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26 février 2011

Désormais son exil

Brooklyn_de_Colm_Toibin_galerie_principal      

   Colm Toibin est un de mes auteurs de chevet et je crois avoir presque tout lu de sa production romanesque et c'est pourquoi j'ai intitulé cette chronique à la manière d'un de ses titres.Brooklyn est un très beau roman,sur un thème très classique en littérature irlandaise,celui de l'exil de la verte Erin pour l'Amérique.On se souvient par exemple de la suite Les cendres d'Angela de Frank McCourt.D'une grande limpidité Brooklyn est le livre de la vie d'Eilis,jeune femme d'Enniscorthy,comté de Wexford au sud-est de l'Irlande dans les années cinquante, conduite à partir pour New York car l'Irlande a toujours été une terre de départ et pas seulement pendant la célèbre famine.Eilis est une femme simple,sans calcul et un peu complexée par sa soeur Rose,plus brillante.Le Père Flood,jamais très loin le personnage du prêtre dans ces années,lui a trouvé un travail de vendeuse à Brooklyn.Après une traversée atlantique ventre à terre au sens propre pour cause de mal de mer Eilis s'adapte assez bien à sa vie à Brooklyn,qui n'est pas Manhattan, calmement sans nostalgie écrasante mais avec une foule de petits mal-être quotidiens même si la communauté irlandaise est plutôt (trop) bien récréée.On assiste ainsi aux journées de travail d'Eilis au magasin,à sa vie dans une pension irlandaise comme il se doit,aux bals paroissiaux du vendredi soir.La vie d'Eilis ne se passe pas si mal somme toute.Elle tombe amoureuse.enfin ça y ressemble.

   Obligée de revenir à Enniscorthy Eilis se pose des questions sur sa vraie place.Est-elle là en Irlande près de sa mère?Est-elle à Brooklyn?Comment se départir de cette dualité qui ne satisfait aucune part d'elle-même? n'a rien d'un sombre mélodrame.Je ne suis pas tout à fait certain que le terme roman convienne tout à fait à ce livre où il ne se passe que peu d'évènements,où court sur ces deux années de la vie d'Eilis un fugace sentiment,comme à la porte d'un bonheur ordinaire,déjà magique.Mais la vie décide,bizarre et parfois à notre propre détriment.En 300 pages l'immense auteur qu'est Colm Toibin nous a fait vivre au plus près,au coeur même du coeur d'Eilis,sans passion fatale,sans vrais heurts,sans invectives mais avec une acuité rare un petit bout d'existence,celle d'une Irlandaise des années cinquante qui ne sait pas toujours comment orienter sa nouvelle et encore relative liberté.On peut retrouver des billets sur L'épaisseur des âmes et sur Le Maître dans Lire Irlande.On peut aussi fair un clin d'oeil à l'ami Eireann, chantre de cette littérature ilienne,qui a bien dû chroniquer maintes fois Colm Toibin. http://eireann561.canalblog.com/

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22 février 2011

Géographie: Muskogee, Oklahoma

125px_Seal_of_muskogee

http://www.youtube.com/watch?v=a9nu7ofgwWs Okie from Muskogee (Merle Haggard)

                            Une chanson peut cacher la forêt.Merle Haggard,légende vivante du country américain est maintenant l'objet d'un culte,tributes,disques,duos avec ce qui se fait de mieux.Son histoire est étonnnante et prouve si nécessaire la complexité humaine.Orphelin de père très jeune(il est né en 37) il connaît très vite les maisons de correction,puis les braquages,la taule à San Quentin où deux rencontres vont changer sa vie:Caryl Chessmann et Johnny Cash qui,lui,vient chanter.Il faut préciser que les faits reprochés à Haggard sont graves et ne pas verser dans l'angélisme.Curieusement cette chanson semble celle d'un Américain moyen très conformiste (je n'aime guère les épithètes réac ou progressiste, humaniste ou citoyen,tous vides de sens depuis longtemps).

