-Marx-Stadt.

            Brandebourg,c'est juste avant la chute du Mur et ça raconte une histoire d'espionnage où comme dans toutes les histoires d'espionnage il y a des microfilms ou des disquettes dont on ne saisit pas très bien la nature.Il y a aussi plusieurs services de contre-espionnage dont on ne saisit pas toujours la clarté.Il y a enfin des agents doubles,triples,etc...J'ai cru y voir un Soudanais proche du KGB,un Vladimir appelé à de hautes responsabilités,un Polonais mort à Trieste mais était-il vraiment polonais quoique bien mort à Trieste.Pour toutes ces raisons je ne lis pas très souvent d'espionnage.
         

         Mais il y a dans Brandebourg et c'est passionnant les derniers soubresauts du régime d'Erich Honecker,les manifs de Leipzig,les manipulations terminales et essoufflées de la douce Stasi,la fuite d'un professeur d'art lui-même ancien collaborateur de cette même Stasi,comme tout le monde.Il y a ainsi un bon roman qui nous resitue cette histoire vieille de vingt ans juste avant que ne résonne le violoncelle de Rostropovitch près d'une ligne de démarcation qui avait connu pire musique.

13 janvier 2009

Hitchcock,période anglaise,suite

secret_agent 

    En français Quatre de l'espionnage que Hitchcock réalise en 36 d'après les histoires de Mr.Ashenden de Somerset Maugham.Comédie d'espionnage très réussie.Comme cette série de noir et blanc,Les 39 marches,Une femme disparaît,Sabotage.Nous traversons une partie de l'Europe en guerre mais n'aurons pas d'images du conflit.Ce qui intéresse Hitch c'est le jeu du qui est qui,une constante dans son oeuvre où chacun se dissimule à souhait.Hitchcock a en fait mêlé deux histoires d'Ashenden:Le traître et Le Mexicain chauve.Ce dernier ni chauve ni mexicain est joué par Peter Lorre,l'extraordinaire acteur de M.Et l'élégant Robert Young joue le méchant,séduisant comme il se doit.Une grande partie de l'action se passant en Suisse Hitchcock a imaginé une des scènes clés dans une chocolaterie.A propos de l'utilisation de la géographie Hitchcok a déclaré "A quoi servent les Alpes si ce n'est à noyer des traîtres et à ouvrir des crevasses sous les pieds des gens?"

5 janvier 2009

Fondation de la maison Hitchcock

   1929.Je crois que l'on peut considérer Chantage comme la première pépite du prospecteur Hitchcock.Il y en aura bien d'autres.N'y manque même pas le morceau de bravoure,ici la poursuite d'un maître-chanteur dans le British Museum.Un meurtre,une victime,une coupable,un inspecteur lié de près à la suspecte et un témoin qui compte en tirer profit,voilà les quatre piliers de cette histoire qui nous permet de visiter le Londres de 1929,à grand renfort de montages avec roues de voitures (influence plus que patente d'Eisenstein,vénéré par Hitchcock).N'y manque pas non plus l'apparition d'Hitchcock,sa deuxième je crois.La ville est fort bien reconstituée.Son agitation sied tout à fait à cette histoire assez moderne et qui s"affranchit de la trilogie policère londonienne victorienne(Jekyll/Hyde,Holmes,Jack the Ripper) pour une pesrpective plus directement cinéma et moins littéraire.

   Hitchcock aime les couteaux,ciseaux,belles armes bien effilées(Les 39 marches,Agent secret,Le crime était...,Psychose,Le rideau...). Il aime aussi les chutes(Cinquième colonne,Vertigo,La mort...).On trouve déjà tout ça dans Chantage ainsi qu'une charge sexuelle assez peu équivoque mais on sait que l'oncle Hitch se méfiait de ces femmes comme des régimes alimentaires.Comme il avait raison...

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