          Okie from Muskogee a bien sûr été fort mal reçu par la communauté hippie,il fallait s'y attendre.C'était en 1969.Une chanson qui vient du pays profond avec des paroles "Nous ne fumons pas de marijuana.Nous ne brûlons pas nos appels sous les drapeaux.Nous n'avons pas de longs cheveux poisseux."Quarante ans après la polémique est loin et l'on a tous appris que la convention et la rebellion étaient en fait soeurs jumelles un peu fâchées, facettes d'un même pays,voire d'un même homme. Muskogee,Oklahoma,compte 40 000 âmes environ,ni pires ni meilleures que vous ou moi probablement.Je hais les simplismes. Quant à Merle Haggard il y a longtemps que les meilleurs chantent volontiers avec lui,Kris Kristofferson,Willie Nelson,Joan Baez.D'innombrables reprises de Okie from Muskogee circulent dont celles des Beach Boys et du Grateful Dead,eux-mêmes plutôt chevelus et sous substances de leur vivant,ironie du showbiz...Et sauf erreur Oliver Stone l'a utilisée dans Platoon.

   Petit rappel de l'itinéraire déjà effectué,par ordre alphabétique:

Albuquerque,Atlanta,Atlantic City,Austin,Baltimore,Baton Rouge, Berkeley, Brooklyn, Cheyenne, Chicago, Cincinnati, Cleveland, Dallas, Denver, Folsom, Galveston, Kansas City,Knoxville,Laredo,Las Vegas,Los Angeles, Memphis, Mendocino,Milwaukee, Mobile, Muskogee Nantucket, Nashville,New Orleans,Oakland, Omaha,Phoenix,Pittsburgh, Portland, Rapid City,Reno,Saint Louis,San Antonio,San Bernardino, Statesboro, Tallahassee, Texarkana, Tucson,Tulsa, Washington, Youngstown.

19 février 2011

Epreuves afghanes

    kaboul

    Cette chronique entre dans le cadre de l'opération de http://www.canalblog.com/ qui a demandé à certains blogueurs de lire en avant-première L'homme de Kaboul,roman de Cédric Bannel,à paraître le 3 mars,chez Robert Laffont.J'ai donc découvert les "secondes épreuves",ça s'appelle comme ça,du thriller sur fond de guerre civile et de manipulations internationales qui nous emmène des banques de Zurich aux villages miséreux de la montagne afghane.Pas vraiment de mystère:on a vite compris que d'odieux Occidentaux utilisent des autochtones cruels et fanatiques pour détourner à leur profit les pluies de dollars. L'intérêt de ce livre est ailleurs,dans le gros travail de documentation qui a permis à Cédric Bannel de coudre une intrigue de bonne facture,très classique,qui se lit aisément et s'oublie tout autant.Néanmoins ce roman nous donne une idée de la complexité de la situation dans ce pays en guerre permanente depuis des lustres.Le commandant Oussama Kandar,au prénom un peu lourd mais le pauvre n'y est pour rien,policier modéré,essaie de faire le mieux possible un boulot,difficile partout,impossible en Afghanistan tant les rapports entre talibans, ultras ou un peu moins,armée officielle et pouvoir corrompu,sur un air connu,forces de la Coalition internationale, trafiquants d'armes et d'opium,mollahs et paysans kalachnikovisés,sont embrouillés et difficiles à cerner.Bannel insiste à juste titre sur le rôle des ethnies et des clans dont on n'a pas vraiment idée à l'Ouest.Allez vous y retrouver entre Pachtouns, Baloutches, Nouristanis.

    Poursuites dignes d'Hollywood dans les rues de Kaboul,attentats suicides qui n'émeuvent plus guère,traitement des femmes comme on l'imagine,voilà le quotidien du qomaandaan.Contrepoint indispensable à cette horreur Cédric Bannel a doté Oussama d'une épouse gynécologue,tentant courageusement avec d'autres femmes de sortir ces dernières de leur condition si archaïque dans les zones les plus reculées du pays et pas forcément tellement mieux loties dans la capitale.Pour moi cela ne fonctionne que superficiellement,ayant du mal à y croire vraiment. Retrouvez tout cela en évitant les mines,souvenirs russes parfois,dans ce thriller assez efficace somme toute,qui nous éloigne des tueurs en série suédois, des passeurs siciliens pourris, des dealers de Los Angeles.Comme quoi le mal est une denrée pour le moins partagée équitablement.

15 février 2011

Du bon vieux noir avec flic irlandais et caïd à cigare

rogue

          Adapté de l'écrivain William P.McGivern,Rogue cop,Sur la trace  du crime,que m'a fait découvrir le ciné-club de France 3,toujours aussi efficace,s'avère un bon polar,classique mais bien fait,sur la corruption-rédemption d'un flic plus tout jeune,interprété par un Robert Taylor plus tout jeune non plus.Je n'ai jamais lu McGivern mais Fritz Lang et Robert Wise ont respectivement adapté deux de  ses romans avec brio pour ne faire deux classiques du film noir,Règlements de compte (The big heat) et Le coup de l'escalier (Odds against tomorrow).Ces polars urbains des fifties me réjouissent beaucoup,surtout quand ils me sont totalement inédits.

    Taylor,flic passablement corrompu,a gardé un minimum d'éthique qui finit par prendre le dessus quand son frère,qui refuse un faux témoignage,est abattu par les hommes de main,du caïd local,le "délicieux" George Raft qui n'était pas à un rôle d'ordure près.La jeune Janet Leigh,chanteuse de cabaret comme il se doit dans tout bon film noir,tente de se refaire une virginité et il ne manque pas non plus une alcoolique notoire,brave fille paumée victime des brutes.L'indic principal,figure importante et souvent pittoresque,est une vendeuse de journaux d'un âge certain et qui connaît du monde.Original.Car dans une série noire l'enquêteur,le méchant mais aussi le lien qui les réunit doivent être réussis.Un bon vieux noir et blanc en quelque sorte avec titre français pas terrible comme souvent.Le metteur en scène,Roy Rowland,n'est guère connu que pour avoir dirigé The girl hunters où l'écrivain Mickey Spillane joue en personne son détective Mike Hammer.Un film assez rare à ma connaissance.

11 février 2011

Géographie: Portland, Oregon

downtownportland

         Portland,très à l'Ouest,est la plus grande ville de l'Oregon,550 000 habitants.Surnommée City of roses car particulièrement riche en jardins et roseraies Portland semble être une des villes américaines les plus en phase avec l'écologie.Proche du Pacifique,sur la Columbia River Portland lorgne vers la célébrité des deux autres métropoles du Nord-Ouest Pacifique,Seattle dans l'état voisin du Washington et la mythique Vancouver,déjà canadienne.Voici une jolie ballade du folkeux inconnu de mes services mais néanmoins talentueux Lucky Overton.Enregistrée à Portland en une seule prise sèche.De l'artisanal total.

theportlandsessions_art

http://www.deezer.com/listen-9042909 28 miles to Portland  Lucky Overton

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10 février 2011

L'encombrant compagnon

barleycorn

                       Il y avait pour moi un mystère John Barleycorn,très ancien.Très attiré par l'Amérique,son histoire,sa géographie,sa musique,sa littérature,son cinéma,et souvent interrogé par ses dérives,j'avais souvent rencontré le patronyme John Barleycorn que je traduisais par Jean Orgeblé et dont je croyais qu'il constituait une sorte d'Américain moyen,très moyen,de la Conquête de l'Ouest et de la Ruée vers l'Or surtout.Les mythiques groupes Traffic et Jethro Tull,entre autres,l'ont chanté,Fairport Convention,Procol Harum l'ayant aussi évoqué sans que je percute davantage bien que les ayant beaucoup écoutés.De plus j'ai lu Jack London,sans en être un spécialiste mais L'amour de la vie et Martin Eden notamment m'avaient beaucoup plu.Et la route de Jack London en soi est une aventure,pas seulement littéraire.Mais la lente distillation a opéré et j'ai enfin compris que ce Monsieur John Barleycorn est en fait l'alcool.Ainsi donc sans le savoir nombreux sont les amis de J.B.,ses amis ou ses disciples,ses esclaves ou ses séides,jamais ses maîtres.Nul mieux que Jack London n'est autorisé à en parler,les deux personnages ayant été intimes ,avec quelques brouilles,de cinq  à quarante ans,  la mort  de Jack London.Longtemps plus connu sous le titre Le cabaret de la dernière chance le récit-roman John Barleycorn a été publié en 1912,alors que le pauvre Jack,jadis misérable,pilleur d'huîtres,pilier de saloon,bagarreur, est devenu riche et couvert d'honneurs,restant plus que jamais miltiant socialiste précoce et tout ça sans jamais s'éloigner beaucoup de John Barleycorn,cet ami qui vous veut...Jack et John resrteront d'ailleurs associés jusqu'à la mort,controversée de Jack.John,aux dernières bouteilles,se porte bien.

    Ce livre,je le considère comme une oeuvre maîtresse sur l'homme et sa destinée,sa fragilité et ses ressources.Car London s'est battu toute sa vie,contre la trajectoire qui lui semblait imposée,contre le haut fric,contre vents et marées au sens propre et figuré, contre la maladie,contre et avec John.Dès ses primes expériences de la bière à cinq ans et du vin à sept London  a senti le danger.Mais voilà,le sourire de John Barleycorn n'est pas toujours édenté et fétide.Il sait se faire charmeur et se parer des plumes de la légèreté et de la belle amitié qu'il fracassera d'autant mieux plus tard.Marin,Jack a besoin de John.D'ailleurs,à eux deux ils font parfois un sacré boulot,l'alcool en ces années 1900 trônant partout en cette Californie des chercheurs d'or et des journaliers de ce pays neuf.Pas une éprouvante journée de travail sans que le maigre salaire ne soit délesté au premier cabaret du port d'Oakland d'où partirent les voyages de London.Ce John Barleycorn est tel que sans lui point de salut pour ces forçats du rail ou de la mer.Avec lui encore moins de salut."Ni avec toi ni sans toi" confie Jack London.Correspondant en Corée,voyageur à Londres ou Paris, quelque part sur son bateau le Snark aux Nouvelles-Hébrides ou au Japon,l'écrivain multiple,essayiste et penseur qu'est devenu Jack London traitera toujours d'égal à égal avec J.B.

   Ce livre est fabuleux et je suis heureux de l'avoir rencontré.Les derniers chapitres montrent London arrivé au sommet de ses influences,l'homme sans qui Kerouac,Hemingway ou Jim Harrison ne seraient pas ce qu'ils sont.London, lui,lucide, sceptique,fier malgré tout,doute encore et condamne John Barleycorn.On le sent capable d'initier,avec le féminisme naissant dont il sera un rare partisan précoce,d'intier une croisade contre son autre moi,ce J.B. qui nous rapproche en quelque sorte de cet autre roman fondateur d'un autre grand voyageur qui lui-même céda parfois aux paradis artificiels,L'étrange cas du Docteur Jekyll.Alors bien sûr pendant des décennies Jack London et Robert Louis Stevenson ont fleuri sur les étagères des chambres d'enfants.On a mis bien du temps avant de trouver leur vraie place,en littérature,la plus haute.

traffic_1970_john_barleycorn_must_die_front

   L'illustration musicale est double: Stevie Winwood et Traffic,ou Ian Anderson et Jethro Tull jouent et chantent John Barleycorn must die. http://www.youtube.com/watch?v=WgtVswJJJeQ

album_the_best_of_jethro_tull

  http://www.youtube.com/watch?v=lvmlWYBGamA

4 février 2011

Brasse coulée

   

               Andrea Camilleri est assez populaire en France,avec son commissaire sicilien au langage fleuri d'Agrigente,fort joliment traduit de façon chatoyante par Serge Quadruppani.Liberté grammaticale sympa donc avec Montalbano,flic humaniste,mais vous avez remarqué qu'ils le sont presque tous dans les polars de maintenant,qu'ils viennent de Suède, de Venise, d'Islande, d'Afrique du Sud,du bush australien,etc...C'est même un peu le problème,une certaine banalisation de ces braves mecs un peu fatigués,un peu divorcés,un peu enrobés,un peu imbibés,un peu bien-pensants.Au fait Montalbano,comme Winter ou Wallander veut démissionner. Comme tout le monde.D'ailleurs moi aussi j'ai un peu lâché là-dessus.

                 En fait je ne conserverai pas un grand souvenir de ce Tour de la bouée où le commissaire se trouve à nager en tandem avec un cadavre.Très au sud de notre Europe on trouve bien sûr des salauds qui exploitent les clandestins,ceux du moins qui ne sont pas passés par dessus bord avant Lampedusa ou les côtes siciliennes ou Bari (spécialité albanaise).Heureusement Salvio Montalbano et ses auxiliaires veillent au grain et c'est sans véritable suspense ni interrogation qu'on se dirige "pépèrement" vers un épilogue presque bâclé que Maurice Leblanc et Arsène Lupin imaginèrent en d'autres mers.Voila donc une lecture,empruntée,ce qui est d'ailleurs sa principale qualité pour moi,qui n'aura guère stimulé mes neurones ni mes indignations.

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